Quand la ville de Marseille écarte GNU/Linux en faveur de Windows 7

Elvire.R. - CC byCela fait déjà couler beaucoup d’encre sur la liste de diffusion de l’April et sur le forum d’Ubuntu-fr. La ville de Marseille, après étude comparative, a décidé cet été de faire « converger tous les postes de travail sous l’OS Windows Seven ».

C’est une bien mauvaise nouvelle qui, espérons-le, ne fera pas jurisprudence (sur l’argent de nos impôts).

Mais il est à noter que contrairement à une certaine mauvaise habitude prise dans le passé par les collectivités, la solution GNU/Linux a, semble-t-il, cette fois-ci été sérieusement évaluée.

Pour ce qui est des arguments avancés, je vous laisse juge, dans les commentaires, de leur pertinence puisque nous avons reproduit (et souligné) ci-dessous un large passage du communiqué motivant et justifiant cette décision[1].

Remarque : Il est cependant fait mention d’une migration vers OpenOffice.org, ceci venant un peu compenser cela.

Marseille dit Oui à Windows Seven et Non à GNU/Linux

DSI de Marseille – 22 juillet 2010 – Note interne (extraits)

Note à l’attention de tous les personnels de la Direction des Systèmes d’Information

Objet : Poste de travail

Dans un esprit de rationalisation et d’économie la DSI a décidé de simplifier sa politique concernant le poste de travail comme suit :

  • unicité du poste de travail sur PC, les postes Mac seront progressivement supprimés, le déploiement des Mac étant d’ores et déjà arrêté,
  • convergence de tous les postes à terme sous l’OS « Seven de Microsoft ».

Notre souci de rationaliser les technologies dont nous avons la charge ainsi que les évolutions technologiques autour du poste de travail, nous conduisent à porter une réflexion particulière au poste de travail de « demain ».

En réponse à l’objectif de rationalisation, il a été décidé de mettre fin au déploiement de postes de travail de type Apple.

En réponse à l’objectif de suivi des évolutions technologiques, il est nécessaire de qualifier l’OS qui sera installé sur les PC. Suite à la mise en place de la nouvelle organisation au sein de la DSI, le périmètre de l’étude d’opportunité sur l’OS Linux pour les postes de travail a été revu en s’orientant vers une étude comparative des OS Linux et Windows Seven.

Au regard de ces conclusions, le comité de direction du 5 juillet a acté que Windows Seven serait l’OS déployé dorénavant sur les postes de travail.

Les principales raisons de ce choix sont les suivantes :

  • la faible part de marché détenue actuellement par Linux considérée comme un risque quant à sa pérennité,
  • l’inconvénient d’amener avec Linux un changement d’usage fort pour la majorité de nos utilisateurs alors que nous les sollicitons et les solliciterons pour bien d’autres changements prévus (exemple : éradication des postes Mac, utilisation de Open Office, changement d’outil GroupWare, la politique d’impression…),
  • notre stock d’applications métiers n’utilisant pas les technologies Web indispensables à un portage sous Linux et l’analyse nous portant à penser que les éditeurs fourniront en premier lieu leur version compatible pour Seven avant de proposer celle pour Linux.

Les atouts de Linux tels que l’économie sur les licences et l’autonomie technique ont bien été considérés mais ne suffisent pas pour contrebalancer l’avantage donné à Seven dans les conclusions de notre étude.

On peut trouver ici le document scanné dans son intégralité.

Notes

[1] Crédit photo : Elvire.R. (Creative Commons By)




Docteur Word et Mister Doc font de la résistance à l’Éducation nationale

Les inspecteurs de l’Éducation nationale représentent l’autorité pédagogique des enseignants. Ils sont écoutés et respectés. Ce sont un peu « les professeurs des professeurs ».

En cette nouvelle rentrée scolaire, les enseignants d’une académie sont sollicités par leurs inspecteurs pour fournir un travail en vue de préparer au mieux un changement de programme dans leur discipline. C’est une procédure tout à fait classique de consultation de la base.

Ce qui l’est peut-être moins, c’est la recommandation technique ci-dessous :

Afin de faciliter la gestion des très nombreuses productions attendues, il est impératif de n’utiliser que la fiche-réponse (un fichier au format Word à compléter) pour envoyer vos productions. Vos fichiers (un par situation d’évaluation produite) doivent être lisibles avec une installation standard de Word et aucun autre fichier ne doit être joint à votre envoi.

Vos fichiers doivent être nommés de la façon suivante (en remplaçant XXX par le numéro de votre établissement) : XXX-1.doc, XXX-2.doc, etc.

Nous vous serions reconnaissants de respecter scrupuleusement ces consignes afin d’éviter un travail important et fastidieux au groupe de relecture.

Nous sommes d’accord, les inspecteurs sont aussi faillibles et ne peuvent pas être des experts partout. Mais quelle confusion entre le logiciel (Word) et le format (doc) ! Et quel mauvais exemple renvoyé à des enseignants habitués à ce que la parole de leurs inspecteurs soit parole d’évangile !

Word, en installation « standard », désigné par ses élites Grand Facilitateur de travail à l’Éducation nationale ! Cela se passe encore comme ça à l’école française en septembre 2010…

Il y a certainement moyen de faire autrement. Pouvez-vous aider nos inspecteurs dans les commentaires ?




Microsoft, ennemi des droits de l’homme en Russie ?

Délirante Bestiole - CC byQuand la Russie utilise Microsoft pour réprimer la dissidence, tel est le titre d’un stupéfiant article du New York Times, qui a fort justement fait réagir notre ami Glyn Moddy dans un billet traduit ci-dessous.

Il fallait y penser. Pour museler les écologistes qui souhaitent préserver le lac Baïkal[1], vérifions si leurs ordinateurs ne tournent pas avec des versions de Windows piratées ! Et avec l’aide des avocats de Microsoft qui plus est ! Une histoire incroyable mais malheureusement vraie.

Cependant, comme il est dit en conclusion, il est tout aussi incroyable de constater que ces organisations non gouvernementales n’aient pas encore rencontrés le logiciel libre. Ceci obligerait alors les autorités russes à trouver un autre prétexte pour les embarquer.

Microsoft, ennemi des droits de l’homme en Russie ?

Microsoft, Enemy of Human Rights in Russia?

Glyn Moody – 12 septembre 2010 – Open…
(Traduction Framalang : Goofy, Yoann, Barbidule, Pablo et Garburst)

Voici une jolie fable morale.

Le lac Baïkal est une merveille. Hôte de nombreuses espèces uniques, c’est le lac le plus ancien et le plus profond du monde. Mais Vladimir Poutine s’en moque complètement : il est préoccupé par le taux de chômage croissant dans la région, c’est pourquoi il a autorisé la réouverture d’une papeterie qui pendant des années a déversé du mercure, du chlore et des métaux lourds dans cet écosystème exceptionnel.

Jusque-là, c’est déjà assez déprimant.

Mais voici le moment de l’histoire où cela devient intéressant :

C’est par une fin d’après-midi de janvier qu’une escouade d’officiers de police en civil est arrivée au quartier général d’un groupe écologiste de premier plan. Ils sont passés devant l’équipe en leur adressant à peine la parole et se sont aussitôt emparés des ordinateurs pour les emmener. Ils ont ainsi pris des fichiers qui relataient les efforts d’une génération entière pour protéger la nature sauvage sibérienne.

Le groupe « Baikal Environment Wave » organisait des manifestations contre la décision du premier ministre Vladimir Poutine de ré-ouvrir une papeterie qui polluait le lac Baïkal tout proche, une merveille de la nature qui, selon certaines estimations, concentre 20 pour cent des réserves d’eau douce du monde.

Mais le groupe a été victime de l’une des plus récentes tactiques des autorités pour mater les contestataires : la confiscation des ordinateurs sous prétexte d’y chercher des logiciels Microsoft piratés.

À travers toute la Russie, les services de sécurité ont mené ces dernières années des douzaines d’actions coup de poing de ce genre contre des journaux ou des organisations d’opposition. Les officiels des services de sécurité prétendent que ces enquêtes sont justifiées par la lutte contre le piratage logiciel, endémique en Russie. Cependant ils s’attaquent rarement sinon jamais à des organisations ou des journaux qui soutiennent le gouvernement.

À mesure que ce stratagème s’est développé, les autorités ont reçu l’appui décisif d’un partenaire inattendu : l’entreprise Microsoft elle-même. Dans des cas de poursuites comportant un aspect politique, partout en Russie, les avocats engagés par Microsoft ont vigoureusement aidé la police.

Apparemment, la détermination de Microsoft pour aider à réprimer la contestation n’est pas limitée à ce cas de figure :

Compte-tenu des soupçons portant sur le motif politique de leurs investigations, la police et les juges se sont tournés vers Microsoft pour donner du poids à leurs accusations. En Russie du sud-ouest, le ministre de l’Intérieur a déclaré dans un document officiel que l’enquête sur un défenseur des droits de l’Homme, portant sur la piraterie informatique, avait été lancée « sur le fondement d’une requête » d’un avocat de Microsoft.

Dans une autre ville, Samara, la police a saisi les ordinateurs de deux journaux d’opposition, avec le soutien d’un autre avocat de Microsoft. « Sans la participation de Microsoft, ces poursuite criminelles contre des défenseurs des droits de l’Homme n’auraient tout simplement pas eu lieu », a déclaré le directeur de publication de ces deux journaux, Sergey Kurt-Adzhiyev.

Mais le pire dans cette histoire, c’est qu’il ne sert à rien d’avoir des versions légales des logiciels Microsoft :

Les dirigeants de l’association Baïkal Wave ont précisé qu’ils avaient été avertis que les autorités utiliseraient de telles actions pour faire pression sur les groupes de défense de l’environnement, ils s’étaient donc assurés que tous leurs logiciels étaient légaux.

Mais ils ont vite compris à quel point il leur serait difficile de se défendre.

Ils ont déclaré avoir expliqué aux officiers de police qu’ils se trompaient, en leur montrant les factures et l’emballage d’origine de Microsoft pour prouver qu’il ne s’agissait pas de logiciels piratés. La police n’a pas paru en tenir compte. Un officier supérieur a rédigé sur-le-champ un procès-verbal prétendant que des logiciels illégaux avaient été découverts.

Les défenseurs de l’environnement disent qu’avant l’opération coup de poing, les autocollants de Microsoft « Certificat d’authenticité » étaient collés sur les ordinateurs pour attester de la légalité des logiciels. Mais alors que les ordinateurs étaient emmenés, ils remarquèrent une chose étrange : les autocollants avaient disparu.

Naturellement, il existe une solution simple : utiliser des logiciels libres. Ainsi, pas besoin d’autocollants, et impossible pour les autorités de vous reprocher leur utilisation. D’ailleurs, compte-tenu du meilleur niveau de sécurité que procure le logiciel libre, j’ai du mal à comprendre pourquoi les associations qui défendent les droits de l’Homme ne les installent pas de manière systématique. Espérons que ces pénibles expériences les mettront sur la bonne voie et qu’ils passeront bientôt au libre – pour eux, et pour l’avenir du lac Baïkal.

Notes

[1] Crédit photo : Délirante Bestiole (Creative Commons By)




Les jeunes ne jurent que par Apple (et se foutent du logiciel libre ?)

Multitrack - CC byIndépendamment de la question financière, que choisirait actuellement un jeune bachelier si il avait le choix de s’équiper en matériel high tech ?

Ce n’est qu’une impression mais il semblerait bien que tous ou presque souhaitent désormais posséder du Apple : MacBook, iPod, iPhone, iPad…

Deux liens qui corroborent cette impression.

Le premier lien est économique. Un cabinet financier américain vient tout juste de dégrader la notation de Microsoft estimant que l’éditeur ne parvenait pas à séduire les jeunes générations (source ZDNet). Ainsi 70% des étudiants entrant à l’université possèderaient un Mac[1].

Cela fait beaucoup quand même ! Mais justement le second lien est académique. Le département Information Technology and Communication de l’Université de Virginie nous propose d’intéressantes statistiques sur l’équipement informatique de ses étudiants de première année.

On peut y constater de notables évolutions de 1997 à nos jours. Comme on s’y attendait les étudiants tendent à être tous équipés, et au profit aujourd’hui presque exclusif de l’ordinateur portable. Mais pour quel OS ? Et là effectivement la comparaison est édifiante. Les courbes de Windows et de Mac suivent des chemins diamétralement opposés. En 2004, nous avions 89% pour Windows et 8% pour le Mac. En 2009 c’est 56% de Windows et 43% de Mac. On est encore loin des 70% évoqués plus haut, mais au train où vont les choses, c’est apparemment pour bientôt.

Pourquoi avoir choisi l’année 2004 comme repère ? Parce qu’ils étaient alors 77 étudiants à avoir un autre OS que Windows ou Mac (autrement dit un OS libre). Or ils ne sont plus que 8 en 2010, soit 0,3% !

D’où cette double question que je soumets à votre sagacité : Est-ce que selon vous Apple fascine réellement toute la jeunesse ? Et si oui cela a-t-il, dès aujourd’hui et pire encore demain, des conséquences sur le logiciel libre ?

À parcourir ces trois récents articles du Framablog : Pourquoi je n’achèterai pas un iPad, La fin du Web ouvert – Apple ou la banlieue riche du Web et Combien de futurs hackers Apple est-il en train de tuer ?, je crains déjà votre réponse. Et me demande dans la foulée si cela ne met pas une nouvelle fois en exergue la faillite absolue en amont de l’école (et des parents) quant à la sensibilisation au logiciel libre et sa culture.

Notes

[1] Crédit photo : Multitrack (Creative Commons By)




Quand le cloud computing bouleverse l’équilibre entre le matériel et le logiciel

Leonardo Rizzi - CC by-saUn court billet pour évoquer la relation entre le software et le hardware, entre le logiciel et le matériel, à l’ère où le (mal nommé) cloud computing – ou informatique dans les nuages – bouscule les habitudes et pose de nombreuses questions en particulier à ladite communauté du Libre.

Nous avons peut-être tendance à l’oublier mais cette relation ne va pas de soi, a évolué avec le temps et a de nombreuses conséquences selon que l’un prend le pas sur l’autre.

Nous achetons un ordinateur et avec plus ou moins de bonheur nous y mettons un peu, beaucoup, passionnément du logiciel libre dedans. Mais sans toujours nous rendre compte nous modifions alors le vieil équilibre entre le software et le hardware. Jusqu’à atteindre son paroxysme avec le cloud computing où l’on veut nous faire croire que cela se passe dans les nuages alors qu’il n’en est rien puisque tout est très concrètement centralisé dans des énormes (et peu écologiques) datacenters dont nous ignorons généralement tout et qui paradoxalement redonnent la main au matériel et à ceux qui les construisent[1].

Le cloud computing représente-t-il une menace pour le logiciel libre ?

Is cloud computing a threat to open source?

John Spencer – 14 avril 2009 – ComputerWorld.uk
(Traduction Framalang : Don Rico, Poupoul2 et Olivier)

Allons-nous nous libérer d’une prison logicielle pour mieux nous jeter dans celle des fabricants de matériel ?

La disparition annoncée du logiciel propriétaire laisse un vide qui va être comblé… et il se pourrait bien que nous n’aimions pas ça.

Le PC arrive sur nos bureaux

Quand j’étais à la fac, le PC – l’ordinateur personnel – n’existait pas encore. Nous achetions du temps machine (très cher) sur l’ordinateur central (NdT : mainframe) ; l’un de mes amis a ainsi gagné des sommes conséquentes en vendant du temps machine à des entreprises qui en avaient besoin.

Après mes études, alors que je travaillais pour une multinationale, nous avons vu arriver nos premiers PC, et, je ne vous mens pas, mon supérieur a apporté le sien au bureau pour utiliser SuperCalc (ce qui lui a valu d’ailleurs une méga promotion).

Les administrateurs informatiques ont vu l’arrivée du PC d’un très mauvais œil. Ils aimaient trop leurs terminaux avec leur applis tout sauf sexy ; ils avaient le pouvoir parce qu’eux seuls avaient la main le serveur. Ce qu’ils voulaient, c’était le contrôle, et ce satané PC apportait bien trop de liberté.

Arrive le réseau… et avec lui une perte de liberté

La révolution du PC a produit une explosion de créativité et des libertés, mais très vite ces libertés se sont effritées. Première étape : la mise en réseau. Le prix à payer pour accéder à une zone de partage de fichiers et pouvoir ainsi utiliser n’importe quel PC de l’entreprise en voyant toujours le même bureau a été… d’adhérer au terrible « Domaine ». Ajoutez aux restrictions du Domaine, les coûts de plus en plus exorbitants des logiciels propriétaires, et soudain la révolution du PC prenait du plomb dans l’aile.

Demandez donc à ceux qui travaillent dans les réseaux d’entreprise s’ils se sentent libres.

La deuxième vague de liberté arrive

La deuxième vague de liberté est arrivé groupée. Le World Wide Web et Linux ont émergé plus ou moins au même moment. On n’insistera jamais assez sur l’effet libérateur qu’a provoqué l’accès ouvert au Web et à des logiciels libres et open source. D’un seul coup, le logiciel propriétaire et la poigne de fer du réseau ne signifiaient plus rien. Une fois de plus, on a connu une explosion de créativité et de libertés, et qui se poursuit encore actuellement à une très forte cadence.

Aujourd’hui, je possède mon propre matériel (et pas qu’un peu), personne, que ce soit un particulier ou une entreprise, n’a le contrôle de mes logiciels, et je dispose du Web comme extraordinaire terrain de jeu. Nous vivons une ère de liberté sans précédent. Merci à vous, les gars – merci Tim B-L, merci Linus T, merci Richard S.

Je crois que cette liberté est menacée.

Ce que je crains, c’est qu’Internet soit absorbé par les serveurs des « nuages » (comme ils disent), et qu’il finisse sous le contrôle des fabricants de matériel informatique.

Le Manifeste pour l’informatique dématérialisée ouvert était bizarre (NdT : The Cloud Computing Manifesto). Parmi les signataires, on trouve Cisco, AT&T, IBM et Sun, qui produisent une sacrée part du matériel sur lequel repose l’informatique dans les « Nuages ». Rien d’étonnant alors qu’ils soient partants. Red Hat et SAP sont partantes aussi, mais pourquoi ? SAP perd ses employés comme des pellicules et Red Hat voudrait bien s’asseoir à la table des grands en tant que mini Microsoft, mais qu’est-ce qui attire ces petits joueurs ? Ce n’est pas très clair.

Ce que je sais avec certitude, c’est que, comme on pouvait s’y attendre, deux des signataires, à savoir les puissants Microsoft (MS par la suite) et Google, ont annoncé qu’ils n’étaient guère satisfaits du peu de transparence avec laquelle en coulisses on concoctait ce manifeste (le monde à l’envers, n’est-ce pas ?). Résultat : ils se sont retirés, et l’ont bien fait savoir.

C’est sans doute très significatif, et malgré l’absence de faits concrets, cela corrobore quelques conjectures.

Harware contre Software

Il est important de rappeler que le logiciel n’existe pas dans un nuage mais sur des ordinateurs. L’information n’est pas diffusée par l’action du Saint-Esprit, mais acheminée par des câbles et des commutateurs.

MS a fait fortune quand IBM a collé leur système d’exploitation sur son premier PC ; sans le hardware ce dernier n’avait aucune valeur, et vice versa. Apple n’existerait pas non plus aujourd’hui s’ils n’avaient pas associé ses logiciels à ses matériels.

MS et Apple sont à l’évidence des éditeurs de logiciels propriétaires, logiciels qui, prétendent-ils, possèdent une forte valeur intrinsèque qu’ils facturent au prix que l’on sait. Ainsi donc MS a fonctionné de façon symbiotique avec Intel et il en a été de même avec Apple et ses processeurs IBM. Pendant des années ces deux entités ont dominé le monde main dans la main.

Là où je veux en venir, c’est que hardware et software étaient liés dans une même chaîne de valeur. L’un ne prédominait pas sur l’autre. Pour Google, en revanche, c’est différent. Google est un gigantesque fournisseur de services d’information qui repose sur des logiciels libres et open source. Dans leur cas, la relation hardware/software n’est plus la même.

Le logiciel libre et open source casse la relation entre hardware et software

Sans logiciel, le matériel n’est bien sûr d’aucune utilité (même si à l’époque où j’ai acheté mon premier ZX81 je pensais simplement qu’on était censé programmer soi-même son logiciel). À présent, en revanche, avec la révolution du logiciel libre, la disponibilité du logiciel n’est plus un problème, ni en termes de coût, ni en termes de quantité. Ces logiciels sont là, on n’a qu’à se servir dans tous ces super trucs qui ne demandent qu’à être utilisés.

Mais voyez-vous les problèmes que cela soulève ?

Avec le logiciel libre et open source ne redonne-t-on pas le contrôle aux fabricants de hardware ? Les associations software/hardware ont été dissoutes… pour le meilleur ou pour le pire.

Suivra une nouvelle ère, je pense, où le vieux statu quo se rétablira. Une ère où de nouveau nous achèterons du temps sur les serveurs pour faire ce dont nous avons besoin… au prix fixé par les fournisseurs !

Je ne me souviens que trop bien de l’époque des infrastructures centralisées contrôlées par des services informatiques guidés par le totalitarisme le plus complet. Une époque aussi où le software avait beaucoup moins de valeur que le hardware (et encore, quand il y avait du software) et que tout le hardware était estampillé IBM. Je n’aimerais vraiment pas connaître de nouveau une telle époque.

La révolution du logiciel libre n’aura servi à rien si une forme d’informatique centralisée et basée sur le hardware fait main basse sur notre liberté.

Notes

[1] Crédit photo : Leonardo Rizzi (Creative Commons By-Sa)




Associations 1901, humanitaires, ONG… Windows ne doit plus passer par vous !

Hqhuyanh - CC byVoici une veille traduction que l’on ressort du placard à la faveur de l’été et du rattrapage du travail en retard 😉

Elle évoque la campagne des « 7 péchés de Windows » menée par la Free Software Foundation au moment de la sortie de Windows 7, campagne que nous avions traduite en partenariat avec l’April.

Mais elle se concentre ici sur les organisations à but non lucratif que sont les ONG et les associations (de type 1901 chez nous en France).

Parce que, tout comme le monde de l’éducation, il est en en effet plus que malheureux de constater que ces structures utilisent encore massivement les logiciels Microsoft, quitte à se placer en contradiction avec les valeurs qu’elles souhaitent véhiculer[1]. Certes des progrès ont été accomplis ces dernières années mais il reste encore beaucoup à faire…

Parce que c’est aussi et surtout pour vous que le Libre existe et se décarcasse !

Se libérer de la dépendance aux logiciels privateurs : un appel aux organisations à but non lucratif pour refuser Microsoft Window 7

Breaking the dependency on proprietary software: A call to nonprofits to refuse Microsoft Windows 7

Peter Brown – 14 avril 2009 – FSF.org
(Traduction Framalang : Cheval boiteux, Burbumpa et Don Rico)

« Engloutir du temps et de l’argent dans les logiciels privateurs est en contradiction avec les valeurs fondamentales que sont la liberté et le progrès. »

La Free Software Foundation (FSF) a lancé à l’automne 2009 l’étape suivante de sa campagne « Windows 7 Sins » (NdT : Les 7 péchés de Windows 7) sur http://fr.windows7sins.org/, où elle s’attaque à Microsoft et au logiciel privateur en écrivant aux 500 directeurs des organisations non-gouvernementales (ONG) les plus influentes dans le monde, en leur demandant de passer à l’utilisation de logiciels libres et de contribuer à répandre largement l’idée que la liberté de choix des utilisateurs a une importance éthique.

Cette lettre alerte les « décideurs Window 7 » sur « l’absence de respect de la vie privée, de la liberté et de la sécurité » qu’ils risquent d’affronter en adoptant Windows 7. Elle défend l’idée qu’ils feraient mieux d’adopter des logiciels libres, en ciblant sept domaines majeurs dans lesquels un logiciel propriétaire comme Windows 7 est néfaste à la société : invasion de la vie privée, empoisonnement de l’éducation, verrouillage, blocage des standards, comportement monopolistique, soutien des DRM et menaces pour la sécurité des utilisateurs.

Le directeur exécutif de la FSF a déclaré : « La dépendance des organisations œuvrant au changement et au progrès social envers les logiciels détenus et contrôlés exclusivement par Microsoft mène la société vers une ère de restrictions numériques, menaçant et limitant nos libertés. À l’opposé, le logiciel libre est du côté de la liberté et de la gratuité, développé pour donner la possibilité d’étudier et de modifier le logiciel selon ses propres besoins. Aujourd’hui, nous demandons aux responsables du secteur humanitaire et associatif de migrer vers le système d’exploitation libre GNU/Linux pour tous leurs ordinateurs comme pour les besoins de leur infrastructure informatique.

Le système d’exploitation GNU/Linux est accessible sans restriction, facile à utiliser, pris en charge par de nombreux fabricants et par un communauté mondiale. Les distributions GNU/Linux sont livrées avec des centaines d’applications sous licence libre, incluant une suite logicielle complète de comptabilité et de collecte de fonds convenant aux associations.

« Les œuvres de bienfaisance, les ONG, et autres organisations à but non lucratif qui ont choisi le logiciel privateur sont engagés dans une mauvaise politique publique", précise Matt Lee, responsable des campagnes de la FSF. « Le plus souvent à cause de la désinformation ou à cause de leur incapacité à voir que leurs choix technologiques sont en lien avec leurs missions sociales. Nous espérons attirer l’attention de ces responsables sur la contribution positive qu’ils peuvent faire à la société en choisissant de basculer leurs organisations vers les logiciels libres. J’espère que ces groupes auront une politique publique d’engagement en faveur de la liberté et rejoindront la liste grandissante des organisations qui ont compris qu’engloutir temps et argent dans le logiciel propriétaire est incompatible avec les valeurs fondamentales de liberté et de progrès ».

Plus d’informations sur cette campagne, incluant le texte de la lettre et la liste de diffusion pour fournir aux abonnés une mise à jour des informations ainsi que des alertes concernant les actions de la FSF sont disponibles en ligne : http://fr.windows7sins.org.

Notes

[1] Crédit photo : Hqhuyanh (Creative Commons By)




De l’honnêteté intellectuelle et du HTML5 – Christopher Blizzard (Mozilla)

Christopher Blizzard est évangéliste chez Mozilla (pour rappel, évangéliste n’est pas un gros mot). Il a récemment publié un billet coup de gueule sur son blog dont ZDNet et PC Inpact se sont faits l’écho.

Extrait de l’article Un évangéliste de Mozilla critique l’emprise marketing d’Apple et Google sur HTML5 de ZDNet :

Apple et Google seraient allés trop loin. Pour Christopher Blizzard, évangéliste Open Source chez Mozilla, les deux sociétés ont chacune à leur manière tiré la couverture de HTML5 à elles au détriment des autres acteurs qui contribuent à son développement, comme Mozilla. Première cible : Apple. La firme a mis en ligne sur son site des démonstrations des capacités de HTML5, CSS3 et javascript… réservées aux utilisateurs de Safari. Selon notre évangéliste, Apple donne du coup l’impression aux internautes d’être le seul à supporter ces standards en ajoutant « tous les navigateurs ne les supportent pas ».

Extrait de l’article HTML5 : Un évangéliste de Mozilla s’en prend à Apple et Google de PC Inpact :

Le HTML5 est devenu synonyme pour beaucoup de futur du Web. Au point qu’il est également devenu un argument marketing important pour plusieurs sociétés, dont Google, Apple ou encore Microsoft. Christopher Blizzard, évangéliste chez Mozilla, fulmine dans un billet sur son blog à propos de toutes les déformations que l’on peut lire ici et là.

Vous trouverez ce fameux billet traduit ci-dessous dans son intégralité.

Remarque : Les copies d’écran ont été également francisées par nos soins et ne sont donc pas directement issues du site d’Apple.

De l’honnêteté intellectuelle et du HTML5

Intellectual honesty and html5

Christopher Blizzard – 4 juin 2010 – Blog personnel
(Traduction Framalang : Julien, Goofy, Joan et Don Rico)

Je vous préviens, le billet qui suit expose ce que tout le monde sait déjà dans le milieu des navigateurs, sans oser le dire tout haut. Il est grand temps que quelqu’un fasse tomber les masques. Il est dommage que la principale victime ici soit Apple, sachant que c’est Google qui est passé maître dans ce genre de stratégie, mais après tout, Apple s’est distingué de façon si outrancière et trompeuse qu’ils méritent une volée de bois vert. (Lors de sa conférence I/O, Google a réussi à faire passer son modèle d’applications natives et Chrome store pour du HTML5 – ils se sont surpassés. Mais j’en parlerai dans un autre billet, une prochaine fois.)

Commençons d’abord par la contradiction la plus flagrante. Voilà sur quoi on tombe :

HTML5 et les standards du Web

Comme c’est beau ! Ils sont le web, j’adore ça ! J’aurais pu l’écrire. J’aurais l’écrire.

Le titre gris foncé classique au-dessus du texte gris clair typique de chez Apple que tout le monde adore. Et le texte : les standards, les CSS, JavaScript, les web designers, les bisounours sous l’arc-en-ciel… Comment pourrait-on ne pas être d’accord ? Du point de vue marketing, c’est impeccable – message vague, sympathique, Apple aime le web, Apple vous aime.

Mais comment le prouvent-ils ?

Only Safari

Vous avez bien lu. Si vous ne naviguez pas avec Safari, allez vous faire foutre.

Au-delà des termes un peu vifs que j’emploie pour vous aider à comprendre de quoi il retourne, voici le message qu’il faut lire entre les lignes : si vous n’avez pas accès à Safari, vous ne devez pas avoir accès au HTML5. Attendez un peu… N’y a-t-il que Safari qui gère le HTML5 ?

Eh non, c’est le cas d’un tas d’autres navigateurs. Aujourd’hui, la majeure partie des internautes a accès à des standards comme le HTML5. D’ailleurs, puisque l’on parle d’HTML5, vous pourriez vous demander quel est le navigateur qui le prend le mieux en charge actuellement… Pas Safari. Ni Chrome. Un navigateur qui, se trouve-t-il, possède également une part de marché significative — j’ai nommé Firefox.

HTML5 et navigateurs

(Le meilleur site pour obtenir des informations utiles sur le sujet est un site que malheureusement peu de gens utilisent : caniuse.com — amoureusement maintenu par Alexis Deveria sur son temps libre.)

Bien sûr, le gros problème, c’est que HTML5 finit par vouloir dire un tas de choses, principalement grâce à Google. Au fond, ils ont enfourché ce cheval de bataille, l’ont fait avancer à la cravache, et se le sont approprié. (Ça et les performances – un message marketing simple et génial. J’apprécie, même si la malhonnêteté avec laquelle c’est réalisé me fait bouillir).

Et je suis convaincu que si Apple a pondu ce site, c’est parce qu’ils sont confrontés au même problème que nous. Le meilleur exemple qu’on puisse en donner, c’est la question que nous a posée récemment un candidat lors d’un entretien d’embauche : « Hé, vous comptez supporter le HTML5 un jour ? »

Tu te fous de moi ou quoi ? Voilà la preuve que le marketing, ça marche. Le fossé entre la perception de la réalité et la réalité telle qu’elle est vraiment est énorme.

Je suis certain c’est pareil chez Apple. Ils doivent se dire en interne « Flûte, tout le monde pense qu’on ne supporte pas HTML5, il faut qu’on prouve le contraire ! On va créer des tests ! Des démos ! La vérité éclatera enfin au grand jour et on nous percevra de nouveau comme les fers de lance du projet Webkit, lui aussi plein de bisounours et d’arcs-en-ciel ! ».

Et c’est comme ça qu’on se retrouve avec des sites de ce genre. Des sites qui passent complètement à côté de la vraie nature du web, de l’interopérabilité, des standards et du HTML5. Les démos qu’ils ont mis en ligne ne contiennent rien d’autre que des trucs bricolés par Apple, qui ne sont pas du HTML5, et qui entament à peine le processus de standardisation. Ça fait partie du CSS3 ? Plus ou moins, mais encore en plein développement et toujours en phase de feedback.

Soyons clairs. Si je suis sarcastique, c’est surtout pour attirer votre attention. Parce que c’est vraiment important. Et si vous ne deviez lire qu’un paragraphe, ce serait celui-ci :

La caractéristique la plus importante du HTML5, ce ne sont pas les nouveaux trucs comme la balise vidéo ou la balise canvas (que Safari comme Firefox ont intégrées depuis longtemps), c’est bel et bien de permettre une interopérabilité absolue. Même chez ces vieux raseurs de Microsoft, qui ont fait de leur mieux pour freiner le web pendant presque une décennie, on a compris ça : vous allez le voir en long et en large pendant leur campagne marketing pour IE9 (leur slogan est « balisage unique » – ouvrez l’œil, vous le verrez partout dans leur communication). C’est l’idée que des balises identiques, même si elles comportent des erreurs, auront un rendu en tout point semblable. HTML5 représente une bonne occasion pour les navigateurs Internet de travailler ensemble et de trouver un terrain d’entente.

Avant que l’on ne se méprenne sur mes propos, je précise que c’est une tout autre question que celle de l’innovation sur les navigateurs. Les standards font partie du processus, mais les standards suivent bien plus souvent qu’ils ne guident. Le HTML5 recèle un grand nombre de nouveautés qui ne proviennent pas d’IE, qui donne donc l’impression d’innover, mais chez Mozilla, on utilise la majeure partie du HTML5 comme on respire. Nous travaillons avec depuis des années. Aujourd’hui, ce qui nous intéresse le plus, c’est l’étape suivante.

Hélas, je crois qu’il est inévitable que les navigateurs s’affrontent sur le mieux-disant HTML5. Il est pourtant indispensable de s’interroger : quand quelqu’un commence à se vanter, quel est son véritable but ? Se trouve-t-on face à un test bidonné par le constructeur ? La démo d’une fonctionnalité qui va bien au-delà des standards existants ? (Elle a tout à fait sa place mais devrait être présentée pour ce qu’elle est !) Est-ce un test destiné à exhiber les bogues des autres navigateurs de façon articulée et constructive ? La personne qui conduit les tests sait-elle ce qu’elle fait, et tient-elle compte des commentaires constructifs ?

À l’évidence, Apple a pour objectif de crier sur les toits qu’ils adorent le web, mais leurs démos et le fait qu’on ne peut y accéder en utilisant un autre navigateur que le leur ne collent pas avec leur slogan. Il s’agit d’un manque flagrant d’honnêteté intellectuelle.

Puisque vous m’avez lu jusqu’ici, je vais vous faire une promesse. Je ne peux pas réparer les erreurs commises par le passé, mais je peux donner des idées pour bâtir un avenir meilleur. Moi qui suis en bonne partie à l’origine de la communication qui émane de Mozilla (même si ça risque de changer après ce billet !), voici à quoi je m’engage :

  • Je serai aussi honnête que possible pour expliquer ce que nous faisons, ce que cela implique pour les autres navigateurs et même pour le le nouvel enfant chéri du web, le HTML5.
  • Je ferai tout ce que je peux pour m’assurer que les démos que crée Mozilla fonctionnent sur autant de navigateurs que possible, même s’il faut leur proposer gentiment une solution de repli.
  • Les démos et les messages qui sont destinés à montrer des trucs qui ne sont conformes à aucun standard seront identifiés clairement comme tels.

Le HTML5 est un terrain miné, car tout le monde veut se l’attribuer, mais personne n’en est au même point sur sa prise en charge ni même sur sa définition. Je ne peux pas m’engager pour d’autres entreprises, mais je peux au moins annoncer comment moi je vais me comporter. Chez Mozilla, l’honnêteté intellectuelle n’est pas un vain mot, et c’est également le cas pour moi de façon personnelle. C’est pourquoi je pense que nous ne nous abaisserons jamais à de telles pratiques. Pour nous, le web et ses utilisateurs importent plus que n’importe quel standard ou navigateur particuliers. Et vous retrouverez cette philosophie dans mes billets et dans nos campagnes marketing.




Geektionnerd : Internet Explorer 8 fait sa pub

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Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

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Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)