L’allégorie du pingouin de l’Antarctique

Un pingouin inlassablement poursuivi par des orques (jeu ou danger ?) et qui vient trouver refuge sur le zodiac des hommes ! Belle métaphore non ?!

—> La vidéo au format webm

TsavenNava, qui a uploadé la vidéo sur YouTube, précise qu’il n’en est pas l’auteur (en se dédouanant par la même occasion de cette pénible bande sonore). Elle lui a été donnée, l’été dernier, par le chef de la station de recherche de Vernadsky en Antarctique.

PS : Au fait s’agit-il d’un pingouin ou d’un manchot ? Et de quelle famille exactement ? Y a-t-il des spécialistes dans la salle ?




Chapprouve ce contrat de licence !

L’ubunteros Anne Loucks est facétieuse. Fatiguée d’avoir à accepter, par succession de clics, ces contrats de licence utilisateur (ou CLUF) de logiciels propriétaires que personne ne lit, elle a lâchement décidé que dorénavant ce serait Simba qui signerait à sa place.

Le problème c’est que, comme Socrate, Simba est un chat. Nous voici donc devant un très dangereux vide juridique qui ne manquera pas d’interpeller Maître Eolas et nos spécialistes de Veni Vidi Libri.

Un chat d’agrément

The Agreeable Cat

Anne Loucks – février 2008
(Traduction Framalang : Olivier)

Combien de fois vous êtes-vous retrouvé à faire défiler un contrat de licence comme celui-ci, tiré du site Web d’Adobe :

The Agreeable Cat

Les gens ont pris la (mauvaise) habitude de simplement cliquer sur « Accepter » sans même lire les termes du contrat. Je comprends tout à fait cette attitude. Lire un CLUF, c’est une perte de temps. « Bla bla bla… en acceptant ce contrat vous déclarer céder votre premier-né… bla bla bla… vendez votre âme… » etc.

J’ai trouvé une merveilleuse solution à ce problème. Mon chat, Simba, accepte le contrat à ma place. N’étant pas reconnu légalement, j’ignore si l’accord d’un minou vaut quelque chose face à un juge, mais en supposant que cet accord soit valable, je pense que c’est lui qui serait responsable de tout manquement aux termes du contrat. D’un autre côté il n’est même pas majeur, du moins en âge humain.

The Agreeable Cat

Alors d’abord il faut trouver un moyen pour amener Simba à pousser sur le bouton. Je me sers d’un morceau de carton sur lequel j’ai collé une surépaisseur pour appuyer sur la barre d’espace, dans la plupart des cas c’est suffisant pour appuyer sur un bouton à l’écran après que vous l’ayez activé avec la touche TAB.

The Agreeable Cat

Ensuite je le place correctement au dessus du clavier de mon ordinateur.

The Agreeable Cat

Et enfin j’attire Simba sur la plateforme en carton en lui faisant miroiter des caresses.

The Agreeable Cat

C’est gagné ! Il a appuyé sur le bouton de sa propre initiative. Ok, il y a été indirectement contraint et il a reçu une récompense, mais concrètement, personne n’a forcé mon chat à appuyer sur ce bouton et à se lier à ce contrat de licence. En tout cas on sait qu’il n’y a pas été contraint par la menace.

The Agreeable Cat

C’est parti, le téléchargement est lancé et je ne me suis engagé à rien.

Cette stratégie est également applicable avec un petit chien, un enfant (de préférence celui du voisin) ou n’importe quel ingénieux petit appareil permettant d’appuyer sur les boutons en fonction du vent dans les branches des arbres. C’est pas moi, c’est Mère Nature qui a appuyé, promis !

Qui sait quelle valeur un tel argument aurait au tribunal, et après tout, est-ce vraiment important ? Les CLUF sont une vaste plaisanterie à la base car elles ne sont pas signées physiquement. Mais si vous n’êtes pas sûr de la légalité de ce que vous faites avec vos logiciels, peut-être que votre chat sera tout aussi enchanté que le mien d’avoir à appuyer sur ce bouton.




Quand le marketing Microsoft cible l’éducation et ses enseignants clients

Logo CMIT 2009 - Grand prix MicrosoftCe n’est pas faute d’avoir tenté de contrarier la chose, mais, beau joueur, le Framablog tient à féliciter chaleureusement Microsoft pour avoir récemment remporté le Grand Prix « Acquisition et Fidélisation Clients » grâce à sa campagne « Éducation » réalisée avec l’agence Infoflash, lors du quatrième forum du CMIT (qui a réuni près de trois cents professionnels de la communauté du marketing et de la communication du secteur des TIC).

J’espère que Thierry de Vulpillières n’oubliera pas d’associer le Café Pédagogique et Projetice à un succès auquel ils ont grandement contribué.

Sur le site d’Infoflash (qui porte bien son nom), on peut lire la campagne ainsi résumée :

Microsoft France
Office 2007 à la conquête des enseignants

L’objectif
Une campagne de conquête de marché et d’adoption d’Office dans l’Éducation

La cible
Les enseignants des 12 000 collèges et lycées et des 40 000 écoles primaires

L’idée
Une communication personnalisée par discipline enseignée avec un mix print et web provoquant l’adhésion des enseignants et leur reconnaissance

Les moyens
Un dispositif efficace : poster, lettre d’introduction, mailing, portail de téléchargement riche et interactif avec introduction en vidéo. Un message positif, clair et personnalisé aux cibles identifiées

On trouve plus de détails sur un communiqué de presse d’Infoflash, daté du 29 janvier dernier et titré « Microsoft part à l’assaut du monde de l’éducation avec Infoflash » (sic !), dont voici quelques extraits.

Au 1er semestre 2008, la division Microsoft Education a sollicité les équipes d’Infoflash pour créer en un mois seulement une mécanique et les outils les mieux adaptés à sa campagne de communication autour de Microsoft Office Professionnel 2007.

L’agence a donc proposé une communication personnalisée par discipline enseignée avec un mix print et web destiné à susciter l’adhésion des enseignants et leur reconnaissance. En plus de créer deux sites Internet performants pour sensibiliser et répondre à leurs attentes, des mailings personnalisés ainsi que des mailings promotionnels ont été envoyés aux enseignants et aux établissements scolaires ciblés.

Infoflash a mené cette campagne en deux temps : En juin 2008, un mailing personnalisé a été envoyé à 120 000 enseignants et personnels de collèges pour leur faire découvrir Microsoft Office Professionnel 2007. Ce mailing les encourageait à télécharger gratuitement la licence et à se former pendant l’été sur www.officepourlesenseignants.fr, site réalisé pour la campagne.

Voir le billet Microsoft Office 2007 désormais gratuite pour tous les enseignants sur le Framablog.

En novembre 2008, ce sont deux vagues de mailings spécifiques qui ont été initiées par Infoflash. Un mailing promotionnel a ainsi été envoyé à 12 000 personnels de collèges (principaux, documentalistes et intendants) pour faire découvrir Microsoft Office Professionnel 2007 aux établissements grâce à une offre promotionnelle d’achats de licences à prix très attractif en accédant à www.officepourlesetablissements.fr

Voir le billet L’accès au fichier professionnel des enseignants : l’exemple Microsoft sur le Framablog.

Un 2e mailing a été envoyé à 350 000 enseignants dont 30 000 enseignants en école primaire pour leur proposer le téléchargement gratuit de la solution Microsoft pour leur usage personnel ainsi que l’accès à 350 tutoriels pour les aider à préparer leurs élèves au B2i.

Voir le billet L’influence de Microsoft à l’école n’est-elle pas disproportionnée ? sur le Framablog.

Le dispositif global mis en place autour de Microsoft Office Professionnel 2007 a donc servi à la fois aux enseignants (gain de temps, préparation des cours…) et aux élèves (traitement de texte, tableur, recherche sur Internet).

Voir le billet Le débat sur Windows Vista et MS Office 2007 à l’école aura-t-il lieu ? sur le Framablog.

Le communiqué s’achève sur deux témoignages :

« Nous avons pu constater que les enseignants et le personnel des établissements scolaires ont très bien perçu cette campagne ; ce qui a indéniablement permis d’augmenter la visibilité de cette solution proposée par Microsoft » précise Frédérique Dublanc, Directrice de clientèle chez Infoflash.

« Au-delà de la rapidité avec laquelle a été conçue cette campagne intégrée, il faut noter que c’est un des 1ers sites à avoir été développé en Silverlight, ce qui a permis la diffusion de l’offre Microsoft Office 2007 Professionnel pour les Enseignants mais aussi l’appropriation de nos technologies web » indique Simon Mouyal, Directeur de la communication PME-PMI de Microsoft France.

Bien vu le coup de Silverlight, soit dit en passant.

Difficile de reprocher quoi que ce soit à Infoflash qui s’exprime ici dans la culture et le vocable issus de son secteur professionnel, mais suis-je le seul à tiquer lorsque la « cible » est l’Éducation nationale et les « clients » ses enseignants ?




Quand Serge Soudoplatoff nous parle d’Internet

Quand Serge Soudoplatoff nous parle d’Internet (et des mutations organisationnelles qu’il engendre) c’est non seulement accessible au grand public mais c’est surtout tout à fait passionnant.

Très à l’aise devant son auditoire, Serge Soudoplatoff réussit la gageure de partir un peu dans tous les sens (avec exemples, citations et anecdotes à l’appui) tout en restant cohérent avec sa ligne directrice.

Une intervention de 45 minutes donnée le 4 juillet 2008 au CEDAP et intitulée : « Comment Internet change nos organisations »

—> La vidéo au format webm

Pour en savoir plus sur l’auteur, rendez-vous sur son blog et en attendant voici une courte et caustique présentation telle qu’elle apparait sur AgoraVox.

Serge Soudoplatoff est vraiment né le 27 décembre 1954 par une longue nuit d’hiver. Les loups hurlaient dans la steppe. Sa mère, bretonne, lui apporta le goût du beurre et son père, russe, celui de la vodka. Cela perdure.

Après des études très primaires, qui devinrent vite secondaires, c’est en passant à Paris dans la rue de la Montagne Ste Geneviève en septembre 1973 que, la porte étant ouverte, il entra par hasard dans une prestigieuse école française. A sa sortie, trois ans plus tard, il se dirigea vers la cartographie, confondant dessiner le monde et le changer. Après 5 ans de recherches et de voyages à l’Institut Géographique National, il décida de quitter le traitement de l’image pour s’intéresser à celui de la parole dans un centre de recherche français, et américain, d’un grand constructeur d’ordinateurs. Après 5 ans de voyages et de recherches à IBM, il décida que la parole à une dimension ne valait pas mieux que l’image à deux, et se résigna à ne plus traiter que des problèmes ponctuels, en devenant directeur d’un centre de recherche en informatique dans une grande SSII. Après 5 ans à Cap Gemini Innovation, il alla mettre en réseau le monde de la recherche et celui des entreprises dans une association, le Cercle pour les projets Innovants en Informatique. C’est là qu’il comprit le passage de l’information à l’innovation, l’articulation entre l’informatique et la sociologie et la psychologie.

Ceci le fit bizarrement atterrir à la direction de l’innovation de France Telecom, où il s’est employé pendant trois ans à rendre concrètes les profondes mutations qu’engendre le monde Internet.

Il a finalement décidé de se muter lui-même en devenant fondateur d’une entreprise en essaimage de France Telecom, Highdeal, puis en créant Almatropie, dédiée à convaincre de l’importance d’Internet.




Vivre sa vie ou l’enregistrer ? Telle est la question !

Put the camera down - SoupPour une fois ce n’est pas le couple Obama qui impressione sur la photo ci-contre[1]. Cliquez dessus pour voir… et vous constaterez peut-être avec moi que « quelque chose ne va pas ».

Qu’est-ce qui pousse tous ces gens à vivre les moments forts de leur vie à travers le prisme de leurs écrans ? Quelles conséquences cela peut-il bien avoir sur l’évènement fort en lui-même mais également à long terme sur la perception et les émotions de nos propres vies ? C’est le sujet du jour qui fait écho à l’émission radio Place de la Toile (France-Culture) du 23 janvier dernier intitulée Et si on se déconnectait ? dont je vous suggère la synthèse réalisée par Hubert Guillaud sur InternetActu.

Il est soudainement loin le temps où l’on se moquait gentiment des touristes japonais rivés à leur appareil photo…

La technologie, c’est formidable, mais n’en oublie-t-on pas de vivre ?

Technology is Great, but Are We Forgetting to Live?

Sarah Perez – 22 janvier 2009 – ReadWriteWeb
(Traduction Framalang : Don Rico et aKa)

Imaginez, vous êtes à un concert où votre groupe préféré monte sur scène pour la dernière fois. Ou bien vous assistez à la prestation de serment du Président Obama. Ou alors vous êtes simplement assis en famille devant le sapin de Noël, à regarder vos enfants ouvrir leurs cadeaux. Qu’êtes-vous en train de faire dans tous ces cas de figure ? Si vous êtes comme la plupart de nos contemporains, vous êtes sans doute en train de filmer la scène avec un gadget électronique d’un genre ou d’un autre, smartphone, appareil photo numérique ou camescope. Il se peut même que vous partagiez ce moment avec d’autres sur Twitter, Facebook ou FriendFeed.

Nos vies sur support numérique

Grâce à la technologie, nous pouvons graver pour toujours chaque moment de notre vie. Nous pouvons prendre des photos, y ajouter un commentaire et les partager aussitôt. Nous pouvons les archiver pour la postérité sur le Web intemporel. Et peut-être qu’un jour, nos arrière-arrière-petits-enfants retrouveront nos profils de réseaux sociaux dans les pages en cache d’Internet Archive et découvriront tout ce que nous avons voulu faire savoir au monde à notre sujet.

D’accord, c’est génial. C’est vraiment dingue. Mais qu’en est-il de nous, et du temps que nous avons passé à enregistrer ces moments ? Ne sommes-nous pas passés à côté de notre vie à trop vouloir la consigner ?

La technologie a accompli des tels progrès que l’utiliser n’exige presque plus aucun effort et nous l’intégrons dans notre vie comme jamais auparavant. Finie l’époque où l’ordinateur était une machine qui vous connectait à un réseau de pages au temps de chargement interminable. Non, le Web d’aujourd’hui, notre cerveau universel, tient dans la poche et est accessible de partout[2].

On peut aujourd’hui transférer nos photos (et même nos vidéos) directement de l’appareil au Web grâce à d’ingénieuses inventions telles que les cartes SD sans fil d’Eye-Fi, technologie qui fait de notre vie un flux constant d’informations destiné à remplir les pages omniprésentes d’une Toile en expansion permanente. Une Toile dont la création constitue peut-être le symbole des efforts fournis par l’humanité pour comprendre le concept de l’Univers, car de quelle manière décrira-t-on le Web de demain ? Comme une entité qui n’a ni début[3] ni fin, un dépôt d’archives en expansion continue recueillant la totalité de nos vies numériques.

On en oublie de vivre

Durant notre bref passage sur Terre, à force de vouloir consigner les moindres instants de notre vie, il se peut que nous en oubliions, de temps à autre en tout cas, comment vraiment profiter de la vie. Et pour profiter de la vie, n’en déplaise à certains, il faut se déconnecter, ranger son appareil photo, et pour une fois savourer l’instant.

Jane Maynard, de l’association Silicon Valley Moms (NdT : Mamans de la Silicon Valley), nous rappelle que de nos jours c’est un travers répandu qui ne concerne plus seulement les fous de technologie. Prenant l’exemple d’un concert où elle allait voir ses enfants jouer, elle décrit ce qui lui pose problème : « Les caméras. Je suis en face d’un dilemme. En voulant consigner les moments fabuleux que l’on vit, on néglige parfois la vraie vie. Comme lorsqu’on assiste au récital de piano de son enfant via l’écran LCD de son appareil et non directement. C’est un équilibre délicat à trouver auquel, j’en suis sûre, nous réfléchissons tous et sommes tous confrontés, surtout à notre époque du tout-numérique. Je me force parfois à ne pas sortir ma caméra, même si j’ai très envie d’enregistrer une scène, de façon à la vivre pleinement au moment où elle se produit. Ces moments-là, je ne les regrette jamais… mais ces considérations m’ont poussée à me poser des questions. Combien de fois me suis-je tellement focalisée sur l’idée de prendre la photo parfaite de mes enfants que j’en ai oublié complètement de profiter du moment présent ? »

Et si on se déconnectait ?

Définir ce qui mérite d’être enregistré et ou pas n’a rien de compliqué. Nous estimons automatiquement que ce sont les moments les plus importants, les plus sensationnels et les plus incroyables qu’il faut enregistrer. Mais ce sont pourtant ces moments-là qu’il vaut mieux savourer pleinement, en leur accordant notre entière attention.

Selon Martin Kelly, blogueur axé sur la religion, « à certains moments, il est bien plus important d’être présent que d’enregistrer quoi que soit ». (Il venait de s’étonner lui-même en regardant les photos floues qu’il avait estimé nécessaire de prendre lors d’un mariage, alors que la mariée s’avançait vers l’autel. Avec le recul, il s’agissait précisément du genre d’instant dont il aurait pu se passer de photographier.)

« Cessez de vouloir vivre votre vie par procuration. Vous êtes déjà là. Vous n’avez rien à prouver », déclare Kat Orphanides en regardant des spectateurs enregistrer un concert au lieu de profiter de la musique. En réalité, c’est plus facile à dire qu’à faire. Si vous avez déjà ressenti une sensation de manque technologique quand vous vous déconnectez du Web (comment ne pas envoyer un tweet pour raconter ce que je viens de voir ? Il faut absolument que je prenne ça en photo !), c’est que vous êtes à deux doigts de ne faire plus qu’un avec la machine. Il est peut-être temps de vous rappeler que vivre se suffit à soi-même… du moins parfois. Vous n’aurez peut-être pas d’archive des moments tous plus extraordinaires les uns que les autres que vous aurez vécu, mais votre vie n’en sera que plus satisfaisante.

Notes

[1] Crédit photo : Put the camera down and enjoy a moment for once

[2] Bien évidemment, ces constatations s’appliquent aux parties du monde où la technologie moderne, comme les smartphones et le haut-débit, sont banals. On n’a pas accès à ces machins partout dans les monde, je le sais.

[3] La toute première page Web se trouve ici, mais elle n’est désignée comme page « Web » que parce que des liens hypertextes la relient à d’autres pages à l’aide de balises html. Alors, était-ce vraiment la première ? Ou est-elle soudain apparue en même temps que les autres ? Est-ce vraiment le point d’origine du Web ?




Écrire à l’ère de la distraction permanente

Joi - CC byLe Framablog et ses traducteurs aiment bien de temps en temps sortir des sentiers battus du Libre pour modestement apporter quelques éléments de réflexion autour des changements comportementaux induits par les nouvelles technologies et le monde connecté.

Après Et si cela ne servait plus à rien de mémoriser et d’apprendre par coeur ? et Internet et Google vont-ils finir par nous abrutir ?, voici que nous vous proposons aujourd’hui un article de Cory Doctorow, que je tiens personnellement pour l’une des personnalités les plus intéressantes et influentes de la « culture libre », sur la difficulté non plus de lire mais d’écrire à l’aube de ce nouveau siècle.

En faire un peu tous les jours, savoir suspendre sa plume, ne pas effectuer de recherche, ne pas attendre les conditions parfaites, laisser tomber le traitement de texte, ne pas répondre aux sirènes des messageries instantanées (et autres réseaux sociaux), tels sont les conseils avisés de notre auteur[1] pour y remédier.

Que pensez-vous de ces quelques recommandations ? En apporteriez-vous d’autres ? Qu’est-ce qui nous permet d’échapper à la procrastination du travail rédactionnel qui s’éternise faute d’avoir su dire non aux sollicitations extérieures ? Les commentaires n’attendent que vous réponses… sauf si bien sûr, dans l’intervalle, vous avez le malheur de cliquer ailleurs 😉

Écrire à l’ère où tout est là pour nous distraire

Writing in the age of distraction

Cory Doctorow – 7 janvier 2008 – Locus Mag
(Traduction Framalang : Don Rico et Goofy)

Nous savons que nos lecteurs sont distraits, voire parfois submergés par les innombrables distractions qui se trouvent à portée de clic partout sur Internet, mais il va de soi que les rédacteurs sont tout autant confrontés à ce problème d’envergure, le monde foisonnant d’informations, de communication et de communautés tapis derrière notre écran, à portée des touches alt+tab de notre traitement de texte.

Le pire conseil sur l’écriture qu’on m’ait jamais donné était de me tenir à l’écart d’Internet, soi-disant que j’y perdrais du temps et que ça ne m’aiderait pas à écrire. C’était un conseil erroné du point de vue créatif, professionnel, artistique et personnel, mais je comprends bien ce qui avait incité cet écrivain à m’administrer une telle mise en garde. Régulièrement, quand je vois un site, un jeu ou un service nouveau, je ressens l’attraction irrésistible d’un trou noir de concentration : une activité chronophage prête à me prendre dans ses filets de distraction. Jeune papa impliqué qui écrit au moins un livre par an, une demi-douzaines d’articles par mois, au moins dix billets de blog par jour, auxquels s’ajoutent divers mini-romans, nouvelles et conférences, je suis bien placé pour savoir qu’on manque vite de temps et connaître les dangers de la distraction.

Mais l’Internet m’apporte beaucoup. Il nourrit ma créativité et mon esthétique, il me profite d’un point de vue professionnel et personnel, et pour chaque moment qu’il me vole, le plaisir que j’y prends me le rend au centuple. Je n’y renoncerai pas plus qu’à la littérature ou quelque autre vice délectable.

Je crois avoir réussi à trouver un équilibre grâce à quelques techniques simples que je perfectionne depuis des années. Il m’arrive toujours de me sentir lessivé et ivre d’infos, mais c’est rare. La plupart du temps, c’est moi qui ai la maîtrise de ma charge de travail et de ma muse. Voici comment je procède :

  • Des plages de travail courtes et régulières
    Lorsque je travaille à l’écriture d’une nouvelle ou d’un roman, je me fixe chaque jour un objectif modeste, en général une page ou deux, et je m’emploie à l’atteindre, ne faisant rien d’autre tant que je n’ai pas fini. Il n’est pas réaliste, ni souhaitable, de vouloir se couper du monde des heures durant, mais il est tout à fait possible de le faire pendant vingt minutes. En rédigeant une page par jour, je publie plus d’un livre par an, faites le calcul, et il est facile de trouver vingt minutes dans une journée, quelles que soient les circonstances. Vingt minutes, c’est un intervalle assez court pour être pris sur votre temps de sommeil ou votre pause déjeuner (même si cela ne doit pas devenir une habitude). Le secret, c’est de s’y astreindre tous les jours, week-end inclus, pour ne pas vous couper dans votre élan, et pour qu’entre deux séances de travail vos pensées puissent cheminer tranquillement jusqu’à la page du lendemain. Essayez de trouver un ou deux détails accrocheurs, ou un bon mot, à exploiter dans la page suivante, afin de savoir par où commencer lorsque vous vous installerez derrière votre clavier.
  • Ne vous arrêtez pas sur un travail fini
    Dès que vous atteignez votre objectif quotidien, arrêtez-vous. Même si vous êtes au beau milieu d’une phrase. Surtout si vous êtes au beau milieu d’une phrase, en fait. Ainsi, lorsque vous vous mettrez au travail le lendemain, vos cinq ou dix premiers mots seront déjà en place, ce qui vous donnera un petit coup de pouce pour vous lancer. Les tricoteuses laissent un bout de laine dépasser du dernier rang, afin de savoir où reprendre, une sorte de pense-bête. Les potiers, quant à eux, n’égalisent pas le pourtour de l’argile humide avant de la recouvrir de plastique pour la nuit, difficile de repartir sur une surface trop lisse.
  • N’effectuez aucune recherche
    Faire des recherches, ça n’est pas écrire, et vice-versa. Lorsque vous butez sur un point technique qu’une rapide recherche sur Google suffirait à éclaircir, abstenez-vous. Ne cédez pas à l’envie de chercher la longueur du pont de Brooklyn, le nombre d’habitants que compte de Rhode Island ou la distance qui sépare la Terre du Soleil. Ce serait alors la déconcentration assurée : une valse de clics sans fin qui transformerait vos vingt minutes de rédaction en une demi-journée à flâner sur le Web. Adoptez la méthode des journalistes (NdT : ces conseils s’adressent à des anglophones, pour le français il faudra bien sûr adapter) : tapez par exemple « TK » là où doit apparaître votre donnée, comme par exemple « Le pont de Brooklyn, d’un bout à l’autre de ses TK mètres, vacillait tel un cerf-volant." La graphie « TK » n’apparaissant que dans très peu de mots anglais (le seul sur lequel je sois tombé est « Atkins »), une recherche rapide de « TK » dans votre document suffira pour savoir si vous devez vérifier des détails techniques. Si vous en oubliez un, votre préparateur ou correcteur le repérera et vous le signalera.
  • Ne soyez pas trop à cheval sur vos conditions de travail
    N’écoutez pas ceux qui conseillent de créer l’atmosphère idéale pour attirer votre muse dans la pièce. Les bougies, la musique, le silence, le fauteuil confortable, la cigarette, attendre d’avoir couché les enfants… laissez tomber tout ça. Certes, il est agréable de se sentir à l’aise pour travailler, mais si vous vous persuadez que vous ne pouvez écrire que dans un monde parfait, vous vous retrouvez devant une double difficulté : trouver à la fois vingt minutes de libre et l’environnement idéal. Lorsque vous avez le temps, mettez-vous à votre clavier et écrivez. Vous pouvez bien tolérer le bruit/le silence/les enfants/l’inconfort/la faim pendant vingt minutes.
  • Éteignez votre traitement de texte
    Word, Google Docs et OpenOffice.org sont bardés d’une panoplie déconcertante de paramètres de mise en forme et de complétion automatique avec lesquelles vous pouvez passer votre temps à faire mumuse. Laissez tomber. Tout ça, c’est de la distraction, et ce qu’il faut absolument éviter, c’est que votre outil essaie de deviner ce que vous avez en tête, corrige votre orthographe, ou critique la construction de votre phrase, etc. Les programmeurs qui ont conçu votre traitement de texte passent leur journée à taper, tous les jours, et ils ont les moyens d’acheter ou de se procurer n’importe quel outil imaginable servant à entrer du texte dans un ordinateur. Et pourtant ils n’utilisent pas Word pour créer leur logiciel. Il se servent d’un éditeur de texte, comme vi, Emacs, TextPad, BBEdit, Gedit, et bien d’autres encore. Il s’agit là des outils les plus puissants, vénérables et fiables de l’histoire du logiciel (car ils sont au cœur de tous les autres logiciels), et ils ne comportent quasi aucune fonctionnalité susceptible de vous distraire ; en revanche, ils possèdent des fonctions chercher/remplacer très puissantes. Le plus gros avantage, c’est qu’un modeste fichier .txt peut être lu par presque toutes les applications présentes sur votre ordinateur, ou collé directement dans un courriel, sans risque de transmettre un virus.
  • Les outils de communication instantanée : à proscrire
    Ce qui nuit le plus à la concentration, c’est la présence sur votre ordinateur d’un écosystème d’applications intrusives : messagerie instantanée, alertes e-mail, alertes RSS, appels Skype, etc. Toute application exigeant que vous attendiez une réponse, même inconsciemment, accapare votre attention. Tout ce qui surgit sur votre écran pour vous annoncer un fait nouveau l’accapare aussi. Plus vous habituerez vos proches et amis à préférer les courriels, les forums et les technologies similaires qui vous permettent de choisir la plage de temps à consacrer à vos conversations au lieu d’exiger votre attention immédiatement, plus vous réussirez à vous ménager vos vingt minutes. En cas de besoin, vous pouvez prévoir une conversation, par VoIP, texte ou vidéo, mais laisser votre messagerie instantanée allumée revient à vous mettre au travail avec sur votre bureau un panneau géant DÉCONCENTREZ-MOI, du genre qui brille au point d’être visible du monde entier.

Je ne prétends pas être l’inventeur de ces techniques, mais grâce à elles je peux profiter pleinement du XXIème siècle.

Notes

[1] Crédit photo : Joi (Creative Commons By)




L’Angleterre se pose la question du Libre dans l’éducation

Superbomba - CC by-saAprès Barack Obama et l’Open Source, voici une autre traduction émanant de la BBC, autour du Libre et l’éducation cette fois.

C’est un plaisir non dissimulé de voir un tel grand média s’intéresser à la question et lui donner ainsi un fort coup de projecteur dans l’opinion (avec analyses, témoignages, perspectives… du vrai travail de journaliste en somme, tout simplement). Mais c’est également une belle satisfaction de constater la maturité du discours et de l’évaluation du logiciel libre chez la Perfide Albion[1].

Il me tarde de voir pareille situation traverser la Manche. Puissent tous les articles connexes de ce blog modestement y contribuer…

La question du Libre dans l’éducation

Open source question for schools

Andrew Miller – 26 janvier – BBC News
(Traduction Framalang : Daria, Olivier, Don Rico)

Andrew Miller se demande si les logiciels Open Source ne pourraient pas aider les écoles à mieux gérer leur budget.

Au salon British Education Training and Technology, BETT 2009, un rapide coup d’œil suffisait pour se convaincre, par la dimension de l’évènement, que les technologies de l’éducation bénéficient d’un budget plus que conséquent.

Sachant que les logiciels Open Source disponibles gratuitement et librement couvrent l’essentiel des exigences du programme national, on peut se demander pourquoi les écoles n’y ont pas plus recours, avec une économie potentielle de plusieurs millions de livres à la clé.

Comme leur nom le suggère, les logiciels Open Source sont des logiciels communautaires et leur code source est ouvert à tous. N’importe qui peut modifier le logiciel selon ses besoins et ensuite partager ces modifications avec tout le monde.

En entendant parler de logiciel Open Source, nombreux sont ceux qui pensent Linux – le système d’exploitation alternatif disponible sous différentes distributions comme Ubuntu, openSUSE ou Fedora.

Linux propulse les serveurs depuis longtemps, mais l’Open Source touche à toutes sortes de projets. Le navigateur Web Firefox et la suite bureautique OpenOffice en sont de bons exemples.

Promotion ouverte

Dans le secteur de l’éducation, seule une poignée de technophiles, agissant de leur propre initiative, font la promotion des logiciels Open Source et les utilisent pour employer au mieux leur budget technologie.

Les critiques accusent Becta – une agence gouvernementale qui supervise les acquisitions de toutes les technologies pour les écoles – de n’avoir pas assez œuvré à la promotion des logiciels Open Source.

Peter Hughes, responsable des accords d’acquisition au Becta, a assuré à la BBC que Becta sera plus actif dans ce sens.

« En tant qu’organisation, on nous a principalement reproché de ne pas avoir présenté comme il se devait les solutions Open Source et de trop favoriser les solutions propriétaires, comme celles de Microsoft. Nous avons tenu compte de ces critiques et, dans l’exercice de nos conseils en matière de stratégie et de distribution de la technologie dans l’éducation, nous avons tenté de rester impartiaux dans les avis que nous émettons pour aider les écoles à faire les meilleurs choix », a-t-il indiqué.

Fin 2008, le Becta a collaboré avec l’organisation gouvernementale des services d’acquisition OGCBuying.Solutions pour approuver 12 fournisseurs, lesquels ont en commun la capacité à équiper les écoles avec des logiciels Open Source.

Le Becta considère la désignation de Sirius comme un « grand pas en avant » et comme un message envoyé à la communauté : « Nous prenons les logiciels Open Source au sérieux ».

John Spencer, chef du développement commercial de Sirius, a confié à la BBC que l’Open Source est encore trop méconnu, pas seulement dans les écoles, et que Linux souffre d’un problème d’image.

« Beaucoup d’établissements scolaires sont restés bloqués en l’an 2000, quand il est devenu évident que la connaissance de l’outil informatique deviendrait une nécessité, mais depuis ils n’ont rien fait. Ils ont peur d’avancer en terrain inconnu, et il ne s’agit pas seulement de Linux mais également de Vista et d’Office 2007. Les bons professeurs chercheront toujours à aller de l’avant mais ils sont si occupés qu’ils préfèrent souvent s’en tenir à ce qu’ils connaissent », a précisé Mr. Spencer.

Sirius a déjà installé des logiciels libres dans beaucoup d’établissements au Royaume-Uni.

Dans le cadre d’un projet mené à Twickenham, on autorise les portables et ultra-portables appartenant à l’établissement ou aux élèves à démarrer sur le réseau pour leur donner accès aux fichiers et aux programmes dont ils ont besoin.

« Le réseau coûte moitié moins que ce que RM peut proposer et les économies d’énergie réalisées permettent au système de s’autofinancer en moins de 3 ans », affirme Mr. Spencer

Le temps de la compétition

Une autre initiative du Becta est centrée sur le site opensourceschools.org.uk, lancé fin 2008. Il a pour objectif de fournir des informations essentielles et des conseils aux professeurs pour une bonne utilisation des logiciels Open Source.

Cependant, le Becta émet quelques réserves.

« Nous voulons que les professeurs se rendent compte qu’ils peuvent, et doivent, considérer les logiciels Open Source comme une alternative solide », a déclaré Mr. Hughes.

« Les établissements doivent malgré tout bien se renseigner. Les mises en garde à l’égard de l’Open Source sont aussi nombreuses qu’à l’égard des logiciels propriétaires. »

Et que pensent les grosses entreprises informatiques des logiciels Open Source qui marchent sur leurs plate-bandes ?

Steve Beswick, le directeur de l’éducation pour Microsoft Royaume-Uni, a déclaré à la BBC que même si les logiciels Open Source peuvent, sur la valeur nominale, permettre des économies, il faut se méfier des coûts cachés, pécuniaires et autres.

« Beaucoup de monde est habitué à utiliser les outils Microsoft, et il faut donc re-former les gens à l’utilisation des solutions Open Source, ce qui peut avoir un coût élevé », affirme-t-il.

« Pour faire le bon choix, les établissements colaires et les universités doivent avoir toutes les informations en main. »

M. Beswick a prétendu que Microsoft n’est pas opposé à l’Open Source, et cite leur « engagement en faveur l’interopérabilité » démontré par le support du format Open Document Format dans le Service Pack 2 d’Office 2007.

Il a aussi mentionné le travail que Microsoft a réalisé en acquérant IIS, son logiciel de serveur phare, pour travailler avec le langage PHP.

Le ministre de l’Éducation, Jim Knight, s’est fait l’écho du point de vue de Becta. Dans une déclaration, il a annoncé : « Les établissements scolaires et les universités doivent maîtriser les tenants et les aboutissants du problème pour faire le bon choix – qu’il se porte vers l’Open Source ou le propriétaire –, et doivent être conscients du coût total de la solution adoptée, en n’oubliant pas le support à long terme et la formation. Je pense que c’est le rôle du Becta de travailler avec les fournisseurs de logiciels, aussi bien Open Source que propriétaires, afin que les écoles et universités puissent tirer au mieux parti des logiciels pour appuyer l’enseignement et l’apprentissage. »

Et du côté de la communauté Open Source alors ?

Gerry Gavigan, le président du consortium Open Source, a dit à la BBC que l’adoption des logiciels Open Source ne pouvait que passer par un changement des mentalités.

« Les coûts de la formation continue ne disparaissent pas simplement grâce au passage des logiciels propriétaires aux logiciels gratuits et Open Source. En revanche, les coûts associés aux formations induites par les mises à niveau encouragées ou forcées par une tierce partie ne sont plus d’actualité », a-t-il indiqué.

On parle aussi fréquemment du problème du verrouillage technologique, une des explications principales, pour les défenseurs de l’Open Source, à la domination prolongée de Windows.

« L’un des paramètres qui n’est pas toujours pris en compte dans le calcul des contrats d’achat de logiciels sont les coûts à long terme résultant des licences ou du verrouillage technologique », a déclaré Mr. Gavigan.

Mr. Gavigan admet que la gratuité des logiciels Open Source leur a parfois nui.

« Annoncer que vous avez essayé de régler un problème en dépensant des sommes faramineuses a plus d’impact sur votre public que de dire que vous avez utilisé une solution gratuite. D’après une croyance malheureuse, si ça ne coûte rien, ça ne vaut rien », a-t-il déploré.

Le monde connecté

Quoiqu’il en soit, certaines écoles se mettent aux logiciels Open Source. Le lycée Highworth, à Ashford, propose à la fois des logiciels propriétaires et des logiciels Open Source à ses étudiants.

L’administrateur réseau de l’école, Marc Blake, a confié que bien qu’il soit important que les élèves connaissent des alternatives à Windows, il convient de reconnaître qu’ils vivent dans un monde dominé par Microsoft.

Mais il a annoncé à la BBC que d’importantes économies pourraient être réalisées en utilisant des alternatives Open Source.

« Nous proposons à la fois Office 2003 et OpenOffice, de sorte que les clients aient le choix. J’estime que 98% des clients choisissent Microsoft Office à la place d’OpenOffice, mais au moins ce choix existe », a précisé Mr. Blake.

« La seule mise à jour vers Office 2007 de toute l’école nous coûterait environ 27000£, mais ce montant n’inclut pas le coût de remise à niveau des utilisateurs ni les mises à jour des documents associés ou du matériel pédagogique. Acquérir l’équivalent de Moodle (logiciel libre d’e-apprentissage) pour nos 1200 étudiants nous aurait coûter plus de 3000£ par an. Pour ce prix-là on n’a pas le support professionnel, mais si on est prêt à faire ce sacrifice, c’est beaucoup d’argent économisé », a-t-il ajouté.

Avant d’adopter Linux, Mr. Blake s’inquiétait de la compatibilité de certaines des plus récentes technologies du Web. Ses inquiétudes se sont envolées puisque son établissement a maintenant plusieurs Asus EeePC fonctionnant sous Linux qui sont utilisés majoritairement pour les projets Web 2.0.

Cette année au BETT, un nombre non négligeable de logiciels pédagogiques ont fait le grand saut vers le Web 2.0 pour s’assurer une compatibilité avec toutes les plateformes.

L’utilisation de l’Open Source pourrait permettre aux écoles de réaliser d’importantes économies, mais cela implique un gros investissement en temps, en recherche et en formation. Mais allier logiciels commerciaux et logiciels Open Source, comme le fait le lycée Highworth, peut permettre une réduction des coûts tout en donnant le choix aux étudiants.

Voilà un bon point à faire figurer sur le bulletin scolaire des écoles.

Notes

[1] Crédit photo : Superbomba (Creative Commons By-Sa)




VoD : l’interopérabilité selon TF1

J - CC by-saCe billet d’humeur aurait pu s’intituler « TF1 Vision : parcours du combattant », ou « TF1 Vision / Microsoft, descente aux enfers d’un candide linuxien », et pour développer je vais vous conter les déboires que m’a valu mon addiction aux séries TV.

Plantons le décor. Je n’ai pas la télé et je ne regarde que des DVDs, notamment des séries. Parmi ces séries, il y a LOST, et récemment, j’ai découvert que la saison 5 était disponible sur TF1 Vision, le site de vidéo à la demande (ou VoD) de TF1. Enthousiaste, je me voyais déjà passer quelques soirées à me repaître de vidéos. C’était sans compter sur les efforts conjugués de TF1 et de Microsoft[1] pour me mettre des bâtons dans les roues…

L’autre soir, donc, je m’installe derrière mon PC dans l’idée de télécharger deux épisodes de LOST. Le site de TF1 Vision passe bien sous Ubuntu Hardy, malgré une architecture truffée d’éléments en Flash, et l’inscription au service se déroule sans accroc. Mais lorsqu’on arrive sur la page de téléchargement, ça se gâte.

Un assistant de vérification de compatibilité m’annonce que mon système d’exploitation n’est pas pris en charge :

  1. Système d’exloitation : Votre système d’exploitation est incompatible avec notre service. Nos contenus sont accessibles sous Windows XP uniquement.
  2. Navigateur Internet
  3. Lecteur vidéo
  4. Activation des cookies

Copie d'écran - TF1 Vision

Qu’ils n’aient pas pensé à GNU/Linux ne m’étonne guère, mais qu’en est-il de Mac, qui est quand même en train de tailler de sérieuses croupières à Microsoft ? Le service commercial de TF1 devrait se tenir au courant de l’actualité informatique : Apple avait atteint début 2008 les 4% de part de marché en France et bénéficie depuis d’une progression fulgurante, GNU/Linux reste marginal mais connaît un succès croissant, et arrive en bonne place sur les mini-PC. Étrange de se couper ainsi de dizaines de milliers de clients potentiels…

Ayant gardé une partition sous XP au cas où l’on me confierait une traduction nécessitant un programme n’existant que pour Windows, je reboote et retourne sur le site de TF1 Vision. De retour sur la page de téléchargement, je clique sur le teaser de la saison 5 de LOST, pour un essai gratuit (pas fou, non plus…).

Ce qui donne alors :

  1. Système d’exloitation : OK
  2. Navigateur Internet : Votre navigateur Internet est incompatible avec notre service. Nos contenus sont accessibles avec Internet Exporer 6.0 ou plus.
  3. Lecteur vidéo
  4. Activation des cookies

Copie d'écran - TF1 Vision

Firefox n’est pas pris en charge. Apparemment, Safari, Chrome et Opera non plus. Pour TF1, c’est IE ou rien. Là encore, les concepteurs du site et les types du service commercial sont en retard de quelques années. Ignorent-ils que Firefox représente 25% de parts de marché en France, que Safari et Opera représentent malgré tout un nombre non négligeable d’utilisateurs ?

Désirant pousser le vice jusqu’au bout, je ferme Firefox et ouvre Internet Explorer 7. Encore une fois, ça coince :

  1. Système d’exloitation : OK
  2. Navigateur Internet : OK
  3. Lecteur vidéo : La version de votre lecteur vidéo est incompatible avec notre service. Nos contenus sont accessibles avec Windows Media 10 ou plus.
  4. Activation des cookies

Copie d'écran - TF1 Vision

N’en ayant pas l’utilité, je n’avais pas installé WMP version 11. Bien entendu, nulle mention d’un autre lecteur, même propriétaire. Il est pourtant loin le temps où Windows Media Player régnait sur le marché des lecteurs multimédia. Quicktime, ne serait que pour le streaming, ou VLC et Miro,comptent un bon paquet d’utilisateurs.

En tant qu’utilisateur de Linux, et même en tant qu’ancien utilisateur de Windows XP, je suis révolté qu’on ne me laisse aucun choix pour les programmes à utiliser. Comble de malchance, un bug de Windows Media Player m’a empêché de voir le fichier téléchargé à grand peine.

Avouez que l’on fait mieux comme expérience utilisateur. Certes, je n’attendais pas de TF1 qu’elle publie ses vidéos au format Ogg et sous licence Creative Commons, mais en arriver à un tel point de mépris de l’interopérabilité est attérant. Pour une entreprise commerciale, se couper d’une part grandissante des consommateurs est par ailleurs une stratégie pour le moins singulière. Mais TF1 n’est hélas pas la seule, de nombreux sites ou plateformes de téléchargement ne respectant pas les standards et l’interopérabilité, Apple et iTunes en tête.

Comment faire lorsqu’on est utilisateur de Linux, que l’on utilise Firefox ou Epiphany pour l’Internet et Totem ou VLC pour le multimédia ? Lorsqu’on est utilisateur de Mac et qu’on utilise Safari et Quicktime, sans parler de logiciels libres ? Et même lorsqu’on est sous Windows mais qu’on préfère surfer avec Firefox ou Opera, et lire ses fichiers vidéo avec VLC ou Miro ?

A-t-on alors d’autre choix que l’abstinence ou le téléchargement illégal lorsqu’on est utilisateur de Linux ? En ce qui me concerne, j’ai une furieuse envie d’installer eMule ou d’aller traîner sur The Pirate Bay… Les entreprises privées qui sont les premières à diaboliser le téléchargement illégal devraient peut-être d’abord faire sauter les verrous (au lieu d’en rajouter, on a vu la pirouette qu’a dû exécuter Apple face à l’ineptie et à l’impopularité des DRM) qui empêchent bon nombre d’entre nous d’accéder à leurs services.

Notes

[1] Crédit photo : J (Creative Commons By-Sa)