La tête dans les nuages mais les pieds sur terre

Nicholas T - CC byGMail, Google Apps, Zoho, Flickr, Del.icio.us, Box.net, Wuala, DropBox, Plaxo… Ça vous parle ? Vous savez, ces applications en ligne (ou Web Apps) pratiques et séduisantes qui poussent comme des champignons aux quatre coins de la Toile, souvent accompagnées de la mention beta pour faire hi-tech. On a même trouvé un terme pour englober tout ce petit monde, le très à la mode Cloud Computing, soit l’informatique dans les nuages ou dématérialisée[1].

Que celui qui n’a pas un compte chez l’un de ces services en ligne me jette la première pierre. Reconnaissons qu’il est fort commode, notamment pour qui travaille sur plusieurs postes ou de façon nomade, de pouvoir accéder à ses courriels, à ses documents et à certaines données depuis n’importe quel PC (voire téléphone mobile) à condition de disposer d’une connexion Internet.

Mais n’est-on pas en droit de s’inquiéter de savoir que tant de nos données se baladent on ne sait trop où dans l’espace virtuel ? Plaxo, par exemple, avait été critiqué à ses débuts car assez porté sur le spam et l’exploitation peu scrupuleuse des carnets d’adresses qu’on lui confiait (même si ce service a depuis redressé la barre). Quid des documents créés avec Google Docs, des fichiers conservés chez Box.net, des mails échangés avec GMail ? De plus en plus de grands groupes ou de start-ups se lancent sur ce marché apparemment juteux et se battent pour posséder nos données.

Il y a quelque temps déjà, plusieurs voix s’élevaient contre contre ces services en ligne : Larry Ellison, le fondateur d’Oracle, qualifiait le Cloud Computing de mode, et Richard Stallman, dans un entretien accordé au quotidien anglais The Guardian, allait plus loin en taxant ces services en ligne de pièges. Stallman mettait en garde les utilisateurs contre ces Web Apps et le stockage de données personnelles sur les serveurs d’entreprises commerciales : selon lui, confier ses données à de tels services revient à en perdre le contrôle et pose donc les mêmes problèmes que l’utilisation des logiciels propriétaires.

Stallman, qui n’a pas l’habitude de faire dans la nuance, recommandait donc de n’utiliser aucun de ses services et de leur préférer nos bonnes vieilles applis en dur sur lesquelles nous gardons tout contrôle. (Nul doute qu’il pensait par là à la Framakey…)

Tim O’Reilly, dans son blog, s’est lui aussi penché sur la question et a publié un billet assez fourni, dans lequel il estime qu’il faudrait appliquer au Cloud Computing les principes de l’Open Source et rappelle qu’il avait déjà mis en garde contre le verrouillage du Web, pourtant basé sur des programmes et outils Open Source, par des applications Web 2.0.

Cette question de la confidentialité, du contrôle des données et de l’indépendance de l’utilisateur face au logiciel concerne tous ceux qui ont un usage intensif du Web et de l’outil informatique, mais semble cruciale pour les adeptes du logiciel libre, très sensibles à ces questions. Comme dans le software classique, certains acteurs du Cloud Computing proposent des solutions libres. C’est le cas de Clipperz, qui a développé un gestionnaire de mots de passe et d’informations personnelles sous licence GPL.

Sur le blog de Clipperz , un des auteurs appelle les utilisateurs et les développeurs à agir pour préserver la liberté et la confidentialité dans les nuages, et propose quelques mesures pour que les applications Web 2.0 soient en accord avec les valeurs du libre, du point de vue des licences et du comportements des navigateurs Internet par exemple. On y retrouve par billet interposé Richard Stallman, avec qui l’auteur s’est entretenu et qui y va lui aussi de ses conseils.

Histoire de redescendre un peu sur terre après tant de temps passé dans les nuages, nous vous présentons donc la traduction de ce billet, réalisée par notre équipe Framalang.

Liberté et protection de la vie privée en ligne : agissez !

Freedom and Privacy in the Cloud – a call for action

Marco – 30 mai 2008 – Clipperz
(Traduction Framalang : Olivier, Burbumpa et Don Rico)

Ce message traite de la liberté. La liberté de posséder vos données et la liberté d’utiliser des logiciels libres. Vous devriez aussi pouvoir exiger ces libertés et en jouir quand vous utilisez des applications web.

Si vous soutenez le mouvement du logiciel libre, vous pouvez facilement opter pour Gimp au lieu de Photoshop, pour Firefox au lieu d’Internet Explorer. Vous pouvez également protéger le caractère privé de vos données en utilisant les outils de cryptage disponibles (GPG, TrueCrypt…). Mais dès qu’il s’agit d’applications web, tout se complique.

Les avantages des applications web – ou web apps – (accessibles partout et tout le temps, mises à jour transparentes, stockage fiable, …) sont nombreux, mais bien souvent les utilisateurs perdent la liberté d’étudier, de modifier et de discuter du code source qui fait tourner ces web apps.

De plus, nous sommes contraints de confier nos données aux fournisseurs de ces web apps (marque-pages, documents rédigés, copies des discussions, informations financières et désormais… dossiers médicaux) qui ne résident alors plus sur nos disques durs mais qui sont rangés quelque part dans les nuages. Ce n’est pas vraiment une situation confortable de devoir choisir entre aspect pratique et liberté.

Que l’on soit clair : les web apps sont formidables et je les adore. Mais je pense que le moment est venu de réclamer plus de liberté et de confidentialité. Voilà comment nous pouvons obtenir ces deux résultats en trois étapes.

1. Choisissez l’AGPL

Quelle est l’importance de l’AGPL ? Si vous êtes un fournisseur de services et que vos services s’appuient sur des logiciels placés sous licence AGPL, vous devez rendre le code source disponible à toute personne utilisant ce service. La FSF suggère dans ses directives de placer un lien Source qui renvoie à une archive contenant le code source directement dans l’interface de l’application web.

(Ne me demandez pas pourquoi la communauté des logiciels libres a mis tant de temps à réagir !)

Mesures
  • Aider Clipperz à mettre au point une suite AGPL : un ensemble d’applications web répondant aux besoins les plus courants.
  • Cette suite devrait comprendre : un traitement de texte, un logiciel de discussion, un gestionnaire de mots de passe, un carnet d’adresses, un pense-bête, un calendrier, un gestionnaire de marque-pages … Et chaque web app devra être soumise à la licence AGPL ! Vous pourrez alors oublier Google, del.icio.us, Plaxo, Meebo … à moins qu’ils ne se mettent à l’AGPL aussi.
  • Nous avons déjà deux candidats pour certains postes (Ajax Chat pour les discussions en ligne et, bien sûr, Clipperz pour le gestionnaire de mots de passe), mais la plupart des places sont encore à pourvoir !
  • Aider Clipperz à diffuser les bienfaits de l’AGPL auprès des développeurs de projets web open-source. Demandez-leur de se convertir à l’AGPL.

2. Ajoutez-y une pointe de divulgation nulle de données

Les développeurs Web, comme les utilisateurs, connaissent encore assez peu les possibilités offertes par le chiffrage via un navigateur pour rendre les applications web aussi sécurisées et confidentielles que les logiciels classiques.

Chez Clipperz, nous voulons apporter une nouvelle vision que nous appelons les web apps à divulgation nulle de données (description plus détaillée ici) qui associe l’idée d’un hébergement auquel même l’hébergeur n’a pas accès et un ensemble de règles basées sur le credo confidentialité absolue.

Ce nom est aussi bien un hommage au chiffrage (une garantie de divulgation nulle de données est un protocole de chiffrage standard) que la promesse d’une relation particulière entre l’utilisateur et le fournisseur d’application. Le serveur hébergeant la web app peut ne rien savoir sur ses utilisateurs, pas même leurs identifiants ! Clipperz applique cette vision pour mettre en œuvre son gestionnaire de mots de passe en ligne.

Mesures
  • Appliquer les techniques divulgation nulle de données à chaque composant de la suite AGPL. Convertir une application web à l’architecture divulgation nulle n’est pas simple, mais chez Clipperz nous avons développé un savoir-faire important et nous serons heureux de partager aussi bien ces connaissances que le code de base.

Nous pourrons ainsi finalement jouir d’un traitement de texte en ligne qui ne pourra pas lire nos documents, un logiciel de discussion qui n’enregistrera pas nos conversations, un wiki sur lequel on pourra conserver sans crainte des données importantes, etc.

  • Établir et maintenir à jour une liste des Fournisseurs de Service d’Application (NdT : ASP pour Application Service Provider en anglais) qui hébergent la suite complète sous AGPL. Cette référence sera utile à tous ceux qui attachent de l’importance aux logiciels libres et à la confidentialité mais ne possèdent pas les compétences et les ressources pour faire tourner des web apps sur leur propre serveur.

3. Créer un navigateur plus intelligent

On y est presque, mais il nous reste encore à fournir aux utilisateurs de web apps un environnement encore plus flexible et sécurisé. Dans la pratique, du fait de l’architecture des web apps à divulgation nulle de données, le serveur réalise de façon générale les tâches suivantes :

  • charger le code Javascript dans le navigateur de l’utilisateur (charger le programme) ;
  • authentifier l’utilisateur (optionnel et par un protocole à divulgation nulle de données)
  • rapatrier et stocker les données chiffrées demandées par le navigateur de l’utilisateur.

Logiciel libre est synonyme de contrôle total de ce qui se passe sur mon ordinateur. Se posent alors deux questions :

  • Comment faire tourner une version modifiée du code Javascript à la place de celui chargé par le serveur ?
  • Comment être alerté des modifications apportées au code Javascript que le serveur envoie à mon navigateur ?

J’ai récemment eu l’immense honneur d’échanger mes idées avec Richard Stallman lui-même au sujet de ces problèmes, et il a suggéré une solution futée pour les résoudre tous les deux.

Stallman propose d’ajouter une fonctionnalité au navigateur qui permette à l’utilisateur de dire : « Quand tu charges l’URL X, utilise le code Javascript de l’URL Y comme s’il venait de l’URL X ». Si l’utilisateur fait appel à cette fonctionnalité, il peut utiliser sa propre copie du code Javascript et peut toujours échanger des données avec le serveur hébergeant l’application web.

Un navigateur possédant cette capacité pourrait aussi facilement vérifier si le script Java de l’URL X est différent du script Java sauvegardé à l’URL Y. Si l’utilisateur fait confiance à la version courante du code Javascript de l’URL X, il peut en faire une copie à l’URL Y et sera ainsi alerté de tout changement. Cette solution protège l’utilisateur du code malveillant qu’il pourrait exécuter sans le savoir dans son navigateur, du code qui pourrait voler ses données et détruire l’architecture à divulgation nulle d’information.

Mesures :
  • Écrire des extensions pour les principaux navigateurs libres (Mozilla, Webkit, …) qui mettent en œuvre l’idée de Stallman.

Militer pour l’adjonction de la "suite AGPL" et des navigateurs améliorés pré-cités dans les distributions GNU/Linux.

  • Continuez à lire ce blog où je posterai de nouveaux articles régulièrement.
  • Faites-moi part de vos commentaires et suggestions.
  • Faites passez le message au travers de vos blogs, de vos messages sur les forums, …
  • Faites un don.

Et le meilleur pour la fin : comment nommeriez-vous cet ambitieux projet ? Faites-moi part de vos idées dans les commentaires !

Notes

[1] Crédit photo : Nicholas T (Creative Commons By)




Espéranto et logiciel libre

L’espéranto m’a toujours fasciné et si j’avais eu sept vies comme les chats, j’en aurais certainement consacré une à son apprentissage. Et ce n’est pas cette conférence qui me fera changer d’avis. Bien au contraire, elle vous pousserait presque à modifier vos plans (et vos bonnes résolutions 2009) pour vous y mettre dès le lendemain.

Intitulée malicieusement Linux, l’espéranto des logiciels / L’espéranto, le Linux des langues elle a été donnée par Tim Morley en juillet 2005 dans le cadre des RMLL de Dijon. Voici ce qu’en disait Thomas Petazzoni sur son blog : « Cette conférence a été vraiment animée de manière excellente par Tim, un anglais maîtrisant très bien le français et l’espéranto. Il a pu présenter ce qu’est l’espéranto, et surtout les points communs entre les valeurs de l’espéranto et celles du logiciel libre. »

Tim Morley est le chef de projet de la traduction d’OpenOffice.org en espéranto. Ne vous arrêtez ni à la durée (env. 1h) ni à la piètre qualité sonore de l’enregistrement car cette vidéo est vraiment très intéressante et méritait bien qu’à la faveur de notre projet Framatube, nous lui donnions une nouvelle visibilité.

—> La vidéo au format webm




Maximum respect for the Ubuntu french team

Voici une petite interview de Christophe Sauthier, président de la french LoCo team à savoir l’association Ubuntu-fr, réalisée début décembre à Mountain View (oui, oui, chez Google) lors du récent Ubuntu Developer Summit, UDS chez les initiés.

Il a beaucoup impressionné l’assemblée, c’est-à-dire ses petits camarades ubunteros venus du monde entier pour l’occasion, avec ses 4000 visiteurs de la récente Ubuntu Party de Paris à la Villette (d’ailleurs il est désormais surnommé 4K, c’est vous dire). Il évoque également tous les avantages de devenir Masters of the Universe (MOTU) chez Ubuntu et son souci de faciliter la tâche et l’accueil des nouveaux contributeurs.

PS : C’est en anglais mais comme c’est un français qui parle anglais on comprend encore mieux que d’habitude 😉

—> La vidéo au format webm

Si jamais il vous venait l’envie d’en savoir plus sur Christophe Sauthier et son rôle au sein d’Ubuntu, vous trouverez ci-dessous un entretien paru dans la lettre hebdomadaire Ubuntu n°121 (7 au 13 décembre 2008) sous licence GNU FDL.

Entretien avec huats, leader de l’équipe d’Ubuntu-fr

Qui es-tu ? Où habites-tu ? Que fais-tu dans la vie ?

Je m’appelle Christophe Sauthier et mon pseudo IRC est huats. J’ai 31 ans, j’habite à Toulouse et je vis en couple. Je travaille pour une société de service (makina corpus) qui travaille exclusivement dans le monde de l’open-source. Je suis impliqué dans tout ce qui est formation, assistance, migration à Ubuntu, ainsi que sur certains dévelopements en PHP (Drupal) ou Python (Plone). Je suis impliqué directement dans Ubuntu en tant que président de la LoCo française. Mon autre rôle dans la communauté est de coordonner les tutorats des MOTU, dont le but est d’aider les nouveaux venus dans le monde du développement pour Ubuntu. J’essaye aussi d’être actif au niveau développement en aidant au packaging de quelques applications, essentiellement autour de l’environnement GNOME.

Comment es-tu entré dans le monde de Linux et d’Ubuntu ?

Il y a très très longtemps (quelque chose comme 1996), j’avais demandé son avis à quelqu’un au sujet d’un script Perl sur lequel je bossais (un CGI pour site web en l’occurence) et il m’avait dit : « Si tu veux coder un peu en Perl, fais-le sous Linux. Tu peux faire comme ça pour l’installer… » Ça a été mon premier contact avec Linux. À cette époque, j’utilisais surtout Suse et Debian. Et puis un beau jour, je tombe sur quelque chose basé sur Debian, mais qui n’avait pas encore de nom. C’est devenu Ubuntu. C’était en 2004, et depuis ce jour, Ubuntu est l’unique distribution que j’utilise.

Comment as-tu démarré avec la communauté française ?

Je faisais depuis un moment quelques traductions pour des logiciels (essentiellement dans GNOME) et je suis tombé un jour sur un billet du wiki de la LoCo française qui mentionnait des projets sur le point d’être lancés. L’un d’eux était l’organisation d’entretiens (puis leur traduction) avec quelques membres clés de la communauté. Ce projet a évolué plus tard en diverses choses comme BehindUbuntu.

Qu’est-ce qui t’a amené à prendre la tête de la LoCo française ?

Après cette première expérience dans la communauté française, j’ai décidé de rester dans les parages, fréquentant différents chats IRC francophones, ou passant de temps en temps sur les forums. C’est là que j’ai vu la campagne pour vendre des t-shirts pour la LoCo. Ma première pensée a été « j’en veux un ! », et ma deuxième « je suis sûr que je peux les aider à organiser ça »… après avoir commandé le mien, j’ai pris contact avec le gars qui s’occupait de ce projet, et il y avait tellement de boulot que mon coup de main a été le bienvenu… Il s’est trouvé que Yann (le gars que j’avais contacté) était le président de la communauté française, et après pas mal de discussions, il m’a dit qu’un coup de main serait bien utile aussi pour le développement du site web. Il m’a demandé de montrer que je pouvais aider en codant un module pour PunBB (le forum que nous utilisons). J’ai pris en charge de plus en plus de choses dans la LoCo, et quand le président a décidé de passer la main, on m’a demandé si je me sentais de relever le défi : monter une nouvelle équipe, avec une nouvelle organisation. C’est ainsi que je suis devenu le président d’Ubuntu-fr, et que j’ai essayé de changer l’organisation en me basant sur le concept de «travail d’équipe».

Quels sont les défis dans la gestion d’une grande LoCo? Comment votre LoCo fait-elle pour communiquer et couvrir un si grand territoire ?

Il y a de nombreux défis, mais c’est aussi un boulot passionnant. Le premier défi est, bien sûr, d’en faire le maximum tous les jours. Il y a beaucoup de sollicitations et nous ne pouvons satisfaire tout le monde, même si nous essayons. A la fin, certains peuvent croire que nous ne sommes concentrés que sur un domaine et que nous nous fichons des autres. En fait, nous manquons tout simplement de main-d’oeuvre et de temps, et pour le montrer, nous communiquons de plus en plus au travers d’un blog pour les rapports. Ce blog fait partie du Planet francophone et donc tout le monde peut y accéder. Mais nous ne voulons pas seulement nous limiter au blog, nous essayons d’être aussi transparents que possible sur les décisions prises. Environ une fois par mois, nous tenons une réunion publique sur IRC. Nous essayons de nous occuper de chaque aspect de notre communauté : nous parlons des actions passées (depuis la dernière réunion), des actions en cours, et de celles à court et moyen terme. Nous consacrons aussi du temps à répondre aux questions et tout le monde peut proposer un nouveau sujet de discussion. Je pense que cette transparence intéresse les gens, ainsi à la dernière réunion, environ 60 personnes étaient présentes.

Comment la LoCo française est-elle organisée? Est-elle centralisée ou décentralisée ?

C’est un mélange. Il y a bien sûr un groupe de personnes qui forme le noyau de la LoCo, mais avec la nouvelle organisation de l’équipe, ce groupe s’est quelque peu agrandi. Le but est que chaque personne ait une vue d’ensemble de tout ce qui se passe dans la LoCo, ou du moins qu’elle en sache autant que possible. De cette manière, si quelqu’un se désiste, il est plus facile de le remplacer. Autour du noyau, il y a un plus grand cercle d’individus qui sont plus particulièrement investis dans un ou deux domaines. Ce deuxième groupe peut être considéré comme plusieurs équipes vouées à un domaine en particulier. Donc, pour résumer : un noyau de moins de 10 personnes, qui mène des activités de groupe indépendantes les unes des autres. Chaque équipe a une grande liberté d’action, même si nous aimons être tenu au courant des décisions importantes.

Parfois, les communautés connaissent des périodes creuses, pendant lesquelles la motivation ou la participation peuvent retomber. Comment fait la communauté française pour remédier à cela ?

Je pense que nous avons également eu un tel épisode, mais son effet a été amoindri par les changements d’organisation que j’ai mentionné plus tôt. C’était perceptible lorsque les principaux protagonistes de la communauté ont ralenti un peu, mais il n’y a pas eu de gros ralentissement de nos activités. C’est le signe distinctif des communautés les plus importantes, qui peuvent s’autogérer sans dommage majeur… Tant que cela ne dure pas trop longtemps bien sûr… Depuis, la communauté est revenue sur les rails, et elle très active. Les séances que nous avons eu dans tout le pays pour Intrepid, ainsi que l’évènement de Paris avec plus de 4000 visiteurs dans le week-end en sont de bons exemples. Puisque nous ne voulons plus ralentir, nous avons lancé quelques petits projets qui devraient nous aider à aborder des sujets qui nous intéressent. Cela devrait nous aider à maintenir la croissance de notre communauté. Il y a quelques projets qui m’ont donné envie de m’investir dans la communauté, donc vous pouvez imaginer que j’y suis très attaché. Nous avons le sentiment que, de cette façon, nous pourrons compenser une décroissance, ou un ralentissement de la participation en ajoutant de nouveaux centres d’intérêts dans lesquels s’impliquer.

Quels sont les projets de la LoCo à court et long terme ?

Je dirais continuer le travail actuel que nous avons juste initié : compléter les diverses équipes (certaines sont encore un peu floues, ou commençent seulement à prendre forme). Par exemple, il n’y avait pas vraiment d’équipe de développement web, puisque nous nous contentions de réunir les ressources au besoin. Aujourd’hui, un groupe de personnes très talentueuses travaille sur divers aspects de l’utilisation à long terme, pas seulement à la demande. C’est nécessaire si nous voulons pouvoir continuer à innover. Donc pour le court terme, cela signifie trouver une nouvelle apparence pour l’ensemble des sites ubuntu-fr (site web, documentation, forum et planet), utiliser au mieux notre nouveau site web (drupal), et donner à nos éditeurs les droits pour plusieurs équipes (celles de kubuntu ou d’edubuntu). Nous espérons être capables de faire ceci dans les prochains mois. Pour le long terme, nous voulons vraiment continuer nos efforts de diffusion d’Ubuntu en France, ce qui demande l’organisation de sessions supplémentaires dans tout le pays (en continuant sur notre lancée après tous les évènements accompagnant la sortie d’Intrepid). Nous souhaitons aussi organiser des colloques réguliers, où les gens pourront se rencontrer physiquement plutôt qu’à travers IRC. Cela permettrait d’aider les novices à ressentir une appartenance à la communauté. Cela pourrait aussi se traduire par des ateliers de débuggage, des ateliers de documentation (comme un atelier de débuggage mais pour vérifier la documentation disponible), ou même quelques ateliers de traduction. Enfin, nous essaierons de définir une réelle politique pour la participation aux évènements pour permettre aux gens de rencontrer l’équipe personnellement pour poser des questions et obtenir des réponses.

Une des idées que vous avez évoquées avec le conseil de la communauté est le jumelage. Qu’est-ce que c’est? L’avez-vous déjà mis en pratique?

Le jumelage des LoCo peut prendre plusieurs significations. Celle qui me tient à coeur est l’aide qu’une communauté importante, comme la communauté française, peut apporter aux plus modestes. Cette aide pourrait être de l’expérience, ou l’organisation de campagnes à grande échelle, ou même des dons pour les aider à lancer leurs évènements. C’est quelques chose à laquelle notre équipe a du faire face à ses débuts, et sans l’implication financière de quelques membres, nous n’aurions jamais pu faire autant de choses. Comme la communauté française est plus puissante maintenant, cela pourrait être une bonne chose d’aider les autres équipes à se lancer. En fait, c’est plutôt proche des concepts clés qui menèrent à la création de Ubuntu-eu il y a quelques années. Ubuntu-eu est un effort commun pour partager l’hébergement de leur site web. Depuis, plusieurs communautés ont trouvé un hébergement à cet endroit, ce qui est clairement une aide fort utile pour les équipes les plus récentes. Pour revenir au processus de jumelage, nous avons commencé à travailler un peu sur le sujet, avec la communauté tunisienne, mais nous n’avons pas avancé beaucoup dans le processus par manque de temps. Je suis sûr que nous travaillerons bientôt à nouveau là-dessus.

L’équipe française Ubuntu a organisé une Ubuntu Party à laquelle ont participé 4000 personnes. Pouvez-vous la décrire ? Comment l’avez-vous préparé ? Combien de temps cela a-t-il pris?

Cet évènement, qui a eu lieu à Paris, était un mélange de tous les différents types d’atelier qu’on peut avoir : installation, nouvelle version, conférence… C’est pourquoi on peut simplement l’appeler un “atelier Ubuntu”. On prépare cet évènement tous les 6 mois, pendant le week-end, un mois à peu près après la sortie d’une nouvelle version. Pendant l’atelier, les gens viennent pour avoir une installation d’Intrepid ou parce qu’ils ont des problèmes avec leur installation. On a aussi présenté plus de 14h de conférences, et un atelier débuggage…une station de radio a même émis depuis l’Ubuntu Party pendant tout le week-end. L’équipe préparait cet évènement depuis la fin du précédent (c’est-à-dire début juin), donc on a assisté au résultat de 6 mois de travail par l’équipe toute entière. Certains travaillaient sur la communication (les médias et le public visé), d’autres sur les besoins matériels de l’évènement, et d’autres sur les conférences. Maintenant, on fait l’analyse de cet évènement, ce qui nous aidera à préparer le suivant en mai 2009.

Que fais-tu dans ton temps libre ?

À part mes activités LoCo, je fais aussi du développement pour Ubuntu. Même si je sais que cela est lié a notre communauté, je considére cela clairement comme une activité à part. Cependant, je fais aussi pas mal de sport : du basketball et de la randonnée dans les Pyrénées (les montagnes près de chez moi). À part cela, j’aime cuisiner pour mes amis. D’ailleurs, je pense qu’il y a clairement un point commun entre cuisiner pour les autres et participer à des activités liées aux logiciels libres…




Les bonnes résolutions du logiciel libre pour 2009 ?

Foxypar4 - CC byNous pouvons nous réjouir du succès croissant que connaît le logiciel libre depuis quelques années, emmené par quelques projets phares tels que Firefox, Wikipédia, OpenOffice.org et Ubuntu pour les plus connus d’entre eux.

Les solutions Open Source sont de plus en plus utilisées sur les ordinateurs personnels et plus seulement dans le monde des serveurs, et entre le fiasco Vista et la crise, on se prend à rêver de jours radieux pour le libre…

Sauf que… Tout n’est pas rose au royaume du code ouvert ! Ces belles réussites cachent parfois des problèmes plus ou moins inquiétants : Firefox, fort de son record de téléchargements pour sa version 3.0, pourrait voir sa juteuse alliance avec Google menacée par les ambitions du géant de la recherche dans le domaine des navigateurs. Wikipédia mène en ce moment même une campagne d’appel aux dons massive pour lui permettre de poursuivre son développement. OpenOffice.org, adoptée par de plus en plus d’administrations et de particuliers, connaît quant à elle quelques couacs en coulisses, où des tensions se créent entre Sun et la communauté (nous traiterons de ce sujet dans un prochain billet).

Alors même si l’heure n’est pas à l’alarmisme[1], il convient de ne pas se laisser griser par le succès et de garder à l’esprit qu’il y a encore du boulot…

L’excellent Bruce Byfield, dont nous avons déjà traduit plusieurs articles dans les colonnes du Framablog, a publié un billet où il dresse avec une grande pertinence une liste de neuf problèmes de comportement qu’il a relevés chez les partisans du libre (et chez lui…) qui nuisent au développement des projets Open Source et à la communauté. Il y parle entre autres de l’acharnement aveugle contre Microsoft, de l’hostilité envers les nouveaux venus, et de la tentation d’accepter des compromis qui au bout du compte, pour quelques parts de marché en plus, risquent de nuire à long terme au mouvement du libre.

Bien sûr, en homme raisonnable, il propose à chaque fois une solution pour y remédier et faire en sorte que le libre poursuive sa marche vers "la domination du monde", comme il l’évoque en plaisantant dans les lignes que vous allez lire.

Neufs bonnes résolutions pour bien commencer l’année 2009, donc… (J’en profite au passage pour adresser mes meilleurs vœux aux lecteurs du Framablog).

Neuf problèmes de comportement qui font du tort au logiciel libre

Nine Attitude Problems in Free and Open Source Software

Bruce Byfield – 15 octobre 2008 – Datamation
(Traduction Framalang : Don Rico et Goofy)

Le logiciel libre et Open Source (NdT : Free and Open Source Software ou FOSS), j’adore ça. C’est une cause, une extension de la liberté d’expression, que je peux défendre en tant qu’auteur, et les membres de la communauté, en plus d’être brillants, sont à la fois passionnés et pragmatiques. C’est un domaine stimulant, et celui dans lequel j’ai choisi de travailler.

Parfois, néanmoins, le pire ennemi de la communauté, c’est la communauté elle-même. Certains comportements, souvent enracinés, nuisent à son unité et à ses objectifs communs, tels que fournir une alternative au logiciel propriétaire ou prêcher la bonne parole du FOSS. Au sein de la communauté, presque tout le monde s’est un jour rendu coupable d’un de ces comportements fâcheux, moi y compris, mais nous en discutons rarement. C’est pour cette raison que ces comportements perdurent et gênent les efforts de la communauté.

Admettre l’existence de ces comportements me semble être un bon début pour y remédier, alors voici neuf de ceux que j’ai le plus souvent constatés chez moi comme chez d’autres.

1) Se tromper d’ennemi

Chaque fois qu’une communauté se construit sur un certain idéalisme ou des convictions, les luttes intestines semblent être la norme. Cela s’applique aux groupes religieux et politiques, et il n’y a donc rien de surprenant à ce que ce soit aussi la norme au sein du FOSS, où les opinions de beaucoup sont souvent très tranchées.

Trop souvent, hélas, les conflits internes semblent l’emporter sur les objectifs communs. Plusieurs grands pontes professionnels ou semi-professionnels se forgent un nom en s’en prenant à d’autres membres de la communauté (peu importe leur nom, si vous vous intéressez à la question, vous savez de qui il s’agit, et je me refuse à les encourager dans leur démarche en leur faisant de la publicité gratuite).

Parfois, comme le mentionne Jeremy Allison, ces pontifes osent émettre des critiques que nul autre n’oserait exprimer. Mais la plupart du temps, leur motivation semble n’être que d’attirer l’attention sur eux, sans se soucier des divisions qu’ils créent au sein de la communauté, et en lisant les propos de ces pontes, nous encourageons ces divisions.

Pis encore, les dissensions entre les défenseurs du logiciel libre et ceux du logiciel Open Source. Certes, ce sont deux philosophies différentes : le logiciel libre (free software) s’attache à la liberté de l’utilisateur, alors que l’Open Source se soucie surtout de la qualité du logiciel. Pourtant, malgré ces distinctions fondamentales, les membres des deux camps travaillent sur les mêmes projets, avec les mêmes licences, et ont beaucoup plus de points qui les unissent que de points qui les opposent.

Alors pourquoi s’attarder sur les différences ? À l’évidence, les partisans du logiciel libre et ceux de l’Open Source ne trouveront personne d’autre avec qui ils ont plus en commun.

2) Ennuyer le monde avec des histoires de logiciels

Le logiciel étant l’un des éléments centraux de la communauté du FOSS, ses membres passent logiquement beaucoup de temps à en discuter. Pourtant, si vous essayez d’intéresser quelqu’un au FOSS, parler de logiciel ne fonctionne que si vous vous adressez à un auditoire de développeurs. Pour les autres, même la gratuité du FOSS n’a pas grand intérêt, sinon les partagiciels ou shareware seraient beaucoup plus utilisés.

Pour la plupart des gens, le logiciel en soi n’a pas grand intérêt, même s’ils passent de dix à douze heures par jour devant leur ordinateur.

Comme l’a signalé Peter Brown, le président de la Free Software Foundation, il y a quelques années, le FOSS doit s’inspirer des méthodes des partisans du recyclage. Ces partisans du recyclage ne défendent pas leur cause en expliquant où sont amenés les matériaux recyclables pour leur donner une seconde vie, ni en expliquant comment on fait fondre le verre pour le réutiliser plus tard… non, ils présentent les bénéfices du recyclage dans le quotidien de tout un chacun.

De la même façon, au lieu de parler du logiciel ou de ses licences, la communauté du FOSS doit davantage évoquer les problèmes tels que les droits, la protection de la vie privée et de la liberté d’expression des utilisateurs, des questions qui vont bien au-delà du clavier et de l’écran.

3) Se contenter d’imiter d’autres systèmes d’exploitation

Pendant des années, le FOSS a dû s’efforcer de rattraper le développement de Windows et d’OS X. C’était une nécessité incontournable, parce que le FOSS a commencé plus tard, et pendant longtemps, a disposé de moins de ressources que ses rivaux du monde propriétaire.

En outre, les utilisateurs changent d’autant plus facilement de système d’exploitation pour passer au libre que ce dernier ressemble à ce qu’ils connaissent. Et les développeurs ne vont pas non plus perdre leur temps à réinventer l’ordre des entrées de menu dans une fenêtre ou les raccourcis clavier pour copier ou coller.

Cependant l’imitation pose aussi des problèmes. Elle peut mener à copier à l’aveugle, par exemple à placer le menu principal en bas à gauche alors que c’est en haut à gauche qu’on le trouve le plus vite. Cela signifie aussi qu’on a toujours un train de retard, ce qui n’attire guère de nouvelles recrues – après tout, qui voudrait s’embarrasser d’un système d’exploitation qui n’est pas à jour ?

La vérité, c’est que dans un nombre croissant de domaines, y compris celui du bureau d’ordinateur et de la suite bureautique, le FOSS a déjà rattrapé les systèmes propriétaires, ou est en passe de le faire. Dans certains cas, tels que KDE4, le FOSS a pris la tête en ce qui concerne l’expérimentation. Mais la majeure partie de la communauté n’est pas encore passée de l’idée d’imitation à celle d’innovation, et cette absence de prise de conscience risque d’entraver les progrès du FOSS.

Comme l’indiquait justement Mark Shuttleworth de Canonical l’été dernier, il ne suffit pas d’égaler Apple. Le but devrait être de le dépasser.

4) Se méfier des nouveaux venus

Toute communauté tend à se replier sur elle-même. Du fait qu’elle est constituée de réseaux d’associations qui existent depuis des années, et que le statut de chacun y dépend de ses contributions, la communauté FOSS est probablement plus insulaire que la plupart. Un nouveau venu au FOSS doit à la fois maîtriser un certain volume d’expertise technique mais aussi tout un répertoire de connaissances et de principes implicites, avant de pouvoir espérer intégrer la communauté.

Tout cela est compréhensible, mais ne peut justifier l’impatience affichée ni le dédain que beaucoup de membres de la communauté infligent aux nouveaux venus. Trop souvent, j’ai vu des débutants animés de bonnes intentions, même s’ils étaient trop peu informés, perdre tout intérêt pour le FOSS parce que leurs questions basiques déclenchaient des répliques cinglantes dans lesquelles le commentaire dominant était : « RTFM » (NdT : Read The Fucking Manual, soit « Lisez Le Putain De Mode d’Emploi »).

Apparemment, beaucoup de membres de la communauté doivent encore prendre conscience que la plupart des gens ont pour premier réflexe de demander l’aide de quelqu’un avant de se documenter, ou que poser une question au lieu de se renseigner par soi-même est souvent autant une tentative d’établir le contact qu’un appel à l’aide.

Certes, tout le monde n’a pas la capacité d’assurer une aide technique. Mais si l’on créait un code de bonne conduite traitant spécifiquement de l’accueil des nouveaux venus, la communauté pourrait accueillir quelques recrues supplémentaires au lieu de les faire fuir. Ce serait aussi davantage en accord avec les quatre libertés du mouvement du logiciel libre, et avec la définition de l’Open Source, comme le soulignait récemment un blog sur GNUMedia.

5) Accorder aux développeurs un statut privilégié

Le mouvement du FOSS a pris naissance chez les développeurs, et leur travail reste un élément central du mouvement. Mais ce qui semble échapper à beaucoup, c’est que la communauté s’est étendue bien au-delà de son cercle d’origine. En ce qui concerne les projets d’envergure, en particulier, responsables de la documentation, testeurs, artistes, responsables du marketing et chefs de projet – sans parler des utilisateurs finaux – sont devenus des rouages essentiels. De plus en plus, la conception d’un logiciel libre prend la forme d’une collaboration entre personnes issues de divers domaines de compétence.

Malgré ce changement, néanmoins, on traite dans de nombreux projets les non-développeurs comme des collaborateurs de second ordre. Souvent, ils ne peuvent devenir membres à part entière du projet et n’ont pas voix au chapitre. Si un non-développeur émet une suggestion susceptible d’améliorer le projet, trop souvent la réponse qu’il obtiendra d’un développeur sera "Nous attendons ton code avec impatience", le développeur sachant très bien qu’il ne s’adresse pas à un codeur.

En de telles circonstances, difficile de reprocher aux non-développeurs de perdre leur enthousiasme pour un projet. Et sans eux, la plus grosse partie du travail nécessaire à un logiciel moderne ne sera simplement pas effectuée.

6) Passer son temps à cracher sur Microsoft

La communauté tout entière se méfie de Microsoft, et ce à juste titre, nulle autre entreprise de logiciel propriétaire n’a fait preuve d’autant d’hostilité à l’égard du FOSS, et ses tentatives récentes pour un réchauffement diplomatique sont trop hésitantes pour convaincre qui que ce soit. Toutefois, certains au sein de la communauté semblent plus motivés par l’envie exprimer bruyamment leur hostilité inébranlable à l’encontre de Microsoft que par le souci de défendre la liberté informatique.

Il serait bon de s’élever contre cette hostilité, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle se révèle contre-productive et ne contribue en rien à promouvoir les objectifs du FOSS. Comme le fait remarquer Joe Brockmeier, chef de file de la communauté openSUSE, et qui fut aussi mon collègue chez Linux.com, il semblerait que ceux qui passent leur temps à cracher sur Microsoft ne contribuent jamais à aucun projet.

Plus grave encore, ces râleurs patentés criant plus fort que tout le monde, on les prend souvent à tort, vu de l’extérieur, pour la majorité de la communauté, et l’on s’imagine que tout le monde dans l’univers du FOSS est gueulard et parano. Une telle perception ne risque pas d’encourager grand monde à s’impliquer. Et de nos jours, s’en prendre à Microsoft est tellement à la mode que les gueulards, et donc le FOSS tout entier, risquent d’être noyés dans la masse.

Mais la principale raison pour laquelle il faut rejeter ces violents préjugés anti-Microsoft, c’est qu’à cause d’eux la communauté risque de ne se montrer assez vigilante à l’égard d’autres adversaires aussi dangereux. Personne, par exemple, ne semble s’inquiéter des actes liberticides d’Apple, même si à bien des égards cette entreprise est en train de devenir le principal ennemi du logiciel libre.

En bref, quel que soit l’angle sous lequel on le considère, cet acharnement contre Microsoft est un frein dont la communauté doit se débarrasser, ou qu’elle doit reléguer au second plan.

7) Prendre comme modèle de croissance le mode de développement des entreprises commerciales

Avec le succès viennent les problèmes d’échelle. Lorsqu’on les identifie, il faut rapidement s’atteler à les résoudre, aussi est-il peut-être naturel aux projets FOSS de s’inspirer des procédés de développement des entreprises commerciales pour gérer leur croissance.

Quelles qu’en soient les raisons, les gros projets FOSS agissent de plus en plus comme des entreprises commerciales de logiciels. Les dates de publication fixes, par exemple, sont devenues la norme pour de nombreux projets, tels que GNOME, Ubuntu et Fedora, qu’il y ait ou non nécessité de publier une nouvelle mouture. Depuis peu, Mark Shuttleworth propose en outre une publication synchronisée pour les projets les plus importants, de sorte qu’il soit plus facile aux distributions de prévoir leur dates de publication, même si jusqu’à présent cette idée n’a pas trouvé un écho très favorable.

Dans certains cas, emprunter des idées aux entreprises commerciales peut se révéler utile. Il faut néanmoins garder à l’esprit que, même si le FOSS peut s’accorder avec un mode de fonctionnement commercial, ses objectifs sont différents. Qu’advient-il, par exemple, de la politique propre à l’Open Source (ne publier un logiciel que lorsqu’il est prêt) si un projet s’engage à des dates de sortie régulières ? Tôt ou tard, on ne pourra échapper à des problèmes de contrôle de qualité.

Plus important encore, le développement du FOSS reste dans la plupart des cas fondamentalement différent du développement d’un logiciel commercial. Dans de nombreux cas, les développeurs du FOSS comptent parmi eux une forte proportion de bénévoles, et sont souvent dispersés en davantage de lieux que les membres d’une équipe de développement d’un projet commercial. Étant donné ces circonstances, le FOSS doit, comme depuis ses origines, organiser le déroulement de ses travaux au fur et à mesure. Par exemple, comment mener à bien des phases de test lorsque les testeurs sont tous bénévoles ? En ce domaine, comme dans bien d’autres, le FOSS doit innover plutôt qu’emprunter ses idées ailleurs.

8) Placer les parts de marché en tête des priorités

Une blague bien connue dans l’univers du libre dit que l’objectif du FOSS est de devenir le maître du monde. Et qui, au sein de la communauté, ne ressent pas une certaine fierté quand un gouvernement ou une entreprise choisit de passer au libre, ou qu’une application comme Firefox gagne quelques points de parts de marché ?

Toutefois, comme je l’ai déjà écrit, attirer de nouveaux utilisateurs n’a aucun intérêt si on le fait au détriment des idéaux du libre, ou si ces nouveaux utilisateurs ne les défendent pas. Même s’il est grisant d’obtenir enfin la reconnaissance qui lui est due, la communauté ne doit pas oublier que le but du jeu n’est pas seulement de fournir des logiciels alternatifs, mais aussi une philosophie et un rapport à l’informatique alternatifs.

Si l’on emploie seulement ses efforts à gagner des parts de marché, ce qui semble être le cas d’un nombre croissant d’acteurs de la communauté, alors le libre assure sa défaite au moment même où il semble connaître le plus de succès.

9) Se contenter d’un système d’exploitation qui ne soit pas complètement libre

Maintenant que la communauté touche au but et qu’elle est à deux doigts de pouvoir proposer un système d’exploitation complètement libre, on pourrait croire que tout le monde voudrait donner un dernier coup de collier pour transformer l’essai. Pourtant, comme le montrent les réactions à la liste de priorités principales que la Free Software Foundation a récemment réactualisée, un nombre étonnant de membres de la communauté ne ressentent pas le besoin d’atteindre cet objectif final. Peu importe, disent-ils, s’ils doivent utiliser des pilotes propriétaires pour leur carte vidéo ou le Flash Player d’Adobe sur YouTube. D’après eux, nous sommes arrivés assez près du poste de travail libre pour ne pas chercher à combler les derniers trous, et au moins on peut télécharger gratuitement les éléments qui manquent.

Penser que la situation actuelle est assez satisfaisante n’est pas cohérent avec le souci d’excellence qui est la clé de voûte de l’Open Source. Plus important encore, cela signifie qu’on accepte l’échec, et qu’on abandonne le projet de fournir des systèmes d’exploitation alternatifs 100% libres. Pourquoi jeter l’éponge alors qu’on est si près du but ?

Débattre de ces problèmes

Ces comportements qui entravent le mouvement du logiciel libre sont bien sûr bien sûr une question de point de vue. J’imagine sans mal un défenseur de l’Open Source me rétorquer que se focaliser sur la liberté de l’utilisateur nuit à la diffusion en masse, ou le chef d’une entreprise dont l’activité est fondée sur le logiciel libre me répondre que considérer le libre comme un projet d’abord non commercial constitue un frein à la réussite.

Mais mon propos va au-delà de ces points précis. Le message que je veux vraiment faire passer, c’est que le libre a tellement gagné en importance, et si vite, qu’il n’a pas eu le temps de se demander si les comportements des débuts étaient encore pertinents ou si les nouvelles approches s’accordaient avec ses valeurs essentielles. Avant de croître davantage, la communauté doit se pencher sur ses modes de fonctionnement et les évaluer. Si elle ne le fait pas, elle risque, sinon de s’effondrer sous le poids des contradictions, du moins de se créer sans nécessité de lourds handicaps.

Notes

[1] Crédit photo : Foxypar4 (Creative Commons By)




La documentation sur le logiciel libre doit-elle être libre ?

Kennymatic - CC byTous les livres devraient-ils être « libres », au sens où ils seraient tous placés sous une licence libre ? Bien évidemment non. Si un auteur (romancier, essayiste, historien, poète…) ne souhaite pas voir son ouvrage modifié ou commercialisé sans son consentement, il en va de son plus respectable choix. Et puis n’oublions pas qu’au bout d’un certain temps le domaine public prend le relai (temps peut-être un peu trop long actuellement mais là n’est pas le propos).

Il existe cependant certains domaines bien précis où l’adoption de telles licences est à évaluer avec attention, surtout si l’objectif visé est l’édition, le partage et la diffusion de la connaissance, et plus particulièrement de la connaissance « en perpétuel mouvement ». On peut ainsi sans risque affirmer que l’encyclopédie Wikipédia et les manuels scolaires de Sésamath ne seraient pas ce qu’ils sont sans les licences libres qui les accompagnent.

Quant à la documentation des logiciels libres, ce choix apparait si ce n’est « naturel » en tout cas cohérent et pertinent. Car il s’agit non seulement d’une question de principe et de fidélité aux licences des logiciels libres mais également d’une question d’efficacité et de qualité collectivement déclinées. Avec à la clé une ressource utile et disponible constituant un atout supplémentaire pour faire connaître et diffuser le logiciel libre traité[1].

C’est ce que vient nous rappeler cet article du site Gnu.org que nous avons choisi de reproduire ici et qui encourage les éditeurs à vendre des manuels sous licences libres lorsque le sujet de l’ouvrage est un logiciel libre (ce qui n’est pas le cas actuellement, à quelques rares exceptions près comme, désolé pour la citation réflexive, la collection Framabook).

Il est bien évident que le principal frein est d’ordre financier. Les éditeurs « traditionnels » du monde informatique en langue française (Eyrolles, Dunod, ENI, Pearson, Campus Press, Micro Application…) imaginent qu’une mise sous licence libre de leurs ouvrages aurait un impact négatif sur les ventes, les bénéfices et le retour sur investissement. Cela reste difficile à prouver car la perte de clients potentiels (qui se contenteraient de la version numérique « gratuite ») est susceptible d’être compensée par une plus large publicité faite aux ouvrages en particulier parmi l’active et influente communauté du logiciel libre francophone (sans même évoquer la question du « capital sympathie » de l’éditeur qui pourrait s’en trouver là renforcée).

Wikipédia a atteint en quelques semaines les objectifs de sa campagne de dons (six millions de dollars), Sésamath possède des salariés rémunérés avant tout grâce à la « vente physique » de leurs manuels pourtant sous licence libre. Quant au plus modeste projet Framabook, son volume sur Ubuntu dépasse aujourd’hui les trois mille exemplaires achetés quand bien même cet achat se fasse encore presque exclusivement en ligne (et ce n’est pas fini puisqu’Ubuntu est bien partie pour durer encore un petit bout de temps).

N’ayez pas peur, comme dirait l’autre. Il me tarde de voir par exemple l’excellente collection Accès Libre d’Eyrolles porter encore mieux son nom.

Logiciels et manuels libres

Free Software and Free Manuals

GNU.org – dernière mise à jour : 24 mars 2008
(Traduction : Benjamin Drieu)

Le plus grand défaut des systèmes d’exploitation libres n’est pas dans le logiciel, mais dans le manque de bons manuels libres que nous pouvons y inclure. Beaucoup de nos programmes les plus importants ne sont pas fournis avec des manuels complets. La documentation est une partie essentielle de tout logiciel; quand un logiciel libre important n’est pas fourni avec un manuel libre, c’est un manque majeur. Aujourd’hui, nous avons de nombreux manques importants.

Il y a de nombreuses années, j’ai voulu essayer d’apprendre Perl. J’avais une copie d’un manuel libre, mais je ne l’ai pas trouvé facile d’accès. Lorsque j’ai demandé à des utilisateurs de Perl s’il existait une alternative, ils me dirent qu’il y avait de meilleurs manuels d’introduction, mais que ceux-ci n’étaient pas libres.

Mais pourquoi cela ? Les auteurs de ces bons manuels les ont écrit pour O’Reilly Associates, qui les publie sous des termes restrictifs (pas de copie, pas de modification, les sources ne sont pas disponibles). Cela les exclut de la communauté du logiciel libre.

Ce n’était pas la première fois que ce genre de choses se produisait, et (malheureusement pour notre communauté) c’en est loin d’être fini. Les éditeurs de manuels propriétaires ont encouragé un grand nombre d’auteurs à restreindre leurs manuels depuis. J’ai souvent entendu un utilisateur de GNU me parler d’un manuel qu’il était en train d’écrire et avec lequel il comptait aider le projet GNU, puis décevoir mes espoirs en expliquant qu’il avait signé un contrat avec un éditeur qui restreindrait son manuel de telle manière que nous ne pourrions pas l’utiliser.

Etant donné la rareté de bons rédacteurs en langue anglaise parmi les programmeurs, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre des manuels de cette manière.

L’intérêt d’une documentation libre (tout comme pour un logiciel libre) est la liberté, pas le prix. Le problème avec ces manuels n’était pas que O’Reilly Associates vende les versions imprimées de ses manuels, ce qui est bon en soi. (La Free Software Foundation vend aussi des impressions des manuels GNU). Mais les manuels GNU sont disponibles sous forme de code source, alors que ces manuels-là ne sont disponibles que sous forme imprimée. Les manuels de GNU sont distribués avec la permission de les copier et de les modifier; mais pas ces manuels de Perl. Ces restrictions sont le problème.

Les conditions à remplir pour un manuel libre sont à peu près les mêmes que pour un logiciel; il s’agit de donner à tous les utilisateurs certaines libertés. La redistribution (y compris une distribution commerciale) doit être autorisée afin que le manuel accompagne chaque copie du programme, de manière électronique ou imprimée. Permettre les modifications est crucial aussi.

En règle générale, je ne crois pas qu’il soit essentiel que nous ayons la permission de modifier toutes sortes d’articles ou de livres. Les problèmes de l’écriture ne sont pas forcément les mêmes que ceux du logiciel. Par exemple, je ne crois pas que vous ou moi devrions nous sentir obligés de donner la permission de modifier des articles tels que celui-ci, qui décrivent nos actions et nos positions.

Mais il y a une raison particulière pour laquelle la liberté de modifier des documentations libres traitant de logiciels libres est cruciale. Lorsque les programmeurs exercent leur droit de modifier un logiciel et d’ajouter ou de modifier des fonctionnalités, s’il sont consciencieux, ils changeront aussi le manuel afin de pouvoir fournir une documentation précise et utilisable avec leur propre version du programme. Un manuel qui interdirait aux programmeurs d’être consciencieux et de finir leur travail, ou qui leur imposerait d’écrire un nouveau manuel à partir de zéro s’ils modifient le programme ne répond pas aux besoins de notre communauté.

Même si un refus total des modifications est inacceptable, quelques limites sur la manière de modifier une documentation ne pose pas de problème. Par exemple, il est normal d’avoir des injonctions de préserver la notice de copyright originale, les termes de distribution ou la liste des auteurs. Il n’y a pas non plus de problème à demander que les versions modifiées incluent une notice expliquant qu’il s’agit d’une version modifiée, et même d’avoir des sections entières qui ne puissent ni être supprimées ni être modifiées, du moment qu’il ne s’agit pas de sections ayant trait à des sujets techniques (certains manuels GNU en ont).

Ce type de restrictions n’est pas un problème, car d’une manière pratique elles n’empêchent pas le programmeur consciencieux d’adapter le manuel pour correspondre au programme modifié. En d’autres termes, elles n’empêchent pas la communauté du logiciel libre de faire son oeuvre à la fois sur le programme et sur le manuel.

De toutes façons, il doit être possible de modifier toute la partie technique du manuel ; sinon ces restrictions bloquent la communauté, le manuel n’est pas libre, et nous avons besoin d’un autre manuel.

Malheureusement, il est souvent difficile de trouver quelqu’un pour écrire un autre manuel quand un manuel propriétaire existe déjà. L’obstacle est que la plupart des utilisateurs pensent qu’un manuel propriétaire est suffisament bon, alors ils ne ressentent pas le besoin d’écrire un manuel libre. Il ne voient pas qu’un système d’exploitation libre a une fissure qui nécessite un colmatage.

Pourquoi ces utilisateurs pensent-ils que les manuels propriétaires sont suffisament bons ? La plupart ne se sont pas penchés sur le problème. J’espère que cet article sera utile dans ce sens.

D’autres utilisateurs considèrent les manuels propriétaires acceptables pour la même raison qu’énormément de personnes considèrent le logiciel propriétaire acceptable : ils pensent en termes purement pratiques, sans mettre la liberté en compte. Ces personnes sont attachées à leurs opinions, mais comme ces opinions découlent de valeurs qui n’incluent pas la liberté, ils ne sont pas un modèle pour ceux d’entre nous qui s’attachent à la liberté.

Je vous encourage à parler de ce problème autour de vous. Nous continuons à perdre des manuels au profit d’éditions propriétaires. Si nous faisons savoir que les manuels propriétaires ne sont pas suffisants, peut-être que la prochaine personne qui voudra aider GNU en écrivant de la documentation réalisera, avant qu’il soit trop tard, qu’elle devra avant tout la rendre libre.

Nous pouvons de plus encourager les éditeurs à vendre des manuels libres et dénués de copyright au lieu de manuels propriétaires. Une façon de le faire est de vérifier les termes de distribution de manuels avant de les acheter, et de préférer les manuels sans copyright à des manuels copyrightés.

La reproduction exacte et la distribution intégrale de cet article est permise sur n’importe quel support d’archivage, pourvu que cette notice soit préservée.

Notes

[1] Crédit photo : Kennymatic (Creative Commons By)




Brève de comptoir sur le logiciel libre et la crise des subprimes

Saad Akhtar - CC byL’autre jour, je passe furtivement devant un écran de télévision et tombe sur une scène du film Witness où un Harrison Ford des beaux jours s’associe à toute la communauté Amish pour faire sortir de terre une grosse grange en bois le tout en une seule petite journée.

Ce n’était que du cinéma mais qui correspondait à une vieille tradition agricole connue sous le nom de barn raising. Le challenge est de construire collectivement, et dans un temps limité, un édifice en impliquant tous les membres d’une communauté (les hommes au charbon, les spécialistes aux tâches critiques, les vieux à la direction des opérations, les femmes au ravitaillement, et les jeunes qui regardent en prenant de la graine pour le futur). Le fruit de cette réalisation pouvant bénéficier à l’un des membres de la communauté (tels de jeunes mariés) ou à l’ensemble de la communauté (hangar, école, four à pain, etc.).

De retour à la maison, recherche sur le net… Et voici l’extrait sous vos yeux ébahis (et vos oreilles germanophones). Pratique, soit dit en passant, les Youtuberies & co, quand bien même on soit très souvent border line en ce qui concerne le copyright :

Au final, on se retrouve donc avec une maison créée en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Certes, si on veut l’eau, le gaz ou l’électricité c’est un peu plus compliqué dans la pratique mais le principe coopératif est là, tout comme l’esprit festif et le sentiment de savoir pourquoi l’on travaille.

Ci-joint également une autre illustration vidéo, prise dans la vraie vie cette fois et en 2007, histoire de témoigner du fait que tout ceci n’a pas complètement disparu :

Prenez maintenant l’origine de la crise des subprimes, c’est-à-dire rien moins que l’origine de la crise actuelle qui a vu s’évaporer des centaines de milliards de dollars. Il s’agissait également au départ de maisons et du désir légitime de posséder un toit pour des millions d’américains à faible revenu.

Sauf qu’ici :

  • Vous êtes tout seul[1]
  • Enfin pas tout à fait seul puisqu’il y a votre banquier
  • Votre banquier ne fait pas preuve de la même empathie à votre égard que la communauté Amish
  • Votre maison n’a pas été bâtie pour vous à plusieurs mains sur un air de fête, sachant que vous-même aviez contribué à bâtir plein d’autres maisons pour les autres
  • Ce n’est pas la maison « en 24h chrono » mais la maison « en plusieurs dizaines d’années d’endettement chrono »
  • Vous risquez d’être bientôt à la rue car expulsé de votre maison insolvable et impayée

Bon, où est-ce que je veux en venir… Ah oui, j’avais promis une brève de comptoir dans le titre alors la voici : Dans un monde où les valeurs du logiciel libre seraient davantage partagées, l’immobilier serait assurément plus amish et moins subprimes.

Délire d’une fin d’année trop arrosée ou petit fond de vérité ?

Notes

[1] Crédit photo : Saad Akhtar (Creative Commons By)




Linux est-il menacé par les anciens de chez Windows ?

Zach Klein - CC byC’est indéniable, le système d’exploitation GNU/Linux est en forte croissance et attire chaque jour de nouveaux utilisateurs. Parmi ces derniers, on compte une large part d’anciens utilisateurs Windows qui pour x raisons, à commencer par « la déception Vista », ne souhaitent plus continuer avec Microsoft.

Nous ne pouvons que nous en réjouir et vive la démocratisation Linux ! Sauf que cette nouvelle vague de migration n’est pas sans poser questions voire problèmes à la communauté Linux existante. En effet elle s’accompagne souvent d’un désir plus ou moins inavoué de voir Linux s’uniformiser et s’approcher le plus possible de Windows[1], quitte à le singer et prendre alors le risque de perdre sa propre identité.

Quand les utilisateurs de Windows veulent changer Linux… Comment réagir ?

How Windows Users are Changing Linux and What We Should Do About It

Linux Canuck’s Weblog – 3 décembre 2008
(Traduction Framalang : Goofy et Olivier)

Pas de doute, de nombreux utilisateurs ont décidé de quitter Windows pour s’en aller vers le Mac mais également vers Linux. Pour une part c’est parce qu’ils ne sont pas satisfaits de Vista. Mais ce n’est pas la raison qui importe ici, c’est ce qui en découle pour la communauté Linux.

Je suis actif sur plusieurs forums d’aide et je vois passer beaucoup de demandes. Un grand nombre d’entre elles viennent d’utilisateurs de Windows complètement perdus. Leur nombre et leur façon d’appréhender Linux ont une certaine influence. Personne n’a de statistiques précises, mais nous savons que la migration vers Linux va s’accroissant. Comme la plupart des nouveaux utilisateurs viennent de l’univers Windows, ils apportent avec eux leurs habitudes et leur expérience de Windows. Le passage n’est pas aussi aisé que la migration d’une version de Windows à l’autre, comme, disons, de passer de XP à Vista. Passer de XP à Linux est un choc pour beaucoup d’entre eux.

Heureusement, la communauté Linux est accueillante et a l’esprit large. Beaucoup d’entre nous étions dans la même situation qu’eux. Pas tous, cependant. Ce qui peut créer quelques problèmes : par exemple quand un gourou d’Unix demande à un débutant venu de Windows d’ouvrir un terminal et d’éditer GConf en ligne de commande avec Nano. Il est certain qu’un échange entre ces deux-là est fort intéressant. Mais pour une raison étrange c’est souvent la frustration qui prédomine pour chacun d’eux au final. Il faut s’attendre à de telles choses quand deux univers différents entrent en collision frontale…

Or nous découvrons que les utilisateurs de Windows ont sur la communauté Linux une influence que nous n’avions par prévue. Les utilisateurs de Windows n’ont pas l’habitude de choisir. À leurs yeux l’éventail des choix proposés sous Linux est déstabilisant.

Parlons d’abord du nombre de distributions. Par quel bout commencer pour faire son choix ? Chacun a son opinion, mais on ne sait pas qui croire. Si bien que les utilisateurs se fient à la réputation et à la popularité. Ils se peut qu’ils choisissent Fedora parce qu’ils savent que c’est un produit de Red Hat et qu’ils ont entendu dire que Red Hat est un poids lourd de Linux (pour les serveurs, mais ils ne font pas la différence). Ils n’ont pas conscience que Fedora n’est pas une distribution pour débutants et aucun argument ne les en fera démordre. Pire encore, ceux qui ont une ancienne version de Red Hat, qui veulent l’utiliser sur un vieil ordinateur de bureau et qui espèrent la voir fonctionner comme on leur a décrit Linux, de façon moderne et ergonomique. Et puis il y a Ubuntu. Ils l’utilisent parce que c’est la distribution que la plupart des gens utilisent. Il n’est donc pas surprenant que nos forums débordent de confusion et souvent même de frustration.

Voici donc où selon moi se trouve le problème. Cette frustration et cette confusion incitent les utilisateurs de Windows à déclarer que Linux devrait ressembler davantage à Windows. Ils veulent supprimer les choix et ils veulent que les choses soient standardisées. Pire encore, un petit nombre d’entre eux veulent changer Linux pour qu’il s’approche le plus possible de Windows. Nous devons donc être prêts à faire face à de telles déclarations et à préserver ce qui fait la spécificité de Linux.

Le problème survient souvent ingénument. Certains vont se trouver devant un problème d’installation de paquetage qui va leur faire dire quelque chose comme « c’est bien plus facile d’installer sous Windows ». Ce n’est pas le cas et nous devons leur expliquer pourquoi c’est faux et ce assez gentiment pour qu’ils ne soient pas rebutés. Ou encore ils peuvent demander quel est le meilleur programme antivirus à installer, ou bien comment défragmenter un disque, des choses classiques dans un environnement Windows mais qui n’ont pas d’équivalent sous Linux.

Vous pouvez entendre proclamer qu’il ne devrait pas y avoir autant de choix. Que ça submerge les débutants et que ce serait mieux s’il n’y avait qu’une seule distribution. J’ai lu hier encore un billet d’humeur à ce sujet. En fait, c’est assez fréquent. Ils disent quelque chose comme ça : « Linux a un problème et, s’il veut réussir, il faut qu’il concurrence Windows, par conséquent, Linux doit changer ». L’auteur de l’article poursuit en disant à quel point Linux ne peut se comparer favorablement avec Windows. La gestion des fichiers de configuration est « chaotique » et le besoin d’une base de registre centralisée se fait sentir. Il existe trop de gestionnaires de paquetages et donc les développeurs commerciaux ne peuvent pas tous les supporter, voilà ce qu’ils disent. Et puis le noyau change tout le temps à cause de sa gestion séparée…

Les critiques viennent de deux groupes, celui des débutants de base et celui des utilisateurs bien informés qui ont des besoins particuliers. Je suis certain que vous avez déjà entendu de telles récriminations, ainsi que l’idée que Linux est trop diversifié pour réussir un jour à s’imposer.

Le problème est que personne n’a jamais franchi le pas qu’ils voudraient voir franchir. Linux n’a nul besoin d’entrer en compétition avec quoi que ce soit. Il suit sa propre voie et se développe avec l’assentiment de tous. Par conséquent les seuls changements qui lui sont nécessaires relèvent de son évolution naturelle.

Linux est déjà un succès. Il n’a pas besoin de devenir ce qu’il n’est pas. Si, comme certains le souhaitent, Linux devait essayer de rivaliser avec Windows, il y perdrait son identité. Il deviendrait le modèle dominant et ne serait plus ce qu’il est, une alternative au modèle dominant.

Alors comment devons-nous répliquer face à de telles réclamations ? D’abord il nous faut être vigilants pour mieux les détecter. Ensuite, nous devons les identifier pour ce qu’elles sont, des tentatives de détournement de Linux. Nous devons tenir bon et être fiers de ce que nous avons, sans rêver à ce que cela pourrait devenir si par hasard nous leur emboitions le pas. Linux est ce qu’il est et Windows est ce qu’il est. Les utilisateurs ont le choix. Un point c’est tout.

D’un point de vue pratique, nous devons répondre de façon circonstanciée. Il faut éduquer les débutants, leur montrer comment se servir de Linux. Ils ont besoin de savoir pourquoi nous faisons les choses à notre manière et il faut leur rappeler que la force de Linux vient de sa diversité.

Ceux contre qui il est plus difficile de rétorquer, ce sont ceux qui publient des commentaires et qui bloguent, ceux qui connaissent Linux et ses particularités. Ils présentent ces dernières comme des erreurs et exposent leurs arguments. Dans ce cas de figure nous devons comprendre et nous former avant de leur répliquer. Nous devons leur exposer des arguments de poids pour expliquer que nous ne pouvons les suivre sur ce terrain. Pour cela nous devons savoir d’où ils viennent, vers quoi ils nous engagent et peut-être même quel est le motif secret qui les anime. Chacun a son petit secret.

Pour espérer défendre les couleurs de notre champion Linux, il nous faut être préparés à rester fermes sur nos positions. Nous devons tout d’abord accepter Linux tel qu’il est. Si nous-mêmes sommes d’accord avec ces détracteurs, nous devons apprendre pourquoi les choses sont ce qu’elles sont. Linux a une histoire. Il existe de bonnes raisons qui ont fait qu’il nous arrive ainsi aujourd’hui.

À chaque fois que les gens essaient de modifier radicalement le cours des choses, c’est un échec. Le changement révolutionnaire déclenche des forces incontrôlables. Au contraire, les évolutions construisent et améliorent les fondements. C’est plus lent mais c’est plus sûr. Linux change, mais change à sa manière. C’est sain et naturel.

Linux est Open Source, donc les gens sont libres d’en faire ce qu’ils veulent. Chacun, Microsoft compris, peut créer sa propre distribution qui fait précisément ce qu’on lui demande. Le problème c’est que cela ne produit pas le résultat escompté. Cela ne fait qu’accroître le nombre de distributions. En fait, c’est une révolution que certains veulent faire. Ils voudraient que Linux cesse d’être ce qu’il est pour que leur vision devienne une réalité. Ils ont besoin que les autres projets s’interrompent tout autant que de faire réussir les leurs. Voilà pourquoi de telles discussions sont intrinsèquement dangereuses, et pourquoi nous devons hausser le ton.

La plupart des utilisateurs de Linux sont bien informés et experts. Beaucoup sont également silencieux. Puisque Linux n’a pas de porte-parole, il ne peut compter que sur nous, ses utilisateurs et développeurs qui partageons la même idée. Nous devons proclamer ce que Linux représente et ne pas rester silencieux lorsqu’il est nécessaire de nous exprimer.

Parfois certains feraient mieux de s’abstenir de répondre. Les commentaires du genre « tu as tort », « tu es un crétin » ne sont pas constructifs. Ils montrent qu’on est passionné, mais pas grand-chose d’autre. Ceux qui émettent des critiques méritent qu’on leur explique pourquoi les choses sont telles qu’elles sont. Nous devons dire pourquoi nous ne partageons pas leur désir de changer ce qui est déjà bon.

Personnellement je me fiche de savoir où en est Microsoft. Je n’utilise pas Windows et ne l’utiliserai pas. Que Microsoft triomphe ou s’effondre n’est pas une question qui m’intéresse. Linux n’a nul besoin que Windows s’effondre pour réussir. Il n’y a pas de compétition dans mon esprit. Dès que les gens commencent à parler comme si elle existait, je me méfie de leurs motivations et de leurs intentions. Les gens qui écrivent que Windows 7 va tuer Linux ne comprennent manifestement ni Linux ni ses utilisateurs.

Nous n’allons pas partir à l’abordage dès que Microsoft lance quelque chose. Nous utilisons Linux parce qu’il correspond à nos besoins et traduit notre désir de liberté, de contrôle et de maitrise de notre ordinateur, ce que Microsoft ne poura jamais offrir. Chez Microsoft comme chez Apple, les objectifs sont diamétralement opposés. Ils conçoivent l’ordinateur comme quelque chose qu’ils devraient contrôler et par extension, ils aimeraient bien vous contrôler vous et vos habitudes. Les gens qui ont ça en tête ne choisissent pas Linux et ne le feront jamais. Voilà précisément le problème selon moi.

Microsoft déteste ce que représente Linux. Cela n’a rien à voir avec les problèmes pratiques tels que les expriment les gens qui veulent changer Linux pour qu’il ressemble à Windows. Cela a tout à voir avec la façon radicalement différente dont nous voyons les choses et le fait que pour la première fois ils entrent en compétition avec une idéologie qu’ils ne peuvent pas acheter comme une entreprise, si bien que leur solution est de changer l’idéologie, en lançant à ses trousses des gens qui soulèvent des problèmes pratiques. Tout cela fait partie d’une campagne d’intox à laquelle il se peut que certains s’activent délibérément, tandis que d’autres en sont les instruments inconscients, depuis longtemps avalés par la Machine.

Au bout du compte, il n’importe guère de savoir s’ils sont délibérément actifs ou passivement impliqués. Le fait est qu’ils sont en campagne. J’ai lu des rapports ces dernières semaines mentionnant que Microsoft offre des portables gratuits à des blogueurs et verse de l’argent à des entreprises pour que tous recommandent Windows. De là à envisager qu’ils paient des personnes et des entreprises de la même façon pour d’autres buts, il n’y a qu’un pas. Non seulement il est nécessaire pour Microsoft de s’attaquer à l’idéologie, mais la firme veut aussi réduire le fossé entre les deux systèmes d’exploitation de telle sorte que peu de choses les différencient. Ils veulent nous affadir pour nous détruire plus facilement.

Nous avons beaucoup à faire pour éviter ce résultat. Nous avons besoin de maintenir Linux sur sa lancée, pour que nous puissions être une alternative. Si nous ne sommes plus une alternative, nous n’avons plus rien à offrir, sinon un prix, et le prix à payer est une chose avec laquelle Microsoft sait très bien s’arranger.

Je conseille de parler haut et fort en faveur de Linux et de promouvoir l’unité de la communauté Linux. C’est normal d’avoir des rivalités amicales entre distributions, mais nous devons être sur nos gardes vis-à-vis d’attaques bien plus insidieuses venant de l’extérieur, et protéger ce que nous avons en commun. Si Linux doit changer, que cela demeure de l’intérieur.

Notes

[1] Crédit Photo : Zach Klein (Creative Commons By)




Au secours, mon livre est sous licence Microsoft !

Gwilmore - CC byDans son livre Rapture for the Geeks: When AI Outsmarts IQ, que l’on pourrait traduire par Au bonheur des geeks : Quand l’IA l’emporte sur le QI, Richard Dooling s’est amusé à imaginer son ouvrage sous un contrat de licence type de logiciels Microsoft en suivant presque mot à mot les termes de son contenu.

Le résultat est à la limite du surréalisme, jusqu’à se demander si ces licences Microsoft ne sont pas intrinsèquement surréalistes, quand bien même uniquement appliquées aux logiciels ! L’occasion du reste pour certains lecteurs[1] de ce blog sous Windows d’enfin lire « le contrat qu’on ne lit jamais » qu’ils ont passé à l’achat avec Microsoft.

Et si le CLUF de Microsoft s’appliquait aux livres

If Microsoft’s EULA Applied To Books

Richard Dooling – 7 octobre 2008
(Traduction Framalang : Don Rico et Yonnel)

RAPTURE FOR THE GEEKS : (VENTE AU DÉTAIL)

CONTRAT DE LICENCE POUR L’UTILISATEUR FINAL (CLUF)

Date de publication : 7 octobre 2008

1. CONCESSION DE LICENCE. Richard Dooling vous concède les droits suivants, sous réserve que vous respectiez les termes du présent CLUF :

2. INSTALLATION ET UTILISATION. Vous êtes autorisé à installer, utiliser, accéder à, afficher ou exécuter UN (1) EXEMPLAIRE DE CE LIVRE sur UNE SEULE PERSONNE, telle qu’un adulte, un homme, une femme, un adolescent ou tout autre être humain. Ce livre NE PEUT être lu par plus d’une personne.

3. ACTIVATION OBLIGATOIRE. Les droits de licence qui vous sont concédés au titre du présent CLUF sont limités aux trente (30) premières minutes à compter de votre installation initiale du LIVRE, à savoir son ouverture, à moins que vous ne fournissiez les informations requises pour activer votre exemplaire sous licence, de la manière décrite dans cette page. Il est possible que vous deviez également réactiver le livre si vous vous modifiez ou changez de personnalité. Par exemple, si vous vieillissez et gagnez en maturité, développez une maladie mentale, changez de régime alimentaire, ou recevez des membres ou des articulations artificiels, un pacemaker, des implants, ou bénéficiez d’une greffe d’organe, vous devrez alors réactiver votre licence avant d’être autorisé à pouvoir de nouveau consulter le livre.

4. UTILISATION FRAUDULEUSE. Ce livre contient des technologies conçues pour empêcher toute utilisation frauduleuse ou illégale du livre. Un puce intégrée permet à l’éditeur de scanner vos rétines de temps à autre afin de s’assurer que c’est bien VOUS et VOUS SEULEMENT qui lisez ce livre, et non quelque pirate voleur de livres. Au cours de ce processus, Richard Dooling ne collectera sur vous aucune information permettant de vous identifier personnellement, mais seulement des échantillons de sang, de tissus organiques et de moelle épinière (de force si nécessaire) afin de déterminer votre séquence d’ADN. Si vous ne disposez pas d’un exemplaire sous licence valable du livre, vous n’êtes pas autorisé à lire le livre ni ses mises à jour ultérieures.

5. TRANSFERT DU LIVRE. Vous êtes autorisé à effectuer un transfert permanent du livre à un autre utilisateur final, mais après ledit transfert vous devrez procéder à la suppression de tout souvenir du livre présent dans le cerveau du lecteur précédent. Si le livre était mémorable au point que les souvenirs ne peuvent être totalement retirés du lecteur précédent, exécutez ce dernier avec le moins de cruauté possible (liste des méthodes à employer fournie en Appendice A) et adressez sous pli la preuve de l’exécution et l’acte de décès (avec cachet du notaire) à Richard Dooling, à l’adresse indiquée ci-dessous.

6. RÉSILIATION. Sans préjudice de tous autres droits, Richard Dooling pourra résilier le présent CLUF si vous n’en respectez pas les termes. Dans ce cas, vous devrez détruire tous les exemplaires de ce livre et tous ses composants, détruire toute note que vous auriez prise concernant ce livre, et oublier tout passage du livre que vous seriez tenté de vous remémorer. Si vous trouvez ce livre absolument inoubliable, décapitez-vous et envoyez votre tête par colis postal à Richard Dooling, afin d’obtenir un remboursement de 50$. Veillez bien à joindre l’original de votre facture (pas de photocopie !), le code-barre préalablement découpé sur la couverture du livre, et le formulaire de remboursement fourni dans votre exemplaire, que vous prendrez soin de remplir avant de détacher et poster votre tête.

7. PROTÉGEZ-VOUS ! Ne lisez que des livres authentiques achetés chez un revendeur autorisé. Ne téléchargez pas de livres piratés ! Chaque fois que vous lisez un livre contrefait, vous encourez de graves dangers. Dans une enquête récente, un institut mandaté par Richard Dooling a montré que 25% des sites Web proposant des exemplaires piratés de livres tentaient également d’installer des espiogiciels et des troyens susceptibles d’endommager votre système d’exploitation et de vous empêcher de consulter des sites porno sur votre ordinateur dans de bonnes conditions.

Assurez-vous que votre exemplaire de Rapture for the Geeks est AUTHENTIQUE ! Vous bénéficierez alors d’un accès facile aux mises à jour, suites, deuxième et troisième éditions du livre, téléchargements, support technique et offres spéciales. Validez SANS TARDER votre exemplaire de Rapture for the Geeks grâce au Richard Dooling’s Genuine Advantage !

À présent, si vous êtes sûr d’être en possession d’un exemplaire AUTHENTIQUE de Rapture for the Geeks, il est sans doute sans danger de poursuivre.

Extrait de Rapture for the Geeks: When AI Outsmarts IQ, par Richard Dooling.

Notes

[1] Crédit photo : Gwilmore (Creative Commons By)