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Une traduction sans prétention qui pose la question des lacunes marketing, supposées ou avérées, du logiciel libre (ou plutôt de l’Open Source pour être plus précis car nous sommes aux US et il est avant tout question de business). Un marketing qui serait porté par des spécialistes que le monde informatique anglo-saxon a pris l’habitude d’appeler des « évangélistes ».
Dans le domaine qui nous préoccupe ici, les évangélistes dignes de ce nom (Stallman, Shuttleworth…) se feraient donc rares et ce serait du coup un handicap alors même que tout est en place pour que logiciel libre crève l’écran LCD[1].
Il est vrai que lorsque l’on observe chez nous le travail de communication d’un Tristan Nitot (sur son blog, en conférence, dans les médias…), on se dit qu’effectivement il est plus qu’utile à Mozilla et, indépendamment de la qualité intrinsèque des produits, cela a dû certainement avoir une influence sur le succès en France et en Europe du navigateur Firefox.
L’Open Source a-t-il besoin de meilleurs évangélistes ?
Does OpenSource Need Better Evangelists
Sam Dean – 20 février 2009 – OStatic
(Traduction Framalang : Aragog, Goofy et Olivier)
Les sociétés commerciales Open Source ont-elles besoin de meilleurs évangélistes ? Tout pousse à le croire. Par exemple, Savio Rodrigues note que dans le récent tour d’horizon des « entreprises les plus novatrices du monde » du magazine Fast Company, pas une seule entreprise Open Source n’est répertoriée. Sun Microsystems figurait sur la liste l’année dernière, mais cette année elle n’apparaît plus que parmi les exclues dans la rubrique « Les 33 sociétés, parmi les 50 bien classées par Fast Company l’an dernier, qui ne figurent plus sur la liste cette fois mais qu’il faut suivre ». Je ne pense pas qu’ici le problème soit lié à un manque d’innovation parmi les candidats Open Source dignes d’une liste comme celle de Fast Company ; c’est plutôt un problème d’évangélisation médiocre.
Le terme « évangéliste » a été largement utilisé pendant des années par d’éminents employés de Microsoft et Apple lorsque ces entreprises se développaient. Je me rappelle avoir pensé que ce mot est étroitement associé à des gens, dont certains sont des fanatiques, qui recherchent une large audience pour les messages religieux. Pourtant, c’est exactement la raison pour laquelle le surnom a été attribué aux gens tels que Guy Kawasaki pour Apple. Le titre était censé évoquer la ferveur, la foi envers la plate-forme, le besoin de transmettre le message à la foule. Et en parlant d’Apple, qui est l’alter ego Open Source de Steve Jobs ?
Dans un article datant de l’année dernière et intitulé « Les quatre choses dont Linux a besoin », Joe Brockmeier soutenait qu’une des quatre choses nécessaires était le « marketing unifié ». Il écrivait :
« Si vous prenez tous les budgets marketing de tous les fournisseurs de Linux, que vous doublez ce chiffre et que vous y ajoutez un zéro, peut-être commenceriez vous à vous approcher de la somme que Microsoft dépense en marketing pour Windows. Les agences de publicité de diverses industries l’ont bien compris — c’est une bonne idée de mettre en commun votre argent pour augmenter votre part de marché quand vous faites conjointement concurrence à une autre entreprise. »
C’est le genre d’effort de marketing unifié que les évangélistes futés pourraient facilement mener, pour Linux certes, mais aussi pour l’Open Source dans son ensemble. Si cela se fait si peu dans la communauté Open Source, c’est en partie parce qu’elle est trop « communautariste », ce qui la dessert. Je pense que la Fondation Linux est en train de faire quelques bonnes percées dans le processus d’unification, mais davantage d’efforts sont nécessaires pour un évangélisme de l’Open Source fort et unifié, et davantage d’argent aussi.
Dana Blankenhorn vient de faire un bon article qui montre que la communauté Open Source s’appuie plus sur des formules que sur les faits. Il montre du doigt les proclamations discutables formulées par Jonathan Schwartz de Sun sur JavaFX, présenté comme « la plate-forme de RIA (Rich Internet Application) dont la croissance est la plus rapide du marché. »
Pourquoi est-ce que Schwartz ne vante pas plutôt le succès fantastique qu’a rencontré récemment MySQL ? C’est aussi cela du bon évangélisme, la diffusion d’informations pertinentes avec force et conviction.
Voici une analyse récente du cloud computing, venant d’un groupe de réflexion de chercheurs de l’université de Californie, à Berkeley. Elle contient 25 pages de petits caractères sur l’état et l’avenir du cloud computing, mais ne mentionne qu’une seule fois l’Open Source, en passant. Voilà où nous en sommes, alors que les progrès de l’Open Source jouent aujourd’hui un rôle vital sur la scène du cloud computing.
Je trouve absurde que Hulu, qui propose du contenu vidéo en ligne (qui l’eut cru ?), soit numéro trois sur la liste des novateurs de Fast Company, alors que pas une seule société Open Source n’y apparait. Le problème n’est pas le manque d’innovation, mais plutôt un manque de bonne communication et un manque crucial d’évangélisme Open Source unifié.
Style
De la même manière , les entreprises du libre manquent cruellement de bons commerciaux .
Dans l’esprit des techniciens, un bon produit se choisit de lui-même pour ses qualités intrinsèques. C’est malheureusement rarement le cas !
L’exemple de Vista le prouve : un produit médiocre peut se vendre si tenter qu’un marqueting important puisse l’accompagner. (la vente forcée y est aussi pour quelque chose ).
Le logiciel libre a besoin de personnes charismatiques, de paroles percutantes, de plaquettes glacées même si malheureusement le client fini par payer cette publicité à moins que certains se dévouent gracieusement pour assurer cette fonction.
Olivier
Effectivement, pour avoir bossé deux ans à plein temps pour une organisation 1901 faisant la promotion du libre, je peux témoigner du total manque d’intérêt de la communauté pour cette tâche.
En découle un grand manque de moyens financiers (bon courage pour les sponsors), bien évidemment. Mais ce n’est pas tellement le manque d’argent qui fait problème… c’est surtout de devoir continuellement expliquer à ses pairs pourquoi la communication et le marketing comptent.
Dur de parler de promo du libre quand tous les regards sont sur la perf du linux embarqué ou de la recherche de la "meilleure" distribution.
Tristan
Olivier écrit :
> Effectivement, pour avoir bossé deux ans à plein temps pour une organisation 1901 faisant la promotion du libre, je peux témoigner du total manque d’intérêt de la communauté pour cette tâche.
Pire. Quand tu t’y attelles, tu te fais lyncher, du genre :
* Ouais, on a pas besoin de beaux parleurs
* Untel, il fait que parler, il ne code même pas
* Le marketing c’est le mal
* C’est qui ce con qui essaye de se faire mousser sur le dos du Libre ?
* On a pas besoin d’utilisateurs, notre logiciel c’est pour l’ l33t
Si malgré tout ton produit a des utilisateurs, tu te fais démonter "parce s’ils ont du succès, ce sont des vendus. Forcément".
Sithran
L’article est intéressant, mais il ne pointe pas sur un des problèmes du libre : la manière dont la communauté refuse le marketing. Il n’y a qu’à voir comment la grosse opération de record du monde lors de la sortie de Firefox 3 a été huée sur certains forums, c’est vraiment incompréhensible. Si le libre reste uniquement accessible à une élite de personnes qui s’intéressent à l’informatique, n’est-ce pas une perte pour le reste ?
Samuel
@Sithran : La polémique autour du record du monde de Firefox ("qui c ka la plus grosse ?") me parait justifiée, et je peux aussi parler de l’imagerie "United Color of Benethon" de Ubuntu que je trouve particulièrement niaise … L’enjeu n’est pas de se plier aux recettes du marketing traditionnelle mais d’arriver à créer une communication origininale et propre au logiciel libre. Histoire de lui rendre hommage, je prendrais l’exemple d’Alain Bashung qui avait organisé une promotion originale de son album "Fantaisie militaire" à l’époque. L’album était proposé à l’écoute dans tous les taxis parisiens sans pour autant étre imposé au client…. la classe je trouve ! Cà change du "c’est quoi votre couleur préférée ?" chez Drucker le dimanche.
Sithran
Je pense que franchement, au niveau marketing, on fait comme on peut. L’opération pour le record du monde était originale, mais avant tout, il faut se dire que les LL n’ont pas toujours de gros moyens. Après, si vous avez des idées, je pense que la Fondation Mozilla sera plus que heureuse que vous lui en fassiez part …
Manu
Personnellement, je pense que le libre n’ a pas besoin d’évangéliste. Le libre suppose un changement de mentalité, mais pour moi, il n’est pas nécessaire de l’imposer. Je dirai que c’est juste un problème de percolation : au bout d’un certain temps, il y aura assez de personnes au courant pour que ça devienne naturel d’opter pour GNU/Linux. Combien de temps, je ne sais pas, mais ça viendra…
Car GNU/Linux a inventé l’arme absolue : le LIVE-CD.
Le fait est que je parle très souvent du libre autour de moi, et de temps en temps, ça mord (d’ailleurs, je remercierai jamais Microsoft d’avoir sorti Vista): « Tiens, je ferai bien un test ». Ni une ni deux, j’amène un live-cd, et le tour est (presque) joué. C’est en plus assez amusant d’entendre un des collègues qui s’est mis à Ubuntu dire : « Au fait, ce weekend, j’ai installé Ubuntu chez mon beau_père ».
Ainsi, petit à petit, lentement mais surement, GNU/Linux entre dans le quotidien des gens.
Lhal
Quand j’ai traduit ce petit article dans la wikipédia je me demandais si quelqu’un le lirait un jour. Ça fait plaisir de le voir en lien ici 😉
Je crois que le Libre a besoin de porte-drapeaux, pas d’épouvantails.
Je ne crois pas à la promotion du libre par idéologie : les gens adopteront les logiciels open source pour leurs qualités propres, peu importe qu’elles découlent du fait qu’ils sont libres et soutenus par une communauté. C’est quelque chose que les utilisateurs remarqueront forcément par eux-mêmes au bout d’un moment.
(Les gens qui choisissent un logiciel pour/par idéologie vont chez Mac, de toute façon :D)
Et effectivement on manque un peu de personnages publics francophones pour défendre dans la presse, à la radio et à la télé OpenOffice, VLC, The Gimp ou encore Ubuntu, Mandriva, Pardus et les autres distributions orientées "grand public".
Tristan Nitot ne peut pas tout faire 😀
flanker
Puisque Tristan Nitot est cité ci-dessus il est intéressant de suivre le lien qu’il pointe sur http://www.nouvellescles.com/articl… . Il apparaît effectivement que certains (dont je suis) ne considèrent pas le libre seulement pour les qualités intrinsèques de ses logiciels (contrairement à ce qu’avance Lhal) mais aussi, voire surtout, pour les valeurs qu’il véhicule (partage, travail collaboratif…) et pour sa capacité supposée à participer à la transformation du monde dans lequel nous vivons.
Aussi il n’est pas surprenant que lorsque certains utilisent, au nom du développement du libre, des méthodes jugées contraires aux valeurs en question, on puisse craindre, à tord ou à raison, que nous ne vendions notre âme au diable.
Pour ma part (et celle de mon entourage proche) j’ai choisi mes logiciels par idéologie et nous ne sommes pas chez Mac. Pire, c’est en militant activement pour cette idéologie que je suis le plus efficace. Peut-être tout simplement parce-que c’est ainsi que je suis le plus sincère.
Zef
Ceux qui font le libre ont appris à communiquer entre eux, internet aidant. La communication vers les utilisateurs qui connaissent le libre a encore des progrès à réaliser mais globalement ils savent où trouver les informations qui manquent. Mais le sujet qui nous intéresse ici, la communication vers les potentiels nouveaux utilisateurs du libre reste pour l’essentiel, si ce n’est à inventer, au moins à développer et consolider.
Aujourd’hui on découvre le plus souvent le libre par le simple bouche à oreille. Ce sont certainement les "curés de campagne" du libre qui sont actuellement les plus importants "évangélistes". Et je suis convaincu que la communication du libre reposera toujours sur cette fondation. Pourquoi ? Parce que c’est la communauté qui fait le libre et c’est ce qui coute le moins cher. Reste effectivement aux "évêques" codeurs à accepter qu’ils ne peuvent pas et ne savent pas tout faire et que toute l’aide apportée à leur projet doit être la bienvenue, communication inclue. Vivement un Framabook "Comment gérer et contribuer à un projet libre".
Concernant les moyens, certains rêvent de plaquettes glacées. Ca coute de l’argent, le libre n’en a pas, n’en n’aura jamais beaucoup, et c’est surtout un mauvais réflexe "commercial". C’est ailleurs qu’il faut trouver la solution. La force de communication du libre c’est sa capacité à se distribuer lui-même (sites de téléchargement, liveCD, clé USB, pré-installation, etc.). Beaucoup de gens utilisent du libre sans le savoir. Peut-être que les applications libres pourraient être elles-mêmes le meilleur vecteur de communication sur le libre. Imaginons par exemple que la FSF propose, en plus du simple texte GNU/GPL une présentation luidique et didactique que les auteurs n’auraient qu’à intégrer (ou pointer) et mettre en avant dans leurs applis… Il faut que les applis libres puissent revendiquer haut et fort leur appartenance !
Pour reprendre un thème majeur de Framasoft, le libre est avant tout une question de d’éducation puis de choix personnel, le rôle de l’éducation nationale est alors évident. Il faut continuer à œuvrer pour mettre à profit ce fabuleux vecteur de communication (gagnant-gagnant). Mais pour cela il faut avant tout apprendre une communication très particulière, la politique… où les pressions financières régissent malheureusement souvent les décisions.
Concernant la simple nécessité de communiquer, je pense également que le libre est un phénomène naturel qui s’imposera de lui-même partout où il mérite de s’imposer. Il faut laisser le temps faire les choses car il n’y a rien de pire que de forcer la main à quelqu’un et qui plus est en reviendrait déçu et serait échaudé. Le libre aussi peut souffrir du "churn" tant redouté dans certains métiers. Évidemment il faut continuer à combattre tout ce qui perturbe ce processus naturel (vente liée, etc.).
Enfin, il faut reconnaitre qu’un peu de moyens ne feraient pas de mal. Et Framasoft est probablement le mieux placé pour en parler. Mais les solutions restent bien rares.
Ginko
Je crois que certains amalgament open source et logiciel libre. La frontière est floue, mais historiquement le terme open source a été forgé dans un but commercial, pour justement investir l’entreprise.
La communauté du logiciel libre n’a jamais eu pour but de faire en sorte que l’adoption des logiciels libres soit la plus large possible, mais seulement de fournir une alternative libre afin de garantir la liberté de tout un chacun! Le logiciel libre ne devrait jamais s’imposer! Si c’était le cas, ce serait renier sa propre raison d’être.
Ce n’est ni le rôle ni l’objectif de la communauté que de mener une campagne marketing! Et tous ceux qui le crient n’ont pas compris le rôle du libre. Ce n’est pas à une association 1901 de faire ce travail! (En revanche, ces mêmes association peuvent faire connaitre le logiciel libre, pas dans le but de faire adopter les logiciels mais seulement de les faire connaitre pour que chacun puisse choisir).
La campagne marketing doit reposer uniquement sur les épaules des entreprises "open source" qui ont un intérêt à la large adoption de leurs solutions!
Enfin, le cas de Firefox est particulier mais rentre parfaitement dans le cadre que je viens d’énoncer:
Firefox est arrivé sur un marché monopolisé par Internet Explorer 6 qui ne respecte pas les standards du W3C. Ainsi, tous les webdesigners DEVAIENT coder en fonction d’IE6, ce qui ne permettait pas à chacun de pouvoir choisir librement son navigateur (hormis à accepter de surfer sur des sites mal rendus). Il fallait détruire un monopole pour rendre la liberté aux utilisateurs. Mozilla Corporation a été fondée dans le but d’assurer une campagne marketing dans ce but.
André Cotte
Je ne code pas et je fais du libre depuis plus de 6 ans. J’évangélise à tour de bras. En lisant les commentaires précédents, je me dis que lorsqu’on parle du loup, il se montre la queue.
Je suis désolé de voir que certains croient que dans le libre… c’est pas pareil. On n’a pas à faire de la promotion comme tout le monde. Faux. La promotion c’est la promotion. On peut la faire honnêtement, sans tricher mais il reste qu’il faut la faire. J’ai bien aimé le record du monde de Firefox. De la bonne promotion. J’affiche fièrement mon certificat de participation.
Le libre doit sortir des chapelles et se montrer au grand jour.
CygnusB
Questions à 1 franc (ou 1 euro): Qu’aurait à gagner le monde du libre à prendre la première place qu’affectionne MS ou que vise Mac? Être le petit dauphin (ou plutôt pingouin) est confortable, pourquoi rentrer dans cette course folle?
André Cotte
L’idée c’est pas de gagner ou de perdre une quelconque course. Il s’agit de PROMOTION. Ce n’est pas un péché que de faire de la promotion que je sache. Ce Guinness, ce n’est rien d’autre que le plus gros coup de promotion fait par Mozilla. Prenons-le comme cela et cessons d’essayer d’y donner toutes sortes de significations.
En passant, je suis bien moins préoccupé par ce Guinness que par l’alliance de Mozilla avec Google. Là les dérives possibles touchent au coeur de ce qu’est le libre.
j-c
@ CygnusB:
D’accord avec vous: le fait que Linux ne se bat pas pour ses utilisateurs peut être un avantage (les solutions choisies tendent à être les plus intelligentes et pas les plus populaires, le temps et l’argent qui auraient été dépensé pour la promotion peuvent être utilisé à d’autres fins, …)
Cependant …
Je suis sous Linux depuis 8 ans. Je travaille (dans la recherche) également sous Linux. Et en cela, je suis relativement indépendant de Windows (je n’ai d’ailleurs jamais manipulé Vista).
Et pourtant, régulièrement, je me vois confronter à des difficultés qui n’existent uniquement parce que MS est un monopole. Je reçois de temps en temps des documents au format .doc dont la mise en page est chamboulée. Je dois me documenter et me renseigner longuement avant d’acheter un quelconque matériel. J’ai du entreprendre des démarches dont je me serais bien passé pour acheter un portable sans Windows…
En cela, si Linux (ou simplement le libre: cf. le format .doc) gagnait les parts de marché dont il a droit (à moins de concevoir que Windows soit 20x meilleur que Linux (c’est pareil pour mac)), le monde du libre se verrait soulager de tas de petits tracas quotidients.
Remarquons finalement que si Linux était en tête de classement, de part sa nature libre, les problèmes évoqués ici n’apparaisseraient pas.
CygnusB
Merci pour vos réponses. Le vrai combat est donc celui d’imposer des formats standards qui soient libres, ainsi que de ne pas laisser nos enfants se faire "google-iser".
Samuel
Le choix d’une strategie évangeliste est délicat voire parfois ambigue. J’ai moi-meme travaillé comme webmaster pour un magazine aux idées dites "sociales et progressistes". Les journalistes sont naturellement venus à faire des articles ventant les mérites du "logiciel libre". Sauf que le "hic", c’est que en interne, personne n’a jamais utilisé ces fameux logiciels libres (ni avant ni après les articles sur le sujet). J’étais trop novice à l’époque pour argumenter et faire ma petite révolution dans mon coin mais cette experience m’a laissé un gout amer d’hypocrisie. Donc je me méfie des moralisateurs et je préfére écouter les conseils d’un type qui m’aide à mon GUL local plutôt qu’une "star" par médias interposés.
Sithran
Je ne comprends pas les gens qui critique la promotion du libre. À vous, Linux et les logiciels libres rendent des services au quotidien ? Alors pourquoi ne pas en faire bénéficier d’autres ? Bien sûr, il ne s’agit pas de faire du prosélytisme sauvage, mais où est le mal à expliquer aux gens que ça existe, et que ça peut avoir des avantages ?
Ginko
Comme le dit CygnusB, ce qui DOIT être largement adopté, ce sont bien les formats standards et non les logiciels libres.
Si un logiciel propriétaire manipule correctement des formats standards, utilisés par la majorité des utilisateurs alors il n’y a aucune raison de vouloir absolument que quelqu’un le remplace par un équivalent libre!
Tant que le choix est garanti, il me semble que la mission du LL est remplie.
Grunt
@Ginko:
Très juste.
Plutôt que de faire la promotion du libre, qui se résume à dire aux gens ce qu’ils doivent installer, il serait bien plus juste de faire la promotion des formats (et protocoles libres), donc expliquer aux gens qu’ils ne doivent pas nous dire ce que nous devons installer.
Et le plus étonnant est que faire la promotion de l’intéropérabilité fait progresser le libre. Je m’explique:
– Si vous expliquez à un utilisateur que ses logiciels sont mauvais, et qu’il doit en choisir d’autres, que vous jugez bons, il ne prendra même pas la peine d’écouter vos arguments le plus souvent. Le discours "change d’outils" est bien trop agressif.
– Par contre, si vous vous plaignez, très gentiment, un peu comme RMS ici: http://www.gnu.org/philosophy/no-wo… , vous ne faites qu’expliquer que vous êtes l’offensé, l’agressé. La victimisation ce n’est pas très élégant, mais ça fonctionne bien et c’est totalement justifié dans un cas pareil. Le méchant qui ne respecte pas votre droit à l’intéropérabilité sera au minimum curieux de savoir ce qui vous pose problème. Incidemment, il découvrira que vous utilisez d’autres logiciels que les siens. Et cela peut l’amener à vouloir les essayer..
Ce n’est que le simple résultat de mon expérience, mais je conseille aux évangélistes du libre d’essayer cette approche 😉
Sinon, la place d’évangéliste du libre, je la veux bien. Mes références? ubuntu-fr.org et zdnet.fr.
(Arg, pourquoi j’ai les chevilles qui enflent?)