Geektionnerd : Manifs Anti-ACTA

Demain samedi 11 février c’est action contre ACTA dans tout l’Europe (pour se coordonner ici ou ) ! Il va sans dire que nous y serons en espérant être aussi nombreux et dynamiques qu’à Cracovie il y a peu.

Notre ami Gee propose sur son site une page spéciale avec des affiches en SVG pour vous pancartes, dès fois que vous manqueriez d’inspiration (affiches évidemment libres pour modifier les slogans s’il ne vous conviennent pas).

Les pays de l’est ont montré l’exemple et fait reculer leur gouvernement, nous nous devons de leur emboîter le pas…

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Comment j’ai appris à programmer ou le témoignage qui donnait envie de s’y mettre

Randall a 23 ans et il nous explique ici comment il est devenu un bidouilleur de code pour son plus grand plaisir. Il a découvert la programmation par lui-même et nous livre ici son témoignage et le fruit de sa jeune expérience.

Tout le monde ne partagera pas sa passion avant autant d’intensité. Nous espérons cependant que nombreux seront les enfants et leurs parents à tomber par hasard sur cet article (d’autant que cette sensibilisation est toujours absente de l’école d’aujourd’hui)[1]. Et, qui sait, peut-être que cela suscitera de nouvelles vocations ?

Sur le même sujet on pourra parcourir ces récents articles du Framablog illustrant l’enjeu majeur d’une éducation informatique (libre et ouverte) dans nos sociétés en mutation : De l’impact politique d’apprendre aux enfants la libre programmation, Les codeurs sont la nouvelle élite politique, Le code deviendra-t-il le latin du XXIe siècle ? et surtout Exercice de la citoyenneté et culture informatique.

Francisco Osorio - CC by

Comment j’ai appris à programmer

How I Learned to Program

Randall Degges – 4 février 2012 – Blog perso
(Traduction Framalang/Twitter : Calystod, Twix, kinou, HgO, monsieurab, Spartition, ametaireau, Grom, alaindalche, Evpok, Grom, Fred)

Programmer est, sans aucun doute, la chose la plus gratifiante intellectuellement que j’ai jamais réalisée. Programmer m’a appris que la vie se devait d’être amusante, remplie de créativité et vécue au maximum de son intensité. Programmer m’a appris que tout était possible ; je peux faire ce qui me plait en utilisant seulement mon esprit.

Programmer m’a également enseigné qu’apprendre est drôle et ludique. Cela m’a montré que plus vous en savez, plus vous comprenez et êtes acteur du monde qui vous entoure. Programmer m’a confirmé qu’une vie en apprentissage continu est une meilleure vie à vivre. Programmer m’a révélé qui je suis au fond de moi, m’a donné une bonne estime de moi et m’a continuellement aidé à arriver à mes fins.

Je me sens extrêmement chanceux d’avoir eu la volonté et l’opportunité d’apprendre à programmer tôt dans la vie. Et si mes méthodes ne sont certainement pas les meilleures pour tout le monde, elles ont marché pour moi.

Je n’ai aucun regret.

Alors je me suis dit que j’allais partager mes méthodes avec vous, en espérant qu’un débutant lise cet article et en tire quelque chose.

Si vous n’avez pas le temps de le parcourir retenez avant tout ceci : l’important est de s’amuser.

Mtellin - CC by

Installer GNU/Linux sur votre machine

Bien que plus jeune, j’ai découvert les rudiments informatiques sur des ordinateurs MS-DOS Windows grâce aux jeux vidéos, mon véritable apprentissage a commencé le jour où j’ai installé un système GNU/Linux sur mon ordinateur personnel.

Ce n’est pas fondamental d’utiliser ou non Windows (ou Mac OS X) sur votre machine, il y a ainsi beaucoup de programmeurs qui travaillent sous système d’exploitation propriétaires. Mais GNU/Linux est imbattable pour apprendre.

Contrairement aux idées reçues, les développeurs ne font pas que pisser du code. On tape quelque chose, ce qui déclenche autre chose. Il y aurait des entrées et des sorties. Cette vision est erronée.

La programmation est un mode de vie

Les programmeurs sont obsédés par la connaissance. Ils utilisent cette obsession pour alimenter leur soif d’apprendre, de découvrir et de créer. Voilà la vraie définition d’un programmeur.

Une principale raison d’utiliser Linux pour travailler au quotidien est qu’il vous aide à apprendre progressivement et pratiquement la programmation. Sur Windows, si vous voulez copier un fichier d’un dossier à un autre, vous faites du glisser-déposer à la souris. Sur Linux, vous pouvez aussi en faire de même désormais, mais vous pouvez également utiliser scp ou rsync. Parce qu’apprendre à utiliser la ligne de commande vous enseigne des techniques basiques de logique et améliore votre capacité à résoudre des problèmes.

La pratique régulière de l’OS GNU/Linux permet d’acquérir des compétences importante à commencer par l’autonomie. Contrairement à d’autres activités, la programmation ne demande ni de grands efforts de mémorisation, ni de répéter encore et encore les mêmes routines. Ce qu’il faut, c’est surtout énormément de motivation et de détermination. . Même les meilleurs programmeurs n’ont généralement aucune idée précise de ce qu’ils vont faire lorsqu’ils débutent un nouveau projet. Si une seule chose peut résumer mon activité, ce serait la recherche. Les programmeurs se doivent de savoir où trouver l’information, comment la digérer et s’en servir d’une manière utile. Cette compétence demande du temps et de la patience mais il est clair que GNU/Linux aide à cela.

Utiliser Linux vous poussera à rechercher activement des solutions aux problèmes que vous rencontrez. Si vous ne savez pas comment mettre en place un tunnel SSH, et bien vous allez l’apprendre tout simplement. Utiliser Linux vous amènera à découvrir de nouvelles choses auxquelles vous n’auriez jamais pensé en utilisant Mac ou Windows. Apprivoiser petit à petit GNU/Linux fera de vous un meilleur et plus pragmatique développeur. Vous apprendrez à travailler collaborativement pour résoudre un problème, à aller à la chasse aux erreurs, à mobiliser vos connaissances pour créer de nouvelles choses et rendre votre vie (et celle des autres) plus simple.

De plus, en tant que projet libre (tant le système d’exploitation que les logiciels disponibles), GNU/Linux offre un accès privilégié à la culture de la programmation. À coup sûr, vous allez :

  • Trouver un bogue dans une application que vous utilisez
  • Chercher des réponses sur internet
  • Trouver un système de tickets ou un forum sur le logiciel en question
  • Soumettre un ticket concernant le bogue ou poster dans un forum un sujet sur le problème rencontré
  • Interagir avec d’autres utilisateurs pour aidez à le résoudre

Tout cela n’a pas l’air très cool, mais patientez. Une fois ces points achevés, vous aurez fait connaissance avec la communauté hacker. Trouver des problèmes, en discuter avec d’autres personnes, résoudre ces problèmes ensemble et vous voici membre de cette communauté.

Si tout était parfait et qu’il n’y avait pas un seul problème à résoudre dans ce monde la vie serait morne. Mettre le nez dehors et corriger des choses, combattre le chaos, donne un sens à la vie. Alors profitez-en !

Linux peut vous apprendre tout cela, et bien plus encore.

Jon Rawlinson - CC by

Avoir un désir intense

Pourquoi voulez-vous programmer ? Quelles sont vos motivations ? Si vous n’avez pas cette envie pressante d’apprendre à programmer, vous échouerez.

J’ai commencé à coder parce que j’avais une très grande envie de créer des jeux vidéo. Quand j’étais un enfant, les jeux vidéo étaient ma passion. Je rentrais le plus rapidement possible de l’école pour rester scotcher sur l’ordinateur à jouer à des vieux classiques. Mes épiques batailles de Starcraft contre mon frère font parties de mes meilleurs souvenirs.

Plus que tout, je voulais être capable de maîtriser ces jeux. Je voulais les dominer, je voulais rendre servile mon ordinateur esclave afin qu’il fasse ce que je désirais.

Ces vieilles motivations me semblent maintenant un peu idiotes mais je les ressentais alors de manière intense. J’en rêvais la nuit, j’y pensais durant le jour et en était obsédé alors que j’étais derrière mon ordinateur les après-midis.

Quand j’ai décidé d’apprendre à programmer, je savais que je pouvais le faire. Je savais que quoi qu’il arrive dans ma vie, j’apprendrais coûte que coûte à programmer, alors même qu’au début je n’avais aucune idée de comment y arriver et ne connaissais personne dans ce domaine.

Mais j’ai trouvé un moyen. J’ai lu sur le Web des dizaines et des dizaines de pages de documentation. J’ai dépensé sans compter des centaines d’heures à fouiller au hasard les forums à la recherche de bribes d’information. J’étais tellement motivé et entier dans mon désir que cela me semblait facile et m’a aidé à devenir un programmeur à moitié convenable.

Kalyan Kanuri - CC by-sa

Faire de petits programmes en ligne de commande

Aujourd’hui, il semblerait que la majorité apprenne la programmation en plongeant la tête la première dans le développement Web. Même si ça peut marcher pour certaines personnes, ça me semble vraiment fou. Non seulement les technologies Web sont vastes, complexes et vite démodées (construire un site Web moderne requiert des tonnes de compétences différentes qui nécessitent plusieurs années de maturation), mais elles sont souvent frustrantes et décourageantes pour les nouveaux développeurs.

Je suis peut-être de la vieille école (j’ai seulement 23 ans :x), mais il n’y a rien de plus satisfaisant et formateur que d’écrire des tonnes de programmes simples en ligne de commande. J’écrivais des tonnes de choses :

  • Un script simple qui prenait en entrée des noms de fichiers pour les stocker dans des dossiers hiérarchisés et organisés en fonction du type de fichier
  • Un bot IRC qui enregistrait toute l’activité d’un channel dans un fichier texte.
  • Un programme simple qui télechargeait toutes les images d’une page Web donnée.
  • Un outil permettant de convertir des nombres en base dix vers n’importe quelle autre base en CLI
  • Un script compilant et mémorisant d’un coup toutes mes personnalisation graphiques : fonds d’écran, thèmes, etc.
  • Un programme basique qui téléverse automatiquement des captures d’écran sur un hébergeur d’images et en copie automatiquement l’adresse dans mon presse-papier.
  • Et un million d’autres choses encore.

J’ai tiré grand bénéfice de ces petits exercices. Chacun d’eux était suffisamment simple pour être écrit en quelques heures (pas plus), et ils m’ont tous appris quelque chose : un nouveau language, nouvelle bibliothèque ou stratégie. J’ai sans aucun doute gagné une grande partie de mes compétences informatiques en construisant là ces applications.

Mais cela joue également au niveau de la confiance. Chaque application créée aura été une petite satisfaction personnelle dont j’étais fier. J’y revenais du reste en les tenant à jour mais surtout en tentant de les modifier sans cesse par du nouveau code et de nouvelles stratégies. Cela m’a appris les bases de la programmation par itération (améliorer au fil du temps) tout en contribuant effectivement à la communauté du logiciel libre.

Si vous êtes un nouveau programmeur, il n’y a rien de mieux et de plus amusant que d’écrire ces petits utilitaires en ligne de commande. Vous ne me croyez pas ? Essayez, et dites moi si vous ne vous retrouvez pas accro dès la première ligne !

Erin Kohlenberg - CC by

Écrire, Écrire, Écrire

L’écriture est controversée. Lorsque j’ai commencé à programmer, les nerds avaient une réputation d’être inaptes à tout sauf aux ordinateurs. Pendant une période, j’ai supposé que comme étant bon avec les ordinateurs, j’étais naturellement mauvais pour tout le reste : même pour écrire.

C’était idiot.

J’en suis venu à réaliser avec le temps que les programmeurs sont, au contraire, d’excellents auteurs. La capacité à penser logiquement et à résoudre les problèmes est un avantage indéniable pour écrire, alors qu’il est parfois si difficile de coucher ses idées sur le papier. Et réciproquement l’exercice d’écriture m’a aidé à devenir un meilleur développeur. En outre nous savons qu’il est important de bien documenter son code.

Posséder un blog par exemple est une excellente manière de pratiquer l’écriture, pour garder une trace de ce que vous apprenez, et aide à s’assurer d’un progrès constant en particulier sur les sujets techniques.

Si vous écrivez une très très utile application en ligne de commande pour commander des pizzas chez Dominos, il vous sera alors difficile d’en parler sans aller dans le détail pour décrire la technologie que vous utilisez, comment l’API de Dominos fonctionne, etc. En prenant le temps d’écrire en structurant votre pensée, en relatant votre expérience, vous en apprendrez forcément davantage.

L’écriture peut être incroyablement utile lorsqu’elle est utilisée pour décrire des choses techniques, puisqu’elle simplifie et clarifie la cause du problème, vous forçant à réfléchir à ce problème de la manière la plus simple possible pour mieux la communiquer.

Un des mes plus grands regrets est de ne pas avoir conservé mes articles. Au fil des réécritures de mon site Web, d’erreurs de gestion de serveurs, j’ai petit à petit perdu la majeur partie de mes écrits. Le blog que vous lisez actuellement existe principalement suite à la décision que j’ai prise de remédier à cela. Ne faites pas la même erreur !

John Vetterli - CC by-sa

Rejoindre une communauté en ligne

Internet est un vaste lieu. Programmer est un vaste sujet. Il est tout à fait possible de devenir un excellent programmeur tout seul dans son coin mais il est beaucoup plus facile de le faire avec l’aide d’autrui.

Lorsque j’ai commencé à programmer j’ai eu la chance de rencontrer grâce au Net d’autres programmeurs fascinants avec qui j’ai partagé des jours durant des idées via IRC. Ces personnes ainsi rencontrées comptent parmi les individus les plus brillants et passionnés que je n’ai jamais rencontrés dans ma vie. Nous sommes devenus amis et le sommes encore !

Avoir des amis aussi motivés a décuplé ma propre motivation, et m’a aidé à tirer le meilleur de moi-même. Nous écrivions ensemble des articles pour partager les choses que nous avions apprises, nous critiquions nos codes respectifs, nous parlions des projets sur lesquels nous travaillions et sur la meilleure manière de les mener à bien.

Connaître un groupe qui partage la même passion et la même envie que vous est inestimable.

Sham Hardy - CC by-sa

Amusez-vous

Programmer est amusant. Programmer est vraiment, vraiment très amusant. Le simple fait d’en parler me met en joie ! Il est difficile de cacher mon excitation 🙂

Le plus important quand on apprend à programmer c’est de toujours S’AMUSER ! Peu importe que vous commenciez tout juste à programmer ou que vous soyez un programmeur aguerri et confirmé : vous ne devez jamais perdre du vue cette dimension fondamentale de l’informatique.

Supposons que vous veniez de commencer à apprendre le Python (à propos, Dive Into Python reste l’un des meilleurs livres sur le sujet), ne démarrez pas par un projet ennuyant. Écrivez quelque chose de nouveau ! Un truc qui vous semble fun et quelque part utile. Amusez-vous avec, et lancez-vous des defis.

Si votre motivation première pour travailler sur un projet est de le terminer alors vous faites fausse route. Pour devenir un bon programmeur il faut bidouiller des trucs que VOUS trouvez sympa. Le monde est rempli de logiciels tristes alors qu’on a besoin de logiciels GENIAUX. Et la seule façon de faire un logiciel génial c’est de s’éclater en le créant !

Je pourrais déblatérer pendant des heures ainsi. Mais à la place et pour conclure je veux VOUS mettre au défi (oui vous !). Pensez à quelquechose que vous adoreriez faire. Un site de partage ? un éditeur vidéo ? Peu importe ce qui vous exalte et vous transporte. Vous avez saisi ?

OK, maintenant allez-y fabriquez-le !

Notes

[1] Crédit photos : Francisco Osorio, Mtellin, Jon Rawlinson, Kalyan Kanuri, Erin Kohlenberg, John Vetterli, Sham Hardy (Creative Commons By et By-Sa)




Et Dieu créa l’homme à son image de hacker, nous suggère un père jésuite

Né il y a une trentaine d’années, le hacker est très certainement en train de devenir l’une des grandes figures de notre époque contemporaine qui peine à trouver ses héros. C’est ce que nous vous racontons régulièrement en creux ou en plein dans ce modeste blog[1].

Mais il est plus surprenant de se l’entendre dire par le père jésuite Antonio Spadaro qui n’hésite pas à proposer d’audacieux parallèles et y voir l’une des formes les plus abouties de la présence de Dieu en l’homme !

Manuela Ideacrea - CC by

Les moteurs de recherche modifient l’idée même de Dieu

I motori di ricerca cambiano l’idea stessa di Dio

Matteo Lo Presti – 8 janvier 2012 – Il Riformista
(Traduction : Nelly C.)

La philosophie hacker est celle qui pousse à la créativité et au partage, s’opposant ainsi aux modèles de compétition et de propriété privée, c’est du moins ce qu’affirme Antonio Spadaro directeur de la revue Civiltà Cattolica.

Le hacker s’engage à affronter des défis intellectuels pour éviter et dépasser les limites qui lui sont imposées dans ses domaines d’intérêt, Le plus souvent ce terme se réfère à des experts en informatique , mais il peut être étendu à des personnes vivant de façon créative de nombreux autres aspects de leur vie .

Être Hacker c’est donc une philosophie, un mode de vie, un comportement existentiel , où se mêlent jeu et engagement, et qui pousse à la créativité et au partage, s’opposant ainsi aux modèles de contrôle, de compétition et de propriété privée. Cette définition simple et tranquille ne provient pas d’une encyclopédie informatique mais de la revue des pères Jésuites Civiltà Cattolica, fondée en 1850.

L’auteur de cet article est le jeune directeur de la revue, Antonio Spadaro, auteur de nombreuses critiques littéraires, et observateur attentif des problèmes contemporains.

Spadaro soutient qu’entre ses besoins et ses attentes l’homme doit faire face à une situation de finitude qui doit être interprétée avec authenticité et plénitude. « J’ai été frappé », explique-t-il dans le bureau particulièrement ordonné du couvent où il vit, « par les nombreuses réflexions provenant du monde anglo-saxon sur la signification de l’action humaine, sur le thème du travail non plus vu comme une malédiction biblique mais comme une participation joyeuse à la vie du monde : un défi intellectuel, pour cerner la présence de l’homme sur la Terre et sa proximité de plus en plus importante avec la machine ordinateur ».

Antonio Spadaro réfute l’acception commune et médiatique du mot, c’est à dire celle du méchant « pirate informatique », ni même celle du verbe : to hack, et de ses multiples sens : couper, hacher , tailler, ou encore s’ouvrir un passage dans la jungle. Il puise au contraire dans une précieuse tradition philologique qui remonte aux années soixante, et qui avait alors une connotation virtuose : « hacker informatique » valait pour tous ceux qui possédaient des capacités particulières et remarquables de programmateur, aptes alors à faire partie d’une corporation décrite et admirée par Stefen Levy dans son célèbre livre publié en 1984 Hackers: Heroes of the Computer Revolution.

C’est autour de cette année-là que les ordinateurs commencèrent à apparaître un peu partout. Mais c’est aussi à cette époque que débutèrent les stratégies et les expériences à finalité négative par fermeture du code.

Lévy fut fasciné par cette nouvelle réalité et codifia les principes généraux sur lesquels devaient se baser les règles et les comportements hackers : accès illimité aux ordinateurs, toute information doit être libre, se méfier de l’autorité, les hackers doivent être jugés selon leurs hacks (et non selon de faux critères comme les diplômes, l’âge, l’origine ethnique ou le rang social), on peut créer l’art et le beau à l’aide d’un ordinateur, les ordinateurs peuvent améliorer notre vie.

Spadaro part lui aussi de là. « La technologie met en jeu la vie de l’homme et donc l’éternel débat entre le bien et le mal. La révolution d’internet suit les règles des autres révolutions : communiquer un message et créer une relation. Il convient donc de mieux comprendre comment l’homme est en train de modifier sa façon de penser lorsque qu’il navigue. Quelle influence et conséquence sur la foi vécue par l’homme ? Comment se trouve modifiée l’idée même de Dieu avec un moteur de recherche ? À fortiori lorsque l’on entre « Dieu » dans Google ? Comment articule-t-on aujourd’hui les informations qui se trouvent dans les millions de sites où la question de la religion est posée ? Autrefois la boussole indiquait la voie et connaissait la direction, à savoir le Nord. Aujourd’hui nous sommes bombardés par des millions de messages et nous devons savoir, tel un radar, intercepter le bon. Trop nombreuses sont les promesses de salut qui donnent des réponses simples à des questions complexes. »

Mais tenter de clarifier le rôle que jouent les hackers dans le rapport anthropologique entre Dieu et la machine n’est pas chose aisée, même si comme l’a écrit le philosophe Emanuele Severino « la technique est un géant capable de toucher le ciel avec un doigt ».

Spadaro a une bonne opinion de celui qui bidouille sur l’ordinateur. « La culture religieuse comme la culture hacker ont pour objectif d’améliorer la qualité de la vie. Les hackers ont un comportement actif, engagé, partagent les résultats de leurs travaux et de leurs recherches, ils sont toujours en quête de connaissance, collaborent à des projets communs et, à partir du moment où il y a échange au même niveau, l’autorité est bien distribuée entre les membres de la communauté. L’une de mes références est L’Éthique Hacker et l’Esprit de l’ère de l’information de Pekka Himanen qui explique que l’homme est appelé à « une autre vie ». Une vie qui n’est plus celle du fordisme, celle d’un homme lié à l’horloge de l’efficacité, mais d’un homme actif, qui poursuit ses propres passions, qui vit dans un effort créatif sans limites, qui sait que son humanité ne se réalise pas dans un espace temps organisé de façon rigide mais au rythme d’un engagement qui est l’unité de mesure d’un travail humble et profond correspondant mieux à la nature humaine. En clair on s’éloigne de la logique du profit et des contingences matérielles pour rassembler la communauté des hackers autour d’un langage et de valeurs communes. »

La communauté chrétienne a des liens plus étroits avec le monde informatique qu’on pourrait le penser. Ainsi dit-on que Larry Wall créa en 1987 le langage informatique Perl d’après une parabole biblique se trouvant relatée dans l’évangile selon Matthieu (chapitre 13, versets 45 et 46) où un marchand vendit tout ce qu’il possédait pour une simple perle.

Ce que suggèrent les nouvelles technologies est si attirant que Himanen fait appel à Saint Augustin pour tenter de donner une réponse à la question fondamentale : « Pourquoi Dieu a t-il crée le monde ? » Voici la réponse hacker : « Dieu étant un être parfait n’avait nul besoin de faire quelque chose mais il souhaitait créer ». En clair nous sommes face au plus grand hacker de l’Histoire.

Et Père Spadaro de préciser : « Certes le hacker a sa spécificité qui est loin de se généraliser vers un absolu, mais ce que l’on peut dire c’est qu’ici l’homme avec son travail participe à l’action créative de Dieu. Il met tout son génie pour comprendre et participer à des projets, pour naviguer, pour écrire, pour créer et laisser le code ouvert à la libre contribution de tous. On s’échange des connaissances, des compétences, des savoir-faire. On collabore à des projets le plus souvent de manière anonyme, de la même façon que l’on enseigne la théologie et la révélation chrétienne : un don qui vient du ciel, un don inattendu, qui manifeste la surprise, qui exalte le rapport personnel et collectif, un don qui doit être préservé. Le don hacker est une offre pour qui désire le prendre. Or le don chrétien lui aussi signifie avant tout donner quelque chose à quelqu’un (tel le don du sang). La manifestation de Dieu est perçue comme un acte gratuit de Dieu. Aussi ambitieux soit ce projet, il n’est pas sans ressemblance et affinités avec ceux de la confraternité des hackers.

Bien sûr ces théories ne vont pas sans polémiques. Ainsi, à un journaliste de l’Osservatore Romano, Spadaro précise : « Cette vision de l’autorité distribuée implique un intéressant défi sur la façon de percevoir la présence de l’Église. Personne ne veut abolir l’autorité, mais celle-ci doit désormais témoigner, rendre compte, voire rendre des comptes. »

Le cardinal Gianfanci Ravasi a récemment écrit qu’il était « temps d’être sur internet. Nous devons être attentif à tout le système d’information car les moyens de communication sont devenus nos prothèses ». Et Spadaro d’ajouter : « Nous suivons les sillons de Paul VI quand il affirmait que le cerveau mécanique vient en aide au cerveau spirituel. Annoncer la foi à l’époque de la culture digitale c’est en reconnaître la valeur et la dimension spirituelle. »

Antonio Spadaro - CC by-sa

Notes

[1] Crédit photos : Manuela Ideacrea (Creative Commons By) et Antonio Spadaro (Creative Commons By-Sa)




Je ne pense pas que vous naviguez comme moi sur le Web

Parano notre ami David ?

Peut-être prudent tout simplement, quitte à sacrifier un peu de son temps pour que Google & co en sache le moins possible sur lui[1].

Pour vivre heureux, vivons cachés ?

Enrico Policardo - CC by-nc-nd

Je ne pense pas que vous surfez comme moi

I don’t think you browse like I do

David – 4 février 2012 – Microcosm
(Traduction Framalang : Goofy, Antonin, OranginaRouge, Lamessen)

En fait, j’en suis même convaincu.

Cela ne m’est venu à l’esprit que cette semaine quand des amis étaient en train de parler de la façon virale dont Google étend sa connaissance sur vous. Certains étaient choqués par la précision, d’autres amusés d’être référencés dix ans plus jeunes ou dix ans plus vieux. Quelques-uns étaient affublés du mauvais sexe.

Je peux vous dire ce que les préférences de publicités Google savent de moi : rien.

Ce n’est pas par magie, c’est juste dû à la façon dont je surfe. Je ne laisse aucune trace localement, et tant que je ne me connecte pas sur un service, ils ne savent pas qui je suis. En plus, même si je me connecte à un service traquant l’identité comme Google, Twitter ou Facebook, ces services ne voient qu’une petite partie de ce que je fais, étant donné que je sépare énormément la navigation de mes autres usages d’Internet.

Comment est-ce possible? J’utilise plusieurs navigateurs et j’utilise les options sur la vie privée.

Ma configuration:

  • Firefox pour tous les services qui réclament des identifiants (Gmail/G+, Twitter, Facebook, Linkedln, etc).
  • Chrome pour la navigation traditionelle (recherches, forums, actualités, équipement technologiques, musique, etc).
  • Last Pass pour tous les mots de passe.
  • Pinboard pour tous les marque-pages.

J’ai configuré Firefox en utilisant about:config avec thatbrowser.privatebrowsing.autostart = true. Cela signifie que dès que je lance Firefox, il se lance automatiquement en navigation privée et ne stocke rien localement.

J’ai configuré tous les raccourcis de Chrome de façon à ce que tous les chemins de lancement se terminent par --incognito. À nouveau, cela signifie que dès que je lance Chrome, il utilise automatiquement le mode anonyme. La navigation privée de Firefox et le mode anonyme de Chrome font la même chose : ils ne stockent aucun historique, aucun cookie, et ne laissent aucune trace de votre activité en local sur le navigateur de votre ordinateur. Quand vous fermez la fenêtre du navigateur, tous les cookies précédemment créé sont supprimés ce qui empêche toute entreprise de vous pister, et plus rien ne permet de savoir qui vous êtes.

Évidemment, cela n’est pas sans conséquences si vous essayez de m’imiter :

  • Vous aurez toujours à vous identifier partout.
  • Le gestionnaire d’authentification en deux étapes de Google vous demandera tout le temps d’entrer un code.
  • Les marque-pages sous Firefox ne se retrouveront pas sous Chrome et inversement.
  • Cliquer sur un lien dans un service demandant des identifiants ouvrira celui-ci sous Firefox, cliquer dans un e-mail ou un lien relatif sous Chrome l’ouvrira sous Chrome.

Ce sont des points positifs, et voici comment j’ai dépassé ou contourné chaque point :

  • J’utilise Last Point pour me connecter sur les sites, ça ne prend qu’une fraction de seconde et je ne me connecte que si j’ai besoin de faire quelque chose qui nécessite de se connecter. L’avantage est que tous les sites auquel je me connecte ont leur propre mot de passe particulièrement complexe, ce qui est bon pour la sécurité.
  • Le gestionnaire d’authentification en deux étapes augmente aussi votre sécurité et vous avez votre téléphone avec vous, n’est-ce pas ? Je me connecte à Gmail une à deux fois par jour et j’utilise Google Authenticator sur mon téléphone. Les quelques secondes que cela me prend par jour ne me gênent pas.
  • Je stocke les marque-pages dans un navigateur adapté et accessible par le réseau : une page d’accueil personnalisée pour les visites récurrentes. Pinboard pour les visites occasionnelles.
  • Je ne franchis jamais la limite entre les services identifiants et le reste du web. Cela ne prend qu’une seconde de copier le lien, passer sur l’autre navigateur et coller le même lien, et c’est ce que je fais. Étonnamment, ça arrive moins souvent que vous pourriez le penser.

La question évidente qui se pose est la suivante : pour quelle raison feriez-vous une telle chose ?

La réponse est que ma navigation a évolué de cette manière.

J’ai commencé avec un seul navigateur, puis j’ai eu besoin de jongler avec deux pour des questions de développement Web. J’utilisais le mode incognito de Chrome pour simuler de nouvelles visites sur un site Internet, et je devais fréquemment fermer et rouvrir les fenêtres incognito. Parfois, il m’arrivait de fermer accidentellement la fenêtre principale, sans mode incognito… fermant également mes e-mails. J’ai donc déplacé mes e-mails et communications dans Firefox de sorte que je ne puisse plus les perdre à cause d’une action accidentelle (en fermant toutes les fenêtres de Chrome). Ainsi, avec Chrome dédié au développement Web, j’ai décidé d’utiliser le mode incognito en permanence afin de m’éviter la danse folklorique de le passer en incognito à chaque fois (ce qui ouvrait une nouvelle fenêtre) ; le mode incognito restait donc actif en permanence.

En raison du fait que Chrome offrit une « navigation jetable », j’ai remarqué que je me sentais un peu libéré du traçage et je me montrais un peu moins prudent à cliquer sur un site qui aurait pu changer d’état en connaissant qui je suis. Par exemple : les forums que vous avez peur de vister en raison de la quantité d’éléments « non lus » qui seront marqués comme « lus » juste parce que vous vous y êtes précédemment connecté. Utiliser le mode incognito en permanence signifie que je lisais un peu plus d’élements, et je m’immergeais dans les sites de manière plus fréquente.

Ensuite, concernant Firefox, j’ai commencé à remarquer que lorsque quand je suivais un lien je me sentais envahi de sites avec des widgets ou des publicités hyper personnalisées (à commencer par le pays d’où je me connecte). Cela m’inquiéta d’être ainsi étiqueté lorsque un site Web sait que j’aime le vélo par exemple. Ai-je loupé quelquechose ? Pourquoi est-ce que ces recherches me montrent des choix que je ne savais même pas que je voulais faire ? Cela me déplaît d’être catalogué par une vision normalisée basée sur mes actions et celles d’autres personnes similaires. Je souhaitais la version anonyme des résultats mais sans savoir comment l’obtenir.

Ma première astuce pour pallier ceci était de simplement copier-coller les liens dans Google Chrome pour avoir une version anonyme, c’est pourquoi j’en utilise le mode incognito en permanence. Cela marche bien et c’est devenu une habitude.

Après un moment, je me suis rendu compte que je pouvais aussi bien utiliser Firefox en mode privé et terminer ce que j’avais apparemment déjà commencé : éclater les bulles et éviter le pistage des mes informations à moins que je ne l’aie accepté (par l’identification à mon compte).

Je dispose maintenant d’une navigation préservée des pop-ups personnalisés, et qui sépare tous les services identifiants du reste du Web.

Comme je le disais, je ne pense pas que vous naviguez comme moi.

Notes

[1] Crédit photo : Enrico Policardo (Creative Commons By-Nc-Nd)




Pour que April, Framasoft et Quadrature chassent les taches à vos côtés

Pack Liberté - April Framasoft QuadratureC’est une grande première ! L’April, Framasoft et La Quadrature du Net (par ordre alphabétique) s’associent pour une campagne commune sérieuse sur le fond mais décontractée dans la forme : l’opération « Pack Liberté » !

Ayant l’habitude de travailler ensemble depuis des années et nous jugeant complémentaires dans nos objectifs et nos actions, nous avons en effet décidé ici de nous synergiser afin d’unir nos forces dans la bataille, et accessoirement de ne vous embêter qu’une fois et non trois dans nos appels aux dons 🙂

Face à ceux qui sont de l’autre côté de la barrière, ou plutôt face à ceux qui érigent des barrières, nos moyens sont absolument dérisoires. Et pourtant grâce à l’internet et la bonne volonté de tous nos membres et sympathisants, il nous suffit de pas grand chose pour que nos organisations poursuivent leurs aventures dans un contexte de plus en plus hostile aux libertés citoyennes.

Ce pas grand chose concerne avant tout la pérennisation de nos structures par la présence de permanents salariés, ce qui a un coût (mais est aussi créateur d’emplois soit dit en passant).

SOPA, ACTA et tout le tralala… il y a véritablement quelque chose d’important qui se joue actuellement à l’échelle nationale, européenne et mondiale. Quelque chose de pas toujours bien compris dans les arcanes d’un pouvoir trop prompt à écouter ce que lui murmurent à l’oreille des lobbies pas toujours très recommandables. Quelque chose dont tous ceux qui ont été soudainement sevrés de Megaupload ne se rendent également pas forcément tout à fait compte.

À vous, à nous, à nous tous de continuer à sensibiliser nos politiques en amont et le grand public en aval sur ces enjeux majeurs de notre époque. Parce que, désolé pour l’envolée lyrique, tant qu’Internet demeure ce formidable espace de liberté, tant qu’on peut s’appuyer et s’inspirer de la culture et l’état d’esprit du logiciel libre, alors tout devient (ou redevient) effectivement possible.

Pour ce faire nous pensons en toute fausse modestie que des structures comme les nôtres ont leur utilité à vos côtés. Et c’est pourquoi, si vous partagez cette opinion péremptoire, nous vous demandons une nouvelle fois de nous soutenir et une première fois de nous soutenir ensemble.

Merci de votre attention,
Alexis Kauffmann

—-> Pack Liberté – Un pack pour soutenir les libertés

PS1 : Personne ne vous impose de donner la même somme aux trois structures, il vous suffit de déplacer la jauge comme bon vous semble.

PS2 : Oui, le style de la campagne est, disons, original et particulier ! Il est précisé dans la FAQ du site : « Face à ces menaces, contre lesquelles nos associations se battent tous les jours, nous avons décidé d’en rire pour ne pas avoir à en pleurer. Le Pack Liberté, c’est comme une expression très rose et très flashy de notre motivation ». Et puis comme le disait récemment Benjamin Bayart dans son excellent article publié chez Atlantico : « un bon LOL vaut bien des discours » 🙂




De l’impact politique d’apprendre aux enfants la libre programmation

Si vous parcourez les articles de nos tags Informatique et Code, vous vous apercevrez que nous sommes de ceux qui poussent pour que la programmation (avec du Libre dedans) entre dans les écoles française sans attendre l’Université[1].

Parce que cela a des implications politiques majeures et ceux qui ont tout intérêt à ce que la situation ne bouge pas l’ont très bien compris…

En Angleterre la prise de conscience est en train de se faire (quitte à ce que ce soit un Google qui vienne l’éveiller). Mais chez nous c’est franchement pitoyable. Tout au plus a-t-on réussi à obtenir une option pour la seule Terminale S l’année prochaine. Attention car, comme disait Barbara, le temps perdu ne se rattrape plus !

Lizette Greco - CC by-nc-sa

Apprendre les rudiments de la programmation aux enfants aura-t-il un impact politique ?

Will teaching children basic programming skills have a political impact?

Sam Tuke – 12 janvier 2012 – FSFE.org
(Traduction Framalang/Twitter : Yoha, Gatitac, Bl0fish, Sophie, Morphix, 0gust1)

La BBC m’a envoyé un courrier électronique la semaine dernière pour me demander mon avis sur la rumeur actuelle qui voudrait que le gouvernement britannique ajoute des compétences informatiques de base aux programmes scolaires en mettant l’accent sur un éventuel impact politique que ceci pourrait avoir sur la façon dont la société interagit avec les technologies. Voici ma réponse.

Question : Enseigner des rudiments de programmation à tous nous oriente-t-il vers une société plus critique et plus créative ?

Oui. Très souvent, les technologies, et en particulier les logiciels, voient leur utilité restreinte pour les intérêts de quelques-uns, comme les entreprises privées, afin de leur permettre de manipuler les consommateurs à leur avantage. Bien que la Grande-Bretagne utilise plus de logiciels et de produits numériques que jamais, seul un pourcentage restreint de la population est capable de participer à la création de ces produits, de les adapter à ses propres besoins, ou bien de créer les siens.

Cela a un impact extrêmement néfaste sur la société. Cela crée un déséquilibre de pouvoir entre les concepteurs des outils et tous les autres, dont le travail dépend de ces outils. Quel que soit le secteur dans lequel il travaille, un salarié a de fortes chances de devoir utiliser un jour ou l’autre un navigateur Web ou un client de messagerie par exemple, ne serait-ce que trouver un emploi. Mais la façon dont une personne interagit avec ces technologies est presque toujours définie par un groupe de personnes extérieures, sans aucun lien avec l’utilisateur final et qui pourraient n’avoir que très partiellement satisfait ses besoins.

Si notre société inculquait davantage les concepts de base de la programmation et de la création numérique, nous serions plus à même d’interagir en connaissance de cause avec notre environnement social et professionnel. C’est particulièrement vrai pour les sujets importants comme par exemple le journalisme citoyen, l’auto-hébergement et la publication. Une compréhension large de la façon dont fonctionnent les systèmes de vote électronique pourrait avoir un impact fort sur la politique future, par exemple.

Pour autant, avoir simplement des compétences en programmation ne suffit pas. Pour être compétitif, efficace et productif, la Grande-Bretagne devra également promouvoir une culture des libertés et du logiciel libre au sein de son industrie informatique. Et ce parce que les restrictions des copyrights et des brevets peuvent mettre au pas la créativité, y compris celle du plus doué des programmeurs, ou les forcer à réinventer constamment la roue avant qu’ils ne puissent commencer à innover.

Le logiciel libre a initié une véritable révolution technologique au cours des trois dernières décennies, nous apportant, entre autres avantages, Internet et des ordinateurs suffisamment abordables pour être distribués en masse dans le Tiers Monde.

Les écoles devraient favoriser la curiosité et l’esprit critique dans un environnement qui encourage les étudiants à apprendre. Une salle de classe exécutant des logiciels propriétaires ne peut fournir cela. « Comment ça marche ? », « Qu’est-ce qui se passe si je change ceci ou cela ? ». Ces questions restent fondamentalement sans réponse quand on enseigne aux enfants en utilisant des systèmes d’exploitation, des suites bureautiques ou des outils de robotique non libres.

Notes

[1] Crédit photo : Lizette Greco (Creative Commons By-Nc-Sa)




Ils ont violé le domaine public !

J’ai fait un cauchemar horrible cette nuit. J’ai rêvé que non content de rallonger ad nauseam la durée du copyright « ils » osaient s’en prendre au sanctuaire du domaine public…

Le titre de ce billet ne fait pas dans la demi-mesure. C’est pourtant un évènement grave et révélateur de notre trouble époque qui a eu lieu récemment aux USA (et passé relativement inaperçu en France).

« Au fil des ans, la durée de protection par le droit d’auteur n’a cessé d’augmenter. Aux États-Unis, le Congrès l’a étendue à 19 reprises en deux siècles, ce qui n’est pas l’apanage des États-Unis : l’Union Européenne et les pays qui en font partie ont fait passer diverses lois et directives aux mêmes visées d’allongement de la durée de protection des œuvres. Chacune de ces lois a fait reculer le domaine public, mais une constante restait : ce qui entre dans le domaine public y reste définitivement. L’URAA est allée plus loin. Pour la première fois de l’histoire des États-Unis, le domaine public a été diminué : des œuvres en ont été arrachées. » Wikimédia France

« Tolkien, Kipling, Orwell, Hitchcock, Prokofiev… Des oeuvres de nombreux auteurs internationaux qui étaient passés dans le domaine aux Etats-Unis retournent dans le régime du copyright traditionnel. Contre toute attente, la Cour Suprême a validé mercredi 18 janvier l’accord de 1994 qui organise une telle expropriation des droits du public. » Numerama

Vous trouverez traduit ci-dessous un article relatant en détail cette décision de justice[1], mais pour mieux en comprendre les enjeux nous vous renvoyons sur le blog de Wikimédia France : Des œuvres du domaine public de nouveau soumises au copyright aux États-Unis. L’encyclopédie et les autres projets sont en effet directement impactés (sur Commons ce sont plus d’un million de fichiers à vérifier !).

Et pour aller encore plus loin et mettre le tout dans une triste perspective qui impose non seulement l’indignation mais également la mobilisation, il y a notre traduction de Cory Doctorow : On ferme ! La guerre imminente contre nos libertés d’utilisateurs.

Remarque : D’où l’intérêt de fêter le domaine public.

Horia Varlan - CC by

La Cour suprême des États-Unis autorise le Congrès à replacer sous copyright des œuvres du domaine public

Supreme Court rules Congress can re-copyright public domain works

David Kravets – janvier 2012 – ArsTechnica
(Traduction Framalang : OranginaRouge, e-Jim, DonRico)

Le 17 janvier, la Cour suprême a statué que le Congrès américain a le droit de retirer compositions musicales et autres œuvres du domaine public, où l’on est libre de les exploiter et de les adapter, et de les placer de nouveau sous le régime du copyright.

Par un vote de six voix contre deux, la Cour a jugé qu’une création qui entre dans le domaine public ne se retrouve pas pour autant dans « un territoire dont les œuvres ne pourront jamais ressortir ».

Le tribunal supérieur examinait une requête déposée par un collectif qui rassemblait chefs d’orchestre, éducateurs, artistes de scène et archivistes, requête demandant aux juges de casser une décision rendue en appel défavorable au groupe, dont les membres s’appuient sur les œuvres artistiques du domaine public pour leur activité professionnelle.

Selon eux, replacer des œuvres du domaine public sous copyright constituerait une atteinte à la liberté d’expression de ceux qui utilisent à présent ces travaux sans devoir s’acquitter de droits d’exploitation. Des millions d’œuvres anciennes sont concernées. Parmi les plus connues, on trouve The Shape of Things to Come de H.G. Wells, Metropolis de Fritz Lang, et les compositions d’Igor Stravinsky.

La Cour ne s’est toutefois pas montrée insensible à l’argumentation des plaignants. Représentant la majorité, la juge Ruth Ginsburg a déclaré « une certaine restriction des possibilités d’expression est l’effet inhérent et recherché de toute attribution de copyright ». Mais la Cour suprême, qui compte un membre de moins depuis la récusation de la juge Elena Kagan, a indiqué que la volonté du Congrès de replacer sous copyright ces œuvres pour se conformer à un traité international demeurait plus importante.

Pour diverses raisons, les œuvres concernées – qui sont étrangères et ont été créées il y a plusieurs décennies – sont entrées dans le domaine public aux États-Unis, mais étaient encore soumises au copyright à l’étranger. En 1994, le Congrès a adopté une législation permettant de ramener les œuvres dans le giron du copyright, afin que la réglementation américaine soit en accord avec un traité international sur le droit d’auteur : la Convention de Berne.

Les juges Stephen Breyer et Samuel Alita, dans une opinion dissidente, ont indiqué que cette législation est en opposition avec la théorie du copyright et « n’incite personne à produire une œuvre nouvelle ». Si le copyright a été inscrit dans la Constitution, ont-ils fait remarquer, c’est pour promouvoir les arts et les sciences.

Cette législation, a avancé Breyer, « n’accorde de récompense pécuniaire qu’aux détenteurs d’œuvres anciennes placées dans le domaine public américain. En outre, cette loi entrave la propagation de ces œuvres, des travaux étrangers publiés hors des États-Unis après 1923, qui se comptent par millions et comprennent films, œuvres d’art, photographies innombrables et, bien sûr, livres – des ouvrages qui (en l’absence de cette loi) prendraient la place qui leur est due dans des bases de données accessibles par ordinateur, diffusant ainsi le savoir dans le monde entier. »

Anthony Falzone, directeur du Fair Use Project à l’université de Stanford et avocat d’un des demandeurs du dossier, a qualifié le verdict de « regrettable », et déclaré que cela « laisse entendre que le Congrès n’est pas tenu à prendre en compte l’intérêt public lorsqu’il vote des lois sur le copyright. »

La majorité a néanmoins rejeté les arguments selon lesquels un jugement favorable à la décision du Congrès équivaudrait à conférer au législateur le droit d’attribuer des périodes de copyright permanentes.

« On ne peut accuser le Congrès de vouloir se diriger subrepticement vers un régime de copyright permanent parce qu’il a aligné les États-Unis sur les autres nations signataires de la Convention de Berne, et donc accordé un traitement équitable à des auteurs étrangers autrefois défavorisés », a rétorqué la juge Ginsburg.

Ce n’est pas la première fois que la Cour suprême approuve l’extension du copyright. En 2002, elle avait déjà entériné la décision du Congrès d’en allonger la durée, qui était alors passée de cinquante ans après la mort de l’auteur à soixante-dix ans après sa mort.

Lawrence Golan, le représentant des plaignants, a indiqué à la haute juridiction que son orchestre ne sera plus en mesure d’interpréter la Symphonie classique et Pierre et le loup de Prokofiev, ni la Symphonie n°14 et le Concerto pour violoncelle de Chostakovitch, à cause des droits d’exploitation.

Chris Schmich - CC by-sa

Notes

[1] Crédit photos : Horia Varlan (Creative Commons By) et Chris Schmich (Creative Commons By-Sa)




ACTA : Comment faire entendre sa voix (appelle ton eurodéputé etc.)

Nous avons souhaité ici vous proposer une version courte « billet blog sexy » du kit wiki ACTA de la Quadrature du Net. L’objectif est avant tout de tenter d’élargir le public sensibilisé, c’est pourquoi nous comptons sur vous pour l’action et le relais. Merci à @Quota_Atypique et @Siltaar pour cette rédaction collaborative.

D’abord, pourquoi ?

Parce qu’avec ACTA[1] on est en train de nous imposer un accord commercial « multi-national », négocié en secret depuis 3 ans par 39 pays, et qui menace Internet, nos libertés fondamentales, mais aussi l’accès aux médicaments génériques et la biodiversité planétaire. Rien que ça.

—> La vidéo au format webm
—> Le fichier de sous-titres

En effet, en renforçant ainsi le copyright, l’accord prévoit d’empêcher la production de médicaments génériques (considérés alors comme de la contrefaçon) ainsi que la culture de céréales et autres plantes non soumises aux brevets.

Côté réseau, ce traité charge les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) de surveiller ce que leurs utilisateurs font en ligne, puisqu’il seront tenus responsables des contenus « illicites » qui passent par leurs réseaux. On appelle ça mettre de la responsabilité sur les intermédiaires techniques. Or c’est se tromper de cible. C’est un peu comme arrêter en grand fracas un p’tit génie du web, innocent, parce qu’il a mit en place sur Internet un service tellement bien et tellement utilisé, que certains s’en servent sans respecter la loi. Et je ne vous parle pas de MegaUpload là, mais de IRC.LC, développé par Pierrick Goujon en Bretagne française.

De fait, avec ACTA cet incident ne serait plus une « bavure », mais la stricte application de la loi. Les FAI, les hébergeurs web, les fournisseur de service… tous deviennent police et justice privée du copyright. Dans ces conditions, on ne serait pas surpris de voir des mesures de censure « préventive » prises par les FAI pour s’éviter des sanctions[2].

HADOPI finalement, à côté d’ACTA c’est du pipi de lolcat. Et HADOPI, ça a quand même été censuré par le Conseil Constitutionnel, quand il en a eu l’occasion. Quand on s’est bougé pour lui en donner l’occasion. Or, ce n’est pas ce qui est entrain de se profiler pour ACTA…

Pour résumer donc, ACTA c’est un paquet de mesures dangereuses, déguisées en accord commercial, qui vient d’être signé comme si de rien n’était par 22 pays (sur 39), malgré la démission du rapporteur côté Union Européenne, malgré des manifestations importantes en Pologne (et récemment jusqu’en France), ou encore hier, les excuses publiques de l’ambassadeur de Slovénie. Or, si le texte en cours de négociation a pu être divulgué plusieurs fois par La Quadrature et WikiLeaks durant ces trois dernières années, il n’est pas exclu que la portée de certaines mesures ait encore échappé aux experts de la société civile dans les domaines concernés, puisque cet accord commercial a été négocié de la manière la moins démocratique possible, par des émissaires nommés secrètement par les gouvernements des pays complices, dans le déni en France[3], du Ministère de la culture, bien loin du débat de société que cette question mérite[4].

Alors, pas envie que ces horreurs nous passent au dessus de la tête sans pouvoir réagir ? Puis nous dégringolent dessus depuis leur piédestal ou plutôt leur pied-de-nez législatif ?

Alors que faire ?

Pour faire vivre la démocratie, appelle ton eurodéputé

Voici quelques pistes pour l’appeler. Ton eurodéputé(e), tu en trouveras la trace dans le Mémopol, l’outil de mémoire politique mis en place par la Quadrature du Net.

Au téléphone, tu tomberas certainement sur son secrétaire, qui sera d’abord accueillant, probablement un brin déconcerté par ton appel, puis réticent à te passer ton eurodéputé que t’as élu pour qu’il parle en ton nom.

Pour ne faire perdre de temps à personne, il vaut mieux se familiariser d’abord un peu avec les arguments. Tu peux t’entraîner à les reformuler avec tes propres mots, tu verras, on se sent bien plus à l’aise après pendant les quelques secondes où le téléphone cherche ton correspondant.

Les points principaux à garder en tête sont :

  • ACTA transforme les entreprises d’Internet (fournisseurs d’accès, fournisseurs de service) en police privée du copyright, en les rendant responsables de ce que font leurs utilisateurs en ligne ;
  • ACTA instaure des sanctions pénales étendues, dangereuses et définies de façon vague ;
  • ACTA contourne la démocratie et ouvre la voie à un processus législatif parallèle, hors de « contrôle ».

N’oublie pas que tu n’es pas un expert, juste un citoyen inquiet. Tu as le droit de ne pas savoir tout tout de suite, tu peux décider de te renseigner un peu et de rappeler l’eurodéputé plus tard.

Pour gagner du temps, il peut être utile de choisir un eurodéputé membre de la commission qui traite le sujet. Ici, la commission la plus impliquée dans le traité ACTA est l’INTA (Commerce International), ce sont donc les eurodéputés de cette commission qu’il faut contacter en priorité, et ça tombe bien, parce qu’ils sont tout bien listés comme il faut au bout du lien vers le Mémopol fourni plus haut.

Ensuite, tu as le droit de contacter autant d’eurodéputés que tu veux. Même ceux qui ne sont pas de ton bord politique, la liberté d’expression est un enjeu qui dépasse largement ces clivages.

Qu’est-ce qu’on va te répondre ?

Dans un unanime élan de corporatisme, ton eurodéputé risque fort de céder à la tentation de te répondre : « ne t’inquiète pas petit agneau, j’ai bien compris tous les enjeux et il n’y a aucun problème ». Pour étayer ses propos, il avancera sûrement d’un des arguments suivantes :

L’ACTA n’a pas été négocié particulièrement en secret

Pourtant, contrairement à ce que dit la Commission, la transparence sur ACTA n’a été rendue possible qu’après la désobéissance de personnes impliquées dans le processus de négociation qui, inquiètes des conséquences du traité, ont fait fuiter des documents.

L’accord a également été volontairement négocié en dehors des institutions internationales dédiées à ces questions (OMPI, OMC), dans le but d’exclure les pays en développement de la table des négociations (déjà assujettie à une clause de non-divulgation). C’est ce que révèlent certains certains des câbles diplômatiques publiés par WikiLeaks à propos de l’élaboration du traité ACTA.

Si ça n’est pas du secret ça… Ce sont ces fuites qui ont forcé les négociateurs à publier les versions de travail du texte au printemps 2010, plus de 3 ans après le début des négociations.

L’ACTA ne rend pas les FAI et fournisseurs de services web responsables des contenus transitant sur leur réseau

Pas directement non, mais en rendant pénalement responsables les intermédiaires techniques des actions de leurs utilisateurs, ceux-ci risqueront de prendre procès à la place des utilisateurs. Pour éviter que cela n’arrive, ils auront tout intérêt à collaborer avec les industries du divertissement, et pour éviter de se retrouver devant le juge ils auront tout intérêt à censurer leur réseau eux-même, en déployant des moyens de filtrage des communications et de suppression des contenus. Ce qui nuira inévitablement aux libertés des utilisateurs. L’article 27.1 d’ACTA parle de « measures to deter further infringement » (mesures pour prévenir les infractions futures) : on se croirait dans Minority Report là non ? Qu’est-ce que cela peut-il être à part du blocage/filtrage/retrait « préventif » de contenu.

Les passages problématiques (sur les médicaments, notamment), ont été mis en suspens

Prouvez-le. La commission DEVE a été saisie sur la question des médicaments, d’accord, mais en quoi cela suspendrait quoi que ce soit ? DEVE a discuté le texte en vue d’un premier rapport le 24 janvier dernier. Aux dernières nouvelles, leur rapport final n’a toujours pas été rendu. La question reste donc ouverte, mais le traité avance.

Il est nécessaire de lutter contre la contre-façon et ACTA constitue la meilleure manière de le faire

L’effet sur la liberté d’expression va être terrible, ce n’est donc forcément pas une bonne méthode. ACTA va beaucoup plus loin que la lutte contre la contrefaçon et c’est bien là le problème. Ce n’est pas un simple traité commercial. Il menace des vies, et l’écologie de la planète.

ACTA va avoir un effet retors sur l’économie, notamment en terme d’innovation, qui repose sur le partage des connaissances.

ACTA va avoir des effets sur des choses qui n’ont rien à voir avec le commerce. Le flou qui entoure la notion d’ « échelle commerciale » utilisée à tout bout de champ dans le traité, fait qu’on touche en fait tout usager d’Internet, car l’échelle de partage sur Internet est énorme, et elle peut donc être considérée comme une « échelle commerciale »…

L’ACTA se contente de faire respecter la propriété intellectuelle, elle n’engendre pas d’interdictions nouvelles.

L’ACTA impose en fait de nouvelles sanctions pénales, outrepassant les procédures démocratiques classiques de l’Union Européenne et des États Membres. La formulation est très vague, et de nombreuses pratiques non-commerciales (hors-marchés) pourraient se voir sanctionnées pénalement.

Dans une opinion publiée l’année dernière, d’éminents professeurs de droit ont montré comment ACTA entre en conflit avec la loi européenne, et une étude indépendante commanditée par la Direction Générale des politiques extérieures du Parlement européen a reconnu le manque de protection des droits fondamentaux dans l’ACTA.

Rappelons aussi que le Comité ACTA qui serait créé (à l’article 42 du traité) aurait aussi un pouvoir d’amendement au texte de l’accord, et dans ce cas, quelle garantie que les amendements ne force pas encore d’autres changements ? Accepter un Comité pouvant amender l’accord après ratification revient à signer un chèque en blanc…

Pour une revue plus détaillée des arguments qu’on risque de vous opposer, voir cette page-ci et cette page-, en anglais malheureusement. Mais déjà là, tu as de quoi te lancer.

Enfin, sur cette base et maintenant que tu as un forfait de téléphone portable pas cher et illimité vers 40 destinations internationales, tu peux aussi contacter les autres commissions. Elles sont aussi concernées et ça ne mange pas de pain de les appeler, eux aussi méritent d’entendre un autre son de cloche que celui du champagne/caviar des lobbies, or ils sont amenés à influencer le rapport de l’INTA.

  • la commission DEVE (développement)
  • la commission ITRE (industrie)
  • la commission JURI (juridique)
  • la commission LIBE (libertés)

Participer au débat d’idées, en parler aux ami(e)s (de Facebook et d’ailleurs) !

Tout le monde n’est pas au courant. Donc tu aides déjà beaucoup ne serait-ce qu’en décidant d’en parler autour de toi. Montrer la vidéo à tes amis, ta famille, ton voisin venu te taxer du sel, au livreur pendant que tu signes le reçu, par la fenêtre à la voisine qui choisi son jean…

Tu es sur les réseaux sociaux ? Eh bah lâche-toi ! Twitte, poste sur Facebook, plussoie sur Google, plus il y a d’information qui circule, mieux c’est ! Ce n’est pas sale, c’est pour la bonne cause 🙂 N’hésite pas non plus à en parler sur ton blog, à ta manière, avec tes mots.

Et il n’y a pas que les mots : si l’envie te prend de faire des vidéos, des visuels, du son… n’hésite pas ! Et n’hésite pas à partager tes productions le plus largement possible, partager c’est utile, et c’est amusant !

Si tu es dans le milieu associatif, n’hésite pas à en parler aux responsables des asso. que tu fréquentes. Ils pourront écrire une lettre ouverte aux eurodéputés, ou transmettre à leur tour l’information à leurs membres, qui contacteront à leur tour d’autres des gens…

Tu sais faire mieux ? T’es vraiment révolté ? Tu peux organiser des événements : manifestations, réunions d’information, dans ton école, dans ton quartier… Ce traité ne s’imposera à nous que si nous acceptons de le suivre aurait dit La Boétie. Faisons savoir notre refus dès aujourd’hui.

Pour finir, il existe une liste de diffusion sur ACTA. Tu peux t’y inscrire en envoyant un message à : NOtoACTA-subscribe@laquadrature.net et venir arpenter le chemin… parce que la route a beau être longue, la voie est encore libre !

No ACTA

Action connexe : Faire un don

Accessoirement tu peux soutenir les actions des trois associations April, Framasoft et Quadrature qui font campagne commune actuellement car plus on est de fous plus l’ACTA rira jaune 🙂

Notes

[1] Anti Counterfeiting Trade Agreement, ACAC en français…

[2] Ça ne vous rappelle rien ? TF1 réclame (sans rien risquer) Google censure (sans vérifier)

[3] Les négociateurs pour la France étaient : Patrice Guyot et Jean-Philippe Muller

[4] Comme : « Faut-il tordre Internet pour qu’il ressemble à une maison de disques, ou au contraire profiter de ses nouvelles opportunités en améliorant la société ? »