À Quimper en juillet,
entrée libre au carré

Partout en France, des personnes dynamiques s’investissent pour accompagner celles et ceux qui le désirent vers davantage de maîtrise et d’émancipation dans leurs usages numériques.

Framasoft a choisi de mettre en lumière et de soutenir l’activité exemplaire de celle qui se fait appeler « la Reine des Elfes » sur son média social favori. Si nous la connaissons bien et l’apprécions, c’est parce qu’au-delà de son activité régulière au Centre des Abeilles à Quimper, elle a organisé une première session d’Entrée libre, qui a réuni des intervenants du monde du Libre pour 3 jours en août 2019, un événement ouvert à toutes et gratuit « pour comprendre internet, découvrir les logiciels libres et protéger sa vie privée » (voir l’affiche 2019).

Avatar de la Reine des Elfes sur Mastodon

Eh bien voilà que notre chère « rainette » bretonne récidive cette année ! Voici dans l’interview ci-dessous les raisons qui la poussent à organiser et réussir un événement qui nous est cher. Et puis comme le budget est plus important cette année, elle a lancé un appel aux dons auquel nous vous invitons à répondre comme nous venons de le faire…

 

Mat ar jeu, Brigitte ?
Demat Framasoft. Tu te colles au brezhonneg ? Je ne te suivrai pas dans cette langue, car même si j’habite en terre bretonnante, je ne le maîtrise pas. Je te répondrais donc en Gallec : je vais bien ! 🙂

D’où est venue l’idée d’Entrée Libre ?
Ouh là ! Il faut revenir à la première édition en 2019. Je voulais faire un cadeau à mon pote @reunigkozh qui a initié les distributions gratuites d’ordinateurs au Centre des abeilles. Cela faisait 10 ans en 2019. Et je trouvais que nous devions fêter cela.

Mon expérience personnelle m’avait montré que tout le monde ne comprend pas ce qu’iel fait lors de l’utilisation d’un ordinateur. C’est compliqué de comprendre qu’alors que l’on est seul face à un écran, il se passe plein d’autres choses. De comprendre aussi qu’il peut y avoir aussi de l’éthique dans le numérique et qu’on peut choisir quoi utiliser, si on est suffisamment informé.
Le premier Entrée Libre était donc axé sur une présentation d’assos ou de logiciels qui pouvaient aider à prendre sa vie numérique en main.

Est-ce que c’est facile de faire venir des intervenant·e·s de qualitay à Quimper ? (question de Parisien-tête-de-chien qui se croit au centre du monde… libre 🙂 )

J’ai eu beaucoup de chance d’utiliser le Fédiverse, en l’occurrence, Mastodon. Avant, j’étais surtout sur Diaspora* et quand Framasoft a dit « ça vous dit d’essayer un nouvel outil de microblogging ? » ben, je suis allée tester !… et j’y ai rencontré des gens super, qui m’ont appris plein de trucs et qui répondaient à mes questions de noob. Alors, quand j’ai parlé de mon projet d’informer les gens de ce qui existait, Iels ont répondu présent. C’était très émouvant de voir que non seulement personne ne démontait ce projet mais qu’en plus il y avait du monde à répondre à mon appel. J’suis ni connue ni de ce monde-là… Et iels sont forcément de qualitay puisque ce sont mes mastopotes ! 😀

 

C’est le numéro 2, pourquoi ? Le 1 ne t’a pas suffi ? 😀

J’avais dit que je ne referai plus ! 😛 . C’est beaucoup de boulot mine de rien et beaucoup de stress ! Mais voilà, suite au premier confinement, j’ai rencontré beaucoup de gens « malades du numérique ». Je veux dire que beaucoup de personnes ont été obligées d’utiliser des outils qu’iels ne comprenaient pas. C’était devenu une obligation et iels ont galéré pensant que c’était de leur faute… « parce que je suis nul ! ». J’aimerais donc qu’iels comprennent que ce n’est pas le cas. Qu’il existe des outils plus accessibles que d’autres. Qu’iels ne vont pas casser Internet en allant « dessus ».

Quelles attentes est-ce que tu perçois lors des ateliers que tu réalises ? (je pense à la fois aux tiens et aux distributions d’ordis de LinuxQuimper)

Vaste question !
Pour les distributions, c’est facile. Les gens veulent s’équiper ! Leur besoin est simple, pouvoir accéder aux mails et pour beaucoup, pouvoir s’actualiser à Pôle Emploi. Mais nous n’avons pas beaucoup de retour quand à leur utilisation par la suite.
Pour les ateliers que j’anime, en tant que salariée maintenant, je mets bien les choses au clair. Je ne donne pas de cours, je fais un accompagnement. C’est-à-dire que je ne touche que très peu à la machine, sauf pour voir parfois où sont cachés les trucs (ben oui, n’utilisant qu’Ubuntu, je ne sais pas forcément utiliser un Windows ou un Mac.).

L’avantage de leur montrer cela, c’est que du coup, iels s’aperçoivent qu’il n’y a pas de science infuse et que non, l’apposition des mains ne leur fera pas venir le savoir. Quant à leurs attentes, une fois qu’iels ont compris cela , elles deviennent plus sympas. Les discussions sur la vie privée arrivent très vite, d’autant que j’ai accroché les belles affiches de la Quadrature du net dans la salle où je suis . Et une fois les angoisses passées, la curiosité arrive et tu les vois passer le curseur sur les icônes, pour savoir ce que c’est avant de cliquer. Et faire la différence entre Internet et leur machine. C’est génial !
Et puis ensuite, quand je les accompagne sur Internet, il y a plein de questions auxquelles je les force à trouver la réponse par rapport à leurs attentes. Notamment pour les cookies… Je leur explique que ce n’est pas à moi de décider pour elleux, cela leur semble étonnant au début, et puis je les vois décider, se demander pourquoi telle ou telle extension a été ajoutée la dernière fois qu’iels ont amené leur ordi à réparer… C’est très sympa !

D’où te vient cette curiosité pour apprendre et progresser en compétences dans un domaine qui ne t’était pas trop familier il y a peu d’années encore ?
Je crois que je suis curieuse par nature. Pas de cette curiosité pour savoir qui fait quoi. Mais de comment ça marche et du pourquoi, cela épuisait parfois mes instits même si elles aimaient bien cela.
J’ai toujours démonté mes machines, pas quand j’étais enfant, « les filles ne font pas ça » (déjà que je jouais au foot et que je grimpais aux arbres !), pour essayer de les réparer car souvent ce n’était pas grand-chose qui les empêchait de fonctionner (un tout petit jouet glissé dans le magnétoscope par exemple). Et on va dire que c’est grâce ou à cause de Windows que j’ai rencontré le Libre. Puisque j’en avais assez de le casser parce que je retirais des fichiers qui ne me semblaient pas clairs et de ces virus qui revenaient malgré les antivirus qu’ils soient gratuits ou payants. J’ai donc commencé par chercher sur internet « par quoi remplacer Windows ». À l’époque je ne connaissais pas le mot « système d’exploitation » et j’ai lu des trucs qui parlaient d’un bidule qui s’appelait Linux. J’ai fouillé, cherché, et au bout d’un an j’ai dit à un de mes fils : « tu te débrouilles mais je veux ça sur l’ordi ». Il a gravé un disque et la libération est arrivée. 😀

Puis j’ai vu qu’il existait un groupe LinuxQuimper (sur FB à l’époque où je l’utilisais) et qu’il y avait au centre social des Abeilles des gens de ce groupe (j’ai appris plus tard qu’on disait un GUL) distribuaient des ordis sous Linux. Je les ai donc contactés et je suis entrée dans l’équipe de distribution. Et j’ai recommencé à poser des questions ;-). Et un jour, ils m’ont parlé de Diaspora* où j’ai créé un compte…

Pour nous, tu es la figure de proue d’Entrée Libre, mais est-ce que tu es soutenue et aidée localement pour cette opération par une association ?

Le centre social est effectivement géré par une association « Centre des abeilles ».
Pour la prépa, je suis toute seule à bord, avec l’aval des intervenants et des aides ponctuelles sur les mises en forme. Je prépare cela bénévolement, et ensuite je me fais aider pour la diffusion et tous les petits détails pratiques.
Quand le projet prend forme, le directeur du centre le présente au conseil d’administration du Centre des Abeilles qui valide ou pas le projet. C.A où je suis convoquée pour le présenter aussi.

C’est donc toujours beaucoup d’incertitude et cette année j’ai trouvé cela plus compliqué que la première année. Un C.A. en visio manque de chaleur et d’interaction. En plus le budget est plus lourd que la dernière fois…

Le budget est/a été difficile à boucler, est-ce parce que les frais d’hébergement et déplacement de tous les invités sont trop importants cette fois-ci ?
Déjà on a plus du double d’intervenants. La dernière fois Entrée Libre finissait à 18h chaque soir sur 3 jours. Ce coup-ci , ça commence à la même heure mais ça va finir à 20h30, voire 21h le temps de tout ranger pour le lendemain, pour les bénévoles. Il y a donc un repas supplémentaire à prévoir.
Ce n’est pas tant les déplacements et l’hébergement (iels sont nombreux à ne pas vouloir de défraiement et d’hébergement, ouf !) qui vont coûter le plus mais bien les repas pour plus de trente personnes midi et soir (mon premier prévisionnel comptait tout le monde et arrivait à 9868,05€ t’imagines la tête des gens du CA 😛

Entrée Libre N°2 bénéficie d’une subvention du fonds de soutien à la vie associative, mais il reste de l’argent à trouver…

 

Est-ce qu’il y aura des crêpes ?

Au moins pour les intervenantes et intervenants ! Pourquoi vous croyez qu’iels viennent ? 😀
Mais je crois bien que j’ai un mastopote qui veut en faire pour le public aussi ! J’ai même prévu des repas et des crêpes véganes pour les bénévoles et le public.

On te laisse le mot de la fin !

Personnellement je trouve que c’est un beau projet que celui de permettre à des gens de s’émanciper, de pouvoir comprendre ce qui se passe avec leurs données numériques, de pouvoir choisir des outils respectueux. Mais pour pouvoir choisir il faut avoir du choix et sans informations on n’en a pas !

Parce que cette belle phrase « si tu ne sais pas demande, et si tu sais, partage » n’a de sens que si il y a du monde pour poser des questions et du monde pour recevoir les partages.

Si ce projet a du sens pour vous aussi n’hésitez pas, si vous le pouvez, à faire un don au « Centre des Abeilles » . Pour plus d’infos sur le programme n’hésitez pas à aller visiter sa page.
Merci à mes mastopotes et à Framasoft de m’avoir permis de tester plein de trucs et de croire en moi. Et bien sûr, un grand merci à celles et ceux qui ont déjà participé à la collecte de dons.

Pour assurer le succès de l’événement, Framasoft, qui animera plusieurs conférences et ateliers, a mis la main à la poche et contribué financièrement. Vous pouvez consulter le détail du budget prévisionnel.

Contribuez à votre tour par un don sur la page Helloasso d’Entrée Libre #2

 




Partagez l’inventaire de votre bibliothèque avec vos proches sur inventaire.io

Inventaire.io est une application web libre qui permet de faire l’inventaire de sa bibliothèque pour pouvoir organiser le don, le prêt ou la vente de livres physiques. Une sorte de méga-bibliothèque communautaire, si l’on veut. Ces derniers mois, Inventaire s’est doté de nouvelles fonctionnalités et on a vu là l’occasion de valoriser ce projet auprès de notre communauté. On a donc demandé à Maxlath et Jums qui travaillent sur le projet de répondre à quelques unes de nos questions.

Chez Framasoft, on a d’ailleurs créé notre inventaire où l’on recense les ouvrages qu’on achète pour se documenter. Cela permet aux membres de l’association d’avoir un accès facile à notre bibliothèque interne. On a aussi fait le choix de proposer ces documents en prêt, pour que d’autres puissent y accéder.

Salut Maxlath et Jums ! Pouvez-vous vous présenter ?

Nous sommes une association de deux ans d’existence, développant le projet Inventaire, centré autour de l’application web inventaire.io, en ligne depuis 2015. On construit Inventaire comme une infrastructure libre, se basant donc autant que possible sur des standards ouverts, et des logiciels et savoirs libres : Wikipédia, Wikidata, et plus largement le web des données ouvertes.

Le projet grandit également au sein de communautés et de lieux : notamment le mouvement Wikimedia, l’archipel framasoftien à travers les Contribateliers, la MYNE et la Maison de l’Économie Circulaire sur Lyon, et Kanthaus en Allemagne.

L’association ne compte aujourd’hui que deux membres, mais le projet ne serait pas où il en est sans les nombreu⋅ses contributeur⋅ices venu⋅es nous prêter main forte, notamment sur la traduction de l’interface, la contribution aux données bibliographiques, le rapport de bugs ou les suggestions des nouvelles fonctionnalités.

Vous pouvez nous en dire plus sur Inventaire.io ? Ça sert à quoi ? C’est pour qui ?

Inventaire.io se compose de deux parties distinctes :

  • D’une part, une application web qui permet à chacun⋅e de répertorier ses livres en scannant le code barre par exemple. Une fois constitué, cet inventaire est rendu accessible à ses ami⋅es et groupes, ou publiquement, en indiquant pour chaque livre si l’on souhaite le donner, le prêter, ou le vendre. Il est ensuite possible d’envoyer des demandes pour ces livres et les utilisateur⋅ices peuvent prendre contact entre elleux pour faire l’échange (en main propre, par voie postale, peu importe, Inventaire n’est plus concerné).
  • D’autre part, une base de données publique sur les auteurs, les œuvres, les maisons d’éditions, etc, qui permet à chacun⋅e de venir enrichir les données, un peu comme dans un wiki. Le tout organisé autour des communs de la connaissance (voir plus bas) que sont Wikipédia et Wikidata. Cette base de données bibliographiques permet d’adosser les inventaires à un immense graphe de données dont nous ne faisons encore qu’effleurer les possibilités (voir plus bas).

L’inventaire de Framasoft sur inventaire.io

Inventaire.io permettant de constituer des bibliothèques distribuées, le public est extrêmement large : tou⋅tes celleux qui ont envie de partager des livres ! On a donc très envie de dire que c’est un outil pour tout le monde ! Mais comme beaucoup d’outils numériques, l’outil d’inventaire peut être trop compliqué pour des personnes qui ne baignent pas régulièrement dans ce genre d’applications. C’est encore pire une fois que l’on rentre dans la contribution aux données bibliographiques, où on aimerait concilier richesse de la donnée et facilité de la contribution. Cela dit, on peut inventorier ses livres sans trop se soucier des données, et y revenir plus tard une fois qu’on se sent plus à l’aise avec l’outil.

Par ailleurs, on rêverait de pouvoir intégrer les inventaires des professionnel⋅les du livre, bibliothèques et librairies, à cette carte des ressources, mais cela suppose soit de l’interopérabilité avec leurs outils existants, soit de leur proposer d’utiliser notre outil (ce que font déjà de petites bibliothèques, associatives par exemple), mais inventaire.io nous semble encore jeune pour une utilisation à plusieurs milliers de livres.

Quelle est l’actualité du projet ? Vous prévoyez quoi pour les prochains mois / années ?

L’actualité de ces derniers mois, c’est tout d’abord de nouvelles fonctionnalités :

  • les étagères, qui permettent de grouper des livres en sous-catégories, et qui semble rencontrer un certain succès ;
  • la mise en place de rôles, qui va permettre notamment d’ouvrir les taches avancées d’administration des données bibliographiques (fusions/suppressions d’édition, d’œuvre, d’auteur etc.) ;
  • l’introduction des collections d’éditeurs, qui permettent de valoriser le travail de curation des maisons d’édition.

Pas mal de transitions techniques sous le capot aussi. On n’est pas du genre à changer de framework tous les quatre matins, mais certains choix techniques faits au départ du projet en 2014 – CoffeeScript, Brunch, Backbone – peuvent maintenant être avantageusement remplacés par des alternatives plus récentes – dernière version de Javascript (ES2020), Webpack, Svelte – ce qui augmente la maintenabilité et le confort, voire le plaisir de coder.

Autre transition en cours, notre wiki de documentation est maintenant une instance MediaWiki choisie entre autres pour sa gestion des traductions.

Le programme des prochains mois et années n’est pas arrêté, mais il y a des idées insistantes qu’on espère voir germer prochainement :

  • la décentralisation et la fédération (voir plus bas) ;
  • les recommandations entre lectrices : aujourd’hui on peut partager de l’information sur les livres que l’on possède, mais pas les livres que l’on apprécie, recommande ou recherche. Même si une utilisation détournée de l’outil est possible en ce sens et nous met aussi en joie (oui, c’est marrant de voir des humains détourner une utilisation), on devrait pouvoir proposer quelque chose pensé pour ;
  • des paramètres de visibilité d’un livre ou d’une étagère plus élaborés : aujourd’hui, les seuls modes de partage possible sont privé/amis et groupes/public, or amis et groupes ça peut être des personnes très différentes avec qui on n’a pas nécessairement envie de partager les mêmes choses.

Enfin tout ça c’est ce qu’on fait cachés derrière un écran, mais on aimerait bien aussi expérimenter avec des formats d’évènements, type BiblioParty : venir dans un lieu avec une belle bibliothèque et aider le lieu à en faire l’inventaire.

C’est quoi le modèle économique derrière inventaire.io ? Quelles sont/seront vos sources de financement ?
Pendant les premières années, l’aspect « comment on gagne de l’argent » était une question volontairement laissée de côté, on vivait avec quelques prestations en micro-entrepreneurs, notamment l’année dernière où nous avons réalisé une preuve de concept pour l’ABES (l’Agence bibliographique pour l’enseignement supérieur) et la Bibliothèque Nationale de France. Peu après, nous avons fondé une association loi 1901 à activité économique (voir les statuts), ce qui devrait nous permettre de recevoir des dons, que l’on pourra compléter si besoin par de la prestation de services. Pour l’instant, on compte peu sur les dons individuels car on est financé par NLNet via le NGI0 Discovery Fund.

Et sous le capot, ça fonctionne comment ? Vous utilisez quoi comme technos pour faire tourner le service ?
Le serveur est en NodeJS, avec une base de données CouchDB, synchronisé à un Elasticsearch pour la recherche, et LevelDB pour les données en cache. Ce serveur produit une API JSON (documentée sur https://api.inventaire.io) consommée principalement par le client : une webapp qui a la responsabilité de tout ce qui est rendu de l’application dans le navigateur. Cette webapp consiste en une bonne grosse pile de JS, de templates, et de CSS, initialement organisée autour des framework Backbone.Marionnette et Handlebars, lesquels sont maintenant dépréciés en faveur du framework Svelte. Une visualisation de l’ensemble de la pile technique peut être trouvée sur https://stack.inventaire.io.

Le nom est assez français… est-ce que ça ne pose pas de problème pour faire connaître le site et le logiciel à l’international ? Et d’ailleurs, est-ce que vous avez une idée de la répartition linguistique de vos utilisatrices ? (francophones, anglophones, germanophones, etc.)
Oui, le nom peut être un problème au début pour les non-francophones, lequel⋅les ne savent pas toujours comment l’écrire ou le prononcer. Cela fait donc un moment qu’on réfléchit à en changer, mais après le premier contact, ça ne semble plus poser de problème à l’utilisation (l’un des comptes les plus actifs étant par exemple une bibliothèque associative allemande), alors pour le moment on fait avec ce qu’on a.

Sticker inventaire.io

En termes de répartition linguistique, une bonne moitié des utilisateur⋅ices et contributeur⋅ices sont francophones, un tiers anglophones, puis viennent, en proportion beaucoup plus réduite (autour de 2%), l’allemand, l’espagnol, l’italien, suivi d’une longue traîne de langues européennes mais aussi : arabe, néerlandais, portugais, russe, polonais, danois, indonésien, chinois, suédois, turc, etc. À noter que la plupart de ces langues ne bénéficiant pas d’une traduction complète de l’interface à ce jour, il est probable qu’une part conséquente des utilisatrices utilisent l’anglais, faute d’une traduction de l’interface satisfaisante dans leur langue (malgré les 15 langues traduites à plus de 50%).

À ce que je comprends, vous utilisez donc des données provenant de Wikidata. Pouvez-vous expliquer à celles et ceux qui parmi nous ne sont pas très au point sur la notion de web de données quels sont les enjeux et les applications possibles de Wikidata ?
Tout comme le web a introduit l’hypertexte pour pouvoir lier les écrits humains entre eux (par exemple un article de blog renvoie vers un autre article de blog quelque part sur le web), le web des données ouvertes permet aux bases de données de faire des liens entre elles. Cela permet par exemple à des bibliothèques nationales de publier des données bibliographiques que l’on peut recouper : « Je connais cette auteure avec tel identifiant unique dans ma base. Je sais aussi qu’une autre base de données lui a donné cet autre identifiant unique ; vous pouvez donc aller voir là-bas s’ils en savent plus ». Beaucoup d’institutions s’occupent de créer ces liens, mais la particularité de Wikidata, c’est que, tout comme Wikipédia, tout le monde peut participer, discuter, commenter ce travail de production de données et de mise en relation.

L’éditeur de données, très facile d’utilisation, permet le partage vers wikidata.

Est-ce qu’il serait envisageable d’établir un lien vers la base de données de https://www.recyclivre.com/ quand l’ouvrage recherché ne figure dans aucun « inventaire » de participant⋅es ?
Ça pose au moins deux problèmes :

  • Ce service et d’autres qui peuvent être sympathiques, telles que les plateformes mutualisées de librairies indépendantes (leslibraires.fr, placedeslibraires.fr, librairiesindependantes.com, etc.), ne semblent pas intéressés par l’inter-connexion avec le reste du web, construisant leurs URL avec des identifiants à eux (seul le site librairiesindependantes.com semble permettre de construire une URL avec un ISBN, ex : https://www.librairiesindependantes.com/product/9782253260592/) et il n’existe aucune API publique pour interroger leurs bases de données : il est donc impossible, par exemple, d’afficher l’état des stocks de ces différents services.
  • D’autre part, recyclivre est une entreprise à but lucratif (SAS), sans qu’on leur connaisse un intérêt pour les communs (code et base de données propriétaires). Alors certes ça cartonne, c’est efficace, tout ça, mais ce n’est pas notre priorité : on aimerait être mieux connecté avec celleux qui, dans le monde du livre, veulent participer aux communs : les bibliothèques nationales, les projets libres comme OpenLibrary, lib.reviews, Bookwyrm, Readlebee, etc.

Cependant la question de la connexion avec des organisations à but lucratif pose un vrai problème : l’objectif de l’association Inventaire — cartographier les ressources où qu’elles soient — implique à un moment de faire des liens vers des organisations à but lucratif. En suivant l’esprit libriste, il n’y a aucune raison de refuser a priori l’intégration de ces liens, les développeuses de logiciels libres n’étant pas censé contraindre les comportements des utilisatrices ; mais ça pique un peu de travailler gratuitement, sans contrepartie pour les communs.

En quoi inventaire.io participe à un mouvement plus large qui est celui des communs de la connaissance ?
Inventaire, dans son rôle d’annuaire des ressources disponibles, essaye de valoriser les communs de la connaissance, en mettant des liens vers les articles Wikipédia, vers les œuvres dans le domaine public disponibles en format numérique sur des sites comme Wikisource, Gutenberg ou Internet Archive. En réutilisant les données de Wikidata, Inventaire contribue également à valoriser ce commun de la connaissance et à donner à chacun une bonne raison de l’enrichir.

Une interface simple pour ajouter un livre à son inventaire

Inventaire est aussi un commun en soi : le code est sous licence AGPL, les données bibliographiques sous licence CC0. L’organisation légale en association vise à ouvrir la gouvernance de ce commun à ses contributeur⋅ices. Le statut associatif garantit par ailleurs qu’il ne sera pas possible de transférer les droits sur ce commun à autre chose qu’une association poursuivant les mêmes objectifs.

Si je suis une organisation ou un particulier qui héberge des services en ligne, est-ce que je peux installer ma propre instance d’inventaire.io ?
C’est possible, mais déconseillé en l’état. Notamment car les bases de données bibliographiques de ces différentes instances ne seraient pas synchronisées, ce qui multiplie par autant le travail nécessaire à l’amélioration des données. Comme il n’y a pas encore de mécanisme de fédération des inventaires, les comptes de votre instance seraient donc isolés. Sur ces différents sujets, voir cette discussion : https://github.com/inventaire/inventaire/issues/187 (en anglais).

Cela dit, si vous ne souhaitez pas vous connecter à inventaire.io, pour quelque raison que ce soit, et malgré les mises en garde ci-dessus, vous pouvez vous rendre sur https://github.com/inventaire/inventaire-deploy/ pour déployer votre propre instance « infédérable ». On va travailler sur le sujet dans les mois à venir pour tendre vers plus de décentralisation.

A l’heure où il est de plus en plus urgent de décentraliser le web, envisagez-vous qu’à terme, il sera possible d’installer plusieurs instances d’inventaire.io et de les connecter les unes aux autres ?
Pour la partie réseau social d’inventaires, une décentralisation devrait être possible, même si cela pose des questions auquel le protocole ActivityPub ne semble pas proposer de solution. Ensuite, pour la partie base de données contributives, c’est un peu comme si on devait maintenir plusieurs instances d’OpenStreetMap en parallèle. C’est difficile et il semble préférable de garder cette partie centralisée, mais puisqu’il existe plein de services bibliographiques différents, il va bien falloir s’interconnecter un jour.

Vous savez sûrement que les Chevaliers Blancs du Web Libre sont à cran et vont vous le claironner : vous restez vraiment sur GitHub pour votre dépôt de code https://github.com/inventaire ou bien… ?
La pureté militante n’a jamais été notre modèle. Ce compte date de 2014, à l’époque Github avait peu d’alternatives… Cela étant, il est certain que nous ne resterons pas éternellement chez Microsoft, ni chez Transifex ou Trello, mais les solutions auto-hébergées c’est du boulot, et celles hébergées par d’autres peuvent se révéler instables.

Si on veut contribuer à Inventaire.io, on fait ça où ? Quels sont les différentes manière d’y contribuer ?
Il y a plein de manières de venir contribuer, et pas que sur du code, loin de là : on peut améliorer la donnée sur les livres, la traduction, la documentation et plus généralement venir boire des coups et discuter avec nous de la suite ! Rendez-vous sur https://wiki.inventaire.io/wiki/How_to_contribute/fr.

Est-ce que vous avez déjà eu vent d’outils tiers qui utilisent l’API ? Si oui, vous pouvez donner des noms ? À quoi servent-ils ?
Readlebee et Bookwyrm sont des projets libres d’alternatives à GoodReads. Le premier tape régulièrement dans les données bibliographiques d’Inventaire. Le second vient de mettre en place un connecteur pour chercher de la donnée chez nous. A noter : cela apporte une complémentarité puisque ces deux services sont orientés vers les critiques de livres, ce qui reste très limité sur Inventaire.

Et comme toujours, sur le Framablog, on vous laisse le mot de la fin !
Inventaire est une app faite pour utiliser moins d’applications, pour passer du temps à lire des livres, papier ou non, et partager les dernières trouvailles. Pas de capture d’attention ici, si vous venez deux fois par an pour chiner des bouquins, ça nous va très bien ! Notre contributopie c’est un monde où l’information sur la disponibilité des objets qui nous entoure nous affranchit d’une logique de marché généralisée. Un monde où tout le monde peut contribuer à casser les monopoles de l’information sur les ressources que sont les géants du web et de la distribution. Pouvoir voir ce qui est disponible dans un endroit donné, sans pour autant dépendre ni d’un système cybernétique central, ni d’un marché obscur où les entreprises qui payent sont dorlotées par un algorithme de recommandations.

Merci beaucoup Maxlath et Jums pour ces explications et on souhaite longue vie à Inventaire. Et si vous aussi vous souhaitez mettre en commun votre bibliothèque, n’hésitez pas !




Forget about Framaforms-the-software, make room for Yakforms !

After several years, Framasoft has decided to stop the developments of its software Framaforms, which provides you the same name service. And to avoid any confusion between the software’s name and the service named Framaforms (which remains open, don’t worry), we have decided to give it a new name: Yakforms. Let’s see what motivated this decision.

Please note:
The original French version of this article has been published on this blog on May 25th, 2021

Framaforms, its life, its work

Officially released on October 5, 2016 as an alternative to Google Forms, Framaforms is an online service that allows internet users to simply create forms, by dragging and dropping elements (text fields, checkboxes, drop-down menu, etc.), to share them and analyze the answers.

Unlike most of the services presented in the De-google-ify internet campaign, Framaforms is based on a software developed by one of the association’s employees. Framasoft has always preferred to offer and promote existing free-libre softwares that have their own community, rather than developing homemade solutions that need to be maintained and developed, not to mention user support. But no satisfying software was found to provide an alternative to Google Forms: most of the existing free-libre softwares were not online services, or were pretty hard to use or too expensive.

 

Sometimes at Framasoft, we have to make very difficult choices.

Also, Pyg, the general director of Framasoft at the time, decided to develop a simple and user-friendly tool. Considering his technical skills, he chose a solution using Drupal (one of the most intalled free-libre Content Management Software – or CMS – in the world) and the Webform module (for creating forms). Feel free to read his interview published at the time where he talked about his choices.

Four years and a half later, Framaforms is one of the most used services of Framasoft. In 2020, framaforms.org represented more than 36 million page views (a 250% increase compared to 2019). In the last twelve months (May 2020 to April 2021) alone, almost 100,000 forms were created on Framaforms where they collected over 2 million responses. Every week more than 1,000 of you create more than 3,000 forms. That’s really impressive!

 

Sometimes, we wonder why this service is so successfull! Of course, we did our best to promote it. Of course, internet users are more and more aware of the need to change their digital practices to protect their privacy. Of course, we know that asking for sensitive information, such as gender identity or sexual orientation, via a Google Forms is less and less common and acceptable.

But it seems that the main reason why you use Framaforms is just because one day, you were asked to submit a form hosted on framaforms.org and therefore you discovered the tool. Form creators indirectly become self-prescribers of the service to their audience. Submitting to a form gives you an active experience of the tool and then allows you to become a creator more easily. That confirms that Framaforms is a tool with a future.

The issue with Framaforms

However, since its development in 2016, Framaforms is a tool that hasn’t much evolved. As you can notice on the software’s repository, the team has regularly updated Drupal and the modules used, improved performances (especially by switching to php7 and changing servers), fixed identified bugs but added very few features (some in 2017).

Besides, since 2016, Framasoft is the new editor of two softwares: PeerTube and Mobilizon. With Framadate and Framaforms, Framasoft finds itself managing 4 different softwares, not to mention all the existing projects to which our association contributes. And it’s a lot for a small not-for-profit like ours. We decided that our capacity to develop should be focused on PeerTube and Mobilizon, at the cost of the two other tools.

 

Finally, because of its technical bases, Framaforms software wasn’t suitable for installation by other hosting companies: the process was arduous. This explains why Framaforms didn’t become much of a « swarm », unlike other successful softwares currently supported by a large community. So far, very few instances are installed, which increases the pressure on the Framaforms service that has to take care of all users’ burden.

That’s one of the main reasons why we welcomed Théo as an intern from February to July 2020. His main missions were to:

  • improve the software to make it more functional;
  • reduce the support load by actively participating in it;
  • simplify the installation process, in order to increase Framaforms instances’ number.

Théo worked very hard on new features. Among the most important ones:

  • creation of a direct contact form so that users can directly contact the form creator without using Framasoft support
  • design of an « Overview » page allowing Framaforms administrators to easily access statistics (total number of forms and users, « abusive » forms, etc.)
  • forms automatic deletion after an expiration period.

Details about the direct contact form.

Concerning the software installation process, Théo has created a Drupal installation profile for Framaforms offering instance administrators Framaforms module (enriched), and webform modules on which the software is based. Framaforms can now be installed directly via the Drupal interface rather than by manipulating files via a terminal. This simplifies the installation process, with the significant advantage that it’s very similar to the Drupal installation process.

Despite these improvements, Framasoft knows that, as long as the software has the same name than the associated service, people would always think that Framasoft is responsible for developing and maintaining the software.

Even though we don’t consider closing down the framaforms.org service, we don’t want to dedicate as much energy developing this tool. At least, we don’t want to be the only ones to do it, therefore we would like a development community to emerge who will take over Framaforms software to bring it new features.

Framaforms-the-software is dead, long live Yakforms!

The emergence of this community is needed to keep the software alive. Framaforms needs, at least, interventions on security flaws and functional bugs that may appear. And this software would also deserve new features, interface and ergonomy improvements, etc.

In order to prepare this community, we offered Théo to join the salaried team for a few months. His missions: to work on the internationalization (making the software translatable), to provide instances customization (allowing administrators to configure some elements such as the instance name, its formatting or its limitations) and to develop new features (limiting the number of answers per form and the number of forms per account). He also had to create a presentation website where everything about the software would be accessible, whether you are a simple user, an administrator or a developer.

The other important thing for us was to rename Framaforms to avoid any confusion with the framaforms.org service. After many brainstormings, we chose the name Yakforms to replace Framaforms. Why Yakforms? Well… this choice is both a combination of bad puns and the desire to have a mascot. So why a yak? The mystery remains, and we are committed to inventing a different answer every time we are asked. Because the only answer that matters, is the one given by the future development community created around this software (or that will copy it, « fork » it to give it a brand new direction, and a new name).

Théo also did his best to create a community around Yakforms. Therefore he thought a lot about different online spaces that would allow a community to exchange and pull together. He created a dedicated category on the Framacolibri forum and a website presenting the software: its main features, how to install an instance and how to contribute to its development.

 

Discover Yakforms’s new presentation website! https://yakforms.org

We hope that many of you will browse through it to learn more about the main features, to find out how to install it or participate in its development. Because this software won’t evolve without you. Joining the Yakforms community means participating in the software development: improving its code, rethinking its ergonomics, translating its interfaces or documenting its use.

So get hold of Yakforms! Install it, translate it, fork it, challenge it or offer feedback on the forum, etc. By releasing this project from Framasoft’s control, we hope that a diverse and strong community will take it further than we did. Yakforms is in your hands, and we look forward to seeing what you will do with it!

And a huge thanks to the #MemesTeam for their creativity!




Oubliez Framaforms-le-logiciel, faites de la place à Yakforms !

Après plusieurs années, Framasoft a décidé de ne plus prendre en charge les évolutions du logiciel Framaforms qui sert à vous offrir le service du même nom. Et pour que cesse la confusion entre le nom du logiciel et le nom du service Framaforms (qui reste ouvert, hein, ne vous inquiétez pas), on a décidé de donner un nouveau nom au logiciel : Yakforms. Petit retour sur ce qui a motivé cette décision.

À noter :
Découvrez la version en anglais de cet article réalisée par notre stagiaire Coraline

Framaforms, sa vie, son œuvre

Sorti officiellement le 5 octobre 2016 et présenté comme une alternative à Google Forms, Framaforms est un service en ligne qui permet à tou⋅tes les internautes de réaliser simplement des formulaires, par glisser-déposer d’éléments (champs textes, cases à cocher, menu déroulant, etc.), de les partager et d’analyser les réponses.

Contrairement à la majorité des services proposés dans le cadre de la campagne Dégooglisons Internet, celui-ci repose sur un logiciel développé en interne par l’un des salariés de l’association. Framasoft a toujours préféré proposer et mettre en valeur des logiciels libres déjà existants et disposant déjà d’une communauté, plutôt que de développer des solutions maison qu’il faut maintenir, faire évoluer, sans compter le support utilisateur à gérer. Mais aucun logiciel satisfaisant n’a été trouvé pour servir d’alternative à Google Forms : la plupart des logiciels libres existants n’étaient pas proposés comme services en ligne, ou lorsque c’était le cas, ils étaient assez complexes d’utilisation ou leurs tarifs étaient assez élevés.

Parfois, chez Framasoft, on doit faire des choix vraiment complexes :D

C’est donc pyg, à l’époque directeur général de l’association, qui s’est chargé de développer un outil simple et facile d’utilisation. Au regard de ses compétences techniques, il a fait le choix d’une solution utilisant Drupal (un des logiciels libres de création de sites web les plus installés au monde) et le module Webform (qui permet la création de formulaires). N’hésitez pas à consulter son interview parue à l’époque pour parler de ses choix.

4 ans et demi plus tard, Framaforms est l’un des services les plus utilisés parmi ceux proposés par l’association. En 2020, framaforms.org c’est plus de 36 millions de pages vues (une augmentation de 250% par rapport à 2019). Ne serait-ce que sur les douze derniers mois (mai 2020-avril 2021), presque 100 000 questionnaires ont été créés sur Framaforms et ils ont recueilli plus de 2 millions de réponses. Vous êtes plus de 1000 chaque semaine à créer plus de 3000 questionnaires. C’est vraiment impressionnant !

Parfois, on se demande pourquoi ce service rencontre un tel succès ! Bien sûr, on a fait de notre mieux pour le valoriser. Bien sûr, les internautes sont de plus en plus conscient·es de la nécessité de modifier leurs pratiques numériques afin de protéger leurs données personnelles. Bien sûr, on sait bien qu’il est de moins en moins répandu – et acceptable – de demander des informations sensibles, telles que l’identité de genre ou l’orientation sexuelle, via un Google Forms.

Mais il y a de fortes chances que la principale raison pour laquelle vous utilisez aujourd’hui Framaforms, c’est tout simplement parce qu’un jour, on vous a proposé de répondre à un questionnaire hébergé sur framaforms.org et qu’ainsi vous avez découvert l’outil. Les créateur·ices de formulaires deviennent indirectement auto-prescripteur·ices du service auprès de leur public. En répondant à un formulaire, vous avez une expérience active de l’outil et il est ainsi plus facile de passer le cap de devenir créateur·ice ensuite. Cela nous confirme que Framaforms est un outil qui a de l’avenir.

Le souci avec Framaforms

Cependant, Framaforms est un outil qui, depuis son développement en 2016, n’a que très peu évolué. Comme, vous pouvez le constater sur le dépôt git du logiciel, l’équipe a régulièrement fait les mises à jour de Drupal et des modules utilisés, amélioré les performances (notamment en passant à php7 et en changeant de machine) et corrigé les bugs identifiés, mais très peu de fonctionnalités ont été ajoutées (quelques-unes en 2017).

De plus, depuis 2016, Framasoft est devenu l’éditeur de nouveaux logiciels : PeerTube, puis Mobilizon. Avec Framadate et Framaforms, l’association se retrouve donc à gérer 4 logiciels différents, sans compter les très nombreuses contributions que notre association apporte à des projets existants. Et c’est beaucoup pour une petite structure comme la nôtre. Nous avons donc décidé que notre capacité de développement devait être mise en priorité sur PeerTube et Mobilizon, au détriment des deux autres outils.

Enfin, en raison de ses bases techniques, le logiciel Framaforms ne se prêtait pas à son installation par d’autres hébergeurs : le processus était ardu. Cela explique qu’il a très peu « essaimé », contrairement à d’autres logiciels qui ont rencontré un grand succès et sont actuellement portés par une large communauté. À ce jour, très peu d’instances sont installées, ce qui accroît la pression sur le service Framaforms, qui doit assumer la charge de la totalité des utilisateur⋅ices.

C’est l’une des principales raisons qui fait que nous avons accueilli Théo en stage de février à juillet 2020. Ses principales missions ont été :

  • améliorer le logiciel afin de le rendre plus fonctionnel ;
  • alléger la charge du support en participant activement à celui-ci ;
  • modifier le processus d’installation, afin de faciliter la multiplication des instances de Framaforms.

Théo a donc bûché dur sur de nouvelles fonctionnalités. Parmi les plus importantes : la mise en place d’un formulaire de contact direct, afin que les utilisateur⋅ices puissent directement contacter l’auteur·ice du formulaire sans passer par le support de Framasoft, la conception d’une page « Vue d’ensemble » qui permet aux administrateur⋅ices de Framaforms d’accéder facilement à un nombre de statistiques (nombre total de formulaires et d’utilisateur⋅ices, formulaires « abusifs », etc.) ou la suppression automatique des formulaires après une période d’expiration.

explications sur le formulaire de contact direct

Pour ce qui est du processus d’installation du logiciel, Théo a créé un profil d’installation Drupal pour Framaforms qui propose aux administrateur⋅ices d’instances les modules framaforms (enrichi) et webform sur lesquels repose le logiciel. L’installation de Framaforms se fait donc désormais directement via l’interface de Drupal plutôt qu’en manipulant des fichiers via un terminal. Le processus d’installation s’en trouve grandement simplifié, avec l’avantage notable qu’il se rapproche grandement du processus d’installation de Drupal.

Malgré ces améliorations, Framasoft est conscient que tant que le logiciel portera le même nom que le service associé, il y aura toujours une confusion qui laissera penser que c’est Framasoft qui a en charge le développement et la maintenance du logiciel.

Si nous n’envisageons pas la fermeture du service framaforms.org, nous ne souhaitons plus autant dédier d’énergie à l’évolution de cet outil. Du moins, nous ne souhaitons pas être les seuls à le faire et c’est pourquoi nous aimerions qu’une communauté de développement puisse émerger et s’emparer du logiciel Framaforms afin d’y apporter de nouvelles fonctionnalités.

Framaforms-le-logiciel est mort, vive Yakforms !

Faire émerger cette communauté est nécessaire afin de continuer à faire vivre le logiciel. Framaforms-le-logiciel a besoin, a minima, d’interventions sur des failles de sécurité et des bogues fonctionnels qui pourraient apparaître. Et ce logiciel mériterait aussi d’évoluer avec de nouvelles fonctionnalités, des améliorations d’interface et d’ergonomie, etc.

Afin de préparer ce projet de communauté autour du logiciel Framaforms, nous avons proposé à Théo de rejoindre l’équipe salariée pour quelques mois. Sa mission : travailler sur l’internationalisation (rendre le logiciel traduisible), permettre la customisation d’une instance (permettre aux administrateur⋅ices de paramétrer un certain nombre d’éléments tels que le nom de l’instance, sa mise en forme ou ses limitations), développer de nouvelles fonctionnalités (limitation du nombre de réponses par formulaire et du nombre de formulaires par compte) et créer un site web de présentation où tous les éléments concernant le logiciel seraient accessibles, que l’on soit simple utilisateur⋅ice, administrateur⋅ice ou développeur⋅se.

L’autre élément important pour nous a été de renommer le logiciel Framaforms afin d’éviter la confusion avec le service framaforms.org . Après de nombreux brainstorming internes, nous avons donc choisi le nom Yakforms pour remplacer Framaforms. Pourquoi Yakforms ? Et bien… c’est au final un choix qui relève à la fois d’une convergence de mauvais jeux de mots et de l’envie d’avoir une mascotte. Alors pourquoi un yak ? Le mystère reste entier, et nous nous engageons à inventer une réponse différente à chaque fois qu’on nous posera la question. Car la seule réponse qui compte, c’est celle que donnera la future communauté de développement qui se créera autour de ce logiciel (ou le copiera, ou le « forkera » pour lui offrir une toute nouvelle direction, et un nouveau nom).

Théo a aussi fait le nécessaire pour qu’une communauté puisse voir le jour autour de Yakforms. Pour cela, il a pris le temps de réfléchir aux différents espaces en ligne qui permettraient à une communauté d’échanger et de s’entraider. Il a créé une catégorie dédiée sur le forum Framacolibri et réalisé un site web qui vous présente le logiciel, ses principales fonctionnalités, comment installer une instance et comment contribuer à son développement.

Découvrez le nouveau site web de présentation de Yakforms !
http://yakforms.org/

On espère que vous serez nombreu⋅ses à le consulter pour en savoir plus sur les principales fonctionnalités, découvrir comment l’installer ou participer à son évolution. Car sans vous, ce logiciel n’évoluera pas. Rejoindre la communauté Yakforms, c’est participer à l’amélioration du logiciel : faire évaluer son code, repenser son ergonomie, traduire ses interfaces ou encore documenter son utilisation.

Emparez-vous de Yakforms ! Installez-le, traduisez-le, forkez-le, remettez-le en question ou proposez des retours d’expérience sur le forum, etc. En libérant ce projet du contrôle de Framasoft, nous espérons qu’une communauté diverse et forte saura s’en emparer et le mener plus loin que nous ne le pourrions. Yakforms est entre vos mains, et nous avons hâte de voir ce que vous allez en faire !

Et un grand merci à la #TeamMemes pour sa créativité !




Comment migrer son frama.site avant la fermeture du service le 6 juillet prochain ?

Nous avons annoncé pour le mardi 6 juillet 2021 la fermeture du service https://frama.site/. Pour rappel, frama.site héberge à la fois des sites (logiciel PrettyNoemieCMS), des blogs (logiciel Grav) et des wikis (logiciel Dokuwiki). Afin que les utilisateur⋅ices de ce service puissent continuer à héberger leurs sites et wikis, nous avons cherché si d’autres hébergeurs proposaient ce service.

Dès janvier dernier, Bee-Home a été le premier à vous permettre cette migration. Et c’est au tour d’Ouvaton.coop de vous permettre cette migration.

Afin que vous puissiez choisir en toute transparence l’offre qui vous correspond le mieux, on s’est dit qu’il n’y avait rien de mieux à faire que d’interviewer ces structures afin qu’elles vous en disent plus sur qui elles sont, comment elles fonctionnent et qu’elles détaillent leur offre de migration.

Interview de Thomas Bourdon, de Bee-Home

Bonjour Thomas. Peux-tu te présenter ?
Je suis Thomas Bourdon, 38 ans, habitant dans l’Aisne, passionné d’informatique depuis toujours et utilisateur de GNU/Linux (et autres logiciels libres) depuis 2001. Mais ce n’est qu’en 2007 que j’ai réellement compris l’éthique du logiciel libre et du fonctionnement décentralisé (ou acentré) d’Internet. Depuis j’ai commencé à monter mes propres services à la maison (auto-hébergement) pour moi-même puis pour mes proches, et finalement pour des petites structures.

Tu nous parles de Bee-Home ? C’est quoi ? C’est qui ? Comment ça marche ?
Comme j’hébergeais de plus en plus de services pour de plus en plus de monde, il était temps que je quitte ma petite connexion ADSL pour prendre un serveur (puis deux) en datacenter. Comme je ne souhaitais pas payer de ma poche ces serveurs, j’ai décidé de monter l’auto-entreprise Bee Home dans ce but. Ce choix est aussi guidé par le fait que les structures que j’héberge ont besoin d’avoir des factures « officielles » et ne peuvent pas faire de don financier.

La page d’accueil du site web de Bee-Home

Les services que je fournis sont essentiellement du cloud – avec le logiciel Nextcloud (synchronisation de fichiers, agenda, carnet d’adresses, suite bureautique collaborative, discussion par texte ou visio et mail) – et l’hébergement de sites web. Pour cela je propose plusieurs outils que je maintiens (sauvegarde, mise à jour). Ainsi l’utilisateur·ice ne s’occupe que de publier du contenu. Évidemment il ou elle peut récupérer sur simple demande l’intégralité de son site pour l’héberger ailleurs par exemple.

Tous ces services sont payants et permettent aux utilisateur·ices d’avoir leur propre nom de domaine (sauf forfait de base) dont le coût est inclus dans le forfait. Même si je propose des forfaits pré-établis, il est tout à fait possible d’adapter le service et le tarif au besoin de la personne ou structure. Pour cela, il suffit de me contacter.

Bee-Home offre donc la possibilité de migrer son frama.site sous Grav / Dokuwiki. Ça se passe comment ? Ça coûte combien ?
J’ai décidé de proposer ce service gratuitement sans durée limitée sur simple demande. En revanche, j’impose un quota maximum de 500Mo d’espace disque. Au-delà de ce quota, je proposerai un tarif adapté. Chaque site sera accessible via une adresse se terminant par bee.wf (mon-site.bee.wf par exemple). Il est bien sûr possible d’utiliser son propre domaine pour celles et ceux qui en possèdent un.

Documentation sur la façon de migrer son framasite chez Bee-Home

Pourquoi ne pas permettre la migration des framasites réalisés avec le logiciel PrettyNoemieCMS ?
J’expliquais que je propose de maintenir moi-même les outils utilisés (WordPress, Grav, Dotclear, Piwigo…) pour les sites hébergés. C’est pourquoi je ne propose que des outils activement maintenus afin d’éviter l’usage d’outils obsolètes pouvant contenir des failles de sécurité qui ne seront jamais corrigées. PrettyNoemieCMS est justement un outil non maintenu, voilà pourquoi je ne le propose pas. Si un·e utilisateur·ice l’utilise, je peux toutefois proposer un hébergement sous Grav dans les mêmes conditions. Bien sûr il ou elle sera contraint de refaire son site entièrement.

Bee-Home fait partie du collectif CHATONS depuis fin 2018. Pourquoi avoir rejoint le collectif ?
D’une part parce que je partage complètement les valeurs de ce collectif, et d’autre part parce que cela m’a toujours plu de gérer et de proposer de l’hébergement de services.

Interview de l’équipe du directoire de Ouvaton

Bonjour l’équipe du directoire. Pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour.
Nous sommes 3 personnes au « directoire » d’Ouvaton, actuellement :
– Claire, présidente, qui fait de l’informatique depuis le début des années 80 et chez Ouvaton depuis le début en 2001
– Matthieu, aussi informaticien et chez Ouvaton depuis 2006
– François, commercial, qui fait lui aussi de l’informatique, et chez Ouvaton depuis 2017

Vous nous parlez de Ouvaton ? C’est quoi ? C’est qui ? Comment ça marche ?
Ouvaton a été créée en 2001, sous la forme d’une société anonyme « coopérative de consommation ». Cela veut dire que nos coopérateurs sont co-propriétaires et co-entrepreneurs de la coopérative. Grâce à cette structure, les utilisateurs sociétaires sont réellement des hébergés-hébergeurs. Donc Ouvaton, c’est plusieurs milliers de personnes qui décident. Et dans les faits, plusieurs dizaines qui ont « les mains dans le cambouis » au quotidien !

La coopérative se base sur un certain nombre de valeurs, que nous donnons sur notre site. Pour résumer à grands traits : indépendance et coopération, démocratie et protection de la vie privée.

Ouvaton fonctionne autour :

  • d’un conseil de surveillance de 9 membres élus pour des mandats de 3 années par l’Assemblée Générale
  • d’un directoire dont les membres sont nommés, pour des mandats renouvelables de 3 ans, par le conseil de surveillance

Page d’accueil du site https://ouvaton.coop/

Nous essayons aussi, dans la mesure des moyens de chacun, d’impliquer au quotidien un maximum de coopérateurs. Aucune obligation, mais une participation de chacun selon ses moyens (et ses envies !). Il y a toujours des chantiers en route dans un collectif comme Ouvaton et chacun peut y trouver sa place. Les Assemblées Générales sont l’occasion de présenter chaque année aux sociétaires l’état de la coopérative et de mettre aux votes les grandes orientations proposées par le conseil de surveillance et le directoire.

Ouvaton offre donc la possibilité de migrer son frama.site sous Grav / Dokuwiki. Ça se passe comment ? Ça coûte combien ?
Il faut commencer par créer son compte chez Ouvaton, sur notre interface de gestion Ouvadmin. L’adresse du site pourra être en *.ouvaton.org (https://monsite.ouvaton.org par exemple), et l’utilisation de son propre nom de domaine est bien sûr possible.

Notre documentation explique la procédure à suivre pour exporter puis importer son Framasite chez Ouvaton, et notre équipe d’assistance est là pour accompagner les utilisateurs en cas de difficultés.

Pour le prix, ce sera 12€ TTC la première année, et après ce sera 42€ TTC par an (le tarif « normal »). Ce tarif inclut des mails, de l’espace disque… On réfléchit sérieusement (et collectivement) à faire évoluer nos tarifs pour plusieurs offres selon les besoins. Pour ceux qui veulent vraiment rejoindre l’aventure, ils peuvent bien sûr devenir coopérateurs. La part sociale est à 16€ et permet d’être coopérateur « de plein droit ».

Pourquoi ne pas permettre la migration des framasites réalisés avec le logiciel PrettyNoemieCMS ?
Malheureusement ce logiciel n’est plus maintenu. Nous préférons nous concentrer sur Grav et Dokuwiki, qui disposent de solides équipes de développeurs pour les faire évoluer. Mais les personnes qui utilisent encore PrettyNoemieCMS peuvent reconstruire leur site sur un autre CMS aux mêmes conditions.

Je lis sur votre site web que vous comptez candidater pour rejoindre le collectif CHATONS fin 2021. Pourquoi souhaitez-vous rejoindre le collectif ?
Les valeurs affichées par le collectif sont concordantes avec les nôtres, nous avons donc souhaité le rejoindre au plus vite. Mais nous devons dans un premier temps assainir notre plateforme de quelques logiciels propriétaires qui étaient utilisés par notre ancien infogérant. C’est une tâche assez lourde qui, en plus du travail technique, a nécessité de nombreux échanges au sein de notre équipe. Nous sommes épaulés dans cette tâche par la super équipe de Octopuce, notre nouvel infogérant. Le train est en route et nous devrions pouvoir présenter notre candidature fin 2021 pour rejoindre les CHATONS.

 

Que vous utilisiez les services de frama.site ou que vous souhaitiez vous créer un nouvel espace sur internet, Framasoft vous encourage donc à aller étudier de près les offres de Ouvaton et Bee-Home.




J’enseigne, je code et je partage : une série de portraits-entretiens à la rencontre des enseignant⋅es développeur·euses

J’enseigne, je code et je partage est une série de portraits-entretiens à la rencontre des enseignant⋅es développeur·euses réalisée par Hervé Baronnet (enseignant) et Jean-Marc Adolphe (journaliste culture et humanités) pour l’association Faire École Ensemble. Déjà 3 de ces portraits-entretiens ont été publiés et on s’est dit que ça pourrait être chouette d’en savoir un peu plus sur cette initiative. Alors, on a demandé aux interviewers s’ils acceptaient d’être interviewés à leur tour.

Bonjour Hervé et Jean-Marc ! Pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour,
Hervé Baronnet, je suis enseignant en maternelle depuis 25 ans, toujours en zone d’éducation prioritaire. Utilisateurs des TICE, notamment de logiciels éducatifs libres mais pas exclusivement. J’ai contribué au projet AbulÉdu en tant que bêta-testeur et auteur de documentations pédagogiques. Je suis actuellement membre du conseil collégial de FÉE.

Bonjour,
Jean-Marc Adolphe, journaliste et conseiller artistique, ex-militant FCPE. Je m’intéresse depuis longtemps à l’éducation aux médias, à mes yeux insuffisamment enseignée à l’école. Et en tant que citoyen, l’école m’engage. La question des « biens communs numériques » me semble essentielle dans tout ce qui ressort du service public, particulièrement au sein de l’Éducation nationale.

Vous êtes tous les deux adhérents de l’association Faire École Ensemble. C’est quoi cette asso ?

L’association Faire École Ensemble est une association collégiale qui facilite les collaborations entre les citoyens et la communauté éducative tout au long de la pandémie. Fée engage des projets collaboratifs en s’appuyant sur 3 spécificités : la convivialité, la documentation et le recours par défaut aux licences ouvertes.

Concrètement, à l’annonce de la fermeture des écoles et de la mise en place généralisée de l’enseignement à distance en mars 2020, nous avons mobilisé 1000 citoyennes et citoyens pour aider les professeurs peu à l’aise avec le numérique. S’en sont suivies d’autres actions autour de la réouverture progressive des écoles avec un protocole sanitaire drastique, les possibilités de faire école à l’extérieur, la préparation d’une rentrée apaisée en passant une nuit à l’école et une action réflexive sur la place du numérique dans l’enseignement (recherche-action ; états généraux du numérique libre et des communs pédagogiques).

Ce que nous faisons avec Faire École Ensemble relève d’une configuration tiers-lieux telle que définie par Antoine Burret (« le tiers-lieu peut-être défini conceptuellement comme : une configuration sociale où la rencontre entre des entités individuées engage intentionnellement à la conception de représentations communes »). Nos projets réunissent des communautés de personnes diverses (parents, profs, designers, chercheurs, élèves, architectes, juristes, militants associatifs, artistes…) autour d’une intention commune (réaménager sa classe, organiser une nuit à l’école, penser la pédagogique en période de crise…). Nous documentons les conversations (formelles et informelles) pour faire émerger un patrimoine informationnel commun, nous prenons soin des liens entre les personnes, sommes garants de la convivialité et accompagnons celles et ceux qui le souhaitent dans le passage à l’action (nous ne faisons pas à leur place).

J’ai cru comprendre que FÉE souhaitait développer une communauté d’enseignant⋅es développeur·euses en informatique. Quel est l’objectif ? Ça s’organise où et comment ? Quelles sont les modalités pour y participer ?

La création de la communauté d’enseignant⋅es développeur·euses s’inscrit dans le cadre du programme sur le libre et les communs dans l’éducation. Cette action fait suite aux États Généraux du Numérique Libre et des Communs Pédagogiques et vise à réunir les enseignant⋅es développeur·euses en communauté pour penser/agir en faveur d’un numérique éducatif plus coopératif et plus éthique.

C’est une communauté ouverte pour :

  • Comprendre quelles sont les spécificités des enseignant⋅es développeur·euses et favoriser leur mise en visibilité
  • Promouvoir leurs projets de développement
  • Faciliter les contributions et favoriser l’entraide

La communauté s’organise autour d’une catégorie sur le forum de FÉE où l’inscription est libre, et d’une page sur le wiki de FÉE.

Des webinaires « le logiciel libre par des acteurs de l’éducation pour l’éducation » dans le cadre du cycle sur le libre et les communs sont proposés régulièrement. Les enseignant⋅es développeur·euses sont invité⋅es à y participer.

Il est important de souligner que les « enseignant⋅es développeur·euses » ne sont pas nécessairement des spécialistes en informatique. Ce sont avant tout des enseignant⋅es, soucieu⋅ses de trouver des ressources pédagogiques et « techniques » adaptées à leurs élèves.

Dans ce cadre, vous vous êtes lancés dans une série d’interviews d’enseignant⋅es développeur·euses. Quel est l’objectif de ces interviews ?

Le premier objectif de cette série d’entretiens-portraits est de faire connaître l’existence de ces personnes, de les valoriser elleux ainsi que les projets sur lesquels ielles travaillent. Ensuite, un portrait type présentant leurs spécificités va pouvoir naître en croisant les réponses.

Carte heuristique pour mettre en évidence les spécificités des enseignant⋅es développeur·euses.

Il s’agit de faire savoir à d’autres enseignant⋅es développeur·euses qu’ielles ne sont pas seul⋅es. À plus long terme, il s’agit de faire prendre conscience de la valeur de ces acteur⋅ices et de lister les freins et les besoins pour aboutir à un soutien institutionnel.

Sur quels critères sélectionnez-vous les enseignant⋅es développeur·euses pour votre série de portraits ?

Nous avons sollicité dans un premier temps des enseignant⋅es qui s’étaient inscrit⋅es sur le forum de FÉE. Puis nous avons réalisé des portraits de personnes au profil plus étendu, avec la double casquette enseignant et développeur au sens large. Le fait de développer ou de contribuer à des logiciels libres est privilégié dans le choix des entretiens.

#ModeTroll : il y a à ce jour 3 entretiens sur le blog et uniquement des hommes. C’est volontaire de ne pas valoriser la gent féminine ?

Il y en a 3 et bientôt 6, tous des hommes, en effet ! FÉE n’y est pour rien (le conseil collégial de l’association devrait être bientôt à parité hommes / femmes). Il se trouve que seuls des enseignants-hommes se sont manifestés à ce jour. Mais nous profitons de cet entretien pour lancer un appel à des enseignantes-développeuses afin qu’elles participent à cette série d’entretiens et qu’elles puissent rejoindre la communauté qui est en train de se former.

Quelle est la place du logiciel libre dans les pratiques des enseignant⋅es développeur·euses ?

La place du logiciel libre est centrale, car la priorité a été donnée aux enseignant⋅es développeur·euses libristes, cette action étant dans la continuité des États Généraux du Numérique Libre organisés par FÉE.

Des développeur·euses qui utilisent des outils non libres ou développant des applications gratuites propriétaires pourront aussi être sollicité⋅es pour mieux définir ce qui les empêche de basculer vers le libre.

Et comme toujours, sur le Framablog, on vous laisse le mot de la fin !

À partir de ces entretiens des caractéristiques communes aux enseignant⋅es développeur·euses peuvent être extraites.

Parmi les points positifs :
+ la motivation à aider les élèves
+ l’éthique comme moteur
+ la valeur ajoutée de leur projet en tant qu’outil métier

Parmi les aspects négatifs :
– le temps, la non-reconnaissance du travail
– le code « amateur » peu ou pas documenté
– l’aspect chronophage des questions des utilisateur⋅ices qui augmente avec le succès des logiciels

Notre contributopie serait de limiter ces freins par l’impulsion de solutions :

  • Que les institutions qui emploient ces enseignant⋅es développeur·euses reconnaissent l’intérêt de leur travail et leur permettent d’y consacrer du temps. Les enseignant⋅es ne veulent pas devenir développeur·euses à temps plein, le côté passion est leur moteur et les expériences de « professionnalisation » ont été des échecs.
  • Que la communauté du libre les aide pour améliorer le code sous forme, par exemple, de formations menées par des développeur·euses professionnel⋅les.
  • La mise en place d’une communauté d’usage permettant de répondre aux questions des utilisateur⋅ices et de créer de la documentation pédagogique.

Merci beaucoup pour vos précisions Hervé et Jean-Marc. Et on espère que de nombreu⋅ses enseignant⋅es et libristes rejoindront votre communauté.




« Avance rapide » : le défi de Nathalie

Voici la republication de cet article que Nathalie a publié sur son blog pour tirer le bilan de son défi : « 30 articles en 30 jours pour un Web plus écolo »

Un Web « low-tech », « sobre », « frugal»… ce n’est pas une mode, mais un mouvement de fond qui va au-delà de la prise de conscience et commence à s’installer dans les pratiques. C’est pourquoi sans doute Nathalie a choisi d’associer recherche d’informations et expérimentation dans sa démarche d’éco-conception, c’est après tout la meilleure façon d’apprendre et progresser. Les commentaires comme toujours sont ouverts et modérés.

Bilan du défi « avance rapide »

par Nathalie

Nous sommes début avril 2021, voilà maintenant un mois que je m’intéresse aux impacts du numérique sur notre planète. Un mois que je lis tout ce que je peux trouver sur ce sujet et plus particulièrement sur l’éco-conception du numérique. Un mois que j’apprends intensivement sur ce sujet passionnant. Un mois que j’écris sur chaque découverte ou inspiration. Ce fut un mois intense et passionnant. Merci à celles et ceux qui ont pris le temps de me lire et d’écrire un commentaire, que ce soit pour m’encourager ou confronter leurs opinions. Certains sont plus en avance que moi sur le sujet et m’ont apporté leur contribution pour enrichir ce blog.

Je vais continuer à apprendre et à écrire ici au fil de mon chemin. De manière moins soutenue et peut-être un contenu un peu différent parfois. J’aimerais mettre en application ce que j’ai appris. Peut-être en commençant par l’analyse de sites web, décortiquer ensemble les choix de design et les confronter à mes récentes connaissances en éco-conception. Tout n’est pas encore décidé, d’ailleurs si vous avez des idées ou des choses que vous aimeriez voir ici, n’hésitez pas à m’en faire part en commentaires.

Bilan du défi “avance rapide”

Voici un bilan de ces 30 jours d’apprentissage intensif, défi que j’avais baptisé “avance rapide” (ici l’article sur le lancement du défi).

Articles publiés

J’ai lu des dizaines et des dizaines d’articles sur le sujet, participé à deux conférences et lu également deux livres pour lesquels j’ai mis le lien des chroniques un peu plus bas. J’ai découvert de nombreuses statistiques dont certaines qui m’ont beaucoup choquée et que j’ai regroupées ici. J’ai publié 29 articles (en excluant les articles sur le lancement et le bilan du défi que vous êtes en train de lire), un mélange entre apprentissage théorique, bonnes pratiques concrètes et inspirations. Je vous remets les liens de chaque article ci-dessous, classés par catégorie.

7 articles “Comprendre”
15 articles “Agir”
5 articles “Inspirations”
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Actions mises en place sur le blog

Au fil de mon apprentissage, j’ai également appliqué concrètement certaines actions sur le blog:

– non utilisation du blanc dans le design du blog (le blanc est la couleur la plus consommatrice en terme d’énergie)

– application de la méthode Marie Kondo, par exemple en utilisant des images uniquement lorsqu’elles servent à la compréhension

– optimisation des images avec ImageOptim (40% de réduction de poids en moyenne)

– mise en place d’un CDN pour réduire la distance à parcourir pour chaque requête (une bonne pratique dont je n’ai pas encore parlé mais j’y dédierai un article prochainement)

– j’essaie de rédiger des titres clairs pour éviter les mauvaises surprises et des chargements de page inutiles

Pour le moment, le score obtenu pour la page d’accueil du blog (www.webdesignfortheplanet.com) est plutôt satisfaisant. J’espère le maintenir dans le futur 🙂

En conclusion

J’espère que vous avez appris aussi et que certains articles vous ont interpellés, fait prendre conscience de l’impact de nos choix UX ou UI notamment dans la construction de nos sites web et, pourquoi pas, carrément donné envie de changer les choses dans nos métiers du numérique. N’hésitez pas à partager vos ressentis avec moi sur tout ça, ça m’intéresse de vous lire  🙂

J’ai encore beaucoup à apprendre sur ce sujet, je vais continuer à creuser, lire, analyser et expérimenter à mon rythme. Si vous avez des recommandations ou des suggestions de sujets que vous aimeriez que je creuse, nhésitez pas à men faire part en commentaires de cet article.




Libres bulles pour que décollent les contributions

Comme beaucoup d’associations libristes, nous recevons fréquemment ce genre de demandes « je vous suis depuis longtemps et je voudrais contribuer un peu au Libre, comment commencer ? »

Pour y répondre, ce qui n’est pas toujours facile, une dynamique équipe s’est constituée avec le soutien de Framasoft et a fondé le projet Contribulle qui propose déjà d’aiguiller chacun⋅e vers des contributions à sa mesure. Pour comprendre comment ça marche et quel intérêt vous avez à les rejoindre, nous leur avons posé des questions…

« Bulles de savon » par Daniel_Hache, licence CC BY-ND 2.0

Bonjour la team Contribulle ! On vous a rencontré⋅e⋅s sur l’archipel de Contributopia, mais pouvez-vous vous présenter, nous dire de quels horizons vous venez ?

– Hello, je suis llaq (ou lelibreauquotidien), je suis dans le logiciel libre depuis quelques années depuis qu’un ami m’a offert un PC sous Linux (bon, quand j’étais sous Windows, j’utilisais déjà des logiciels libres mais c’était pas un argument rédhibitoire).

— Yo ! Oui on se baladait dans le coin, l’horizon qui se présentait à nous paraissait bien prometteur ! Je suis Mélanie mais vous pouvez m’appeler méli, j’ai bientôt 25 ans  et je viens du monde du design UX et UI. En explorant le numérique, j’ai pas mal gravité autour du Libre et mon mémoire de master de l’année dernière m’a bien fait plonger dans ce sujet super passionnant ! Fun fact : je me demandais comment rendre le logiciel libre plus ouvert (!), pour mieux accueillir une diversité de contributions et il faut dire que votre campagne Contributopia m’a pas mal guidée héhé. Le projet Contribulle a en partie émergé à cette période-là et je suis contente de le poursuivre, toujours en tant que designeuse UX/UI !

– Hello ! Je suis Maiwann, membre de Framasoft… une petite asso que vous connaissez peut-être ? Et je suis designer.

Laissez-moi deviner : Contribulle, c’est un dispositif pour enfermer les contributeurs et contributrices d’un projet dans une bulle et alors quand ça monte ça éclate et le projet explose ? Non, c’est pas ça ?

llaq : C’est presque ça. Contribulle est une plateforme qui permet de mettre en relation des projets aux besoins assez spécifiques avec des contributeur·rice·s intéressé·e·s, qu’iels soient dans le domaine technique ou non. Un des buts du site est d’ailleurs de permettre aux non-techniques de contribuer à des projets libres et surtout de démontrer que la contribution, c’est pas seulement pour les codeur·se·s.

méli : Haha, ce nom a été voté par jugement majoritaire ! Perso, j’imagine une bulle qui est amenée à grossir grâce aux contributions des personnes et qui sera tellement géante qu’il sera impossible de la rater. Et peut-être qu’elle pourrait attirer d’autres contributions !

Maiwann : … Et moi j’imagine plein de petites bulles comme un nuage de bulles de savon quand on souffle dans le petit cercle ! Et elles s’envolent… loin… loiiiiiin ! Jusqu’à ce qu’on en fasse une nouvelle fournée 🙂

« Bubbles » by bogenfreund, licence CC BY-SA 2.0

Ah mais c’est tout neuf cette plateforme ? Comment est venue l’idée de proposer ça ? Et d’ailleurs ça paraît tellement utile qu’on se demande pourquoi ça n’existait pas avant.

méli : Pendant mon mémoire, j’avais retenu qu’il était compliqué de s’y retrouver parmi tous les projets libres créés et qu’il était encore plus difficile de savoir où et comment contribuer au Libre, surtout en tant que non-développeur·se. J’avais donc rapidement imaginé un site qui recenserait des projets libres à la recherche de compétences et qui permettrait d’attirer des contributeur·rice·s de tous horizons. Je ne savais pas s’il existait déjà une plateforme de ce type dans laquelle je pourrais m’inscrire.
Quelques déambulations plus tard, je suis tombée sur la restitution du fameux événement coorganisé par Framasoft et la Quadrature du Net « Fabulous Contribution Camp » de novembre 2017. J’y ai trouvé une idée similaire au site que j’imaginais et je contacte donc Maiwann pour avoir des nouvelles sur l’évolution de ce projet. On s’appelle en janvier 2020 (merci BigBlueButton) et il s’avère que rien n’avait été mis en place et qu’il manquait un tremplin pour lancer le projet. C’est donc à partir de là que ça a décollé. Si la suite intéresse : J’ai ensuite réalisé une maquette de la plateforme, qui avait pour nom de code « Meetic du Libre ». J’ai pu la présenter au cours d’un Confinatelier en juin 2020 avec Maiwann. On avait pour objectifs de valider la pertinence du projet et ensuite de mobiliser des personnes qui souhaiteraient bien y contribuer. Les retours nous ont rassuré⋅e⋅s et on a pu monter un groupe de travail rapidement.

Cependant, avec l’été qui se profilait, le site était juste débutant jusqu’à ce que Maiwann nous relance fin octobre. Depuis novembre, l’équipe est un peu plus réduite : on est 2 designeuses, 1 développeur front et 1 développeur back et on s’organise des rendez-vous hebdomadaires pour avancer. Des personnes nous ont aussi aidé⋅e⋅s ponctuellement, que ce soit aux niveaux code, graphisme et design, on leur en est super reconnaissant·e·s ! Grâce aux efforts et la bonne humeur de tou·te·s les contributeur·rices, on a pu mettre en ligne Contribulle en février 2021, une grande fierté !

Est-ce qu’il faut s’inscrire avec ses coordonnées et tout ?

llaq : Pour les personnes qui créent une demande de contribution, il n’est pas nécessaire de créer de compte. Il faut simplement renseigner une adresse email valide et un pseudo pour que les contributeur·rice·s qui le souhaitent puissent contacter la personne qui a créé l’annonce.

Maiwann : On a fait en sorte d’être le plus minimalistes possibles dans le nombre d’infos demandées. Du coup, exit la création de compte pour ne pas se farcir un énième identifiant-mot-de-passe ! En revanche, on demande un moyen de contact aux personnes qui recherchent des contributeurices, pour être sûres qu’elles vont pouvoir s’adresser à un humain !

Combien ça coûte ?

llaq : Rien. Plus sérieusement, dans le projet, nous sommes tou·te·s bénévoles et les ressources techniques servant à l’hébergement de contribulle.org nous ont gracieusement été offertes par notre partenaire Framasoft, donc aucun frais pour nous, aucune raison de faire payer la plateforme donc 🙂

méli : Dans la perspective de mettre en avant des projets qui participent à l’émancipation individuelle et collective des individus et qui sont bien évidemment respectueux de nos libertés, on ne souhaite pas faire payer pour poster une annonce. On veut inviter le plus grand nombre à mettre la main à la pâte donc on préfère éviter de poser des contraintes financières dès le départ !

Maiwann : Ça a coûté du temps et de l’énergie à des gens compétents de se retrouver, de décider d’une direction pour le projet, de faire des choix, de les maquetter / coder, + les frais d’hébergement. Et ça va coûter de l’énergie dans le futur pour faire vivre Contribulle, donc si vous en parlez le plus possible autour de vous, ça nous aidera beaucoup et ça contribuera à faire vivre Contribulle !

Si j’ai un projet génial mais que je ne sais rien faire du tout, je peux juste vous donner mon idée géniale et vous allez vous en charger et tout faire pour moi ?

méli : Mmmh Contribulle n’est pas un service de travail gratuit… mais c’est chouette si tu as une bonne idée de projet, si tu sens qu’elle a du potentiel et qu’elle est valide…

  • À quel(s) besoin(s) répond-elle ?
  • Quelle est sa valeur ajoutée pour les futur·e·s utilisateur·rices ?

…tu peux lister précisément les compétences requises. Contribulle a vocation de faciliter la compréhension de contributions auprès des personnes qui veulent aider. C’est pour ça qu’il nous semble nécessaire dans le formulaire de demande de contribution de bien présenter le projet et de donner plus d’indications sur la contribution souhaitée. Un projet se doit d’être sérieux et conscient du temps et de l’effort qu’un·e contributeur·rice y consacrera.

logo du projet Contribulle : poignée de main sur fond de rond rouge
logo du projet Contribulle

Un point qu’il est important de mentionner est l’accueil des contributeur·rice·s au sein d’un projet. Il ne faut pas prendre l’aide d’une personne externe comme acquise et surtout la surexploiter parce que (friendly reminder) : on a nos vies et nos priorités à gérer.

Un projet doit mettre en place un dispositif pour faciliter l’accès à la contribution, que ce soit une page dédiée, une conversation épistolaire, le format est libre et à adapter selon les parties prenantes !
Attention cependant aux renvois directs vers les forges logicielles comme GitHub ou GitLab qui ne sont pas si accessibles pour les non-techniques. Peut-être qu’un tutorat personnalisé peut s’envisager ?

Bref, soyons plus à l’écoute des contributeur·rice·s ! Et pour les contributeur·rice·s : écoutez-vous et n’hésitez pas à dire quand un truc vous gêne, la communication fait tout.

Comment je vais savoir que d’autres sont intéressée⋅es par mon projet ou que ma contribution intéresse d’autres ?

llaq : On n’a pas de messagerie intégrée, tout se fait par le mail que vous avez indiqué dans votre annonce.
Maiwann : comme ça, pas besoin de revenir sur la plateforme, ouf ! Vous postez et c’est réglé !

Attention c’est le moment trollifère : les projets sur lesquels on peut contribuer c’est du libre ou open source ou bien osef ?

llaq : Nous comptons justement implémenter un bandeau qui s’affichera si le projet est libre ou pas (c’est-à-dire bénéficiant d’une licence libre) ! Mais sa place sur Contribulle va dépendre de l’équipe de modération composée de 4 personnes pour l’instant.

méli : La valeur (politique) des projets publiés sera prise en compte. Parmi les questions à se poser : pour qui est le projet ? Participe-t-il au bien collectif ? Comment permettrait-il à tou·te·s les utilisateur·rices de disposer de leurs appareils ainsi que de leurs données personnelles ?

Maiwann : On voudrait que tous les projets soient sous licence libre, mais on est aussi conscient·es que tout le monde n’est pas forcément au clair sur l’intérêt que ça peut avoir, l’importance… donc on se dit qu’on poussera les personnes à s’y intéresser à l’aide du bandeau, mais sans les disqualifier forcément d’entrée (et on verra ça au cas par cas !)

C’est évalué comment et par qui, le « sérieux » ou la pertinence des projets et contributions ? Chacun⋅e s’autonomise et hop ?

llaq : Nous avons décidé de faire de la modération à posteriori. Ton annonce est directement publiée et visible par tout le monde mais si l’équipe de modération estime que le projet n’a pas sa place sur Contribulle, il sera supprimé de la plateforme.
Maiwann : et si c’est trop relou, on passera à de la modération a priori ! Et pour faire des choix, ça sera sans doute au doigt mouillé, au « comment chacune le sent » et puis on verra sur le tas comment se structure l’équipe de modération ! Pour l’instant, RAS 🙂

« bubbles » par Mycatkins, licence CC BY 2.0

Et donc si je veux contribuller au projet, je peux faire quoi ?

méli : Pour l’instant, nous faire des retours sur vos usages de Contribulle et la promouvoir autour de vous seraient de belles contributions ! On souhaite l’améliorer au mieux selon les besoins ressentis de chacun·e.
La question de rétribution n’a pas encore été abordée mais selon l’évolution de la plateforme et des ressources mobilisées, des formes sont à réfléchir je pense. Qu’il s’agisse de don financier, d’un retour d’utilisateur·rice, ou autre.

Maiwann : Je pense que ce qui va être primordial ça va être de faire vivre Contribulle. Quelqu’un dit qu’il voudrait aider le Libre ? glissez lui un mot sur Contribulle. Quelqu’un vient à un contrib’atelier ? N’oubliez pas de parler de Contribulle. Comme ça le projet vivra grâce aux visites des contributeurices !

Ah mais il y a déjà un paquet de demandes, ça fait un peu peur, je vois bien que je ne vais servir à rien pour tous ces trucs de techies ! Au secours ! (Pour l’instant dans l’équipe c’est orienté web développement non) ?

méli : c’est 50/50 moitié dev et moitié design/conception. Oui, on a dépassé les 20 annonces depuis sa mise en ligne il y a un mois, c’est trop bien ! Et on cherche vraiment à mettre en avant des contributions non-techniques parce que tu es super utile justement ! Prochainement tu pourras filtrer les annonces selon tes propres savoir-faire, en espérant qu’il y aura des demandes à ce niveau-là. En attendant, on te propose des contributions faciles. Tu seras renvoyé·e vers des sites sélectionnés par nos soins et auxquelles tu peux directement contribuer. Bonne contribution !

Maiwann : C’est tout à fait ça, grâce aux filtres tu vas pouvoir plus facilement mettre de côté les choses qui font peur !
Et si je regarde, il y a déjà quelques projets qui sont chouettes et que tu peux aider sans compétences techniques, par exemple :

* si tu t’intéresses aux réseaux sociaux alternatifs mais que ça te fait peur : https://contribulle.org/projects/2
* si tu sais réaliser un logo : https://contribulle.org/projects/8
* si tu aimes faire de la relecture / rédiger des contenus : https://contribulle.org/projects/9
* si tu aimes faire de la traduction : https://contribulle.org/projects/20
* si tu aimes les jeux de société : https://contribulle.org/projects/29

Pour la suite, c’est à vous de jouer !

et voici les liens utiles :