Des bienfaits en tout point positif de la concurrence d’Apple et Microsoft à l’école

La Classe - Spécial IUFM - Avril 2009 - Page 16Petit cours d’économie libérale sur les vertus de la compétition.

Plusieurs sociétés se font concurrence sur le même marché. L’offre se multiplie, les prix baissent, et c’est le consommateur ravi qui en profite. La mécanique est bien huilée, et ce ne sont pas les quelques crises conjoncturelles et situations de monopole qui apparaissent de temps en temps qui doivent nous faire douter du bien fondé du modèle. Le discours dominant n’a de cesse de nous le rappeler, accompagnant toute critique d’une réponse ferme et définitive : il n’y a pas d’alternative.

Que se passe-t-il lorsque le marché se trouve être l’éducation ? On prend certes un peu plus de précautions, mais la logique est rigoureusement la même puisque, on vous l’a déjà dit, il n’y a pas d’alternative.

Et c’est ainsi que l’on peut tranquillement mettre entre les mains des jeunes enseignants (en l’occurrence des professeurs des écoles stagiaires à l’IUFM), des articles sans nuances comme celui que nous allons vous présenter et commenter aujourd’hui.

Paru en avril 2009, il est issu d’un hors-série « gratuit » spécial IUFM du journal La Classe dont l’éditeur, le groupe Martin Media, se présente comme un « professionnel de l’enseignement primaire ». Vous pouvez le télécharger à cette adresse du site (l’article en question se trouvant en page 16-17).

Tout de suite, on annonce la couleur :

Titre : Des bienfaits de la concurrence

Sous-titre : Apple et Microsoft s’immiscent dans l’éducation… Et c’est en tout point positif !

On eût aimé un peu plus de retenue mais il n’y a pas d’altern…

L’idée c’est donc de vous raconter comment l’activisme éducatif de ces deux géants bénéficie à l’école. Ce qui n’interdit pas quelques éclairs de lucidité (bien vite balayés d’un revers de plume) :

J’entends d’ici les mauvaises langues : sensibiliser les élèves permet de toucher les enseignants ainsi que les parents. Personne ne contredira cette vérité économique. Cependant, cette pénétration s’accompagne d’actions innovantes.

Les mauvaises langues n’ont rien à dire puisque fleurissent les actions innovantes. Pour rappel le mot « innovation » (et toutes ses déclinaisons) a été annexé par Microsoft et son partenaire le Café Pédagogique.

Mais point de procès d’intention. Regardons un peu les « actions innovantes » exposées. Il y a du podcasting chez Apple, de l’ENT et la suite MS Office 2007 offerte « sans frais » aux enseignants chez Microsoft. Et c’est tout. Autrement dit rien qui n’augure de la qualité pédagogiquement innovante de ces actions.

Microsoft organise, entre autres, des conférences sur ce thème, présentant ainsi aux enseignants la manière d’utiliser efficacement ces plateformes dans le monde scolaire. (…) En effet l’une comme l’autre propose des ressources TICE à télécharger en ligne ainsi que des formations à l’intention des enseignants du primaire et du secondaire.

Conférences, formations et ressources TICE proposées directement par Microsoft et Apple. Nous ne disposons certainement d’aucune compétence interne pour devoir ainsi nous reposer sur les épaules ces deux géants américains.

Les enseignants peuvent ainsi juger de l’impact de l’informatique sur les apprentissages, et inviter leur collectivité à investir dans un parc Apple (avec une remise de 8%).

Nous ne sommes pas chez Auchan mais c’était tout de même important de préciser le montant de la remise. VRP Apple pour votre collectivité, ça vous dirait ? Ce n’est pas rémunéré mais à vous la gloire d’avoir fait économiser 8% à votre commune !

Quant aux offres de types AbulÉdu – Ryxeo, évidemment nous ne saurons rien.

Ces actions démontrent les intérêts tout à la fois pédagogique et commercial de ces entreprises. Mais, elles font aussi évoluer l’utilisation des technologies dans le domaine de l’enseignement.

Il y a certes évolution, mais est-elle nécessairement positive ? Quant au « pédagogique », il est peut-être de trop.

Et pour finir, la caution d’un drôle de témoignage d’un formateur IUFM :

« Apple travaille depuis un certain temps avec l’Éducation nationale (…) Pour Microsoft, cette volonté est plus récente, mais il tend à développer cette relation (…) Cela dynamise fortement l’intégration des TICE dans la pratique pédagogique des professeurs, et aboutit aussi à une multiplication des logiciels libres. »

Les deux derniers mots de l’article seront donc, ô surprise, pour les logiciels libres. Mais quel étrange contexte pour leur apparition ! Les agissements des uns aboutiraient donc à la multiplication des autres ? J’eus été l’auteur, je serais allé au bout de ma démarche en concluant ainsi : « cela dynamise fortement l’intégration des TICE dans la pratique pédagogique des professeurs, et aboutit aussi à freiner la multiplication des logiciels libres ».

Il n’empêche qu’ils sont cités. Et c’est le petit grain de sable dans la machine parce que peut-être, finalement, qu’il existe quand même des alternatives (des alternatives bien moins compétitives que coopératives). En les ignorant nous avons un article en apparence factuel et objectif. En les prenant en considération, nous sommes alors face à un texte bien moins neutre qu’il n’y parait. Manipulation et propagande ne sont plus très loin…

Cher nouveaux collègues, abonnez-vous à « La Classe » si bon vous semble mais n’oubliez pas d’élargir votre horizon TICE avec d’autres sources d’information (pourquoi pas le Framablog par exemple, l’abonnement est plus que gratuit, il est libre).

Vous y lirez alors que lorsque Apple ou Microsoft s’immiscent dans l’éducation (sans oublier Google), ce n’est pas forcément « en tout point positif », cette intrusion, pas toujours désirée, impactant non seulement les logiciels libres mais, aussi et surtout, les mentalités.

Histoire de ne pas payer cet article gratuit au prix fort…




Largage de liens en vrac #19

Silvio Tanaka - CC byCe n’est pas parce que les vacances approchent qu’il faut arrêter de farfouiller le Web à la recherche d’actualités logicielles intéressantes (ou supposées intéressantes).

Voici donc une sélection qui contrairement à beaucoup d’entre vous est loin d’être au régime.

Et n’oubliez jamais que « ebony and ivory live together in perfect harmony »[1].

  • Jake : Une application ambitieuse de synchronisation de documents (via le protocole XMPP). Le about tente d’expliquer en quoi c’est différent mais proche de SVN, CS, Git, Google Docs, Dropbox… (en gros la principale différence c’est qu’il n’y a plus de serveur central). I’m waiting for you dans les commentaires pour nous en dire plus (et mieux !).
  • Open Atrium : Basé sur Drupal, un ambitieux projet de « groupware réseau social ». Si vous connaissez, n’hésitez pas à partagez votre avis avec nous !
  • Hawkscope : Pour tout OS, une manière rapide d’accèder à votre disque dur via des menus popup dynamiques (en plus on peut paramétrer ses comptes Gmail, Delicious, Twitter, etc.).
  • Sugar on a stick : Sugar, l’interface de l’OLPC pensée pour l’éducation (théorie constructiviste) propose désormais une version portable. Ce qui fait dire à Technology Review que le PC à 100$ est aujourd’hui devenu une clé à 5$ !
  • MegaZine 3 : C’est encore du Flash mais ça pourra en intéresser quelques uns : c’est un logiciel de… pageflip ! Vous ne savez pas ce que c’est ? Moi non plus, enfin si cela permet de lire « agréablement » des livres ou des documents en ouvrant une fenêtre sur votre navigateur.
  • Open Melody : Un peu pris de vitesse par WordPress, le moteur de blog Movable Type libère lui aussi son code pour créer une communauté et plus si affinités.
  • TinyMCE : Peut-être le plus élégant (et le plus riche) des éditeur JavaScript WYSIWYG.
  • lilURL : Le clone libre de TinyURL (vous savez, ces réducteurs d’URL revenus sur le devant de la scène avec Twitter).
  • Open Source Designers : Un réseau social (Ning) de designers Open Source. Pas idiot de se regrouper ainsi.
  • Open Humanity : Nous aurons l’occasion d’en reparler. Pour le moment contentons-nous de ce résumé de Scoffoni : Open Humanity se situe « à mi-chemin entre un réseau social et un webOS ».
  • KeynoteTweet : Permet d’envoyer des tweets à partir du logiciel Apple Keynote dont les geeks se servent beaucoup en conférence. Vous arrivez au slide 23 et un message twitter est automatiquement envoyé à vos followers.
  • GDocBackup  : Utilise la techno Microsoft .NET mais c’est bien pratique si vous avec un compte Google Docs puisque cela permet de rapatrier sur votre disque dur tous vos fichiers d’un coup (typiquement le genre de fonctionnalités que Google ne propose pas exprès !)
  • The Pencil Project : C’est plus qu’une extension Firefox, c’est une véritable application intégrée pour faire des diagrammes et des prototypes d’interfaces utilisateur.. Là encore retours commentaires appréciés.
  • VideoSurf Videos at a Glance : Une extension Firefox plutôt pratique puisque cela permet de prévoir le contenu d’une vidéo (YouTube & co) à l’aide d’images fixes découpant la vidéo. Faut l’expérimenter pour mieux comprendre en fait !
  • Nuke Anything Enhanced : Et encore une extension Firefox, mais non des moindres ! Permet en effet de cacher temporairement ou durablement n’importe quel partie d’une page web. Ainsi par exemple je peux virer tout ce qui ne m’intéresse pas, pubs et autres, avant impression (cf vidéo démo sur LifeHacker).
  • Collections : Je ne connaissais pas (shame on me). Permet de compiler dans un seul pack tout plein d’extensions Firefox à installer d’un seul coup (top pratique surtout lorsque l’on change d’ordinateur). On vous explique ici comment faire. Des volontaires pour que Framasoft participe et vous propose aussi ses propres sélections ?
  • Recording music with Linux on an EEE PC : Toujours avec l’Eee Pc, que l’on transforme ici en parfait système pour la prise de son (par exemple pour partir jouer les reporter radio en herbe).
  • YouTube / Ogg/Theora comparison : YouTube va-t-il passer à Ogg Theora pour encoder ses videos (comme Dailymotion l’expériemente) ? Peut-être pas mais en attendant une petite comparaison qualité s’impose.
  • Library à la Carte : Joli titre et interface sexy. Un logiciel pour les bibliothécaires et les documentalistes. D’ailleurs si l’un d’entre vous passe par là…

Notes

[1] Crédit photo : Silvio Tanaka (Creative Commons By)




Difficile de supporter Microsoft quand il supporte ainsi l’ODF

Ndanger - CC by-saLa lecture régulière du Framablog nous apprend, si ce n’est à nous méfier, en tout cas à être très prudent face aux effets d’annonce de Microsoft. Et pourtant, en avril dernier, un brin naïf je titrais : Le jour où la suite bureautique MS Office devint fréquentable ? en évoquant le support imminent du format ouvert OpenDocument (ou ODF) dans le tout nouveau service pack 2 de la version 2007 de la célèbre suite propriétaire de la firme de Redmond.

A posteriori je me rends compte qu’il aurait peut-être mieux valu attendre les tests techniques avant de témoigner d’un quelconque enthousiasme. Ce que n’ont pas manqué de pointer certains commentateurs lucides[1] du billet en question.

Or justement les premiers tests poussés ont été effectués. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ne sont pas bons. C’est ce que nous expose l’ODF Alliance dans un article traduit ci-dessous pas nos soins.

Dit autrement sur un mode plus familier, Microsoft s’est légèrement foutu de notre gueule. Sauf qu’on n’est pas là pour rigoler parce que les enjeux sont très importants. En effet Microsoft possède aussi son format bureautique, l’Office Open XML (ou OOXML), qu’elle tente par tous les moyens d’imposer, avec la complicité de l’ISO.

Que dans ce contexte le gouvernement, en publiant (enfin) récemment une nouvelle version de travail du Référentiel Général d’Interopérabilité (RGI), n’ait rien trouvé de mieux à faire que de… ne pas choisir et donc légitimer de fait le format OOXML, est un véritable camouflet infligé à ceux qui se battent pour dénoncer de tels agissements. Merci à l’April de « dénoncer une capitulation du gouvernement français qui soigne le marché de Microsoft au détriment de l’objectif d’interopérabilité » (même si à titre personnel je souhaite qu’on aille plus loin que la mise en ligne d’un simple communiqué).

Loin de l’opinion (qu’on a déjà eu du mal à intéresser à l’Hadopi), la guerre des formats bureautiques entre l’ODF et l’OOXML se poursuit. On se croirait dans le film Le bon, la brute et le truand, Microsoft jouant à la fois le rôle de la brute et du truand.

Le support du format ODF par Microsoft laisse à désirer

Microsoft’s ODF Support Falls Short

Communiqué de presse (Marino Marcich et Beth Dozier) – 19 mai 2009 – ODF Alliance
(Traduction Framalang : Yonnel et Daria)

Les conclusions de l’ODF Alliance montrent qu’on est encore loin d’une réelle interopérabilité.

En ce jour, l’OpenDocument Format (ODF) Alliance signale que de sérieuses carences dans le support d’ODF par Microsoft doivent être corrigées pour assurer une meilleure interopérabilité avec les autres logiciels qui supportent ODF.

« Le support d’ODF représente un test important, sur le long terme, de l’engagement de Microsoft pour une réelle interopérabilité », a déclaré le directeur général de l’ODF Alliance, Marino Marcich. « Malheureusement, de graves défauts ont été identifiés dans le support ODF de Microsoft. Le fait de mettre potentiellement en circulation des millions de fichiers ODF non-interopérables et incompatibles avec le support ODF que garantissent d’autres éditeurs ne peut que mener à la décomposition du standard. »

Le 28 avril 2009, Microsoft a publié le Service Pack 2 pour Office 2007, qui donne aux utilisateurs la possibilité d’ouvrir et de sauvegarder des fichiers ODF. Pourtant, un premier test du support d’ODF dans Office 2007 (voir l’analyse) a révélé de graves défauts qui, sans correction, iraient à l’encontre de l’interopérabilité basée sur les standards ouverts que le marché, et en particulier les gouvernements, exige.

« Un bon nombre de tests d’interopérabilité de base entre Microsoft Office 2007 et diverses suites logicielles compatibles avec ODF ont révélé que le niveau d’interopérabilité est bien loin des exigences gouvernementales partout dans le monde », a ajouté Marcich. « Par exemple, même les fonctions de tableur les plus basiques, comme l’ajout des nombres de deux cellules, étaient simplement supprimées dans un fichier ODF qu’on a ouvert et re-sauvegardé dans Microsoft Office 2007. Un document créé dans une autre application supportant l’ODF, puis re-sauvegardé dans Microsoft Office 2007, a un rendu différent (disparition de puces, numéros de page, tableaux et autres objets, polices altérées), compliquant sérieusement la collaboration avec Office 2007 sur un fichier ODF. On a même découvert que certains plugins créés par d’autres que Microsoft offraient un meilleur support ODF que le récent Microsoft Office 2007 SP2. C’est tout sauf un moyen d’arriver à l’interopérabilité demandée par le marché autour de ce format. »

« Les historiques de modifications sont essentiels pour le travail collaboratif, et les formules sont l’essence des feuilles de calcul. L’échec de Microsoft de supporter l’un comme l’autre dans le SP2 est révélateur de sa volonté concrète d’arriver à une réelle interopérabilité », a poursuivi Marcich. « Compte tenu des lacunes dans le support de l’ODF, il faut que les gouvernements continuent d’exiger que Microsoft implémente le support pour une bonne utilisation avec les logiciels d’autres éditeurs. »

Malgré ces problèmes, Marcich a noté l’intérêt croissant pour l’ODF. « Le fait que Microsoft se soucie fortement désormais du support de l’ODF suggère que le débat public autour des formats de documents n’est pas prêt de se terminer », a conclu Marcich. « Ce qui est clair, c’est que l’époque où les informations publiques étaient emmurées dans un format fermé, imposant l’achat d’un logiciel particulier, est en train de toucher à sa fin, en grande partie grâce au courage et à la vision de gouvernements à la pointe dans le soutien de l’ODF, qui ont bien voulu prendre position sur ce problème important de politique publique. »

À propos de l’ODF Alliance : L’OpenDocument Format Alliance est une organisation de gouvernements, d’institutions universitaires, d’ONG et d’entreprises qui a pour but d’informer les responsables politiques, les responsables informatiques et le public sur les bénéfices et les opportunités offerts par le format ODF.

MS Office 2007 Service Pack 2 avec support ODF : comment est-ce que cela fonctionne ?

Résumé des premiers résultats de tests sur le support ODF de Microsoft

Le support de Microsoft pour le format OpenDocument (ODF) représente un test important, et sur le long terme, de son engagement à aller vers une réelle interopérabilité. Avec le SP2, Microsoft devient instantanément la suite bureautique ODF avec la plus grande part de marché. Toutefois, le fait de mettre en circulation des millions de fichiers ODF non-interopérables et incompatibles avec le support ODF que garantissent d’autres éditeurs ne peut que mener à la décomposition du standard. Dans les faits, cela mettrait fin à l’interopérabilité basée sur les standards ouverts en bureautique.

Vous trouverez ci-dessous un résumé des principaux défauts du support ODF de Microsoft, identifiés après les premiers tests. Sans corrections, c’est la divergence qui prédominera, au lieu d’une convergence autour d’un format d’échange ouvert et éditable, que le marché, y compris et surtout les gouvernements, réclame. Pour être constructif, nous avons fait plusieurs recommandations pour que Microsoft puisse enfin réellement honorer son engagement de support interopérable pour l’ODF.

Interopérabilité pour le tableur ODF

Lors de la lecture d’une feuille de calcul ODF, MS Office Excel 2007 efface les formules, ce qui casse l’interopérabilité avec tous les autres tableurs qui supportent l’ODF. Adapté pour la lecture, le support Microsoft pour le travail collaboratif sur les feuilles de calcul ODF est comme inexistant dans la pratique.

Une feuille de calcul de test créée dans Google Docs, KSpread, Symphony, OpenOffice, et le plugin Sun 3.0 pour MS Office, par exemple, n’est pas correctement interprétée par MS Excel 2007. La raison en est que les formules utilisées pour faire des calculs dans un tableur (par exemple ajouter des nombres dans plusieurs cellules d’une colonne) sont tout simplement effacées dans MS Excel 2007. Au lieu d’effectuer les opérations, ce qui reste lors du chargement de la feuille de calcul dans MS Excel 2007 est la dernière valeur de la cellule de la dernière sauvegarde.

La même feuille de calcul de test, ouverte puis enregistrée dans toutes les applications, à part MS Excel 2007 (par exemple entre KSpread et Google Docs), est correctement interprétée. La plupart des autres tableurs ODF sont parfaitement capables d’interopérer. La bonne approche pour Microsoft aurait été de faire de même, pour assurer aux utilisateurs de MS Office la possibilité de partager des feuilles de calcul avec d’autres suites bureautiques supportant ODF.

Les plugins ODF pour Microsoft Office édités par des tierces parties se sont révélées proposer un meilleur support ODF que le récent Microsoft Office 2007 SP2. MS Excel 2007 traite bien les feuilles de calcul ODF lorsqu’elles sont chargées par l’intermédiaire du plugin Sun 3.0 pour MS Office ou du « OpenXML/ODF Translator Add-in for Office », mais ce n’est pas le cas lorsque l’on utilise le support intégré d’Office 2007 SP2.

Bien que les formules de calcul pour ODF 1.0/1.1 (la version supportée par Office 2007, selon Microsoft) sont spécifiques à chaque implémentation, elles ont pourtant convergé vers des formules de calcul de plus en plus interopérables. Microsoft a participé au vote à l’OASIS à l’époque de l’approbation d’ODF 1.0/1.1. ODF 1.2, qui devrait bientôt passer au vote pour approbation comme un standard OASIS, définira les formules de calcul à l’aide d’OpenFormula.

En fait, les feuilles de calcul créées dans Excel 2007 SP2 ne sont pas conformes à ODF 1.1, car Excel 2007 encode mal les formules avec des numéros de cellules. Selon la section 8.3.1 de l’ODF 1.1, les adresses de cellules dans les formules doivent commencer par un crochet ouvert et se terminent par un crochet fermé. Dans Excel 2007, les adresses de cellules ne sont pas comprises entre ces crochets obligatoires, ce qui pourrait pourtant être facilement corrigé.

Pour de plus amples lectures, voir Mise à jour de l’interopérabilité des feuilles de calcul ODF, par Rob Weir/IBM, sur , et À propos du fiasco du support ODF de Microsoft, par Ditesh Gathani.

Cryptage

Microsoft Office 2007 ne supporte pas le cryptage (protection par un mot de passe) dans les fichiers ODF.

Un utilisateur de MS Office 2007 connaissant le mot de passe ne peut pas ouvrir un document protégé par un mot de passe, créé dans n’importe quelle autre suite majeure supportant ODF.

La protection par mot de passe est une fonctionnalité interopérable, supportée par et entre les autres suites majeures supportant ODF, dont KOffice, Open Office et Lotus Symphony.

Dans l’autre direction, les fichiers ODF créés dans MS Office 2007 ne peuvent pas être protégés par un mot de passe. Les utilisateurs de MS Office 2007 ont un message d’avertissement, « Vous ne pouvez pas utiliser la protection par mot de passe avec le format ODF. »

Le cryptage et la protection par mot de passe sont pourtant pleinement spécifiés dans ODF 1.0/1.1 (item 17.3 de la spécification). Il en résulte qu’une mauvaise définition de cette fonctionnalité dans ODF ne peut pas être invoquée comme une explication plausible. Microsoft devrait implémenter immédiatement le support du cryptage. ODF 1.2 apportera le support des signatures numériques. Microsoft devrait ajouter le support des signatures numériques dès que ODF 1.2 sera approuvé.

Pour de plus amples lectures, voir Maintenant Microsoft essaie de fragmenter ODF, par Jomar Silva/ODF Alliance.

Historique de modifications

Microsoft Office 2007 ne supporte pas l’historique de modifications dans ODF.

L’historique de modifications est essentiel au travail collaboratif. Le fait de ne pas supporter cette fonctionnalité empêche une vraie collaboration sur un fichier ODF entre utilisateurs de MS Office 2007 et des autres logiciels compatibles ODF qui eux supportent bien cette fonctionnalité (OpenOffice.org, StarOffice, Lotus Symphony et Google Docs, entre autres).

L’historique de modifications est spécifié dans ODF 1.0/1.1, donc là encore l’absence de définition de cette fonctionnalité dans ODF ne peut pas être invoquée comme une explication plausible. Microsoft devrait implémenter le support interopérable de l’historique de modifications immédiatement.

Le support d’ODF uniquement dans MS Office version 2007

MS n’a pas implémenté le support natif pour ODF dans Office 2003 ou ses prédécesseurs.

La grande majorité des utilisateurs de Microsoft Office, dont la plupart des gouvernements, utilisent actuellement encore Office 2003 ou ses prédécesseurs.

Pour bénéficier du support natif d’ODF, les utilisateurs gouvernementaux de MS Office seront obligés de passer à MS Office 2007.

Pour les utilisateurs d’Office 2003 et ses prédécesseurs, Microsoft a promis de continuer à supporter le « OpenXML/ODF Translator Add-in for Microsoft Office », et le plugin Sun 3.0 est également disponible pour les utilisateurs de MS Office. Alors que ces plugins égalent ou dépassent les performances du support de MS Office 2007 SP2, ils ne peuvent pas se substituer sur le long terme à un support complet, natif, et interopérable.

L’engagement de supporter les futures versions d’ODF

L’annonce de Microsoft concernant la sortie du Service Pack 2 ne contient aucune promesse de mise à jour du support d’ODF dans les prochaines versions.

Microsoft traîne les pieds depuis plus de 3 ans (ODF 1.0 a été approuvé comme standard OASIS en mai 2005, et comme standard ISO en mai 2006 ; ODF 1.1 par l’OASIS en février 2007), malgré les appels répétés de gouvernements partout en Europe et ailleurs pour l’implémentation du support d’ODF.

L’implémentation de versions incompatibles et de bas niveau des standards ouverts empêchera l’interopérabilité en bureautique, surtout si l’on prend en compte la base potentiellement importante d’utilisateurs d’ODF.

Microsoft est bien connu pour ses implémentation de bas niveau de standards ouverts. Comme par exemple Java dans Internet Explorer, où Microsoft a pré-installé une version incompatible avec des extensions propriétaires, pour ensuite ne plus s’en occuper en ne la mettant pas à jour au fur et à mesure de l’évolution de la technologie Java.

ODF 1.2, qui inclut le support des formules de calcul, des métadonnées et de la signature numérique, sera bientôt examiné pour devenir un standard OASIS, et est consultable par tous sur le site web de l’OASIS OpenDocument Technical Committee (auquel Microsoft participe).

Microsoft et d’autres éditeurs supportant ODF devraient s’engager publiquement à mettre à jour leur implémentation en suivant la dernière version d’ODF. Une nouvelle version d’ODF devrait être obligatoirement supportée dans n’importe quelle version (ou Service Pack) de MS Office parue après la sortie d’une nouvelle version d’un standard ODF.

Notes

[1] Crédit photo : Ndanger (Creative Commons By-Sa)




Des citoyens plus libres dans l’État de New York

Aku Busy - CC byLe Sénat de l’État de New York vient d’afficher sa volonté d’ouverture en créant un espace dédié (dont nous avons traduit la page d’accueil ci-dessous) où il annonce son intention de proposer à ses administrés des « Free and Open-Source Software & Services ».

Ce billet est à rapprocher de S’il te plaît… dessine-moi une ville libre qui concernait la ville de Vancouver, ainsi que du plan d’action britannique en faveur de l’Open Source. Sans oublier bien sûr l’article New York : déduction d’impôts pour les développeurs Open Source ?[1] qui témoigne du réel intérêt porté par cet état américain vis-à-vis du logiciel libre.

Formats ouverts, accès aux données et logiciels maisons mis à disposition sous licence libre, cela semble n’être que du bon sens lorsqu’il s’agit de politique et de deniers publics. Cela ne va pourtant pas encore de soi, parce que nous héritons le plus souvent d’une situation antérieure baignant consciemment ou non dans une « culture propriétaire ».

Ce n’est pas la France qui nous contredira, dont la nouvelle version de travail du Référentiel Général d’Interopérabilité (RGI) constitue plus qu’une déception en la matière.

Le Sénat de l’État de New York en route vers l’Open Source

Free and Open-Source Software & Services

New York State Senate – juin 2009 – Licence Creative Commons By-Nc-Nd
(Traduction non officielle Framalang : Poupoul2 et Tyah)

Bienvenue au Sénat ouvert de New York

Afin de poursuivre son engagement de transparence et d’ouverture, le Sénat de l’État de New York s’engage dans un programme de pointe afin non seulement de libérer les données, mais également d’aider les citoyens et de donner un exemple de restitution à la communauté. Sous ce programme et pour la toute première fois, le Sénat de New York donnera aux développeurs et aux autres utilisateurs un accès direct à ses données grâce à des API et publiera ses propres logiciels. En plaçant dans le domaine public les données et développements technologiques créés par le Sénat, le Sénat de New York espère animer, renforcer et engager les citoyens dans la création politique et le dialogue.

Ce que vous trouverez ici :

  • Des interfaces de programmation (API) pour construire vos propres applications et services
  • Des widgets interactifs pour faciliter le partage sur vos sites, profils ou blogs
  • Des logiciels originaux tels que des modules Drupal et des librairies Java
  • Des ensembles de données dans des formats variés, accompagnés de langages simples et d’explications graphiques sur des documents importants et des définitions
  • Les règles légales et les licences adoptées par le Sénat garantissant que ces informations et ces outils peuvent être librement utilisés

Merci d’utiliser les données et outils offerts ici, de les mixer, de les améliorer, et de les re-distribuer pour aider le Sénat à former et impliquer les citoyens de New York.

API

Le Sénat de New York a créé une API développeur afin d’aider les organisations et les particuliers à compiler les données du Sénat tel qu’ils le souhaitent. L’objectif principal était de proposer les enregistrements du LRS (NdT : Legislative Retrieval System, base de données de suivi des décisions législatives, de la proposition jusqu’au vote) dans un format ouvert. Ces donnés peuvent alors être interrogées au travers d’une simple API afin de produire des résultats dans de nombreux formats ou standards, XML (RSS, Atom, schémas personnalisés), JSON, CSV, HTML (widgets).

Widgets embarqués

Les widgets sont un moyen agréable et simple de diffuser des informations importantes auprès du public. Merci de consulter notre bibliothèque de widgets et servez-vous dans les outils qui amélioreront l’expérience de vos utilisateurs et des nôtres, sur l’ensemble du Web. Si vous avez votre propre widgets utilisant notre API ou nos données, contactez-nous et nous pourrions le présenter ici.

Logiciels originaux

En tant qu’utilisateur de logiciel Open Source, le Sénat de New York souhaite restituer à la communauté qui lui a tant donné, y compris ce site Web. Afin de satisfaire ses besoins, le Sénat crée en permanence du nouveau code et corrige des dysfonctionnements existants. Non seulement le Sénat reconnaît qu’il a une responsabilité de restitution à la communauté Open Source, mais les développements publics, réalisés avec de l’argent public devraient être publics.

Vous pouvez trouver tout le code source du Sénat de New York publié sur Github à http://github.com/nysenatecio.

Ensembles de données

La page Open Data (NdT : Données ouvertes) du Sénat de New York est le dépôt officiel de toutes les données gouvernementales. Vous pourrez ici naviguer au travers des données produites et étudiées par le Sénat dans leur forme originale ainsi que d’autres types de fichiers variés créés pour votre confort, y compris : des feuilles de calcul Excel, des fichiers CSV, texte ou PDF (liste non exhaustive). Afin de compléter les données source qu’il rend publiques, le Sénat a également créé l’Initiative Langage Simple (NdT : Plain Language Initiative) conçue afin de permettre d’expliquer les jeux de données complexes et les mentions légales en langage simple.

Logiciels Open Source et licences de logiciels

Afin de rendre public au maximum les informations et les logiciels du Sénat, Il a été adopté un système unique de double licence : la GNU General Public License ainsi que la BSD License. Ce système a pour objectif de garantir que les licences publiques sont utilisées dans chaque cas particulier tels que :

  1. Chaque logiciel publié et contenant des composants initialement sous licence GPL doit être publié conformément aux termes de la licence GPL V3.
  2. Chaque logiciel créé indépendamment par le Sénat sans licence initiale sur aucun de ses composants sera publié sous double licence et prendre l’une de ces formes : (a) licence BSD, ou (b) licence GPL. L’utilisateur final d’un tel logiciel choisira la licence qui aura le plus de sens pour son projet.
  3. Concernant les logiciels contenant des mentions légales autres que la GPL, le CIO (NdT : Chief Information Officer, responsable des technologies de l’information et de la communication) décidera du mode de publication de tels logiciels.

Notes

[1] Crédit photo : Aku Busy (Creative Commons By)




Google Wave : une bonne nouvelle pour le logiciel libre ?

Rappensuncle - CC by-sa« Google Wave, c’est ce que pourrait être le mail si on devait l’inventer aujourd’hui » s’exclame le grand Tim O’Reilly, se mettant ainsi au diapason de cette autre citation, « Wave va rendre caducs tous les outils actuels de communication », entendue au moment même de la présentation de ce nouveau projet, il y a quinze jours de cela.

Le dévoilement de Wave a d’abord valu à Google une standing ovation au sortir de la conférence inaugurale. Puis, dans la foulée, des articles souvent dithyrambiques sont apparus sur la Toile. C’est donc clairement la sensation du moment, avant même que le moindre utilisateur ait pu tester quoi que ce soit. Une nouvelle vague (wave en anglais) va-t-elle déferler sur le Web ?

Si vous voulez en savoir plus quant à son approche originale et à ses fonctionnalités, je vous invite à lire theClimber, TechCrunch ou Transnets. Outre tout ce qu’il nous propose de faire, retenons qu’on a besoin du HTML 5 et surtout que le protocole sera Open Source, basé sur XMPP (Jabber), avec un serveur qui sera libre et qu’on pourra installer chez soi (cf Minitel 2.0).

Cet aspect libre (ou prétendu tel) est très important et n’a pas forcément été mis en avant par la blogosphère (sauf l’inévitable journal LinuxFr). Pour marquer le coup et nous interroger ensemble sur l’impact potentiel d’une telle nouveauté sur le logiciel libre, nous avons choisi de traduire un article enthousiaste (peut-être trop ?) issu de la revue Free Software Magazine.

Cet article envisage Google Wave sous l’angle de ce qu’il pourrait apporter à une communauté agrégée autour d’un logiciel libre. Jusqu’à se demander si Wave ne va pas se substituer aux bons vieux outils que sont les logiciels de gestion de versions (CVS, etc.), les wikis, et autres listes de discussion. Ce qui, au sein des développeurs, serait effectivement une petite révolution dans la manière de travailler et de communiquer.

Mais il n’entre pas dans le détail des licences, dans l’évalutation du degré réel ou supposé de l’ouverture annoncée par Google (à sa décharge, on ne dispose à l’heure actuelle que le peu d’informations qu’a bien voulu nous donner la société). Et surtout il oublie d’évoquer une, pour ne pas dire la, question majeure que l’on résume souvent dans la formule « Google everywhere ». Ok pour la possibilité d’avoir son petit serveur à domicile mais dans la pratique la grande majorité se connectera à n’en pas douter chez Google. Du Google partout, tout le temps, qui va finir par devenir problématique (si ça ne l’est pas déjà !). On peut, par exemple, compter sur Google pour nous proposer son navigateur Chrome configuré aux petits oignons pour Google Wave, si vous voyez ce que je veux dire.

Aussi puissant, séduisant et ouvert (protocole, API…) soit Google Wave, le logiciel libre a-t-il intérêt à surfer tête baissée sur cette vague[1], ou bien laisser couler et continuer tranquillement dans son coin à ériger sa petite berge qui deviendra un jour si haute que pas même un tsunami ne pourra l’emporter ?

Google Wave va-t-il révolutionner la collaboration dans le logiciel libre ?

Will Google Wave revolutionise free software collaboration?

Ryan Cartwright – 15 juin 2009 – Free Software Magazine
(Traduction Framalang : Poupoul2, Daria et Tyah)

Si vous n’en avez pas encore entendu parler, Google a publié une version de développement de Wave, son nouvel outil de réseau social et collaboratif. Quel impact cela peut-il avoir sur les utilisateurs et les développeurs de logiciel libre ?

Wave est ce que Google appelle un « nouvel outil de communication et de collaboration sur le Web ». Voyez-le comme un carrefour entre le courriel, le réseau social, la messagerie instantanée, l’IRC et Twitter. Wave apporte (ou plus exactement apportera) non seulement de nouveaux moyens de communication, mais offre également un retour instantané aux autres participants. En utilisant la base d’une vague comme une conversation, il permet aux destinataires de vos conversations de voir ce que vous écrivez en temps réel, au moment où vous l’écrivez. Plus besoin d’attendre que votre contact de messagerie instantanée termine son message. Wave offre également aux participants, dans le même outil, des messages de type panneau d’affichage, afin de savoir à quel moment ils se reconnectent. Il propose des fonctionnalités sympathiques qui permettent contextuellement de répondre à différentes parties d’un message. De nouveaux participants peuvent entrer à n’importe quel moment, tout en bénéficiant à la fois de l’historique complet de la vague, mais aussi en ayant la possibilité de « rejouer la vague » telle qu’elle s’est formée, en voyant qui a écrit quoi et dans l’ordre chronologique.

Ouais, ouais, encore un outil de réseautage social… allez, circulez !

Aussi intéressant, ou pas, que cela puisse paraître, quel impact cela aura-t-il pour nous, utilisateurs de logiciels libres et plus particulièrement développeurs ? Et bien, tout d’abord, Wave est développé grâce à un nouveau protocole ouvert et Google souhaite que nous l’aidions à le développer. Ce protocole est disponible sous les termes ouverts d’une licence que Google considère « libérale » (Un oxymore peut-être ?). En plaçant un protocole ouvert derrière cette technologie, Google nous invite activement à contribuer, distribuer et propager cette technologie. Cela signifie que nous, utilisateurs de logiciels libres, pouvons créer des outils libres qui utilisent le protocole Wave. Un protocole ouvert est assurément une bonne chose dans ce contexte : Pas d’accord de confidentialité, pas de royalties liées à des licences telles que pour les formats GIF ou MP3. Google nous demande également que nous aidions à donner forme au protocole. Les contributions sont réalisées sous un contrat de licence contributeur, qui insiste sur le fait que vous donnez à Google, le droit de « reproduire, construire des travaux dérivés, publier, exécuter en public, sous-licencier et distribuer vos contributions et les travaux dérivés associés ». Google semble être parti sur la bonne voie. Le temps nous en dira bien sûr plus, mais nous ne devrions pas être trop sceptique, c’est une opportunité réelle. Là où Android est un système ouvert sur un matériel fermé, en devenant ainsi de fait semi-fermé, nous avons une chance de développer Wave avec une foule d’outils libres et ouverts basés sur l’API et le protocole de Wave.

Google a livré quelques informations sur le fait de conserver le code source ouvert. Mais jusqu’à présent, ils n’ont publié aucun code source (à l’exception peut-être pour la version développeur, dont je ne fais pas partie), Cependant, même s’ils conservent les sources de l’API fermées, disposer d’un protocole ouvert (et d’une licence libérale) signifie que nous pouvons créer des outils qui utiliseront ce protocole et que ceux qui utiliseront les outils de Google pourront collaborer avec ces outils libres, du moins en théorie.

Mais qu’est-ce que cela peut nous apporter ?

Pensez à la manière de développer du logiciel libre. Peut-être plus que n’importe quel autre type de produits, le logiciel libre a besoin d’un effort collaboratif intense de la part de ses créateurs. Grâce à SVN, Sourceforge et consorts, nous avons des moyens de partager du code source et nous possédons des outils de communication durant le cycle de développement : wiki, panneaux d’affichage, liste de dicusssions, etc. Imaginez que vous disposez d’une « vague » pour les développeurs d’un projet logiciel. Chaque contributeur, en temps réel s’il le souhaite, dispose d’une conversation sans peur de perdre le fil dans de multiples embranchements. Les nouveaux membres peuvent rejouer la discussion pour comprendre l’état présent. Des fragments de code pourraient être placés à l’intérieur de la conversation et édités en temps réel par les autres membres. Et tout cela se déroule dans un des outils les plus communs, le navigateur. Les rassemblements de développeurs pourraient inclure ceux qui ne peuvent participer physiquement grâce à l’utilisation d’une vague. Les meilleurs esprits ne seront plus exclus parce qu’ils n’ont pu réserver une place dans l’avion[2].

Si cela semble excitant, c’est parce que je m’exalte. Google Wave a le potentiel pour aller bien au-delà du simple buzz pour foules numériques. Wave a la possibilité de réellement faire du bruit et de représenter un grand pas dans la manière dont nous développons du logiciel libre. Évidemment, il m’est venu à l’esprit que les développeurs de logiciels propriétaires pourraient utiliser le même système pour produire leurs logiciels, mais soyons honnêtes : qui de deux est le plus habitué à la collaboration (en réalité, en dépend même) ?

J’ai entendu certaines personnes dire que Google Wave pourrait dépasser Twitter et Facebook d’ici 2011. Je n’en sais rien, et même peu m’importe, mais je crois que Wave peut avoir un impact aussi fort sur le développement de logiciel libre que CVS ou les wikis.

Notes

[1] Crédit photo : Rappensuncle (Creative Commons By-Sa)

[2] Non pas que j’ai entendu que cela arrive, je conjecture juste.




Noir Désir et l’Hadopi : Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien ?

J’écoutais tout à l’heure la dernière chanson d’un groupe qui a bercé ma jeunesse : Noir Désir. Elle a été mise en ligne gratuitement en novembre 2008 sur le site officiel du groupe avec cette présentation : « La chanson Gagnants/Perdants a été enregistrée par Noir Désir, en réaction au contexte actuel, politique et humain dans toute l’acception du terme. Impossible d’attendre pour la mettre à disposition. »

Nous étions alors en pleine crise économique. Nous y sommes toujours du reste.

Comment vous dire… j’aime beaucoup ce morceau. La mélodie me berce et les paroles me touchent (voir ci-dessous). Et pour tenter de raccrocher ce billet à l’ensemble du blog, on pourrait extrapoler et y voir également une sombre description du climat ambiant contre lequel se bat le logiciel libre et sa culture.

Mais… car il y a un mais.

Si j’avais écouté cela à 20 ans, j’y aurais certainement pleinement adhéré, en ressentant à l’écoute des accents de sincérité, vérité et… liberté.

Il se trouve que j’en ai 20 de plus. Mais il se trouve aussi et surtout que, depuis, le numérique et l’Hadopi sont passés par là. Et pour de très nombreux artistes c’est un peu comme si ils avaient soudainement perdu leur virginité.

Noir Désir est sous contrat avec Universal via son label Barclay. Noir Désir « appartient » donc quelque part à une major du disque (même si certains se souviennent peut-être de la spectaculaire intervention de Bertrand Cantat aux Victoires de la Musique 2001).

Est-ce à dire qu’ils ont vendu leur âme au diable ? Certes non.

Mais ces classiques discours de contestation, portés depuis des décennies par un certaine musique, ont désormais peut-être plus de mal à passer…

Gagnants / Perdants (Bonne nuit les petits)

Noir Désir – novembre 2008

Tous ces beaux jeux inventés, pour passer devant les premiers
Pour que chacun soit écrasé, s’il refuse encore de plier
Les dégâts, les excès, ils vont vous les faire payer
Les cendres qui resteront, c’est pas eux qui les ramasseront

Mais les esclaves et les cons qui n’auront pas su dire non
Nous on ne veut pas être des gagnants
Mais on n’acceptera jamais d’être des perdants

Pimprenelle et Nicolas, vous nous endormez comme ça
Le marchand de sable est passé, nous on garde un oeil éveillé
Ô la peur, ô le vide, ô la victoire des avides
Faut pas bouger une oreille, toutes sortes de chiens nous surveillent
Pas un geste, une esquisse, sinon on tourne la vis
Nous on n’a rien à gagner
Mais on ne peut plus perdre puisque c’est déjà fait

Toi qui viens de loin d’ici, avec ta peau et tes os
On t’a parlé du paradis, on t’a menti, tout est faux
Ô mon ami, ô mon frère, tout ce nerf perdu pour la guerre
Tu vas voir tout l’amour qui traîne au fond du discours
Dis, t’en veux des papiers ? dis, tu l’as vu mon palais ?
T’auras rien, c’est ainsi
C’est pas fait pour les perdants, le paradis

Il y a la chair à canon, il y a la chair à spéculation
Il y a la chair à publicité, enfin il y a tout ce que vous aimez
Vous et moi on le sait, le spectacle est terminé
Pourtant c’était presque idéal, c’était loin du féodal
Oh maintenant c’est foutu, ça fait joli dans ton…
Fort intérieur c’est gênant
De rejoindre comme ça la cohorte des perdants

Il faut pas se faire d’illusions, mais c’est mieux debout pour l’action
Et pour nos âmes, c’est égal, Dieu n’est pas dans la bataille
Ô messieurs les décideurs, de toutes parts, de tous côtés
Sachez que profond dans nos coeurs, on n’arrête pas le progrès
Sous l’iris, sous la peau, sous les ongles et dans l’étau
On pourra toujours refuser
De devenir les premiers ou les derniers

Pas de leaders triomphants
On ne sera jamais des gagnants ni des perdants




Framasoft et moi, il y a 7 ans de cela

Flashback. Un visiteur m’a tout récemment rappelé l’existence d’un vieil entretien totalement oublié que j’avais donné au site MoteurZine en mars… 2002 ! Et il a accompagné le lien d’un énigmatique petit smiley malicieux.

Je suis allé voir, j’ai lu, j’ai pris un coup de vieux, et j’ai compris le pourquoi du smiley 😉

À l’époque Framasoft venait à peine de naître, j’étais tout seul dessus et j’éditais à la main l’ensemble des pages statiques du site sous, aïe pas taper, Dreamweaver ! J’étais également rédacteur au Café pédagogique, c’est vous dire…

Il y a certains passages et références « un peu » datés, où je pense me faire gentiment chambrer dans les commentaires. Mais il y en a d’autres que j’assume encore fièrement plus de sept ans après.

Dans la mesure où fort heureusement je ne suis désormais plus seul du tout, je me suis dit que ça pouvait peut-être intéresser quelques uns de ceux qui depuis ont participé de près ou de loin à l’aventure Framasoft.

Copie d'écran - Framasoft - mars 2002

Interview d’aKa en mars 2002 pour MoteurZine

URL d’origine du document

Moteurzine : Bonjour. Est-ce que vous pouvez, avant tout, vous présenter à nos lecteurs ?

aKa : Alexis Kauffmann, 33 ans, professeur de mathématiques à Bobigny, animateur TICE (Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement) dans le 93, et rédacteur au Café Pédagogique.

Pour ce qui est d’Internet, j’ai vu de la lumière un soir de novembre 1996, j’y suis entré et pour ainsi dire toujours pas ressorti.

Comment est né le site Framasoft.net ?

Le site dérive d’un autre site Framanet.net (pour FRAnçais et MAthématiques en intraNET) dont la webmistress Caroline d’Atabekian, enseignante en lettres, était et reste une partenaire professionnelle. L’idée principale était d’expérimenter des séquences pédagogiques en pages web via le réseau local de notre établissement scolaire tout en présentant ce travail à nos pairs via Internet. Et comme on ne roule toujours pas sur l’or à l’Éducation Nationale, nous étions bien contents de trouver toutes sortes de petits outils gratuits pour l’élaboration de ses séquences et/ou la maintenance du site.

Las de devoir les rechercher à chaque nouvelle installation, on a décidé de les regrouper et d’en faire une branche à part entière de Framanet. Et puis la branche a fleuri et a décidé, en novembre 2001, de voler de ses propres ailes (sic !) pour adopter le nom de domaine Framasoft.net.

Il n’y avait donc rien de « prémédité » même s’il est indéniable que depuis je me suis pris au jeu.

Pourquoi avoir choisi le domaine Framasoft.net et non pas le domaine en .com ou en .org ?

J’imagine qu’à l’époque je devais penser que le .net tournait autour d’Internet, le .com lorgnait vers le commercial et le .org avait une dimension collective. Et comme je n’étais pas nombreux au début…

Combien de personnes sont impliquées dans ce site ?

C’est un peu une question piège car justement je ne suis toujours pas très nombreux !

S’il fallait comparer le site à une organisation politique, il y aurait les membres du bureau exécutif élus par cooptation (à savoir… Moi !), les militants (principalement des collègues de Seine-Saint-Denis qui rédigent des notices ou me pondent des articles de temps à autres) et enfin la joyeuse cohorte des sympathisants (tous les internautes qui m’envoient infos, remarques et critiques).

Et pourtant je m’obstine, au risque de leurrer les visiteurs, à présenter Framasoft comme « la participation d’une équipe d’enseignants à un Internet associatif » et à m’exprimer à la première personne du pluriel. Il y a là comme un souhait en fait (j’en profite donc pour lancer un appel). Et peut-être aussi que cela me rassure psychologiquement car il n’est humainement pas possible d’avoir fait ça tout seul sur ses heures perdues en si peu de temps !

Qu’est ce qui vous a amené à vous intéresser au monde du logiciel libre et plus particulièrement, le monde du logiciel libre sous Windows (d’ailleurs, n’est-ce pas complètement contradictoire !?) et à l’exprimer sur un site ?

Il y a des jours où l’errance nocturne sur le réseau a du bon. « En utilisant les logiciels libres, non seulement on effectue des économies spectaculaires pour le matériel, non seulement on se libère des logiques que tentent d’imposer les grandes multinationales de l’informatique, mais, en plus, on se met en relation avec l’un des foyers les plus vivants de la société qui est en train de se créer, celle de l’intelligence distribuée », ai-je eu juste le temps de lire un soir de fin de millénaire avant de piquer du nez.

Non le logiciel libre ne se résumait pas à Linux dont ce dernier n’en devenait qu’un exemple (mais quel exemple !). Non le logiciel libre et le logiciel gratuit ne naviguaient pas dans les mêmes sphères, l’un me parlant d’argent et l’autre de liberté. Oui le modèle était pertinent pour l’éducation. Oui il y avait également là un extraordinaire potentiel « d’extension du domaine du libre ».

Pour ce qui est de l’apparent paradoxe, je vous présente l’éditeur vidéo Virtual Dub (une application libre tournant sur le système d’exploitation propriétaire Windows) et l’outil de correction de textes français Correcteur 101 (une application propriétaire tournant sur le système d’exploitation libre Linux).

Le « tout libre » est sûrement une belle idée mais il ne résiste pas à la réalité actuelle du grand public qui, et je suis le premier à le regretter, n’est visiblement pas encore prêt à lâcher son Windows. Mais en attendant, et cela minimisera du même coup le phénomène du piratage, faisons tourner ce système d’exploitation avec un maximum de logiciels libres !

Votre site est composé de trois grandes parties : l’annuaire de logiciels libres et gratuits, l’annuaire de logiciels libres, l’annuaire de liens autour du libre. Vous pouvez nous en dire plus dessus ?

Des pont naturelles peuvent les relier mais dans mon esprit ces trois parties sont bien distinctes et indépendantes.

Ceci dit, à bien y réfléchir, il pourrait également y avoir là comme une « invitation au voyage » :

  • Étape 1 : Je fais rapidement mes emplettes sur le Net en transitant par l’annuaire de logiciels libres et gratuits sous Windows.
  • Étape 2 : Mais pourquoi donc cette constante distinction entre libre et gratuit ? Allons-y voir d’un peu plus près en visitant quelques sites de l’annuaire autour du libre.
  • Étape 3 : Intéressant après tout ce concept du logiciel libre. Quel est donc l’état de l’existant sous Windows ? Et hop, un petit détour par l’annuaire de logiciels exclusivement libres.

Votre annuaire référence de nombreux logiciels « libres ». Mais, qu’est ce qui vous différencie par rapport à un site comme Telecharger.com ?

Télécharger.com est un excellent site qui possède une base de plus de 10.000 logiciels pour une audience mensuelle de 2.000.000 visites qui parcourent à peu près 20 millions de pages (source Cybermétrie, décembre 2000). C’est une sacrée différence qui pourrait déjà clore le débat !

Sinon je dirai que nous sommes plus Windows et moins boîte de Pandore, plus incisifs et moins consensuels, plus libres et moins propriétaires, plus indépendants et moins regardants sur nos stock-options, plus sobres et moins lourds à charger, ou encore plus éducation et moins publicité.

En fait je pense qu’il y a un espace pour ces deux types de sites qui ne se présentent visiblement pas dans la même catégorie.

Mais j’allais oublier une ultime et définitive différence : chez nous les âpres négociations de rachat par Vivendi Universal ont échoué !

Qu’est ce qui a été le plus difficile dans la mise en place de cet annuaire ?

La découverte de la non extensibilité du temps…

Aujourdhui, combien passez-vous de temps quotidiennement, hebdomadairement à entretenir et développer votre annuaire ?

Cette découverte m’a donc contraint à faire certains sacrifices. Mais demandez à ma femme, elle sera certainement plus objective que moi ! (mais demandez-lui gentiment car c’est un sujet sensible entre nous…)

Quelle est l’architecture logiciel et matériel derrière le site Framasoft ?

Encerclé par les sites dynamiques à la sauce ASP ou mieux PHP, le dinosaure Framasoft résiste encore et toujours à l’envahisseur en ne proposant que du HTML pur.

Il a été développé sous un très célèbre et… propriétaire éditeur WYSIWYG (Dreamweaver pour ne pas le nommer, donnez-moi l’équivalent sous Linux et je change illico de plate-forme !). Et il a opté pour un hébergement payant (Amen.fr) afin d’offrir un temps de chargement réduit à ses visiteurs.

Votre site ne comporte ni bandeaux, ni zone payante. Il est donc totalement libre et gratuit comme les logiciels que vous présentez. Est-ce une solution viable à moyen / long terme ?

Ces absences de bandeaux et de zones sont revendiquées. Et comme il m’est difficile de ne pas glisser une citation dans le moindre de mes écrits, j’ajouterai que « c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup ».

Ceci dit il faut pouvoir assumer ce choix. Et même si je reconnais bien volontiers que parfois de petites idées mercantilistes me trottent furtivement dans la tête (après tout il y a un service rendu), je me reprends vite en pensant à la dynamique du monde du libre et en étant content d’y apporter mon humble et modeste contribution (justement parce qu’il y a un service rendu !).

Pour ce qui est de la viabilité la réponse est simple puisque je ne suis lié par aucun contrat. Il est bien évident que le jour où, après une illumination mystique, je m’en irai passer un an dans un ashram en Inde, Framasoft s’en trouvera quelque peu déstabilisé.

Combien d’internautes vous visitent quotidiennement ? Cela fait combien de pages vues ?

Environ 2.000 visiteurs pour 10.000 pages lues… oups, vues. (source Xiti)

Qui vous amène le plus de visiteurs ? Pourquoi ?

Je constate depuis quelques temps une certaine stabilité : 40% d’accès direct, 40% via les moteurs de recherche et 20% de liens sur site. Je n’ai pas trop de commentaires à faire si ce n’est qu’il semblerait qu’il y ait là une certaine fidélisation corroborée par le fait que le mot-clé en tête de tous les moteurs est… Framasoft. Sinon sur la moyenne des 400 visiteurs qui nous viennent d’autres sites, cela se divise pour moitié de sites éducatifs et pour l’autre de sites généralistes (tels les surprenants et dynamiques annuaires du gratuit du Net).

Quelle a été votre méthode pour développer votre visibilité dans les outils de recherche ? sur Internet ?

Il n’y a pas vraiment eu de méthodes. Des annonces dans des listes de profs où j’étais abonné, quelques messages personnels cullotés à des webmestres dont j’appréciais le site, plus le bouche à oreille, et un jour vous vous apercevez que quelques sites pointent vers le votre. Du coup vous possédez le précieux sésame, vous avez un « indice de popularité ». La terre promise n’est plus loin, elle approche, elle arrive : vous êtes référencé sur… Google ! Après vous pouvez aller vous coucher, ça tournera tout seul !

Quels sont vos projets à moyen / long terme pour Framasoft ?

Ma préoccupation du moment, c’est de trouver un hébergeur « compréhensif » car l’accroissement du nombre de visiteurs est apparemment proportionnelle au prix du forfait et cela devient alors problématique de faire dans le bénévolat tout en perdant de l’argent.

Sinon il n’y a pas vraiment de projets mais peut-être un souhait : obtenir une petite reconnaissance de la part de la communauté du libre francophone.

Pour terminer, pouvez-vous nous dire quel est votre site Internet préféré et pourquoi ?

Tiens, c’est curieux je ne m’étais encore jamais posé la question !

La raison vous dirait à n’en pas douter Google car sa disparition m’obligerait à reprendre des cours de recherche sur le Net ! Et la passion pencherait sûrement vers les sites que j’ai dédié à mes deux filles. Mais là point d’url c’est mon jardin secret…

Alexis, merci d’avoir pris de votre temps de répondre à ces questions.




Je suis libre, tu es livre, elle est libre

Prof de maths, je suis un (petit) fonctionnaire de l’état français. Chaque année à la rentrée scolaire, je reçois ma « roadmap » (comprendre mon emploi du temps) qui, au jour et à l’heure près, sera toujours la même, semaine après semaine, jusqu’aux prochaines vacances d’été. Ces fameuses vacances que d’aucuns nous envient et que nous sommes des millions à prendre au même moment.

La vie de ma sœur est à bien des égards plus libre que la mienne. On peut s’en rendre compte en parcourant son premier roman, Nos mots croisés, qui, pour ne pas être directement autobiographique, nous révèle beaucoup de son histoire et de sa personnalité.

Ce roman n’est pas sous licence libre, contrairement à tous les livres de la collection Framabook que j’anime. Que peut-on en conclure ? Rien, si ce n’est que la liberté est toute relative.

Dois-je le préciser ? Ce court préambule n’avait pour objet que de tenter maladroitement de justifier la présence de ce petit clip (auto)promotionnel ci-dessous, au demeurant fort sympathique.

J’ai bien essayé de refuser en arguant que ça allait râler parmi les fidèles, et que de toutes les façons le Framablog ne correspondait pas au « cœur de cible » du roman. Elle m’a répondu que c’était du n’importe quoi, qu’elle le visitait bien elle mon foutu blog (contrairement à moi qui ne visite pas le sien), que je ne voulais pas la soutenir et que puisque c’était comme ça elle allait retenir sa respiration jusqu’à ce je place sa vidéo en ligne.

(Soupir)

J’espère que vous ne me tiendrez pas rigueur d’avoir cédé, tiraillé que j’étais entre la cohérence éditoriale du Framablog et le souci de conserver un semblant de quiétude familiale.

PS : Ceci étant dit, je l’ai lu son bouquin et j’ai été sincèrement épaté par la qualité de la plume et la finesse du style. Je vous le recommande, en toute… subjectivité bien sûr !