Résistons à la pub sur Internet #bloquelapubnet

Aujourd’hui Framasoft (parmi d’autres) montre son soutien à l’association RAP (Résistance à l’Agression Publicitaire) ainsi qu’à la Quadrature du Net qui lancent une campagne de sensibilisation et d’action pour lutter contre les nuisances publicitaires non-consenties sur Internet.

#BloquelapubNet : un site pour expliquer comment se protéger

Les lectrices et lecteurs de ce blog sont probablement déjà équipé⋅e⋅s de bloqueurs de pub et autres dispositifs de filtrage. Il faut dire que le tracking publicitaire est un des outils essentiels aux  géants du web, à tel point qu’ils nous créent une dystopie histoire que des gens cliquent sur des pubs, et ce malgré des initiatives se voulant respectueuses comme celle de NextINpact ou trollesques comme notre Framadsense.

Cliquez sur l’image pour aller directement sur bloquelapub.net

Si vous, vous savez comment vous prémunir de cette pollution informationnelle… avez-vous déjà songé à aider vos proches, collègues et connaissances ? C’est compliqué de tout bien expliquer avec des mots simples, hein ? C’est justement à ça que sert le site bloquelapub.net  : un tutoriel à suivre qui permet, en quelques clics, d’apprendre quelques gestes essentiels pour notre hygiène numérique. Voilà un site utile, à partager et communiquer autour de soi avec enthousiasme, sans modération et accompagné du mot clé #bloquelapubnet !

Pourquoi bloquer ? – Le communiqué

Nous reproduisons ci dessous le communiqué de presse des associations Résistance à l’Agression Publicitaire et La Quadrature du Net.

Internet est devenu un espace prioritaire pour les investissements des publicitaires. En France, pour la première fois en 2016, le marché de la publicité numérique devient le « premier média investi sur l’ensemble de l’année », avec une part de marché de 29,6%, devant la télévision. En 2017, c’est aussi le cas au niveau mondial. Ce jeune « marché » est principalement capté par deux géants de la publicité numérique. Google et Facebook. Ces deux géants concentrent à eux seuls autour de 50% du marché et bénéficient de la quasi-totalité des nouveaux investissements sur ce marché. « Pêché originel d’Internet », où, pour de nombreuses personnes et sociétés, il demeure difficile d’obtenir un paiement monétaire direct pour des contenus et services commerciaux et la publicité continue de s’imposer comme un paiement indirect.

Les services vivant de la publicité exploitent le « temps de cerveau disponible » des internautes qui les visitent, et qui n’en sont donc pas les clients, mais bien les produits. Cette influence est achetée par les annonceurs qui font payer le cout publicitaire dans les produits finalement achetés.

La publicité en ligne a plusieurs conséquences : en termes de dépendance vis-à-vis des annonceurs et des revenus publicitaires, et donc des limites sur la production de contenus et d’information, en termes de liberté de réception et de possibilité de limiter les manipulations publicitaires, sur la santé, l’écologie…

En ligne, ces problématiques qui concernent toutes les publicités ont de plus été complétées par un autre enjeu fondamental. Comme l’exprime parfaitement Zeynep Tufekci, une chercheuse turque, « on a créé une infrastructure de surveillance dystopique juste pour que des gens cliquent sur la pub ». De grandes entreprises telles que Google, Facebook et d’autres « courtiers en données » comme Criteo ont développés des outils visant à toujours mieux nous « traquer » dans nos navigations en ligne pour nous profiler publicitairement. Ces pratiques sont extrêmement intrusives et dangereuses pour les libertés fondamentales.

L’Europe dispose pourtant désormais d’un règlement qui devrait mettre majoritairement fin à cette exploitation de nos données personnelles. En vertu du règlement général pour la protection des données RGPD, la plupart de ces pratiques de collecte de données personnelles en ligne devraient reposer sur un consentement libre et éclairé. Sinon, ces pratiques sont illégales. C’est sur ce fondement que La Quadrature du Net a porté plainte collectivement contre les 5 géants du numérique. Si le RGPD est rentré en application récemment et que ces plaintes collectives prennent du temps, la CNIL française a déjà agi sur des questionnements similaires, et a même, lundi 22 janvier 2019, commencé à sanctionner Google à une amende de 50 millions d’euros s’agissant de ces pratiques relatives à Android.

Il est plus temps que cette législation soit totalement respectée et que les publicitaires cessent de nous espionner en permanence en ligne.

 

Un sondage BVA-La Dépêche de 2018, révélait que 77% des Français·es se disent inquiet·es de l’utilisation que pouvaient faire des grandes entreprises commerciales de leurs données numériques personnelles. 83% des Français·es sont irrité·es par la publicité en ligne selon un sondage de l’institut CSA en mars 2016 et « seulement » 24% des personnes interrogées avaient alors installé un bloqueur de publicité.

 

Le blocage de la publicité en ligne apparait comme un bon outil de résistance pour se prémunir de la surveillance publicitaire sur Internet. Pour l’aider à se développer, nos associations lancent le site Internet :

http://bloquelapub.net

Plusieurs opérations collectives ou individuelles de sensibilisation et blocages de la publicité auront lieu sur plusieurs villes du territoire français et sur Internet peu de temps avant et le jour du 28 janvier 2019, journée européenne de la « protection des données personnelles ». Le jour rêvé pour s’opposer à la publicité en ligne qui exploite ces données !

 

RAP et La Quadrature du Net demandent :

  • Le respect de la liberté de réception dans l’espace public et ailleurs, le droit et la possibilité de refuser d’être influencé par la publicité,
  • Le strict respect du règlement général pour la protection des données et l’interdiction de la collecte de données personnelles à des fins publicitaires sans le recueil d’un consentement libre (non-conditionnant pour l’accès au service), explicite et éclairé où les paramètres les plus protecteurs sont configurés par défaut. Les sites Internet et services en ligne ne doivent par défaut collecter aucune information à des fins publicitaires sans que l’internaute ne les y ait expressément autorisés.

 

Rendez-vous sur bloquelapub.net et sur Internet toute la journée du 28 janvier 2019

 

Les associations soutiens de cette mobilisation : Framasoft, Le CECIL, Globenet, Le Creis-Terminal




Pour un Web frugal ?

Sites lourds, sites lents, pages web obèses qui exigent pour être consultées dans un délai raisonnable une carte graphique performante, un processeur rapide et autant que possible une connexion par fibre optique… tel est le quotidien de l’internaute ordinaire.

Nul besoin de remonter aux débuts du Web pour comparer : c’est d’une année sur l’autre que la taille moyenne des pages web s’accroît désormais de façon significative.

Quant à la consommation en énergie de notre vie en ligne, elle prend des proportions qui inquiètent à juste titre : des lointains datacenters aux hochets numériques dont nous aimons nous entourer, il y a de quoi  se poser des questions sur la nocivité environnementale de nos usages collectifs et individuels.

Bien sûr, les solutions économes à l’échelle de chacun sont peut-être dérisoires au regard des gigantesques gaspillages d’un système consumériste insatiable et énergivore.

Cependant nous vous invitons à prendre en considération l’expérience de l’équipe barcelonaise de Low-Tech Magazine dont nous avons traduit pour vous un article. Un peu comme l’association Framasoft l’avait fait en ouverture de la campagne dégooglisons… en se dégooglisant elle-même, les personnes de Low-tech Magazine ont fait de leur mieux pour appliquer à leur propre site les principes de frugalité qu’elles défendent : ce ne sont plus seulement les logiciels mais aussi les matériels qui ont fait l’objet d’une cure d’amaigrissement au régime solaire.

En espérant que ça donnera des idées à tous les bidouilleurs…

article original : How to build a Low-tech website
Traduction Framalang : Khrys, Mika, Bidouille, Penguin, Eclipse, Barbara, Mannik, jums, Mary, Cyrilus, goofy, simon, xi, Lumi, Suzy + 2 auteurs anonymes

Comment créer un site web basse technologie

Low-tech Magazine a été créé en 2007 et n’a que peu changé depuis. Comme une refonte du site commençait à être vraiment nécessaire, et comme nous essayons de mettre en œuvre ce que nous prônons, nous avons décidé de mettre en place une version de Low Tech Magazine en basse technologie, auto-hébergée et alimentée par de l’énergie solaire. Le nouveau blog est conçu pour réduire radicalement la consommation d’énergie associée à l’accès à notre contenu.

le hardware qui faisait tourner la première version du site allégé
Premier prototype du serveur alimenté à l’énergie solaire sur lequel tourne le nouveau site.


* Voir cet article (en anglais) dans une version frugale donc moins énergivore


Pourquoi un site web basse technologie ?

On nous avait dit qu’Internet permettrait de « dématérialiser » la société et réduire la consommation d’énergie. Contrairement à cette projection, Internet est en fait lui-même devenu un gros consommateur d’énergie de plus en plus vorace. Selon les dernières estimations, le réseau tout entier représente 10 % de la consommation mondiale d’électricité et la quantité de données échangées double tous les deux ans.

Pour éviter les conséquences négatives d’une consommation énergivore, les énergies renouvelables seraient un moyen de diminuer les émissions des centres de données. Par exemple, le rapport annuel ClickClean de Greenpeace classe les grandes entreprises liées à Internet en fonction de leur consommation d’énergies renouvelables.

Cependant, faire fonctionner des centres de données avec des sources d’énergie renouvelables ne suffit pas à compenser la consommation d’énergie croissante d’Internet. Pour commencer, Internet utilise déjà plus d’énergie que l’ensemble des énergies solaire et éolienne mondiales. De plus, la réalisation et le remplacement de ces centrales électriques d’énergies renouvelables nécessitent également de l’énergie, donc si le flux de données continue d’augmenter, alors la consommation d’énergies fossiles aussi.

Cependant, faire fonctionner les centres de données avec des sources d’énergie renouvelables ne suffit pas à combler la consommation d’énergie croissante d’Internet.

Enfin, les énergies solaire et éolienne ne sont pas toujours disponibles, ce qui veut dire qu’un Internet fonctionnant à l’aide d’énergies renouvelables nécessiterait une infrastructure pour le stockage de l’énergie et/ou pour son transport, ce qui dépend aussi des énergies fossiles pour sa production et son remplacement. Alimenter les sites web avec de l’énergie renouvelable n’est pas une mauvaise idée, mais la tendance vers l’augmentation de la consommation d’énergie doit aussi être traitée.

Des sites web qui enflent toujours davantage

Tout d’abord, le contenu consomme de plus en plus de ressources. Cela a beaucoup à voir avec l’importance croissante de la vidéo, mais une tendance similaire peut s’observer sur les sites web.

La taille moyenne d’une page web (établie selon les pages des 500 000 domaines les plus populaires) est passée de 0,45 mégaoctets en 2010 à 1,7 mégaoctets en juin 2018. Pour les sites mobiles, le poids moyen d’une page a décuplé, passant de 0,15 Mo en 2011 à 1,6 Mo en 2018. En utilisant une méthode différente, d’autres sources évoquent une moyenne autour de 2,9 Mo en 2018.

La croissance du transport de données surpasse les avancées en matière d’efficacité énergétique (l’énergie requise pour transférer 1 mégaoctet de données sur Internet), ce qui engendre toujours plus de consommation d’énergie. Des sites plus « lourds » ou plus « gros » ne font pas qu’augmenter la consommation d’énergie sur l’infrastructure du réseau, ils raccourcissent aussi la durée de vie des ordinateurs, car des sites plus lourds nécessitent des ordinateurs plus puissants pour y accéder. Ce qui veut dire que davantage d’ordinateurs ont besoin d’être fabriqués, une production très coûteuse en énergie.

Être toujours en ligne ne fait pas bon ménage avec des sources d’énergies renouvelables telles que l’éolien ou le solaire, qui ne sont pas toujours disponibles.

La deuxième raison de l’augmentation de la consommation énergétique d’Internet est que nous passons de plus en plus de temps en ligne. Avant l’arrivée des ordinateurs portables et du Wi-Fi, nous n’étions connectés au réseau que lorsque nous avions accès à un ordinateur fixe au bureau, à la maison ou à la bibliothèque. Nous vivons maintenant dans un monde où quel que soit l’endroit où nous nous trouvons, nous sommes toujours en ligne, y compris, parfois, sur plusieurs appareils à la fois.

Un accès Internet en mode « toujours en ligne » va de pair avec un modèle d’informatique en nuage, permettant des appareils plus économes en énergie pour les utilisateurs au prix d’une dépense plus importante d’énergie dans des centres de données. De plus en plus d’activités qui peuvent très bien se dérouler hors-ligne nécessitent désormais un accès Internet en continu, comme écrire un document, remplir une feuille de calcul ou stocker des données. Tout ceci ne fait pas bon ménage avec des sources d’énergies renouvelables telles que l’éolien ou le solaire, qui ne sont pas disponibles en permanence.

Conception d’un site internet basse technologie

La nouvelle mouture de notre site répond à ces deux problématiques. Grâce à une conception simplifiée de notre site internet, nous avons réussi à diviser par cinq la taille moyenne des pages du blog par rapport à l’ancienne version, tout en rendant le site internet plus agréable visuellement (et plus adapté aux mobiles). Deuxièmement, notre nouveau site est alimenté à 100 % par l’énergie solaire, non pas en théorie, mais en pratique : il a son propre stockage d’énergie et sera hors-ligne lorsque le temps sera couvert de manière prolongée.

Internet n’est pas une entité autonome. Sa consommation grandissante d’énergie est la résultante de décisions prises par des développeurs logiciels, des concepteurs de site internet, des départements marketing, des annonceurs et des utilisateurs d’internet. Avec un site internet poids plume alimenté par l’énergie solaire et déconnecté du réseau, nous voulons démontrer que d’autres décisions peuvent être prises.

Avec 36 articles en ligne sur environ une centaine, le poids moyen d’une page sur le site internet alimenté par énergie solaire est environ cinq fois inférieur à celui de la version précédente.

Pour commencer, la nouvelle conception du site va à rebours de la tendance à des pages plus grosses. Sur 36 articles actuellement en ligne sur environ une centaine, le poids moyen d’une page sur le site internet alimenté par énergie solaire est 0,77 Mo – environ cinq fois inférieur à celui de la version précédente, et moins de la moitié du poids moyen d’une page établi sur les 500 000 blogs les plus populaires en juin 2018.


Ci-dessous : un test de vitesse d’une page web entre l’ancienne et la nouvelle version du magazine Low-Tech. La taille de la page a été divisée par plus de six, le nombre de requêtes par cinq, et la vitesse de téléchargement a été multipliée par dix. Il faut noter que l’on n’a pas conçu le site internet pour être rapide, mais pour une basse consommation d’énergie. La vitesse aurait été supérieure si le serveur avait été placé dans un centre de données et/ou à une position plus centrale de l’infrastructure d’Internet.

Source : Pingdom

Ci-dessous sont détaillées plusieurs des décisions de conception que nous avons faites pour réduire la consommation d’énergie. Des informations plus techniques sont données sur une page distincte. Nous avons aussi libéré le code source pour la conception de notre site internet.

Site statique

Un des choix fondamentaux que nous avons faits a été d’élaborer un site internet statique. La majorité des sites actuels utilisent des langages de programmation côté serveur qui génèrent la page désirée à la volée par requête à une base de données. Ça veut dire qu’à chaque fois que quelqu’un visite une page web, elle est générée sur demande.

Au contraire, un site statique est généré une fois pour toutes et existe comme un simple ensemble de documents sur le disque dur du serveur. Il est toujours là, et pas seulement quand quelqu’un visite la page. Les sites internet statiques sont donc basés sur le stockage de fichiers quand les sites dynamiques dépendent de calculs récurrents. En conséquence, un site statique nécessite moins de puissance de calcul, donc moins d’énergie.

Le choix d’un site statique nous permet d’opérer la gestion de notre site de manière économique depuis notre bureau de Barcelone. Faire la même chose avec un site web généré depuis une base de données serait quasiment impossible, car cela demanderait trop d’énergie. Cela présenterait aussi des risques importants de sécurité. Bien qu’un serveur avec un site statique puisse toujours être piraté, il y a significativement moins d’attaques possibles et les dommages peuvent être plus facilement réparés.

exemple d’images traitées pour en réduire le poids, elles sont monochromes et d’une définition dégradée
Images optimisées pour en réduire le « poids »

Le principal défi a été de réduire la taille de la page sans réduire l’attractivité du site. Comme les images consomment l’essentiel de la bande passante il serait facile d’obtenir des pages très légères et de diminuer l’énergie nécessaire en supprimant les images, en réduisant leur nombre ou en réduisant considérablement leur taille. Néanmoins, les images sont une part importante de l’attractivité de Low-tech Magazine et le site ne serait pas le même sans elles.

Par optimisation, on peut rendre les images dix fois moins gourmandes en ressources, tout en les affichant bien plus largement que sur l’ancien site.

Nous avons plutôt choisi d’appliquer une ancienne technique de compression d’image appelée « diffusion d’erreur ». Le nombre de couleurs d’une image, combiné avec son format de fichier et sa résolution, détermine la taille de cette image. Ainsi, plutôt que d’utiliser des images en couleurs à haute résolution, nous avons choisi de convertir toutes les images en noir et blanc, avec quatre niveaux de gris intermédiaires.

Ces images en noir et blanc sont ensuite colorées en fonction de la catégorie de leur contenu via les capacités de manipulation d’image natives du navigateur. Compressées par ce module appelé dithering, les images présentées dans ces articles ajoutent beaucoup moins de poids au contenu ; par rapport à l’ancien site web, elles sont environ dix fois moins consommatrices de ressources.

Police de caractère par défaut / Pas de logo

Toutes les ressources chargées, y compris les polices de caractères et les logos, le sont par une requête supplémentaire au serveur, nécessitant de l’espace de stockage et de l’énergie. Pour cette raison, notre nouveau site web ne charge pas de police personnalisée et enlève toute déclaration de liste de polices de caractères, ce qui signifie que les visiteurs verront la police par défaut de leur navigateur.

une page du magazine l’image d’illustration est rouge, le fond est jaune, aucun logo n’est ajouté, l’essentiel est du texte et une image
Une page du magazine en version basse consommation

 

Nous utilisons une approche similaire pour le logo. En fait, Low-tech Magazine n’a jamais eu de véritable logo, simplement une bannière représentant une lance, considérée comme une arme low-tech (technologie sobre) contre la supériorité prétendue des « high-tech » (hautes technologies).

Au lieu d’un logo dessiné, qui nécessiterait la production et la distribution d’image et de polices personnalisées, la nouvelle identité de Low-Tech Magazine consiste en une unique astuce typographique : utiliser une flèche vers la gauche à la place du trait d’union dans le nom du blog : LOW←TECH MAGAZINE.

Pas de pistage par un tiers, pas de services de publicité, pas de cookies

Les logiciels d’analyse de sites tels que Google Analytics enregistrent ce qui se passe sur un site web, quelles sont les pages les plus vues, d’où viennent les visiteurs, etc. Ces services sont populaires car peu de personnes hébergent leur propre site. Cependant l’échange de ces données entre le serveur et l’ordinateur du webmaster génère du trafic de données supplémentaire et donc de la consommation d’énergie.

Avec un serveur auto-hébergé, nous pouvons obtenir et visualiser ces mesures de données avec la même machine : tout serveur génère un journal de ce qui se passe sur l’ordinateur. Ces rapports (anonymes) ne sont vus que par nous et ne sont pas utilisés pour profiler les visiteurs.

Avec un serveur auto-hébergé, pas besoin de pistage par un tiers ni de cookies.

Low-tech Magazine a utilisé des publicités Google Adsense depuis ses débuts en 2007. Bien qu’il s’agisse d’une ressource financière importante pour maintenir le blog, elles ont deux inconvénients importants. Le premier est la consommation d’énergie : les services de publicité augmentent la circulation des données, ce qui consomme de l’énergie.

Deuxièmement, Google collecte des informations sur les visiteurs du blog, ce qui nous contraint à développer davantage les déclarations de confidentialité et les avertissements relatifs aux cookies, qui consomment aussi des données et agacent les visiteurs. Nous avons donc remplacé Adsense par d’autres sources de financement (voir ci-dessous pour en savoir plus). Nous n’utilisons absolument aucun cookie.

À quelle fréquence le site web sera-t-il hors-ligne ?

Bon nombre d’entreprises d’hébergement web prétendent que leurs serveurs fonctionnent avec de l’énergie renouvelable. Cependant, même lorsqu’elles produisent de l’énergie solaire sur place et qu’elles ne se contentent pas de « compenser » leur consommation d’énergie fossile en plantant des arbres ou autres, leurs sites Web sont toujours en ligne.

Cela signifie soit qu’elles disposent d’un système géant de stockage sur place (ce qui rend leur système d’alimentation non durable), soit qu’elles dépendent de l’énergie du réseau lorsqu’il y a une pénurie d’énergie solaire (ce qui signifie qu’elles ne fonctionnent pas vraiment à 100 % à l’énergie solaire).

un petit panneau photo-voltaïque au-dessus d’un plus grand. Leur position les expose au soleil.
Le panneau photo-voltaïque solaire de 50 W. Au-dessus, un panneau de 10 W qui alimente un système d’éclairage.

 

En revanche, ce site web fonctionne sur un système d’énergie solaire hors réseau avec son propre stockage d’énergie et hors-ligne pendant les périodes de temps nuageux prolongées. Une fiabilité inférieure à 100 % est essentielle pour la durabilité d’un système solaire hors réseau, car au-delà d’un certain seuil, l’énergie fossile utilisée pour produire et remplacer les batteries est supérieure à l’énergie fossile économisée par les panneaux solaires.

Reste à savoir à quelle fréquence le site sera hors ligne. Le serveur web est maintenant alimenté par un nouveau panneau solaire de 50 Wc et une batterie plomb-acide (12V 7Ah) qui a déjà deux ans. Comme le panneau solaire est à l’ombre le matin, il ne reçoit la lumière directe du soleil que 4 à 6 heures par jour. Dans des conditions optimales, le panneau solaire produit ainsi 6 heures x 50 watts = 300 Wh d’électricité.

Le serveur web consomme entre 1 et 2,5 watts d’énergie (selon le nombre de visiteurs), ce qui signifie qu’il consomme entre 24 et 60 Wh d’électricité par jour. Dans des conditions optimales, nous devrions donc disposer de suffisamment d’énergie pour faire fonctionner le serveur web 24 heures sur 24. La production excédentaire d’énergie peut être utilisée pour des applications domestiques.

Nous prévoyons de maintenir le site web en ligne pendant un ou deux jours de mauvais temps, après quoi il sera mis hors ligne.

Cependant, par temps nuageux, surtout en hiver, la production quotidienne d’énergie pourrait descendre à 4 heures x 10 watts = 40 watts-heures par jour, alors que le serveur nécessite entre 24 et 60 Wh par jour. La capacité de stockage de la batterie est d’environ 40 Wh, en tenant compte de 30 % des pertes de charge et de décharge et de 33 % de la profondeur ou de la décharge (le régulateur de charge solaire arrête le système lorsque la tension de la batterie tombe à 12 V).

Par conséquent, le serveur solaire restera en ligne pendant un ou deux jours de mauvais temps, mais pas plus longtemps. Cependant, il s’agit d’estimations et nous pouvons ajouter une deuxième batterie de 7 Ah en automne si cela s’avère nécessaire. Nous visons un uptime, c’est-à-dire un fonctionnement sans interruption, de 90 %, ce qui signifie que le site sera hors ligne pendant une moyenne de 35 jours par an.

Premier prototype avec batterie plomb-acide (12 V 7 Ah) à gauche et batterie Li-Po UPS (3,7V 6600 mA) à droite. La batterie au plomb-acide fournit l’essentiel du stockage de l’énergie, tandis que la batterie Li-Po permet au serveur de s’arrêter sans endommager le matériel (elle sera remplacée par une batterie Li-Po beaucoup plus petite).

Quel est la période optimale pour parcourir le site ?

L’accessibilité à ce site internet dépend de la météo à Barcelone en Espagne, endroit où est localisé le serveur. Pour aider les visiteurs à « planifier » leurs visites à Low-tech Magazine, nous leur fournissons différentes indications.

Un indicateur de batterie donne une information cruciale parce qu’il peut indiquer au visiteur que le site internet va bientôt être en panne d’énergie – ou qu’on peut le parcourir en toute tranquillité. La conception du site internet inclut une couleur d’arrière-plan qui indique la charge de la batterie qui alimente le site Internet grâce au soleil. Une diminution du niveau de charge indique que la nuit est tombée ou que la météo est mauvaise.

carte météo de l’ouest de l’Europe avec symboles de passages nuageux

Outre le niveau de batterie, d’autres informations concernant le serveur du site web sont affichées grâce à un tableau de bord des statistiques. Celui-ci inclut des informations contextuelles sur la localisation du serveur : heure, situation du ciel, prévisions météorologiques, et le temps écoulé depuis la dernière fois où le serveur s’est éteint à cause d’un manque d’électricité.

Matériel & Logiciel

Nous avons écrit un article plus détaillé d’un point de vue technique : Comment faire un site web basse technologie : logiciels et matériel.

SERVEUR : Ce site web fonctionne sur un ordinateur Olimex A20. Il est doté de 2 GHz de vitesse de processeur, 1 Go de RAM et 16 Go d’espace de stockage. Le serveur consomme 1 à 2,5 watts de puissance.

SOFTWARE DU SERVEUR : le serveur web tourne sur Armbian Stretch, un système d’exploitation Debian construit sur un noyau SUNXI. Nous avons rédigé une documentation technique sur la configuration du serveur web.

LOGICIEL DE DESIGN : le site est construit avec Pelican, un générateur de sites web statiques. Nous avons publié le code source de « solar », le thème que nous avons développé.

CONNEXION INTERNET. Le serveur est connecté via une connexion Internet fibre 100 MBps. Voici comment nous avons configuré le routeur. Pour l’instant, le routeur est alimenté par le réseau électrique et nécessite 10 watts de puissance. Nous étudions comment remplacer ce routeur gourmand en énergie par un routeur plus efficace qui pourrait également être alimenté à l’énergie solaire.

SYSTÈME SOLAIRE PHOTOVOLTAÏQUE. Le serveur fonctionne avec un panneau solaire de 50 Wc et une batterie plomb-acide 12 V 7 Ah. Cependant, nous continuons de réduire la taille du système et nous expérimentons différentes configurations. L’installation photovoltaïque est gérée par un régulateur de charge solaire 20A.

Qu’est-il arrivé à l’ancien site ?

Le site Low-tech Magazine alimenté par énergie solaire est encore en chantier. Pour le moment, la version alimentée par réseau classique reste en ligne. Nous encourageons les lecteurs à consulter le site alimenté par énergie solaire, s’il est disponible. Nous ne savons pas trop ce qui va se passer ensuite. Plusieurs options se présentent à nous, mais la plupart dépendront de l’expérience avec le serveur alimenté par énergie solaire.
Tant que nous n’avons pas déterminé la manière d’intégrer l’ancien et le nouveau site, il ne sera possible d’écrire et lire des commentaires que sur notre site internet alimenté par réseau, qui est toujours hébergé chez TypePad. Si vous voulez envoyer un commentaire sur le serveur web alimenté en énergie solaire, vous pouvez en commentant cette page ou en envoyant un courriel à solar (at) lowtechmagazine (dot) com.

Est-ce que je peux aider ?

Bien sûr, votre aide est la bienvenue.
D’une part, nous recherchons des idées et des retours d’expérience pour améliorer encore plus le site web et réduire sa consommation d’énergie. Nous documenterons ce projet de manière détaillée pour que d’autres personnes puissent aussi faire des sites web basse technologie.

D’autre part, nous espérons recevoir des contributions financières pour soutenir ce projet. Les services publicitaires qui ont maintenu Low-tech Magazine depuis ses débuts en 2007 sont incompatibles avec le design de notre site web poids plume. C’est pourquoi nous cherchons d’autres moyens de financer ce site :

1. Nous proposerons bientôt un service de copies du blog imprimées à la demande. Grâce à ces publications, vous pourrez lire le Low-tech Magazine sur papier, à la plage, au soleil, où vous voulez, quand vous voulez.
2. Vous pouvez nous soutenir en envoyant un don sur PayPal, Patreon ou LiberaPay.
3. Nous restons ouverts à la publicité, mais nous ne pouvons l’accepter que sous forme d’une bannière statique qui renvoie au site de l’annonceur. Nous ne travaillons pas avec les annonceurs qui ne sont pas en phase avec notre mission.

Le serveur alimenté par énergie solaire est un projet de Kris De Decker, Roel Roscam Abbing et Marie Otsuka.




Mauvaise nouvelle : Twitter va fermer ses portes

Nous avons souhaité partager avec vous ce texte, mi-fiction mi réflexion, de Neil Jomunsi. Et nous l’avons même invité à en publier d’autres ici s’il le souhaite. Bonne lecture.


Twitter injoignable !

C’était inéluctable, nous le savions, parce que rien en ce monde n’est éternel, mais nous ne pouvions pas nous empêcher d’espérer. On a beaucoup parlé, évoqué un temps un possible rachat collectif par tous les utilisateurs, mais le monde étant devenu complexe, il ne se satisfait plus de réponses simpl(ist)es. Ce jour du 29 avril 2026 est donc à marquer d’une pierre blanche : deux ans après Facebook, dont la fermeture de la branche « réseau social » avait provoqué le tollé que l’on sait, Twitter a officiellement annoncé qu’il fermait à son tour les portes de son service. Le bureau d’administration a tranché : plus assez rentable. Twitter venait tout juste de fêter son vingtième anniversaire.

Twitter avait pourtant connu une embellie dans le courant 2020, profitant de la démocratisation des technologies de contrôle vocal et d’intelligence artificielle, et offrant à ses utilisateurs des interfaces toujours plus personnalisées, à mi-chemin entre salon de discussion public et messagerie privée. Les critiques n’avaient pas été tendres lorsque le service de micro-blogging avait décidé de renforcer la part algorithmique des messages affichés aux utilisateurs, mais la tempête avait fini par passer ; car les utilisateurs ont fini, on le sait, par adhérer au concept de bulle de filtres, la vague du « webcare » étant passée par-là, popularisée par des livres de développement personnel tels que Le miroir du réseau ou Modelez le web à votre image.

Bien sûr, les défenseurs d’un web libre et décentralisé avaient prévenu : avec la concentration des données sur une poignée de grosses plateformes, c’était tout un pan de la réflexion et de la création du XXIe qui courait le risque de disparaître purement et simplement de l’histoire. Ils n’ont pas été démentis : avec Twitter qui ferme, ce sont 20 années d’échanges, de contradictions, de propos calomnieux, injurieux ou mensongers aussi, qui sombrent dans le néant. Twitter assure que les usagers pourront télécharger leur archive personnelle pendant encore un an à compter de la date de fermeture officielle, qui devrait être annoncée sous peu. Mais sans la connexion entre les différents comptes qui rendait lesdites archives dynamiques, et donc pertinentes, ces sauvegardes risquent fort de perdre tout intérêt documentaire pour les historiens. D’autant que peu d’internautes décideront d’en faire quelque chose, et la plupart finiront par pourrir dans un coin de cloud oublié.

Soixante-seize chercheurs et historiens ont publié lundi dans Le Monde une tribune invitant les états à se saisir du dossier et à négocier avec Twitter une pérennisation de la disponibilité en ligne du service, dans un souci de conservation. Il ne s’agirait pas de permettre aux utilisateurs de continuer à utiliser le service, mais de le garder en ligne en l’état, consultable librement par tous. On le sait, Twitter a été le lieu de toutes les discussions politiques des dix dernières années. Avec sa disparition, craignent les signataires, on risque de voir se créer « le plus grand trou noir de l’histoire moderne », comparable avec celui de la disparition des œuvres hors domaine public en déficit d’exploitation.

Alors bien sûr, tout ceci est une fiction.

Mais Twitter fermera ses portes un jour, vous pouvez en être assurés. Et il y a de bonnes chances pour que les choses se déroulent de cette façon. On l’aura encore vu avec Tumblr récemment : faire confiance à de grandes entreprises multinationales pour conserver notre patrimoine artistique, historique et politique est une grave erreur. Nous devons reprendre le contrôle sur nos publications, et a minima les héberger nous-mêmes, sur un blog sur lequel nous avons tout contrôle.

Sans quoi les mites troueront bientôt – et plus vite qu’on ne l’imagine – le tissu de notre mémoire collective.


Lire sur le site originel : https://page42.org/mauvaise-nouvelle-twitter-va-fermer/




Framasoft en 2019 pour les gens pressés

Vous avez aimé Dégooglisons Internet et pensez le plus grand bien de Contributopia ? Vous aimeriez savoir en quelques mots où notre feuille de route nous mènera en 2019 ? Cet article est fait pour vous, les décideurs pressés 🙂

Cet article présente de façon synthétique et ramassée ce que nous avons développé dans l’article de lancement de la campagne 2018-2019 : «Changer le monde, un octet à la fois».

Un octet à la fois, oui, parce qu’avec nos pattounes, ça prend du temps.

Passé

Depuis 14 ans, Framasoft a créé un annuaire du logiciel libre, écrit et traduit des milliers d’articles, diffusé le logiciel libre sur de nombreux supports.

Depuis 4 ans, Framasoft montre qu’il est possible de décentraliser Internet avec l’opération « Dégooglisons Internet ». Le propos n’est ni de critiquer ni de culpabiliser, mais d’informer et de mettre en avant des alternatives qui existaient déjà, mais demeuraient difficiles d’accès ou d’usage.

De façon à ne pas devenir un nouveau nœud de centralisation, l’initiative CHATONS a été lancée, proposant de relier les hébergeurs de services en ligne qui partagent nos valeurs.

Dégooglisons Internet, vu par Péhä (CC-By)

Présent

Depuis l’année dernière, avec sa feuille de route Contributopia, Framasoft a décidé d’affirmer clairement qu’il fallait aller au-delà du logiciel libre, qui n’était pas une fin en soi, mais un moyen de faire advenir un monde que nous appelons de nos vœux.

Il faut donc encourager la société de contribution et dépasser celle de la consommation, y compris en promouvant des projets qui ne soient plus seulement des alternatives aux GAFAM, mais qui soient porteurs d’une nouvelle façon de faire. Cela se fera aussi en se rapprochant de structures (y compris en dehors du mouvement traditionnel du libre) avec lesquelles nous partageons certaines valeurs, de façon à apprendre et diffuser nos savoirs.

Cette année a vu naître la version 1.0 de PeerTube, logiciel phare qui annonce une nouvelle façon de diffuser des médias vidéos, en conservant le contrôle de ses données sans se couper du monde, qu’on soit vidéaste ou spectateur.

Le monde des services de Contributopia.
Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Avenir

La campagne de don actuelle est aussi l’occasion de de rappeler des éléments d’importance pour Framasoft : nous ne sommes pas une grosse multinationale, mais un petit groupe d’amis épaulé par quelques salarié·e·s, et une belle communauté de contributeurs et contributrices.

Cette petite taille et notre financement basé sur vos dons nous offrent souplesse et indépendance. Ils nous permettront de mettre en place de nouveaux projets comme MobilZon (mobilisation par le numérique), un Mooc CHATONS (tout savoir et comprendre sur pourquoi et comment devenir un chaton) ou encore Framapétitions (plateforme de pétitions n’exploitant pas les données des signataires).

Nous voulons aussi tenter d’en appeler à votre générosité sans techniques manipulatoires, en vous exposant simplement d’où nous venons et où nous allons. Nous espérons que cela vous motivera à nous faire un don.

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Pour en savoir plus




MobiliZon : reprendre le pouvoir sur ce qui nous rassemble

Nous voulons façonner les outils que les géants du Web ne peuvent ni ne veulent créer. Pour y parvenir, nous avons besoin de votre soutien.

Penser hors des sentiers battus par les actionnaires

Pauvre MeetUp ! Pauvre Facebook avec ses événements et ses groupes ! Vous imaginez combien c’est dur, d’être une des plus grandes capitalisations boursières au monde ? Non mais c’est que les actionnaires ils sont jamais contents, alors il faut les arracher avec les dents, ces dividendes !

Nos pauvres petits géants du Web sont o-bli-gés de coder des outils qui ne vous donnent que très peu de contrôle sur vos communautés (familiales, professionnelles, militantes, etc.). Parce qu’au fond, les centres d’intérêt que vous partagez avec d’autres, c’est leur fonds de commerce ! Nos pauvres vendeurs de temps de cerveau disponible sont trop-for-cés de vous enfermer dans leurs plateformes où tout ce que vous ferez sera retenu envers et contre vous. Parce qu’un profil publicitaire complet, ça se vend plus cher, et ça, ça compte, dans leurs actions…

Cliquez sur l’image pour aller voir la conférence « Comment internet a facilité l’organisation des révolutions sociales mais en a compromis la victoire » de Zeynep Tufekci sur TED Talk

Et nous, internautes prétentieuses, on voudrait qu’ils nous fassent en plus un outil complet, éthique et pratique pour nous rassembler…? Mais on leur en demande trop, à ces milliardaires du marketing digital !

Comme on est choubidou chez Framasoft, on s’est dit qu’on allait leur enlever une épine du pied. Oui, il faut un outil pour organiser ces moments où on se regroupe, que ce soit pour le plaisir ou pour changer le monde. Alors on accepte le défi et on se relève les manches.

On ne changera pas le monde depuis Facebook

Lors du lancement de la feuille de route Contributopia, nous avions annoncé une alternative à Meetup, nom de code Framameet. Au départ, nous imaginions vraiment un outil qui puisse servir à se rassembler autour de l’anniversaire du petit dernier, de l’AG de son asso ou de la compète de son club d’Aïkido… Un outil singeant les groupes et événements Facebook, mais la version libre, qui respecte nos sphères d’intimité.

Puis, nous avons vu comment les « Marches pour le climat » se sont organisées sur Facebook, et comment cet outil a limité les personnes qui voulaient s’organiser pour participer à ces manifestations. Cliquera-t-on vraiment sur «ça m’intéresse» si on sait que nos collègues, nos ami·e·s d’enfance et notre famille éloignée peuvent voir et critiquer notre démarche ? Quelle capacité pour les orgas d’envoyer une info aux participant·e·s quand tout le monde est enfermé dans des murs Facebook où c’est l’Algorithme qui décide de ce que vous verrez, de ce que vous ne verrez pas ?

L’outil dont nous rêvons, les entreprises du capitalisme de surveillance sont incapables de le produire, car elles ne sauraient pas en tirer profit. C’est l’occasion de faire mieux qu’elles, en faisant autrement.

Nous avons été contacté·e·s par des personnes des manifestations #OnVautMieuxQueÇa et contre la loi travail, des Nuits Debout, des Marches pour le climat, et des Gilets Jaunes… Et nous travaillons régulièrement avec les Alternatiba, l’association Résistance à l’Agression Publicitaire, le mouvement Colibris ou les CEMÉA (entre autres) : la plupart de ces personnes peinent à trouver des outils permettant de structurer leurs actions de mobilisation, sans perdre le contrôle de leur communauté, du lien qui est créé.

Groupe gilets jaunes sur Facebook : «Quelle que soit l'issue du mouvement, la base de donnée "opinion" qui restera aux mains de Facebook est une bombe démocratique à retardement ... Et nous n'avons à ce jour absolument aucune garantie qu'elle ne soit pas vendue à la découpe au(x) plus offrant(s). »
Cliquez sur cette image pour lire « Après avoir liké, les Gilets Jaunes iront-ils voter ? » d’Olivier Ertzschied.

Or « qui peut le plus peut le moins » : si on conçoit un outil qui peut aider un mouvement citoyen à s’organiser, à s’émanciper… cet outil peut servir, en plus, pour gérer l’anniversaire surprise de Tonton Roger !

Ce que MeetUp nous refuse, MobiliZon l’intègrera

Concevoir le logiciel MobiliZon (car ce sera son nom), c’est reprendre le pouvoir qui a été capté par les plateformes centralisatrices des géants du Web. Prendre le pouvoir aux GAFAM pour le remettre entre les mains de… de nous, des gens, des humains, quoi. Nous allons nous inspirer de l’aventure PeerTube, et penser un logiciel réellement émancipateur :

  • Ce sera un logiciel Libre : la direction que Framasoft lui donne ne vous convient pas ? Vous aurez le pouvoir de l’emmener sur une autre voie.
  • Comme Mastodon ou PeerTube, ce sera une plateforme fédérée (via ActivityPub). Vous aurez le pouvoir de choisir qui héberge vos données sans vous isoler du reste de la fédération, du « fediverse ».
  • L’effet « double rainbow » de la fédération, c’est qu’avec MobiliZon vous donnerez à vos événements le pouvoir d’interagir avec les pouets de Mastodon, les vidéos PeerTube, les musiques de FunkWhale
  • Vous voulez cloisonner vos rassemblements familiaux de vos activités associatives ou de vos mobilisations militantes ? Vous aurez le pouvoir de créer plusieurs identités depuis le même compte, comme autant de masques sociaux.
  • Vous voulez créer des événements réellement publics ? Vous donnerez le pouvoir de cliquer sur « je participe » sans avoir à se créer de compte.
  • Il faut lier votre événement à des outils externes, par exemple (au hasard) à un Framapad ? Vous aurez le pouvoir d’intégrer des outils externes à votre communauté MobiliZon.

dessin de MobiliZon par Devid Revoy
MobiliZon, illustré par David Revoy – Licence : CC-By 4.0

La route est longue, mais MobiliZon-nous pour que la voie soit libre !

Nous avons travaillé en amont pour poser des bases au projet, que nous vous présentons aujourd’hui sur JoinMobilizon.org. Au delà des briques logicielles et techniques, nous avons envie de penser à l’expérience utilisateur de l’application que les gens auront en main au final. Et qui, en plus, se doit d’être accessible et compréhensible par des néophytes.

Nous souhaitons éprouver ainsi une nouvelle façon de faire, en contribuant avec des personnes dont c’est le métier (designeurs et designeuses, on parlera très vite de Marie-Cécile et de Geoffrey !) pour œuvrer ensemble au service de causes qui veulent du bien à la société.

Le développement se fera par étapes et itérations, comme cela avait été le cas pour PeerTube, de façon à livrer rapidement (fin 2019) une version fonctionnelle qui soit aussi proche que possible des aspirations de celles et ceux qui ont besoin d’un tel outil pour se mobiliser.

Voilà notre déclaration d’intention. La question est : allez-vous nous soutenir ?

Car pour avancer vers la concrétisation de MobiliZon, et prolonger l’ensemble de nos projets, il n’y a pas de secrets : nous avons besoin de dons. Des dons qui, on le rappelle, restent déductibles des impôts (pour les contribuables français·es).

Pour notre campagne de dons de cette année, nous avons fait le choix de ne pas utiliser des outils invasifs qui jouent à vous motiver (genre la barre de dons qu’on a envie de voir se remplir). On a voulu rester sobre, et du coup c’est pas super la fête : on risque d’avoir du mal à ajouter MobiliZon dans notre budget 2019…

Alors si MobiliZon vous fait rêver autant que nous, et si vous le pouvez, pensez à soutenir Framasoft.

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Framasoft : les chiffres à connaître

Chaque année, nous nous rappelons à votre bon souvenir pour vous inciter à soutenir financièrement nos actions. Vous voyez au fil du temps de nouveaux services et des campagnes ambitieuses se mettre en place. Mais peut-être voudriez-vous savoir en chiffres ce que nous avons réalisé jusqu’à présent. Voilà de quoi vous satisfaire.

Par souci de transparence, nos bilans financiers sont publiés chaque année et nous offrons en temps réel l’accès à certaines statistiques d’usage de nos services. Mais cela ne couvre pas l’ensemble de nos actions et nous nous sommes dit que vous pourriez en vouloir plus que ce qui se trouve sur Framastats.

Libre à vous de picorer un chiffre ou l’autre, d’en faire des quizz ou de les reprendre pour votre argumentaire afin de démontrer l’efficacité du monde associatif. Nous espérons que vous y verrez l’illustration de notre engagement à promouvoir le libre sous toutes ses formes.

  • 1 : Depuis son lancement voilà un an, chaque heure un nouveau site naît sur Framasite.
  • 2,5 : Les 5 000 utilisatrices de Framadrive utilisent 2,5 To de données pour leurs 3 millions de fichiers.
  • 5 : Toutes les 5 secondes en moyenne, un utilisateur se connecte sur les services Framasoft.
  • 10 : Toutes les 10 minutes à peine, une nouvelle visioconférence est créée sur Framatalk, qui accueille environ 400 participant⋅es par jour.

Framatalk, la vision-conférence Libre, vue par Pëhà

  • 11 : C’est le nombre de pizzas, additionné aux 47 plateaux-repas et 25 couscous qu’ont avalé les 25 personnes présentes pendant les 4 jours de l’AG Framasoft 2018.
  • 33 : Framasoft vous propose 33 services en ligne alternatifs, respectueux de vos données et sans publicité.
  • 35 : Grâce aux 300 abonné·e·s à la liste Framalang, ce ne sont pas moins de 35 traductions qui ont été effectuées et publiées sur le Framablog en un an.
  • 252 : http://joinpeertube.org , c’est une fédération de 252 instances (déclarées) affichant 23 017 vidéos libérées de YouTube
  • 750 : Chaque mois, notre support répond à environ 750 demandes, questions et problèmes. Avec un seul salarié !

Framalibre, l’annuaire à l’origine de Framasoft

  • 871 : Framalibre, l’annuaire du libre vous présente 871 projets, logiciels ou créations artistiques sous licence libre à l’aide de courtes notices.
  • 1 000 : Framaforms c’est environ 1000 formulaires créés quotidiennement et plus de 44 000 formulaires hébergés.
  • 1 800 : Chaque jour, ce sont près de 1 800 images qui viennent s’ajouter aux 770 000 déjà présentes sur les serveurs de Framapic.
  • 2 236 : Le Framablog c’est 2 236 articles et 28 919 commentaires depuis 2006, faisant le lien entre logiciel libre et société/culture libres.
  • 3 000 : 4 000 utilisatrices réparties en 250 groupes ont créé plus de 3 000 présentations et conférences grâce à Framaslides alors qu’il n’est encore qu’en beta !
  • 6 000 : Framemo héberge 6 000 tableaux qui ont aidé des utilisateurs à mettre leurs idées au clair, sans avoir à s’inscrire.

Framacarte, pour ne pas se perdre en chemin

  • 6 000 : Sur Framacarte ajoutez votre propre fond de carte aux 6 000 qui existent déjà, en partenariat avec OpenStreetMap.
  • 6 579 : Framapiaf, c’est 6 579 utilisateurs ayant « pouetté » 734 500 messages sur cette instance Mastodon, elle-même fédérée avec près de 4 000 autres instances (totalisant environ 1,5 million de comptes).
  • 11 000 : Avec Framanews, ce sont 500 lecteurs (limite qu’on a nous même fixée pour restreindre la charge du serveur) qui accèdent régulièrement à leurs 11 000 flux RSS.
  • 13 000 : Près de 4 000 utilisatrices accèdent à leur 13 000 notes depuis n’importe quel navigateur, avec un accès sécurisé, sur Framanotes.
  • 15 000 : Avec Framabag 15 000 personnes ont pu sauvegarder et classer 1,5 million d’articles.

Framagit, pour partager librement votre code

 

  • 25 000 : Notre forge logicielle, Framagit, héberge plus de 25 000 projets (et autant d’utilisateurs).
  • 35 000 : Avec MyFrama, 35 000 utilisatrices partagent librement leurs liens Internet.
  • 43 000 : Accédez à une des 43 000 adresses Web abrégées ou créez-en une grâce au raccourcisseur d’URL Framalink qui ne traque pas vos visiteurs.
  • 52 000 : Découvrez Framasphère, membre du réseau social libre et fédéré Diaspora*, où 52 000 utilisatrices ont échangé environ 600 000 messages et autant de commentaires.
  • 75 000 : Près de 75 000 joueurs ont pu faire une petite pause ludique sans s’exposer à de la publicité sur Framagames.

Framadrop, le partage aisé de gros fichier, en sécurité

  • 100 000 : Sur Framadrop plus de 100 000 fichiers ont pu être échangés en toute confidentialité.
  • 130 000 : Framacalc accueille plus de 130 000 feuilles de calcul, où vos données ne sont pas espionnées ni revendues
  • 142 600 : Sur Framapad, c’est en moyenne plus de 142 600 pads actifs chaque jour et presque 8 millions d’utilisateurs depuis ses débuts.
  • 150 000 : Les serveurs de Framalistes adressent en moyenne 150 000 courriels chaque jour aux 280 000 inscrites à des listes de discussion.
  • 200 000 : Êtes-vous l’une des 200 000 personnes à avoir consulté un des 23 000 messages chiffrés de Framabin ?
  • 500 000 : Framadate c’est plus de 500 000 visites par mois et plus de 1 000 sondages créés chaque jour.

Framapiaf, notre instance Mastodon

  • 2 500 000 : Plus de 2 millions et demi de personnes ont développé leurs idées, échafaudé des projets sur Framindmap depuis sa mise en place.
  • 3 350 000 : Grâce à Framabook, 3 350 000 lecteurs ont pu télécharger en toute légalité un des 47 ouvrages librement publiés.
  • 5 000 000 : Sur Framagenda environ 35 000 utilisateurs gèrent un million de contacts. Ils organisent et partagent près de cinq millions d’événements.
  • 10 000 000 : Comme près de 40 000 personnes, travaillez en équipe sur Framateam et rejoignez un des 80 000 canaux avec presque 10 millions de messages !

 

Et le chiffre essentiel pour que tout cela soit possible, c’est celui de nos donatrices et donateurs (2381 en moyenne chaque année) : appuyez sur ce bouton pour le faire croître de 1

 

+1 : Je fais un don à Framasoft

 

Pour en savoir plus




Les données que récolte Google – Ch.3

Voici déjà la traduction du troisième chapitre de Google Data Collection, l’étude élaborée par l’équipe du professeur Douglas C. Schmidt, spécialiste des systèmes logiciels, chercheur et enseignant à l’Université Vanderbilt. Si vous les avez manqués, retrouvez les chapitres précédents déjà publiés.

Il s’agit aujourd’hui de mesurer ce que les plateformes les plus populaires recueillent de nos smartphones

Traduction Framalang : Côme, goofy, Khrys, Mika, Piup. Remerciements particuliers à badumtss qui a contribué à la traduction de l’infographie.

La collecte des données par les plateformes Android et Chrome

11. Android et Chrome sont les plateformes clés de Google qui facilitent la collecte massive de données des utilisateurs en raison de leur grande portée et fréquence d’utilisation. En janvier 2018, Android détenait 53 % du marché américain des systèmes d’exploitation mobiles (iOS d’Apple en détenait 45 %)1 et, en mai 2017, il y avait plus de 2 milliards d’appareils Android actifs par mois dans le monde.2

12. Le navigateur Chrome de Google représentait plus de 60 % de l’utilisation mondiale de navigateurs Internet avec plus d’un milliard d’utilisateurs actifs par mois, comme l’indiquait le rapport Q4 10K de 20173. Les deux plateformes facilitent l’usage de contenus de Google et de tiers (p.ex. applications et sites tiers) et fournissent donc à Google un accès à un large éventail d’informations personnelles, d’activité web, et de localisation.

A. Collecte d’informations personnelles et de données d’activité

13. Pour télécharger et utiliser des applications depuis le Google Play Store sur un appareil Android, un utilisateur doit posséder (ou créer) un compte Google, qui devient une passerelle clé par laquelle Google collecte ses informations personnelles, ce qui comporte son nom d’utilisateur, son adresse de messagerie et son numéro de téléphone. Si un utilisateur s’inscrit à des services comme Google Pay4, Android collecte également les données de la carte bancaire, le code postal et la date de naissance de l’utilisateur. Toutes ces données font alors partie des informations personnelles de l’utilisateur associées à son compte Google.

14. Alors que Chrome n’oblige pas le partage d’informations personnelles supplémentaires recueillies auprès des utilisateurs, il a la possibilité de récupérer de telles informations. Par exemple, Chrome collecte toute une gamme d’informations personnelles avec la fonctionnalité de remplissage automatique des formulaires, qui incluent typiquement le nom d’utilisateur, l’adresse, le numéro de téléphone, l’identifiant de connexion et les mots de passe.5 Chrome stocke les informations saisies dans les formulaires sur le disque dur de l’utilisateur. Cependant, si l’utilisateur se connecte à Chrome avec un compte Google et active la fonctionnalité de synchronisation, ces informations sont envoyées et stockées sur les serveurs de Google. Chrome pourrait également apprendre la ou les langues que parle la personne avec sa fonctionnalité de traduction, activée par défaut.6

15. En plus des données personnelles, Chrome et Android envoient tous deux à Google des informations concernant les activités de navigation et l’emploi d’applications mobiles, respectivement. Chaque visite de page internet est automatiquement traquée et collectée par Google si l’utilisateur a un compte Chrome. Chrome collecte également son historique de navigation, ses mots de passe, les permissions particulières selon les sites web, les cookies, l’historique de téléchargement et les données relatives aux extensions.7

16. Android envoie des mises à jour régulières aux serveurs de Google, ce qui comprend le type d’appareil, le nom de l’opérateur, les rapports de bug et des informations sur les applications installées8. Il avertit également Google chaque fois qu’une application est ouverte sur le téléphone (ex. Google sait quand un utilisateur d’Android ouvre son application Uber).

B. Collecte des données de localisation de l’utilisateur

17. Android et Chrome collectent méticuleusement la localisation et les mouvements de l’utilisateur en utilisant une variété de sources, représentées sur la figure 3. Par exemple, un accès à la « localisation approximative » peut être réalisé en utilisant les coordonnées GPS sur un téléphone Android ou avec l’adresse IP sur un ordinateur. La précision de la localisation peut être améliorée (« localisation précise ») avec l’usage des identifiants des antennes cellulaires environnantes ou en scannant les BSSID (’’Basic Service Set IDentifiers’’), identifiants assignés de manière unique aux puces radio des points d’accès Wi-Fi présents aux alentours9. Les téléphones Android peuvent aussi utiliser les informations des balises Bluetooth enregistrées dans l’API Proximity Beacon de Google10. Ces balises non seulement fournissent les coordonnées de géolocalisation de l’utilisateur, mais pourraient aussi indiquer à quel étage exact il se trouve dans un immeuble.11

schéma représentatt les différents moyens (wifi, bluetooth) de localiser les données d’un utilisateur de smartphone
Figure 3 : Android et Chrome utilisent diverses manières de localiser l’utilisateur d’un téléphone.

 

18. Il est difficile pour un utilisateur de téléphone Android de refuser le traçage de sa localisation. Par exemple, sur un appareil Android, même si un utilisateur désactive le Wi-Fi, la localisation est toujours suivie par son signal Wi-Fi. Pour éviter un tel traçage, le scan Wi-Fi doit être explicitement désactivé par une autre action de l’utilisateur, comme montré sur la figure 4.

2 copies d’écran de paramètres d’android pour montrer que le wifi est toujours sacnné même s’il est désactivé
Figure 4 : Android collecte des données même si le Wi-Fi est éteint par l’utilisateur

 

19. L’omniprésence de points d’accès Wi-Fi a rendu le traçage de localisation assez fréquent. Par exemple, durant une courte promenade de 15 minutes autour d’une résidence, un appareil Android a envoyé neuf requêtes de localisation à Google. Les requêtes contenaient au total environ 100 BSSID de points d’accès Wi-Fi publics et privés.

20. Google peut vérifier avec un haut degré de confiance si un utilisateur est immobile, s’il marche, court, fait du vélo, ou voyage en train ou en car. Il y parvient grâce au traçage à intervalles de temps réguliers de la localisation d’un utilisateur Android, combiné avec les données des capteurs embarqués (comme l’accéléromètre) sur les téléphones mobiles. La figure 5 montre un exemple de telles données communiquées aux serveurs de Google pendant que l’utilisateur marchait.

code renvoyé aux serveurs : la localisation d’un utilisateur
Figure 5 : capture d’écran d’un envoi de localisation d’utilisateur à Google.

 

C. Une évaluation de la collecte passive de données par Google via Android et Chrome

21. Les données actives que les plateformes Android ou Chrome collectent et envoient à Google à la suite des activités des utilisateurs sur ces plateformes peuvent être évaluées à l’aide des outils MyActivity et Takeout. Les données passives recueillies par ces plateformes, qui vont au-delà des données de localisation et qui restent relativement méconnues des utilisateurs, présentent cependant un intérêt potentiellement plus grand. Afin d’évaluer plus en détail le type et la fréquence de cette collecte, une expérience a été menée pour surveiller les données relatives au trafic envoyées à Google par les téléphones mobiles (Android et iPhone) en utilisant la méthode décrite dans la section IX.D de l’annexe. À titre de comparaison, cette expérience comprenait également l’analyse des données envoyées à Apple via un appareil iPhone.

22. Pour des raisons de simplicité, les téléphones sont restés stationnaires, sans aucune interaction avec l’utilisateur. Sur le téléphone Android, une seule session de navigateur Chrome restait active en arrière-plan, tandis que sur l’iPhone, le navigateur Safari était utilisé. Cette configuration a permis une analyse systématique de la collecte de fond que Google effectue uniquement via Android et Chrome, ainsi que de la collecte qui se produit en l’absence de ceux-ci (c’est-à-dire à partir d’un appareil iPhone), sans aucune demande de collecte supplémentaire générée par d’autres produits et applications (par exemple YouTube, Gmail ou utilisation d’applications).

23. La figure 6 présente un résumé des résultats obtenus dans le cadre de cette expérience. L’axe des abscisses indique le nombre de fois où les téléphones ont communiqué avec les serveurs Google (ou Apple), tandis que l’axe des ordonnées indique le type de téléphone (Android ou iPhone) et le type de domaine de serveur (Google ou Apple) avec lequel les paquets de données ont été échangés par les téléphones. La légende en couleur décrit la catégorisation générale du type de demandes de données identifiées par l’adresse de domaine du serveur. Une liste complète des adresses de domaine appartenant à chaque catégorie figure dans le tableau 5 de la section IX.D de l’annexe.

24. Au cours d’une période de 24 heures, l’appareil Android a communiqué environ 900 échantillons de données à une série de terminaux de serveur Google. Parmi ceux-ci, environ 35 % (soit environ 14 par heure) étaient liés à la localisation. Les domaines publicitaires de Google n’ont reçu que 3 % du trafic, ce qui est principalement dû au fait que le navigateur mobile n’a pas été utilisé activement pendant la période de collecte. Le reste (62 %) des communications avec les domaines de serveurs Google se répartissaient grosso modo entre les demandes adressées au magasin d’applications Google Play, les téléchargements par Android de données relatives aux périphériques (tels que les rapports de crash et les autorisations de périphériques), et d’autres données — principalement de la catégorie des appels et actualisations de fond des services Google.

infographie exposant les proportions de trafic envoyé par les appareils divers vers les serveurs de Google
Figure 6 : Données sur le trafic envoyées par les appareils Andoid et les iPhones en veille.

 

25. La figure 6 montre que l’appareil iPhone communiquait avec les domaines Google à une fréquence inférieure de plus d’un ordre de grandeur (50 fois) à celle de l’appareil Android, et que Google n’a recueilli aucun donnée de localisation utilisateur pendant la période d’expérience de 24 heures via iPhone. Ce résultat souligne le fait que les plateformes Android et Chrome jouent un rôle important dans la collecte de données de Google.

26. De plus, les communications de l’appareil iPhone avec les serveurs d’Apple étaient 10 fois moins fréquentes que les communications de l’appareil Android avec Google. Les données de localisation ne représentaient qu’une très faible fraction (1 %) des données nettes envoyées aux serveurs Apple à partir de l’iPhone, Apple recevant en moyenne une fois par jour des communications liées à la localisation.

27. En termes d’amplitude, les téléphones Android communiquaient 4,4 Mo de données par jour (130 Mo par mois) avec les serveurs Google, soit 6 fois plus que ce que les serveurs Google communiquaient à travers l’appareil iPhone.

28. Pour rappel, cette expérience a été réalisée à l’aide d’un téléphone stationnaire, sans interaction avec l’utilisateur. Lorsqu’un utilisateur commence à bouger et à interagir avec son téléphone, la fréquence des communications avec les serveurs de Google augmente considérablement. La section V du présent rapport résume les résultats d’une telle expérience.

 




Les données que récolte Google – Ch. 2

Voici déjà la traduction du deuxième chapitre de Google Data Collection, l’étude élaborée par l’équipe du professeur Douglas C. Schmidt, spécialiste des systèmes logiciels, chercheur et enseignant à l’Université Vanderbilt. Si vous les avez manqués, retrouvez les chapitres précédents déjà publiés.

Il s’agit aujourd’hui d’une expérience d’usage quotidien ordinaire du numérique en milieu urbain et connecté, expérience qu’il n’est pas trop difficile de transposer de ce côté-ci de l’Atlantique, et qui permet de repérer les différentes sortes de collecte opérées par Google, directement ou non.

Traduction Framalang : goofy, Khrys, serici. Remerciements particuliers à badumtss qui a contribué à la traduction de l’infographie.

II. Une journée dans la vie d’une utilisatrice de Google

passagers dans le métro, ils ont presque tous des écouteurs aux oreilles et leur smartphone en main
« Earbuds », photo de susanjanegolding (CC BY 2.0)

5.
Afin d’illustrer la multitude des interactions entre Google et un individu, ainsi que l’étendue des informations collectées lors de ces interactions, nous avons réalisé une expérience dans laquelle un chercheur utilise un périphérique Android12 pendant les activités d’une journée.
Afin d’éviter que des informations d’un utilisateur précédent ne soient associées au téléphone mobile, celui-ci a été réinitialisé aux valeurs d’usine13 et configuré comme un téléphone neuf 14. Un nouveau compte Google a été créé (nom d’utilisatrice : « Jane »), afin que Google n’ait pas de connaissances antérieures sur cette utilisatrice et qu’il n’ait pas associé de centres d’intérêts publicitaires à son compte. Le chercheur a passé une journée normale en utilisant son téléphone avec son nouveau compte Google.

6.
Les données collectées par Google ont été relevées par deux outils fournis par Google : « Mon activité » 15 et « Télécharger vos données » 16. L’outil « Mon activité » montre les données collectées par Google grâce à toute activité liée aux recherches, lors de l’utilisation des applications Google (i.e Youtube, Google Maps, Google assistant), par les visites sur des pages web tierces (lorsqu’on est connecté à Chrome), et les clics sur les publicités. L’outil « Télécharger vos données » fournit une information structurée concernant l’historique de toutes les données collectées par les applications Google (i.e cela contient tous les anciens courriels sur Gmail, toutes les recherches, l’ensemble des localisations et les vidéos YouTube consultées). Nous avons synthétisé les données collectées et nous les avons utilisées pour représenter les informations sur les événements clés dans l’infographie ci-dessous : « Un jour dans la vie » de l’utilisateur “Jane”.

infographie représentant les actes quotidiens dune utilisatrice-test et son usage des services Google, depuis l ematin où elle écoute de la musique qavec google Play jusqu’au soir où elle regarde des vidéos de YouTube
Figure 1 : une journée dans la vie d’une utilisatrice de Google

 

7.
Pour l’activité détaillée dans la figure 1, mais également dans le reste du document, les données collectées sont classées en deux grands groupes : actives et passives. Les données actives sont des données échangées directement entre l’utilisateur et un produit Google, là où les données passives sont définies comme une information transmise en arrière-plan sans notification évidente pour l’utilisateur. Par exemple, une collecte active de données est déclenchée lorsque Jane saisit un mot-clé dans l’outil de recherche et que cette requête est enregistrée par Google. Un exemple de collecte de données passives est l’envoi de la localisation de Jane à Google suite à l’enregistrement d’une requête.

8.
L’analyse des points de contact clés durant une journée normale dans la vie de Jane suggère que le nombre de données passives transmises est deux fois plus grand que le nombre de données actives (une décomposition détaillée des caractéristiques des données actives et passives est fournie dans le tableau qui figure en appendice, page 37 du document original).

9.
Google analyse les données collectées pour déterminer les centres d’intérêt des utilisateurs et utilisatrices, qu’il utilise ensuite pour les cibler avec des publicités adaptées. Par exemple, Google fournit une liste d’intérêts qu’il a déduits de l’activité d’un utilisateur, que l’on peut consulter sur la page « Les sujets qui vous intéressent » de la page de « Personnalisation des annonces » de Google 17. La figure 2 ci-dessous montre la liste que Google a associée avec le compte de Jane après une journée d’activité. Au total, Google a attribué 18 centres d’intérêts à Jane, dont 8 (entourés par une bordure rouge) qui correspondent précisément aux utilisations et activités de Jane18

Figure 2 : les centres d’intérêt de Jane tels que les a déduits Google après une journée typique : réseaux sociaux, musique, parentalité, TV et vidéos, entreprise et industrie, éducation, nouvelles, comédies TV

 

10.
Bien que les outils « mon activité » et « Télécharger mes données » soient utiles pour estimer la quantité de données actives collectées lors des interactions d’un utilisateur avec les produits Google, ils ne dessinent pas une image complète de l’ampleur et de l’échelle de la collecte de données de Google. Comprendre cela requiert un passage en revue détaillé des clauses d’utilisation des produits en ce qui concerne la vie privée mais également l’analyse du trafic de données envoyé aux serveurs de Google pendant une session d’utilisation par un utilisateur de ces services. Les résultats de cette analyse sont présentés plus loin dans ce rapport.