Combien d’écoles Jean-Macé en France ?

Tinou Bao - CC byLe titre de ce billet fait naturellement écho à Combien de lycées Sud Médoc en France ? où nous feignions d’interroger la situation française alors qu’il ne s’agissait que de mettre en valeur une remarquable initiative locale, fort justement relayée par la presse.

Il en va de même ici, non plus dans le secondaire mais dans le primaire, à l’école Jean-Macé d’Hazebrouck[1].

Cette école ne disposait pas de salle informatique. Lacune aujourd’hui comblée avec une quinzaine de postes qui, depuis décembre, tournent sous le système d’exploitation GNU/Linux.

C’est déjà remarquable en soi mais ce qui l’est peut-être tout autant voire plus, c’est d’avoir fait constater par l’autorité de tutelle, à savoir ici l’Inspection académique, que « l’absence Microsoft » ne pénalise nullement les usages pédagogiques et l’obtention du B2i, bien au contraire.

Un événement rapporté comme il se doit par les journaux locaux (voir ci-dessous), et le moins que l’on puisse dire c’est que cela fait plaisir à lire.

Source de l’information sur le site de l’école

Du matériel informatique neuf et innovant à l’école Jean-Macé

Image scannée de l'article de la Voix du Nord6 avril 2009 – La Voix du Nord

Mardi après-midi, deux conseillers en technologies de l’information et de la communication (TICE) sont venus s’enquérir du bon fonctionnement de la salle informatique de l’école Jean-Macé. Un site précurseur en la matière.

La municipalité a décidé de restaurer le parc informatique des écoles de la commune. Première à bénéficier de cette politique, l’école Jean-Macé fait figure de site pilote. En effet, son nouveau matériel, quinze unités centrales, fonctionne avec un système d’exploitation libre.

Des utilisateurs conquis

« L’intérêt de notre visite, c’est de vérifier que tout se déroule correctement et que l’utilisation d’un système d’exploitation libre est pertinente pour la délivrance du B2I, Brevet informatique et Internet, aux enfants de CM 2 », explique Thierry Heuguebart, conseiller en TICE pour le secteur d’Hazebrouck, venu, mardi, accompagné de Luc Simon, son homologue pour l’inspection académique du Nord.

Le moins que l’on puisse dire est que tous les utilisateurs sont conquis. Enseignants et élèves n’ont eu aucun mal à s’adapter au nouveau logiciel qui permet de sortir de la logique Windows.

Le directeur de l’établissement, Stéphane Olivier, ne cache pas lui non plus sa satisfaction devant l’investissement municipal. « Désormais, chaque élève dispose du même équipement. Avant, tout était dépareillé. Nous n’avons plus de bug et, grâce au serveur, nous sommes tous en ligne », s’enthousiasme-t-il.

Les écoliers expérimentent le logiciel libre

Image scannée de l'article de l'Indicateur des FlandresA. R.-M. – 9 avril 2009 – L’Indicateur des Flandres

Avec quinze ordinateurs neufs, élèves et enseignants de l’école Jean-Macé ont de quoi se réjouir. La municipalité d’Hazebrouck a décidé, sous la responsabilité de l’adjoint aux Affaires scolaires, Michel Labitte, de renouveler chaque année le parc informatique d’une école.

Cette politique volontariste en terme d’informatique ne s’arrête pas là puisque depuis le mois de décembre, les écoliers travaillent sous Linux, un système d’exploitation libre et donc gratuit, dans le cadre d’une expérimentation autorisée par l’Éducation nationale. Ce test a des répercussions économiques : la municipalité de devra plus payer le système Microsoft, ni acheter ses logiciels.

Ce qui intéressent davantage élus, enseignants et représentants de l’Inspection académique, qui étaient en visite mardi 31 mars à l’école Jean-Macé, c’est l’aspect d’ouverture d’esprit. Professeurs comme élèves découvrent qu’il existe d’autres systèmes d’exploitation que celui lancé par l’américain Bill Gates, Microsoft, devenu incontournable puisqu’il est vendu avec chaque ordinateur neuf. Cela pourrait bien changer car la commission européenne s’inquiète de ce monopole.

Dans les faits, les enfants ne se rendent pas compte de la différence. Ils viennent dans cette salle informatique pour acquérir des connaissances en français ou encore en mathématiques, avec une certaine autonomie, tout en s’initiant aux nouvelles technologies dans le cadre du B2i. Quant aux professeurs, ils ont tous reçu une formation dispensée par Thierry Heuguebart, conseiller pédagogique TIC (technologies de l’information et de la communication) dans la circonscription d’Hazebrouck.

Le directeur, Stéphane Olivier, confirme : « Le changement de logiciel s’est fait sans problème ». L’expérience semble donc concluante. La municipalité devrait poursuivre dans cette voie, tout comme l’Éducation nationale. Autre avantage non négligeable de l’expérience : le responsable informatique de la mairie, Grégory Houte, n’est plus dérangé fréquemment à cause de problèmes techniques. Quand un ordinateur ne répond plus, le serveur le réinitialise et l’enfant peut reprendre son travail.

Notes

[1] Crédit photo : Tinou Bao (Creative Commons By)




Dans la famille des futurs objets libres je demande la voiture

lammersch - CC by-sa« La route est longue mais la voie est libre » est devenu avec le temps le mantra slogan de Framasoft. Certes, mais encore faudrait-il s’intéresser au futur véhicule qui nous portera loin sur ce chemin !

Né au pays de Rembrandt, le projet « c,mm,n » d’une automobile libre et écologique est sur le papier un possible candidat.

Difficile de dire si cela aboutira et sortira du concept pour se matérialiser et surtout se commercialiser. Mais l’idée est bonne, belle et innovante.

La présentation officielle pourrait se traduire ainsi :

C,mm,n est une initiative de la Société néerlandaise pour la nature et l’environnement, et des universités scientifiques de Delft, Twente et Eindhoven. Ensemble, ils ont créé c,mm,n : un concept d’automobile durable, destiné aux villes de l’Europe occidentale du futur.

C,mm,n est un concept innovant pour la mobilité, une nouvelle façon de développer, de fabriquer et d’utiliser les voitures. En rendant publics les plans de la c,mm,n, sous une licence Open Source, nous pouvons développer une mobilité vraiment durable. Tout comme les logiciels Open Source, c,mm,n fonctionne grâce aux services autour du projet. Vous pouvez utiliser c,mm,n pour proposer du leasing, de la location ou d’autres services de mobilité. Il est aussi possible de vendre c,mm,n, sachant que vous rendez alors disponible publiquement toute œuvre dérivée.

Dis comme cela, on est impatient de la voir rouler[1] cette c,mm,n ! Décidément le Libre n’en finit pas d’explorer de nouvelles contrées…

Pour en savoir plus nous avons également traduit un récent billet blog qui évoque le sujet.

Une voiture écolo Open Source, conçue dans un wiki

Open source eco-car, designed by wiki

Paul Coppes – 14 avril 2009 – Springwise
(Traduction Framalang : Yonnel)

Les partisans des logiciels libres et Open Source connaissent déjà les bénéfices d’une approche collaborative, de partage, dans le design. Et c’est maintenant au monde de l’automobile de goûter à l’Open Source, grâce à un projet venant des Pays-Bas, qui porte le nom de c,mm,n.

lammersch - CC by-saC’est la mobilité durable qui a motivé le projet c,mm,n (apparemment, on prononce « common »), une initiative de Stichting Natuur en Milieu (la Société néerlandaise pour la nature et l’environnement) menée conjointement avec les universités techniques de Delft, Twente et Eindhoven. Avec en point de mire l’objectitf de bâtir un modèle pour les voitures de 2020, le premier prototype de voiture au design collaboratif a été dévoilé récemment, au salon AutoRAI d’Amsterdam.

Se targuant d’un « zéro émission », cette voiture à hydrogène possède une carrosserie thermoplastique légère (qui permet donc des économies d’énergie) et un intérieur comprenant des mousses à mémoire de forme à base de soja, et d’autres matériaux recyclables. Ce que ses développeurs appellent « affichage en rivière » est censé fonctionner comme un iPhone, accédant à de nombreuses informations dont le GPS, le covoiturage et autres systèmes d’optimisation de l’efficacité énergétique.
Ce véhicule est également optimisé pour réduire au maximum la dévalorisation et les réparations. Les matériaux du châssis, par exemple, ne durent que trois ans ; après, la voiture doit repartir à l’usine pour y être reconstruite.

Mais le paradigme le plus révolutionnaire de tous, c’est que les plans de la voiture sont mis à la disposition de tous, sous une licence Open Source, afin que son design puisse être utilisé et modifié par d’autres, tant que toute œuvre dérivée est aussi partagée publiquement. Plus de 800 personnes participent actuellement à c,mm,n à travers le wiki de la « c,mm,nauté » et des développeurs. Une vidéo sur Youtube (texte en néerlandais) propose une simulation informatique de la c,mm,n en action.

Étant donné le penchant de la Génération C(ontenu) pour la contribution à la création de contenu et la participation à tout ce qui est important (ou pas), il n’est pas surprenant que le logiciel Open Source gagne du terrain. Est-ce que le même concept « roulera » dans le monde de l’automobile ? Seul l’avenir nous le dira. D’ici là, en voilà une qu’il faudra surveiller, à moins que vous ne préfériez carrément participer !

Notes

[1] Crédit photos : 1. lammersch (Creative Commons By-Sa) – 2. lammersch (Creative Commons By-Sa)




Combien de lycées Sud Médoc en France ?

Mr. Theklan - CC by-saLe lycée Sud Médoc de Bordeaux propose à ses élèves un atelier Cinéma, un atelier Théâtre et un atelier… « Informatique et Logiciels Libres » !

Il ne s’agit pas d’un atelier informatique où figureraient, entre autres, les logiciels libres, c’est directement dans le titre et révèle l’importance qu’on souhaite leur accorder.

La présentation en est fort intéressante et a valeur d’exemple aussi bien au niveau du contenu que dans la volonté de nouer des partenariats dynamiques et pertinents avec le monde extérieur.

Il s’agit en effet de découvrir et promouvoir les plate-formes d’exploitation et les logciels libres, de s’initier à la programmation sous Linux et à la DAO grâce à des outils comme GIMP, Inkscape et Blender. Parmi les partenaires, on trouve l’ENSEIRB de Talence dont les étudiants viennent le samedi matin pour enseigner aux élèves du club la programmation en C et C++, la Cyber-base de Saint-Médard en Jalles pour la DAO, ainsi que la célèbre association ABUL (les créateurs des RMLL !) et Médias-Cité (les créateurs d’Expo Libre !).

Par ailleurs des événements sont organisés. Les élèves du club s’en vont ainsi dans les classes présenter les logiciels libres auprès de leurs camarades de Seconde. Et, avec l’aimable autorisation de Monsieur le proviseur, des conférences associées à des install-parties sont mises en place.

Enfin voici ce qu’il est explicitement précisé :

Les élèves du club fonctionnent sur le mode du tutorat et selon les principes des logiciels libres : « Si tu ne sais pas demandes, si tu sais tu partages ». La mutualisation des savoirs est à l’origine des logiciels libres et c’est une règle de conduite dans ce club.

Si un élève[1] inscrit à cet atelier passe pas ici, qu’il n’hésite surtout pas à apporter son témoignage !

Tous les acteurs impliqués dans le projet méritent à n’en pas douter d’avoir connu aujourd’hui les honneurs d’un encart dans la Grande Presse, en l’occurrence le journal Sud Ouest, que nous nous sommes permis de reproduire ci-dessous.

On notera que le conférence du jour place les logiciels libres au niveau des enjeux de société. Si ça n’est pas encore une bonne idée ça…

On n’est pas là pour distribuer des bons points mais nous tirons notre chapeau à cette emblématique initiative locale. Bravo, merci, et comme ne dirait pas Chrisitine Albanel, nous vous souhaitons de faire des eMules 😉

Edit : On pourra lire aussi l’article parallèle Combien d’écoles Jean-Macé en France ?

Le lycée Sud-Médoc fait la part belle aux logiciels libres

URL d’origine du document

18 avril 2009 – SudOuest.com

INFORMATIQUE. L’intérêt des élèves pour l’univers de Linux et de la programmation, encouragé par l’établissement, ne se dément pas

Le lycée Sud-Médoc a organisé dernièrement sa demi-journée annuelle sur les logiciels libres. Ces logiciels sont gratuites. L’expression « logiciel libre » fait référence à la liberté pour les utilisateurs d’exécuter, de copier, de distribuer, d’étudier, de modifier et d’améliorer le logiciel.

La manifestation s’organisait autour d’une conférence de Jean Perrochaud, sur le thème : « Les logiciels libres : quels enjeux de société ? », au nom de l’Association bordelaise des utilisateurs de logiciels libres.

Partenariat avec l’Enseirb

En parallèle, des animations étaient organisées : présentation de film d’animation par Joël Houdin de Cyberbase, install-party (installation de systèmes d’exploitation Linux sur les ordinateurs) et lan-party (jeux en réseaux, toujours des jeux libres et gratuits) proposés par les élèves de l’Atelier logiciels libres et programmation du lycée Sud-Médoc et deux « anciens » actuellement dans l’enseignement supérieur.

Médias-cité avait prêté un matériel important. Il y eut un moment fort avec la signature confirmant officiellement le partenariat avec l’Enseirb de Talence par son directeur et par M. Bellicchi, proviseur du lycée Sud-Médoc.

En effet, les étudiants viennent pour la 5e année consécutive le samedi matin au lycée pour un tutorat en programmation au profit de des élèves de l’Atelier. Ces derniers ont toujours été soutenus dans cette activité par le proviseur de l’établissement, qui obtient en retour des résultats très encourageants et une réelle gratitude de la part des élèves.

Notes

[1] Crédit photo : Mr Theklan (Creative Commons By-Sa)




L’avenir du livre reste à écrire…

Richardmasoner - CC by-saLe succès récent du lecteur de livre électronique Kindle 2 d’Amazon est venu nous rappeler que le monde de l’édition ne pourra être longtemps épargné par les bouleversements technologiques actuels. Ce n’est qu’une question de temps, celui que mettra l’industrie à nous offrir un réel confort de lecture numérique, accompagnée par une offre plurielle au prix raisonnable et… aux formats ouverts !

Le meilleur moyen d’appréhender la nouvelle donne qui s’annonce et d’en mesurer dès à présent les enjeux est certainement de parcourir l’excellent blog La Feuille.

Quant à nous, après avoir évoqué, non sans ironie, la question du piratage, nous vous proposons une traduction du Guardian qui témoigne du fait que, comme pour la musique, c’est tout la chaîne de production qui risque d’être bientôt impactée[1].

Sans oublier bien sûr notre projet de livres libres Framabook en partenariat avec InLibroVeritas (et Les Complexes).

L’avenir de l’édition : aussi terrifiant qu’un récit de Stephen King ?

The future of publishing: as frightening as any Stephen King story?

Naomi Alderman – 17 février 2009 – The Guardian
(Traduction Framalang : DonRico et Goofy)

Pour le livre électronique, on est à mille lieues de se soucier du piratage.

La révolution du livre électronique est peut-être en marche. L’année dernière, Amazon a sorti son lecteur d’e-books, le Kindle, et estime qu’il s’en est vendu plus que d’iPods lors de leur première année de commercialisation. Il y a peu, Amazon a sorti le Kindle 2, lequel était accompagné, pour fêter l’événement, d’une nouvelle écrite pour l’occasion par Stephen King.

Parmi mes interlocuteurs dans le monde de l’édition – auteurs, agents, responsables éditoriaux et éditeurs d’œuvres numériques –, la portée d’une révolution du livre électronique suscite à la fois un grand intérêt et une vive inquiétude. Les éditeurs craignent les possibilités de piratage. Si l’on prend l’exemple de l’industrie du disque, cette inquiétude peut sembler légitime. Trouver des livres électroniques piratés n’a rien de difficile : en cherchant « eBook Stephen King » sur Google, on récolte des tas de liens. Cela ne pose pas de problème pour l’instant car dans leur grande majorité, les lecteurs n’aiment pas lire de longues œuvres sur un écran d’ordinateur. Si un appareil offrant un plus grand confort de lecture se démocratisait – et même le Kindle permet à ses utilisateurs de lire des PDF grâce à un système de conversion « expérimentale » –, la donne changerait rapidement.

Mais les inquiétudes concernant le piratage ne sont peut-être qu’un leurre. La démocratisation du lecteur de livres électroniques pourrait avoir un effet bien plus immédiat et plus profond sur la façon dont on publiera et vendra les livres, et Stephen King nous en a offert un parfait exemple. En 2000, il a publié son roman The Plant sous forme d’e-book, découpé en épisodes. Il l’a mis à disposition sur son site Web, se passant ainsi d’éditeur. Dans les grandes lignes, l’expérience s’est soldée par un échec : on peut lire d’intéressantes analyses à ce propos sur Salon, Wikipédia et Another Sky Press. La démarche fonctionnait selon un modèle économique très particulier, mais la plupart des lecteurs potentiels ne possédaient pas d’appareil sur lequel il était plaisant de lire un long e-book.

Si les ventes de lecteurs d’e-books décollaient, en revanche, des auteurs de renom tel que Stephen King pourraient passer à l’auto-publication. Et cela pourrait marquer la fin du système éditorial tel que nous connaissons à l’heure actuelle. À cause de la structure de l’édition, ce sont les auteurs de renom dont les livres se vendent par millions qui, de fait, soutiennent l’industrie à bout de bras. J’ai lu diverses statistiques concernant le pourcentage de livres qui génèrent vraiment des bénéfices. Un agent littéraire que j’interrogeais m’a expliqué que 95% des œuvres publiées n’étaient pas rentables. D’autres m’ont indiqué des nombres moins élevés. Quoi qu’il en soit, tout le monde s’accorde à dire qu’une grande majorité des bénéfices provient d’une petite minorité d’auteurs.

Si Stephen King, Dan Brown, JK Rowling et Patricia Cornwell décidaient de concert de vendre leurs livres eux-mêmes en ligne au lieu de passer par une maison d’édition, ils en tireraient sans aucun doute des avantages financiers. En gros, un auteur ne touche qu’une livre (Ndt : un peu plus d’un euro) sur chaque exemplaire vendu. Au lieu de s’en remettre à un éditeur, les auteurs de renom pourraient se permettre de n’employer qu’un assistant d’édition, un attaché de presse, un compositeur et un graphiste. Ils pourraient vendre leurs livres seulement 2 ou 3 livres et gagner malgré tout plus d’argent qu’avec le système actuel.

Mais sans les revenus générés par ces auteurs pour maintenir à flot les éditeurs, le système actuel ne serait plus viable. Que se passerait-il alors ? Difficile de le savoir. À l’évidence, les maisons d’éditions devraient réduire leur taille, et les auteurs qui ne connaissent pas un immense succès international ne pourraient bénéficier d’avances sur droits d’auteurs fort utiles. Il serait plus difficile de continuer à écrire lorsqu’on serait un écrivain moyennement vendeur, à moins de bénéficier d’une source de revenus personnelle. Les lecteurs chercheraient toujours à découvrir de nouveaux auteurs formidables, aussi les marques des éditeurs connus conserveraient leur valeur, car elles permettraient aux lecteurs de séparer le bon grain de l’ivraie. Mais Penguin, Harper Collins et Random House pourraient se réduire à des icônes sur des canaux d’agrégateurs de livres électroniques et n’être plus les moteurs de la production éditoriale qu’elles sont aujourd’hui.

Étant moi-même auteur, j’évoque souvent les mérites du livre électronique et l’intérêt que je porte aux nouvelles possibilités de création qu’il permet. De plus, je ne doute pas que les lecteurs auront toujours envie de lire d’excellents livres. Mais toute révolution est terrifiante, et celle-ci pourrait être aussi effrayante qu’une histoire de Stephen King.

Notes

[1] Crédit photo : Richardmasoner (Creative Commons By-Sa)




Les pirates somaliens ne téléchargent pas sur Internet

Peasap - CC byQuel est le point commun entre un adolescent qui récupère puis partage sur eMule le dernier tube à la mode et un bandit somalien sans scrupule écumant la mer à la recherche de navires à aborder puis dérouter contre rançon ?

Vous avez bien entendu deviné : ce sont tous les deux des « pirates ».

Dans la mesure où l’actualité récente est venue nous rappeler qu’il existait encore de « vrais » pirates, on peut légitimement se demander si ce vocable est forcément adapté à notre adolescent[1] qui serait le premier surpris d’être comparé à de tels individus.

Faut-il enfin arrêter de parler de « piratage » ?

Is it time to stop using the word ‘piracy’?

Bobbie Johnson – 16 avril 2009 – The Guardian
(Traduction Framalang : Yonnel)

Faut-il enfin arrêter de parler de « piratage » ? C’est du moins un avis très répandu. Dans l’actualité récente, on a beaucoup parlé à la fois de la piraterie sur les mers et sur les réseaux, une coïncidence venue à point nommé pour faire ressortir les différences marquées entre ces deux phénomènes.

On souligne que les activités des rebelles de l’ère numérique, comme The Pirate Bay, ne pourraient pas être plus éloignées de la violence et de la cruauté des pirates somaliens, affairés dans une succession de batailles sanglantes au large des côtes de l’Afrique orientale.

La dernière remise en question de l’usage du mot « piratage » pour décrire la copie numérique vient de Stephen Dubner, un des auteurs du best-seller Freakonomics.

« C’était un nom bien trouvé, au moins au début. Les films, la musique, les jeux, et même les livres piratés – ah ouais, voilà, les hors-la-loi qui volent les institutions, qui créent de la richesse pour tout un chacun », analyse-t-il sur son blog. « Mais depuis ces dernières semaines, avec les attaques des vrais pirates qui ont crû en intensité, en violence et en importance géopolitique, appeler pirates les voleurs du numérique a semblé de moins en moins pertinent et de plus en plus excessif. »

Certains mettent en évidence depuis longtemps cette tension entre les différents usages de ce terme. Richard Stallman, le fondateur de la Free Software Foundation, réputé pour être tatillon sur les mots, a déjà une longue liste d’expressions qui le troublent (dont « libre/gratuit », « créateur » et « écosystème »). Il pense que l’usage du mot piraterie a toujours fait partie de la propagande des éditeurs.

« Ils insinuent que c’est équivalent, d’un point de vue éthique, à l’attaque de navires en pleine mer, à l’enlèvement et au meurtre de passagers », accuse-t-il. On peut trouver cela extrême – après tout, la plupart d’entre nous sont susceptibles d’avoir des images de corsaires, du capitaine Jack Sparrow (NdT : Pirates des Caraïbes !) ou de Long John Silver (NdT : L’Ile au Trésor, de Robert Louis Stevenson), mais même cette semaine la Business Software Alliance (NdT : la BSA) faisait avec d’autres la comparaison directe avec les événements au large de l’Afrique dans sa campagne contre les infractions au copyright.

Alors, comment en parler ? Stallman propose « copie non autorisée », « copie prohibée », voire même « partage d’information avec son prochain ». Dubner, de son côté, a gribouillé le terme « dobbery » (NdT : digital robbery, vol numérique), qui est non seulement problématique, mais possède tout ce qu’il faut pour être au moins autant sujet à controverse que son prédécesseur.

John Gruber, l’auteur du blog Daring Fireball, suggère que nous n’avons pas besoin de nouveaux mots ou de nouvelles expressions : « le mot trafic est déjà adapté » (NdT : ou contrebande), écrit Gruber. Il est peut-être lui aussi fortement connoté, mais au moins il a derrière lui une longue histoire dans le monde de la musique, qui précède le piratage des fichiers numériques, et on l’associe à autre chose.

Il n’en demeure pas moins que quel que soit le mot qui fera l’union des anti-piratages, leur combat pourrait être de longue haleine. Les pirates somaliens ont beau faire la une aujourd’hui, les événements passés, notamment en mer de Chine méridionale, qu’il s’agisse de vols, enlèvements ou meurtres, n’ont pas réussi à bouleverser le langage. Il est peut-être temps d’admettre que le bateau a déjà mis les voiles.

Notes

[1] Crédit Photo : Peasap (Creative Commons By)




Leçon n°1 : Cliquer sur le gros E bleu permet d’accéder à Internet

Tajai - CC byCe blog n’est pas le dernier à le constater : les enseignants et le logiciel libre, c’est parfois tout un poème…

Enfin surtout aux États-Unis où un enseignant se propose carrément ci-dessous « d’éduquer ses collègues au Libre », et de se demander au passage si la situation ne serait pas meilleure ailleurs.

En Angleterre certainement, mais en France ?

C’est, en l’absence de statistiques fiables, difficile à évaluer[1]. En bas ça fourmille à n’en pas douter d’initiatives pas forcément médiatisées, mais en haut ?

En haut, ça coince toujours pour je ne sais quelles obscures raisons. Où sont les documents d’informations, les plans d’action ou les directives courageuses ? Et confier la chose à Microsoft ou Google n’est certainement pas la solution…

Il faut éduquer les profs au Libre

Teachers Need An Open Source Education

Matt Hartley – 27 janvier 2009 – Datamation
(Traduction Framalang : Daria, Don Rico et Tyah)

Vous rappelez-vous en 2008, quand un professeur nommé « Karen » avait interdit à ses élèves d’utiliser Linux ? Apparemment, dans son raisonnement, des élèves qui utilisaient Linux étaient sans doute impliqués dans des pratiques illégales.

Elle s’est plus tard excusée même si dans les deux camps on a continué à se crêper le chignon. Il me semble que ce ne sont pas seulement les acteurs du logiciel propriétaire qui ne connaissent rien aux logiciels Open Source. Il semblerait qu’à présent le groupe des fanas de la désinformation inclut aussi les professeurs.

C’est la liberté qui compte, pas la gratuité

Malgré la croissance récente dans l’adoption des logiciels Open Source sur les plateformes propriétaires, il reste d’innombrables responsables et décisionnaires qui ignorent tout des logiciels libres/Open Source (Free/Open Source Software : FOSS). Et pour être complètement juste, il n’est pas difficile d’imaginer le trouble d’un professeur bombardé par le discours des présentateurs des grands médias qui passent plus de temps à brandir la menace du « piratage de logiciels » qu’à parler de leurs alternatives libres (FOSS).

Même les « freeware » (gratuiciels) peuvent être échangés illégalement puisqu’ils contiennent souvent un accord de licence stipulant qu’il faut la permission expresse de ses créateurs pour distribuer les travaux créés avec ces gratuiciels. On imagine alors sans mal comment un professeur mal informé peut être enclin à tirer des conclusions hâtives quand un de ses étudiants fait passer un CD contenant un « logiciel inconnu » à ses camarades.

En réalité, ces mêmes étudiants utilisent leur liberté de choix pour sélectionner les alternatives légales aux logiciels propriétaires. Ils évitent ainsi tout recours au piratage de logiciels. Grâce aux nombreuses licences Open Source existantes, les étudiants peuvent échanger ces logiciels sans restriction. Cette liberté n’a aucune conséquence néfaste. Hélas, la plupart des professeurs l’ignorent.

Ce qui n’arrange en rien cette incompréhension entre élèves et enseignants, ce sont les fortes présomptions voulant que les responsables informatique qui travaillent dans les mêmes établissements que ces professeurs mal informés ne sont pas en reste pour encourager ce genre de réactions et faire en sorte qu’elles aillent plus loin encore.

Des professionnels de l’informatique qui ont besoin de « retourner à l’école »

Essayez de suggérer à un utilisateur de Linux qu’il devrait retirer Linux de son PC : il y a de fortes chances qu’il vous rie au nez. Pourtant, il semblerait que ce soit des pratiques courantes dans les établissements.

Le problème, c’est que les utilisateurs de Linux eux-mêmes sont perçus comme des éléments perturbateurs dans un univers régi par des administrateurs certifiés Microsoft. Ces admins, qui étalent souvent leur « grande connaissance de Linux » acquise lors d’une aventure de vingt minutes avec une distribution Linux prise au hasard il y a quelques années, choisissent d’apporter leur pierre à la désinformation. On les accuse parfois de fabriquer des semi-vérités à propos de ceux qui utilisent exclusivement cette plateforme, ou de leur avoir simplement refusé l’accès au réseau. Voilà qui pose problème dès lors que les étudiants concernés viennent d’une famille où l’on n’utilise que Linux, ce qui pourrait les contraindre à devoir apporter au lycée leur propre portable tournant sous Linux.

Est-ce un problème mondial, ou est-un problème propre aux établissements scolaires américains ? Même si j’ai lu dans certains articles que ça se passe un peu partout, le gros des exemples cités semble venir essentiellement des États-Unis.

Les établissements scolaires américains sont-ils seuls à nager dans l’ignorance ?

À l’heure actuelle, les établissements américains sont plus doués pour enseigner la « docilité envers Microsoft » que pour faire en sorte que les élèves sachent lire avant leur entrée au lycée. Remarquez, ce n’est pas grave, ces mêmes élèves ont déjà appris tout seuls à cliquer sur « le gros E bleu » pour se rendre comme des grands sur MySpace et Facebook.

Ajoutez à cela le talent avec lequel ils utilisent la toute dernière suite de sécurité propriétaire pour se prémunir des programmes malveillants qui se baladent sur Internet, et nos élèves américains, en grandissant, deviendront une ressource sur laquelle on pourra compter.

Pendant ce temps, des régions du monde telles que l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud connaissent des taux record de migrations vers Linux. Les lycéens de pays bien plus pauvres que le nôtre apprennent à mettre à profit leurs capacité à résoudre les problèmes pour contourner les « anicroches » de leur OS, alors qu’aux États-Unis, les lycéens s’échinent à améliorer leur perso World of Warcraft !

Même au Canada, notre voisin immédiat, des dépêches annoncent chaque mois que des groupements d’établissements passent à des alternatives Open Source, simplement parce qu’ils préfèrent consacrer leur budget éducatif à autre chose qu’à des licences Microsoft.

Arrêtez-moi si je me trompe, mais il y a quelque chose qui cloche, non ? Les enseignants et les administrateurs système serinent aux jeunes élèves portés vers les nouvelles technologies que s’ils veulent être compétitifs sur le marché, ils doivent utiliser Windows. N’oublions pas que nous espérons former ces mêmes élèves à être performants dans un monde ou Linux et Windows sont tous les deux très utilisés.

D’accord, on voit souvent passer des articles qui affirment que l’utilisation de Linux est marginale. Pourtant, quand on demande comment on peut bien s’y prendre pour comptabiliser un système d’exploitation qui ne fournit pas de réel moyen de le comptabiliser, ces mêmes sources médiatiques se referment comme des huîtres. En d’autres termes, nul ne peut fournir un pourcentage tangible, et ceux qui montrent des camemberts représentant les parts de marché en avançant des arguments confus doivent comprendre qu’ils ne racontent pas toute la vérité.

Mais revenons à nos moutons. Avec le budget éducatif dont disposent actuellement les établissements scolaires américains, il semblerait qu’il y ait un paquet d’argent à dépenser en logiciels et en renouvellement de matériel ! Les économies réalisées par les établissements américains qui utilisent toujours Windows 98 et 2000 Pro, voilà qui à l’évidence est plus rentable qu’embaucher des administrateurs formés à plusieurs systèmes d’exploitation et capables de travailler sur autre chose que Windows, non ?

Ces administrateurs ne passent quand même pas plus de temps à lutter contre les logiciels malveillants qu’à améliorer l’environnement informatique pour les élèves, non ? Ah si, au temps pour moi.

Une proposition modeste

Je vais faire une proposition. Et si on permettait aux élèves qui le souhaitent d’apprendre à se servir de Linux, et ce sur leur temps libre ? Peut-être pourrait-on même en faire une option qui leur vaudrait des points supplémentaires, ce qui serait forcément mieux que de les assommer d’ennui avec des matières en option dont ils se fichent comme d’une guigne.

Cela ne coûterait rien aux établissements, et pour couronner le tout, contribuerait à parfaire les capacités de résolution de problème des élèves.

En outre, je suggère que les enseignants et les techniciens informatique formés par Microsoft se documentent davantage sur Linux avant de porter dessus des jugements hâtifs.

Bien que je reconnaisse volontiers que Linux n’est pas une plateforme accessible à tout le monde, elle est de plus en plus utilisée dans le monde entier, et ceux qui la maîtriseront en plus des systèmes d’exploitation propriétaires seront en bien meilleure position pour réussir sur le marché du travail.

Qui plus est, n’importe quel utilisateur de Linux peut se coller devant une machine tournant sous Windows et réussir à s’en servir en quelques minutes. Pouvons-nous en dire autant de l’utilisateur de Windows de base qui tenterait la même expérience avec Linux ? Sans « le gros E bleu » sur le bureau, c’est peu probable.

Notes

[1] Crédit photo : Tajai (Creative Commons By)




Scoop : Christine Albanel publie sous licence libre un livre sur le partage !

Sebastian Bergmann - CC by-saSi seulement c’était vrai… Bien que le premier avril soit passé depuis longtemps, vous devez vous en doutez un peu : mon titre n’est qu’un fake.

Je plaide coupable donc. Mais coupable par approximation parce qu’à quelques milliers de kilomètres au nord près, j’avais bon !

En effet, je me suis juste trompé de ministère et de pays puisqu’aujourd’hui, en Norvège, Madame Heidi Grande Røys (sur la photo ci-contre[1]), ministre de l’Administration publique et de la réforme, publie un livre sous licence Creative Commons By-Sa.

Il s’intitule Delte meninger, est accompagné d’un site participatif autour du projet, et, à en croire le blog des Creative Commons, il porte sur le partage et l’aspect social des réseaux informatiques et d’Internet.

Merci à tout visiteur qui comprend un tant soit peu le norvégien de nous en dire plus dans les commentaires. Parce qu’avec l’outil de traduction Google appliquée à cette page du site, on se retrouve avec des morceaux intéressants (le procès du The Pirate Bay, évocation des logiciels et de la culture libre…) pour un titre aux accents étranges : « La paix, la liberté, et tout est gratuit ! ».

En attendant, et quand bien même nous n’en connaissons pas encore le contenu dans le détail, on ne peut que saluer l’initiative. Nous y viendrons nous aussi en France, même si visiblement il faudra s’armer d’un peu de patience…

Notes

[1] Crédit photo : Sebastian Bergmann (Creative Commons By-Sa)




Je pense avoir acheté mon dernier Mac

Procsilas - CC byFramasoft en général et le Framablog en particulier vous ont souvent raconté des histoires de migration du système d’exploitation Microsoft Windows vers GNU/Linux (de préférence des histoires qui se finissent bien).

Pour changer un peu, il nous a semble original et intéressant de vous proposer le témoignage d’un « vieux fidèle » du Mac qui a lui aussi décidé de « briser ses chaînes » (et Dieu sait si avec Apple elle sont nombreuses) pour s’en aller le cœur léger aborder le pays des manchots, en l’occurrence le manchot sud-africain Ubuntu.

Que les geeks qui ne cessent de vanter les mérites de Linux mais dont l’ordinateur principal tourne sous Mac[1] (si, si, j’en connais, au moins autant que ceux qui restent sous Windows), n’hésitent pas à apporter leur pierre dans les commentaires 😉

Migration

Switching

Ian Betteridge – 11 janvier 2009 – Technovia
(Traduction Framalang : Balzane)

Comme vous avez pu le déduire de mes billets récents, j’ai changé de système d’exploitation. Mon ordinateur principal est maintenant un portable Dell tournant sur Ubuntu 8.10.

J’avais utilisé des Mac depuis 1986, et j’en avais pratiquement toujours possédé un depuis 1989. Le Mac Plus, le LC 475, le PowerBook Duo, l’iBook et le MacBook Pro figurent parmi les machines qui subirent mon utilisation quotidienne. J’ai gagné ma vie en écrivant sur les Macs et je ne compte plus les Macworld Expos auxquelles j’ai assisté.

Mais, sauf évolution de la politique d’Apple et lancement de machines résolument différentes, je pense avoir acheté mon dernier Mac.

Les causes d’une migration de Mac OS X vers Linux sont diverses. La première était simple : le prix. Indéniablement, les toutes dernières générations de machines Apple sont surpuissantes. Malheureusement, leur prix est tout aussi surpuissant. C’est simple, je n’étais pas prêt à dépenser 200 £ (NdT : environ 230 €) de plus que pour mon dernier MacBook Pro.

Bien sûr, j’aurais pu me rabattre sur un MacBook standard. Il aurait été assez puissant pour mon usage. Mais il ne dispose que d’un écran 13 pouces et, après avoir travaillé des années sur un 15 pouces, 13 pouces c’était vraiment trop petit.

À l’inverse de beaucoup de constructeurs, Apple ne comptait pas de portables 15 pouces moins puissants que le MacBook Pro dans sa gamme. On comprendra que, pour des raisons de logistique et de simplicité de ses produits, Apple limite le nombre de variantes sur ses chaînes de production. Du coup, Apple ne proposait pas de machine qui corresponde à mes besoins.

Ceci constitue d’ailleurs un élément de réponse à la lancinante question : « Un Mac est-il un bon investissement ? » Par rapport à un PC aux performances identiques, c’est parfois le cas. Cependant, il arrive que l’utilisateur n’ait pas forcément besoin des fonctionnalités supplémentaires ou de la puissance du Mac. À moins qu’elles ne soient gratuites ou bon marché, acheter une machine aux fonctionnalités superflues n’est pas un bon investissement. Dans mon cas, payer 1400 £ (NdT : environ 1600 €) simplement pour bénéficier d’un écran 15 pouces alors que je n’ai pas l’usage d’un bus système cadencé à 1 GHz ou de deux cartes graphiques n’est pas un investissement intéressant.

Il y avait aussi une autre raison de migrer, mise en évidence par Mark Pilgrim lors de son passage sous Linux. Apple est une société particulièrement privatrice, elle ne documente pas ses formats de fichiers et a tendance à plus ou moins subtilement enfermer ses clients.

L’exemple le plus évident est l’iPhone. Comme un Mac, un iPhone possède un design exceptionnel. C’est aussi un écosystème très fermé. Les développeurs qui refusent de jouer le jeu d’Apple ne peuvent pas distribuer officiellement leurs applications. Ils ne peuvent que compter sur d’autres pour contourner les limitations du système d’exploitation du téléphone. Si vous voulez que vos applications tournent sur la majorité des iPhones, vous devez accepter les règles fixées par Apple. Et ces règles sont, semble-t-il, pour le moins arbitraires.

Je connais les justifications à ces règles. Ce sont exactement les mêmes arguments que ceux qu’utilisait IBM à l’époque où il ne voulait pas que vous exécutiez d’autres programmes que les leurs sur votre mainframe IBM. Certes, faire partie d’un écosystème fermé et rigoureusement contrôlé assure votre sécurité. C’est aussi hypothéquer votre capacité à disposer d’un Personal Computer réellement personnel.

Je fais une prédiction : pour des raisons similaires, l’écosystème de développement Mac va progressivement ressembler à celui du iPhone. D’optionnel, le recours à des binaires signés va finalement devenir « aucune possibilité d’exécution de code non signé ». Apple deviendra un distributeur d’applications, et fixera des règles du jeu similaires à celles appliquées à l’iPhone. Le raisonnement fait pour l’iPhone peut être transposé au Mac. Je ne pense pas que cela se produira dans les cinq prochaines années, mais je suppose que ça arrivera tôt ou tard. (Mise à jour : si vous êtes arrivé sur ce billet par le billet de Giles qui souligne cette prédiction, la lecture de Why Apple will have a Mac App Store peut vous intéresser.)

Après tout, Apple est une société qui se base sur le DMCA (NdT : Digital Millennium Copyright Act, pendant américain à DADVSI) pour empêcher la rétro-ingénierie sur les fichiers de base de données d’un iPod, élément essentiel à l’interopérabilité d’un iPod avec d’autres plates-formes que Windows ou Mac. Une société qui déploie sans avertissement la technologie anti-copie HDCP, de façon à bloquer jusqu’à la lecture même de contenus qui ne sont pas en haute définition sur des matériels non homologués.

Heureusement il existe une autre possibilité, une possibilité qui n’implique pas de faire confiance à une unique société commerciale pour prendre en compte l’ensemble de nos besoins informatiques. Alors je n’ai ni acheté un MacBook ni un MacBook Pro, mais un Dell XPS1530 flambant neuf, qui maintenant tourne avec bonheur sous Ubuntu 8.10. Il n’est pas aussi puissant qu’un MacBook Pro, mais la configuration matérielle correspond exactement à mes besoins, et son système d’exploitation n’est pas la propriété d’une multinationale monolithique.

Comment s’est passé l’essai jusqu’ici ? Le Mac ne m’a pas manqué une seule minute. Tout a bien fonctionné.

Je garde encore une partition Windows sur la machine, mais elle ne sert vraiment plus qu’en cas d’urgence. WoW tourne à la perfection sous Wine, et la fréquence de rafraîchissement fait passer mon vieux Mac Book Pro pour un Apple II. Le jour est proche où je n’aurai plus besoin d’un Windows « au cas où » et récupérerai les 80 Gb de la partition pour un meilleur usage. De toutes les façons ce Dell est équipé d’un disque de 400 Gb, ce qui me laisse le temps de voir venir.

ITunes ? Je n’en ai pas besoin, Amarok est meilleur, de loin. Pour tous mes documents, j’utilise OpenOffice.org et j’accède ainsi à un format de fichier dont l’existence n’est pas soumise au bon vouloir d’une société, à l’inverse de Pages (NdT : traitement de texte sur Mac).

La configuration d’Ubuntu a été un plaisir. Je pense vraiment que c’est à la portée de tous, et si vous avez la malchance de rencontrer le moindre problème, une rapide recherche Google devrait vous retourner une réponse de l’étonnante communauté Ubuntu. Avec mon Dell, j’ai rencontré une difficulté avec le trackpad, problème que j’ai pu résoudre en dix minutes grâces à Google et à la communauté Ubuntu. Si vous savez installer un Windows, vous saurez sans aucun doute installer et utiliser Ubuntu

Certains aspects du boulot effectué sont particulièrement impressionnants. Le modem 3G intégré, dont mon Dell est équipé, n’a pas juste été reconnu pas Ubuntu, il était aussi fonctionnel en quelques minutes. Un clic sur l’assistant qui m’a demandé quel réseau mobile utiliser, et ça marchait. Ce fut la même chose pour mon imprimante, une HP Deskjet vieille de moins d’un an. Alors que Windows Vista ne voulait pas en entendre parler, Ubuntu l’a reconnue dès son branchement et elle a fonctionné du premier coup.

Devriez-vous en faire de même ? Si vous êtes sensibilisés aux logiciels libres et aux formats ouverts, si vous refusez d’être captifs d’un matériel ou d’un unique système d’exploitation, alors la réponse est oui. Si vous vous préoccupez davantage de la simplicité d’utilisation de votre ordinateur et êtes satisfait de ce que vous impose Apple, alors non. De tous les systèmes d’exploitation existants, la distribution Ubuntu est la plus proche d’un système d’exploitation pour tous publics, mais il n’est pas pour tout le monde.

C’est une bonne chose, parce que la monoculture est nuisible. Je souhaite que Mac OS X s’améliore et prospère, tout comme que je souhaite que Microsoft perfectionne Windows. L’émulation est positive, et une concurrence entre trois plates-formes qui adoptent chacune une approche différente est très saine.

Notes

[1] Crédit photo : Procsilas (Creative Commons By)