Mon année open source ou le projet un peu fou d’un néo-zélandais berlinois

Vis ma vie en terre inconnue de l’open source…

À partir du premier août prochain un jeune réalisateur néo-zélandais vivant à Berlin se propose de passer « une année open source ».

Mais attention, il ne s’agit pas seulement de migrer vers GNU/Linux et surfer avec Firefox, il veut essayer de tout faire avec du Libre, son approche et sa philosophie !

Il a essayé d’expliquer le concept à sa maman, en prenant l’exemple d’Open Cola, pour conclure qu’il n’irait pas dans un restaurant qui ne lui fournirait pas les recettes des plats ! (dans le cas contraire il se contentera de ses propres sandwiches)

Évidemment, il n’arrivera pas à vivre son quotidien 100% open source, mais il explique qu’il sera intéressant de comprendre pourquoi tel ou tel domaine ne fonctionne pas, quitte à se demander si on ne pourrait quand même pas y mettre plus de transparence et d’ouverture. L’idée étant également d’apprendre à faire le maximum de choses par soi-même et de dresser un portrait vivant de la scène open source berlinoise, sûrement l’une des plus avancées en Europe aujourd’hui.

Une démarche expérimentale un peu naïve et très déjantée, à la limite du happening artistique, qui sera filmée au jour le jour et qui demande votre soutien sur un site de crowdfunding (cf aussi cette vidéo).

Nous en avons traduit le communiqué de presse ci-dessous.

Year Open Source

Une année Open Source

A year of Open Source

Sam Muirhead – 4 juillet 2012 – CP
(Traduction Framalang : Evpok, Antoine et Goofy)

Bye-bye Apple, ciao Häagen-Dazs: Un cinéaste se lance dans une année entièrement Open Source

Le premier Août, le cinéaste berlinois Sam Muirhead abandonne tous ses biens sous copyright et ne garde de ses logiciels, équipements et services que ceux qui sont Open Source et ce pendant un an, servant ainsi de cobaye à sa propre série documentaire en ligne.

Sam Muirhead a pour objectif d’attirer l’attention sur les produits et les principes de l’open source et de susciter l’intérêt du grand public.

« Je n’ai aucune compétence particulière pour les nouvelles technologies, je veux donc montrer aux gens que l’Open Source n’est pas que pour les hackers — c’est un concept qui s’applique à tous les aspects de la vie ».

Internet à profondément changé le monde du cinéma en créant de nouveaux moyens de financement, de distribution et de production. En se servant de ces nouvelles méthodes, Muirhead explore une autre grande idée issue d’Internet : l’Open Source et son effet sur le monde réel.

Le concept d’Open Source vient du monde du logiciel : le navigateur Firefox, le système d’exploitation Linux et la plus grande part de la structure d’Internet sont développés collaborativement et distribués sous des licences Open Source. Muirhead s’intéresse plus généralement à la philosophie de l’Open Source : en tant qu’alternative au copyright, elle donne accès aux plans et aux méthodes utilisées pour réaliser un produit. Cela signifie que les utilisateurs peuvent l’adapter selon leurs propres besoins et le redistribuer. Cette idée s’est déjà étendue à d’autres domaines que le logiciel, de Wikipédia à la robotique en passant par la conception de tracteurs.

La vitesse d’évolution des technologies signifie qu’un long-métrage traditionnel sur l’Open Source est impossible : au moment où il serait distribué il serait déjà obsolète.

Muirhead va suivre la philosophie du développement logiciel « distribuer tôt, mettre à jour souvent » (release early, release often) pour la production de son documentaire. Avec de nouvelles vidéos et de nouveaux projets publiés chaque semaine, le résultat sera un portrait évolutif de l’Open Source et permettra à la communauté de participer au projet à mesure qu’il avancera.

Le projet est financé par la communauté Internet, avec une campagne de crowdfounding sur le site IndieGoGo visant les 20.000$ en 37 jours. Muirhead compte faire ses propres jeans, chaussures, brosses à dents et meubles Open Source (et en distribuer les plans) ; il utilisera des méthodes pédagogiques Open Source pour apprendre le turc, évitera la nourriture issue de semences brevetées et abandonnera les logiciels et produits Apple.

Mais son idée est aussi de s’amuser avec ce projet. Passer certaines choses, comme la contraception ou les soins dentaires, en Open Source serait certainement aussi risible que dangereux.

Si on lui demande ce qu’il espère réaliser en ne se servant que de solutions Open Source pour tous les aspects de sa vie, Muirhead répond « L’Open Source est une façon fascinante de collaborer, mais la plupart des gens pensent que c’est réservé aux logiciels. En appliquant le concept au monde réel et en l’adaptant à la vie de tous les jours, j’espère que les gens se rendront compte que l’Open source peut marcher aussi pour leur propre vie quotidienne ».

Il pense que c’est aussi une approche de journaliste : « Je veux montrer les problèmes que posent les systèmes actuels de copyright et de brevets. Toutes les semaines, Apple, Google et Samsung se lancent à la figure des procès à plusieurs millons de dollars, alors que leurs objectifs sont les mêmes. Au contraire, dans la communauté Open Source il y a un principe qui dit qu’il vaut mieux se tenir sur les épaules de ses concurrents que sur leurs orteils ». Ce projet permettra de montrer les réussites des entreprises et des individus travaillant en Open Source et d’étudier leurs business models.

Year Open Source

-> Pour soutenir le projet et en savoir plus…




#FREEBASSEL Lettre de soutien au syrien Bassel Khartabil

Depuis plus de trois mois, nous sommes sans nouvelles du syrien Bassel Khartabil, arrêté à Damas dans des conditions qui semblent sommaires et arbitraires.

Acteur reconnu de la communauté open source, cette dernière se mobilise pour obtenir sa libération ou tout du moins des informations sur les causes et les conditions de sa détention.

Nous avons traduit la lettre de soutien que vous pouvez signer sur cette page.

Joi Ito - CC by

#FREEBASSEL

URL d’origine du document

Juin 2012 – FreeBassel.org
(Traduction Framalang : Goofy et Ju)


Le 15 mars 2012, Bassel Khartabil a été incarcéré suite à une vague d’arrestations dans le quartier de Mazzeh à Damas (Syrie). Depuis cette date, sa famille n’a reçu aucune explication sur sa détention ni aucune information sur les conditions de sa captivité. Toutefois, sa famille vient d’apprendre par un détenu libéré qu’il est incarcéré dans la section de haute-sécurité de Kafer Sousa à Damas.

Bassel Khartabil, un Syrien de 31 ans né en Palestine, est un ingénieur en informatique reconnu pour ses compétences dans le développement de logiciels open source qui contribuent à l’élaboration d’Internet. Il a commencé sa carrière il y a dix ans en Syrie comme directeur technique d’un certain nombre d’entreprises locales en travaillant sur des projets culturels tels que la réhabilitation du site archéologique de Palmyre et le magazine Forward Syria.

Depuis, Bassel s’est fait connaître dans le monde entier par son engagement résolu en faveur du Web ouvert, sa capacité à enseigner aux autres les technologies de l’information, et l’aide bénévole qu’il apporte à chaque occasion. Bassel est le responsable principal d’un projet open source pour le Web appelé Aiki Framework. Il est bien connu au sein des communautés techniques en ligne au titre de contributeur bénévole pour des projets aussi importants pour Internet que Creative Commons, Mozilla Firefox, Wikipedia, Open Clip Art Library, Fabricatorz, et Sharism.

Depuis son arrestation, le précieux travail de Bassel comme contributeur bénévole, que ce soit en Syrie ou dans le monde entier, s’est interrompu. Son absence a été durement ressentie pour les communautés qui dépendent de lui. En outre, sa famille et sa fiancée (qu’il devait épouser en avril dernier) ne vivent plus que dans une attente angoissante.

Bassel Khartabil est incarcéré injustement depuis bientôt quatre mois sans aucun procès et sans qu’aucun motif d’inculpation n’ait été retenu contre lui.

Nous, signataires de la campagne #FREEBASSEL, exigeons immédiatement des informations sur ses conditions de détention, sa santé et son état psychologique.

Nous demandons instamment au gouvernement syrien de remettre en liberté immédiatement Bassel Khartabi, membre de la communauté globale open source, qui pour les siens est un fils et un époux, et qui pour la communauté est un ingénieur informatique de renommée mondiale.

-> Signer cette lettre de soutien

Crédit photo : Joi Ito (Creative Commons By)




Le produit « Don » vaut vingt mille euros sur la boutique EnVenteLibre !

Don à Framasoft - EnVenteLibreInitiée par Framasoft en partenariat avec Ubuntu-fr, la boutique en ligne EnVenteLibre vole désormais de ses propres ailes et poursuit tranquillement son bonhomme de chemin (en accueillant depuis peu des articles de l’April et de La Mouette).

Entre les CD, clés, tee-shirts, peluches, livres et autres affiches, il existe un produit un peu particulier qui s’appelle « Don à Framasoft » ou « Don à Ubuntu-fr ».

Concrètement lorsque le visiteur fait ses achats dans la boutique, il peut, comme n’importe quel autre article, ajouter dans son panier le produit « Don », en fixant le montant de la donation qui par défaut est à un euro.

Rien n’oblige le client à acheter ce drôle de produit fantoche. Il se trouve pourtant que depuis l’ouverture de la boutique un client sur quatre en fait l’acquisition pour un don moyen d’un peu moins de dix euros. Et c’est ainsi que près de vingt mille euros ont déjà été distribués aux associations Framasoft et Ubuntu-fr.

Nous tenions à pointer ici l’originalité du procédé et à témoigner de la générosité de ces étranges clients qui, contrairement à toute bonne logique marchande, acceptent ici de payer plus pour le même service 🙂




Victime de son succès Framapad en appelle à la communauté

En pleine crise de croissance, le projet Framapad recherche des ressources humaines, techniques et financières.

Ethan Hien - CC by-sa

Il y a 7 mois, nous lancions le projet Framapad, notre éditeur de texte collaboratif en ligne (propulsé par Etherpad), permettant à tout un chacun de créer facilement un « pad » ou d’y participer, grâce à notre propre hébergement, l’adaptation française du logiciel et la rédaction d’une documentation complète.

Depuis lors, vous avez été très nombreux à l’utiliser quotidiennement pour, par exemple,rédiger à plusieurs mains, traduire, organiser des évènements ou l’utiliser en classe.

Chiffres en croissance continue, Framapad totalise aujourd’hui mensuellement environ 80 000 visites pour plus de 220 000 pages vues, des chiffres qui sont en croissance continue (en outre près de 3 000 comptes ont été créés, permettant à leurs utilisateurs de gérer plusieurs « pad » dans un même espace d’administration et de disposer de « pad » privés).

Nous sommes ravis (et fiers) de ce résultat qui témoigne de la pertinence et de la validité de ce nouveau libre service proposé par le réseau Framasoft.

Malheureusement ce succès met à mal l’unique serveur hébergeant aujourd’hui le site framapad.org, qui subit régulièrement des pics d’activité pouvant provoquer des blocages et coupures momentanés et nuire alors fortement à la qualité d’utilisation des « pad ». Afin d’éviter la rupture et la fermeture du site, nous avons ainsi été obligés de faire des compromis en désactivant totalement les fonctions pourtant souvent utiles d’import et d’export, et en limitant à 12 le nombre d’utilisateurs simultanés par « pad »[1].

Tout ceci est frustrant et non satisfaisant. D’autant plus frustrant que nous sommes à attachés à montrer qu’on peut nous aussi proposer un service en ligne de qualité, basé sur des technologies libres et géré par une association à but non lucratif.

Nous ne pourrons clairement pas atteindre les 100 000 visiteurs par mois dans ces conditions.

La solution passe par un hébergement sur une machine plus puissante[2] mais cela n’est pas pour nous sans conséquences financières et humaines.

Financières car un serveur plus puissant, permettant à Framapad de fonctionner correctement, coûterait environ (au moins, en hypothèse basse) 600 euros par an. Soit 3 fois plus qu’actuellement. Ce besoin peut être assuré par des dons à Framasoft, mais aussi par la mise à disposition d’une machine suffisamment puissante pour nos besoins. Il n’est pas exclu que vous, lecteur du Framablog, soyez impliqué dans une association, institution ou entreprise qui dispose des ressources nécessaires et serait prête à nous accueillir gracieusement sur ses serveurs.

Humaines ensuite. En effet, l’installation et la maintenance d’Etherpad est relativement chronophage et demande d’assez solides compétences techniques[3]. Le noyau dur de Framasoft étant déjà largement occupé par aileurs sur d’autres tâches et projets, nous lançons donc également un appel à nous rejoindre, un appel aux bonnes volontés bénévoles ayant les compétences et la disponibilité nécessaires à la migration et l’administration d’un tel service.

Si vous pensez pouvoir nous aider et proposer des solutions matérielles, financières ou humaines, n’hésitez pas à relayer l’information et laisser un commentaire à la suite de ce billet ou à utiliser le formulaire de contact du Framablog.

Merci pour votre reconnaissance et votre éventuel soutien.

Mise à jour : quelques heures après la publication de cet article, nous avons déjà reçu un certain nombre de propositions d’aide, mais malheureusement pas toujours en relation directe avec notre besoin. Ainsi, si vous souhaitez proposer de l’hébergement, celui-ci devra être sans publicité, et sur une machine totalement dédiée (et non un bout de serveur virtualisé/mutualisé). Côté technique, la machine devra disposer d’au moins de 4Go de RAM, et disposer d’un CPU suffisamment puissant (on évitera donc les processeurs Nano). Enfin, si vous souhaitez proposer votre aide pour la migration/administration, nous ne vous demanderons évidemment pas de signer avec sang (il s’agit d’une administration bénévole) mais les “candidatures” de personnes ayant une implication significative pour des projets libres ainsi que des compétences en administration d’Etherpad (ou au moins de serveur Scala/Comet) seront bien évidemment privilégiées.

Notes

[1] Crédit photo : Ethan Hien (Creative Commons By). On vous rassure, Framapad ne tourne pas sous Windows + IIS 😉

[2] Une autre solution d’avenir serait d’utiliser le logiciel Etherpad Lite, qui est prévu pour être une version se basant sur des technologies plus modernes que l’actuel Etherpad. Il a le double avantage de consommer bien moins de ressources et de pouvoir s’installer plus facilement, permettant à presque tout le monde d’installer sa propre instance. Malheureusement, cette version est encore bien trop instable et le développement trop peu avancé pour remplacer à court terme, et dans une certaine urgence, le site actuel.

[3] Etherpad repose sur MySQL, Javascript, et Scala/Comet. Voir https://wiki.ubuntu.com/Etherpad ou http://wiki.framasoft.org/Etherpad/Etherpad




J’ai signé la lettre pour l’open data à Toulouse

David Chemouil - Open Data ToulouseL’open data est dans tous ces états actuellement !

Il y a deux ans, nous avions publié un article intitulé S’il te plaît… dessine-moi une ville libre. Il sagissait en l’occurrence de Vancouver mais depuis de nombreuses autres cités se sont emparées de la question, et commencent à y apporter des réponses en impliquant leurs administrés.

Quitte à ce que ce soit les administrés eux-mêmes qui suggèrent fortement l’idée à leurs leaders politiques locaux, comme c’est le cas ici pour Toulouse, qui souhaite emboîter le pas à Rennes, Paris ou Nantes pour faire vivre ses données publiques.

Open Data Toulouse – Entretien avec David Chemouil

Bonjour pouvez-vous vous présenter succinctement ?

J’ai 36 ans, je suis chercheur en informatique à Toulouse, où je vis avec ma compagne et ma fille. Très sensible à la question du logiciel libre (je suis tombé dedans il y a un peu plus de 15 ans pendant mes études), je suis aussi administrateur de l’April depuis cette année.

Mais dans le cas présent, je suis surtout point de contact d’un collectif s’intéressant à une question connexe, celle de l’open data à Toulouse et sa région.

Qu’est-ce que l’open data ?

L’open data, c’est un mouvement international qui promeut la libération des données publiques non-nominatives.

Les données publiques, ce sont en gros les informations exploitées et conservées par les services publics (collectivités locales, État, mais on peut aussi penser à certaines sociétés privées travaillant directement pour les services publics). Ces données concernent des sujets très variés : cela peut aller d’informations sur la pollution dans une ville à la position des arbres entretenus par les jardiniers de la ville, ou encore le budget d’une ville ou d’une région et sur quels postes il est utilisé… Ou bien la position des bus en temps-réel…

Or, la plupart de ces informations se trouve de nos jours sous forme informatisée dans diverses bases de données. Vient alors l’idée, assez naturelle, que ces données pourraient la plupart du temps être rendues publiques (en tenant compte de la loi, bien sûr, d’où l’exclusion des données nominatives du champ de l’open data). Pour quoi faire ? Eh bien, pour des utilisations très variées.

Sur le plan socio-économique, cela permet d’imaginer des applications que les acteurs publics n’ont pas nécessairement les moyens de mettre en œuvre, ou alors dont personne n’a l’idée sauf une personne ingénieuse. Cela permet aussi de lever des barrières organisationnelles (par exemple, le fait que les informations relatives à des moyens de transport différents ne sont pas reliées, pas forcément à cause d’une mauvaise volonté mais plutôt pour des raisons structurelles). Parmi les applications déjà proposées dans des initiatives similaires, on a par exemple des sites web calculant des itinéraires adaptés aux personnes à mobilité réduite, empruntant des voies sur lesquelles il n’y a pas de gravier, les trottoirs sont tous équipés de passages bateau, etc. Ou alors des sites proposant des itinéraires empruntant à la fois la marche, le vélo de location, le bus et le train…

Sur un plan plus citoyen et politique, on peut utiliser les données pour évaluer les politiques publiques. De ce côté là, l’association Regards Citoyens propose plusieurs applications, notamment une intéressante sur le redécoupage de la carte électorale, qui permet d’en estimer son impact sur la représentation des partis politiques.

Outre ces raisons, on peut aussi penser qu’il n’est pas anormal que ces données, dont la collecte et la maintenance sont financées par les impôts, soient accessibles aux citoyens.

Pourquoi l’open data et les logiciels libres vont très bien ensemble ?

J’y vois au moins deux raisons.

En premier lieu, on sent bien qu’il y a une parenté entre ces deux domaines, avec l’idée que des objets techniques porteurs de connaissances -les logiciels, les données-  ont vocation à être librement accessibles, reproductibles, diffusables, modifiables, etc. On parle souvent à leur propos de bien non-rivaux, ce qui signifie que les donner à quelqu’un n’enlève pas de connaissance à celui qui a donné.

Toutefois, il y a aussi des différences entre logiciels et données. Pour cette raison, des licences spécifiques ont été proposées pour ces dernières. Celle que nous préconisons pour Toulouse est l’Open Database License v1.0. Il n’y aucune originalité de notre part là dedans, c’est la licence préconisée par de nombreux tenants de l’open data. En gros, elle permet le partage des données, la création d’œuvres à partir des données, leur adaptation. Elle impose aussi des devoirs : l’origine des données ou œuvres basées sur les données doit être clairement tracée, la licence doit être préservée (clause de réciprocité analogue au copyleft des licences GNU) et l’ouverture doit être préservée (il s’agit là d’une clause qui permet de se protéger des menottes numériques que sont les DRM).

Je disais qu’il y avait au moins deux raisons. Pour la seconde, il me semble qu’un certain nombre de logiciels faisant usage des données publiques ont vocation à être libres. Pour les raisons usuelles qu’invoquent les défenseurs du logiciel libre bien sûr, mais aussi parce que certaines applications à teneur politique doivent pouvoir être étudiées. Afin de vérifier, sinon l’objectivité des calculs, au moins étudier les choix faits par les concepteurs de l’application.

Qui est open data Toulouse, pourquoi avoir créé ce collectif et que souhaitez-vous à court et à long terme ? quels sont les éventuels obstacles a lever ?

Open Data Toulouse, c’est un collectif qui s’est créé un peu par hasard. Un collègue et moi-même nous intéressions au départ à la question du déplacement dans l’agglomération, en particulier pour favoriser les déplacements domicile-travail pas trop, voire pas du tout, polluants. En particulier, comment encourager les usagers à ne pas avoir envie de prendre leur voiture ? Il nous est vite apparu qu’il manquait à Toulouse des informations publiques relatives aux transports, mises à jour en temps-réel. Par exemple, si je dois attendre le bus 30 minutes sous la pluie, ce n’est pas la même chose que si je reçois un avertissement à mon bureau me disant que le bus sera là dans 5 minutes. De même, si le train a une panne, inutile que j’aille jusqu’à ma gare habituelle, mieux vaut que je prenne un bus spécifique. Mais il faut pouvoir en être averti.

De fil en aiguille, nous avons pris conscience que le problème était plus général et rejoignait la question de l’open data. Nous avons donc rencontré diverses personnes, associations et sociétés et mis au point une lettre commune, fondée sur celle élaborée pour la même raison à Nantes par l’association LiberTIC (merci à cette dernière pour nous avoir permis cette réutilisation). Nous avons adressé cette lettre le 4 avril à M. Pierre Cohen, Président du Grand Toulouse.

Par cette lettre, nous souhaitons surtout montrer à M. Cohen et son administration que cette question remporte l’adhésion de beaucoup de monde. Nous avons quelques contacts au Grand Toulouse et il semble que cette idée soit accueillie positivement. Évidemment, tout reste à faire, et il ne suffira pas, le cas échéant, de déclarer l’ouverture des données. La mise en œuvre de cette ouevrture nécessite, encore une fois, une licence satisfaisante (comme l’ODbL v1.0) et implique aussi des efforts (mise à disposition des données sur un serveur, mise à jour régulière, etc.). La réunion de ces facteurs, c’est la liste des obstacles potentiels. Pour les surmonter, nous comptons sur des réunions de sensibilisation, mais il nous faut aussi, pour être pris au sérieux, de nombreuses signatures.

Pour finir, nous visons à court terme le lancement de l’open data dans le Grand Toulouse. Mais il s’agit seulement d’un début, bien sûr. Nous comptons à plus long terme sur l’effet d’entraînement du Grand Toulouse vis-à-vis des autres collectivités : les autres communes environnantes mais aussi le département, la région, d’autres services publics, etc.

On parle également d’open data à Rennes, Nantes ou Paris. Vous pouvez-nous en dire plus et etes-vous en relations avec les acteurs de ces villes pour fédérer les actions ?

Nous avons été un peu en contact avec LiberTIC à Nantes qui a été moteur dans l’open data sur place. Et nos homologues parisiens nous ont contacté aujourd’hui ! De fait, nous sommes intéressés par tout retour d’expérience et éventuellement collaboration sur le sujet.

Peut-on signer la lettre quand bien même nous ne sommes pas Toulousain ?

Tout à fait, la question de l’open data concerne tout le monde. Ceci dit, nous espérons tout de même une forte participation des habitants du Grand Toulouse ainsi que des environs (je songe en particulier à toutes les personnes qui travaillent dans l’agglomération toulousaine mais n’y habitent pas). C’est évidemment la première chose que regarderont M. Cohen et l’administration du Grand Toulouse.

J’ajoute, pour les personnes qui signeraient, qu’elles ne doivent pas hésiter à sensibiliser leur entourage à signer aussi !




L’association Framasoft publie son rapport moral 2010

Yesika - CC by-saNé en 2001 Framasoft est un réseau de sites et de projets collaboratifs dont l’objectif est de promouvoir et diffuser le logiciel libre et sa culture au plus large public. Avec le temps ce réseau a pris une telle dimension qu’il a eu besoin de s’appuyer sur une structure associative, créée en 2004, pour soutenir son action.

Vous trouverez ci-dessous le rapport moral et financier de l’association pour l’année 2010.

Encore une année riche et bien remplie. Il faut dire qu’avec un annuaire qui a dépassé les 1 500 logiciels (dont une sélection à installer automatiquement), une collection de désormais 10 livres, une clé USB et un DVD aux multiples déclinaisons, un espace de discussion, un autre d’information, un canal vidéo… et même une boutique en ligne, il y a de quoi faire. Sans compter notre présence sur le terrain à une bonne trentaine de manifestations autour du Libre.

La campagne de dons « 1000 10 1 » (1000 donateurs à 10 euros par mois pendant 1 an) n’a pour le moment pas atteint son objectif initial puisque nous n’en sommes qu’à la moitié du chemin. Elle nous assure cependant déjà la pérennisation complète d’un permanent et nous permet d’envisager l’avenir avec si ce n’est sérénité tout du moins un certain optimisme[1].

Grand merci à tous les donateurs (que la crise n’épargnent souvent pas). Merci également à tous ceux qui nous ont laissés un petit mot sur le site de soutien, nous avons eu l’idée d’en faire une synthèse sous forme de carte heuristique que nous consultons de temps en temps pour nous redonner le moral les jours où le travail se fait trop pesant 😉

Merci enfin et surtout aux animateurs, développeurs, rédacteurs, traducteurs, relecteurs, sous-titreurs, etc., à tous ceux qui de près ou de loin participent avec nous à cette aventure qui voit chaque année le logiciel libre prendre un peu plus de place dans nos ordinateurs et dans nos esprits en témoignant par la pratique que d’autres mondes sont possibles.

Remarque : Framasoft fêtera donc ses 10 ans le 13 novembre prochain (date du dépôt du nom de domaine framasoft.net). Si vous avez des idées originales pour célébrer comme il se doit l’évènement, nous sommes preneurs 😉

Notes

[1] Crédit photo : Yesika (Creative Commons By-Sa)




Produire du logiciel libre, le livre culte enfin en français chez Framabook !

Produire du logiciel libre - Framabook - CouvertureFramasoft est fier et heureux d’annoncer officiellement la sortie d’un nouveau volume à sa collection de livres libres Framabook. Il s’agit de la traduction d’un livre considéré comme une référence chez les développeurs anglophones : Producing Open Source Software, de Karl Fogel.

C’est une évidence, maintes fois constatées : il ne suffit pas de coller une licence libre au code source de son application pour en faire un logiciel libre à succès. Nombreux sont les paramètres à prendre en compte pour se donner les moyens de véritablement réussir votre projet. Cela ne coule pas de source, si j’ose dire, et c’est pourquoi un tel ouvrage peut rendre de grands services.

Ayant payé de sa personne, Karl Fogel n’hésite pas à affirmer lui-même que 95% des projets échouent. Et de rédiger alors ce livre pour contribuer à faire en sortie que le pourcentage restant remonte !

Dans la foulée du framabook sur Unix et sur le langage C, nous faisons un effort didactique tout particulier pour accompagner tous ceux qui souhaiteraient se lancer dans la création de logiciels libres ou rejoindre un projet existant. Nous pensons à ceux qui ne maîtrisent pas forcément d’emblée l’anglais.

Nous pensons également aux jeunes débutants. Parce que, comme cela a déjà été souligné, l’informatique est l’une des grandes absentes de l’enseignement secondaire français. Alors, fille ou garçon, l’étudiant motivé se retrouve bien souvent livré à lui-même et c’est à lui de se débrouiller pour extraire le bon grain de l’ivraie du Grand Internet. Nous espérons lui être utile en lui apportant notamment ici gain de temps et efficacité.

Voici comment le livre est présenté dans le communiqué de presse joint à ce billet :

« Teinté d’humour et de réflexions subtiles, ce livre prodigue de précieux conseils à ceux qui souhaitent commencer ou poursuivre un projet de développement en logiciel libre. Pour cela, Karl Fogel propose une description claire et détaillée des bonnes pratiques de développement. Il initie non seulement le lecteur à la méthode de travail collaboratif mais démontre aussi l’importance des relations humaines dans la réussite d’un projet, comme l’art d’équilibrer actions individuelles et intérêt commun. Identifiés à travers sa longue expérience en gestion de projet open source, différents aspects sont abordés : structurer l’ensemble de la communauté de développeurs, maintenir un système de gestion de versions, gérer les rapports de bugs et leurs corrections, bien communiquer à l’intérieur comme à l’extérieur du projet, choisir une licence adaptée au logiciel… »

Grâce à son expérience du développement open source, Karl Fogel nous livre ici bien davantage qu’une simple marche à suivre pour qu’un projet voit le jour et ait une chance d’aboutir. Il s’agit en effet de détailler les éléments stratégiques les plus importants comme la bonne pratique du courrier électronique et le choix du gestionnaire de versions, mais aussi la manière de rendre cohérents et harmonieux les rapports humains tout en ménageant les susceptibilités… En somme, dans le développement Open Source peut-être plus qu’ailleurs, et parce qu’il s’agit de trouver un bon équilibre entre coopération et collaboration, les qualités humaines sont aussi décisives que les compétences techniques. »

La traduction de cet ouvrage a obéi aux mêmes principes que ceux exposés par Karl Fogel. Elle fut le résultat de la convergence entre les travaux initiés par Bertrand Florat et Étienne Savard et ceux de Framasoft coordonnés par Christophe Masutti. Comme d’habitude, ce livre a été finalisé dans La Poule ou l’Œuf et peut se commander en version papier chez InLibroVeritas pour la modique somme de 15 euros.

Comme d’habitude aussi ce livre est sous licence libre (Creative Commons By) et est intégralement consultable en ligne ou téléchargeable dans sa version numérique sur le site Framabook. Parce qu’ici comme ailleurs, et peut-être même plus qu’ailleurs, il nous apparaît fondamental de pouvoir en assurer sa plus large diffusion et participer ainsi à susciter des vocations.

Nous comptons sur vous pour signaler l’information 😉

Framasoft ne serait rien sans les développeurs de logiciels libres. Ce projet est en quelque sorte une manière pour nous de les remercier.




Un excellent reportage de la TSR sur le devenir des dons à Wikipédia

La Télévision suisse romande (TSR) a mis en ligne, à l’occasion des 10 ans de Wikipédia, un excellent reportage au titre bien choisi : « Pour la bonne cause Wikipédia ».

En quelques trois minutes on y explique fort bien l’utilité de soutenir financièrement le projet ainsi que le rôle joué par les associations locales, en l’occurrence Wikimedia CH.

Et puis cela fait aussi du bien de voir qu’il ne s’agit pas uniquement de personnes derrière leur ordinateur, avec cette jolie petite histoire de photographes de hockey.

—> La vidéo au format webm

URL d’origine du document

PS : J’ai retrouvé la page en question illustrant l’équipe de hockey de Bâle. Quant au l’ancien maire de Genève, il y a sa page Wikipédia, quand bien même celle-ci ne serait encore qu’une ébauche 😉