Un financement pour pouvoir se libérer… de Framasphère !
Diaspora* est un réseau social décentralisé et respectueux de la liberté. Le terme diaspora* désigne à la fois le logiciel sous licence AGPL à installer sur un serveur pour pouvoir se connecter au réseau, et le réseau lui même, composé de toutes les différentes installations du logiciel diaspora*.
Framasphère est une de ces installations (appelées pods), et nous sommes heureux de vous fournir un accès à ce réseau depuis l’un de nos serveurs.
Démarré en Février 2010, le projet diaspora* est devenu communautaire en Août 2012. Depuis, le développement avance dans la bonne direction mais à un rythme lent : il n’est porté que par des bénévoles, principalement allemands et français.
Essayez, installez, migrez.
Senya, un développeur russe, se propose de travailler sur diaspora* à temps plein en se rémunérant grâce à une campagne de financement participatif. La fonctionnalité principale visée pour cette campagne est la possibilité de migrer son compte diaspora* d’une installation vers une autre.
C’est une fonctionnalité qui nous tient à cœur, car elle touche un point clef de notre approche de la diffusion du logiciel libre : « cultiver son jardin », c’est à dire avoir sa propre installation du logiciel.
En effet, le projet Dégooglisons fonctionne en 3 étapes : vous faire découvrir le logiciel / service, vous permettre de l’essayer, puis vous permettre de l’installer chez vous, pour être le seul maître de vos données.
Vous pourrez enfin changer de pod !
Si pour certains services ce cheminement est facile, il devient nettement plus compliqué dès qu’il n’est pas possible d’extraire vos données de l’installation de Framasoft pour les réimporter dans votre propre installation.
Qui voudrait installer son propre nœud diaspora* si cela implique de perdre tous les contacts, messages, photos, etc. postés depuis des mois sur Framasphère ? Voilà pourquoi nous encourageons vivement Senya dans son crowdfunding.
Et bonne nouvelle ! Depuis quelques jours, les 3500 euros demandés ont été atteints, Senya va pouvoir travailler sur la migration entre les serveurs diaspora* !
5 jours pour aller plus loin…
Cependant, le financement se poursuit jusqu’au 20 Mars, car Senya se propose maintenant d’ajouter les mentions dans les commentaires si 4200 euros sont atteints, et la fédération des tags entre les pods si 5000 euros sont atteints (oui, les tags ne sont actuellement pas fédérés en tant que tels, voir cet article de blog pour les détails techniques). Ces fonctionnalités sont elles aussi très intéressantes, nous vous encourageons donc vivement à donner si vous le pouvez !
Senya propose notamment une récompense intéressante : si vous donnez 150 euros, il vous aidera personnellement à installer votre propre pod diaspora* puis à migrer votre ancien compte dessus en utilisant sa fonctionnalité toute neuve. C’est une opportunité unique d’avoir enfin votre propre réseau social entièrement sous votre contrôle !
En participant à ce crowdfunding, vous ne permettez pas seulement à Framasphère et à toutes les installations de diaspora* d’être plus complètes et de mieux fonctionner, créant une alternative fiable à l’horreur qu’est Facebook. Vous montrez aussi que vivre en écrivant du code Libre est quelque chose de possible.
Non seulement vous aidez Senya, qui prend le risque de faire financer son travail par la communauté plutôt que de trouver un emploi stable traditionnel, mais vous incitez aussi les autres développeurs à se tourner vers le financement participatif pour faire vivre tous les beaux logiciels Libres que nous aimons tant !
Comment créer une belle Framacarte avec un compte ? (Tutos uMap 3/4)
Juste avant Noël, nous vous présentions Framacartes, un service de création de cartes personnalisées pour vos sites web, communautés, randos, chasses au trésor… Framacartes est basé sur le logiciel Umap, qui permet d’ajouter des points, tracés et polygones sur les fonds de cartes d’OpenStreetMap.
C’est alors qu’Antoine Riche, ingénieur informatique, Contributeur et Formateur OpenStreetmap, nous a contactés pour nous présenter sa série de tutoriels (libres, eux aussi) pour apprendre à maîtriser uMap (et donc Framacartes) à toute la famille Dupuis-Morizeau.
C’est avec son autorisation (et de chaleureux remerciements) que nous reproduirons sur le framablog les quatre premiers tutos (le niveau « débutant ») afin d’en faire profiter le plus grand nombre.
Cette semaine, créons un compte afin de faire de bien jolies cartes et de ne pas les perdre !
J’utilise un compte et crée une belle carte
Ce que nous allons apprendre
Utiliser un compte pour retrouver ses cartes
Changer la forme, la couleur et le pictogramme d’un marqueur
Créer et modifier une ligne ou un polygone
Procédons par étapes
Nous avons appris dans le tutoriel précédent comment créer une carte anonyme contenant un marqueur. Nous allons à présent créer une carte plus complète : la carte de nos vacances au Camping de la plage Goulien sur la Presqu’île de Crozon en Bretagne.
Au lieu de créer une carte anonyme, nous allons utiliser un compte pour créer cette carte.
1. Utiliser un compte
uMap permet d’associer ses cartes à un compte. Cela présente deux avantages importants par rapport à la création de cartes anonymes :
les cartes créées avec un compte constituent un catalogue permettant d’accéder facilement à ses cartes
on peut modifier chaque carte du catalogue sans avoir besoin de conserver un lien d’édition
Le logiciel umap ne gère pas directement de comptes utilisateurs : la gestion des comptes dépend de la configuration du logiciel. Sur https://framacarte.org, nous vous proposons d’utiliser un compte OpenStreetMap. Si vous n’avez pas de compte, c’est le moment de vous inscrire sur le site www.openstreetmap.org : cliquez Créer un compte dans le coin supérieur droit et suivez les instructions – une adresse mail vous sera demandée (plus d’infos).
Cliquez sur Connexion / Créer un compte puis sur le pictogramme correspondant au compte que vous souhaitez utiliser. Apparaît alors la page de connexion du site : saisissez le nom d’utilisateur et le mot de passe. La page suivante vous demande d’autoriser l’application uMap à utiliser ce compte : accordez cet accès. Vous retrouvez alors la page d’accueil de uMap, sur laquelle le lien de connexion a laissé la place à un lien Mes cartes vous permettant d’accéder à l’ensemble des cartes créées avec ce compte.
Notez l’URL de la barre d’adresse quand vous consultez votre catalogue de cartes : celle-ci contient le nom de votre compte – par exemple https://framacarte.org/fr/user/PouhiouNoenaute/. Vous pouvez l’utiliser pour accéder à votre catalogue de cartes, même sans être connecté à votre compte : vous pouvez diffuser cette URL, les récipiendaires ne pourront pas modifier vos cartes.
Toutes les cartes que vous créez en étant connecté à votre compte sont ajoutées à votre catalogue.
2. Créer un joli marqueur
Commençons par créer une carte : donnons-lui un nom, définissons une emprise et ajoutons un marqueur à l’emplacement du camping. Nous avons vu dans le tutoriel précédent comment effectuer ces opérations.
Ce gros marqueur bleu n’est pas très explicite pour figurer un camping. Remédions à cela. Dans le panneau latéral visible lorsqu’un marqueur est sélectionné, le menu Propriétés avancées permet de modifier l’apparence du marqueur :
Couleur : cliquer sur Hériter permet de choisir une couleur.
Forme de l’icône : le choix Par défaut correspond au marqueur actuel, les autres choix sont Cercle, Goutte et Épingle.
Symbole pour le marqueur : cliquer sur Ajouter un symbole pour choisir parmi une centaine de pictogrammes. Notez que le symbole n’est affiché que pour les formes d’icônes Par défaut et Goutte.
Étiquette : choisir Oui permet d’afficher en permanence le nom associé au marqueur
Voici le marqueur obtenu avec les propriétés ci-contre :
Modifier un marqueur
Pour modifier un marqueur de la carte, deux possibilités s’offrent à vous :
un clic sur le marqueur affiche le panneau qui vous permet de modifier son nom et sa description
un glisser-déposer vous permet de déplacer le marqueur sur la carte
3. Créer une ligne
Le premier jour de vacances nous allons en kayak de mer jusqu’à la Pointe de Dinan à l’ouest de la plage de Goulien. Traçons l’itinéraire suivi.
Le bouton Dessiner une ligne permet de tracer, point par point, une ligne constiutée de plusieurs segments. Cliquez à nouveau sur le dernier point tracé pour terminer la ligne : apparaît alors à droite un panneau permettant de donner un nom et une description à la ligne, comme pour les marqueurs.
Modifier une ligne
A tout moment vous pouvez sélectionner une ligne en double-cliquant dessus. Vous pouvez alors éditer ses propriétés dans le panneau latéral, ou modifier son tracé sur la carte :
supprimer un point de la ligne, matérialisé par un carré blanc, en cliquant dessus
déplacer un point par un glisser-déposer
insérer un point en cliquant sur un carré gris se trouvant au milieu de chaque segment
allonger la ligne avec un Ctrl-Clic lorsque le curseur est placé sur le premier ou dernier point
couper la ligne en deux : Clic droit sur un point puis choisir l’option Scinder la ligne
Propriétés d’une ligne
Les propriétés avancées d’une ligne permettent de définir sa couleur et d’autres paramètres définissant son style :
l’épaisseur est définie en nombre de pixels, sa valeur par défaut est 3 : saisir une valeur plus grande pour un trait plus large (qui sera plus facile à sélectionner).
l’opacité est un nombre entre 0 (transparent) et 1 (opaque), sa valeur par défaut est 0.5. Plus le trait est épais plus il peut être transparent.
la simplification du tracé définit la précision du tracé en nombre de pixels : le tracé s’adaptera au niveau de zoom. Il est en général inutile de modifier cette valeur pour un tracé réalisé à la main.
les pointillés sont définis par une série de chiffres séparés par des virgules : nombre de pixels affichés, nombre de pixels cachés, etc. L’épaisseur du trait doit être prise en compte : plus les traits sont épais plus les intervalles doivent être grands.
Voici le style de trait obtenu avec les propriétés ci-contre :
4. Créer un polygone
Le second jour de vacances nous louons un dériveur et naviguons dans la zone définie par le club nautique. Ajoutons cette zone à la carte.
Le bouton Dessiner un polygone permet de tracer le périmètre d’un polygone point par point, et de le terminer en cliquant à nouveau sur le dernier point comme pour le tracé d’une ligne. Une différence toutefois : dès le troisième point l’intérieur du polygone est coloré.
Propriétés d’un polygone
La liste des propriétés d’un polygone est assez longue. On y retrouve les mêmes propriétés que pour les lignes (couleur, opacité, etc.) : celles-ci s’appliquent au périmètre du polygone. Plus bas nous trouvons des propriétés spécifiques aux polygones :
les options trait et remplissage permettent de ne pas afficher le périmètre ou l’intérieur du polygone : si aucun de ces deux éléments est affiché le polygone est invisible.
la couleur du remplissage est par défaut celle du trait, mais peut être modifiée.
l’opacité du remplissage varie de 0 à 1, elle peut être très légère pour un polygone.
Deux autres options propres aux polygones sont disponibles :
lien externe : spécifier une URL aura pour effet d’ouvrir le page Web correspondante lorsque l’utilisateur clique sur le polygone.
Cliquable : choisir la valeur non ne permettra pas à l’utilisateur de sélectionner le polygone, donc de voir son nom et sa description dans une popup. Cela peut être utile pour définir la zone d’intérêt de la carte, qui ne porte pas elle-même d’information utile.
Un polygone non-cliquable ne peut plus être sélectionné sur la carte même en mode édition. Il faut pour cela passer par l’opération Visualiser les données disponible dans le sélecteur de calque, puis éditer l’élément correspondant dans la liste des données.
Faisons le point
Notre deuxième carte est déjà plus intéressante que la première, et en plus nous savons comment la retrouver facilement. Nous verrons dans le prochain et dernier tuto comment personnaliser notre carte.
Suite à la mise en place de la campagne Dégooglisons Internet, Framasoft souhaite impulser la création d’un Collectif d’Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires (C.H.A.T.O.N.S. ! 😛 ).
Ce collectif rassemblerait les organisations souhaitant proposer des services alternatifs à ceux de GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), respectueux de la vie privée des utilisateurs.
Le projet n’en est qu’à ses débuts et ne sera pas ouvert au public avant plusieurs mois, mais ce billet permet d’informer les actuels hébergeurs de services libres de l’initiative.
Rappelons que ce projet, qui s’étale sur plusieurs années, vise à résister à la colonisation du web par Google, Apple, Facebook, Amazon ou Microsoft (GAFAM pour les intimes, et la totalité des internautes sont, justement, très intimes avec eux).
Pour cela, nous nous étions fixés trois objectifs :
1 – Sensibiliser le grand public aux dangers (avérés, mais surtout à venir) d’une trop grande centralisation des services web :
dépendance à des outils contrôlés à distance par d’autres ;
marchandisation de nos données personnelles ;
surveillance généralisée facilitée pour les états (telle que révélée entre autre par Edward Snowden) ;
frein à l’innovation du fait de la puissance financière de ces sociétés. Pour information, Alphabet, la maison mère de Google, est la première capitalisation boursière mondiale (la seconde étant… Apple). Jamais notre monde n’a connu d’entreprises aussi riches ;
un « débordement » du cadre web qui devrait nous interroger (voiture sans chauffeur, investissement dans les biotechnologies, la robotique, des projets pas du tout farfelus pour connecter toute la planète, des objets connectés surveillant nos faits et gestes, des incursions dans le domaine politique, etc.).
2 – Démontrer que le logiciel libre était une alternative (probablement la seule, d’ailleurs) aux services de GAFAM.
Pour cela, nous avons mis en place plus d’une quinzaine de services en ligne respectueux de vos données. Et une quinzaine d’autres devraient suivre dans les 18 prochains mois.
3 – Essaimer notre démarche, afin de ne pas nous-mêmes devenir un « espace centralisé »
Un bilan positif
Sur le premier point (sensibilisation), nous sommes satisfaits du résultat :
le nombre de tickets sur notre support (241 en janvier) est aussi un bon indicateur 😛
Sur le troisième point (essaimage), il semblerait que la rencontre ait eu lieu : nous avons appris (parfois par hasard !) que de nombreux « clones » de nos services avaient été mis en place (Diaspora Nouvelle Donne, Framadate ici ou là, MyPads, etc.)
Mais aussi des faiblesses
Pourtant, nous savons que nous allons dans le mur !
Pour l’instant, nous n’avons pas de problème pour fournir le service. Grâce à vos dons, nous avons pu embaucher un administrateur système à temps plein, ce qui va nous permettre de stabiliser l’infrastructure technique (une quarantaine de machines virtuelles, tout de même).
Cependant, cette croissance permanente n’est pas tenable à long terme.
Certes, nous pourrions demander plus de dons, pour embaucher plus, maintenir plus de machines. Mais cela ne nous parait pas être une bonne solution : nous n’avons pas envie de courir derrière l’argent, et surtout cela ferait de Framasoft, à terme, un service centralisateur du même type que celui contre lequel nous essayons de résister !
Et, non, pour répondre à une demande récurrente, il n’est pas question pour nous de proposer des services payants, car nous n’avons pas envie de gérer des clients. Ça, c’est le travail d’entreprises du libre (et elles ne manquent pourtant pas). Framasoft est une petite association et ce statut nous convient tout à fait.
Framasoft : une AMAP du libre ?
Vous pouvez voir Framasoft comme une AMAP du logiciel libre, en quelque sorte. Ce type d’organisation ne fait sens que si la taille en reste raisonnable, que s’il y a proximité entre le producteur (Framasoft) et les utilisateurs (vous !).
Dit plus clairement : nous ne cherchons pas de solution technique ou financière à une crise de croissance. Même si cela peut paraître paradoxal, nous souhaitons d’ores et déjà anticiper le ralentissement de cette croissance ! 🙂
Une forme de sobriété volontaire qui pourra sans doute en étonner certains, mais qui parait relativement logique si on ne souhaite pas « industrialiser » les processus car cette industrialisation, justement, génère des effets de bords négatifs pour la vie privée de nos utilisateurs. Nous sommes fiers de notre indépendance (grâce à vos dons), et de notre côté « artisan du web » qui peut encore prendre le temps de discuter/débattre avec ses utilisateurs.
Des chatons (et de la bière ?) pour libérer le monde !
Pour les raisons évoquées ci-dessus, Framasoft souhaite aujourd’hui renforcer son objectif d’essaimage.
Nous nous proposons aujourd’hui d’impulser la création d’un collectif nommé C.H.A.T.O.N.S. pour : Collectif d’Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires.
Pour faire court, CHATONS serait un peu aux services libres ce que la Fédération FDN est aux fournisseurs d’accès internet libres : un moyen de rassembler, de mutualiser, de décentraliser, de donner de la visibilité, de fédérer autour de valeurs communes, de faciliter l’essaimage, mais sans pour autant centraliser, rigidifier, contrôler ces structures.
Pour faire plus long, reprenons les objectifs possibles d’un tel collectif, dont nous souhaitons faciliter l’émergence :
1 – Rassembler
Il existe en fait déjà de nombreux hébergeurs de services en ligne libres et alternatifs, dont certains existent depuis bien, bien plus longtemps que Framasoft.
Etc. (cette liste est très loin d’être exhaustive)
L’un des objectifs serait de proposer à ces différentes structures, si elles le souhaitent, de rejoindre le collectif.
2 – Mutualiser
Les libristes aiment leur indépendance, elle est parfois une force qui nous permet de faire preuve d’innovation, de résilience, de créativité, de réactivité. Et elle est parfois un faiblesse, qui nous fait réinventer la roue, non pas par plaisir, mais juste par ignorance que d’autres ont déjà trouvé une solution à notre problème.
L’un des objectifs serait de partager l’information et les bonnes pratiques, sans pour autant imposer ces dernières.
3 – Décentraliser
Framapad est en rade ? Vous cherchez un service de sondages plus poussé que Framadate ? Vous voulez quitter Gmail, sans savoir chez quel fournisseur prendre votre email ?
Framasoft ne couvre pas l’ensemble des besoins, et ne propose aucune garantie de disponibilités dans ses Conditions Générales d’Utilisation. Il serait donc utile de répartir la charge et les services sur différentes organisations, non seulement pour éviter les silos de données, mais aussi pour s’assurer de ne laisser aucun utilisateur dans l’impasse.
L’un des objectifs serait de mettre en réseau les différentes organisations volontaires, afin qu’elles puissent proposer des services complémentaires (voir redondants) aux utilisateurs.
4 – Donner de la visibilité
Parmi les soucis que Framasoft rencontre, il y a le fait que nous sommes loin de connaître toutes les hébergeurs libres et alternatifs en France ou à l’étranger.
Pour prendre un exemple parmi beaucoup d’autres, nous avons découvert presque par hasard l’association Nanterasso (qui dépend du GUL Nanterrux). Il y a sans doute de nombreuses autres associations de ce type en France.
D’autres structures existantes, comme ouvaton.coop, mériteraient sans doute un coup de projecteur.
L’un des objectifs serait de rendre visible, sur un site web, les différentes structures membres du collectif, ainsi que leurs offres.
5 – Fédérer
Évidemment pour qu’un collectif fonctionne, il faut que ses membres se retrouvent autour de valeurs communes. Sans elles, on finit par ne plus savoir ce qu’on fait là, ce qu’on partage avec l’autre, ni ce qui nous rassemble.
Nous proposons que le collectif rédige :
un manifeste, pour poser noir sur blanc les valeurs défendues ;
une charte, permettant à chacun de connaître les règles de gestion du collectif.
L’un des objectifs serait donc de fixer ensemble les règles communes permettant aux membres du collectif de pouvoir promouvoir et défendre efficacement les valeurs qui les rassemble.
6 – Essaimer
Le collectif CHATONS est un collectif « sans compétition » : le but ne doit pas être d’avoir le plus grand nombre d’utilisateurs, puisque les membres souhaitent décentraliser les services. Par conséquent, le collectif veillera à faciliter la création et l’accueil de nouveaux membres.
L’un des objectifs serait d’abaisser « la barrière à l’entrée » pour les nouveaux entrants. Plus il y aura de chatons actifs respectant la charte et le manifeste, mieux cela vaudra pour le collectif.
7 – Partager
Trouver des tutoriels expliquant comment mettre en place tel ou tel service, c’est bien. Mais cela ne permet de réduire efficacement l’écart entre « ceux qui utilisent » et « ceux qui savent comment ça marche ». Nous devons faire de l’éducation populaire, en partageant avec les utilisateurs de nos services. Nous devons être à leur écoute, y compris devant des questions qui nous paraissent parfois naïves : « Au fait, par où passe mon email quand je clique sur « Envoyer », et que l’ordinateur de mon destinataire est éteint ? », « Mais un logiciel propriétaire, ça ne veut pas dire que je suis propriétaire de mes données, justement ? », « Quel problème y a-t-il à utiliser GMail ? C’est gratuit et ça marche bien, non ? »
Ces questions, on nous les pose souvent, mais notre expérience a montré que nous y répondions moins bien par email que quand nous étions face aux personnes, une bière (ou autre breuvage) à la main. L’explication passe mieux, non pas parce que nous serions plus clairs après avoir bu une pinte, mais parce que nous échangeons sur un pied d’égalité avec nos interlocuteurs, qui nous apprennent aussi de leurs usages, de leurs pratiques. Si nous voulons informer objectivement le public pour qu’il puisse faire des choix éclairés, il nous faut le rencontrer, lui parler, échanger, partager. Et sortir de notre tour d’ivoire.
L’un des objectifs serait donc de consacrer du temps à des temps de partages (et non comme souvent des temps d’informations distanciés, parfois professoraux ou dogmatiques), cela n’étant possible que si le collectif dispose d’un réseau suffisamment étendu géographiquement.
Et maintenant ?
Voilà pour l’idée dans les grandes lignes.
Mais, même si nous savons que le diable se cache dans les détails, nous ne souhaitons – volontairement – pas aller beaucoup plus loin pour le moment, afin de faciliter la participation et le débat.
Ce qui a été fait :
Nous avons déjà contacté en amont quelques structures (notamment celles citées plus haut), ce qui ne veut évidemment pas dire que la participation est close ! (cf « Vous souhaitez devenir un chaton ? » ci-dessous)
Nous avons déjà commencé la rédaction d’un Manifeste et d’une Charte (en version 0.1, il ne s’agit que d’un brouillon de proposition, les versions finales n’auront probablement rien à voir)
Nous avons réservé le nom de domaine http://chatons.org, mais le site ne sera pas rendu public avant l’été.
Nous avons proposé un planning :
Janvier à juin 2016 – discussions sur la Charte et le Manifeste
26/01 – annonce “officielle” du projet CHATONS à Brest
Précisons tout de suite qu’il ne s’agit pas d’un projet interne à Framasoft, même si c’est Framasoft qui l’impulse. Nous serons à terme un chaton parmi les autres. Cependant, pour pouvoir avancer relativement efficacement, nous avons préféré proposer une base de travail (Charte et Manifeste), ainsi qu’un planning indicatif, afin de ne pas nous perdre dans les discussions trollesques que nous, libristes, apprécions tant 😉
Vous souhaitez devenir un chaton ?
Pour l’instant, nous allons débuter la phase de discussion, donc il est encore un peu tôt pour “postuler”, car nous ne saurions vous accueillir, puisque le collectif n’existe pas 🙂
Cependant, si vous pensez pouvoir apporter quelque chose de concret et tangible aux discussions (et non du “yakafokon”), vous pouvez laisser un message en commentaire du billet (en laissant bien votre adresse courriel dans le champ approprié, qui ne sera pas diffusée, au cas où nous souhaiterions vous recontacter).
Bref, pour l’instant, il ne s’agit que d’une idée, donc il va nous falloir un peu de temps pour la structurer avant de la présenter au public. Mais nous souhaitions la présenter ici, car il ne fait aucun doute que Framasoft consacrera une partie de son énergie à ce projet.
Internet est-il cassé ?
Pas encore, mais il est certain qu’Internet, tel que nous le connaissons, est en train de changer. Et pas forcément dans le bon sens.
Face à ce mouvement de concentration, qui pourrait bien transformer Internet en Googleternet ou Facebookternet, nous ne voyons qu’une seule voie (si vous en avez d’autres à proposer, on prend !) : décentraliser internet en faisant en sorte qu’il demeure tel qu’il a été conçu. Neutre. Ouvert. Interopérable. Libre.
Si nous voulons une économie qui soit aussi sociale et solidaire, il va nous falloir un internet qui soit aussi social et solidaire. Et cela passera entre autre par une diversité d’acteurs indépendants proposant des services web libres, éthiques et respectueux de vos données, décentralisés et solidaires.
La Blockchain, au-delà du Bitcoin
Il existe déjà sur le Bitcoin et la nombreuse famille des monnaies virtuelles une abondante littérature qui évoque les espoirs et les fantasmes que génèrent les crypto-monnaies. Mais pour qui n’est encore ni utilisateur dans ses paiements ni prosélyte convaincu, il n’est pas si facile de comprendre le principe de fonctionnement qui sous-tend le succès grandissant de cet argent dématérialisé sans intermédiaire.
Pour savoir ce qui se passe en coulisses, il est nécessaire d’appréhender correctement ce qu’est la blockchain. C’est bien délicat, et rares sont les explications limpides qui nous permettent de saisir l’essentiel. L’article « Chaîne de blocs » de Wikipédia utilise très vite des prérequis dont ne disposent probablement pas les Dupuis-Morizeau : « système cryptographique », « base de données distribuée », « nœud de stockage », etc.
Heureusement, il arrive que nous rencontrions un article qui présente des qualités de clarté telles que nous nous faisons un devoir de le partager. Qui plus est, nous y découvrons que le bitcoin n’est qu’un exemple aujourd’hui notoire des très nombreuses possibilités d’application de la blockchain dans des domaines très variés, ce qui pourrait à moyen terme changer beaucoup de choses dans notre vie quotidienne…
L’auteur, Jean-Paul Delahaye est un universitaire, mathématicien et informaticien, chercheur à l’Université de Lille 1. Nous le remercions d’avoir accepté que nous reprenions ici, mis à jour pour les données numériques, son texte déjà publié en 2014 sur le blog de Scilogs.
La puissance de la blockchain
Imaginez qu’au centre de la place de la Concorde à Paris, à côté de l’Obélisque on installe un très grand cahier, que librement et gratuitement, tout le monde puisse lire, sur lequel tout le monde puisse écrire, mais qui soit impossible à effacer et indestructible. Cela serait-il utile ?
Il semble que oui.
– On pourrait y consigner des engagements : « je promets que je donnerai ma maison à celui qui démontrera la conjecture de Riemann : signé Jacques Dupont, 11 rue Martin à Paris ».
– On pourrait y déposer la description de ses découvertes rendant impossible qu’on en soit dépossédé : « Voici la démonstration en une page que j’ai trouvée du Grand théorème de Fermat …».
– On pourrait y laisser des reconnaissances de dettes qui seraient considérées valides tant que celui à qui l’on doit l’argent n’a pas été remboursé et n’est pas venu l’indiquer sur le cahier.
– On pourrait y donner son adresse qui resterait valide jusqu’à ce qu’une autre adresse associée au même nom soit ajoutée, annulant la précédente.
– On pourrait y déposer des messages adressés à des personnes qu’on a perdues de vue en espérant qu’elles viennent les lire et reprennent contact.
– On pourrait y consigner des faits qu’on voudrait rendre publics définitivement, pour que l’histoire les connaisse, pour aider une personne dont on souhaite défendre la réputation, pour se venger, etc.
Pour que cela soit commode et pour empêcher les tricheurs d’écrire en se faisant passer pour vous, il faudrait qu’il soit possible de signer ce qu’on écrit. Il serait utile aussi que l’instant précis où est écrit un message soit précisé avec chaque texte déposé sur le grand cahier (horodatage).
Imaginons que tout cela soit possible et qu’un tel cahier soit mis en place, auquel seraient ajoutées autant de pages nouvelles que nécessaire au fur et à mesure des besoins. Testaments, contrats, certificats de propriétés, récits divers, messages adressés à une personne particulière ou à tous, attestations de priorité pour une découverte, etc., tout cela deviendrait facile sans avoir à payer un notaire, ou un huissier. Si un tel cahier public était vraiment permanent, infalsifiable, indestructible, et qu’on puisse y écrire librement et gratuitement tout ce qu’on veut, une multitude d’usages en seraient imaginés bien au-delà de ce que je viens de mentionner.
Un tel objet serait plus qu’un cahier de doléances ou un livre d’or, qui ne sont pas indestructibles. Ce serait plus qu’un tableau d’affichage offert à tous sur les murs d’une entreprise, d’une école ou d’une ville, eux aussi temporaires. Ce serait plus que des enveloppes déposées chez un huissier, coûteuses et dont la lecture n’est pas autorisée à tous. Ce serait plus qu’un registre de brevets, robuste mais sur lesquels il est coûteux et difficile d’écrire. Ce serait plus que les pages d’un quotidien qui sont réellement indestructibles car multipliées en milliers d’exemplaires, mais sur lesquelles peu de gens ont la possibilité d’écrire et dont le contenu est très contraint.
Place de la Concorde ?
Bien sûr, ce cahier localisé en un point géographique unique ne serait pas très commode pour ceux qui habitent loin de Paris. Bien sûr, ceux qui y rechercheraient des informations en tournant les pages se gêneraient les uns les autres, et gêneraient ceux venus y inscrire de nouveaux messages. Bien sûr encore, faire des recherches pour savoir ce qui est écrit dans le cahier (telle dette a-t-elle été soldée ? Telle adresse est-elle la dernière ? etc.) deviendrait vite impossible en pratique quand le cahier serait devenu trop gros et que ses utilisateurs se seraient multipliés.
Ces trois inconvénients majeurs :
a) localisation unique rendant l’accès malcommode et coûteux ;
b) impossibilité de travailler en nombre au même instant pour y lire ou y écrire ;
c) difficulté de manipuler un grand cahier…
… peuvent être contournés. L’informatique moderne avec la puissance de ses machines (y compris les smartphones) et ses réseaux de communication est en mesure de les surmonter.
D’ailleurs cette idée d’un grand cahier informatique, partagé infalsifiable et indestructible du fait même de sa conception est au cœur d’une révolution qui débute. Nous la baptiserons la «révolution de la blockchain »(nous allons expliquer pourquoi) ou plus explicitement et en français : « la révolution de la programmation par un fichier partagé et infalsifiable ».
L’idée de Nakamoto
Le nom proposé vient de la blockchain du bitcoin, la monnaie cryptographique créée en janvier 2009, et qui a depuis connu un développement considérable et un succès réel très concrètement mesurable : la valeur d’échange des devises émises en bitcoins dépasse aujourd’hui 5 milliards d’euros. Au cœur de cette monnaie, il y a effectivement un fichier informatique infalsifiable et ouvert. C’est celui de toutes les transactions, baptisé par Satoshi Nakamoto son inventeur : la blockchain. C’est un fichier partagé, tout le monde peut le lire et chacun y écrit les transactions de bitcoins qui le concerne, ce qui les valide. La blockchain existe grâce à un réseau pair à pair, c’est-à-dire géré sans autorité centrale par les utilisateurs eux-mêmes. Certains de ces utilisateurs détiennent des copies de la blockchain, partout dans le monde. Ces centaines de copies sont sans cesse mises à jour simultanément, ce qui rend la blockchain totalement indestructible, à moins d’une catastrophe qui toucherait en même temps toute la terre. Ce fichier a été rendu infalsifiable par l’utilisation de procédés cryptographiques qui depuis sa création en 2009 se sont révélés résister à toutes les attaques : personne jamais n’a pu effacer ou modifier le moindre message de transaction auparavant inscrit dans la blockchain du bitcoin.
C’est possible, cela existe !
Le rêve du grand cahier de la place de la Concorde est donc devenu possible, et en réalité ce que l’informatique moderne, les réseaux et la cryptographie ont su créer dans le monde numérique est bien supérieur à tout ce qu’on aurait pu tenter de faire avec du papier, du métal ou tout dispositif composé d’objets physiques. En particulier :
a) l’accès à la blockchain, grâce aux réseaux, se fait instantanément de n’importe où dans le monde, pourvu qu’on dispose d’un ordinateur ou simplement d’un smartphone ;
b) des milliers d’utilisateurs peuvent y lire simultanément sans se gêner ;
c) chacun peut gratuitement et sans limitation ajouter de nouveaux messages de transactions selon un procédé qui assure la cohérence et la robustesse du fichier blockchain.
La taille de la blockchain du bitcoin s’accroît progressivement, mais reste manipulable par les formidables machines dont nous disposons tous aujourd’hui. Elle comporte aujourd’hui 54 giga-octets (5,4 10^10 caractères), ce qui est l’équivalent d’environ 54 000 ouvrages de 200 pages. Cela semble énorme, mais nos ordinateurs sont maintenant assez puissants pour cela.
L’exploration par son ordinateur de ce qui est inscrit donne librement accès à tout le contenu de cette blockchain quasi-instantanément de n’importe quel endroit du monde. C’est d’ailleurs, dans le cas du bitcoin, ce qui permet de calculer le solde des comptes. Les systèmes de signatures cryptographiques garantissent que les messages de transaction que vous inscrivez sur la blockchain concernant vos comptes ont été écrits par vous. L’ordre des inscriptions fournit aussi une datation (horodatage) des transactions et donc les ordonne. Tout cela est fait, sans qu’aucune autorité centrale ne s’en occupe, puisque ce sont certains des utilisateurs (appelé « mineurs » dans le cas du bitcoin) qui en opèrent la surveillance, et qui se contrôlent mutuellement, assurant l’honnêteté des sauvegardes et leur cohérence.
L’exemple d’une monnaie est la plus spectaculaire et la plus visible aujourd’hui des merveilles que réalise une blockchain. Qu’on ait pu ainsi créer une monnaie, grâce à un fichier partagé, semble incroyable. Cela d’autant plus qu’il s’agit d’une monnaie d’un nouveau type : elle ne repose sur aucune autorité émettrice, autorise des transactions quasi-instantanées gratuitement d’un point à l’autre du globe.
De nombreuses variantes
Au-delà du miracle que constitue cette monnaie (nous ne reviendrons pas sur le détail de son fonctionnement), c’est l’ensemble de tout ce que rend possible ce type d’objet qu’est une blockchain que nous voulons évoquer, car il semble bien qu’un nouveau monde économique, social, législatif, politique et monétaire en résulte. Aujourd’hui, nous n’en avons pas pris la mesure.
Le bitcoin utilise une blockchain qui lui est propre et ne sert a priori qu’à inscrire des transactions, mais l’idée de cette blockchain peut se décliner d’une multitude de façons donnant naissance à autant d’applications nouvelles. Nous avons sans doute pour l’instant entrevu que quelques aspects de ce que de tels dispositifs autorisent. Il s’agit rien moins que de l’apparition d’un nouveau type d’objets réels, aussi durs que le métal, contenant des informations d’une complexité sans limites. Nos ordinateurs aux extraordinaires capacités de calcul y accèdent instantanément grâce aux réseaux, explorant rapidement ce qui s’y trouve, y déposant de nouveaux messages éventuellement cryptés, et les extrayant aussi rapidement. Ces nouveaux objets du fait de leur nature numérique et de leurs propriétés de robustesse et d’ubiquité — ils existent partout dans le monde à la fois — ont des propriétés qu’aucun objet du monde n’a jamais possédées.
Il existe aujourd’hui des centaines de variantes du modèle bitcoin. Ce sont essentiellement d’autres monnaies — on parle de crypto-monnaies — qui chacune s’appuie sur une blockchain particulière. Cependant depuis qu’on a compris que l’idée de Nakamoto était beaucoup plus générale, d’autres systèmes avec blockchain sont apparus ou sont en cours de développement.
Une révolution en marche
Certaines des idées évoquées au départ peuvent se mettre en place soit grâce à une nouvelle blockchain, soit en essayant d’utiliser la blockchain du bitcoin qu’on détournera de sa fonction première pour lui faire réaliser des opérations non prévues par Nakamoto. Dom Steil un entrepreneur s’occupant du bitcoin et auteur de nombreux articles sur les nouvelles technologies a exprimé assez clairement l’idée de cette révolution :
« La blockchain est intrinsèquement puissante du fait que c’est la colonne vertébrale d’un nouveau type de mécanisme de transfert et de stockage distribué et open source. Elle est le tiers nécessaire pour le fonctionnement de nombreux systèmes à base de confiance. Elle est la feuille universelle d’équilibrage utilisée pour savoir et vérifier qui détient divers droits numériques. De même qu’Internet a été la base de bien d’autres applications que le courrier électronique, la blockchain sera la base de bien d’autres applications qu’un réseau de paiement. Nous en sommes aux premiers instants d’un nouvel âge pour tout ce qui est possible au travers d’un réseau décentralisé de communications et de calculs. ». Voir ici.
Jon Evans un ingénieur informaticien et journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies partage cet enthousiasme :
« La technologie blockchain au cœur du bitcoin est une avancée technique majeure qui, à terme, pourrait révolutionner l’Internet et l’industrie de la finance comme nous les connaissons ; les premiers pas de cette révolution en attente ont maintenant été franchis. »
« La « blockchain » —le moteur qui sert de base au bitcoin— est un système distribué de consensus qui autorise des transactions, et d’autres opérations à être exécutées de manière sécurisée et contrôlée sans qu’il y ait une autorité centrale de supervision, cela simplement (en simplifiant grossièrement) parce que les transactions et toutes les opérations sont validées par le réseau entier. Les opérations effectuées ne sont pas nécessairement financières, et les données ne sont pas nécessairement de l’argent. Le moteur qui donne sa puissance au bitcoin est susceptible d’un large éventail d’autres applications. » ( ici et ici )
La machine qui inspire confiance
comment la technologie derrière le Bitcoin pourrait changer le monde
Namecoin, Twister, Ethereum
Parmi les blockchain autres que celle du bitcoin et ayant pour objets des applications non liées à la monnaie, il faut citer le Namecoin un système décentralisé d’enregistrement de noms : on écrit sur la blockchain du Namecoin des paires (nom, message). Un des buts de Namecoin est la mise en place d’un système d’adresses pour les ordinateurs connectés au réseau internet qui pourrait se substituer au système actuel DNS (Domaine name system) en partie aux mains d’organisations américaines. Les créateurs de cette blockchain affichent les objectifs suivants : protéger la libre parole en ligne en rendant le web plus résistant à la censure ; créer un nom de domaine «.bit» dont le contrôle serait totalement décentralisé ; mémoriser des informations d’identité comme des adresses email, des clefs cryptographiques publiques. Ils évoquent aussi la possibilité avec cette blockchain d’organiser des votes ou des services notariés. Malheureusement cette blockchain est peu commode car les dépôts d’informations y sont payants (en namecoin), et même si les coûts sont très faibles, ils compliquent beaucoup son utilisation. Voir ici.
Plus récemment a été créé Twister, un système concurrent de Twitter (le système de micro-blogging bien connu) mais totalement décentralisé et donc libre de toute censure ou contrôle. La blockchain de Twister ne sert dans ce cas pas à stocker toute l’information de la plateforme de micro-bloging (qui est distribuée sur un réseau pair à pair évitant que les nœuds du réseau aient à gérer de trop gros volumes de données) mais seulement les informations d’enregistrement et d’authentification. Voir ici.
Un projet plus ambitieux car se voulant le support possible d’applications complexes basé sur une notion de contrat (smartcontract) est en cours de développement : il se nomme Ethereum. La blockchain associée à Ethereum émettra une monnaie (l’éther) sur le modèle de bitcoin, mais ce ne sera qu’une des fonctions de cette blockchain. Voir ici.
Une autre avancée toute récente a été proposée par Adam Back, inventeur déjà d’une monnaie électronique précurseur du bitcoin. Back a constaté que le bitcoin ne peut évoluer que très lentement car les décisions pour ces évolutions se font selon un processus qui exige un accord difficile à obtenir de la part de ceux qui travaillent à le surveiller et qui ne sont pas organisés en structure hiérarchique —c’est un problème avec les applications totalement décentralisées dont le contrôle n’est aux mains de personne. Il a aussi noté que beaucoup d’idées innovantes proposées par des blockchain nouvelles n’ont qu’un succès limité. En valeur, le bitcoin reste très dominant parmi les monnaies cryptographiques. Avec une équipe de chercheurs, il a mis au point une méthode liant les blockchains les unes aux autres. Ce système de « sidechain » permettra de faire passer des unités monétaires d’une chaîne A vers une autre B. Elles disparaîtront de la chaîne A pour réapparaître sur la chaîne B et pourront éventuellement revenir dans A. Chaque blockchain est un petit univers où il est utile de disposer d’une monnaie (par exemple sur Namecoin, il y a une monnaie). Cependant faire accepter une nouvelle monnaie et stabiliser son cours est difficile et incertain. De plus chaque blockchain est une expérience comportant des risques qui sont d’autant plus grands qu’elle est récente et innovante. Le système des sidechain une fois mis en place (ce n’est pas si simple et aujourd’hui aucune sidechain ne fonctionne) permettra de tester rapidement de nouvelles idées. Chacune pourra « importer » la monnaie d’une autre blockchain, sans doute la monnaie bitcoin qui est la mieux installée et celle pour laquelle la confiance est la plus forte. Le système est conçu pour que la chaîne qui « prête » de l’argent à une autre ne risque pas plus que ce qu’elle prête et donc ne prenne qu’un risque limité.
« Une forme d’anarchie à base numérique va poursuivre son développement »
On le voit, la complexité (de nos puces, de nos machines, de nos applications, de nos réseaux informatiques) a créé un univers où les nouveaux objets indestructibles que sont les blockchains changent les règles du jeu : moins de centralisation, moins d’autorité, plus de partages sont possibles. Une forme d’anarchie à base numérique va poursuivre son développement. Le monde qui en sortira est difficile à imaginer, mais il se forme et même si on peut le craindre autant que certains l’appellent de leurs vœux, il sera là bientôt.
The trust machine, un article (en anglais) du très sérieux magazine The Economist, qui consacre à la blockchain la couverture de son numéro d’octobre 2015.
Crédits Images
« Bitcoin accepted here », Francis Storr (CC BY-SA 2.0)
Schéma des blocs par Matthäus Wander (CC BY-SA 3.0) via Wikimedia Commons
The trust machine, image de couverture du magazine The Economist du 30 octobre 2015,
Framacalc Reloaded : la force de vos feuilles de calculs se réveille !
Notre tableur en ligne, basé sur le logiciel libre Ethercalc, est déjà largement utilisé… au point d’être parfois victime de son succès ! C’est bien connu : plus un logiciel (ou un service) a d’utilisateurs, plus ils souhaitent, suggèrent et apportent des améliorations et aident ainsi le logiciel à devenir meilleur…
Alors : prêt-e-s pour les améliorations apportées à ce millésime 2016 ? C’est parti !
Une mise à jour aussi grosse qu’une pilule bleue !
La nouvelle mouture d’Ethercalc apporte déjà en elle-même de belles améliorations :
Une interface graphique plus claire et plus simple (nouvelles icônes, plus que 2 niveaux de gris…)
Le format de la date s’adapte en fonction de la langue (de votre navigateur). Pour les francophones, sachez qu’enfin vous pourrez entrer vos dates au format JJ/MM/AAAA (c’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous…)
Les onglets sont de la partie ! Même si cette fonctionnalité est -encore- expérimentale, cela veut dire concrètement que vos pouvez avoir un classeur de plusieurs feuilles de calculs sur le même Framacalc. Vous avez le droit d’écraser une larmichette de bonheur.
Du coup, vous pouvez aussi importer vos feuilles de calculs/classeurs dès la création de votre Framapad (que vos fichiers soient en .csv, en .ods… et allez, on est choux, on accepte même le format .xlsx, parce qu’il faut bien que vous vous en libériez !)
Une petite barre « rechercher » est apparue. Avant, pour rechercher une donnée dans votre tableau, il vous fallait utiliser la fonction de recherche de votre navigateur… Mais ça, c’était avant.
Les volets (pour l’en-tête des lignes et colonnes) deviennent permanents et visibles pour tous les utilisateurs. Désormais, vous pouvez naviguer dans l’immensité de votre calc et savoir de quoi parle la cellule Z42.
Framacalc contre-attaque.
Une des fonctionnalités qui manquaient le plus à Framacalc (quand on le compare à son cousin Framapad), c’est un historique des différentes révisions de votre feuille de calcul. Eh oui : une simple erreur d’un-e de vos collaborateurs ou collaboratrices, et tout votre calc était à reprendre !
C’était compter sans la sagacité de notre nouvel employé Luc (Framasky pour les intimes), qui a dégoté le petit bout de code qui enregistre automatiquement une révision de vos calcs toutes les dix minutes ! Ce petit bout de code nécessitait quelques adaptations pour enregistrer les différentes versions de chaque calc : il ne faisait qu’enregistrer la dernière version à chaque utilisation. Bien entendu, cet apport a été soumis à la communauté d’Ethercalc, afin que cela profite à tou-te-s !
Problème : pour accéder à vos calcs enregistrés, il fallait retenir l’URL : https://framacalc.org/history/nom_du_calc… ce qui est pas très très pratique pour Han Dupuis-Morizeau, qui a déjà d’autres choses à retenir dans sa vie.
Qu’à cela ne tienne, Luc a utilisé la Force du Javascript pour ajouter un onglet « Révisions » à vos Framacalcs. Désormais, l’ensemble de vos révisions est à portée de clic.
Une chose que Luc-überGeek-Framasky ne pouvait pas laisser faire comme ça…
Ethercalc Revision Tool : le retour du Framacalc
C’est ainsi que notre Framasky a sorti son clavier laser pour coder ERT (Ethercalc Revision Tool). Un système de révisions simple et efficace conçu pour Framacalc mais que vous pouvez aussi installer sur votre propre instance d’ethercalc (pensez à bien suivre le fichier INSTALL.md car y’a un bout de code à goupiller ^^).
Pour restaurer une révision précédente de votre calc, c’est très simple :
Cliquez sur l’onglet « anciennes révisions »
Choisissez la révision qui vous intéresse (elles sont enregistrées toutes les 10 minutes dès lors que vous avez modifié votre feuille de calcul)
Cliquez dessus si vous voulez un aperçu (parce que quitte à avoir la classe, on va l’avoir jusqu’au bout)
Et cliquez sur l’icône « retour dans le temps » en haut à droite (pas d’inquiétude, une confirmation vous sera demandée).
Oui, c’est tout.
Et re-oui : ça marche avec vos anciens Framacalcs (mais leurs révisions ne sont enregistrées que depuis quelques jours seulement ^^).
C’est pas une happy end ça ?
Ethercalc Revolutions
La morale de cette histoire, c’est que le Libre apporte au Libre. Parce que vous l’utilisez massivement, il nous semble essentiel de tenir Framacalc à jour. En mettant à jour Ethercalc (et donc en profitant du travail de son équipe), nous avons découvert certaines de ses possibilités et ce qu’il manquait à nos utilisations. Alors (même si Framasoft code très peu, encore un grand merci à Luc) nous avons apporté notre petite pierre en réalisant ERT qui peut désormais servir à toute la communauté, que vos alliez sur Framacalc ou sur un autre instance d’Ethercalc qui intègre cet outil.
C’est un cercle vertueux, et ceci est (littéralement) une révolution.
Je ne publierai plus chez toi (lettre ouverte à Apple)
Yann Houry est un professeur de français et auteur de manuels numériques dont nous avions encouragé la libération en 2014.
Nous reproduisons ici, avec son accord, la lettre ouverte (publiée initialement sur son blog), qu’il a adressée à un de nos GAFAM préféré dans laquelle il explique pourquoi il ne publiera plus chez Apple. Celle-ci est extrêmement instructive sur les conditions qu’ils peuvent imposer sur les contenus publiés.
En effet, la situation pourrait être comique si elle n’était kafkaïenne : Yann Houry se voit refuser – une n-ième fois – la publication d’un de ses manuels libres de grammaire sur la plate-forme iTunes au prétexte que « l’orthographe et la grammaire sont incorrects » ! (Le signalement est fait en anglais, en plus…)
Ce genre de pratique montre à notre sens bien les limites d’une trop grande concentration des pouvoirs des plate-formes sur internet : pour être vu, il faudrait publier sur ses plate-formes et pas ailleurs. Or ces dernières gèrent un tel volume de données publiées par leurs utilisateurs, qu’il devient impossible de les valider par des humains. C’est donc la machine qui prend le relais. Et on se retrouve alors avec des cas absurdes, comme celui de la peinture de Courbet, « L’origine du monde », censurée par Facebook.
Yann a finalement décidé de ne plus publier sur iTunes (tout en continuant – nous le regrettons – à publier chez Amazon ou Google Play, avec le risque que le problème se reproduise). Preuve supplémentaire que le secteur de l’édition a décidément bien besoin de se « dégoogliser » lui aussi. Framasoft propose par exemple le catalogue Framabookin.org pour partager, parmi des milliers d’autres œuvres, les ouvrages de sa collection Framabook. À quand le développement de ces « micro-catalogues », qui pourraient très bien être agrégées par des « moissonneurs » afin de proposer une recherche globale, et qui seraient surtout à l’écoute de leurs auteurs ?
Chère Apple,
Ma pomme préférée (alors que c’est moi la pomme), je t’écris pour te dire que je ne publierai plus chez toi.
Depuis que tu t’es amusée, en 2012, à retirer mon livre de ton store parce que j’avais mis « libre et gratuit » sur la couverture, on s’est franchement bien marré ! Souviens-toi, tu m’avais dit : « Si tu veux revoir ton livre sur mon beau magasin, il faut retirer lesdits mots. Ils sont laids. Comment ? Tu l’as déjà fait, petit écrivaillon conciliant ? Eh bien retire « pour iPad » maintenant ! ».
Et je l’avais fait.
Ce n’était qu’un début.
Dernièrement, j’avais écrit « Kobo » dans la préface du livre de grammaire et de littérature (mon dieu, quand j’y repense…). Encore plus récemment, j’ai dû oublier un truc dans la table des matières. Je t’ai envoyé des photos de mon dos que j’ai fouetté. J’espère que tu as aimé.
Et il y en a eu d’autres encore ! À propos du petit recueil que j’avais fait des fables de La Fontaine, j’avais dit que je m’appelais Yann Houry ! Grossière erreur ! Hop, on ne publie pas le livre !
Une fois, une vidéo ne fonctionnait pas ! Et hop ! on retire le livre. Une autre fois, tu as même retiré un livre parce que le « spelling and grammar must be correct » ! Ah ! tu t’es bien foutue de ma gueule ! Et ce en anglais ! Bah oui, tu ne vas quand même pas condescendre à t’exprimer dans la langue de ton interlocuteur ! Enfin ! Rien ne vaudra les mois que tu as mis à publier mon Manuel de 5e pour une raison que toi seule tu es incapable de donner.
Enfin bref. C’en est trop.
Je ne supporte plus. Raison pour quoi, je me barre ! Je m’en vais (et tes larmes – si tu étais capable d’émotion – n’y pourraient rien changer).
Imagine-t-on un éditeur publier puis retirer puis republier puis retirer à nouveau un livre de la vente ? C’est pourtant ce que tu viens de faire avec mon manuel de grammaire. C’est complètement insensé !
Je retire donc tous mes livres de ton store. J’imagine que tu t’en fiches comme de l’an quarante, mais moi ça me fait un bien fou.
Adieu.
Yann
Accord Microsoft-Éducation nationale : le Libre offre déjà des alternatives.
C’est depuis les années 1970-1971 que le gouvernement français élabore et met en œuvre des plans informatiques (« numériques » dit-on aujourd’hui) pour l’Éducation Nationale. L’année la plus marquante, qui a fini par introduire vraiment des ordinateurs entre les murs de nos écoles, ce fut 1985 avec le lancement du plan Informatique Pour Tous (IPT) par L. Fabius.
La firme Microsoft a petit à petit avancé ses pions au cœur de l’Éducation nationale et, depuis lors, nous assistons à des accords réguliers entre le ministère et Microsoft, chiffrant l’usage de ses produits à plusieurs millions d’euros à chaque fois… avec un succès pour le moins mitigé. À tel point que les citoyens se sont récemment mobilisés autour de cette question en plébiscitant l’usage de logiciels libres dans les services publics lors de la consultation numérique initiée par la ministre Axelle Lemaire.
En somme, un pas supplémentaire est donc effectué par Microsoft dans le monopole de l’informatique à l’école, jusqu’à saturer les élèves et les enseignants de solutions exclusives, centralisant et analysant les données des élèves selon des algorithmes dont le ministère n’a pas réclamé les clés (pas d’engagement à l’interopérabilité, ni à l’ouverture du code source).
Or, les enseignants ne manquent pas pour expérimenter et mettre en œuvre des solutions basées sur des logiciels libres. Des solutions plus ouvertes, plus malléables, et plus efficaces pour atteindre les objectifs d’un réel apprentissage de l’informatique par les élèves et une appropriation des outils dans leurs diversités et leurs logiques. Par exemple, les tablettes Tabulédu sont une solution pensée pour les classes de primaire dans le respect des données et des libertés des élèves.
Pour le collège, c’est en Espagne qu’on peut trouver de l’inspiration. En Mai 2014, le Framablog publiait Fin du support XP, un collège espagnol migre vers Ubuntu. Ce samedi 24 novembre 2015, Fernando Lanero, l’enseignant à l’origine de cette migration était invité à l’Ubuntu party parisienne pour y donner une conférence, interprétée dans sa version Francophone par Framasoft en la personne de Genma.
Dans son discours, Fernando nous montre que la migration n’est pas une question technique (une personne ayant les compétences et le temps peut le faire), mais bel et bien un enjeu d’éducation. Quel modèle d’éducation voulons-nous pour les enfants? Quelles valeurs souhaitons nous leurs transmettre? Les valeurs du logiciel propriétaire et privateur, pour lequel copier c’est voler, comprendre c’est tricher ? Ou bien celles du logiciel libre, celle du partage et de l’appropriation des connaissances ?
Le texte ci-dessous est une synthèse de son discours, reprenant les principales idées.
Ubuntu pour libérer les écoles – Linux pour l’éducation
Utiliser Ubuntu au sein d’une école augmente grandement les ressources éducatives et emmène les élèves au sein d’une nouvelle dimension éducative.
Pourquoi choisir le logiciel libre ?
Le logiciel libre, c’est non seulement une question technique ; mais il s’agit avant tout d’une question d’éthique, sociale, et politique. Ces aspects-là sont beaucoup plus importants que l’aspect technique.
Pour des raisons techniques :
auditable : toute personne qui en a les connaissances peut lire le code source du logiciel libre;
résistant aux malwares : en optant pour Linux, les virus informatiques, la dégradation du système et de nombreux problèmes techniques divers ont disparu instantanément;
sain et sécurisé : parfait pour un usage par des enfants;
il permet de réutiliser du matériel. Ubuntu est en général bien plus performant que Windows sur du vieux matériel, nous n’avons pas de nécessité à être constamment en train d’acheter du nouveau matériel;
un grand support via sa communauté.
Ce changement permet également à l’école économiser de l’argent. Ne pas avoir à acheter des licences pour les systèmes d’exploitation propriétaires, les suites bureautiques et des outils anti-virus a déjà permis à l’école d’économiser environ 35 000 euros dans l’année 2014-2015.
« Évidemment, il est beaucoup plus intéressant d’investir cet argent dans l’éducation. »
Pour des raisons non-techniques :
augmentation de la dimension éducative de l’Informatique;
la liberté du logiciel joue un rôle fondamental dans l’éducation ; le logiciel libre diffuse la connaissance humaine;
le logiciel libre soutient l’éducation, le logiciel propriétaire au contraire l’interdit;
il y a transmission d’un esprit de collaboration et de coopération;
le code source et les méthodes du logiciel libre font partie de la connaissance humaine. Au contraire, le logiciel propriétaire est secret, la connaissance restreinte, ce qui est à l’opposé de la mission des établissements d’enseignement;
pour plus de cohérence avec les valeurs de l’école. Le choix du logiciel libre est non seulement une question technique ; il est également une question d’éthique, sociale et politique.
« La liberté et la coopération sont des valeurs essentielles du logiciel libre. Le système GNU implémente la valeur du partage ; le partage étant bon et bénéfique au progrès humain. »
Avec quoi ?
les logiciels libres permettent de comprendre notre environnement technique quotidien;
les logiciels libres sont une forme d’éducation en eux-mêmes, d’une certaine façon;
Ubuntu offre une large gamme de logiciels éducatifs et de matériels certifiés;
Ubuntu fournit un accès sécurisé et accessible aux étudiants, enseignants et administrateurs scolaires.
Quand changer ?
Maintenant.
Windows XP est un système propriétaire et obsolète;
la majorité des problèmes rencontrés avant la migration étaient liées à la transmission des virus via les clefs USB utilisées pour les documents.
« Pourquoi amener Ubuntu à l’école? Parce que les enfants sont l’avenir d’une société. S’ils savent ce qu’est Ubuntu, ils seront plus « ouverts » et plus « libres » quand ils deviendront adultes. »
Pour qui ?
pour les élèves les enfants sont naturellement curieux, ils ne sont pas du tout réticents au changement car ils cherchent la nouveauté et le changement;
pour les enseignants et professeurs
« Quand un professeur enseigne avec une application propriétaire, il est face à un véritable choix. Il oblige les élèves à acheter des logiciels ou à les copier illégalement. Avec les logiciels libres, les professeurs ont le contrôle de la situation et ils peuvent alors se concentrer sur l’éducation. »
Comment migrer ?
impliquer au sein du projet les personnes qui croient dans ce modèle d’éducation globale;
solliciter la communauté du logiciel libre;
utiliser toutes les ressources disponibles.
Quelles étapes ?
prendre une grande inspiration : une migration ce n’est pas facile et vous trouverez face à beaucoup plus de problèmes que vous n’imaginiez au début ;
évaluer les besoins, les coûts, les économies ;
commencer les migrations doucement, très doucement. Commencer en remplaçant programmes propriétaires sur Windows par du logiciel libre. Le changement pour Ubuntu se fera de façon naturelle ;
former les enseignants à l’utilisation d’Ubuntu et des nouvelles applications ;
faire de la pub (beaucoup) Vous devez expliquer ce que vous faites et pourquoi c’est une bonne chose.
Construire ?
Choisir la bonne option pour les besoins de votre école n’est pas facile, mais la mettre en œuvre est encore plus difficile :
évaluer les machines que vous allez migrer et la prise en charge du matériel ;
choisir la bonne version d’Ubuntu (envisager par exemple l’usage de la version dédiée à l’éducation, Edubuntu) ;
utiliser la même interface graphique sur chaque ordinateur ; l’interface utilisateur doit être homogène ;
il faut adapter la distribution aux besoins scolaires et toujours garder à l’esprit les besoins de l’école. Le plus important est l’expérience de l’utilisateur final ;
il faut toujours garder en tête que les utilisateurs finaux, ce sont les élèves. Ce qui compte vraiment, c’est leur éducation. Les changements doivent donc se concentrer sur eux. Le passage au logiciel libre doit permettre d’améliorer leur éducation.
Rappelez-vous, nous ne nous battons pas contre Microsoft. Nous nous battons contre une mauvaise expérience éducative. Notre mission est de diffuser la connaissance humaine et de préparer les élèves à être de bons membres de leur communauté.
Résultats de cette migration
Ce sont :
plus de 120 ordinateurs migrés durant 2014-2015;
plus de 1 200 étudiants ayant un contact avec Ubuntu par an;
autour de 35 000€ qui ont pu être investis dans l’éducation, et non plus dans des licences Microsoft ;
des ordinateurs plus fiables et donc cela laisse plus de temps pour faire de l’éducatif.
« L’open source est une puissante alternative aux logiciels propriétaires. La preuve en est que de nombreuses municipalités, de gouvernements et d’entreprises sont en train d’adopter les solutions open source. Il est donc temps que les écoles et les universités fassent de même. »
Merci à Fernando Loreno pour son partage d’expérience,
Cher ministère… mais surtout chères académies, rectorats, enseignant-e-s et personnel encadrant : ces solutions existent déjà et vous êtes à l’origine de nombre d’entre elles. Nous nous permettrons simplement d’en énumérer quelques unes avec ces liens :
« Il faut changer de logiciel », dirait-on dans la novlangue actuelle. Au-delà de la question – importante – de l’usage des logiciels libres à l’école, et des coûts de migration, l’Éducation Nationale doit se poser la question de son rôle : former de futurs citoyens éclairés libres de leurs opinions et de leurs choix, ou de futurs travailleurs-consommateurs ? Sous-traiter à Microsoft (ou Apple, ou Google) le champ du numérique éducatif, c’est refuser aux élèves la capacité d’être acteurs du numérique de demain, en leur proposant uniquement une place de figurants.
L’enjeu central se porte aujourd’hui sur les valeurs que l’école souhaite porter : le Ministère de l’Éducation Nationale est il prêt à encourager réellement le développement des ressources libres à l’école ? En accompagnant les enseignants à publier sous licence Creative Commons, en travaillant avec les communautés pour améliorer les logiciels existants ou en créer de nouveaux, en se positionnant clairement du côté du bien commun et du partage de la connaissance, etc.
Ou préfère-t-elle laisser la place à des acteurs – spécialistes de « l’optimisation fiscale » – dont l’objectif n’est pas l’émancipation des élèves et enseignants, mais au contraire leur enfermement dans des usages et des formats leur permettant de faire perdurer une économie de la rente ?
Retrouvez Framasoft près de chez vous (octobre et Novembre 2015)
On l’avait déjà évoqué cette rentrée : Framasoft continue de dégoogliser près de chez vous…
Nous avions envie de faire un point sur les temps forts de ces prochaines semaines : entre une tournée à la Réunion, l’avant-première d’un film où le Libre foulera le tapis rouge et une présence massive au Capitole du Libre… nous espérons que vous prendrez le temps de venir boire une limonade (libre) avec nous !
Rappel : vous pouvez retrouver nos précédentes interventions sur cette page.
Octobre et novembre : ça dégooglise près de chez vous
Le succès de cette thématique ne faiblit pas, et on continue de nous demander de présenter le projet Dégooglisons un peu partout dans la francophonie… Si vous voulez nous retrouver et échanger avec nous, rendez-vous…
… à la Réunion, du 31 octobre au 5 Novembre, où Pyg animera plusieurs conférences et ateliers dans différentes localités de l’île. Vous retrouverez bientôt le programme sur le site du CEMEA.
… à Paris les 18 et 19 novembre, lors du tout nouvel événement « Paris Open Source Summit », fusion des salons « Solutions GNU/Linux » et « Open World Forum »
… à Toulouse, les 21 et 22 novembre, pour de nombreuses conférences lors du Capitole du Libre. Le programme est en cours de finalisation mais on peut déjà annoncer :
Et possiblement des signatures de nos auteurs Libres sur stand, puisque des romans sont sortis récemment/vont sortir chez Framabook 😉 (ceci n’est pas un teaser)
Merci encore à toutes les personnes qui nous invitent dans ces événements, qui les organisent… et surtout à vous qui venez et amenez vos proches afin de les sensibiliser au monde du Libre…