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Le titre de ce billet fait naturellement écho à Combien de lycées Sud Médoc en France ? où nous feignions d’interroger la situation française alors qu’il ne s’agissait que de mettre en valeur une remarquable initiative locale, fort justement relayée par la presse.
Il en va de même ici, non plus dans le secondaire mais dans le primaire, à l’école Jean-Macé d’Hazebrouck[1].
Cette école ne disposait pas de salle informatique. Lacune aujourd’hui comblée avec une quinzaine de postes qui, depuis décembre, tournent sous le système d’exploitation GNU/Linux.
C’est déjà remarquable en soi mais ce qui l’est peut-être tout autant voire plus, c’est d’avoir fait constater par l’autorité de tutelle, à savoir ici l’Inspection académique, que « l’absence Microsoft » ne pénalise nullement les usages pédagogiques et l’obtention du B2i, bien au contraire.
Un événement rapporté comme il se doit par les journaux locaux (voir ci-dessous), et le moins que l’on puisse dire c’est que cela fait plaisir à lire.
Source de l’information sur le site de l’école
Du matériel informatique neuf et innovant à l’école Jean-Macé
6 avril 2009 – La Voix du Nord
Mardi après-midi, deux conseillers en technologies de l’information et de la communication (TICE) sont venus s’enquérir du bon fonctionnement de la salle informatique de l’école Jean-Macé. Un site précurseur en la matière.
La municipalité a décidé de restaurer le parc informatique des écoles de la commune. Première à bénéficier de cette politique, l’école Jean-Macé fait figure de site pilote. En effet, son nouveau matériel, quinze unités centrales, fonctionne avec un système d’exploitation libre.
Des utilisateurs conquis
« L’intérêt de notre visite, c’est de vérifier que tout se déroule correctement et que l’utilisation d’un système d’exploitation libre est pertinente pour la délivrance du B2I, Brevet informatique et Internet, aux enfants de CM 2 », explique Thierry Heuguebart, conseiller en TICE pour le secteur d’Hazebrouck, venu, mardi, accompagné de Luc Simon, son homologue pour l’inspection académique du Nord.
Le moins que l’on puisse dire est que tous les utilisateurs sont conquis. Enseignants et élèves n’ont eu aucun mal à s’adapter au nouveau logiciel qui permet de sortir de la logique Windows.
Le directeur de l’établissement, Stéphane Olivier, ne cache pas lui non plus sa satisfaction devant l’investissement municipal. « Désormais, chaque élève dispose du même équipement. Avant, tout était dépareillé. Nous n’avons plus de bug et, grâce au serveur, nous sommes tous en ligne », s’enthousiasme-t-il.
Les écoliers expérimentent le logiciel libre
A. R.-M. – 9 avril 2009 – L’Indicateur des Flandres
Avec quinze ordinateurs neufs, élèves et enseignants de l’école Jean-Macé ont de quoi se réjouir. La municipalité d’Hazebrouck a décidé, sous la responsabilité de l’adjoint aux Affaires scolaires, Michel Labitte, de renouveler chaque année le parc informatique d’une école.
Cette politique volontariste en terme d’informatique ne s’arrête pas là puisque depuis le mois de décembre, les écoliers travaillent sous Linux, un système d’exploitation libre et donc gratuit, dans le cadre d’une expérimentation autorisée par l’Éducation nationale. Ce test a des répercussions économiques : la municipalité de devra plus payer le système Microsoft, ni acheter ses logiciels.
Ce qui intéressent davantage élus, enseignants et représentants de l’Inspection académique, qui étaient en visite mardi 31 mars à l’école Jean-Macé, c’est l’aspect d’ouverture d’esprit. Professeurs comme élèves découvrent qu’il existe d’autres systèmes d’exploitation que celui lancé par l’américain Bill Gates, Microsoft, devenu incontournable puisqu’il est vendu avec chaque ordinateur neuf. Cela pourrait bien changer car la commission européenne s’inquiète de ce monopole.
Dans les faits, les enfants ne se rendent pas compte de la différence. Ils viennent dans cette salle informatique pour acquérir des connaissances en français ou encore en mathématiques, avec une certaine autonomie, tout en s’initiant aux nouvelles technologies dans le cadre du B2i. Quant aux professeurs, ils ont tous reçu une formation dispensée par Thierry Heuguebart, conseiller pédagogique TIC (technologies de l’information et de la communication) dans la circonscription d’Hazebrouck.
Le directeur, Stéphane Olivier, confirme : « Le changement de logiciel s’est fait sans problème ». L’expérience semble donc concluante. La municipalité devrait poursuivre dans cette voie, tout comme l’Éducation nationale. Autre avantage non négligeable de l’expérience : le responsable informatique de la mairie, Grégory Houte, n’est plus dérangé fréquemment à cause de problèmes techniques. Quand un ordinateur ne répond plus, le serveur le réinitialise et l’enfant peut reprendre son travail.
illovae
Merci pour ce billet, cela fait toujours plaisir de lire les avancées de Libre dans les écoles 🙂
ErwannL
Tout comme illovae. C’est vraiment une bonne idée que de référencer ce qui se fait localement. Surtout que je n’ai pas l’impression qu’on puisse compter sur l’Institution ou sur des associations comme la Café pédagogique pour venir nous en parler.
Donc si l’éducation et le logiciel libre vous intéressent, je vous conseille de faire comme moi en vous abonnant au Framablog restreint à la catégorie "éducation" :
http://www.framablog.org/index.php/…
Un grand bol d’air frais qui nous changent des tirades contre Microsoft (souvent justifiées d’ailleurs).
J’ai juste une question technique : Peut-on en savoir plus sur le dispositif mis en place ? (quelle distribution Linux, archi clients légers / serveur, etc.). L’idéal serait que l’un des acteurs du projet passe par là.
Etenil
Voici une excellent initiative. Merci pour cet article fort intéressant.
Une chose me surprend, c’est le fait que le serveur réinitialise les postes clients. Est-ce vraiment vrai? Si oui, c’est indéniablement un avantage non négligeable de ce type d’infrastructure.
UrsuleDePanne
Le second article de presse est vraiment excellent. Il faut absolument montrer cela aux autres écoles (ainsi qu’aux parents concernés qui souhaitent plus de "libre" dans l’école de leurs enfants). La conclusion s’impose d’elle-même non ? Mais qu’attend-donc le Ministère pour affirmer officiellement et publiquement la priorité du libre sur le propriétaire dans nos établissements scolaires ?
(ps : je peux donner moi-même la réponse : le ministère attend que le lobby microsoft lui lâche les baskets)
Jericho
Sachez que cette école n’est pas la seule. Je fais partie de ceux qui ont mis en place un réseau de 11 postes sous ubuntu depuis 2007 dans une école élémentaire. Les élèves sont ravis d’utiliser TUX et rien d’autre à l’école; ils savent aussi que leur enseignant est un fana du libre !
Et il y a sans doute d’autres passionnés qui font découvrir le manchot à leurs élèves.
Par contre, je n’ai pas osé faire la pub comme l’école citée dans l’article, de peur d’attirer trop les convoitises de visiteurs indésirables et nocturnes dans ma petite école comme ce fut le cas pour une école voisine juste après l’inauguration en grandes pompes de la salle info. Il ne faut pas tenter le diable.
Par contre, en ce qui me concerne, je n’ai eu aucune aide technique de quiconque, sauf de la commune qui a bien voulu débloquer les fonds pour l’achat du matériel, assemblé par deux ou trois parents d’élèves et moi-même.
PovFrance
Jericho a écrit "Par contre, je n’ai pas osé faire la pub comme l’école citée dans l’article, de peur d’attirer trop les convoitises de visiteurs indésirables et nocturnes dans ma petite école comme ce fut le cas pour une école voisine juste après l’inauguration en grandes pompes de la salle info. Il ne faut pas tenter le diable."
Pour les visiteurs francophones non français de ce blog, vous avez là un parfait exemple de ce qu’est devenue la situation en France ! C’est assez dingue d’en arriver à lire des choses pareilles mais le pire c’est qu’il a peut-être raison d’agir ainsi !
proto
ici, c’est aussi un prof qui m’a fait decouvrir le libre, (tout de suis ete konqui juste après avoir vu un des serveurs tournant sur mandriva a l’epoque :D)
jpe
La commune des Yvelines où j’enseigne vient de renouveler le parc informatique de toutes ses écoles en une seule fois, à raison de 15 postes par école (+ 1 pour la direction).
Tout se passe très bien : il faut dire que nous utilisions déjà beaucoup de logiciels libres dans mon école de cinq classes.
Un point intéressant, le temps de soutien aux élèves en difficulté : travailler avec ce matériel a permis à quelques enfants de "décoller" enfin…
jpe
J’ai oublié de préciser : Edubuntu, variante d’Ubuntu.
Seul bémol : pas de mise à jour possible mais je pense que celà vient de l’installation.
Si quelqu’un a une idée pour résoudre ce pb, il est le bienvenu avec ses suggestions. Parce que, chez moi, après une absence de 7 jours, il y avait 37 mises à jours qui m’attendaient… Vive Ubuntu ! Et pourquoi aucune mise à jour n’est décelée dans les écoles de la ville ? Une idée ?
Grobert
Ouaah ! Surfant sur ce blog pour la lecture d’articles sur les standards, je tombe par hasard sur ce billet, moi qui suis un ancien élève de l’école Jean-Macé d’Hazebrouck, à une époque lointaine où on ne connaissait même pas le mot "informatique", et qui m’en suis bien éloigné depuis. J’en suis ému, tiens !
Félicitations à Thierry, et bon courage à toi !
L.M.
Il serait peut-être opportun de corriger (d’annoter), certaines méprises faite dans les articles (en tous cas dans le deuxième).
Parce que lire "libre et donc gratuit"…
Cantor
@ L.M.
Et? En quoi est-ce choquant? En théorie tous possesseur d’un logiciel libre peut le distribuer gratuitement. Donc en pratique tous logiciels libres est accessible gratuitement.
Cite moi un logiciel libre que l’on ne peut pas se procurer gratuitement.
Bien évidemment un logiciel libre est bien plus que gratuit (la gratuité n’est qu’un effet secondaire fort sympathique) . Mais l’auteur à bien utiliser un implication (Donc) et non pas une équivalence.
Je ne comprend pas cette réaction qui consiste à s’insurger à chaque fois que l’on précise que le logiciel libre est gratuit (ce qui n’empêche pas les services d’être payants).
L.M.
@ Cantor :
Ce qui m’embête, c’est que l’article est publié dans un média non spécialisé, qui ne précise pas les subtilités que tu indiques. Je doute donc que le lecteur lambda devine cela tout seul et échappe à certaines conceptions fausses.
J’aurais préféré libre ET gratuit, qui me semble plus précis (et pousserait peut-être plus facilement le lecteur à se demander ce que veux dire libre, puisque le ‘ET’ écarte plus fortement l’égalité inexistante entre les concepts de gratuit et libre).
Je chipote peut-être, mais j’entends trop souvent à mon goût des approximations, entendu remplacer "libre" par "libre de droit" par exemple. Autant être clair et précis dès le début, non?