Désobéissance civile en vue à l’école ?

ComputerHotline - CC by-saJusqu’où va-t-on descendre ? C’est la question que l’on peut légitimement se poser avec cette loi Création et Internet qui, chaque jour passant, l’éloigne de la solution et la rapproche du problème.

Dans la famille déjà nombreuse des effets collatéraux néfastes du projet de loi, je demande désormais… l’éducation.

Lors d’un récent communiqué, L’April s’était fort justement inquiétée d’un article introduit au Sénat prévoyant que élèves « reçoivent une information, notamment dans le cadre du brevet informatique et internet des collégiens (B2i), sur les risques liés aux usages des services de communication au public en ligne, sur les dangers du téléchargement et de la mise à disposition illicites d’œuvres culturelles pour la création artistique, ainsi que sur les sanctions encourues en cas de manquement à l’obligation définie à l’article L. 336-3 du code de la propriété intellectuelle et de délit de contrefaçon. Les enseignants sont également sensibilisés. »

Commentaires de l’April :

Les promoteurs du projet de loi Hadopi affichent une ambition d’instaurer de nouvelles formes de soutien aux artistes et de nouveaux modèles économiques pour revivifier la filière culturelle. Pourtant, ils occultent purement et simplement la libre diffusion des contenus et œuvres sous licences ouvertes et libres, alors qu’ils constituent une offre légale abondante pour le public3 donnant lieu à une rémunération de leurs auteurs.

Ces licences sont un outil adéquat du partage de la connaissance et des savoirs, et se montrent particulièrement adaptées au monde de l’éducation. Inspirées du mouvement pour le logiciel libre, les licences d’œuvres en partage ouvrent de nouveaux modèles économiques en phase avec les nouvelles technologies.

Et de citer alors deux articles du Framablog : l’étude riche d’enseignements du cas musical Trent Reznor, et la situation un peu ubuesque dans laquelle se retrouve les enseignants lorsqu’ils utilisent des « œuvres protégées » (non copyleft) en situation d’apprentissage.

Les craintes de l’April étaient malheureusement bien fondées puisqu’aujourd’hui l’Assemblée a ni plus ni moins rejeté un amendement de pur bon sens de Martine Billard souhaitant, dans un souci de « pluralisme et neutralité » que l’article en question évoque également « les avantages pour la création artistique du téléchargement et de la mise à disposition licites des contenus et œuvres sous licences ouvertes ou libres » (pour plus de détails lire l’article de Guillaume Champeau reproduit ci-dessous ainsi que la transcription exacte de l’échange sur le site de l’April).

Comme quoi certains masques tombent définitivement.

C’est d’autant plus inepte que ces licences ouvertes ou libres seront, ma main à couper, l’une des prochaines révolutions scolaires, non plus restreintes à la création artistique mais à tout ce qui touche aux ressources éducatives.

Par anticipation, je m’engage d’ores et déjà à faire acte de « désobéissance civile » lorsqu’arrivera le temps où mes élèves seront censés recevoir l’information en question dans le cadre du B2i[1]. Cette information sera bien diffusée mais elle sera immanquablement accompagnée d’une sensibilisation aux licences libres et ouvertes et d’un débat sur les tenants et aboutissants des uns et des autres.

Gageons alors que mes élèves sauront en tirer leurs propres conclusions…

PS : Qu’il me soit d’ailleurs permis de remercier ici le travail respectivement politique et médiatique de Martine Billard et Guillaume Champeau, qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour nous alerter et tenter de faire évoluer la situation.

Pas de licence libre dans la propagande pro-majors à l’école

URL d’origine du document

Guillaume Champeau – 2 avril 2009 – Numerama
Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0

Pouvait-on faire plus caricatural pour démontrer que la lutte contre le piratage n’a pas pour but d’aider les artistes, mais d’imposer un modèle économique au bénéfice des grandes maisons de disques ?

Le projet de loi Création et Internet prévoit de sanctionner par un diplôme au collège la connaissance des « risques liés aux usages des services de communication au public en ligne, sur les dangers du téléchargement et de la mise à disposition illicites d’œuvres culturelles pour la création artistique, ainsi que sur les sanctions encourues en cas de téléchargement illégal ». Pour préparer ce diplôme, la commission des affaires culturelles a proposé d’ajouter un amendement qui prévoit que les élèves reçoivent une « information sur les dangers du téléchargement et de la mise à disposition illicites d’œuvres culturelles pour la création artistique ».

Dans le but d’équilibrer la proposition, la députée Verts Martine Billard a alors proposé jeudi de préciser que cette information doit être « neutre et pluraliste », et couvrir notamment « les avantages pour la création artistique du téléchargement et de la mise à disposition licites des contenus et œuvres sous licences ouvertes ou libres », c’est-à-dire en particulier des œuvres sous Creative Commons.

Mais malgré le soutien de Muriel Marland-Militello, l’amendement de Martine Billard a été rejeté par la majorité. « Ça n’est vraiment pas du niveau de la loi, ça n’est vraiment pas nécessaire, au mieux ça sera une directive du ministère », a expliqué le rapporteur Frank Riester, comme si la propagande sur le téléchargement « légal » ne pouvait pas lui aussi faire l’objet d’une simple directive ou avait davantage sa place dans la loi. « Même position », dira simplement Christine Albanel. Sans protestation des bancs socialistes.

Notes

[1] Crédit photo : ComputerHotline (Creative Commons By-Sa) – Mais qui donc inscrit le nom de « La Quadrature du Net » au tableau ?




Évidemment Madame Albanel !

La loi Création et Internet bat son plein à l’Assemblée. Elle pose tant et tant de problèmes qu’on comprendra que celle qui porte le projet ait ponctuellement quelques moments de fatigue (que l’on peut mesurer au nombre de « évidemment » prononcé).

À la question du député Christian Paul : « Les dispositifs de sécurisation des ordinateurs sont à l’opposée des dispositifs que peut tolérer et accepter le logiciel libre. Ou bien vous considérez que le logiciel libre ça n’a pas d’importance, que vous décrétez l’indifférence nationale contre le logiciel libre, ou bien vous nous dites comment c’est compatible ».

Voici ce qu’elle a répondu :

—> La vidéo au format webm

Transcription :

« Sur les logiciels… sur l’affaire des logiciels libres, évidemment les logiciels libres, quand on achète, évidemment des logiciels, par exemple le pack Microsoft (ça c’est pas du logiciel libre) : Word, Excel, Powerpoint, il y a évidemment des pare-feux, je viens de le dire, il y a des logiciels de sécurisation. Mais sur les logiciels libres vous pouvez également avoir des pare-feux, qui d’ailleurs, mais évidemment. Par exemple, nous au ministère, nous avons un logiciel libre, qui s’appelle Open Office et il y a effectivement un logiciel de sécurisation qui empêche en effet le ministère à la Culture d’avoir accès, bien sûr, et les éditeurs de logiciels libres fournissent des pare-feux, et fournissent même des pare-feux gratuits. Donc cet argument est sans fondement. Voilà ce que je voulais dire. »

Ravi d’entendre le logiciel libre et OpenOffice.org cités à l’Assemblée, mais y aurait-il une bonne âme dans la salle pour nous décrypter ce qu’elle a bien voulu dire ?




Google attendra pour attirer nos enfants dans sa Toile

Kit Pédagogique - Extrait - Google - ChercheNet« On souhaite que les élèves soient initiés à Internet le plus tôt possible pour apprendre la maîtrise de ses risques et de ses dérives (…) Ce travail de sensibilisation est absolument indispensable. »

C’est, d’après l’AFP, ce qu’a déclaré le ministre Xavier Darcos, le 24 mars dernier, en visite au collège Françoise-Giroud de Vincennes lors du lancement officiel du jeu « ChercheNet », destiné aux collégiens français.

Et si les « risques » et les « dérives » se cachaient jusqu’à l’intérieur même de cette initiative censée « apprendre à les maitriser » ?

C’est la question que pose ce billet d’un blog qui critique assez souvent la forte influence de Microsoft à l’Éducation Nationale pour ne pas s’émouvoir ce qui vient de se produire ici avec l’un de ses principaux concurrents, à savoir Google.

Une louable intention

Voici comment le jeu « ChercheNet » est présenté sur le site du ministère :

Afin d’aider les élèves à maîtriser Internet et les outils de communication numérique en toute sécurité, le ministère de l’Éducation nationale soutient le jeu « ChercheNet » initié par Google et mis en œuvre par Calysto, spécialiste de la pédagogie Internet en milieu scolaire. « ChercheNet » est un concours pédagogique proposé aux collégiens de sixième et de cinquième dont le terrain de jeu est l’internet. Tout en résolvant des énigmes autour du thème de l’écologie et du développement durable, les collégiens apprendront les bons usages des outils du web 2.0.

Retenons déjà, la nuance a son importance, que c’est le ministère qui « soutient ce jeu initié par Google » et non l’inverse.

Toujours est-il que l’intention est louable, surtout si l’on s’en réfère au communiqué de presse commun à Google et Calysto :

La recherche d’information et la communication avec les réseaux sociaux sont les deux usages les plus répandus sur Internet. Le développement du « web 2.0 » a permis aux internautes, y compris les plus jeunes, de devenir eux-mêmes des créateurs de contenu. L’usage d’Internet est aujourd’hui généralisé à tous les publics, ce qui implique que nous soyons mieux formés à ses usages.
C’est dans ce but précis que le jeu pédagogique ChercheNet a été conçu : développer par le jeu une vigilance collective (professeurs, parents, élèves) sur tous les usages d’internet pour un développement durable d’Internet.

Le jeu fonctionne sur le principe d’un jeu-concours. Les élèves devront répondre à une série d’énigmes sur le développement durable (biodiversité, eau, énergie, déchets, etc.)

Les différentes étapes du jeu amènent les élèves à développer un comportement « web-citoyen » pour rédiger un blog collectif :
— Préparer un travail, une recherche sur Internet, en respectant les droits de propriété intellectuelle
— Rechercher efficacement en vérifiant les sources d’information
— Apprendre à protéger sa vie privée et celle des autres sur les réseaux sociaux ou les blogs
— Apprendre à s’appliquer, à rédiger, « même sur Internet » et mettre de côté le « langage SMS »

Difficile de ne pas agréer à la démarche. On notera que l’on entrechoque le développement durable en tant que tel avec un « développement durable d’Internet » qui reste à définir.

Sur le jeu proprement dit, je n’ai aucune information à vous apporter puisqu’il faut s’inscrire et que les premières énigmes arriveront courant avril. Il en va autrement pour le « Kit pédagogique » accompagnant ce jeu, mis initialement à disposition sur le site de l’opération par Calysto et… retiré aussitôt après dans la foulée !

Un très éphémère « Kit pédagogique » !

ChercheNet - Copie d'écranPas plus tard qu’il y a deux jours, lorsque vous vous rendiez sur le page « Pour vous aider » du site « Cherchenet », vous aviez la possibilité de télécharger un « Kit pédagogique » ainsi défini (voir la copie d’écran que nous avons conservé en cliquant sur l’image ci-contre) : « Véritable mode d’emploi des outils du numérique, vos élèves en auront besoin pour résoudre les énigmes en respectant les règles et usages liés à l’Internet. »

Aujourd’hui sur la même page, il n’y a plus rien à télécharger directement. Le « Kit pédagogique » a fait place à un « Kit pratique d’outils numériques » et sa formulation est elle aussi sensiblement différente : « Véritable mode d’emploi d’outils du numérique (recherche, géolocalisation,…), vous pourrez l’utiliser afin que vos élèves apprennent quelques astuces pour mieux se servir d’outils du web et pour mieux respecter les règles et usages liés à l’Internet. Le kit pratique est disponible et vous sera envoyé par courriel par simple demande adressée à… »

Il n’est plus question de mise à disposition d’un Kit qui a perdu son qualificatif « pédagogique ». Les élèves n’en ont d’ailleurs plus « besoin », tout au plus son remplaçant pourra leur faire apprendre « quelques astuces »… Une posture plus modeste est soudainement adoptée.

Mais que contenait donc ce « Kit pédagogique » pour mériter une si courte apparition publique ?

« Kit pédagogique » ou « Google everywhere » ?

Kit Pédagogique - Sommaire - Google - ChercheNetNous avons juste eu le temps de conserver une copie du fameux document. Et nous vous invitons à en parcourir sa dizaine de pages pour… tout de suite comprendre où le bât blesse !

Le sommaire nous avait prévenu (image ci-contre cliquable), mais moteur de recherche (simple ou avancé), moteur d’images, Google Maps, Google Earth, Picasa, Google Traduction, Google Document, Google Agenda, Blogger… n’en jetez plus. C’est pas compliqué, il n’y en a que pour Google dont quasiment toute la panoplie est passée en revue !

À la trappe les réseaux sociaux web 2.0 de type Facebook, les blogs a la sauce Skyblog, les outils de travail en ligne comme tels ceux de Windows Live, sans oublier ce drôle de site souvent utile en situation de recherche qu’est Wikipédia. Et pour l’anecdote, toutes les copies d’écran ont été réalisées sous Mac OS X.

Il y a bien sûr de pertinents et bienvenus conseils qui parsèment le Kit (avec mention, page 7, des licences Creative Commons et Art Libre) mais impossible de se décoller de l’impression générale tenace d’avoir à faire à une sorte de publi-information de Google.

Et mis à part le moteur de recherche, que faut-il faire pour bénéficier de tous ces merveilleux services ? Je vous le donne en mille, il faut posséder un compte Google, ce qui est bien spécifié en page 8 du kit :

Google ce n’est pas seulement un moteur de recherche, tu peux accéder aussi à pleins de services gratuits : tu peux localiser un lieu sur une carte, retoucher des photos, envoyer des mails, gérer ton emploi du temps… Si tu veux utiliser ces outils, c’est gratuit, simple et rapide ! Un seul compte te permettra d’accéder à tous les outils Google. Tu dois remplir le formulaire en suivant les instructions et cliquer sur le bouton « j’accepte créer un compte ».

Un mail te sera envoyé à l’adresse spécifiée lors de la création de ton compte. Pour valider ton inscription, tu devras cliquer sur le lien présent dans ce mail.

Rappelons-nous le libellé initial du Kit sur le site ChercheNet : « Véritable mode d’emploi des outils du numérique, vos élèves en auront besoin pour résoudre les énigmes en respectant les règles et usages liés à l’Internet. » Je me demande si il n’aurait pas été plus sincère de dire « Véritable mode d’emploi des outils Google, vos élèves auront besoin d’un compte Google pour résoudre les énigmes en respectant les règles et usages liés à l’Internet. ». C’eut été plus sincère mais plus problématique et surtout moins… pédagogique !

Et le problème c’est que l’emprise de Google sur le réseau est telle que l’entreprise est parfois surnommée le « Big Brother d’Internet », en référence au fait qu’elle possède de très nombreuses informations personnelles sur nos comportements numériques, informations décuplées à partir du moment où vous prenez un compte chez eux justement.

Du coup il y a un léger paradoxe à vouloir sensibiliser nos jeunes à « développer une vigilance collective » et « apprendre à protéger sa vie privée » (via un jeu « web-citoyen » soutenu par le ministère), tout en incitant plus que fortement à se créer un compte chez Google !

Google s’en défend ainsi dans les colonnes du Monde : « C’est le constat d’une réalité : nos outils sont les plus utilisés. Nous prenons nos responsabilités pour que leur usage soit sans risque et responsable. Si nous ne faisions rien à ce propos, on nous critiquerait. » Ce n’est pas autrement que s’exprimerait un Thierry de Vulpillières pour justifier de l‘activisme de Microsoft à l’école.

Et pour ce qui concerne Calysto, dans les mêmes colonnes : « Les outils sont libres, Google n’est qu’un simple sponsor. » Ben dites-moi… curieux de savoir ce que cela aurait bien pu donner si Google avait été plus qu’un « simple sponsor » ! On dirait le Café Pédagogique nous expliquant d’aplomb que Microsoft n’est qu’un simple sponsor de leur Forum des enseignants innovants.

Quant aux outils qui seraient « libres », c’est justement l’objet du prochain paragraphe.

Et le logiciel libre dans tout ça ?

Kit Pédagogique - Picasa - Google - ChercheNetJe ne sais pas très bien ce que Calysto entend par « outils libres » mais je n’ai pas été tout à fait honnête lorsque j’ai pu dire plus haut qu’il n’y en avait que pour Google.

En effet, on trouve trace du logiciel libre dans le « Kit pédagogique ». Mais réelle volonté de le promouvoir au sein de l’Éducation Nationale ou alibi pratique pour faire passer la pilule ? Les deux mon Capitaine. Un peu comme, chose curieuse, la politique globale et générale de Google vis-à-vis de « l’Open Source »…

Les premières (et sibyllines) références arrivent page 12/13 et 18/19. La page 12/13 est complètement dédiée au logiciel de retouche d’image Picasa. Mais tout en bas, on peut lire (avec la loupe qui nous accompagne dans tout le Kit) la chose suivante : « Logiciels libres : Gimb, Artweaver ». Et… c’est tout ! Aucune explication, aucun lien cliquable, bref cela arrive comme un cheveu sur la soupe. Et puis, pour votre gouverne, on ne dit pas « Gimb » mais GIMP, tandis que Artweaver est sûrement un bon logiciel mais il n’est tout simplement pas libre.

Kit Pédagogique - Logiciel Libre - Google - ChercheNetRebelote en page 18/19 entièrement consacrée au moteur de blog Blogger, avec un « Logiciels libres : Dot clear, WordPress… ». C’est mieux cette fois-ci mais on n’arrive toujours pas à atteindre la perfection puisqu’on écrit Dotclear et non « Dot clear » 😉

Dans le même style minimaliste, on aurait pu s’attendre à ce que la suite bureautique libre OpenOffice.org soit évoquée en bas de l’article sur Google Document (page 15/16). Une autre fois sans doute.

Mais il y a surtout la totalité de la page 20 titrée « Qu’est-ce qu’un logiciel libre ? ». Il s’agit certes de la dernière page du Kit mais il y a de quoi se réjouir a priori. Sauf que la teneur de l’exposé m’a laissé parfois un peu perplexe, quand bien même nous connaissons tous la difficulté à vulgariser la notion de logiciel libre.

Pour comprendre ce qu’est un logiciel libre, il te faut avant tout connaître la signification du terme logiciel ; il s’agit d’un ensemble de programmes qui permet d’effectuer une tache particulière (par exemple le traitement de texte, la retouche de photo, …). Les logiciels sont soumis à des licences d’utilisation, qu’il faut très souvent acheter.

L’expression « logiciel libre », traduite de l’anglais free software, fait référence à la « liberté d’expression » et non pas au prix. C’est pourquoi ils sont souvent téléchargeables gratuitement sur l’Internet et peuvent être copiés légalement par tous.
Le logiciel libre s’oppose au logiciel dit propriétaire, qui ne fournit pas les éléments pour le modiier et ne permet pas de le partager. En revanche, le logiciel libre garantit un certain nombre de libertés à ses utilisateurs : la liberté de l’utiliser pour quelque usage que ce soit, celle d’en redistribuer des copies et enfin la liberté de le modifier et de rendre publiques les modifications.

Soit. C’est un peu emberlificoté tout ça (et c’est plutôt dommage de passer sous silence l’aspect mouvement social du logiciel libre, cher à Richard Stallman) mais ça se termine plutôt bien. Quant à la suite, attention, c’est un beau nid de trolls :

Quels sont les autres avantages d’un logiciel libre ?

Il est plus fiable car moins vulnérable aux virus et aux failles de sécurité. En effet, comme beaucoup de monde a accès à ce type de logiciel, les erreurs sont corrigées plus vite ! De plus ils produisent des fichiers dans des formats dits ouverts, utilisables plus longtemps qu’avec des formats fermés, et sont moins gourmands en énergie et en ressources pour ton ordinateur que leurs équivalents propriétaires.

Je suis bien entendu plutôt d’accord mais comme dirait Wikipédia : « référence demandées ». C’est un peu brutal et péremptoire de présenter les choses ainsi. Les défenseurs du logiciel propriétaire apprécieront !

Et puis, si ces logiciels libres ont tant de vertus, pourquoi Google ne s’est-il pas donné la peine de « libérer » Picasa et Blogger au moment de leur rachat ?

On notera que ce texte porte en quelque sorte la « caution » de Frédéric Couchet de l’April puisqu’on le remercie personnellement en bas de page (je l’attends dans les commentaires !). On notera enfin que Framasoft est également cité, avec là encore une URL explicite mais non cliquable.

Où les trouver ?

Tu peux télécharger de nombreux logiciels libres sur www.framasoft.net, un des annuaires les plus complets de logiciels compatibles avec les PC. Mais tu peux aussi les acheter dans certains grands magasins !

Vous nous voyez fiers et honorés, mais j’ai un peu de mal à m’imaginer un élève de sixième cinquième se rendre sur Framasoft à la suite de la lecture de ce Kit. Tout comme j’ai du mal à m’imaginer ce que l’élève et son professeur pourront bien retenir du logiciel libre au sortir du Kit.

Et plus généralement j’ai un peu de mal à faire la corrélation directe entre le contenu du Kit et sa présentation (que je rappelle une dernière fois) : « Véritable mode d’emploi des outils du numérique, vos élèves en auront besoin pour résoudre les énigmes en respectant les règles et usages liés à l’Internet. »

Quelles que soient les qualités des services de la société américaine (j’en consomme abondamment), c’est bien plus d’un « Kit Google » que d’un « Kit pédagogique » dont il s’agit ici.

Voilà une étonnante maladresse de la part d’un Calysto (qui se targue d’être un « spécialiste de la pédagogie Internet en milieu scolaire ») mais surtout d’un Google qui nous avait habitué à un marketing moins trivial. Ont-ils vraiment pensé que ce Kit allait tranquillement passer comme une lettre à la poste ? Bien que ce ne fut heureusement pas le cas ici, cela en dit long sur l’état actuel de notre passivité vis-à-vis de la marchandisation de l’école.

Un ministère embarrassé (mais réactif)

On comprendra alors fort bien que lorsque le ministère s’est penché sur ce Kit (aidé en cela par les premiers articles parus dans la presse comme celui du Monde) il ait vraisemblablement un peu « tiqué », quand bien même au départ il affirmait serein que « s’il était obligatoire d’utiliser Google, il n’aurait pas autorisé l’opération » (même source). Soutien à un projet pour « apprendre à maîtriser Internet et les outils du numérique », oui. Soutien aux services Google aboutissant à la création de comptes Google en masse chez les 11/12 ans, non. D’autant plus que Xavier Darcos en personne s’est déplacé pour inaugurer le projet !

Premier petit aparté.
Il faut dire aussi que si le ministère avait été réellement capable de nous offrir des ENT cohérents et mutualisés dignes de ce nom, les élèves auraient certainement moins « besoin » d’utiliser les services Google (à commencer par le très riche Google Apps Education).
Fin du premier petit aparté.

Second petit aparté.
Et si le ministère faisait confiance aux enseignants pour produire ce genre de supports plutôt que confier cela à une société commerciale « spécialiste de la pédagogie Internet en milieu scolaire » ? On mesure ici le haut degré de confiance accordé à son personnel dont c’est pourtant le métier !
Fin du second petit aparté.

Toujours est-il que Calysto et Google France ont dû se faire gentiment tirer les oreilles, avec pour conséquence la réactualisation de notre article du Monde :

Le mardi 23 mars, le ministère de l’Éducation a demandé à son partenaire de retirer le kit pédagogique du jeu ChercheNet. Le ministère a expliqué "ne pas souhaiter que Google soit aussi fortement mis en avant sur ce document destiné aux professeurs et aux élèves". Un nouveau livret sera mis en ligne prochainement.

Prière de revoir sa copie donc, ce qui apparaît être une sage décision.

Nous attendons avec impatience la deuxième version revue et corrigée, et Framasoft se tient à l’entière disposition de Calysto et Google France si jamais ils souhaitent nous impliquer dans cette nouvelle mouture (pourquoi pas, après tout, puisque nous y sommes nous aussi dans ce premier Kit).

Money, money, money !

Sage décision donc, mais qui ne doit pas occulter le rôle et la responsabilité du ministère dans toute cette petite affaire (source ReadWriteWeb) :

Éduquer au plus vite au « réflexe » Google, c’est pouvoir être sûr de garder 70% de part de marché mondiales et donc continuer à faire tourner à fond la machine AdWords et AdSense. Tout cela parait de bonne guerre, mais pose question quand à la présente aussi forte d’une marque dans un programme pédagogique soutenu par l’Éducation Nationale.

Et surtout, interroge quant à la capacité de cette dernière à fournir des programmes sensibilisant aux nouvelles technologies en adéquation avec les besoins et savoirs des élèves. La vénérable institution serait-elle aussi dépassée sur ce point, quitte à devoir se raccrocher officiellement à une initiative extérieure ?

Un ministère qu’on aimerait voir faire preuve de la même promptitude vis-à-vis de l’entrisme de Microsoft à l’école (abondamment développé sur ce blog). Parce que c’est exactement la même logique qui opère lorsque sous couvert « d’accompagner l’initiation de vos élèves ou de vos enfants au B2i », on propose, sur un site du service public, des vidéos qui sont à la limite de la publicité déguisée pour la suite bureautique MS Office de Microsoft.

Hier Microsoft, aujourd’hui Google avec ce vrai faux « Kit pédagogique »… nous n’avons décidément pas fini de relater les relations complexes entre l’école et ces multinationales qui ne souhaitent que le bien de nos enfants (quand bien même il y ait étrangement à chaque fois des effets collatéraux bénéficiant au généreux sponsor).

Quant au logiciel libre, il n’est que trop rarement convié à la fête. Il faut dire que tant que l’époque privilégiera les fêtes privées et payantes, et ce jusqu’à l’intérieur même du sanctuaire scolaire, la situation n’aura guère de chance d’évoluer…




Open Education avec les professeurs Mozilla et Creative Commons

Lepiaf.geo - CC byVoici une excellente nouvelle (que vous ne trouverez pas dans le Café Pédagogique) : l’annonce d’un prochain séminaire de cours en ligne autour de « l’Open Education », réalisé conjointement par les deux poids lourds du « mouvement du Libre » que sont Mozilla et Creative Commons.

Ce concept « d’Open Education » demeure un peu flou (Wikipédia a encore du mal à le définir, c’est vous dire), mais ce sera justement l’occasion de le préciser. Disons qu’il regroupe non seulement les Ressources Éducatives Libres que la technologie associée (logiciels libres, formats ouverts…), sans oublier les modes collaboratifs de production.

Il sera destiné à tout éducateur intéressé par le sujet (c’est-à-dire dans quelques années à tout éducateur tout court). Le nombre de places est bien entendu limité mais les autres pourront accéder en temps réel aux cours dont, fallait-il le préciser, toutes les ressources seront placées sous licence libre (Creative Commons By)[1].

Pour ce qui me concerne, je suis ravi de trouver aussi Mozilla sur ce terrain-là. J’y vois en effet une piste plus qu’intéressante pour minimiser à terme l’influence trop forte de Microsoft dans le secteur éducatif, sachant que cette influence est beaucoup plus une question de mentalités, voire de culture, qu’une question pratique liée à la technique et au logiciel.

Mozilla et CreativeCommons vont donner des séminaires en ligne sur « l’Open Education »

Mozilla and CC to teach online seminar on open education

Jane Park – 17 mars 2009 – Creative Commons Blog
(Traduction Framalang : Don Rico)

ccLearn, en collaboration avec la Peer 2 Peer University et Mozilla, va former les enseignants, ou toute autre personne intéressée par l’initiative, sur les aspects pratiques de l’éducation ouverte (NdT : « open education »). Voici un extrait du wiki du stage :

« Ce stage de six semaines s’adresse aux enseignants, qui acquerront les compétences élémentaires en matière de licences, de technologie et de pédagogie ouvertes (NdT : « open pedagogy »). Ils travailleront sur des prototypes de projets d’éducation ouverte, et bénéficieront de l’expérience de certains des plus grands noms internationaux de l’innovation.

Le stage commencera par un séminaire en ligne le jeudi 2 avril et s’étalera sur 6 semaines.

Lors de séminaires en ligne hebdomadaires, on abordera de nouveaux sujets traitant par exemple du choix de licence pour les contenus, des dernières technologies ouvertes et des pratiques d’évaluation collégiale. Les participants partageront des idées de projets avec une communauté de pairs, travailleront sur des projets individuels, et recevront des retours de tuteurs chevronnés. On s’intéressa aussi de très près à certains des exemples de pédagogie ouverte les plus novateurs, et discutera avec leurs concepteurs. On étudiera par exemple :

  • Les cours sur les logiciels libres délivrés à l’université de Seneca ;
  • L’Introduction à la pédagogie ouverte de David Wiley ;
  • L’infrastructure de blog ouverte de l’université de Mary Washington ; etc.

Ce stage est destiné aux enseignants qui souhaitent contribuer à l’élaboration de l’enseignement ouvert de demain.

Vous désirez participer ? Rendez-vous sur le wiki du stage, et soumettez-nous vos idées de projets !

Descriptif du stage : https://wiki.mozilla.org/Education/EduCourse

Inscriptions : https://wiki.mozilla.org/Education/EduCourse/SignUp

Si vous avez des questions concernant le stage ou la procédure d’inscription, veuillez contacter :

Philipp Schmidt
Peer 2 Peer University
philipp AT peer2peeruniversity.org »

Les créneaux vont se remplir très vite, mais cela n’empêchera pas les non-inscrits de bénéficier d’un accès complet et ouvert au stage en temps réel. Et puisque les matériaux de Mozilla Education, mis à disposition sous licence CC BY, peuvent être réutilisés, redistribués et remixés, les utilisateurs sont libres de créer un wiki miroir et de mettre en place leurs propres projets.

Notes

[1] Crédit photo : Lepiaf.geo (Creative Commons By)




La gratuité c’est le vol déclare le ministre des finances

Eneas - CC byAppel d’air est un livre des éditions ActuSF (collection Les Trois Souhaits) qui regroupe une trentaine de courtes nouvelles de science-fiction interrogeant le devenir de la France au lendemain des élections présidentielles de 2007. Un fidèle lecteur m’a envoyé un message pour me suggérer de recopier celle de Roland C. Wagner. Why not, me suis-je dit plongés que nous sommes en cette obscure période Hadopi.

On est donc en pleine science-fiction (et dans le pastiche frondeur) mais est-on si loin que cela de la réalité au niveau des mentalités ? Nos sociétés, telles qu’elles sont actuellement organisées, n’ont-elles pas du mal à composer avec ces échanges non marchands souvent tirés vers le haut par l’usage des nouvelles technologies ?

Vous en trouverez la lecture publique récitée non sans verve par son auteur sur le site Dailymotion (issu du même recueil, on notera également Mentions légales de Catherine Dufour)[1].

La gratuité c’est le vol

Roland C. Wagner – avril 2007 – Appel d’Air (éditions ActuSF)

« La gratuité c’est le vol », déclare le ministre des finances.

« La loi sur la préservation de l’économie et la diminution de la dette publique est une loi juste, digne d’une grande démocratie comme la France, » appuie le président. « Il faut préserver notre industrie, notre commerce et nos services contre les ravages de la gratuité. Les revenus des auteurs et des compositeurs ne sont-ils pas en train de plonger à cause de la concurrence déloyale exercée par les artistes qui mettent leur musique en libre accès, contrairement à toutes les règles du marché ? Les ventes des quotidiens ne sont-elles pas en chute libre en raison de la multiplication des sources d’informations gratuites — et, disons-le, le plus souvent douteuses ? Nos artisans ne sont-ils pas menacés par le travail au noir non rémunéré qui se multiplie en catimini ? »

« Il devenait urgent de mettre un terme à ces abus qui mettent en péril le pays tout entier. C’est pourquoi, après avoir écouté avec attention les différents acteurs économiques, le gouvernement a décidé d’interdire toute offre de service ou de produit gratuit dès lors qu’il existe une solution payante équivalente. Par conséquent, le don, le prêt et à plus forte raison la copie des produits culturels est interdite, dans le souci de défendre les créateurs contre la véritable spoliation dont ils sont victimes chaque fois qu’une de leurs œuvres est consommée sans contrepartie financière. De même, il est désormais défendu aux associations caritatives de procurer gratuitement nourriture, vêtements ou services pour ne pas concurrencer les commerces et entreprises au bord de l’asphyxie financière. Recourir aux services de l’État sera désormais facturé à l’acte, afin de donner à chacun la possibilité du libre choix dans tous les domaines, y compris celui de la sécurité des biens et des personnes. »

« À partir du premier janvier de l’année prochaine, la vente de produits de seconde main sera interdite, afin de protéger les producteurs. Seuls les objets de collection d’une valeur supérieure à cent euros échapperont à cette règle. De fait, brocantes et vide-greniers sont appelés à disparaître en faveur de foires ne proposant que des objets neufs, dans le but de préserver les emplois de ceux qui fabriquent les objets en question. À cette même date entrera en vigueur l’article 17 de la loi qui condamnera sévèrement le travail gratuit, cette plaie de notre société. Aider quelqu’un à, par exemple, refaire le papier peint de son salon sera dés lors passible de 5 ans de prison et de 375 000 euros d’amende, sauf bien entendu à l’intérieur du cercle familial restreint tel qu’il a été défini par la loi sur la famille du mois dernier — c’est à dire limité aux personnes possédant au minimum 50 % d’ADN en commun, les individus prédisposés génétiquement à la malhonnêteté et à l’incivilité étant bien entendu exclus. »

« C’est ainsi, mes chers compatriotes, que nous sauverons la France et reviendrons à une croissance positive dès l’année prochaine. En supprimant à jamais l’illusion scandaleuse de la gratuité. »

Dépêche AFP : « Un boy-scout qui avait aidé une vieille dame à traverser la rue sans lui réclamer de chèque emploi service a été condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis et 10 000 euros d’amende par le tribunal de Nice. Le ministre de l’intérieur, qui estime la sanction bien légère, a demandé au parquet de faire appel. »

Notes

[1] Crédit photo Eneas (Creative Commons By)




Étudiantes, étudiants : libérez vos travaux universitaires !

Foundphotoslj - CC byLe titre de ce billet est une suggestion et non une injonction. Il invite les étudiants à considérer la mise sous licence Creative Commons de leurs écrits universitaires (mémoires, thèses…) afin de faciliter le partage, l’échange et la mise en commun du savoir et de la connaissance.

Nous avions tenté en introduction d’un billet précédent d’expliquer la différence entre « copyleft » et « copyright ». Or, en l’absence de toute mention de licence, les travaux sont alors automatiquement placés par défaut sous le régime du « copyright classique », avec des effets collatéraux, comme ceux décrits ci-dessous, qui ne sont pas forcément désirés par leurs auteurs.

Étudiantes[1], étudiants, vous pouvez bien entendu refuser ce choix (par exemple parce que, modestes, vous ne jugez pas votre travail digne d’être diffusé). Mais encore faudrait-il que vous ayez conscience qu’un tel choix existe[2].

Les choses bougent mais, nous semble-t-il, encore trop rares sont les étudiants réellement au courant de cette alternative. Et nous comptons sur les enseignants et leurs administrations universitaires pour en faire si ce n’est la promotion tout de moins le minimum syndical en matière d’information.

Copyright et Copyleft dans les publications universitaires

Copyright and Copyleft in Publications

Ian Elwood – 17 février 2009 – The Daily Californian
(Traduction Framalang : Don Rico)

Creative Commons une alternative au traditionnel copyright ou la promotion d’un accès plus large à la connaissance

Le prix des recueils de textes et documents pour les cours d’université s’élève à 200 dollars à cause des coûts excessifs des autorisations de droits d’auteur. Les bibliothèques sont paralysées par les prix exorbitants des bases de données propriétaires et des revues à accès restreint. L’accès au savoir devient de plus en plus la chasse gardée de grosses entreprises qui cherchent à rentabiliser l’éducation en limitant l’accès à l’information.

À l’université de Californie, à Berkeley, nombreux sont les étudiants à ne pas se soucier de la propriété intellectuelle ou des droits d’auteur. Même si les travaux d’étudiants tels que les thèses ou les mémoires sont la propriété de l’étudiant, jusqu’à une période récente la mention de copyright standard sur un mémoire indiquait par défaut « Tous droits réservés ». Bien que cette pratique n’ait pas d’impact direct sur l’augmentation du coût des études, un étudiant qui choisirait une solution alternative au droit d’auteur traditionnel constituerait une action modeste pouvant servir de catalyseur à la réduction de nombreux coûts dans le domaine des études.

Lawrence Lessig, professeur de droit à l’université de Stanford, a créé les licences Creatives Commons afin que les détenteurs de droits d’auteur puissent autoriser de nouvelles façons d’utiliser leurs travaux artistiques et universitaires. Le détenteur d’un copyright peut opter pour une licence « Certains droits réservés » qui encourage les autres membres de la communauté à adapter et à réutiliser ses travaux sans avoir à demander l’autorisation ou verser des droits d’auteur. Cette licence ouvre de nombreuses possibilités dans le monde universitaire, tels que la mise à disposition de recueils de textes et documents en ligne gratuits, de contenu multimédia éducatif à coût nul, et de didacticiels en ligne gratuits. Même le prix des manuels scolaires pourrait en être fortement réduit. Plus important peut-être que l’aspect financier, utiliser la licence Creative Commons revient surtout, en partageant vos productions intellectuelles avec la communauté universitaire, à apporter votre pierre à la mise en commun du savoir, car les générations futures de chercheurs auront un accès facilité à vos travaux.

Deux étudiants de Berkeley, Joseph Lorenzo Hall et Danah Boyd, ont récemment placé leur mémoire sous une licence Creative Commons. Hall s’est heurté de nombreux obstacles bureaucratiques, mais la plupart de ses difficultés provenaient de simples problèmes formels, et non d’opposition idéologique de la part l’université. Peu après, une autre diplomée de la School of Information (NdT : faculté des Sciences de l’information), Danah Boyd, a elle aussi placé son mémoire sous licence Creative Commons.

Le 28 janvier 2009, le Doyen du département de troisième cycle s’est engagé à ce que les futurs étudiants puissent opter pour la licence Creative Commons. Tous les étudiants désireux de rendre l’éducation plus abordable et plus accessible devraient envisager de recourir aux Creative Commons plutôt qu’au copyright traditionnel.

Prendre part à ce mouvement est d’une simplicité enfantine : il suffit de procéder à deux modifications sur un mémoire ou sur une thèse. Tout d’abord, l’auteur inscrit « Certains droits réservés » au lieu de « Tous droits réservés » sur la page de copyright. Ensuite, il inclut en appendice le contrat complet (Code juridique) de la licence Creative Commons de son choix. Ceux qui souhaitent libérer leur publications universitaires peuvent voir des exemples sur les sites respectifs de Joseph Lorenzo Hall et Danah Boyd.

Notes

[1] Crédit photo : Foundphotoslj (Creative Commons By)

[2] Le choix ne se limite pas aux licences Creative Commons. Ne pas oublier qu’il existe également la Licence Art Libre qui, bien que peu diffusée dans le monde anglophone, est tout aussi indiquée dans le cas qui nous concerne ici.




Nos mots croisés : premier roman de Daphné Kauffmann

Nos mots croises - Daphné KauffmannSeriez-vous choqués si, profitant éhonteusement de cette tribune, j’évoquais rapidement le futur premier roman de ma… sœur, quand bien même il ne soit pas sous licence libre ?
Non, dites-vous ? Fort bien. La famille, émue, vous remercie de votre compréhension.

Les plus anciens lecteurs du Framablog se souviennent peut-être de Daphné la musicienne ? La voici donc qui nous revient écrivain avec ce premier roman « Nos mots croisés », que j’ai hâte de lire (et pas seulement parce que, parait-il, j’y figure dedans).

Il sortira le 18 avril prochain mais, en attendant, Daphné maintient avec passion le petit blog du livre dont voici le pitch (du blog pas du livre) :

Je viens de terminer l’écriture d’un premier roman. Il s’intitule « Nos mots croisés » et sortira en avril 2009 aux éditions Intervalles[1]. A travers deux présents entremêlés, ce texte construit des passerelles entre des époques très différentes et pourtant si peu éloignées : le présent d’un narrateur qui avait 20 ans en 68, confié à une narratrice qui en a 30 aujourd’hui. C’est l’histoire d’une vie faite de rencontres mais aussi l’histoire d’une rencontre pleine de vie. Une histoire de transmission, de passion, de partage d’émotion et d’énergie. Aujourd’hui je voudrais continuer à mettre en mots : Que se passe-t-il quand le livre est terminé ? Et après l’écriture, comment poursuivre l’aventure ? Au jour le jour, je vais essayer de raconter…

Et voici l’autre pitch (du livre pas du blog) :

Dans Nos mots croisés, Daphné Kauffmann raconte l’histoire d’une vie faite de rencontres et de voyages, mais aussi l’histoire d’une rencontre particulière, celle avec Michel Besmond, l’actuel maître de cérémonie du 62 rue Mazarine, le célèbre Alcazar. Entre ce témoin de mai 68 et cette jeune femme rêvant d’un autre monde, que d’affinités !

Entre le Paris bohème, les rencontres, Rome, le Mexique, les routes qui ne finissent jamais, la musique, les rêves en bandoulière… de cet échange naît peu à peu une relation forte et singulière entre deux idéalistes aux parcours si différents et aux rêves si proches.

Nos mots croisés est un roman qui mêle deux présents, celui d’un narrateur qui avait 20 ans en 68, confié à une narratrice qui en a 30 aujourd’hui. De ces deux routes qui se croisent sous la verrière de l’Alcazar surgissent peu à peu quelques dates et des mots. Des mots comme les titres d’une aventure sans cesse recommencée, comme des nouveaux départs, des vies superposées. Des titres de chapitres, déjà.

Chère sister, je te souhaite bien moins le succès des critères de l’Industrie Culturelle que celui de simplement trouver tes lecteurs

Notes

[1] Les Éditions Intervalles proposent un très intéressant catalogue d’auteurs étrangers à découvrir soit dit en passant.




Le plan britannique en faveur de l’Open Source sous l’angle de l’éducation

Arwen Abendstern - CC byLe gouvernement britannique affiche sa volonté de soutenir l’Open Source disions-nous tout récemment, au travers du prisme de la BBC, en évoquant l’annonce d’un plan d’action gouvernemental explicite et ambitieux.

En attendant la traduction du plan himself (qui ne saurait tarder), voici le point de vue du site OpenSourceSchools, dont nous avons eu l’occasion de dire tout le bien que nous en pensions dans un billet dédié[1].

L’égalité des chances pour le logiciel Open Source

A level playing field for open source software

MBerry – 25 février 2009 – OpenSourceSchools.org
(Traduction Framalang : Don Rico et Goofy)

Il faut saluer la décision du gouvernement d’encourager l’utilisation des logiciels libres, comme indiqué dans le communiqué publié hier. L’éducation au Royaume-Uni se déroulant principalement dans le secteur public, nous sommes en droit d’espérer que ce soutien du gouvernement central aura pour conséquence de donner aux établissements scolaires et aux collectivités locales la confiance nécessaire pour adopter, élaborer et développer des solutions Open Source, rendant ainsi possible la ré-utilisation et le partage des logiciels, et peut-être un jour les contenus, au sein des établissements scolaires et des collectivités locales.

L’introduction au document, signée par Tom Watson, ministre de l’Engagement numérique, décrit l’Open Source comme « une des avancées culturelles majeures de ces vingt dernières années dans le domaine des TIC et au-delà », et démontre que « tout un chacun, en travaillant de façon collaborative… peut concevoir des produits qui rivalisent et parfois surpassent ceux de gigantesques corporations ». La méthode collaborative pour le développement de projet logiciel est très proche de la pédagogie chère à de nombreux acteurs de l’éducation. Le ministre est résolu à faire en sorte que le secteur public soit doté des meilleures solutions pour le meilleur rapport qualité/prix. Dans ce document, on trouve des exemples de solutions Open Source employées par le gouvernement, tels qu’Apache et des infrastructures basées sur Linux, même si hélas Moodle n’est pas la plateforme d’apprentissage en ligne prédominante pour une grande partie du secteur éducatif, et notamment dans le supérieur.

Ce document souligne la nécessité de lancer des mesures concrètes pour s’assurer que l’on instaure « une égalité des chances véritable entre les logiciels libres et propriétaires et de démontrer en quoi le logiciel Open Source peut contribuer à des objectifs plus vastes de ré-utilisation et de standards ouverts ». Engagement est pris de faire en sorte que « les solutions Open Source soient étudiées comme il se doit et qu’elles soient retenues comme solutions professionnelles du gouvernement lorsqu’elles offrent le meilleur rapport qualité/prix (en prenant en compte d’autres avantages, telles que la réutilisation et la flexibilité) ». Pour les cas de figure où les coûts seraient identiques, le choix par défaut devra se porter sur les logiciels Open Source, en raison de la plus grande flexibilité qu’ils apportent.

Hélas, ce serait pécher par optimisme d’espérer que les mentions telles que « Lorsque ce choix se révélera judicieux, les logiciels d’application générale développés pour le gouvernement seront mis à disposition en tant que logiciels Open Source » s’appliqueront à la multitude de programmes éducatifs et administratifs développés pour les établissements financés par l’État, mais peut-être est-ce une règle qui devrait figurer dans les spécifications techniques pour les futures passations de marché ? En effet, le point 9 du Plan d’action indique qu’une clause standard devrait figurer dans les appels d’offre publiés au Journal officiel de l’Union européenne stipulant que « les solutions sont achetées dans l’optique de leur réutilisation possible dans d’autres branches du secteur public », et que le gouvernement a le droit de fournir le code de ces solutions suivant les principes de l’ Open Source.

L’association BSF (Building Schools for the Future) devrait approuver le point 5 du Plan d’action :

« Les administrations exigeront de leurs fournisseurs qu’ils prouvent leur capacité à proposer des solutions Open Source et qu’ils auront activement étudié la possibilité de recourir à des produits Open Source pour tout ou partie de leur offre commerciale… On accordera une attention particulière aux produits Open Source existants et ayant fait leurs preuves dans d’autres secteurs de l’État. Les fournisseurs qui proposeront des produits non Open Source devront apporter la preuve qu’ils ont soigneusement étudié des solutions alternatives Open Source et expliquer pourquoi celles-ci n’ont pas été retenues. »

Dans ce rapport, il est également beaucoup question des standards ouverts, et parmi ceux-ci du format ODF, utilisé dans OpenOffice.org, et nous pouvons donc nous montrer optimistes quant à la possibilité de voir des protocoles ouverts et standards employés dans le domaine des plateformes d’apprentissage en ligne, aussi bien selon les critères préconisés par le SIF (Schools Interoperability Framework) que de la prise en charge des standards pour le « curriculum mapping » (NdT : Les profils de programmes).

On y mentionne aussi que le choix de l’Open Source peut s’appliquer également au contenu, et fournir une nouvelle façon d’aborder la propriété intellectuelle. L’envie de « partager et réutiliser ce que le contribuable a déjà acheté via le secteur public » pourrait, en théorie du moins, s’appliquer aux ressources péddagogique comme par exemple pour ce qui concerne les cours disponibles sur Moodle élaborés par d’innombrables enseignants et équipes pédagogiques d’établissements publics.

Les diverses applications possibles des techniques de l’Open Source bénéficient d’une certaine reconnaissance, ce qui dans les établissements scolaires pourrait se traduire par une plus grande attention accordée à l’apprenant, et surtout une meilleure compréhension des apprenants, alors acteurs de l’élaboration de leur programme scolaire.

Notes

[1] Crédit photo : Arwen Abendstern (Creative Commons By)