Après Framinetest (qui montre que les libristes ont déjà répondu à l’édition « éducation » de Minecraft/Microsoft), Framemo (le petit outil pratique pour collaborer sur des idées), les mises à jour de Framacarte, Framacalc, Framapad, Framapic, Framasphère, Framemo, et d’autres… on aurait pu croire que notre été était déjà bien rempli.
Mais non. Il nous fallait fêter ces deux ans avec de nouveaux services. OK. Chiche !
2 ans : la route est de moins en moins longue…
Nous l’avions annoncé dès le départ : Dégooglisons Internet, c’est proposer une trentaine d’alternatives aux services de Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft sur trois ans. Une dizaine de services par an entre octobre 2014 et octobre 2017 (à une vache près, hein), afin de montrer que des alternatives libres et éthiques existent, et qu’on peut reprendre le pouvoir sur nos vies numériques.
D’emblée, nous pensions que c’était un but impossible. Alors on s’est dit qu’en visant les étoiles, on attendrait peut-être la lune… Que nous ferions de notre mieux, parlerions d’empouvoirement numérique et que ce serait déjà pas si mal. Sauf que… avec votre aide, vos dons, vos partages, vos participations et soutiens : nous sommes en train d’y arriver ! La mayonnaise prend, vous nous suivez dans cette belle aventure. Soyons francs : nous en sommes les premiers surpris-e-s. Et les dernièr-e-s à se plaindre, même si cela représente un travail monstrueux.
Maintenir et mettre à jour l’existant, l’améliorer, assurer les nombreuses demandes de support, d’interventions, et d’entretiens… cela laisse peu de temps pour tester, contribuer aux nouveaux services et les préparer ! Même pas peur, on va quand même le faire.
Car les enjeux sont énormes : grâce à nos données, aux petits bouts de nos vies numériques (et de nos intimités) qu’ils récoltent, les GAFAM sont désormais le top cinq des entreprises les plus puissantes du monde. Ce ne serait rien si leur situation de monopoles n’imposait pas l’enfermement de nos communications, l’extraction de nos données et l’emprise sur nos comportements.
Voilà pourquoi, comme l’an dernier, nous avons décidé de vous proposer une semaine de dégooglisation. Afin de créer l’événement, six nouveaux services vont vous être présentés tout au long des prochains jours. Nous parlerons aussi de notre projet qui vise à essaimer cette initiative, recomposer des chaînes de confiance (transparentes et solidaires) et de ne pas mettre toutes vos données dans le même panier (même pas le nôtre).
Le sujet de la concentration des données et de la surveillance qu’elle permet est d’ailleurs au centre de toutes les attentions en ce moment, puisque c’est aujourd’hui, par un heureux hasard, que sort l’ouvrage de l’ami Tristan Nitot « Surveillance:// » chez C&F éditions.
Une semaine événement, l’avant-dernière donc, pour que vous puissiez en parler autour de vous, partager sur vos réseaux et sensibiliser votre entourage à cette hygiène de vie numérique qui nous semble essentielle à une société ouverte.
5 nouveautés, car la voie est de plus en plus libre !
Le Libre propose des alternatives aux services propriétaires des GAFAM. Tout comme les initiatives de l’agriculture biologique et/ou solidaire (les AMAP, le local, etc.) proposent des alternatives aux Hyper-MacDo-Monsanto-Bayer… Mais une alternative n’est pas un concurrent ni une copie carbone. Ce n’est en effet pas toujours aussi joli, facile ou confortable. Quand on se met au bio, il faut savoir renoncer aux fruits calibrés et brillants, aux tomates au mois de décembre ou au jambon bien rose sorti de l’emballage. Mais le goût et la saveur sont tellement meilleurs !
Pour les services Web, c’est un peu pareil. Vous n’y trouverez pas les mêmes choses, l’accès y est parfois plus rude, il y a des expérimentations qui ne sont pas tout à fait mûres : mais on sait pourquoi on choisit telle solution alternative plutôt que telle autre. Nous n’entendons donc rien révolutionner : nous voulons simplement montrer des outils qui existent, qui ont été développés par de formidables communautés, qui les mettent à libre disposition pour que vous puissiez reprendre le pouvoir sur vos vies numériques. En fait, nous montrons simplement qu’un autre Internet est possible, et qu’il ne tient qu’à vous de vous en emparer.
Nous savons que nos actions trouvent de l’écho auprès de vous. Il nous suffit de tenir un frama-stand quelque part pour recevoir des encouragements et des remerciements. Et ça, c’est bien mieux qu’un cocktail de vitamines !
Basta les promesses, soyons concrets ! Cette semaine, vous pourrez découvrir, tester et adopter :
Framalistes (lundi 03 octobre, aujourd’hui !) : cet outil qui repose sur le logiciel Sympa vous permettra de créer vos listes de diffusions, d’échanger des emails et de quitter Google Groups !
Framanotes (mar 04 octobre) : installez les applications Turtl, connectez-les à notre serveur pour créer, conserver et chiffrer vos notes, images, fichiers, marque-pages sur des tableaux… voire les partager avec d’autres ; et ainsi quitter en groupe Evernote !
Framaforms (mercredi 05 octobre) : basé sur Drupal et Webforms, il vous permettra de créer rapidement des formulaires pour votre doctorat, vos contributeurs ou votre site Web sans livrer les réponses des participants à Google Forms.
Framatalk (jeudi 06 Octobre) : avec Jitsi Meet installé sur nos serveurs, vous pourrez créer en deux clics une conversation audio ou vidéo, voire une conférence (si votre connexion le permet) et vous défaire peu à peu de Discord ou du Skype de Microsoft. L’affreux verbe « skaïper » deviendra enfin un mauvais souvenir.
Framagenda (vendredi 07 octobre) : nous avons amélioré pour vous le code de l’application « calendar » de ownCloud/Nextcloud, afin que vos agendas, contacts, rendez-vous, et plannings puissent être affichés, devenir publics, semi-publics ou complètement privés… Fini l’espionnage par Google/Apple/Microsoft Agenda.
MyFrama et les CHATONS : pas question de vous framasoftiser
Il est une demande qui nous revient régulièrement :
« Pourquoi ne pas créer un compte unifié Framasoft ? Comme chez Google (oui, hein, ça part pas au top), un seul compte qui permet de retrouver et de profiter de tous ses framachins ? »
C’est ce qui s’appelle du SSO (pour single sign on, car s’il n’y avait pas un peu d’anglais on s’ennuierait). Notre problème avec le SSO, le compte unifié, est multiple :
Cela crée une vulnérabilité, une cible parfaite à attaquer pour les malveillances publicitaires, frauduleuses ou étatiques (single point of failure – et après on arrête avec l’anglais ^^).
C’est techniquement hyper laborieux et coûteux à mettre en place (chaque service proposé par Framasoft utilisant des technologies et langages différents).
Tout ceci induirait un bond de croissance pour Framasoft, qui y perdrait son identité. D’une bande de potes qui fait de son mieux pour faire de l’éducation populaire et du libre, nous deviendrions un prestataire de services en mode « entreprise-clients »… et ce n’est carrément pas dans notre ADN 😉
Cela pourrait faire de l’ombre aux solutions vers lesquelles Dégooglisons Internet veut vous mener : des hébergements mutualisés et éthiques de services libres (CHATONS) et l’auto-hébergement (Yunohost / La Brique Inter.net, MyCozyCloud, Sandstorm…)
Enfin et surtout, nous deviendrions ce que nous combattons : un nouveau silo de données, une concentration de pouvoir informationnel.
MyFrama, c’est notre réponse au framabazar. Elle vous sera proposée le lundi 10 octobre. Basé sur Shaarli, il s’agit d’un récolteur/trieur d’adresses Web (à la Del.icio.us) que JosephK a bidouillé pour vous afin qu’il classe automatiquement les adresses de nos services que vous y ajouterez. Avec un seul compte, vous pourrez remettre une dose de cathédrale dans ce bazar et retrouver aisément les services que vous utilisez.
Et puis le mercredi 12 octobre marquera l’acte de naissance officiel du Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires : lesCHATONS ! Annoncé en février dernier, c’est un nouveau travail sur le long terme que nous avons appelé de nos vœux, pour que vous puissiez trouver aisément un hébergement de services libres (dont du mail, oui oui) partageant la même éthique et proche de chez vous.
Les premiers CHATONS sont prêts à faire ronronner vos internetz, et nous serons fiers de nous ranger parmi eux, en tant que simple membre de ce collectif qui peut évoluer et être forké, comme un logiciel libre !
Framasoft grandit, mais pas trop (micro-bilan)
C’est peu connu, mais au moment où nous avons lancé Dégooglisons Internet, Framasoft était sur le point de fermer. Épuisement des membres, épuisement des ressources (nous n’avions plus de sous !)… nous avons préféré lancer un beau projet quitte à exploser en plein vol plutôt que de finir sur les rotules.
Vous comprenez maintenant pourquoi nous avions du mal à croire qu’on y arriverait. Mais voilà : Dégooglisons Internet a re-mobilisé les énergies en interne, nous donnant un grand coup de fouet ! Ce projet vous a sans doute aussi parlé puisque vous nous avez soutenus, vous l’avez partagé, vous vous en êtes emparé au delà de nos plus folles espérances ! Plus encore, il a touché le grand public, il a été reçu cinq sur cinq en dehors de nos habituels cercles de libristes.
En deux ans, nous sommes passés de deux à cinq permanent-e-s (nous sommes en train de pérenniser et consolider les contrats les plus précaires) et venons de prendre en CDD Thomas, qui a passé son stage de fin d’études sur Framagenda. Nous avons aussi accueilli de nouveaux membres bénévoles, pleins d’énergie et d’idées, pour nous aider à encaisser le choc.
Ces énergies sont indispensables pour répondre à vos (légitimes) attentes et réussir à dégoogliser Internet. Pour autant, nous ne voulons pas devenir le little big brother des internets : notre (et votre) liberté tient aussi à ça. Voilà pourquoi l’association a décidé de modérer cette croissance afin de garder cette mentalité foutraque et enthousiaste qui fait qu’on peut décider d’ouvrir un Framinetest sur une blague et un coup de tête !
Aujourd’hui, à un an du gong final, nous pensons que réaliser ce projet fou est réellement à notre portée, sans y perdre notre identité. C’eut été inimaginable sans votre aide, et nous en aurons encore grandement besoin toute cette année. La liberté, vous nous (et vous vous) l’offrez.
Alors, selon ce que vous pouvez faire, pensez à nous soutenir :
En parlant autour de vous et en partageant cet article (vous avez des boutons juste en dessous ^^)
Pour participer nous aussi à l’hommage, nous vous proposons un court extrait de notre framabook Richard Stallman et la révolution du logiciel libre, une biographie autorisée qui est une excellente ressource pour aller plus loin dans la genèse et l’historique du mouvement 😉
Extrait de « Richard Stallman et la révolution du logiciel libre. Une biographie autorisée »
Chapitre 7 : Une morale à l’épreuve (pages 119 à 121) Auteurs : R. Stallman, S. Williams, C. Masutti Licence : GNU Free Documentation License
Le 27 septembre 1983, les programmeurs se connectant au groupe de discussion Usenet net.unix-wizards reçurent un message peu habituel. Posté aux premières heures du jour, à minuit et demi exactement, et signé rms@mit-oz, l’objet du message était laconique mais attirait l’attention. « Nouvelle implémentation d’Unix », pouvait-on lire.
Pourtant, au lieu de présenter une version fraîchement disponible d’Unix, le premier paragraphe du message était en fait un appel à contribution :
Dès le Thanksgiving prochain, je commencerai à écrire un système logiciel complet, compatible Unix, appelé GNU (pour GNU N’est pas Unix), et le distribuer librement à tous ceux qui souhaitent l’utiliser. Je fais appel à toute contribution en temps, en argent, en programmes et en matériel pour faire avancer ce projet.
Pour un développeur Unix expérimenté, le message traduisait un mélange d’idéalisme et d’orgueil démesuré. Non content de s’engager à repartir de zéro dans la reconstruction du système d’exploitation Unix déjà abouti, l’auteur proposait en plus de l’améliorer par endroits. Le nouveau système GNU, prédisait-il, intégrerait tous les composants essentiels : un éditeur de texte, un shell pour lancer des applications compatibles Unix, un compilateur, « et diverses autres choses ». À cela s’ajouteraient de nombreuses fonctions particulièrement séduisantes, pas encore disponibles dans les autres systèmes Unix : une interface graphique basée sur le langage de programmation Lisp, un système de fichiers résistant aux pannes et des protocoles réseaux prenant modèle sur ceux du MIT.
« GNU sera capable d’exécuter des programmes Unix, mais ne sera pas identique à Unix, écrivait l’auteur. Nous ferons toutes les améliorations utiles, d’après notre expérience au contact d’autres systèmes d’exploitation. »
Prévoyant une réaction sceptique de la part de certains lecteurs, l’auteur poursuivait l’exposé de son ébauche de système d’exploitation avec une brève note biographique intitulée « Qui suis-je ? » :
Je suis Richard Stallman, l’inventeur de l’éditeur Emacs si souvent imité, et je travaille actuellement au Laboratoire d’intelligence artificielle du MIT. J’ai beaucoup travaillé sur des compilateurs, des éditeurs, des débogueurs, des interpréteurs de commandes, ainsi que sur l’ITS et le système d’exploitation des machines Lisp. J’ai été le premier à mettre au point un affichage indépendant du terminal pour ITS. De plus, j’ai mis en place un système de fichiers résistant aux pannes et deux systèmes de fenêtrage pour machines Lisp.
Le destin a finalement voulu que le projet fou de Stallman…
Anthony Goubard, l’homme qui coda seul en 30 jours une suite bureautique libre
Vous connaissiez la suite bureautique libre Joeffice ?
Nous, non ! Et quand nous avons appris qu’elle avait été conçue en 30 jours par un développeur (qui plus est français), nous avons évidemment eu envie d’en savoir plus…
Bonjour Anthony, peux-tu te présenter succinctement ? Quel a été ton parcours de développeur ?
Bonjour, je m’appelle Anthony Goubard, j’ai 40 ans et j’habite à Amsterdam. J’ai commencé Java durant ma dernière année d’ingénieur avec la version 1.0 alpha puis j’ai fait du détachement sur la région parisienne. Il y a 14 ans je suis allé travailler pour une start-up aux Pays-Bas puis pour Wanadoo Pays-Bas et il y a 5 ans je me suis mis à mon compte.
Alors Joeffice c’est quoi exactement ? Comment et pourquoi est né le projet ?
Joeffice est une suite bureautique open source écrite en Java. L’idée m’est venue il y a environ 2 ans lorsque je me suis aperçu que c’était galère d’avoir 10 documents d’ouverts avec Microsoft Office ou Libre Office alors que ce n’est pas un problème d’avoir 30 documents ouverts dans Eclipse ou NetBeans.
Dans quel sens évoques-tu une version « online » et « offline » ?
Les logiciels Java peuvent être installés sur un ordinateur comme un logiciel classique ou bien être lancé en ligne dans le navigateur avec l’aide du plugin Java. C’est ce qu’on appelle le mode Applet. Il suffit donc d’aller à l’URL et le logiciel s’installe et se lance dans le navigateur automatiquement. J’ai donc décidé d’offrir les deux possibilités. La version « online » est soumise à un abonnement.
Pourquoi le choix Java ?
Java offre beaucoup d’avantages. Il est portable sur plusieurs OS, il est relativement facile à lire, beaucoup d’étudiants apprennent Java et il est très utilisé dans le monde de l’entreprise. Beaucoup de projets open source utilisent Java. Joeffice offre aux étudiants et développeurs Java la possibilité de travailler sur un projet assez visuel et utile.
Pourquoi le choix de la licence libre ?
L’union fait la force.Tous les développeurs Java que je connais se servent de temps en temps d’une suite bureautique. Avoir un projet bien mené par un grand groupe de contributeurs permettra à long terme de créer un bien meilleur logiciel qu’avec une petite équipe. En plus, beaucoup d’entreprises et de pays en voix de développement sont attirés par l’open source et mon but est de toucher le plus de personnes possible.. Le premier groupe d’utilisateurs pour Joeffice est donc l’entreprise. Dans ce cas la licence Apache 2.0 donne beaucoup de liberté, plus que GPL et LGPL. Cette licence est par exemple utilisée pour le framework Spring.
Comment se positionne Joeffice, aujourd’hui et demain, par rapport à des « monstres » comme Google Docs, Microsoft Office ou LibreOffice ?
Joeffice est moins complet que ces autres offices mais il a aussi des atouts que d’autres n’ont pas. Il est donc open source sous licence Apache. Il est développé entièrement en Java. Il peut s’installer « offline » ou « online ». Il est facilement portable. Il n’a pas une fenêtre par document mais un système d’onglet et d’amarrage ou les documents peuvent être l’un à côté de l’autre ou détachés en groupe. Les mises à jour et plugins, même si pour l’instant non utilisés, peuvent se faire en ligne. Toutes les librairies Java peuvent être facilement utilisées pour créer des actions spéciales, afin par exemple de remplir un document.
La légende dit que tu l’aurais codé tout seul en moins d’un mois ? La légende dit vrai ?
Je l’ai codé en 30 jours. Mais ce sont 30 jours non consécutifs. Pour chaque journée j’ai fait une vidéo que j’ai postée sur YouTube. Il a fallu que je sois efficace sur le code et pragmatique sur certains choix.
En France, on vient d’introduire cette année l’informatique comme discipline à part entière au lycée (pour le moment en option de Terminale S). Bonne ou mauvaise idée ?
Bien sûr, je trouve ça une bonne idée. Même en n’étant pas informaticien, les gens ont de plus en plus besoin de savoir développer. Par exemple un plug-in, une macro ou un site Web.
Joeffice se présente en version alpha. Que lui manque-t-il exactement pour une première version ?
Je me sers de la librairie open source Apache POI pour lire les documents malheureusement il manque encore certaines parties. Chaque partie du logiciel doit être améliorée pour avoir quelque chose de plus utilisable pour l’utilisateur final. Cette version alpha est plus destinée aux développeurs et aux entreprises qui ont des besoins spécifiques. Le but pour la version 1.0 est de s’approcher de ce que peut faire Google Docs.
Et comment vois-tu le futur du projet ? Un appel à lancer ?
Tous les développeurs qui veulent participer à ce projet ou à une des librairies dont Joeffice se sert sont les bienvenus. Le code se trouve sur BitBucket.
Coordonner les flux de contributions (Libres Conseils 30/42)
Chaque jeudi à 21h, rendez-vous sur le framapad de traduction, le travail collaboratif sera ensuite publié ici même.
Vincent Untz est un activiste passionné du logiciel libre, un amoureux partisan de GNOME, ainsi qu’un élément moteur d’openSUSE. Il a été responsable des versions de GNOME de 2008 à 2011, jusqu’à la sortie de GNOME 3.0 ; il a été directeur exécutif de la fondation GNOME (2006-2010) et il dirige l’équipe GNOME chez openSUSE. Quoi qu’il en soit, il trouve plus simple de se décrire comme un « touche-à-tout » (NdT : en français dans le texte) et il travaille dans divers services (certains diraient au petit bonheur la chance) du bureau pour aider openSUSE à rester extraordinaire. Vincent continue à faire du forcing pour que le français soit la langue officielle de GNOME et espère bien réussir bientôt. Sinon, il aime la crème glacée.
Il y a bien longtemps, dans une chambre, la nuit…
J’étais en train de jeter un dernier coup d’œil sur une liste de bogues pour voir si je n’avais pas oublié de fusionner un correctif. Je m’étais bien assuré d’écrire ce que je pensais être une entrée NOUVEAUTÉS au sujet de la nouvelle version. J’ai entré make distcheck (NdT : commande GNU permettant de créer un paquet et de le tester automatiquement dans un répertoire différent de celui de développement pour démarrer le processus de diffusion) et je regardais la console afficher des centaines de lignes. Une archive avait été créée, et j’ai à nouveau vérifié que l’archive se construisait correctement. J’ai vérifié, encore et encore : j’étais inquiet. D’une certaine manière, je ne faisais pas totalement confiance à la commande make distcheck. Après avoir tout vérifié plusieurs fois, j’ai envoyé l’archive sur le serveur et expédié un courriel d’annonce.
J’avais réussi à le faire : j’avais sorti ma première archive d’un logiciel sur le développement dont j’étais récemment devenu co-responsable. Et j’ai certainement pensé : « Ah, maintenant les utilisateurs vont pouvoir apprécier un bon truc ! ». Mais à peine quelques secondes après le chargement de mon archive, quelques personnes l’ont téléchargée et ont rendu ma version réellement accessible aux utilisateurs.
C’est une chose que je tenais pour acquise, car je pensais que c’était une tâche banale. J’avais tort.
Amont et aval
De nombreuses personnes participent au processus d’acheminement du logiciel. Et cet effort se répartit généralement entre deux groupes de personnes d’égale importance dans la manière dont fonctionne le logiciel libre aujourd’hui.
En amont : c’est le groupe qui crée le logiciel. Il inclut évidemment les programmeurs mais, en fonction du projet, d’autres catégories de contributeurs sont également essentielles : designers, traducteurs, rédacteurs de documentation, testeurs, trieurs de bogues, etc. En général, l’amont se charge seulement de livrer le code source sous forme d’archive.
En aval : c’est le groupe responsable de la distribution du logiciel aux utilisateurs. Tout comme en amont, les contributeurs ont une gamme de profils très variée et travaillent à la traduction, la documentation, les tests, le triage de bogues, etc. Il y a cependant un profil qui, jusqu’à présent, est spécifique au travail en aval : le packager, qui prépare le logiciel afin de le rendre disponible sous forme de paquet, un format mieux adapté à un usage facile que le seul code source.
Chose intéressante, les utilisateurs ont plutôt bien l’intuition de cette séparation également, bien que nous n’en soyons pas conscients : nous supposons souvent que les développeurs de logiciels sont inaccessibles et nous envoyons plutôt nos retours et demandes d’aide aux distributeurs.
Pour éclairer cette séparation entre amont et aval, une analogie parlante et classique est celle du circuit des biens de consommation, avec les magasins de détail (« l’aval ») qui distribuent des produits manufacturés (« l’amont ») et jouent un rôle important pour les clients (« les utilisateurs »).
Un regard plus attentif sur l’aval
Si je devais résumer le rôle de l’aval en une phrase, voici comment je le décrirais :
L’aval est le pont entre les utilisateurs et l’amont.
Lorsque j’ai sorti ma première archive en amont, je supposais que, pour l’aval, le travail consisterait principalement à compiler la source pour construire un paquet avec, et rien d’autre. Construire un paquet est effectivement la première étape. Mais c’est seulement le début du voyage vers l’aval : différentes tâches viennent ensuite. Certaines sont purement techniques tandis que d’autres sont sociales. Je vais me contenter de décrire très brièvement ce voyage ici, de manière non-exhaustive, puisque ça pourrait faire l’objet d’un chapitre entier de ce livre (1).
La construction du paquet proprement dit peut se révéler moins triviale que prévu. Il n’est pas rare qu’un packager rencontre des problèmes qui étaient inconnus de l’amont. Comme lorsqu’une nouvelle version du compilateur est utilisée (avec de nouvelles erreurs), qu’une bibliothèque spécifique a d’abord besoin d’être mise à jour (parce que l’archive utilise de nouvelles interfaces de programmation) ou bien que le système de compilation de l’archive est conçu pour une certaine façon de fonctionner (qui ne suit pas les directives de la distribution cible). Ce qui est encore plus méconnu par beaucoup est le fait que tous ces problèmes peuvent également se produire après que l’archive a déjà été empaquetée, comme lors de la migration d’une distribution entière vers un nouveau compilateur ou bien une nouvelle chaîne de compilation. Aucun de ces problèmes techniques n’est vraiment compliqué à résoudre en lui-même, et l’amont est souvent content de contribuer à la solution. Mais sans l’aval, ces problèmes pourraient ne pas être remarqués par l’amont avant un long moment.
Ce qui selon moi est plus important que ces défis techniques, c’est que l’aval est généralement en contact avec davantage d’utilisateurs que l’amont. Cela se traduit par des rapports de bogue, des demandes de support, des requêtes de changement de la configuration par défaut ou bien d’autres choses encore. C’est là que la foule en aval donne la mesure éclatante de sa force : au lieu de simplement transférer ça en amont, l’aval va travailler sur les retours des utilisateurs afin de ne renvoyer que des synthèses qui seront utilisables en amont. Bien souvent, les rapports de bogue sont soumis avec trop peu d’informations sur le problème (auquel cas l’aval demandera plus de détails). Souvent, les demandes de support sont issues d’une incompréhension du côté de l’utilisateur (ce que l’aval peut, parfois, traduire par une suggestion visant à modifier le programme afin d’éviter cette incompréhension). Souvent, de nouveaux paramètres par défaut sont suggérés sans réflexion suffisante (l’aval travaillant alors avec les utilisateurs pour voir si le raisonnement est valide). À partir de cette énorme quantité de données, l’aval produira un ensemble d’informations plus compact que l’amont sera en mesure de digérer facilement. Ce qui amènera à des améliorations sur le logiciel.
Il existe généralement deux récompenses pour les contributeurs en aval : les contributions directes et indirectes vers le projet en amont grâce aux efforts effectués par l’aval sont suffisantes pour beaucoup. Mais plus important encore, le contact direct avec davantage d’utilisateurs amène à recueillir la satisfaction qu’ils expriment. Et une situation aussi gratifiante rend facilement heureux beaucoup de gens.
Une petite note au passage : lorsqu’on considère la quantité de travail fournie en aval, je ne serais pas surpris qu’au bout du compte, beaucoup de contributeurs en amont soient bien contents d’avoir des gens agissant comme intermédiaires : cela diminue significativement la quantité de retours tout en améliorant leur qualité (en évitant les commentaires en double, les problèmes non documentés, etc.). Cela permet à ceux qui travaillent en amont de rester focalisés sur le développement lui-même, au lieu de les obliger à soit trier les retours, soit les ignorer.
Rien qu’en regardant mon expérience en amont, je ne compte plus le nombre de correctifs que j’ai reçus de l’aval pour résoudre des problèmes de compilation. Je me rappelle aussi d’innombrables discussions que j’ai eues à propos des bogues qui affectaient le plus les utilisateurs et qui m’ont permis de prioriser mon travail. De fait, depuis que j’ai rejoint les équipes en aval, j’ai commencé à faire remonter des correctifs proches de ceux liés à des problèmes de compilation à l’amont et à discuter avec ma base en aval pour transmettre des retours d’expérience d’utilisateurs. Une telle collaboration amont-aval participe à l’amélioration de la qualité générale de notre écosystème du logiciel libre et je la considère comme essentielle à notre bonne santé.
Remonter de l’aval vers l’amont !
Je crois fermement que, pour qu’un projet réussisse, il faut qu’il y ait une forte collaboration amont-aval. Je doute que beaucoup désapprouvent. Cependant, par « aval », les gens pensent généralement au travail fait dans les distributions. Mais, particulièrement pour les applications, il devient de plus en plus viable de pousser ce travail fait en aval en dehors des distributions et de tirer parti d’un tel mouvement vers l’amont.
Des outils comme l’Open Build Service (NdT : distribution open source dédiée à la compilation de paquets pour diverses distributions GNU/Linux) permettent plus facilement d’avoir des personnes qui compilent et distribuent des paquets d’une application pour plusieurs distributions. Cela présente des avantages à la fois pour les utilisateurs (qui peuvent profiter plus rapidement et plus facilement des mises à jour de leurs applications préférées) et pour l’amont (qui peut aider à construire une relation plus forte avec sa base d’utilisateurs). Le seul défi qu’un tel mouvement représente est le besoin perpétuel d’avoir quelqu’un qui s’occupe de l’empaquetage, mais aussi qui gère des retours plus nombreux des utilisateurs. Dans les faits, il y a toujours besoin de quelqu’un pour faire le travail de l’aval, sauf qu’il serait fait au sein de la branche amont.
Pour moi, cela semble une perspective excitante et j’irais même plus loin en suggérant que nous, la communauté du logiciel libre, devrions migrer lentement le travail d’aval fait sur les distributions vers un travail d’aval fait directement, aussi souvent que possible, en amont. C’est souvent possible, au moins pour les applications. Cela requiert évidemment de penser différemment. Mais ça permettrait de partager un travail qui, actuellement, est le plus souvent dupliqué sur toutes les différentes branches en aval.
Pour ceux qui souhaitent actuellement commencer à contribuer aux applications qu’ils apprécient, ce travail sur les paquets en amont est une toute nouvelle approche qui pourrait vraiment être une réussite !
J’ai essayé, je suis resté. Pourquoi pas vous ?
L’aval a toujours été essentiel à ma vie en tant qu’utilisateur de logiciels libres — après tout, seules quelques personnes installent manuellement leur système à partir de zéro et je n’en fais pas partie. Cependant, c’est aussi devenu un atout pour moi en tant que développeur en amont, étant donné que j’ai commencé à prendre plus de temps pour discuter avec des personnes en aval afin d’obtenir plus de retours sur les bogues, les fonctionnalités, la qualité générale et même les directions futures du logiciel sur lequel je travaillais.
C’est seulement lorsque j’ai commencé à être moi-même en aval que j’ai compris que cette position est en effet privilégiée afin de conseiller en amont, grâce au contact direct avec les utilisateurs et la perspective différente que l’on retient de cette position différente.
Sans l’aval, nous ne serions pas là où nous sommes aujourd’hui. Si vous souhaitez avoir un impact significatif, soyez persuadé qu’en participant en aval et en discutant avec l’amont, vous réussirez.
Et vous y prendrez du plaisir.
(1) Note de l’auteur : Il est bon de mentionner que je ne crois pas que l’aval devrait modifier significativement le logiciel mis à disposition par l’amont. Certains, en aval, le font tout de même et cela s’ajoute à leur charge de travail.
PeerTube mobile app : discover videos while caring for your attention
Today, at Framasoft (bonjour!), we publish the very first version of the PeerTube Mobile app for android and iOS. A lot of care went into its conception, to help a wider audience watch videos and discover platforms, while not getting their attention (and data) exploited.
🎈Framasoft is 20 years old🎈 : Contribute to finance a 21st year!
Thanks to your donations (66% tax-free), the Framasoft association has been working for 20 years to advance the ethical and user-friendly Web.Find out more about some of our actions in 2024 on the Support Framasoftwebsite .
Even though we have been developing and maintaining the PeerTube software for 7 years, we, at Framasoft, are far from being an IT company. First because we are a not-for-profit (funded through donations, you can support us here), and then because our goal is, actually, to help others educate themselves on digital issues, surveillance capitalism, etc. and to give them tools that helps them get digitally emancipated.
Developing PeerTube has been, to us, an (happy) accident. We wanted to show that with one paid developer (for the first six years, then two), very little means (~ €650,000 over 7 years) and lots of community contributions, we can create a radical alternative to YouTube and Twitch. It also took a lot of patience. From the get go, we knew we needed to aim for a slow but steady pace of growth for the software, the network of video platforms it federates, the whole ecosystem and the audiences it reached.
Videos and live-streams are increasingly watched on mobile devices. We knew the next step to widen the audience of the PeerTube network of platforms was to develop a mobile client. Last year, we decided to hire Wicklow (who completed his last internship, before graduating, here with us), to train him on mobile technologies, develop a mobile app, while continuing to get familiar with PeerTube’s core code.
This was (and still is) a big decision: a new hire needs to be funded (our huge thanks to NLnet and the NGI0 Entrust program!), and we want to stay a small structure, so we don’t have lots of room in our team. In hindsight, though, we believe it was the right one.
We surrounded ourselves with Zenika, to get help on architecture and experience on mobile strategy. We soon realized that peer-to-peer video sharing wouldn’t be a wise strategy on mobile devices. After benchmarking different technologies, Wicklow picked Flutter for the development.
La Coopérative des Internets (French design workers-owed-company), helped us pinpoint the relevant user experience and design an app fit for videos on the fediverse. We decided, for the first release, to limit the scope of the app to the « spectator use-case »: browsing and watching videos.
We plan to share all their reports soon (early 2025), as soon as we put in the final touches. We hope that sharing this expertise and experience will help other FLOSS initiatives in their endeavor.
This preparatory work helped us realize that a mobile client was an amazing opportunity to simplify the PeerTube experience. PeerTube is not a video platform: it’s a network of video platforms, each with their own rules, means and focus, that can choose to federate with others (or not).
It is, by design, more complex than a centralized platform. One of the main feedback we got from video enthusiasts was
« I don’t know where to get an account. I don’t know where to search & find videos » (even though we maintain SepiaSearch).
Local account
Within a mobile client, we can create some kind of local account, directly on your device, so you get your watch-list, playlists, faves, etc. It saves you the hassle of finding a platform where you’d need to create an account if you just want to enjoy video content.
Explore platforms
We can also include a search engine and an interface to explore the federation of PeerTube platforms and find videos suited to your interest. Not everyone knows SepiaSearch (and other fediverse search engines) exists: you get it from the get go, in your pocket.
Highlighting platforms’ diversity
Finally, we can present content in a way that highlights the platforms, and show you where the videos/channels you watch are hosted. Differentiating platforms is a practical, visual way of introducing the concept of federation to a wider audience.
Humility check: a small French nonprofit will never have Google’s workforce nor Amazon’s money (and vice versa). But we have an edge: we are not constrained by surveillance capitalism rules, and its captology models.
Neither PeerTube nor the mobile app have any interest into grabbing your attention, force-feeding you ads and milking behavioral and personal data from you.
That is how we freed the design from toxic design patterns such as doom scrolling, curated feeds, needy notifications and so on.
It might sound obvious, but it takes real effort to conceive an interface cleaned from what has unfortunately became the new normal. Even more if you need to keep it familiar enough so it says easy to use.
A very first build, limited by (play & i) stores
We knew beforehand that fitting into Google’s PlayStore and Apple AppStore would be a challenge. They clearly weren’t ready to host a client for (not-a-platform but) a network of autonomous video-sharing platforms, published by a small French nonprofit, funded through its independent donation website.
To get through Apple’s (and, in a lesser way, Google’s) validation processes, we had to present the mobile app with a curated « allowlist » of PeerTube platforms that meet their standards.
Here is the state of those limitations right now:
Apple AppStore: limited to a very strict allowlist. Truth be told, a week before release, we are still unsure of being validated. Once we manage it, we’ll see how to widen the list & let users add platforms they want ;
Google Play Store: limited allowlist, but users can already add the platforms they want. We plan to widen the allowlist next ;
F-Droid (coming soon) and direct download apk: all PeerTube platforms we have indexed on SepiaSearch are available. If an instance isn’t declared to our index or is moderated, you can add it manually.
We cannot stress enough how their stores are not ready for independent solidarity-oriented networks. For exemple, a small « support us » donation link in our website footer or even on one of the allowed platforms triggered a « nope » from Apple.
And that’s consistent: as seen in their fight with Epic (owners of Fortnite) Apple take their share in every in-app purchases. They have an economic interest to keep your expenses enclosed in their ecosystem. Please, please: consider getting your freedom back ;).
Coming soon, in the PeerTube App
Fitting into Apple’s (and Google’s) very small boxes took time and energy, more than what we expected. We decided to release a first (incomplete) version of the app in December anyway, and gradually improve on it.
Here are the features we plan to develop and share for the PeerTube app:
Soon (early 2025)
Finalize and publish design and mobile strategy reports
Publish documentation
Play video in background
Log in to one’s account, gets subscriptions, comment videos
next video recommandation
improve on the limited platforms list situation
Then (mid 2025 (if funded))
adapt to tablets
adapt to TVs (well: AndroidTV… as for AppleTV, it will depend on their limitations)
Watch offline (for downloadable content)
Right now, we are still waiting to secure funding for those mid-2025 features (for which we have requested a NGI0 Commons grant to NLnet).
Depending on the app success and usage, we would love to add the content creator usecase to the app. But that’s a big one: upload and publish a video, manage one’s content, create a livestream, etc. We are still wondering where, when and how to get funds for this undertaking.
Care, Share and Contribute!
This is the part where we need you.
We hope you will enjoy this app, download and use it, and share it with your friends. This is a new gateway to promote PeerTube content, get audience to fabulous content creators, entice them to share more and boost that virtious loop.
This app is also a way of showcasing how media could be presented, when they are made with care for your agency and attention. More than ever: sharing is caring.
Obviously, we plan to maintain the app, add translations, implement bugfixes and security updates when needed: but this has a cost. We need to secure Framasoft’s 2025 budget to make Wicklow’s position permanent in our team (which is a priority to us). Our donation campaign is active right now, you can add your support here (and thanks!).
The challenge: 20,000 times €20 donations for Framasoft’s 20th anniversary!
Framasoft is funded by your donations! Every €20 you donate will be a new balloon to celebrate 20 years of adventures and help us continue and take off for a21st year.
Framasoft is a model of solidarity:
8,000 donors in 2023 ;
over 2 million beneficiaries every month;
your donation can benefit 249 other people.
To date, we have raised €84,817 of our campaign target. We still have 21 days to convince our friends and raise enough money to get Framasoft off the ground.
PeerTube sur mobile : un univers de vidéos qui prend soin de votre attention
Aujourd’hui, chez Framasoft, nous publions la toute première version de l’application PeerTube Mobile pour android et iOS. beaucoup de soin a été apporté à sa conception, afin d’aider un public plus large à regarder des vidéos et découvrir des plateformes, sans exploiter les attentions (ni les données).
🎈 Framasoft a 20 ans🎈 : Contribuez pour financer une 21e année !
Grâce à vos dons (défiscalisables à 66 %), l’association Framasoft agit depuis 20 ans pour faire avancer le Web éthique et convivial. Retrouvez un focus sur certaines de nos actions en 2024 sur le site Soutenir Framasoft.
Bien que nous développions et maintenions le logiciel PeerTube depuis 7 ans, nous, chez Framasoft, sommes loin d’être une entreprise d’informatique. D’abord parce que nous sommes une association à but non lucratif (financée par des dons, vous pouvez nous soutenir ici), et ensuite parce que notre but est, en fait, d’aider les autres à s’éduquer sur les questions numériques, le capitalisme de surveillance, etc. et de leur donner des outils qui les aident à s’émanciper numériquement.
Le développement de PeerTube a été, pour nous, un (heureux) accident. Nous voulions montrer qu’avec un développeur rémunéré (pendant les six premières années, puis deux), très peu de moyens (~ 650 000 € sur 7 ans) et beaucoup de contributions de la communauté, nous pouvons créer une alternative radicale à YouTube et Twitch. Il a également fallu beaucoup de patience. Dès le départ, nous savions que nous devions viser un rythme de croissance lent mais régulier pour le logiciel, le réseau de plateformes vidéo qu’il fédère, l’ensemble de l’écosystème et le public qu’il atteint.
Les vidéos et les flux en direct sont de plus en plus regardés sur des appareils mobiles. Nous savions que la prochaine étape pour élargir l’audience du réseau de plateformes PeerTube était de développer un client mobile. L’année dernière, nous avons décidé d’embaucher Wicklow (qui a effectué son dernier stage chez nous avant d’obtenir son diplôme), pour le former aux technologies mobiles et développer une application mobile, tout en continuant à se familiariser avec le code de base de PeerTube.
C’était (et c’est toujours) une décision importante : une nouvelle embauche doit être financée (un grand merci à NLnet et au programme Entrust du NGI0 !), et nous voulons rester une petite structure, donc nous n’avons pas beaucoup de place dans notre équipe. Avec le recul, nous pensons que c’était la bonne décision.
Nous nous sommes entourés de Zenika, pour obtenir de l’aide sur l’architecture et de l’expérience sur la stratégie mobile. Nous nous sommes vite rendu compte que le partage de vidéos en peer-to-peer n’était pas une stratégie judicieuse sur les appareils mobiles. Après avoir comparé différentes technologies, Wicklow a choisi Flutter pour le développement.
La Coopérative des Internets (une scop des designers) nous a aidés à identifier l’expérience utilisateur pertinente et à concevoir une application adaptée aux vidéos sur le fediverse. Nous avons décidé, pour la première version, de limiter le champ d’application de l’app au « cas d’utilisation spectateur » : parcourir et regarder des vidéos.
Nous prévoyons de partager tous les rapport prochainement (début 2025), dès que nous aurons mis les dernières retouches à l’application. Nous espérons que le partage de cette expertise et de cette expérience aidera d’autres initiatives FLOSS dans leurs efforts.
Ce travail préparatoire nous a permis de réaliser qu’un client mobile était une formidable opportunité de simplifier l’expérience PeerTube. PeerTube n’est pas une plateforme vidéo : c’est un réseau de plateformes vidéo, chacune avec ses propres règles, moyens et objectifs, qui peuvent choisir de se fédérer avec d’autres (ou non).
Il est, de par sa conception, plus complexe qu’une plateforme centralisée. L’un des principaux commentaires que nous avons reçus de la part des passionnés de vidéo est le suivant
« Je ne sais pas où ouvrir un compte. Je ne sais pas où chercher et trouver des vidéos » (même si nous maintenons SepiaSearch).
Compte local
Dans un client mobile, nous pouvons créer une sorte de compte local, directement sur votre appareil, afin que vous puissiez accéder à votre liste de visionnage, à vos listes de lecture, à vos favoris, etc. Cela vous évite d’avoir à trouver une plateforme sur laquelle vous devez créer un compte si vous voulez simplement profiter du contenu vidéo.
Explorer les plateformes
Nous pouvons également inclure un moteur de recherche et une interface pour explorer la fédération des plateformes PeerTube et trouver des vidéos adaptées à vos centres d’intérêt. Tout le monde ne connaît pas l’existence de SepiaSearch (et d’autres moteurs de recherche fédérés) : vous l’avez dès le départ, dans votre poche.
Mise en évidence de la diversité des plateformes
Enfin, nous pouvons présenter le contenu d’une manière qui mette en évidence les plateformes et vous montrer où sont hébergées les vidéos/chaînes que vous regardez. La différenciation des plateformes est un moyen pratique et visuel d’introduire le concept de fédération auprès d’un public plus large.
Restons humbles : une petite association française n’aura jamais la force de travail de Google ni l’argent d’Amazon (et vice versa). Mais nous avons un avantage : nous ne sommes pas contraints par les règles du capitalisme de surveillance et ses modèles de captologie.
Ni PeerTube ni l’application mobile n’ont intérêt à capter votre attention, à vous gaver de publicités et à vous soutirer des données comportementales et personnelles.
C’est ainsi que nous libérons le design des conceptions toxiques tels que le « doom scrolling », la curation de flux, et les notifications omniprésentes.
Cela peut sembler évident, mais il faut un réel effort pour concevoir une interface débarrassée de ce qui est malheureusement devenu la nouvelle norme. D’autant plus qu’il faut la rendre suffisamment familière pour qu’elle soit facile à utiliser.
Une toute première version, limitée par les (play et i) stores
Nous savions à l’avance que l’intégration dans le PlayStore de Google et l’AppStore d’Apple serait un défi. Ils n’étaient manifestement pas prêts à héberger un client pour (non pas une plateforme mais) un réseau de plateformes autonomes de partage de vidéos, édité par une petite association française à but non lucratif, financée par son site web de dons indépendant.
Pour passer les processus de validation d’Apple (et, dans une moindre mesure, de Google), nous avons dû présenter l’application mobile avec une « liste autorisée » de plateformes PeerTube répondant à leurs normes.
Voici l’état de ces limitations à l’heure actuelle :
L’AppStore d’Apple : limité à une liste d’autorisation très stricte. À vrai dire, une semaine avant la sortie, nous n’étions toujours pas sûrs d’être validés. Une fois les premières mises à jours passées, nous verrons comment élargir la liste et permettre aux utilisateurs d’ajouter les plateformes qu’ils souhaitent.
Google Play Store : liste limitée, mais les utilisateurs peuvent déjà ajouter les plateformes qu’ils souhaitent. Nous prévoyons d’élargir la liste ensuite.
F-Droid (bientôt) et téléchargement direct de l’apk : toutes les plateformes PeerTube que nous avons indexées sur SepiaSearch sont disponibles. Si une instance n’est pas déclarée dans notre index ou est modérée, vous pouvez l’ajouter manuellement.
Nous n’insisterons jamais assez sur le fait que leurs magasins ne sont pas prêts à accueillir des réseaux indépendants axés sur la solidarité. Par exemple, un petit lien de donation « soutenez-nous » dans le pied de page de notre site web ou même sur l’une des plateformes autorisées a déclenché un « non » de la part d’Apple.
Et c’est cohérent : comme on l’a vu dans leur combat avec Epic (propriétaire du jeu Fortnite) Apple prend sa part dans chaque achat in-app. Ils ont un intérêt économique à garder vos dépenses enfermées dans leur écosystème. S’il vous plaît, s’il vous plaît : pensez à récupérer votre liberté ;).
Bientôt, dans l’application PeerTube
Entrer dans les très petites cases d’Apple (et de Google) a demandé du temps et de l’énergie, plus que ce imaginions. Nous avons décidé de publier une première version (incomplète) de l’application en décembre, et de l’améliorer progressivement.
Voici les fonctionnalités que nous prévoyons de développer et de partager pour l’application PeerTube :
Bientôt (début 2025)
Finaliser et publier les rapports sur le design et la stratégie mobile
Publier la documentation
Lire une vidéo en arrière-plan
Se connecter à son compte, s’abonner, commenter des vidéos
Prochaine recommandation de vidéo
Améliorer la situation de la liste des plateformes limitées
Ensuite (mi 2025 (si financé))
Adaptation aux tablettes
Adaptation aux téléviseurs (AndroidTV… AppleTV dépendra de leurs limitations)
Regarder hors ligne (pour les contenus téléchargeables)
Pour l’instant, nous attendons toujours le financement de ces fonctionnalités pour la mi-2025 (pour lesquelles nous avons demandé une subvention NLnet).
En fonction du succès et de l’utilisation de l’application, nous aimerions ajouter le cas d’utilisation du créateur de contenu à l’application. Mais ce n’est pas une mince affaire : télécharger et publier une vidéo, gérer son contenu, créer un livestream, etc. Nous nous demandons encore où, quand et comment obtenir des fonds pour cette entreprise.
Prendre soin, partager et contribuer !
C’est ici que nous avons besoin de vous.
Nous espérons que vous apprécierez cette application, que vous la téléchargerez et l’utiliserez, et que vous la partagerez avec vos amis. Il s’agit d’un nouveau moyen de promouvoir le contenu de PeerTube, d’attirer le public vers de fabuleux créateurs de contenu, de l’inciter à partager davantage et de relancer la boucle virale.
Cette application est également un moyen de montrer comment les médias peuvent être présentés, lorsqu’ils sont conçus avec soin pour votre agentivité et votre attention. Plus que jamais : partager, c’est prendre soin.
Évidemment, nous prévoyons de maintenir l’application, d’ajouter des traductions, de corriger les bogues et d’effectuer des mises à jour de sécurité lorsque cela est nécessaire : mais cela a un coût. Nous avons besoin de sécuriser le budget 2025 de Framasoft pour pérenniser le poste de Wicklow dans notre équipe (ce qui est une priorité pour nous). Notre campagne de dons est active en ce moment, vous pouvez apporter votre soutien ici (et merci !).
Le challenge : 20 000 dons de 20€ pour les 20 ans de Framasoft !
Framasoft est financé par vos dons ! Chaque tranche de 20 € que vous donnerez sera un nouveau ballon pour fêter 20 ans d’aventures et nous aider à continuer et à décoller pour une 21e année. Framasoft est un modèle de solidarité :
8 000 donateurs en 2023 ;
plus de 2 millions de bénéficiaires chaque mois ;
votre don peut bénéficier à 249 autres personnes.
À ce jour, nous avons collecté 84 217 € sur l’objectif de notre campagne. Il nous reste 21 jours pour convaincre nos amis et récolter suffisamment d’argent pour faire décoller Framasoft. Alors, défi relevé ?
Formulaires, compta, membres… Framaspace dégooglise encore mieux les assos !
Ce sont les 20 ans de Framasoft, mais c’est aussi l’anniversaire de Framaspace, notre cloud gratuit à destination des associations et petits collectifs militants. Deux ans après son annonce, c’est l’occasion de faire le bilan de l’année écoulée, et de vous annoncer nos envies pour 2025.
🎈 Framasoft a 20 ans🎈 : Contribuez pour financer une 21e année !
Grâce à vos dons (défiscalisables à 66 %), l’association Framasoft agit depuis 20 ans pour faire avancer le Web éthique et convivial. Retrouvez un focus sur certaines de nos actions en 2024 sur le site Soutenir Framasoft.
Vous pourrez notamment comprendre pourquoi une petite association comme Framasoft s’est lancée dans le projet « un peu » fou de financer sur ses fonds propres jusqu’à 10 000 clouds associatifs (spoiler : « C’est politique ! »).
Alors le moins que l’on puisse dire, c’est que cette année encore, nous n’avons pas chômé !
1 500 associations hébergées hors GAFAM grâce à Framasoft
Nous avons donc plus que doublé le chiffre de l’année précédente, qui bénéficiait pourtant d’un effet d’annonce (où pas mal d’assos ont candidaté « pour voir », et sans doute un peu par « syndrome FOMO »).
C’est moins que le chiffre que nous annoncions vouloir atteindre l’an passé (nous visions plutôt 2 500 associations hébergées), mais accueillir 800 nouvelles structures, dont la sélection est faite manuellement, représente cependant déjà un petit exploit 🙂
Comme l’an passé, nous avons quelques statistiques à vous partager.
Tout d’abord, nous avons fait trois « grosses » mises à jour de Nextcloud, le logiciel qui motorise Framaspace, en passant de la version 26, fin 2023, à la version 29, fin 2024.
Voici un résumé des principales améliorations, sélectionnées en partie sur la base du travail de nos ami⋅es de la société Arawa.
Améliorations globales :
🎯 Une recherche unifiée repensée et plus performante
⚙️ Personnalisation de l’interface : réglage de l’ordre des apps dans la barre d’icône
👁️ Accessibilité : amélioration de l’usage de lecteurs écrans, ajouts de raccourcis claviers
👥 Les « Cercles » deviennent des « Équipes » et affichent le contenu partagé
🗃 Nextcloud Files : performances en hausse !
Un chargement 65% plus rapide de Nextcloud Files et un chargement plus rapide des dossiers volumineux
Possibilité de limiter le nombre maximal de téléchargements
Fichiers PDF : il est possible d’annoter ou de remplir des champs de formulaires dans vos fichiers PDF
Partages externes : génération de QR code
💬 Nextcloud Talk :
Améliorations des performances du chat et de la visioconférence
Recueil de consentement quant à l’enregistrement de la visioconférence, ajout d’émoticônes, meilleure identification de « qui est qui ? », etc
Édition des messages, support du format Markdown et widgets interactifs
👥 Nextcloud Collectives :
Il est désormais possible de lier des fichiers aux pages de vos collectifs
Collectives supporte désormais le chiffrement des données sur le serveur
Affichage pleine largeur
Possibilité de dupliquer des pages entre Collectifs
🗓️ Nextcloud Calendar :
Ajout d’une fonction permettant facilement l’ajout de calendriers de vacances ; rapprochement du module de prise de rendez-vous avec Nextcloud Talk
Possibilité de déclarer des congés, déplacements, maladies… Pour se tenir au courant facilement en cas d’indisponibilité
📇 Nextcloud Contacts bénéficie entre autres choses d’un relookage de ses fiches contact
Plus d’outils dans Framaspace, plus de pouvoir aux assos
Mais ce n’est pas tout ! Nous avons aussi ajouté plusieurs applications à Framaspace.
Visites guidées
Grâce aux visites guidées, vous bénéficiez de tutoriels guidés dans les principales applications de votre Framaspace.
Cette application a été développée par Val, stagiaire à Framasoft cet été (lire son interview pour en savoir plus).
Transfert de propriété
Transfert de propriété est une application réservée aux administrateur⋅ices d’espaces. Elle permet aux admins de pouvoir transférer facilement : fichiers, agendas et contacts, d’un⋅e utilisateur⋅ice à l’autre (par exemple en cas de départ soudain d’un⋅e membre de l’asso).
Cette application a, elle aussi, été développée par Val, stagiaire à Framasoft en pleine canicule (on vous a déjà dit que nos stagiaires étaient formidables ? Non, ben iels le sont ! La preuve ? Lisez sa seconde interview).
Formulaires
Formulaires vous permet de créer des formulaires simples (pour vos adhérent⋅es ou vos bénéficiaires).
Les résultats peuvent être visibles directement dans votre espace, ou directement transférés dans un fichier .csv ou tableur, que vous pouvez ouvrir et manipuler à votre guise sans quitter votre espace.
Tableaux vous permet de créer de mini-applications sans rien n’y connaître en code. Par exemple, pour un atelier vélo, vous pouvez créer une petite application qui permet de savoir qui réserve quoi dans une liste de matériel. Ou encore, pour l’organisation d’une AG, qui vient quand ? à quelle heure ? qui a besoin d’un logement ? etc.
Paheko, que les plus ancien⋅nes d’entre vous connaissaient peut-être sous le nom de Garradin, est un logiciel qui vous permet de gérer associations, clubs sportifs, ONG, syndicat, CSE, syndic de copropriété, etc.
Paheko propose de nombreuses fonctionnalités :
Gestion comptable : Paheko propose de gérer une comptabilité en partie double (saisie, journaux, grand livre, bilan, compte de résultats, statistiques, import/export au format FEC, suivi des dépôts de chèques, etc).
Gestion de membres : Paheko permet une gestion de membres à la fois très simple et très complète.
Gestion d’activités : une activité type peut être celle d’être adhérent à l’association, mais peut également être par exemple : participer à une formation, s’inscrire à un atelier, être bénévole pour un événement, être membre d’un groupe de travail, etc. Paheko permet une gestion simple de ces activités, ainsi que de leurs tarifs éventuels. Mais vous pouvez aussi faire des rappels réguliers à vos membres (par exemple pour faire un rappel de cotisation d’adhésion annuelle, ou pour envoyer une lettre d’information à tou⋅tes les membres inscrit⋅es à l’activité « Sorties vélo »).
Gestion de documents : comme Nextcloud, Paheko permet la gestion de documents en mode stockage, partagés ou collaboratifs.
Paheko est aujourd’hui utilisé par plus de 6 000 associations, notamment au travers de son portail Paheko Cloud qui propose un essai gratuit (pour un seul exercice comptable) et un tarif à contribution libre.
Nous connaissons bien ce logiciel et son développeur principal, impliqué depuis de nombreuses années dans différents milieux militants, dont celui du logiciel libre francophone. Notez par ailleurs que Paheko est membre du collectif CHATONS, impulsé par Framasoft.
Cet article est d’ailleurs l’occasion de le remercier, lui et toute l’équipe Paheko, à la fois pour avoir réalisé ce logiciel libre de qualité, mais aussi pour nous avoir permis et même aidé à l’intégration de Paheko dans Framaspace. Nous pensons qu’il s’agit là d’un exemple concret où l’esprit collaboratif du libre et des communs l’emporte largement sur l’aspect compétitif de l’individualisme et de la mise en concurrence. Merci à elles et eux !
Gérer les membres et activités de votre collectif
Ainsi, dans Framaspace, vous pouvez dorénavant gérer les membres de votre association.
Ajoutez un⋅e membre en quelques clics. Créez des catégories de membres. Gérez leurs adhésions (avec ou sans cotisation). Générez des fiches/badges de membres, avec vos propres champs, etc. L’éventail des possibilités est large ! Par ailleurs, notez que si vous n’avez le droit qu’à 50 comptes utilisateurs maximum dans Framaspace, vous n’êtes pas limité.es dans le nombre de membres que peut gérer Paheko.
Vous pourrez aussi créer des « activités ». Une activité peut correspondre à toute thématique. Il peut s’agir de la cotisation annuelle, d’un atelier, d’une formation, d’un événement, etc. Nous faisons confiance à votre imagination 🙂
Une fois l’activité créée, vous pouvez y inscrire les membres de votre choix. Vous pourrez leur envoyer des messages (par emails groupés). Ces derniers pourront recevoir des rappels automatiques que vous pourrez configurer (par exemple un rappel 15 jours avant l’expiration d’une cotisation à l’asso, ou 3j avant la date d’une formation).
Un outil de comptabilité associative… et pas que !
C’est un très gros morceau, et cet article n’a pas pour but de vous démontrer toutes les fonctionnalités comptables de Paheko. Nous rappellerons juste que plus de 6 000 associations utilisent à ce jour Paheko, ce qui démontre la robustesse de son application de comptabilité.
Par ailleurs, Paheko permet de choisir différents plans comptables. Framaspace héberge près d’une centaine de syndicats, de collectifs de copropriétaires (syndics), d’associations belges ou suisses, etc. pour lesquelles Paheko permet de choisir ou d’importer un plan comptable adapté.
Alors, « la peinture est encore fraîche », comme disent les boomers.
Pour intégrer Paheko dans nos 1 500 Framaspaces, il nous aura tout de même fallu mettre en œuvre des efforts considérables (notamment pour Thomas et Luc, qui se sont chargés du développement et du déploiement). Par conséquent, nous avons fait le choix d’y aller par étapes, pour nous éviter de nous retrouver submergé⋅es par le support autour de l’application.
Par ailleurs, nous voulions aussi éviter de surcharger le support officiel de la communauté Paheko, si trop d’utilisateur⋅ices de Framaspace signalaient des bugs en réalité liés à l’intégration de Paheko dans Framaspace.
Donc, pour l’instant, nous avons quand même limité le périmètre d’usage de Paheko dans Framaspace :
La fonctionnalité « site web de l’association » inclue dans Paheko est désactivée (nous regarderons en 2025 s’il est possible de la rendre accessible) ;
La gestion des membres et la gestion des utilisateur⋅ices dans Framaspace, ne sont pas totalement liées : c’est un choix volontaire. Ainsi, si vous ajoutez un utilisateur à votre Framaspace, celui-ci se verra automatiquement créé en tant que membre dans Paheko. L’inverse n’est cependant pas vrai, puisque vous pouvez tout à fait avoir besoin de gérer une « grosse » association (par exemple avec 1 000 membres dans Paheko), sans pour autant souhaiter leur donner, à toutes et tous, un accès à votre espace Framaspace (de toutes façons limité, lui, à 50 comptes) ;
Documents : côté Framaspace, nous avons limité cette fonctionnalité, afin de ne pas perdre vos membres entre les fichiers gérés par Nextcloud et ceux gérés par Paheko ;
Pour l’instant, seul⋅es les utilisateur⋅ices Framaspace faisant partie du groupe « admin » peuvent accéder à Paheko. Mais l’administrateur⋅ice peut aussi ajouter des utilisateur⋅ices aux groupes « paheko_compta » ou « paheko_membres », qui auront alors accès en écriture aux modules dédiés ;
Graphiquement, l’interface est encore assez mal intégrée à Framaspace. Nous verrons à améliorer cela (si vous nous en donnez les moyens) ;
Pour diverses raisons, nous avons pris du retard sur les actions de promotion de Framaspace. Pour l’instant, en dehors de quelques conférences et messages sur les réseaux sociaux, nous avons très peu communiqué sur ce service, qui est pourtant un « poids lourd » dans notre offre.
En 2025, nous consacrerons donc du temps à travailler la communication autour de Framaspace : conception de supports promotionnels, contacts avec les têtes de réseaux associatives, lettres d’information, etc.
Construire les fondations d’une communauté d’utilisateur⋅ices de Nextcloud
L’un des objectifs de Framaspace est aussi de faire émerger une communauté d’utilisateur⋅ices francophone du logiciel Nextcloud.
Nous voulons donc participer à la structuration d’un espace d’entraide plutôt à destination des utilisateur⋅ices.
Pousser (enfin) l’accompagnement aux usages de Framaspace
Nextcloud est un logiciel aussi riche que complexe. Et Framaspace hérite de cette richesse et de cette complexité. Même si sa fonction principale reste le stockage et le partage de fichiers, son périmètre d’action dépasse aujourd’hui largement ce cadre : agenda, suite bureautique collaborative, synchronisation de fichiers, chat, visioconférence, formulaires, et maintenant gestion de membres et comptabilité.
En conséquence, la question de pouvoir mieux accompagner les utilisateur⋅ices, notamment celles et ceux qui découvrent Nextcloud, demeure centrale.
Plusieurs projets sont en cours de réalisation, notamment un tutoriel interactif, dont vous serez l’héroïne ou le héros. Mais aussi plusieurs tutoriels sur des fonctionnalités avancées de NextCloud, en particulier sur les apps « Formulaires », « Tableaux » et « Paheko ».
Intégration de nouvelles fonctionnalités en 2025 ?
Nous commençons à avoir une offre relativement complète sur Framaspace.
Mais cela ne signifie pas que nous allons nous arrêter là…
Nous évaluerons aussi l’intégration de nouvelles applications, comme celle mettant à disposition un tableau blanc interactif et partagé, ou celle proposant des dossiers de groupes (qui reste pour l’instant un peu trop buguée à notre goût). Nous estimerons la pertinence d’intégrer la valorisation du bénévolat. Et nous verrons si nous avons les moyens humains et financiers d’ajouter la possibilité de créer et gérer votre site web associatif, directement depuis votre Framaspace.
Par ailleurs, nous envisageons de « muscler » les capacités de visio de Framaspace, en mettant en place une infrastructure plus performante et plus avancée. En effet, les tests de Framaspace semblent démontrer qu’une visio à 2 ou 3 personnes fonctionne correctement. Mais avec plus de participant⋅es, la qualité peut vite se dégrader, et impose une excellente connectivité. Nous souhaitons nous pencher sur ce problème, et évaluer les coûts des différentes solutions.
Enfin, même s’il ne s’agit pas de nouvelles fonctionnalités, nous souhaitons inciter à la « collaboration politique » entre les espaces. Que cela soit en mettant en valeur les possibilités de « fédération » (c’est-à-dire la possibilité de lier et de partager des informations entre plusieurs espaces Framaspace ou Nextcloud), ou en proposant une « veille militante » partagée afin de faciliter les mobilisations (ce qui nous semble particulièrement essentiel en ce moment).
Cela ne pourra évidemment se faire que si vous nous en donnez les moyens, car il nous faut encore…
… trouver notre modèle économique 😅
Qu’est-ce qui peut bien pousser une association française qui compte moins d’adhérent⋅es que le club de bridge de Pouilly-en-Auxois à dire « OK, on va outiller numériquement des milliers d’associations en leur fournissant du cloud éthique. Et on va faire ça gratuitement. » ?
La folie, l’inconscience, ou le manque d’humilité, diront certains. Et peut-être auront-ils raison ! 😛
Mais nos objectifs ont toujours été les mêmes : faciliter l’accessibilité et la découvrabilité d’outils numériques libres, éthiques et solidaires.
Or, si l’offre Nextcloud est pléthorique chez les CHATONS, il faut bien avouer que le coût à l’entrée (même pour quelques dizaines d’euros par mois) est un véritable frein à quitter les GAFAM et notamment Google Workspace, utilisé par des centaines de milliers d’associations à travers le monde.
C’est une des raisons qui nous a poussés à proposer une offre gratuite, ou plutôt « sans discrimination par l’argent« .
Mais voilà, on estime, à la très grosse louche, que Framaspace coûte environ 30 000 € par an à Framasoft.
Côté recettes, nous recevons bien entendu quelques dons pour Framaspace, et une partie du soutien financier de fondations à Framasoft, se fait aussi parce que nous proposons ce service.
Cependant, cela ne suffit pas à mettre le projet à l’équilibre financier. Ça tombe bien : comme tout projet militant, l’équilibre budgétaire n’est pas un objectif ✊
Cependant, c’est un moyen parmi d’autres de pouvoir assurer la pérennité d’un projet. Vous nous voyez donc venir avec nos gros sabots… Soutenir Framasoft, c’est soutenir Framaspace.
C’est permettre à des centaines (demain des milliers ?) d’associations de pouvoir mettre leurs valeurs de progrès social et de justice sociale en cohérence avec leurs usages numériques.
C’est redonner, aussi, un peu de fierté et de dignité à un milieu associatif aujourd’hui en grande souffrance – et en grand danger – face aux rouleaux compresseurs du néolibéralisme, de la haine en ligne (mais aussi dans le monde physique), du rétrécissement de l’espace démocratique, etc. en démontrant que les associations ne sont pas solubles dans la startup nation, et peuvent prendre soin d’elles-mêmes, y compris dans un monde où certains voudraient nous faire croire que la solidarité serait une valeur dépassée.
En conséquence, si vous trouvez Framaspace utile, opportun ou tout simplement intéressant, nous vous invitons à soutenir Framasoft.
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