Julia Reda, eurodéputée du Parti Pirate, lance un appel

Le projet de réforme du droit d’auteur provoque une forte inquiétude au sein des communautés de développeurs et développeuses de logiciels libres. Que restera-t-il de leur liberté de partager et modifier si obligation est faite aux forges logicielles de mettre en place des filtres de contenus ? L’eurodéputée Julia Reda nous indique les façons dont nous pouvons tous agir, dès maintenant.

 

« Les machines à censurer arrivent : il est temps que la communauté du logiciel libre prenne conscience de son impact politique »

 

Source : article rédigé par l’eurodéputée Julia Reda et publié sur son site le 6 avril 2018

Traduction initialement publiée par l’April : Guestr, Alain Mille, etienne, mmu_man, tierce, Vanecx, mo, MicroCheapFx, freepoet, yannicka, Fred.

Le développement du logiciel libre tel que nous le connaissons est menacé par les projets de réforme du droit d’auteur de l’Union européenne.

La bataille continue autour de la proposition de réforme du droit d’auteur dans l’UE, se concentrant autour du projet de filtrer les contenus au moment de leur téléversement (en anglais). En résumé, on demanderait aux plateformes en ligne de contrôler les contenus chargés par leurs utilisateurs et utilisatrices afin de tenter de prévenir les violations du droit d’auteur par des filtres automatiques. Puisque la plupart des communications en ligne consistent en un dépôt de fichiers sur différentes plateformes, de telles « machines à censurer » auraient de larges conséquences, y compris pour les dépôts de logiciels libres et open source.

Sur ces plateformes, des développeurs et développeuses du monde entier travaillent de concert sur des projets de logiciels que quiconque peut librement utiliser et adapter. À coup sûr, ces filtres automatiques feraient état de nombreux faux-positifs. La suppression automatique de contenus signifierait que les personnes ayant contribué seraient présumées coupables jusqu’à prouver leur innocence : des contributions légitimes se verraient bloquées.

Les récentes levées de boucliers à ce sujet au sein de la communauté du logiciel libre/open-source commencent à porter leurs fruits : nos préoccupations sont en train d’attirer l’attention des porteurs de lois. Malheureusement cependant, la plupart comprennent mal les enjeux et tirent de mauvaises conclusions. Maintenant que nous savons quelle est la force de la voix de la communauté, il est d’autant plus important de continuer à la faire entendre !

Pourquoi cela ?

Le point de départ de cette législation a été une bataille entre de grosses entreprises, l’industrie musicale et YouTube, à propos d’argent. L’industrie musicale s’est plainte de moins percevoir chaque fois qu’un morceau de leur catalogue est joué sur une plateforme vidéo comme YouTube que lorsqu’il est diffusé sur des services d’abonnement comme Spotify, qualifiant la différence de « manque-à-gagner ». Elle s’est alors lancée, avec succès, dans une campagne de lobbying : la loi sur le filtrage des contenus vise principalement à lui donner un atout afin de demander plus d’argent à Google au moment des négociations. Pendant ce temps, toutes les autres plateformes se retrouvent au milieu de cette bagarre, y compris les communautés de partage de code.

Le lobbying a ancré dans l’esprit de nombreux législateurs la fausse idée que les plateformes d’hébergement à but lucratif exploitent nécessairement les créateurs et créatrices.

Partage de code

Il y a cependant beaucoup d’exemples où il existe une relation symbiotique entre la plateforme et les créateurs et créatrices. Les développeurs et développeuses utilisent et versent volontairement dans les dépôts logiciels parce que les plateformes ajoutent de la valeur. GitHub est une société à but lucratif qui soutient des projets sans but lucratif – elle finance l’hébergement gratuit de projets libres et open source en facturant l’utilisation commerciale des services du site. Ainsi, des travaux libres et open source seront affectés par une loi destinée à réguler un différend entre quelques grandes sociétés.

Dans un récent billet (en anglais), GitHub a tiré la sonnette d’alarme, indiquant trois raisons pour lesquelles le filtrage automatique des contenus constitue une terrible attaque contre les forges logicielles :

  1. la loi impose que le code soit filtré parce qu’il est soumis au droit d’auteur – mais de nombreux développeurs et développeuses souhaitent que leur code source soit partagé sous une licence libre et open source ;
  2. le risque de faux positifs est très élevé parce que les différentes parties d’un logiciel peuvent être soumises à des licences différentes, ce qui est très difficile à traiter de manière automatisée ;
  3. le fait de supprimer automatiquement un code suspecté de porter atteinte au droit d’auteur peut avoir des conséquences désastreuses pour les développeurs et développeuses de logiciels qui s’appuient sur des ressources communes risquant de disparaître à tout moment.

Les inquiétudes commencent à être entendues

Dans sa dernière proposition, le Conseil de l’Union européenne cherche à exclure « les plateformes de développement open source à but non lucratif » de l’obligation de filtrer les contenus chargés par les utilisateurs et utilisatrices. Cet amendement est la conséquence directe de la levée de boucliers par la communauté FLOSS. Cependant, cette exception ne couvre pas les plateformes à but lucratif comme GitHub et bien d’autres, même si une partie seulement de leur activité est à but lucratif.

Plutôt que de remettre en cause le principe de base de la loi, les politiciens essayent d’étouffer les critiques en proposant de plus en plus d’exceptions à celles et ceux qui peuvent démontrer de façon crédible que la loi va les affecter négativement. Créer une telle liste d’exceptions est une tâche titanesque vouée à rester inachevée. Le filtrage des contenus devrait être rejeté dans son ensemble car c’est une mesure disproportionnée mettant en danger le droit fondamental de la liberté d’expression en ligne.

Nous pouvons y arriver !

Pour y parvenir, nous avons besoin de votre aide. La communauté FLOSS ne peut pas résoudre ces problèmes simplement avec du code : elle a un impact politique, la force du nombre et des allié⋅e⋅s au Parlement (européen). Nous avons déjà provoqué certains changements. Voici comment vous pouvez agir dès maintenant :

  1. signez la lettre ouverte sur SaveCodeShare (Note de traduction : en anglais, voir l’article de l’April qui soutient cette campagne) ;
  2. utilisez l’outil gratuit de Mozilla pour appeler les membres du Parlement européen ;
  3. tweetez aux principaux acteurs de la Commission des affaires légales du Parlement européen via FixCopyright (en anglais).

Note technique :

Trois acteurs sont impliqués dans le processus législatif. La Commission émet une première proposition de loi, à laquelle le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne peuvent proposer des amendements. Au sein du Parlement, la loi est d’abord discutée en Commission des affaires légales dans laquelle chaque groupe politique nomme un négociateur. Une fois que la Commission aura voté le compromis élaboré par les négociateurs, le texte sera soumis au vote en séance plénière du Parlement, avant que les négociations ne commencent avec les autres institutions. Le parcours législatif exact est disponible ici (en anglais).

Dans la mesure du possible et conformément à la loi, l’auteur [Julia Reda] renonce à tous les droits d’auteur et droits voisins sur ce texte.




21 degrés de liberté – 14

Vos rendez-vous amoureux, votre orientation sexuelle, les sites « pour adultes » que vous visitez selon vos préférences… un ensemble de données confidentielles on ne peut plus personnelles, qui pourtant font aussi l’objet de repérage et classements dans notre monde numérique…

Voici déjà le 14e article de la série écrite par Rick Falkvinge. Le fondateur du Parti Pirate suédois examine aujourd’hui la captation des données les plus sensibles à nos yeux, celles qui concernent notre vie amoureuse.

Le fil directeur de la série de ces 21 articles, comme on peut le voir clairement dans les épisodes précédents que nous vous avons déjà livrés, c’est la perte de certaines libertés dont nous disposions encore assez récemment, avant que le passage au tout-numérique ne nous en prive.

 

Les préférences amoureuses de nos parents n’étaient pas pistées, enregistrées et cataloguées

Source : Rick Falkvinge sur privateinternetaccess.com

Traduction Framalang : draenog, wan, goofy et un anonyme

Les préférences amoureuses de nos parents de l’ère analogique étaient considérées comme un sujet des plus intimes. Pour nos enfants du numérique, ces préférences sont une occasion de collecte à grande échelle à des fins de marketing. Comment cette dérive terrifiante a-t-elle pu se produire ?

Chatelaine et Tropea, photo d’Helena Jacoba (CC-BY-2.0)

 

Je crois que le premier gros collecteur de préférences amoureuses était le site à l’apparence innocente hotornot.com, il y a 18 ans, un site qui évoquait plus l’emploi de son temps libre par un lycéen frustré qu’une fine stratégie marketing. Il permettait simplement aux gens de noter la beauté d’une personne à partir d’une photographie, et de mettre en ligne des photographies pour obtenir des notes. (Les deux fondateurs de ce prétendu projet amateur de lycéen ont gagné 10 millions de dollars chacun lorsque le site a été vendu.)

Le marché a ensuite connu une expansion phénoménale, avec des sites de rencontre financés soit par des publicités, soit par les utilisateurs, chacun de ces sites stockant les préférences amoureuses de ses membres dans les moindres détails.

Les sites de pornographie à grande échelle, comme Pornhub, se sont également mis à cataloguer les préférences en matière de porno de leurs utilisateurs et utilisatrices, produisant des infographies intéressantes à propos des différences régionales entre celles-ci. Vous pouvez par exemple consulter (sans risques) la page https://www.inverse.com/article/26011-pornhub-post-popular-porn-report-2016, il s’agit seulement de données et de cartes dans un article sur Inverse, ce n’est pas un lien vers Pornhub. C’est particulièrement intéressant, car on se rend compte que Pornhub est capable de détailler plutôt précisément les préférences des gens par âge, lieu, sexe, niveau de revenus, et ainsi de suite.

Est-ce que vous connaissez qui que ce soit qui aurait donné à Pornhub ce genre de données ? Non, et moi non plus. Et pourtant, ils sont capables d’identifier qui aime quoi avec une certaine précision, précision qui doit bien venir de quelque part.

Et ensuite, bien sûr, nous avons les réseaux sociaux (qui peuvent ou non être responsables de ce pistage, d’ailleurs).

On a pu dire1 que Facebook est capable de savoir si vous êtes homosexuel⋅le ou non avec seulement trois « J’aime ». Trois. Et ces « Like » ne sont pas forcément liés aux préférences amoureuses ni au mode de vie ; elles peuvent cibler des choses complètement anodines qui vont juste être associées à des motifs plus généraux.

C’est déjà une mauvaise chose en soi, dans la mesure où ce sont des informations privées. Au strict minimum, les préférences de nos enfants de l’ère numérique devraient leur appartenir, comme leur parfum de glace préféré.

Mais les affinités amoureuses sont des informations plus sensibles que notre parfum de glace préféré, n’est-ce pas ? Cela devrait être le cas, mais aujourd’hui ça ne l’est pas. Ces informations pourraient toucher aussi quelque chose d’inné. Des choses pour lesquelles des personnes risquent jusqu’à la mort si elles sont nées2 avec la « mauvaise » préférence…

Il est toujours illégal d’être né homosexuel⋅le dans 73 pays sur 192, et dans ces 73, onze prévoient la peine de mort pour être né⋅e ainsi. À peine 23 pays sur 192 permettent pleinement le mariage pour tous.

De plus, bien que l’évolution des mœurs aille de manière assez nette vers plus de tolérance, d’acceptation et d’inclusion à l’heure actuelle, cela ne veut pas dire que nous soyons à l’abri d’une régression, pour diverses raisons, la plupart d’entre elles très mauvaises. Des personnes qui se sont senties suffisamment solides pour s’exprimer sur elles-mêmes peuvent à nouveau être persécutées.

Le génocide prend presque toujours appui sur des données publiques collectées avec de bonnes intentions.

C’est pourquoi le respect de la vie privée est la dernière ligne de défense, non pas la première. Et cette dernière ligne de défense, qui a tenu bon pour nos parents analogiques, a été rompue pour nos enfants numériques. Ce problème n’est certainement pas assez pris au sérieux.

La vie privée demeure de votre responsabilité.




Les Léviathans V. Vie privée, informatique et marketing dans le monde d’avant Google

Dans notre ère désormais numérique il nous arrive parfois d’être pris d’un léger vertige tant le flux tourbillonnant de l’actualité porte des coups brutaux à notre représentation du monde. C’est alors qu’un pas de côté est salutaire.

Apprendre avec Meltdown et Spectre que même le matériel, en l’occurrence le processeur, comporte des failles critiques, ou plus récemment que par dizaines de millions des profils Facebook ont été exploités pour manipuler l’opinion à des fins politiques, voilà le genre d’affaires qui défraient la chronique, mais qui nous demandent un peu de recul.

Dans la continuité de sa série des Léviathans, Christophe Masutti nous propose aujourd’hui avec Léviathans V de prendre un peu de distance avec le capitalisme de surveillance pour mieux en appréhender et déconstruire le mode opératoire.

Pour commencer, il nous invite à remonter aux années 1960 aux États-Unis et découvrir que l’exploitation des données personnelles par le marketing numérique (certes moins sophistiqué qu’aujourd’hui) était une réalité dès la constitution des premières banques de données. Au point que très tôt des mouvements d’opinion sont apparus pour s’opposer aux dangers des atteintes à la vie privée. On verra donc à quel point ni la collecte de données personnelles à des fins marchandes ni les légitimes oppositions qu’elle soulève ne sont dans leur principe des phénomènes nouveaux.

Historiquement, c’est l’informatique bancaire qui s’est trouvée comme à l’avant-garde de cette collecte structurée qui va constituer les bases de données. Mais entre le climat de la Guerre froide et la méfiance des citoyens américains alors jaloux de leur liberté, les protestations sont vives. Dès le début des années 1970 certains déjà redoutent un monde où l’individu serait sous totale surveillance grâce aux technologies informatiques.

Les tentatives pour contenir par un cadre juridique l’exploitation des données privées étaient trouées d’exceptions dont les entreprises commerciales ont évidemment profité. Grâce à l’informatisation croissante du traitement de données, il leur devenait facile de déterminer des types de consommateurs et d’anticiper sur leurs désirs d’achat : dès avant 1980, le profilage était né.

Christophe Masutti retrace le chemin parcouru depuis : comment les données vont devenir une ressource monnayable, comment dès le début des années 1990 on peut proposer un modèle économique où chacun vendrait ses données (ça ne vous rappelle rien ?), comment s’est développé le business juteux du commerce des données, au point d’alimenter les méga-corporations que nous connaissons aujourd’hui, et quelles voix se sont élevées, opposant la liberté au profilage et à la segmentation sociale qu’impose cette économie de la surveillance.

En définitive, le parcours historique et analytique que vous allez lire est à la fois surprenant – puisque tout était déjà là, et éclairant – car c’est ainsi que nous en sommes arrivés là.

*   *   *

Comme le texte de l’article est un peu long (une trentaine de pages au format A4 plus une abondante bibliographie), nous vous en proposons la lecture hors-ligne en téléchargeant ci-dessous le fichier .pdf (avec liens actifs pour le parcourir)

Cliquez sur l’image pour télécharger Léviathans V de Christophe Masutti au format .pdf (210 Ko) (ou sur Hal-shs)

 

* Crédit image Robert Nix (CC BY-2.0)

 

 

 




21degrés de liberté – 13

Nos comportements font désormais l’objet d’une surveillance de plus en plus intrusive de la part du commerce, qu’il soit ou non virtuel, au point de surveiller même les achats que nous ne faisons pas…

Voici déjà le 13e article de la série écrite par Rick Falkvinge. Le fondateur du Parti Pirate suédois. Il attire aujourd’hui notre attention sur une forme inattendue du pistage à caractère commercial.

Le fil directeur de la série de ces 21 articles, comme on peut le voir clairement dans les épisodes précédents que nous vous avons déjà livrés, c’est la perte de certaines libertés dont nous disposions encore assez récemment, avant que le passage au tout-numérique ne nous en prive.

On espionne non seulement tout ce que nos enfants achètent, mais également tout ce qu’ils N’ACHÈTENT PAS

Source : Rick Falkvinge sur privateinternetaccess.com

Traduction Framalang : draenog, dodosan, goofy et un anonyme

Nous avons vu comment les achats de nos enfants, que ce soit en liquide ou par carte, sont surveillés au mépris de leur vie privée, d’une manière qui aurait fait frémir nos parents. Pire encore : la vie privée de nos enfants est également violée par l’espionnage des achats qu’ils ne font pas, qu’ils les refusent sciemment ou qu’ils passent simplement leur chemin.

Amazon vient d’ouvrir son premier magasin Amazon Go, où il est possible de mettre des articles dans son sac et de partir, sans avoir à passer par une caisse. Pour présenter ce concept3, Amazon indique qu’il est possible de prendre un article, qui sera inscrit dans vos achats, puis de changer d’avis et de le reposer, auquel cas le système enregistre que l’article n’a pas été acheté.

Évidemment, on ne paie pas pour un article à propos duquel on a changé d’avis, ce qui est le message de la vidéo. Mais il ne s’agit pas seulement d’enlever un article du total à payer : Amazon sait que quelqu’un a envisagé de l’acheter et ne l’a au final pas fait, et l’entreprise utilisera cette information.

Nos enfants sont espionnés de cette manière chaque jour, si ce n’est à chaque heure. Nos parents n’ont jamais connu cela.

Lorsque nous faisons des achats en ligne, nous rencontrons même des plugins simples pour les solutions commerciales les plus courantes, qui réalisent ce qu’on nomme, par un barbarisme commercial, une « analyse en entonnoir » ou « analyse d’abandon de panier », qui détermine à quel moment nos enfants décident d’abandonner le processus d’achat.

On ne peut même plus quitter un achat en cours de route sans qu’il soit enregistré, consigné et catalogué pour un usage futur.

Mais cet « abandon de panier » n’est qu’une partie d’un plus vaste problème, à savoir le pistage de ce qui nous intéresse, à l’ère de nos enfants du numérique, sans pour autant que nous l’achetions. On ne manque pas aujourd’hui de personnes qui jureraient avoir tout juste discuté d’un type de produit au téléphone (disons, « jupe noire en cuir ») pour voir, tout à coup, des publicités spécifiques pour ce type de produit surgir de tous les côtés sur les pubs Facebook et/ou Amazon. Est-ce qu’il s’agit vraiment d’entreprises à l’écoute de mots-clés via notre téléphone ? Peut-être, peut-être pas. Tout ce qu’on sait depuis Snowden, c’est que s’il est techniquement possible de faire intrusion dans notre vie privée, alors c’est déjà en place.

(On peut supposer que ces personnes n’ont pas encore appris à installer un simple bloqueur de publicités… Mais bon.)

Dans les endroits les plus surchargés en pubs, comme les aéroports (mais pas seulement là), on trouve des traqueurs de mouvements oculaires pour déterminer quelles publicités vous regardez. Elles ne changent pas encore pour s’adapter à vos intérêts, comme dans Minority Report, mais puisque c’est déjà le cas sur votre téléphone et votre ordinateur, il ne serait pas surprenant que cela arrive bientôt dans l’espace public.

Dans le monde analogique de nos parents, nous n’étions pas enregistrés ni pistés quand nous achetions quelque chose.

Dans le monde numérique de nos enfants, nous sommes enregistrés et suivis même quand nous n’achetons pas quelque chose.

La vie privée demeure de votre responsabilité.




Framaclic, un nouveau service qui compte

Vous avez besoin de compter les visites sur vos sites sans fliquer vos visiteureuses ? On a un framachin pour vous !

Prenons un exemple rapide. Fred aime bien pondre des textes et il les sème un peu partout sur le vaste Ouèbe.

Cela lui pose deux problèmes.

Ses textes sont sur des sites différents avec parfois des adresses web (ou « URL ») longues comme un jour sans pain. Mais pour ça il a trouvé la parade, c’est frama.link, le raccourcisseur d’URL de Framasoft. Il a créé une adresse courte pour chacun de ses textes, et quand on lui demande où on peut lire sa prose, il donne cette URL plutôt qu’une adresse de 256 caractères biscornus. Pour avoir des adresses web encore plus courtes, il pourrait utiliser https://huit.re/.

L’autre souci de Fred, c’est qu’il est affreusement cabotin. Il écrit pour le plaisir, il publie sous licence libre, il a compris qu’il ne bouclerait pas ses fins de mois grâce à sa plume, mais il ne peut pas s’empêcher de se demander si quelqu’un⋅e lit réellement ce qu’il commet.

Fred est donc tout content quand Framasoft sort Framaclic (bon, il ne fait pas des triples saltos, mais il a un moment de jubilation).

C’est quoi ?

Zag, l’adorable mascotte de Dolomon

Framaclic est un raccourcisseur d’URL qui compte les clics. Voilà. Dit comme ça, on dirait que c’est drôlement simple, non ?

Eh bien, bonne nouvelle : c’est simple !

Bon, soyons justes, Frama.link avait déjà un compteur, rudimentaire. Il reconnaît l’auteur de l’URL courte via un petit cookie et est capable de lui fournir un comptage des clics. Seulement, ça ne marche que depuis l’ordinateur et le navigateur sur lesquels l’adresse courte a été créée (à cause du cookie).

« Framaclic est un frama.link dopé aux stéroïdes », nous dit Luc, l’auteur de l’application (qui développe aussi parfois des petites applis complètement inutiles donc parfaitement indispensables).

Comment ça marche ?

Framaclic est basé sur Dolomon, comme DOwnLOad MONitor. Pas besoin d’avoir fait anglais première langue pour piger ça.

Fred se rend sur framaclic.org. Il crée un compte avec un mot de passe, histoire d’être seul à pouvoir accéder à ses statistiques (des fois qu’elles soient mauvaises).

Il fait une liste des adresses de toutes les ressources vers lesquelles il veut créer un lien : ses textes, son blog, son CV, ses galeries de photos, une BD de Simon qu’il adore partager avec ses collègues… Si la liste n’est pas exhaustive, ce n’est pas grave, il pourra en ajouter par la suite.

Comme il aime bien que les choses soient correctement rangées (rappel : cet exemple est une fiction), il crée des catégories et des étiquettes pour s’y retrouver. Surtout qu’il se dit que ce truc-là va drôlement lui rendre service et qu’il va finir par y mettre beaucoup d’adresses.

Ensuite, pour chaque adresse longue il en génère une courte (un « dolo »). Pas besoin de la conserver, Framaclic s’en charge.

 


Les dolos sont créés au fur et à mesure.

Pour suivre les visites sur une page précise, Fred peut créer un dolo pointant sur une petite image transparente (Dolomon vous en propose une) et insérer l’URL générée, comme on insère une image, dans sa page.

Fred aime surtout créer des dolos qui pointent sur un document, au lieu de la page web. Par exemple, un dolo pour le pdf de son roman (http://framabook.org/docs/vieuxflic/FredUrbain_VFVV_cczero20151108.pdf au lieu de la page générique https://framabook.org/vieux-flic-et-vieux-voyou/), un autre pour la version e-pub, et encore un pour le code source en Latex. De cette façon, Fred saura quelle version est la plus téléchargée.

Mais il ne saura rien de plus : Framaclic n’enregistre que des statistiques anonymes, pas les adresses IP des visiteureuses.

Par contre, cela fait de beaux graphiques :

Et comme vos données vous appartiennent, vous pouvez les télécharger dans un fichier CSV, ce qui vous permettra de les manipuler à votre guise, de faire des camemberts colorés…

Ah, un dernier truc cool à savoir : Luc a fait un plugin Dolomon pour WordPress. Si vous avez un blog, vous pourrez créer vos dolos directement depuis votre article.

Contribuez

Comme tout logiciel qui n’a pas encore subi l’épreuve du feu (enfin, l’épreuve de l’utilisation massive), Dolomon comporte certainement quelques bugs ou nécessite un petit coup de polish pour en améliorer l’ergonomie : n’hésitez pas à contribuer en ouvrant des tickets !

Nous tenons au passage à lever notre chapeau à Luc, alias Framasky notre infatigable admin-sys, qui a codé Dolomon pour nos besoins internes, et l’a amélioré afin que l’on puisse l’ouvrir au public ;).

Pour aller plus loin




21 degrés de liberté – 12

Filmés et géolocalisés, nos déplacements n’échappent pas à la surveillance. Même quand nous flânons dans une boutique physique, notre parcours est enregistré.

Voici déjà le 12e article de la série écrite par Rick Falkvinge. Le fondateur du Parti Pirate suédois s’inquiète aujourd’hui la fin de l’anonymat dans nos achats en raison des moyens électroniques de paiement.

Le fil directeur de la série de ces 21 articles, comme on peut le voir clairement dans les épisodes précédents que nous vous avons déjà livrés, c’est la perte de certaines libertés dont nous disposions encore assez récemment, avant que le passage au tout-numérique ne nous en prive.

Nos parents achetaient des objets sans être pistés, leurs pas en boutique n’étaient pas enregistrés

Source : Rick Falkvinge sur privateinternetaccess.com

Traduction Framalang : goofy, draenog, Moutmout, xi + 2 anonymes

Dans le dernier article, nous nous sommes concentrés sur la façon dont les personnes sont pistées aujourd’hui lorsqu’elles utilisent des cartes bancaires plutôt que du liquide. Mais peu de gens remarquent qu’aujourd’hui, nous sommes également suivis à la trace même si nous utilisons du liquide.

Photo Privacy News Online

 

Peu de gens font attention au petit signe (en) sur la porte tambour de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol. Il indique que chacune des personnes dans l’aéroport est suivie par Bluetooth et Wi-Fi.

Ce qui caractérise l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol n’est pas le fait que le moindre pas des gens dans une zone commerciale y soit pisté (à des fins commerciales, pas pour la sécurité.) Non, ce qui différencie l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, c’est que les personnes en sont informées. Les Pays-Bas ont tendance à prendre la vie privée au sérieux, comme l’Allemagne, et pour la même raison (en).

Les balises de localisation sont devenues quasiment un standard dans les plus grandes zones commerciales. Elles envoient un signal à votre téléphone par Wi-Fi et par Bluetooth, et par triangulation, en utilisant la force du signal, un réseau de balises est capable de déterminer les déplacements de chaque individu en temps réel avec une précision inférieure à la longueur d’un pas. Tout ceci est utilisé pour « optimiser la vente » – en d’autres termes, trouver des façons de piéger le cerveau des gens pour qu’ils dépensent des ressources qu’ils n’auraient sinon pas dépensées. Notre propre perte de vie privée est utilisée contre nous, comme à chaque fois.

Où est-ce que les gens s’arrêtent un moment, qu’est-ce qui attire leur attention, qu’est-ce qui n’attire pas leur attention, qu’est-ce qui constitue un obstacle pour réaliser plus de ventes ?

Ce sont des questions légitimes. Cependant, retirer aux gens leur vie privée afin de répondre à ces questions n’est pas une méthode légitime pour y répondre.

Ce type de suivi individuel de masse a même été déployé à l’échelle de villes entières, ce qui s’est passé dans le silence le plus total jusqu’à ce que le Bureau de Vigilance pour la Vie Privée d’un gouvernement lointain sonne l’alarme. La ville de Västerås a obtenu le feu vert pour poursuivre le pistage une fois quelques critères de pure forme atteints.

Oui, le déploiement à l’échelle d’une ville de ce type de pistage dans au moins une petite ville d’un coin reculé du monde (Västerås, en Suède) est documenté. Maintenant que le Bureau de Vigilance pour la Vie Privée gouvernemental a haussé les épaules et dit « mouais, qu’importe », ne croyez pas que ça restera confiné à la petite ville de Västerås. Rectification, mauvais temps verbal : ne croyez pas que ce c’est resté qu’à Västerås, où le feu vert a été obtenu il y a trois ans.

Nos parents analogiques avaient le pouvoir de marcher sans être pistés dans la ville et dans la rue de leur choix, sans que cela soit utilisé ou retenu contre eux. Il n’est pas déraisonnable que nos enfants numériques aient le même pouvoir.

Il y a une autre façon d’acheter des choses avec du liquide qui permet d’éviter ce type de pistage, c’est le paiement comptant à la livraison à votre domicile lors de l’achat en ligne ou par téléphone. Dans ce cas, votre achat est aussi consigné et enregistré, simplement dans un autre type de système.

Tout ceci n’est pas seulement utilisé contre le citoyen ordinaire à des fins commerciales, évidemment. C’est utilisé contre le citoyen ordinaire à toutes fins possibles. Mais nous y reviendrons dans un article à venir de la série.

La vie privée demeure de votre responsabilité.




Framadsense, la publicité qui a du sens

C’est avec le plus grand sérieux que nous lançons aujourd’hui notre alternative à la régie publicitaire Google AdSense : Framadsense !

EDIT 20/09/2023 : Ce « service » est aujourd’hui fermé. Néanmoins, le code source est toujours disponible pour qui est intéressé.

Aujourd’hui on trolle la pub !

On ne va pas noyer le poisson : aujourd’hui est le jour rêvé pour lancer notre outil de bannières publicitaires. C’est dimanche, nos salarié·e·s se reposent, nos bénévoles ont une vie personnelle, vous allez donc pouvoir enflammer les z’internets en toute autonomie.

Vous croyez que c’est une blague…? Vous ne vous doutez pas à quel point nous sommes sérieuxses, dès qu’il s’agit de déconner.

Nous avons déjà parlé ici du fléau qu’est la publicité « digitale » (comme disent les « dir’comm' » et les « dir’mark' »). C’est le profilage publicitaire qui est aux origines des Léviathans qui centralisent le web. Il suffit de voir le talk « Nous créons une dystopie simplement pour obliger les gens à cliquer sur des publicités » pour comprendre combien c’est grave, et combien il faut Dégoogliser Internet. Nous relayons aussi des alternatives plus vertueuses, comme celle de la rédaction de NexINpact.

La pub en ligne est partout, c’est une catastrophe numérique et écologique… On comprend pourquoi certaines personnes s’échangent de formidables astuces pour résister à l’agression publicitaire. L’ironie, c’est que la plupart des alternatives et connaissances qui nous permettent de faire respecter nos intimités numériques sont peu connues… et qu’elles manquent de pub !

Notre sérieux va vous surprendre

C’est parti d’une idée de JosephK. Oui, JosephK, un salarié de Framasoft qui déjà, pour la blague, avait codé le Bingo du Troll (à utiliser sans modération dès qu’un troll vous emmouscaille). Celui qui, récemment, a bidouillé un joli lifting pour le Framablog (vous avez remarqué comme il est plus aéré, plus lisible ?). JosephK, un des plus farouches opposants à la pub parmi nous, qui vient nous proposer :

Et si on montrait les mécanismes de la pub en ligne tout en faisant de la réclame pour les alternatives éthiques ?

Il y a des informations que nos navigateurs web diffusent en permanence : de quel site on vient (c’est le rôle du « référent »), ainsi que les versions de notre système d’exploitation et notre navigateur web (ce que transmet le « user agent »). Rien qu’avec ces infos-là, donc sans pister quiconque, on peut générer des bannières qui expliquent aux personnes utilisant des outils fermés comment mieux se libérer… « Tu viens de Facebook ? Essaie Framasphère ! » ou « Tu utilises Chrome ? Firefox est plus rapide et plus éthique ! »

Framadsense, parce que ça nous fait rire

Si on crée ce micro-outil pour nous, autant le mettre à disposition de tou·te·s, non ? Ainsi est né Framadsense, disponible à l’adresse https://sense.framasoft.org. Si vous voulez l’utiliser pour votre site web, il vous suffit :

  • D’aller sur Framadsense
  • De paramétrer le type de bannière que vous voulez (cocher des cases, quoi !)
  • De copier/coller le code généré à l’endroit de votre site où vous voulez insérer de la (fausse-)pub !

Sense3, le logiciel développé par JosephK, est un logiciel libre (forcément !) qui respecte notre vie privée, et dont les bannières affichent uniquement des projets libres et non lucratifs… voire des œuvres d’art, juste pour le plaisir de remplacer la pollution visuelle par de la culture ! Vous pouvez d’ailleurs proposer de nouvelles bannières en collaborant au code sur son dépôt (nous, on a juste fait les exemples les plus courants… venez pas nous gronder si votre projet libre favori n’y est pas encore !).

Voilà : même quand il s’agit de déconner, on en profite pour hacker les codes de la pub. Plus qu’un poisson, Framadsense est un vrai logiciel qui permet au moins qu’on se pose la question :

comment attirer l’attention de nos proches sur le fait que nos attentions sont sur-sollicitées ?

Vous avez le reste du (long) week-end pour y répondre (ou pour manger du chocolat).

L’équipe de Framasoft.




Robin, stagiaire chez Framasoft et porteur de projet

Vous ne connaissez pas Robin ? C’est le stagiaire qui a conçu les pages Framasites dont nous parlions ici, ou plus exactement le logiciel libre qui les fait tourner, à savoir PrettyNoémieCMS

Si son stage est terminé, nous ne pouvions pas le laisser partir sans parler avec lui de sa démarche, ses projets, etc.

Pour le plaisir, nous avons décidé d’illustrer ce long échange de captures d’écrans de pages Framasite qui ont retenu notre attention.

Cliquez pour découvrir cette page Framasite qui explique comment faire une page Framasite. Hyper-méta, tavu.

Portrait de Robin

Bonjour Robin, peux-tu te présenter en quelques phrases

J’ai bientôt 30 ans et j’ai un parcours avec plein de virages qui m’ont fait passer par les cases école d’ingé, CAP cuisine, travail social… le tout avec des fortes valeurs éthiques et un intérêt particulier et assez central pour l’abolition du capitalisme (lectures, engagement militant, syndical, squat…). le dernier virage m’a amené à l’envie de créer un outil numérique d’émancipation sociale dont l’idée a pointé pendant le mouvement contre la loi travail, j’ai donc dû passer à l’apprentissage du code pour pouvoir le réaliser.

Comment on se retrouve stagiaire pour Framasoft avec ce parcours ?

Framasoft me permettait plusieurs choses intéressantes : découvrir de l’intérieur le monde du libre et de la production collaborative de services web, me faire une expérience intéressante en développant pour eux, et peut-être de faire de ce stage un tremplin pour mon projet… d’éviter enfin de me retrouver à bosser gratuitement pour une entreprise dont la finalité est le profit. J’ai fait une candidature spontanée en parlant de mon parcours de mon projet et de mes valeurs, et ça a très vite collé.

Comment as-tu été accueilli ?

J’ai rien à redire sur mon accueil, à la fois carré et sans laisser de faux espoirs et de fausses promesses et en même temps très chaleureux, rémunéré en plus ce qui est rare… Je suis quelqu’un d’autonome et je m’y suis bien retrouvé, les impératifs de la campagne de financement de fin d’année ne permettaient pas forcément à l’équipe de me tenir par la main, mais j’aime bien la liberté que ça m’a permis. et puis j’ai pu ressentir tout au long de mon stage une grande confiance dans les choix que je faisais et ça a été très encourageant.

Quelle était ta mission / ton cahier des charges ?

J’étais censé réaliser des améliorations de l’interface utilisateur du dernier service proposé par Framasoft : Framasite. L’idée était d’offrir une expérience utilisateur assez proche de la simplicité d’un WIX pour que n’importe qui, sans aucune compétences spécifique en informatique, puisse mettre en ligne un joli site web en quelques clics dans une interface très intuitive. La voie que je devais explorer pour y parvenir consistait à améliorer le CMS sur lequel était basé Framasite, en lui ajoutant tout plein d’améliorations le rendant plus simple à utiliser.

cliquez sur l’image pour découvrir ce fan-site consacré à Pepper and Carrot

 

…et finalement, tu as plongé dans le code et qu’est-ce que tu as découvert ?

Framasite est basé sur GRAV, un CMS au code élégant, qui permet de générer des pages assez rapidement avec relativement peu de compétence en PHP puisque il utilise un mélange de markdown, de fichier de configuration en YML et de templates en TWIG. beaucoup d’aspects sont très automatisés, et cela amène une grande élégance du CMS, comme par exemple la génération automatique des formulaires du panneau administrateur… Pourtant cette automatisation rend très difficile d’adapter l’interface afin d’offrir des parcours utilisateurs simplifiés pour la construction des pages, comme de regrouper certains champs d’un formulaire, n’en faire s’afficher que certains, ou de manière progressive… Il est très difficile de partir de l’expérience utilisateur souhaitée pour réaliser le code correspondant, et l’on se retrouve toujours avec des solutions de « bricolage ».

L’image que j’ai en tête pour des personnes pas très familières avec le code : c’est un peu comme essayer de construire une belle armoire normande à partir d’une armoire IKEA, vu de loin ça a l’air pratique parce qu’on est pas très loin du résultat attendu, mais peu à peu on se rend compte que le design initial est très limitant, et oblige finalement à réaliser un travail bien plus laborieux et complexe que de partir d’un bon tas de planches et d’outils performants… d’autant plus que l’on me demandait que mes modifications restent compatibles avec les mises a jour de GRAV, et donc, pour filer la métaphore, que l’armoire IKEA ne soit pas cassée dans l’opération.

Bref : Un vrai casse-tête.

Donc tu n’as pas rempli ta mission ? C’est un terrrrrrible échec qui te tourmente jour et nuit (debout) ? Comment a réagi la personne qui assurait l’encadrement de ton stage ?

J’ai assez rapidement été découragé de suivre l’option d’une modification de Grav pour obtenir l’effet attendu, et je suis revenu des fêtes de fin d’année en me disant que même si mon stage durait 6 mois, je ne crois pas que j’arriverais a faire mieux pour simplifier la création de site par mon utilisateur que de l’orienter vers un hébergeur solidaire offrant une installation de wordpress à la volée… donc j’en ai parlé à l’équipe et à la personne qui m’encadrait sans trop savoir ce qui allait advenir, j’étais prêt à peut-être partir sur un autre stage… c’est pas facile de remettre en question totalement les choix fait par une équipe, je sais qu’en cuisine ou ailleurs, ça aurait signifié une fin de contrat plus ou moins houleuse…

Mais bon, mes arguments ont été plutôt convaincants, et on est assez vite arrivé a une solution qui m’est venue assez tôt dans le stage, créer un outil simple depuis le début en utilisant un framework PHP nettement plus bas niveau qu’un CMS, et surtout en partant d’une idée de ce que je souhaitais offrir à l’utilisateur plutôt que de partir de quelque chose d’inadapté pour le bidouiller.
Ça a été très motivant et en une quinzaine de jours j’ai pu réaliser une version limitée de cet outil, et j’ai eu de très bons retours, à la fois de mes amis non-codeurs qui étaient très intéressés par la simplicité avec laquelle ils pouvaient réaliser un site web mais aussi par les membres de l’équipe qui étaient très enthousiastes.

Une question de détail par un gars sur Mastodon (Llaq @lelibreauquotidien) : Hé, @Framasoft, pourquoi vous avez appelé le CMS des pages Framasite « PrettyNoemieCms » ?

Oh ben je suis amoureux d’une fille qui s’appelle Noëmie, donc le nom est venu comme ça… le premier nom c’était Easy ShowcaseSite CMS… c’est quand même mieux Noemie CMS, non ? Enfin moi je trouve. Il y a un proverbe dans le libre qui dit que c’est ceux qui font qui ont raison, et vu que c’est moi qui l’ai fait, c’est moi qui ai raison.

Comment a été accueilli ton travail, par Framasoft et par le public ?

À la fin de mon stage, l’outil a été mis en ligne et j’ai tout de suite eu pas mal de bons retours, celui qui m’a fait le plus plaisir c’était quelqu’un qui m’a dit : « c’est le plus simple des CMS ». je sais pas si on peut être aussi catégorique, mais si j’ai réussi à créer un outil auquel on pourrait mettre juste une demi-étoile sur 5 de difficulté, j’aurai vraiment réussi mon pari… En tout cas j’ai fait tout mon possible pour aller dans cette direction. Ce qui me plaît bien aussi c’est des amis non codeurs qui partagent le plaisir créatif qu’ils ressentent en utilisant l’outil, ils me disent qu’ils se sont « amusés » avec Noëmie, ce qui me ravit.

J’ai eu aussi quelques retours de bugs, rapidement corrigés, et aussi plein de personnes qui s’y sont intéressé de près en voyant le potentiel de l’outil et qui m’ont fait part d’idées d’amélioration.
Les membres de l’association m’ont fait part non seulement de leur satisfaction quant à mon travail, mais ils m’ont aussi exprimé qu’ils avaient été impressionnés par ma capacité à sortir quelque-chose d’aussi abouti et de fonctionnel en si peu de temps. Ça me fait chaud au cœur, car je débute dans la programmation, il y a un an et demi je n’avais pas encore écrit une seule ligne de code, et je ne participe à une formation que depuis moins d’un an. Je tiens au passage à remercier chaleureusement Simplon (mon organisme de formation) et son formateur Patrick qui m’ont aidé à prendre peu à peu confiance dans mes capacités de développement, et m’ont guidé dans cet apprentissage.

La page des « Framasoft fan art » de JCFrog nous a fait hurler de rire.

 

Quelle suite pour Noemie CMS ?

Aujourd’hui je pense que ce CMS trouve sa place à côté de ceux déjà existants, grâce a sa simplicité. il ne sera jamais aussi complexe et personnalisable qu’un WordPress ou un Grav, mais il peut trouver sa niche en étant « le plus simple des CMS».

Les contributions sur le Repository vont bon train : déjà 66 issues postées, dont 52 réalisées, 17 merge request, on peut dire que je me sens pas seul sur le projet. Plein de pistes d’amélioration se dégagent, et d’autres que moi se saisissent avec plaisir du projet. Quant à moi je suis partagé entre un projet perso qui me tient vraiment à cœur : HUmanBeing (on en reparlera en fin d’article), ma formation qui s’arrête et le besoin de trouver un moyen pour vivre qui risque de bouffer beaucoup de disponibilités et l’envie de poursuivre le travail entamé sur ce CMS. Ça fait beaucoup d’envies et malheureusement pas suffisamment de temps pour tout faire à 100%.

Dans l’idéal je reprendrais Noemie CMS depuis le début avec un framework JS frontend (Vue-React- angular) afin de rendre l’expérience utilisateur encore plus fluide (pas de rechargement de pages à chaque sauvegarde, possibilité d’aller plus loin dans la complexité du code pour proposer une expérience utilisateur toujours plus simple, et peut-être ajouter la possibilité de créer un site de plusieurs pages… enfin bon, si j’avais plus de temps et pas la nécessité de devoir faire un truc débile, plus ou moins néfaste pour les gens qui m’entourent et dans le seul but d’enrichir un patron pour pouvoir payer mon loyer ces prochains mois c’est ce que je ferais… mais bon… je crois pas que j’en aurai l’opportunité.

En attendant, je vais quand même continuer de faire avancer tout doucement les fonctionnalités, résoudre des bugs, et surtout passer du temps à transmettre aux autres contributeurs « les clefs » de mon code pour qu’ils puissent aussi se l’approprier et le faire évoluer.

Pendant ta période de stage, on t’a aussi obligé à assister à l’assemblée générale de Framasoft, tu peux nous raconter un peu comment ça s’est passé ? Ils t’ont fait quelle impression les membres de l’association ? et le fonctionnement de l’asso, qu’est-ce que tu en penses ?

Ce fut très intéressant, j’ai rencontré plein de chouettes personnes, avec un beau projet en commun. les discussions étaient très riches. je me suis parfois demandé s’ils ne manquaient pas un peu d’ambitions : en effet le bilan financier leur permettrait à mes yeux de s’engager sur plus de projets, en termes de développement direct ou de soutien financier à des projets ; en même temps je comprends tout a fait que la « sérénité financière » de Framasoft est très récente, et je n’ai pas vraiment suffisamment de compétences en gestion pour pouvoir donner un avis là dessus.

Peut-être aussi que ça m’a permis de prendre conscience d’un décalage entre la vision que j’avais de Framasoft et son projet associatif : avant mon stage j’envisageais Framasoft un peu comme une équipe associative de développeurs qui cherchaient à produire des outils libres et gratuits et de la meilleure qualité pour le plus grand nombre, pour le plaisir de pouvoir offrir des services libres et gratuits à leurs utilisateurs… peu à peu j’ai pris conscience que ce qui animait cette association était aussi très militant et axé sur des enjeux « idéologiques » dans le sens de réaliser des actions visant à faire évoluer les consciences, promouvoir le logiciel libre, lutter contre les GAFAM.

Et j’avoue que je me suis moins reconnu dans ces enjeux, Ça peut paraître paradoxal par rapport à mon engagement sur les #NuitDebout, mais en vrai même sur les Nuit debout ça n’a jamais été le côté tribune et réflexion et changements des mentalités qui m’attiraient, mais plutôt le fait de trouver un espace où l’on pouvait participer et collaborer librement avec plein de gens pour produire au mieux toutes sortes de choses sans que viennent se mêler des questions d’argent ni de hiérarchie (cuisine collaborative, organisation de la vie sur la place, résistance contre les flics…). Je crois que je suis pas très militant dans l’âme, dans le sens que j’ai pas la volonté de faire changer les consciences, ce qui m’intéresse c’est plus de partager des expériences de rapports sociaux désaliénés, et d’inviter un max de gens à me rejoindre dans le plaisir que représente le fait de cesser collectivement de se soumettre au fric et à l’état.
Je pense aussi que j’ai pu ressentir un décalage car je suis partagé quant à leur rigueur sur les moyens à employer. J’utilise quotidiennement Google, Chrome, etc. et dans mon travail c’est pareil je vise surtout à utiliser les meilleurs outils dans l’objectif d’offrir des services agréables et gratuits aux personnes qui utiliseront mes travaux sans me préoccuper de leur caractère libre ou non. J’ai tendance à privilégier les outils qui m’offrent pratiquement plus de pouvoir d’agir plutôt que des outils « libres ». Cela ne veut pas dire que je ne reste pas attentif aux effets secondaires de l’utilisation de certains trucs propriétaires, mais je ne les exclus pas d’emblée, et les préfère parfois.

Cliquez pour voir une très, très belle page Framasite : celle du groupe musical Volivent.

 

Tu as eu aussi l’occasion d’intervenir pour présenter ton projet personnel, de quoi s’agit-il au juste ?

C’est ce projet qui m’a amené à l’informatique, guidé dans mon apprentissage des technos du développement web : durant les Nuits debout j’ai pris tristement conscience que 80% des projets ne se font pas car les personnes avec des initiatives se rencontrent trop difficilement. Du coup j’ai essayé de remédier à cela en faisant du lien, d’abord en notant sur un carnet, puis sous forme de fiches papier et de panneau d’affichage où chacun pouvait partager son projet pour potentiellement trouver des personnes pour le rejoindre. Ça avait plutôt bien marché, même si c’était pas du tout scalable pour parler en termes dev : en effet, en trois jours, il y avait 70 fiches de projets et d’initiatives sur le tableau d’affichage et cela devenait très complexe pour quelqu’un venant sur la place pour la première fois de trouver rapidement un projet sur lequel s’investir.

J’ai donc commencé à créer un outil, en réfléchissant à la manière de répondre au mieux à ce besoin de mise en relation dans le monde non-marchand. En effet, le monde marchand dispose des Pôle emploi et des agences d’intérim pour mettre en lien les gens sur la base de leurs compétences et des projets, alors que le non-marchand n’a pratiquement rien de plus que le bouche-à-oreille, et c’est très frustrant de voir que 80% des projets non marchands sont morts-nés faute de participants alors que très souvent les personnes potentiellement intéressées existent, mais ne sont pas dans le même réseau, le même cercle élargi de connaissance. Et on a la même problématique en ce qui concerne le partage, dans une grande majorité de cas, on se résout à aller au supermarché acheter un truc dont on a besoin alors qu’il y a probablement dix personnes dans le quartier, ou une asso qui produit cette ressource qui pourrait le donner ou le prêter gratuitement.

La troisième problématique à laquelle j’aimerais pouvoir apporter une solution avec cette plate-forme, c’est celle de la multiplication exponentielle des outils collaboratifs lorsqu’on est investi sur plusieurs projets. je reçois par exemple en ce moment les mails de 5 listes de mails bavardes, je suis inscrit sur trois systèmes de chat différents, 2 pads, github et gitlab, et un kanban, tous avec leurs adresses différentes que je perds une fois sur deux… Bref : l’enfer, alors que pourtant je crois être plutôt à l’aise avec l’outil informatique. Je rêve de quelque chose qui pourrait les centraliser sur une plate-forme, avec tous mes projets, et pour chacun des projets son agenda, sa liste de tâches, etc. — et ne plus me perdre dans un dédale d’outils collaboratifs dispersés.

L’idée de HUmanBeing c’est de répondre à ce besoin, en proposant :

  • une plate-forme de mise en relations des utilisateurs sur la base des projets qu’ils créent, de leurs centres d’intérêt, de leur localisation, et de leurs compétences
  • une suite d’outil collaboratifs pour tous les projets créés grâce à la plate-forme : agenda, forum-chat de discussion, liste des tâches.
  • une plate-forme de partage pour que les projets et les utilisateurs puissent partager les ressources dont ils disposent, qu’ils créent et dont ils ont besoin.
  • une plate-forme sans modérateur, dont la modération se fait de manière autonome par des votes de la communauté d’utilisateurs venant réguler les conflits et poser les base de ce qu’elle trouve acceptable ou non, une communauté créant ainsi sa propre légitimité autonome des lois étatiques.

L’objectif et l’ambition de cette plate-forme serait dans un premier temps d’apporter un sacré plus à tous les projets collaboratifs et non-marchands en leurs permettant de scaler et de prendre de l’ampleur au-delà des cercles de connaissances de chacun et donner du coup plus de possibilités d’agir sur le monde à tous ceux qui ont déjà cette éthique de vouloir donner du sens à leurs activités au quotidien.
L’espoir qui m’anime au-delà d’apporter ces possibilités à ces personnes, est lié à ma façon pessimiste de penser l’avenir de la société marchande et de l’état dans leur capacité à répondre aux besoins des personnes. Je m’imagine la prochaine crise économique, lorsque par exemple le ramassage des ordures s’arrêtera en raison de la faillite de ma communauté de communes et que l’accès aux soins sera devenu aussi difficile qu’en Grèce… et je me dis, si à ce moment on a un outil qui me permet de trouver 2 médecins, 4 infirmiers pour faire un centre de soins autogéré, ou alors faire une recherche de 5 chauffeurs poids lourds et 10 autres personnes pour créer une équipe de ramassage des ordures en moins d’une journée… Je me dis que cet outil pourrait être un formidable vecteur par lequel la collaboration, le partage et la gratuité pourraient s’imposer face au capitalisme sur le plan de la production matérielle de l’existence des hommes.

Et je me suis mis à le réaliser.

J’avais commencé en symphony (un framework PHP), mais c’était vraiment inadapté, donc je suis parti sur le framework METEOR JS très à l’aise pour gérer le temps réel : bien pratique lorsqu’il s’agit de collaborer. Pour l’instant j’ai une messagerie en temps réel fonctionnelle (chiffrée end to end), on peut créer un projet, inviter d’autres membres, le rechercher en fonction des compétences, localité qu’ils ont renseignée, chaque projet et chaque utilisateur peut s’exprimer publiquement grâce a un blog tout simple. je dirais que j’ai fait 80 % du travail de réflexion et 40 % de l’écriture du code avant de pouvoir en sortir une version Bêta…

Ça fonctionne pas trop mal en local, c’est même plutôt joli, mais j’ai encore des soucis à le mettre en prod sur une version de démo et pas mal de bugs, dont certains pour lesquels je n’ai aucune piste de solution… mais bon, ça viendra, et je suis hyper motivé, j’ai appris à coder pour pouvoir créer cette plateforme, ce projet me tient à cœur depuis 2 ans maintenant, je suis pas prêt de baisser les bras !

J’ai récemment réalisé une vidéo pour présenter l’avancement du travail que vous pouvez regarder ici :

Cliquez sur l’image pour regarder la vidéo (YouTube)

 

Tu as demandé des retours, ils te les ont donnés, ça ne t’a pas paru trop violent ?

Ben d’une certaine manière les retours étaient très bons, ils ont été impressionnés par la quantité et la qualité du travail que j’avais réussi à réaliser en si peu de temps ainsi que par ma courbe d’apprentissage très rapide. D’autre part, l’objectif émancipateur visé par le projet à fait écho au projet associatif de Framasoft, on pourrait même dire que le projet HUmanBeing vise à inscrire la force de la création collaborative de contenus immatériels du libre (Wikipédia, Linux, etc..) dans la réalité matérielle concrète de la production des besoins des hommes.

Néanmoins à mes yeux trois points font que ce projet n’avait pas les prérequis nécessaires pour pouvoir bénéficier du soutien matériel que j’ai demandé à Framasoft (même si cette interview me permet de le faire connaître assez largement et constitue un soutien qui est toujours bon à prendre).

  • Ce projet pose un rapport radical vis-à-vis de l’État et de l’économie ( « nous n’avons rien à attendre d’eux, créons un outil d’organisation qui nous permet de nous en émanciper »). Je pense que ça s’éloigne de la ligne directrice framasoftienne qui aurait plutôt tendance à vouloir créer des outils favorisant l’économie sociale et solidaire, des outils permettant plus d’interactions citoyennes (framapetition, etc.), avec des valeurs de gauche moins radicales, basées, comme une grande partie de la gauche actuelle sur les valeurs du conseil national de la résistance : un état fort et démocratique gérant la répartition des richesses et le soutien au plus démuni. Il me semble que ce temps-là est dépassé, il appartient a une époque où les hausses de productivité annuelles permettaient au capitalisme ce genre de concessions aux travailleurs, et que l’état et l’économie marchande nous démontrent jour après jour, et année après année que nous n’avons rien à attendre d’eux, si ce n’est l’intensification de l’exploitation de l’homme par l’homme et la destruction de l’écosystème permettant la vie des hommes.
  • D’autre part il me semble aussi que la façon d’envisager ce projet s’écarte de l’idéal de décentralisation poursuivi par Framasoft, dans la mesure ou il se propose de rassembler sur une seule et même plateforme beaucoup de services. dans l’idéal je rêverais que HUmanBeing soit décentralisé, avec plusieurs instances communiquant entre elles sur un réseau commun, mais bon, il me semble que ça ne pourra venir qu’après avoir fait la proof of concept de cette plateforme, un début de comm dessus. Il faut bien se rendre compte que développer une application décentralisée double ou triple le temps de développement.
  • enfin la façon de penser la modération de cette plateforme : autogérée et potentiellement porteuse de projets en-dehors du cadre légal (celui qui fait que les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ou jetés en prison), a pu être perçue à juste titre par Framasoft comme quelque chose mettant potentiellement en danger le reste de ses activités.

Enfin bon, je reste plein d’enthousiasme pour la suite, et sais que quand je suis motivé je suis capable de déplacer des montagnes et de résoudre tout un tas de problèmes. Toujours est-il que le soutien matériel de Framasoft aurait permis de solutionner le problème majeur de savoir comment je vais payer mon loyer si je passe 10 heures par jour à développer une plate-forme non marchande…

On voit qu’il reste du boulot pour mener à bien ton projet, c’est peut-être le moment de réunir une petite équipe de gens intéressés pour contribuer ?
Tu as mis les sources quelque part en ligne ? C’est codé en quoi ? Comment on peut contribuer ?

Ben ouais, carrément ! Le projet est dès le départ très très ouvert à toutes les contributions, le « cahier des charges » s’est fait avec les contributions de plusieurs dizaines de personnes durant les Nuits debout, et au fil du temps je fais des rencontres et j’ai quelques petites contributions extérieures, plus tous mes amis qui me font des retours au fur et a mesure que j’avance dans les fonctionnalités. J’ai bien conscience que c’est un énorme projet et qu’il faudra qu’on soit nombreux à y participer pour que ça puisse exister durablement.

Le projet est donc codé en JavaScript, HTML, CSS, mongoDB autour du framework METEOR JS (et matérialize css pour le front end), qui est un outil assez facile à prendre en mains avec de très bons cours en français et en anglais et énormément de ressources. Il faudrait aussi des personnes avec des compétences en comm’ et aussi des personnes sans compétences particulières, avec juste l’envie de participer à l’aventure, et qui apporteront sans aucun doute au projet toute leur richesse.

Comme dirait un enfant du paradis : A vot’ bon cœur M’sieurs dames !

L’asso te remercie de ton implication et de ton travail et te souhaite une pleine réussite dans tes projets. On te laisse le mot de la fin comme d’habitude.

Je vous remercie de m’avoir fait confiance dans la création de Noemie CMS, et de m’avoir permis de faire ce qui me plaît le plus : contribuer, par mon travail, au bien-être des personnes qui m’entourent.
Je profite aussi de cette interview pour renvoyer vers mon CV (créé grâce aux pages Framasite et donc grâce a NoemieCMS), et informer les lecteurs qui auraient des pistes que je suis actuellement à la recherche d’un emploi.

Merci beaucoup de m’avoir offert cet espace d’expression, ce fut un plaisir de répondre à cette interview.