Mobilizon v2 : la version de la maturité ?

Mobilizon, c’est notre réponse à la question : « Comment faire pour que les Marches pour le Climat ne s’organisent pas sur Facebook ? ». Cet outil permet de créer des groupes, des pages et des événements, sans devoir offrir ses données, mettre à jour son statut, taguer ses ami·es, partager ses photos…

« Frama, c’est pas que… »

Pour l’automne 2021, chaque semaine, nous voulons vous faire découvrir un nouveau pan des actions menées par Framasoft. Ces actions étant financées par vos dons (défiscalisables à 66 %), vous pouvez en trouver un résumé complet, sous forme de cartes à découvrir et à cliquer, sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire cette série d’articles (oct. – déc. 2021)

Alors vous pouvez tout à fait utiliser Mobilizon en vous inscrivant sur Mobilizon.fr que nous hébergeons, mais vous pouvez aussi vous inscrire sur d’autres hébergements de Mobilizon (nous proposons une sélection sur Mobilizon.org).Carte "Mobilizon" Mobilizon est une alternative libre et fédérée aux événements et groupes Facebook. Mobilizon n’est pas un réseau social, et ne met pas en valeur les ego. Les groupes, par contre, peuvent y discuter, partager des ressources, publier des articles et organiser leurs événements.

Mais c’est quoi, déjà, Mobilizon ?

Car Mobilizon est avant tout un logiciel, que des hébergeurs installent sur un serveur, afin de créer une plateforme, un site web Mobilizon, qui peut se fédérer et donc synchroniser ses données avec d’autres sites web Mobilizon.

Imaginez : si Facebook était un réseau, mais avec plusieurs portes d’entrée, comme pour les emails. Vous auriez le choix de vous inscrire chez tel ou telle fournisseuse Facebook (comme vous avez le choix de votre fournisseur d’email), parce que vous lui feriez confiance pour traiter vos données ou pour appliquer une modération rassurante. Cependant, votre fournisseuse Facebook vous donnerait accès à un maximum d’événements et de groupes du réseau, parce qu’elle se fédérerait avec les autres hébergements (comme vous pouvez recevoir des emails de tout le monde, peu importe leur fournisseur).

Voilà ce qu’est Mobilizon : un outil fédéré pour publier vos événements, vos pages, vos informations… et pour organiser votre groupe en toute quiétude.

Découvrez Mobilizon sur le site officiel Join Mobilizon
illustration : David Revoy (CC-By)

Un an de mises à jour à votre écoute

Voilà un peu plus d’un an que nous avons publié la première version (la « v1 ») de Mobilizon. Avouons que proposer un outil pour s’organiser et rassembler son groupe en pleine période de confinements et couvre-feux n’était pas franchement idéal !

Pourtant Mobilizon est un logiciel prometteur, avec plus de 75 hébergements (on parle d’instances) publics et une portée déjà internationale. Il faut dire que depuis un an, nous avons enchaîné les mises à jour pour vous fournir des fonctionnalités très demandées.

En mars dernier sortait la version 1.1. Elle a enrichi Mobilizon d’un historique des activités, de la possibilité d’afficher les événements par proximité géographique et de pouvoir accéder à des flux RSS (pour s’abonner aux flux d’information et ne rien louper).

C’est fin juin que nous avons publié la version 1.2. Elle apporte notamment un système de notifications (pratique pour informer les participant·es à son événement), et une nette amélioration des interfaces (plus agréables sur mobile).

À la mi-août, nous avons publié la version 1.3 de Mobilizon. Elle permet une meilleure gestion des groupes, dont les administratrices ou modérateurs peuvent éditer les événements ou les billets de blog. Par ailleurs, on peut désormais ajouter de nombreuses métadonnées aux événements : niveau d’accessibilité, compte Twitter, adresse d’un live stream

Enfin, nous avons travaillé en partenariat avec Koena à améliorer l’accessibilité de Mobilizon, en proposant un canal de retours directs aux personnes concernées, que notre logiciel pourrait mettre en situation de handicap.

illustration : David Revoy (CC-By)

Mobilizon v2, un outil pensé pour vous servir

Depuis cet été, nous travaillons dur (avec notre équipe de UN développeur salarié qui consacre 75 % de son temps sur le projet) à implémenter des fonctionnalités inspirées de vos remarques et demandes.

Désormais, il est possible pour un de vos profils Mobilizon de suivre les activités publiques d’un groupe sans avoir à vous y inscrire. Vous aurez donc ces événements dans votre page « Mes Événements » (augmentée d’un nouveau système pour filtrer ce qui s’y affiche. Ils seront aussi visibles sur votre page d’accueil et notifiés dans vos emails (si vous le souhaitez), dès que ce groupe publiera un événement.

Les personnes qui organisent des événements peuvent désormais exporter une liste des participant·es, par exemple pour pointer qui s’est inscrit à l’avance. Cette liste est proposée sous les formats les plus pratiqués (csv, odf, pdf), et ne contient pour l’instant que les noms des profils ayant cliqué « Je Participe » (et les messages des comptes anonymes). Mais c’est là le début d’un travail qui pourrait s’étoffer, en fonction de vos attentes.

Mobilizon v2 permet de résoudre un vrai casse-tête (et ça en fut un à développer :p !) : la prise en compte des fuseaux horaires. Désormais si vous organisez un événement à Londres, l’heure de votre événement sera, par défaut, associée au fuseau horaire britannique.

Ainsi, Mobilizon fera la conversion horaire pour les personnes qui voudraient s’y inscrire depuis la France, en affichant l’horaire de l’événement selon l’heure de Paris, par exemple. Pour cela, Mobilizon regarde le fuseau horaire déclaré par votre navigateur web (et vous pouvez maîtriser ce paramètre dans votre compte). Cela permet aussi à Mobilizon de vous envoyer des emails de rappel « l’événement démarre dans une heure » à la bonne heure, c’est à dire : la vôtre (quel bonheur !).

Un gros travail a été fait pour afficher correctement les langues qui s’écrivent de droite à gauche, dont une adaptation de l’interface même du logiciel. Car il faut aussi s’adapter aux cas « bidirectionnels », où deux langues au sens de lecture différents sont mélangés, par exemple une interface en arabe et un événement décrit en français.

Vous l’avez (beaucoup) demandé, et c’est d’autant plus pertinent en temps de pandémie, vous avez désormais la possibilité de définir un événement comme en ligne, donc sans lieu géographique. Nous avons aussi ajouté un nouveau filtre dans la recherche de Mobilizon, pour que vous puissiez directement voir les événements « en ligne » parmi vos résultats.

D’ailleurs, toujours en parlant du moteur de recherche, il est désormais possible de chercher parmi les événements passés, histoire de retrouver ceux qui vous ont intéressé⋅e.

Nous avons implémenté une détection automatique de la langue des événements. Lorsque vous écrivez votre titre et la description de votre événement, Mobilizon lui attribuera une langue. Cela permet une meilleure accessibilité pour les personnes qui utilisent un lecteur d’écran, mais améliore aussi l’aperçu de la date de vos événements dans les médias sociaux.

Enfin, il y a de très nombreuses retouches qui peuvent sembler minimes mais qui changent la vie. C’est le cas des évolutions de l’apparence des emails, de celle des cartes présentant les événements ou les groupes, de la vue publique des groupes (l’alternative aux « pages » Facebook).

Mais ce sont aussi des progrès en accessibilité numérique grâce à nos échanges avec Koena, ou encore le fait que Mobilizon puisse désormais s’exécuter aisément sur des machines sous ARM, ce qui facilitera l’auto-hébergement sur des nano-ordinateurs (type Raspberry Pi) ou avec Yunohost, par exemple.

illustration : David Revoy (CC-By)

Entrez dans la communauté Mobilizon

Le logiciel Mobilizon est encore au début de sa vie, avec une communauté très motivée. Les discussions sur notre salon Matrix sont animées, et les personnes qui contribuent aux traductions sont d’une redoutable efficacité (merci et plein de datalove à elles !).

Nous ne savons pas encore exactement ce que nous allons faire sur Mobilizon en 2022. Nos intuitions nous soufflent qu’il va falloir travailler à faire connaître cette solution auprès des personnes qu’elle pourrait séduire.

Pour cela, un des axes de travail serait d’améliorer la découverte des contenus (les événements, les groupes, leur page publique, les articles publics de ces groupes), notamment en travaillant sur les outils de recherche, filtres, etc.

Mais rien n’est encore décidé et nous sommes impatient·es d’entendre vos retours (sur notre forum ou notre salon Matrix, par exemple) pour savoir quelle direction donner à Mobilizon.

illustration : David Revoy (CC-By)

 

Dès que nous aurons une proposition plus claire de feuille de route, nous ne manquerons pas de vous en informer sur la lettre d’information Mobilizon (alors pensez à vous y inscrire ici).

Hasard du calendrier, c’est aujourd’hui que le documentaire Disparaître – Sous les radars des algorithmes est publié par ArteTV. Réalisé par Marc Meillassoux, ce documentaire met en scène un performer voulant s’extraire des griffes de Facebook, et Mobilizon semble y jouer un rôle… important !

Mobilizon est financé grâce à vos dons

Nous vous rappelons que cette v2 de Mobilizon a été financée sur notre budget 2021, donc directement grâce aux dons des personnes qui soutiennent Framasoft. En effet, Framasoft est une association loi 1901 financée à 93 % par vos dons.

Parce que Framasoft est reconnue d’intérêt général, les dons à notre association sont déductibles des impôts pour les contribuables Français. Ainsi, un don de 100 € à Framasoft revient, après déduction des impôts sur le revenu, à 34 €

Nous avons expliqué dans cette série d’articles sur le Framablog, l’ensemble des actions qui sont financées par un don à Framasoft. Elles sont résumées en un jeu de cartes à cliquer, retourner et colorer sur le site Soutenir Framasoft.

Merci d’avance de visiter et partager ce site, et pour celles et ceux d’entre vous qui le peuvent, de donner des couleurs à nos actions en faisant un don à Framasoft.

Soutenir Framasoft

 

Voici Rȯse, la mascotte de Mobilizon.
Cliquez sur l’image pour lire un roman photo qui vous présente comment utiliser Mobilizon.
illustration : David Revoy (CC-By)

Liens utiles




Un commun numérique fête ses 25 ans : Internet Archive

Par curiosité ou nécessité, vous avez sûrement essayé de savoir à quoi ressemblait une ancienne page web, et vous avez utilisé la Wayback Machine pour remonter le temps. Eh bien ce génial service, qui permet d’accéder à des clichés instantanés de pages web archivées, est une des nombreuses ressources d’Internet Archive, qui fête cette année ses 25 ans.

On pourrait le célébrer avec une cascade de chiffres impressionnants : déjà plus de 70 pétaoctets de données stockées, 475 milliards de pages web, 28 millions de livres, 14 millions de fichiers audio, etc. Un succès considérable.

Mais le plus important c’est que Internet Archive est un commun numérique. Si vous savez déjà ce que ça signifie, passez au-delà du paragraphe explicatif suivant :

Comment se caractérise un commun numérique ?

Un commun désigne une ressource produite et/ou entretenue collectivement par une communauté d’acteurs hétérogènes, et gouvernée par des règles qui lui assurent son caractère collectif et partagé.
Il est dit numérique lorsque la ressource est numérique : logiciel, base de données, contenu numérique (texte, image, vidéo et/ou son), etc.
Les communs numériques ont des caractéristiques nouvelles : l’usage de la ressource par les uns ne limite pas les possibilités d’usage par les autres (la ressource est non rivale) et il n’est pas nécessaire d’en réserver le droit d’usage à une communauté restreinte afin de préserver la ressource (la ressource est non-exclusive).
Ainsi, les communs numériques gagnent à être partagés, car ce partage augmente directement la valeur de la ressource et permet par ailleurs d’étendre la communauté qui la préservera. Le numérique est donc à l’origine du développement de communs d’un nouveau genre, ouverts et partagés, accroissant d’autant plus leur potentiel.

Source : site communs.societenumerique.gouv.fr

Eh oui, Internet Archive coche toutes les cases et c’est une ressource partagée de laquelle on peut bénéficier et à laquelle on peut contribuer par un don, par un document mis en ligne (plus de 17 000 par jour…).

Voyez ce qu’en dit son fondateur, Brewster Kahle, 25 ans après les débuts :

Il y a 25 ans, je pensais que la construction de cette nouvelle bibliothèque serait surtout un processus technologique, mais je me trompais. Il s’avère que c’est surtout un processus humain. Internet Archive a été soutenu par des centaines d’organisations. Environ 800 bibliothèques ont participé à la création des collections web qui se trouvent dans la Wayback Machine. Plus de 1 000 bibliothèques ont fourni des livres à numériser dans les collections, qui comptent désormais 5 millions de volumes. En outre, des personnes spécialisées dans, par exemple, les horaires de chemin de fer, les radios anciennes ou les disques 78 tours, ont fait don de supports physiques et téléchargé des fichiers numériques sur nos serveurs […] L’année dernière, plus de 100 millions de personnes ont utilisé les ressources d’Internet Archive, et plus de 100 000 personnes ont fait un don pour nous soutenir financièrement. Il s’agit véritablement d’un projet mondial, la bibliothèque du peuple.

Brewster Kahle, dans un article récent.

… mais voici surtout quelques réflexions illustrées de Brewster Kahle que Framalang a traduites pour vous,

Article original : Reflections as the Internet Archive turns 25
Traduction Framalang : Claire, Julien / Sphinx, Goofy, Suzy

Quelques réflexions à l’occasion du 25e anniversaire d’Internet Archive

par Brewster Kahle

Brewster Kahle, Photo de Rory Mitchell, The Mercantile, 2020 – CC by 4.0

Brewster Kahle, Tamiko Thiel, Carl Feynman à Thinking Machines, Mai 1985. Photo courtesy of Tamiko Thiel.

Une bibliothèque pour tout

Jeune homme, je voulais participer à la création d’un nouveau média qui constituerait une avancée par rapport à l’invention de Gutenberg, quelques centaines d’années auparavant.

En construisant une bibliothèque pour tout à l’ère du numérique, je me suis dit qu’il y avait là une chance pour la rendre non seulement disponible à tout le monde mais également plus performante et intelligente que son équivalent papier. En utilisant des ordinateurs, cette bibliothèque ne serait pas seulement un outil de recherche mais également d’organisation : de sorte que l’on puisse naviguer au sein de millions, voire de milliards, de pages web.

La première étape a été de créer des ordinateurs capables de traiter d’énormes collections de riches contenus. Il a fallu ensuite créer un réseau qui puisse capter des ordinateurs du monde entier : l’Arpanet, qui allait devenir l’Internet. Plus tard, est arrivée l’intelligence augmentée qu’on a ensuite appelée les moteurs de recherche. J’ai alors contribué au WAIS (Wide Area Information Server) qui a aidé les éditeurs à rejoindre en ligne ce nouveau système ouvert, lequel a fini par être englobé dans le World Wide Web.

En 1996 est venu le moment de lancer la construction de la bibliothèque.

Cette bibliothèque contiendrait tous les ouvrages publiés de l’humanité. Cette bibliothèque ne serait pas uniquement accessible à ceux qui peuvent payer le dollar par minute que LexisNexis demandait, ou à l’élite des universités. Ce serait une bibliothèque accessible à n’importe qui, n’importe où dans le monde. Pourrions-nous pousser le rôle d’une bibliothèque plus loin, de sorte que les écrits de tous y soient inclus, pas seulement celles et ceux qui ont signé un contrat avec un éditeur new-yorkais ? Pourrions-nous construire une archive multimédia qui contiendrait non seulement des écrits, mais aussi des chansons, des recettes, des jeux et des vidéos ? Pourrions-nous permettre à tous de trouver des informations sur leur grand-mère dans cent ans ?

Un article du San Francisco Chronicle, Business Section, 7 mai 1988. Photo parJerry Telfer. Brewster Kahle est ici en compagnie de Bruce Gilliat, avec qui il a fondé Alexa Internet.

 

Ni un projet profitable ni une IPO

Depuis le début, l’Internet Archive devait être à but non lucratif parce qu’elle contient les œuvres de tout le monde. Ses motivations devaient être transparentes. Elle devait durer longtemps.
Dans la Silicon Valley, le but est de trouver une sortie de projet rentable, par un rachat ou par une introduction en bourse, et de passer au projet suivant. Cela n’a jamais été mon but. Le but de l’Internet Archive est de créer une mémoire permanente du Web qui puisse être utilisée pour fabriquer un nouveau cerveau global. Pour trouver au fil du temps des chemins dans les données qui nous offriront de nouvelles perspectives, bien au-delà de ce qu’un moteur de recherche peut faire. Pour être non seulement une référence historique, mais aussi une part vivante du cœur battant de l’Internet.

John Perry Barlow, parolier du Grateful Dead, auteur de la Déclaration d’indépendance du Cyberespace et fondateur de l’Electronic Frontier Foundation, reçoit des mains de Brewster Kahle le prix Internet Archive Hero Award, le 21 octobre 2015. Photo de Brad Shirakawa – CC by 4.0

Un coup d’œil dans le rétroviseur

Ce que j’ai préféré des premiers temps de l’ère du Web, ce sont les personnes qui rêvaient.
Dans les débuts du Web, on a vu les gens essayer de faire marcher un système plus démocratique. Les gens ont essayé de rendre la publication plus inclusive.
On a aussi vu les autres facettes de l’humanité : les pornographes, les arnaqueurs, les harceleurs et les trolls. Eux aussi ont vu l’occasion de réaliser leurs rêves dans ce nouveau monde. Finalement, l’Internet et le World Wide Web sont simplement à notre image. C’est juste une histoire de l’humanité. Et ça a été une expérience de partage et d’ouverture d’esprit.

Le World Wide Web sous son meilleur jour est un outil qui permet à chaque personne de partager ses connaissances, presque toujours gratuitement, et de trouver sa communauté, peu importe où l’on se trouve dans le monde.

Brewster Kahle au cours d’une conférence à la Bibliothèque de Charleston en 2019. Photo de Corey Seeman– CC by 4.0

Regardons vers l’avenir

Nous n’avons peut-être pas encore atteint l’accès universel à toutes connaissances, mais nous pouvons encore le faire. Dans 25 ans, nous pouvons collecter les écrits non pas de cent millions de personnes, mais d’un milliard de personnes, et les préserver à jamais. Nous pouvons avoir des systèmes de rémunération qui ne soient pas basés sur des modèles publicitaires qui profitent seulement à certains.
Nous pouvons avoir un monde avec de nombreux gagnants, avec des personnes qui participent, qui trouvent des communautés qui partagent leur façon de penser, et dont elles peuvent apprendre, partout dans le monde. Nous pouvons créer un Internet où nous nous sentons aux commandes.
Je crois que nous pouvons construire ce futur ensemble. Vous avez déjà aidé Internet Archive à construire ce futur. Durant les 25 dernières années, nous avons rassemblé des milliards de pages, 70 pétaoctets de données à offrir aux générations futures. Offrons-leur cela de manière innovante et passionnante. Construisons et rêvons ensemble pour les 25 prochaines années.

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Dans cette courte vidéo le jeune Brewster Kahle (en 1996) expose les principes du projet. Le document retrace ensuite l’évolution du projet Internet Archive jusqu’à aujourd’hui. Source de la vidéo (sous-titrages en français par nos soins)

 

Et encore…

  • Un article récent dans lequel Brewster Kahle proteste contre les poursuites judiciaires dont Internet Archive a été l’objet pendant la pandémie de la part des éditeurs qui voulaient lui interdire le prêt des ouvrages électroniques.
  • La page de dons pour Internet Archive
  • pour le fun et surtout le frisson : à l’occasion du 25e anniversaire, la Wayforward Machine donne rendez-vous dans 25 ans !



Le projet Rust et sa gestion collaborative

La gestion d’une communauté de développeurs d’un projet open source est assez délicate. Le langage de programmation Rust, conçu et développé de façon ouverte au sein de Mozilla depuis une bonne dizaine d’années, fait largement appel à sa communauté dans sa structure et son mode de développement.

Son originalité par rapport au management de projet en entreprise apparaît de façon intéressante dans le témoignage et les réflexions de Mara Bos, une jeune développeuse impliquée dans le projet dont Framalang a traduit ci-dessous les propos.

Article original sur le blog de l’autrice : Rust is not a company

Traduction Framalang : Fabrice, Côme, goofy

Rust n’est pas une entreprise

par Mara Bos

Mara Bos alias m-ou-se (son dépôt de code)

L’année dernière, en tant que contributrice occasionnelle au projet Rust, je n’ai pas trop réfléchi à la structure organisationnelle de l’équipe derrière le projet. J’ai vu une hiérarchie d’équipes et de groupes, de chefs d’équipe, etc. Tout comme n’importe quelle autre organisation. Cette année, après m’être davantage impliquée, et devenue membre de l’équipe Library 1 puis cheffe d’équipe, j’ai pris le temps de me demander pourquoi nous avons cette structure et à quoi servent ces équipes.

Pas une entreprise

Dans la plupart des entreprises, on trouve des directeurs et des actionnaires et autres trucs dans le genre en haut de la hiérarchie, qui définissent les buts de l’entreprise. Objectifs, jalons, dates limites, et autres choses qui vont sûrement mener l’entreprise vers le but final quel qu’il soit ; généralement l’argent.

Ensuite il existe plusieurs niveaux de management répartis en départements et en équipes pour diviser la charge de travail. Chaque niveau prend en charge une part des objectifs et s’assure que sa part est faite, en assignant des tâches aux employés en bas de la hiérarchie, tous travaillant d’une manière ou d’une autre à atteindre l’objectif principal commun.

Alors que la structure derrière un gros projet open source comme Rust peut sembler similaire, vue de loin, c’est souvent complètement l’inverse. Dans un tel projet, les objectifs et buts ne sont pas ceux des équipes d’en haut, mais effectivement ceux des contributeurs.

En tant qu’équipe library, nous pourrions par exemple essayer de décider que le mécanisme de formatage (std::fmt) devrait être réécrit pour être plus petit et plus efficace. Mais prendre cette décision ne provoque pas la réécriture. Et nous n’avons pas d’employés à qui assigner les tâches. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne.

Au lieu de cela, un contributeur passionné d’algorithmes de formatage pourrait se manifester, et commencer à travailler sur le problème. Notre travail en tant qu’équipe library est de faire en sorte que cette personne puisse travailler. S’assurer que son projet est en accord avec le reste de la bibliothèque standard, relire son travail et fournir un retour utile et constructif. Si davantage de personnes interviennent pour collaborer sur ce projet, mettre en place un groupe de travail pour aider à tout organiser, etc.

Les entreprises ne font pas travailler le premier venu sur quelque chose. C’est ce qui fait que l’open source est particulier et si génial, si on s’y prend bien.

Objectifs personnels

Idéalement, l’objectif d’un projet open source comme Rust est simplement la combinaison des buts personnels de toutes les personnes travaillant dessus. Et là est la difficulté. Parce que quand une nouvelle personne arrive, on ne lui assigne pas une tâche qui correspond à nos objectifs. Cette personne arrive plutôt avec ses propres objectifs et ses propres idées, les ajoutant à un ensemble déjà assez varié d’objectifs potentiellement conflictuels.

Et c’est pourquoi un projet open source piloté par des bénévoles a besoin d’une structure de management. On ne peut pas juste mettre ensemble une centaine de personnes avec chacune ses propres buts et espérer que tout se passe bien.

Donc ce que fait le management, c’est prendre en considération tous les buts personnels de toutes les personnes travaillant sur un sujet, et essayer de les guider de manière à ce que les choses fonctionnent. Ça peut impliquer le fait de dire non à des idées quand elles seraient incompatibles avec d’autres idées, ou ça peut impliquer beaucoup de discussions pour harmoniser les idées afin qu’elles soient compatibles. C’est exactement l’opposé de la manière dont fonctionne une entreprise typique, où les objectifs viennent d’en haut, et où le management décide de la manière de les répartir et les assigner aux personnes qui effectuent le travail technique.

Alors que beaucoup de projets open source, dont Rust, ont un cap ou un plan d’action, ces derniers doivent reposer sur les objectifs des contributeurs individuels du projet pour que ça fonctionne. Dire « notre objectif principal en 2021 est d’améliorer les mécanismes de formatage dans la bibliothèque standard » devrait faciliter le travail des personnes travaillant déjà dessus, et attirer les personnes qui voulaient déjà travailler sur quelque chose de ce genre. Ça devrait les aider parce que nous priorisons toutes les décisions de management et les révisions de code dont ils ont besoin. Ça devrait permettre aux personnes de se concentrer et d’avancer davantage. Mais sans ces contributeurs, mettre en place de tels objectifs n’a pas de sens. Contrairement à une entreprise, nous n’avons pas à choisir ce sur quoi les personnes passent leur temps, et nous n’employons pas de personnes auxquelles assigner des tâches.

Et c’est une bonne chose.

Le logo du langage de programmation Rust

C’est la raison pour laquelle les gens veulent travailler sur Rust.

Je ne prétends pas qu’un langage de programmation ne pourrait pas être géré « d’en haut » comme une entreprise le ferait. Beaucoup de langages de programmation ont été et sont développés de cette manière avec beaucoup d’efficacité. Ce que je dis, cependant, c’est que personnellement je ne veux pas que le projet Rust fonctionne de cette manière.

Je ne veux pas gérer le département library de l’entreprise Rust. Je veux aider les personnes qui veulent améliorer les bibliothèques du langage Rust.

Un espace pour s’épanouir

Différents contributeurs ont des objectifs très différents, travaillent avec des méthodes très variées, et ont des besoins très différents des structures de management.

Pour certains d’entre eux, nous avons des processus en place destinés à leur rendre le travail plus facile. Une personne qui veut travailler sur une nouvelle fonctionnalité du langage peut soumettre ses idées via une RFC 2 et prendre part dans une discussion avec l’équipe library pour des conseils et de l’aide. Quelqu’un qui veut améliorer une grande partie du code du compilateur 3 peut soumettre une proposition de changement majeur (MCP) et en discuter avec l’équipe du compilateur. Et quelqu’un qui veut résoudre un problème dans la bibliothèque standard peut soumettre une proposition de modification et la voir relue et évaluée par des personnes qui connaissent le contexte.

En d’autres termes, nous avons créé un espace pour ces types de contributeurs. De l’espace pour faire leur travail, de l’espace pour obtenir des retours, de l’espace pour obtenir de l’aide, de l’espace pour obtenir une reconnaissance, tout l’espace dont ils ont besoin pour réussir.

Cependant, il existe malheureusement beaucoup de types de contributeurs pour lesquels nous n’avons pas créé un espace, ou pas le bon espace.

Jusqu’à une époque récente, l’équipe library était principalement concentrée sur la conception de l’API. Les problèmes critiques d’implémentation étaient gérés par l’équipe du compilateur par nécessité. Les modifications de code plus modestes étaient relus et évalués par des relecteurs individuels de l’équipe library. Mais il n’y avait pas de gestion prévue pour de plus gros changements de code. Ça signifiait qu’il n’y avait pas d’espace pour une personne qui aurait voulu remettre à neuf le code de std::fmt. Il n’y avait pas d’équipe qu’elle aurait plus rejoindre pour travailler là-dessus, rendant beaucoup plus difficile, voire impossible, d’atteindre son but.

C’est pourquoi j’ai lancé la nouvelle équipe Library.

Faire de la place pour quelque chose peut souvent amener à (accidentellement) retirer de la place pour autre chose. Une personne qui n’est pas très impliquée dans le code mais qui veut appliquer son expérience dans la conception d’API et qui se soucie beaucoup de l’interface de la bibliothèque standard ne s’épanouirait pas dans une équipe qui aime avoir des réunions hebdomadaires à propos des problèmes de correction du code et de la manière avec laquelle résoudre ces problèmes avant la prochaine version publique.

Voilà pourquoi nous avons à présent l’équipe Library API

Nous avons maintenant aussi une équipe de « Contributeurs à Library ». Un endroit pour les personnes qui sont plus impliquées dans le projet que les contributeurs occasionnels, mais qui ne font pas partie des équipes qui prennent les décisions finales. Ça fait de l’espace pour les personnes qui veulent, par exemple, travailler sur seulement un aspect particulier de la bibliothèque, ou aider à relire les modifications proposées. Jusqu’à il y a environ un an, il n’y avait pas d’espace particulier pour qu’une personne relise les changements ou qu’elle s’implique davantage d’autres manières, sans faire directement partie d’une équipe avec beaucoup plus de responsabilités.

J’ai réussi à effectuer ces changements de structure d’équipe avec l’aide des membres des équipes Core et Library, qui m’ont mise en capacité de le faire. En retour, ces changements vont, je l’espère, permettre à des membres de ces nouvelles équipes de s’épanouir, et ainsi permettre à encore plus de personnes de contribuer, pour que finalement cela soit bénéfique pour tous les utilisateurs et utilisatrices du langage.

La mascotte de Rust

Continuer à changer

Je n’ai pas l’impression que nous ayons maintenant un espace pour toute personne souhaitant contribuer. Mais une fois que la poussière de la réorganisation se sera dispersée, je pense que le résultat sera une amélioration par rapport à ce que nous avions auparavant, et que ça correspond mieux au projet tel qu’il est aujourd’hui.

« Aujourd’hui » est le mot important ici. Ces équipes sont faites autour des membres actuels et des personnes qui, je pense, pourraient devenir des membres dans un futur proche. Mais ce groupe de personnes et leurs besoins changent, parfois à une vitesse surprenante. Et dans un projet qui est entièrement défini par les personnes qui y contribuent, ça change le projet en lui-même et la structure dont il a besoin, tout aussi rapidement.

En 2018, l’équipe Library était très impliquée dans l’aide aux auteurs des bibliothèques 4 populaires de l’écosystème. L’équipe a publié un ensemble de guides, et va réviser les bibliothèques et travailler conjointement avec leurs auteurs pour les implémenter. Tout cela pour améliorer la cohérence et la qualité de l’écosystème de librairies Rust.

Il y a quelques jours encore, c’était toujours techniquement une partie des buts affichés de l’équipe, même si en pratique ça n’était plus vraiment le cas ; particulièrement depuis qu’Ashley Mannix a quitté le projet il y a un moment. Sans les personnes qui ont pour but personnel de faire que des choses se produisent, les choses ne se produisent pas.

Et c’est très bien comme ça.

Tout le monde a une longue liste de vœux pour Rust, de choses qui ne se font pas parce que personne ne travaille dessus. Nous ne sommes pas une entreprise avec des dates limites et des jalons qu’il nous faut absolument atteindre. Nous sommes un groupe, divers et fluctuant, de personnes qui essaient de gérer tout ça avec passion, en s’efforçant de faire en sorte que tous les efforts aboutissent harmonieusement.

Il y a beaucoup de choses pour lesquelles nous devrions avoir de l’espace, mais pour lesquelles nous n’avons encore de place. Mais si nous continuons à essayer, si nous continuons à effectuer de petites améliorations. À nous adapter. À prendre en compte les personnes autour de nous qui veulent contribuer elles aussi ; si nous continuons à réfléchir à la façon dont nous pouvons les aider, eux et tous les autres. Alors chaque pas sera un pas dans la bonne direction, ainsi Rust prospérera et toutes les nombreuses personnes qui travaillent sur Rust et avec Rust s’épanouiront.

Photo « Rusty but pretty »  par Jeanne à vélo, licence CC-BY-SA




À Quimper en juillet,
entrée libre au carré

Partout en France, des personnes dynamiques s’investissent pour accompagner celles et ceux qui le désirent vers davantage de maîtrise et d’émancipation dans leurs usages numériques.

Framasoft a choisi de mettre en lumière et de soutenir l’activité exemplaire de celle qui se fait appeler « la Reine des Elfes » sur son média social favori. Si nous la connaissons bien et l’apprécions, c’est parce qu’au-delà de son activité régulière au Centre des Abeilles à Quimper, elle a organisé une première session d’Entrée libre, qui a réuni des intervenants du monde du Libre pour 3 jours en août 2019, un événement ouvert à toutes et gratuit « pour comprendre internet, découvrir les logiciels libres et protéger sa vie privée » (voir l’affiche 2019).

Avatar de la Reine des Elfes sur Mastodon

Eh bien voilà que notre chère « rainette » bretonne récidive cette année ! Voici dans l’interview ci-dessous les raisons qui la poussent à organiser et réussir un événement qui nous est cher. Et puis comme le budget est plus important cette année, elle a lancé un appel aux dons auquel nous vous invitons à répondre comme nous venons de le faire…

 

Mat ar jeu, Brigitte ?
Demat Framasoft. Tu te colles au brezhonneg ? Je ne te suivrai pas dans cette langue, car même si j’habite en terre bretonnante, je ne le maîtrise pas. Je te répondrais donc en Gallec : je vais bien ! 🙂

D’où est venue l’idée d’Entrée Libre ?
Ouh là ! Il faut revenir à la première édition en 2019. Je voulais faire un cadeau à mon pote @reunigkozh qui a initié les distributions gratuites d’ordinateurs au Centre des abeilles. Cela faisait 10 ans en 2019. Et je trouvais que nous devions fêter cela.

Mon expérience personnelle m’avait montré que tout le monde ne comprend pas ce qu’iel fait lors de l’utilisation d’un ordinateur. C’est compliqué de comprendre qu’alors que l’on est seul face à un écran, il se passe plein d’autres choses. De comprendre aussi qu’il peut y avoir aussi de l’éthique dans le numérique et qu’on peut choisir quoi utiliser, si on est suffisamment informé.
Le premier Entrée Libre était donc axé sur une présentation d’assos ou de logiciels qui pouvaient aider à prendre sa vie numérique en main.

Est-ce que c’est facile de faire venir des intervenant·e·s de qualitay à Quimper ? (question de Parisien-tête-de-chien qui se croit au centre du monde… libre 🙂 )

J’ai eu beaucoup de chance d’utiliser le Fédiverse, en l’occurrence, Mastodon. Avant, j’étais surtout sur Diaspora* et quand Framasoft a dit « ça vous dit d’essayer un nouvel outil de microblogging ? » ben, je suis allée tester !… et j’y ai rencontré des gens super, qui m’ont appris plein de trucs et qui répondaient à mes questions de noob. Alors, quand j’ai parlé de mon projet d’informer les gens de ce qui existait, Iels ont répondu présent. C’était très émouvant de voir que non seulement personne ne démontait ce projet mais qu’en plus il y avait du monde à répondre à mon appel. J’suis ni connue ni de ce monde-là… Et iels sont forcément de qualitay puisque ce sont mes mastopotes ! 😀

 

C’est le numéro 2, pourquoi ? Le 1 ne t’a pas suffi ? 😀

J’avais dit que je ne referai plus ! 😛 . C’est beaucoup de boulot mine de rien et beaucoup de stress ! Mais voilà, suite au premier confinement, j’ai rencontré beaucoup de gens « malades du numérique ». Je veux dire que beaucoup de personnes ont été obligées d’utiliser des outils qu’iels ne comprenaient pas. C’était devenu une obligation et iels ont galéré pensant que c’était de leur faute… « parce que je suis nul ! ». J’aimerais donc qu’iels comprennent que ce n’est pas le cas. Qu’il existe des outils plus accessibles que d’autres. Qu’iels ne vont pas casser Internet en allant « dessus ».

Quelles attentes est-ce que tu perçois lors des ateliers que tu réalises ? (je pense à la fois aux tiens et aux distributions d’ordis de LinuxQuimper)

Vaste question !
Pour les distributions, c’est facile. Les gens veulent s’équiper ! Leur besoin est simple, pouvoir accéder aux mails et pour beaucoup, pouvoir s’actualiser à Pôle Emploi. Mais nous n’avons pas beaucoup de retour quand à leur utilisation par la suite.
Pour les ateliers que j’anime, en tant que salariée maintenant, je mets bien les choses au clair. Je ne donne pas de cours, je fais un accompagnement. C’est-à-dire que je ne touche que très peu à la machine, sauf pour voir parfois où sont cachés les trucs (ben oui, n’utilisant qu’Ubuntu, je ne sais pas forcément utiliser un Windows ou un Mac.).

L’avantage de leur montrer cela, c’est que du coup, iels s’aperçoivent qu’il n’y a pas de science infuse et que non, l’apposition des mains ne leur fera pas venir le savoir. Quant à leurs attentes, une fois qu’iels ont compris cela , elles deviennent plus sympas. Les discussions sur la vie privée arrivent très vite, d’autant que j’ai accroché les belles affiches de la Quadrature du net dans la salle où je suis . Et une fois les angoisses passées, la curiosité arrive et tu les vois passer le curseur sur les icônes, pour savoir ce que c’est avant de cliquer. Et faire la différence entre Internet et leur machine. C’est génial !
Et puis ensuite, quand je les accompagne sur Internet, il y a plein de questions auxquelles je les force à trouver la réponse par rapport à leurs attentes. Notamment pour les cookies… Je leur explique que ce n’est pas à moi de décider pour elleux, cela leur semble étonnant au début, et puis je les vois décider, se demander pourquoi telle ou telle extension a été ajoutée la dernière fois qu’iels ont amené leur ordi à réparer… C’est très sympa !

D’où te vient cette curiosité pour apprendre et progresser en compétences dans un domaine qui ne t’était pas trop familier il y a peu d’années encore ?
Je crois que je suis curieuse par nature. Pas de cette curiosité pour savoir qui fait quoi. Mais de comment ça marche et du pourquoi, cela épuisait parfois mes instits même si elles aimaient bien cela.
J’ai toujours démonté mes machines, pas quand j’étais enfant, « les filles ne font pas ça » (déjà que je jouais au foot et que je grimpais aux arbres !), pour essayer de les réparer car souvent ce n’était pas grand-chose qui les empêchait de fonctionner (un tout petit jouet glissé dans le magnétoscope par exemple). Et on va dire que c’est grâce ou à cause de Windows que j’ai rencontré le Libre. Puisque j’en avais assez de le casser parce que je retirais des fichiers qui ne me semblaient pas clairs et de ces virus qui revenaient malgré les antivirus qu’ils soient gratuits ou payants. J’ai donc commencé par chercher sur internet « par quoi remplacer Windows ». À l’époque je ne connaissais pas le mot « système d’exploitation » et j’ai lu des trucs qui parlaient d’un bidule qui s’appelait Linux. J’ai fouillé, cherché, et au bout d’un an j’ai dit à un de mes fils : « tu te débrouilles mais je veux ça sur l’ordi ». Il a gravé un disque et la libération est arrivée. 😀

Puis j’ai vu qu’il existait un groupe LinuxQuimper (sur FB à l’époque où je l’utilisais) et qu’il y avait au centre social des Abeilles des gens de ce groupe (j’ai appris plus tard qu’on disait un GUL) distribuaient des ordis sous Linux. Je les ai donc contactés et je suis entrée dans l’équipe de distribution. Et j’ai recommencé à poser des questions ;-). Et un jour, ils m’ont parlé de Diaspora* où j’ai créé un compte…

Pour nous, tu es la figure de proue d’Entrée Libre, mais est-ce que tu es soutenue et aidée localement pour cette opération par une association ?

Le centre social est effectivement géré par une association « Centre des abeilles ».
Pour la prépa, je suis toute seule à bord, avec l’aval des intervenants et des aides ponctuelles sur les mises en forme. Je prépare cela bénévolement, et ensuite je me fais aider pour la diffusion et tous les petits détails pratiques.
Quand le projet prend forme, le directeur du centre le présente au conseil d’administration du Centre des Abeilles qui valide ou pas le projet. C.A où je suis convoquée pour le présenter aussi.

C’est donc toujours beaucoup d’incertitude et cette année j’ai trouvé cela plus compliqué que la première année. Un C.A. en visio manque de chaleur et d’interaction. En plus le budget est plus lourd que la dernière fois…

Le budget est/a été difficile à boucler, est-ce parce que les frais d’hébergement et déplacement de tous les invités sont trop importants cette fois-ci ?
Déjà on a plus du double d’intervenants. La dernière fois Entrée Libre finissait à 18h chaque soir sur 3 jours. Ce coup-ci , ça commence à la même heure mais ça va finir à 20h30, voire 21h le temps de tout ranger pour le lendemain, pour les bénévoles. Il y a donc un repas supplémentaire à prévoir.
Ce n’est pas tant les déplacements et l’hébergement (iels sont nombreux à ne pas vouloir de défraiement et d’hébergement, ouf !) qui vont coûter le plus mais bien les repas pour plus de trente personnes midi et soir (mon premier prévisionnel comptait tout le monde et arrivait à 9868,05€ t’imagines la tête des gens du CA 😛

Entrée Libre N°2 bénéficie d’une subvention du fonds de soutien à la vie associative, mais il reste de l’argent à trouver…

 

Est-ce qu’il y aura des crêpes ?

Au moins pour les intervenantes et intervenants ! Pourquoi vous croyez qu’iels viennent ? 😀
Mais je crois bien que j’ai un mastopote qui veut en faire pour le public aussi ! J’ai même prévu des repas et des crêpes véganes pour les bénévoles et le public.

On te laisse le mot de la fin !

Personnellement je trouve que c’est un beau projet que celui de permettre à des gens de s’émanciper, de pouvoir comprendre ce qui se passe avec leurs données numériques, de pouvoir choisir des outils respectueux. Mais pour pouvoir choisir il faut avoir du choix et sans informations on n’en a pas !

Parce que cette belle phrase « si tu ne sais pas demande, et si tu sais, partage » n’a de sens que si il y a du monde pour poser des questions et du monde pour recevoir les partages.

Si ce projet a du sens pour vous aussi n’hésitez pas, si vous le pouvez, à faire un don au « Centre des Abeilles » . Pour plus d’infos sur le programme n’hésitez pas à aller visiter sa page.
Merci à mes mastopotes et à Framasoft de m’avoir permis de tester plein de trucs et de croire en moi. Et bien sûr, un grand merci à celles et ceux qui ont déjà participé à la collecte de dons.

Pour assurer le succès de l’événement, Framasoft, qui animera plusieurs conférences et ateliers, a mis la main à la poche et contribué financièrement. Vous pouvez consulter le détail du budget prévisionnel.

Contribuez à votre tour par un don sur la page Helloasso d’Entrée Libre #2

 




Partagez l’inventaire de votre bibliothèque avec vos proches sur inventaire.io

Inventaire.io est une application web libre qui permet de faire l’inventaire de sa bibliothèque pour pouvoir organiser le don, le prêt ou la vente de livres physiques. Une sorte de méga-bibliothèque communautaire, si l’on veut. Ces derniers mois, Inventaire s’est doté de nouvelles fonctionnalités et on a vu là l’occasion de valoriser ce projet auprès de notre communauté. On a donc demandé à Maxlath et Jums qui travaillent sur le projet de répondre à quelques unes de nos questions.

Chez Framasoft, on a d’ailleurs créé notre inventaire où l’on recense les ouvrages qu’on achète pour se documenter. Cela permet aux membres de l’association d’avoir un accès facile à notre bibliothèque interne. On a aussi fait le choix de proposer ces documents en prêt, pour que d’autres puissent y accéder.

Salut Maxlath et Jums ! Pouvez-vous vous présenter ?

Nous sommes une association de deux ans d’existence, développant le projet Inventaire, centré autour de l’application web inventaire.io, en ligne depuis 2015. On construit Inventaire comme une infrastructure libre, se basant donc autant que possible sur des standards ouverts, et des logiciels et savoirs libres : Wikipédia, Wikidata, et plus largement le web des données ouvertes.

Le projet grandit également au sein de communautés et de lieux : notamment le mouvement Wikimedia, l’archipel framasoftien à travers les Contribateliers, la MYNE et la Maison de l’Économie Circulaire sur Lyon, et Kanthaus en Allemagne.

L’association ne compte aujourd’hui que deux membres, mais le projet ne serait pas où il en est sans les nombreu⋅ses contributeur⋅ices venu⋅es nous prêter main forte, notamment sur la traduction de l’interface, la contribution aux données bibliographiques, le rapport de bugs ou les suggestions des nouvelles fonctionnalités.

Vous pouvez nous en dire plus sur Inventaire.io ? Ça sert à quoi ? C’est pour qui ?

Inventaire.io se compose de deux parties distinctes :

  • D’une part, une application web qui permet à chacun⋅e de répertorier ses livres en scannant le code barre par exemple. Une fois constitué, cet inventaire est rendu accessible à ses ami⋅es et groupes, ou publiquement, en indiquant pour chaque livre si l’on souhaite le donner, le prêter, ou le vendre. Il est ensuite possible d’envoyer des demandes pour ces livres et les utilisateur⋅ices peuvent prendre contact entre elleux pour faire l’échange (en main propre, par voie postale, peu importe, Inventaire n’est plus concerné).
  • D’autre part, une base de données publique sur les auteurs, les œuvres, les maisons d’éditions, etc, qui permet à chacun⋅e de venir enrichir les données, un peu comme dans un wiki. Le tout organisé autour des communs de la connaissance (voir plus bas) que sont Wikipédia et Wikidata. Cette base de données bibliographiques permet d’adosser les inventaires à un immense graphe de données dont nous ne faisons encore qu’effleurer les possibilités (voir plus bas).

L’inventaire de Framasoft sur inventaire.io

Inventaire.io permettant de constituer des bibliothèques distribuées, le public est extrêmement large : tou⋅tes celleux qui ont envie de partager des livres ! On a donc très envie de dire que c’est un outil pour tout le monde ! Mais comme beaucoup d’outils numériques, l’outil d’inventaire peut être trop compliqué pour des personnes qui ne baignent pas régulièrement dans ce genre d’applications. C’est encore pire une fois que l’on rentre dans la contribution aux données bibliographiques, où on aimerait concilier richesse de la donnée et facilité de la contribution. Cela dit, on peut inventorier ses livres sans trop se soucier des données, et y revenir plus tard une fois qu’on se sent plus à l’aise avec l’outil.

Par ailleurs, on rêverait de pouvoir intégrer les inventaires des professionnel⋅les du livre, bibliothèques et librairies, à cette carte des ressources, mais cela suppose soit de l’interopérabilité avec leurs outils existants, soit de leur proposer d’utiliser notre outil (ce que font déjà de petites bibliothèques, associatives par exemple), mais inventaire.io nous semble encore jeune pour une utilisation à plusieurs milliers de livres.

Quelle est l’actualité du projet ? Vous prévoyez quoi pour les prochains mois / années ?

L’actualité de ces derniers mois, c’est tout d’abord de nouvelles fonctionnalités :

  • les étagères, qui permettent de grouper des livres en sous-catégories, et qui semble rencontrer un certain succès ;
  • la mise en place de rôles, qui va permettre notamment d’ouvrir les taches avancées d’administration des données bibliographiques (fusions/suppressions d’édition, d’œuvre, d’auteur etc.) ;
  • l’introduction des collections d’éditeurs, qui permettent de valoriser le travail de curation des maisons d’édition.

Pas mal de transitions techniques sous le capot aussi. On n’est pas du genre à changer de framework tous les quatre matins, mais certains choix techniques faits au départ du projet en 2014 – CoffeeScript, Brunch, Backbone – peuvent maintenant être avantageusement remplacés par des alternatives plus récentes – dernière version de Javascript (ES2020), Webpack, Svelte – ce qui augmente la maintenabilité et le confort, voire le plaisir de coder.

Autre transition en cours, notre wiki de documentation est maintenant une instance MediaWiki choisie entre autres pour sa gestion des traductions.

Le programme des prochains mois et années n’est pas arrêté, mais il y a des idées insistantes qu’on espère voir germer prochainement :

  • la décentralisation et la fédération (voir plus bas) ;
  • les recommandations entre lectrices : aujourd’hui on peut partager de l’information sur les livres que l’on possède, mais pas les livres que l’on apprécie, recommande ou recherche. Même si une utilisation détournée de l’outil est possible en ce sens et nous met aussi en joie (oui, c’est marrant de voir des humains détourner une utilisation), on devrait pouvoir proposer quelque chose pensé pour ;
  • des paramètres de visibilité d’un livre ou d’une étagère plus élaborés : aujourd’hui, les seuls modes de partage possible sont privé/amis et groupes/public, or amis et groupes ça peut être des personnes très différentes avec qui on n’a pas nécessairement envie de partager les mêmes choses.

Enfin tout ça c’est ce qu’on fait cachés derrière un écran, mais on aimerait bien aussi expérimenter avec des formats d’évènements, type BiblioParty : venir dans un lieu avec une belle bibliothèque et aider le lieu à en faire l’inventaire.

C’est quoi le modèle économique derrière inventaire.io ? Quelles sont/seront vos sources de financement ?
Pendant les premières années, l’aspect « comment on gagne de l’argent » était une question volontairement laissée de côté, on vivait avec quelques prestations en micro-entrepreneurs, notamment l’année dernière où nous avons réalisé une preuve de concept pour l’ABES (l’Agence bibliographique pour l’enseignement supérieur) et la Bibliothèque Nationale de France. Peu après, nous avons fondé une association loi 1901 à activité économique (voir les statuts), ce qui devrait nous permettre de recevoir des dons, que l’on pourra compléter si besoin par de la prestation de services. Pour l’instant, on compte peu sur les dons individuels car on est financé par NLNet via le NGI0 Discovery Fund.

Et sous le capot, ça fonctionne comment ? Vous utilisez quoi comme technos pour faire tourner le service ?
Le serveur est en NodeJS, avec une base de données CouchDB, synchronisé à un Elasticsearch pour la recherche, et LevelDB pour les données en cache. Ce serveur produit une API JSON (documentée sur https://api.inventaire.io) consommée principalement par le client : une webapp qui a la responsabilité de tout ce qui est rendu de l’application dans le navigateur. Cette webapp consiste en une bonne grosse pile de JS, de templates, et de CSS, initialement organisée autour des framework Backbone.Marionnette et Handlebars, lesquels sont maintenant dépréciés en faveur du framework Svelte. Une visualisation de l’ensemble de la pile technique peut être trouvée sur https://stack.inventaire.io.

Le nom est assez français… est-ce que ça ne pose pas de problème pour faire connaître le site et le logiciel à l’international ? Et d’ailleurs, est-ce que vous avez une idée de la répartition linguistique de vos utilisatrices ? (francophones, anglophones, germanophones, etc.)
Oui, le nom peut être un problème au début pour les non-francophones, lequel⋅les ne savent pas toujours comment l’écrire ou le prononcer. Cela fait donc un moment qu’on réfléchit à en changer, mais après le premier contact, ça ne semble plus poser de problème à l’utilisation (l’un des comptes les plus actifs étant par exemple une bibliothèque associative allemande), alors pour le moment on fait avec ce qu’on a.

Sticker inventaire.io

En termes de répartition linguistique, une bonne moitié des utilisateur⋅ices et contributeur⋅ices sont francophones, un tiers anglophones, puis viennent, en proportion beaucoup plus réduite (autour de 2%), l’allemand, l’espagnol, l’italien, suivi d’une longue traîne de langues européennes mais aussi : arabe, néerlandais, portugais, russe, polonais, danois, indonésien, chinois, suédois, turc, etc. À noter que la plupart de ces langues ne bénéficiant pas d’une traduction complète de l’interface à ce jour, il est probable qu’une part conséquente des utilisatrices utilisent l’anglais, faute d’une traduction de l’interface satisfaisante dans leur langue (malgré les 15 langues traduites à plus de 50%).

À ce que je comprends, vous utilisez donc des données provenant de Wikidata. Pouvez-vous expliquer à celles et ceux qui parmi nous ne sont pas très au point sur la notion de web de données quels sont les enjeux et les applications possibles de Wikidata ?
Tout comme le web a introduit l’hypertexte pour pouvoir lier les écrits humains entre eux (par exemple un article de blog renvoie vers un autre article de blog quelque part sur le web), le web des données ouvertes permet aux bases de données de faire des liens entre elles. Cela permet par exemple à des bibliothèques nationales de publier des données bibliographiques que l’on peut recouper : « Je connais cette auteure avec tel identifiant unique dans ma base. Je sais aussi qu’une autre base de données lui a donné cet autre identifiant unique ; vous pouvez donc aller voir là-bas s’ils en savent plus ». Beaucoup d’institutions s’occupent de créer ces liens, mais la particularité de Wikidata, c’est que, tout comme Wikipédia, tout le monde peut participer, discuter, commenter ce travail de production de données et de mise en relation.

L’éditeur de données, très facile d’utilisation, permet le partage vers wikidata.

Est-ce qu’il serait envisageable d’établir un lien vers la base de données de https://www.recyclivre.com/ quand l’ouvrage recherché ne figure dans aucun « inventaire » de participant⋅es ?
Ça pose au moins deux problèmes :

  • Ce service et d’autres qui peuvent être sympathiques, telles que les plateformes mutualisées de librairies indépendantes (leslibraires.fr, placedeslibraires.fr, librairiesindependantes.com, etc.), ne semblent pas intéressés par l’inter-connexion avec le reste du web, construisant leurs URL avec des identifiants à eux (seul le site librairiesindependantes.com semble permettre de construire une URL avec un ISBN, ex : https://www.librairiesindependantes.com/product/9782253260592/) et il n’existe aucune API publique pour interroger leurs bases de données : il est donc impossible, par exemple, d’afficher l’état des stocks de ces différents services.
  • D’autre part, recyclivre est une entreprise à but lucratif (SAS), sans qu’on leur connaisse un intérêt pour les communs (code et base de données propriétaires). Alors certes ça cartonne, c’est efficace, tout ça, mais ce n’est pas notre priorité : on aimerait être mieux connecté avec celleux qui, dans le monde du livre, veulent participer aux communs : les bibliothèques nationales, les projets libres comme OpenLibrary, lib.reviews, Bookwyrm, Readlebee, etc.

Cependant la question de la connexion avec des organisations à but lucratif pose un vrai problème : l’objectif de l’association Inventaire — cartographier les ressources où qu’elles soient — implique à un moment de faire des liens vers des organisations à but lucratif. En suivant l’esprit libriste, il n’y a aucune raison de refuser a priori l’intégration de ces liens, les développeuses de logiciels libres n’étant pas censé contraindre les comportements des utilisatrices ; mais ça pique un peu de travailler gratuitement, sans contrepartie pour les communs.

En quoi inventaire.io participe à un mouvement plus large qui est celui des communs de la connaissance ?
Inventaire, dans son rôle d’annuaire des ressources disponibles, essaye de valoriser les communs de la connaissance, en mettant des liens vers les articles Wikipédia, vers les œuvres dans le domaine public disponibles en format numérique sur des sites comme Wikisource, Gutenberg ou Internet Archive. En réutilisant les données de Wikidata, Inventaire contribue également à valoriser ce commun de la connaissance et à donner à chacun une bonne raison de l’enrichir.

Une interface simple pour ajouter un livre à son inventaire

Inventaire est aussi un commun en soi : le code est sous licence AGPL, les données bibliographiques sous licence CC0. L’organisation légale en association vise à ouvrir la gouvernance de ce commun à ses contributeur⋅ices. Le statut associatif garantit par ailleurs qu’il ne sera pas possible de transférer les droits sur ce commun à autre chose qu’une association poursuivant les mêmes objectifs.

Si je suis une organisation ou un particulier qui héberge des services en ligne, est-ce que je peux installer ma propre instance d’inventaire.io ?
C’est possible, mais déconseillé en l’état. Notamment car les bases de données bibliographiques de ces différentes instances ne seraient pas synchronisées, ce qui multiplie par autant le travail nécessaire à l’amélioration des données. Comme il n’y a pas encore de mécanisme de fédération des inventaires, les comptes de votre instance seraient donc isolés. Sur ces différents sujets, voir cette discussion : https://github.com/inventaire/inventaire/issues/187 (en anglais).

Cela dit, si vous ne souhaitez pas vous connecter à inventaire.io, pour quelque raison que ce soit, et malgré les mises en garde ci-dessus, vous pouvez vous rendre sur https://github.com/inventaire/inventaire-deploy/ pour déployer votre propre instance « infédérable ». On va travailler sur le sujet dans les mois à venir pour tendre vers plus de décentralisation.

A l’heure où il est de plus en plus urgent de décentraliser le web, envisagez-vous qu’à terme, il sera possible d’installer plusieurs instances d’inventaire.io et de les connecter les unes aux autres ?
Pour la partie réseau social d’inventaires, une décentralisation devrait être possible, même si cela pose des questions auquel le protocole ActivityPub ne semble pas proposer de solution. Ensuite, pour la partie base de données contributives, c’est un peu comme si on devait maintenir plusieurs instances d’OpenStreetMap en parallèle. C’est difficile et il semble préférable de garder cette partie centralisée, mais puisqu’il existe plein de services bibliographiques différents, il va bien falloir s’interconnecter un jour.

Vous savez sûrement que les Chevaliers Blancs du Web Libre sont à cran et vont vous le claironner : vous restez vraiment sur GitHub pour votre dépôt de code https://github.com/inventaire ou bien… ?
La pureté militante n’a jamais été notre modèle. Ce compte date de 2014, à l’époque Github avait peu d’alternatives… Cela étant, il est certain que nous ne resterons pas éternellement chez Microsoft, ni chez Transifex ou Trello, mais les solutions auto-hébergées c’est du boulot, et celles hébergées par d’autres peuvent se révéler instables.

Si on veut contribuer à Inventaire.io, on fait ça où ? Quels sont les différentes manière d’y contribuer ?
Il y a plein de manières de venir contribuer, et pas que sur du code, loin de là : on peut améliorer la donnée sur les livres, la traduction, la documentation et plus généralement venir boire des coups et discuter avec nous de la suite ! Rendez-vous sur https://wiki.inventaire.io/wiki/How_to_contribute/fr.

Est-ce que vous avez déjà eu vent d’outils tiers qui utilisent l’API ? Si oui, vous pouvez donner des noms ? À quoi servent-ils ?
Readlebee et Bookwyrm sont des projets libres d’alternatives à GoodReads. Le premier tape régulièrement dans les données bibliographiques d’Inventaire. Le second vient de mettre en place un connecteur pour chercher de la donnée chez nous. A noter : cela apporte une complémentarité puisque ces deux services sont orientés vers les critiques de livres, ce qui reste très limité sur Inventaire.

Et comme toujours, sur le Framablog, on vous laisse le mot de la fin !
Inventaire est une app faite pour utiliser moins d’applications, pour passer du temps à lire des livres, papier ou non, et partager les dernières trouvailles. Pas de capture d’attention ici, si vous venez deux fois par an pour chiner des bouquins, ça nous va très bien ! Notre contributopie c’est un monde où l’information sur la disponibilité des objets qui nous entoure nous affranchit d’une logique de marché généralisée. Un monde où tout le monde peut contribuer à casser les monopoles de l’information sur les ressources que sont les géants du web et de la distribution. Pouvoir voir ce qui est disponible dans un endroit donné, sans pour autant dépendre ni d’un système cybernétique central, ni d’un marché obscur où les entreprises qui payent sont dorlotées par un algorithme de recommandations.

Merci beaucoup Maxlath et Jums pour ces explications et on souhaite longue vie à Inventaire. Et si vous aussi vous souhaitez mettre en commun votre bibliothèque, n’hésitez pas !




À 23 ans, cURL se rend utile partout

Non, ce n’est pas une marque de biscuits apéritifs aux cacahuètes, mais un outil logiciel méconnu qui mérite pourtant de faire partie de notre culture numérique. On révise ?

Bien qu’ignoré de la plupart des internautes, il est d’un usage familier pour celles et ceux qui travaillent en coulisses pour le Web. L’adage : « si un site web n’est pas « curlable », ce n’est pas du Web » fait de curl un outil majeur pour définir ce qu’est le Web aujourd’hui.

Son développeur principal suédois Daniel Stenberg retrace ici la genèse de cURL, son continu développement et surtout, ce qui devrait intéresser les moins geeks de nos lecteurs, son incroyable diffusion, à travers sa bibliothèque libcurl, au cœur de tant d’objets et appareils familiers. Après des débuts fort modestes, « la quasi-totalité des appareils connectés à Internet exécutent curl » !

Si vous n’êtes pas développeur et que les caractéristiques techniques de curl sont pour vous un peu obscures, allez directement à la deuxième partie de l’article pour en comprendre facilement l’importance.

 

Article original sur le blog de l’auteur : curl is 23 years old today
Traduction : Fabrice, Goofy, Julien/Sphinx, jums, NGFChristian, tTh,

curl fête son 23e anniversaire

par Daniel Stenberg
La date de naissance officielle de curl, le 20 mars 1998, marque le jour de la toute première archive tar qui pouvait installer un outil nommé curl. Je l’ai créé et nommé curl 4.0 car je voulais poursuivre la numérotation de versions que j’avais déjà utilisée pour les noms précédents de l’outil. Ou plutôt, j’ai fait un saut depuis la 3.12, qui était la dernière version que j’avais utilisée avec le nom précédent : urlget.

Bien sûr, curl n’a pas été créé à partir de rien ce jour-là. Son histoire commence une petite année plus tôt : le 11 novembre 1996 a été publié un outil appelé httpget, développé par Rafael Sagula. C’est un projet j’avais trouvé et auquel j’avais commencé à contribuer. httpget 0.1 était un fichier de code C de moins de 300 lignes. (La plus ancienne version dont j’aie encore le code source est httpget 1.3, retrouvée ici)

Comme je l’ai évoqué à de multiples reprises, j’ai commencé à m’attaquer à ce projet parce que je voulais avoir un petit outil pour télécharger des taux de change régulièrement depuis un site internet et les fournir via mon petit bot 5 de taux de change sur IRC6.

Ces petites décisions prises rapidement à cette époque allaient avoir plus tard un impact significatif et influencer ma vie. curl a depuis toujours été l’un de mes passe-temps principaux. Et bien sûr il s’agit aussi d’un travail à plein temps depuis quelques années désormais.

En ce même jour de novembre 1996 a été distribué pour la première fois le programme Wget (1.4.0). Ce projet existait déjà sous un autre nom avant d’être distribué, et je crois me souvenir que je ne le connaissais pas, j’utilisais httpget pour mon robogiciel. Peut-être que j’avais vu Wget et que je ne l’utilisais pas à cause de sa taille : l’archive tar de Wget 1.4.0 faisait 171 ko.

Peu de temps après, je suis devenu le responsable de httpget et j’ai étendu ses fonctionnalités. Il a ensuite été renommé urlget quand je lui ai ajouté le support de Gopher et de FTP (ce que j’ai fait parce que j’avais trouvé des taux de change sur des serveurs qui utilisaient ces protocoles). Au printemps 1998, j’ai ajouté le support de l’envoi par FTP et comme le nom du programme ne correspondait plus clairement à ses fonctionnalités j’ai dû le renommer une fois de plus7.

Nommer les choses est vraiment difficile. Je voulais un nom court dans le style d’Unix. Je n’ai pas planché très longtemps puisque j’ai trouvé un mot marrant assez rapidement. L’outil fonctionne avec des URL, et c’est un client Internet. « c » pour client et URL ont fait que « cURL » semblait assez pertinent et marrant. Et court. Bien dans de style d’Unix.

J’ai toujours voulu que curl soit un citoyen qui s’inscrive dans la tradition Unix d’utiliser des pipes8, la sortie standard, etc. Je voulais que curl fonctionne comme la commande cat, mais avec des URL. curl envoie donc par défaut le contenu de l’URL sur la sortie standard dans le terminal. Tout comme le fait cat. Il nous permettra donc de « voir » le contenu de l’URL. La lettre C se prononce si (Ndt : ou see, « voir » en anglais) donc « see URL » fonctionne aussi. Mon esprit blagueur n’en demande pas plus, mais je dis toujours « kurl ».


Le logo original, créé en 1998 par Henrik Hellerstedt

J’ai créé le paquet curl 4.0 et l’ai rendu public ce vendredi-là. Il comprenait alors 2 200 lignes de code. Dans la distribution de curl 4.8 que j’ai faite quelques mois plus tard, le fichier THANKS mentionnait 7 contributeurs[Note] Daniel Stenberg, Rafael Sagula, Sampo Kellomaki, Linas Vepstas, Bjorn Reese, Johan Anderson, Kjell Ericson[/note]. Ça nous a pris presque sept ans pour atteindre une centaine de contributeurs. Aujourd’hui, ce fichier liste plus de 2 300 noms et nous ajoutons quelques centaines de noms chaque année. Ce n’est pas un projet solo !

Il ne s’est rien passé de spécial

curl n’a pas eu un succès massif. Quelques personnes l’ont découvert et deux semaines après cette première distribution, j’ai envoyé la 4.1 avec quelques corrections de bugs et une tradition de plusieurs décennies a commencé : continuer à publier des mises à jour avec des corrections de bug. « Distribuer tôt et souvent » est un mantra auquel nous nous sommes conformés.

Plus tard en 1998, après plus de quinze distributions, notre page web présentait cette excellente déclaration :

Capture d’écran : Liste de diffusion. Pour cause de grande popularité, nous avons lancé une liste de diffusion pour parler de cet outil. (La version 4.8.4 a été téléchargée à elle seule plus de 300 fois depuis ce site.)

 

Trois cents téléchargements !

Je n’ai jamais eu envie de conquérir le monde ou nourri de visions idylliques pour ce projet et cet outil. Je voulais juste que les transferts sur Internet soient corrects, rapides et fiables, et c’est ce sur quoi j’ai travaillé.

Afin de mieux procurer au monde entier de quoi réaliser de bons transferts sur Internet, nous avons lancé la bibliothèque libcurl, publiée pour la première fois à l’été 2000. Cela a permis au projet de se développer sous un autre angle 9. Avec les années, libcurl est devenue de facto une API de transfert Internet.

Aujourd’hui, alors qu’il fête son 23e anniversaire, c’est toujours principalement sous cet angle que je vois le cœur de mon travail sur curl et ce que je dois y faire. Je crois que si j’ai atteint un certain succès avec curl avec le temps, c’est principalement grâce à une qualité spécifique. En un mot :

Persistance

 

Nous tenons bon. Nous surmontons les problèmes et continuons à perfectionner le produit. Nous sommes dans une course de fond. Il m’a fallu deux ans (si l’on compte à partir des précurseurs) pour atteindre 300 téléchargements. Il en a fallu dix ou presque pour qu’il soit largement disponible et utilisé.

En 2008, le site web pour curl a servi 100 Go de données par mois. Ce mois-ci, c’est 15 600 Go (soit fait 156 fois plus en 156 mois) ! Mais bien entendu, la plupart des utilisatrices et utilisateurs ne téléchargent rien depuis notre site, c’est leur distribution ou leur système d’exploitation qui leur met à disposition curl.

curl a été adopté au sein de Red Hat Linux à la fin de l’année 1998, c’est devenu un paquet Debian en mai 1999 et faisait partie de Mac OS X 10.1 en août 2001. Aujourd’hui, il est distribué par défaut dans Windows 10 et dans les appareils iOS et Android. Sans oublier les consoles de jeux comme la Nintendo Switch, la Xbox et la PS5 de Sony.

Ce qui est amusant, c’est que libcurl est utilisé par les deux principaux systèmes d’exploitation mobiles mais que ces derniers n’exposent pas d’API pour ses fonctionnalités. Aussi, de nombreuses applications, y compris celles qui sont largement diffusées, incluent-elles leur propre version de libcurl : YouTube, Skype, Instagram, Spotify, Google Photos, Netflix, etc. Cela signifie que la plupart des personnes qui utilisent un smartphone ont curl installé plusieurs fois sur leur téléphone.

Par ailleurs, libcurl est utilisé par certains des jeux vidéos les plus populaires : GTA V, Fortnite, PUBG mobile, Red Dead Redemption 2, etc.

libcurl alimente les fonctionnalités de lecteurs média ou de box comme Roku, Apple TV utilisés par peut-être un demi milliard de téléviseurs.

curl et libcurl sont pratiquement intégrés dans chaque serveur Internet, c’est le moteur de transfert par défaut de PHP qui est lui-même utilisé par environ 80% des deux milliards de sites web.

Maintenant que les voitures sont connectées à Internet, libcurl est utilisé dans presque chaque voiture moderne pour le transfert de données depuis et vers les véhicules.

À cela s’ajoutent les lecteurs média, les appareils culinaires ou médicaux, les imprimantes, les montres intelligentes et les nombreux objets « intelligents » connectés à Internet. Autrement dit, la quasi-totalité des appareils connectés à Internet exécutent curl.

Je suis convaincu que je n’exagère pas quand je déclare que curl existe sur plus de dix milliards d’installations sur la planète.

Seuls et solides

À plusieurs reprises lors de ces années, j’ai essayé de voir si curl pouvait rejoindre une organisation cadre mais aucune n’a accepté et, en fin de compte, je pense que c’est mieux ainsi. Nous sommes complètement seuls et indépendants de toute organisation ou entreprise. Nous faisons comme nous l’entendons et nous ne suivons aucune règle édictée par d’autres. Ces dernières années, les dons et les soutiens financiers se sont vraiment accélérés et nous sommes désormais en situation de pouvoir confortablement payer des récompenses pour la chasse aux bugs de sécurité par exemple.

Le support commercial que nous proposons, wolfSSL et moi-même, a je crois renforcé curl : cela me laisse encore plus de temps pour travailler sur curl, et permet à davantage d’entreprises d’utiliser curl sereinement, ce qui en fin de compte le rend meilleur pour tous.

Ces 300 lignes de code fin 1996 sont devenues 172 000 lignes en mars 2021.

L’avenir

Notre travail le plus important est de ne pas « faire chavirer le navire ». Fournir la meilleure et la plus solide bibliothèque de transfert par Internet, sur le plus de plateformes possible.

Mais pour rester attractifs, nous devons vivre avec notre temps, c’est à dire de nous adapter aux nouveaux protocoles et aux nouvelles habitudes au fur et à mesure qu’ils apparaissent. Prendre en charge de nouvelles versions de protocoles, permettre de meilleures manières de faire les choses et, au fur et à mesure, abandonner les mauvaises choses de manière responsable pour ne pas nuire aux personnes qui utilisent le logiciel.

À court terme je pense que nous voulons travailler à nous assurer du fonctionnement d’HTTP/3, faire de Hyper 10 une brique de très bonne qualité et voir ce que devient la brique rustls.

Après 23 ans, nous n’avons toujours pas de vision idéale ni de feuille de route pour nous guider. Nous allons là où Internet et nos utilisatrices nous mènent. Vers l’avant, toujours plus haut !


La feuille de route de curl 😉

23 ans de curl en 23 nombres

Pendant les jours qui ont précédé cet anniversaire, j’ai tweeté 23 « statistiques de curl » en utilisant le hashtag #curl23. Ci-dessous ces vingt-trois nombres et faits.

  • 2 200 lignes de code en mars 1998 sont devenues 170 000 lignes en 2021 alors que curl fête ses 23 ans
  • 14 bibliothèques TLS différentes sont prises en charge par curl alors qu’il fête ses 23 ans
  • 2 348 contributrices et contributeurs ont participé au développement de curl alors qu’il fête ses 23 ans
  • 197 versions de curl ont été publiées alors que curl fête ses 23 ans
  • 6 787 correctifs de bug ont été enregistrés alors que curl fête ses 23 ans
  • 10 000 000 000 d’installations dans le monde font que curl est l’un des jeunes hommes de 23 ans des plus distribués au monde
  • 871 personnes ont contribué au code de curl pour en faire un projet vieux de 23 ans
  • 935 000 000 récupérations pour l’image docker officielle de curl (83 récupérations par seconde) alors que curl fête ses 23 ans
  • 22 marques de voitures, au moins, exécutent curl dans leurs véhicules alors que curl fête ses 23 ans
  • 100 tâches d’intégration continue sont exécutées pour chaque commit et pull request sur le projet curl alors qu’il fête ses 23 ans
  • 15 000 heures de son temps libre ont été passés sur le projet curl par Daniel alors qu’il fête ses 23 ans
  • 2 systèmes d’exploitation mobile les plus utilisés intègrent et utilisent curl dans leur architecture alors que curl fête ses 23 ans
  • 86 systèmes d’exploitation différents font tourner curl alors qu’il fête ses 23 ans
  • 250 000 000 de télévisions utilisent curl alors qu’il fête ses 23 ans
  • 26 protocoles de transport sont pris en charge alors que curl fête ses 23 ans
  • 36 bibliothèques tierces différentes peuvent être compilées afin d’être utilisées par curl alors qu’il fête ses 23 ans
  • 22 architectures différentes de processeurs exécutent curl alors qu’il fête ses 23 ans
  • 4 400 dollars américains ont été payés au total pour la découverte de bugs alors que curl fête ses 23 ans
  • 240 options de ligne de commandes existent lorsque curl fête ses 23 ans
  • 15 600 Go de données sont téléchargées chaque mois depuis le site web de curl alors que curl fête ses 23 ans
  • 60 passerelles vers d’autres langages existent pour permettre aux programmeurs de transférer des données facilement en utilisant n’importe quel langage alors que curl fête ses 23 ans
  • 1 327 449 mots composent l’ensemble des RFC pertinentes qu’il faut lire pour les opérations effectuées par curl alors que curl fête ses 23 ans
  • 1 fondateur et développeur principal est resté dans les parages du projet alors que curl fête ses 23 ans

Crédits images AnnaER




Forget about Framaforms-the-software, make room for Yakforms !

After several years, Framasoft has decided to stop the developments of its software Framaforms, which provides you the same name service. And to avoid any confusion between the software’s name and the service named Framaforms (which remains open, don’t worry), we have decided to give it a new name: Yakforms. Let’s see what motivated this decision.

Please note:
The original French version of this article has been published on this blog on May 25th, 2021

Framaforms, its life, its work

Officially released on October 5, 2016 as an alternative to Google Forms, Framaforms is an online service that allows internet users to simply create forms, by dragging and dropping elements (text fields, checkboxes, drop-down menu, etc.), to share them and analyze the answers.

Unlike most of the services presented in the De-google-ify internet campaign, Framaforms is based on a software developed by one of the association’s employees. Framasoft has always preferred to offer and promote existing free-libre softwares that have their own community, rather than developing homemade solutions that need to be maintained and developed, not to mention user support. But no satisfying software was found to provide an alternative to Google Forms: most of the existing free-libre softwares were not online services, or were pretty hard to use or too expensive.

 

Sometimes at Framasoft, we have to make very difficult choices.

Also, Pyg, the general director of Framasoft at the time, decided to develop a simple and user-friendly tool. Considering his technical skills, he chose a solution using Drupal (one of the most intalled free-libre Content Management Software – or CMS – in the world) and the Webform module (for creating forms). Feel free to read his interview published at the time where he talked about his choices.

Four years and a half later, Framaforms is one of the most used services of Framasoft. In 2020, framaforms.org represented more than 36 million page views (a 250% increase compared to 2019). In the last twelve months (May 2020 to April 2021) alone, almost 100,000 forms were created on Framaforms where they collected over 2 million responses. Every week more than 1,000 of you create more than 3,000 forms. That’s really impressive!

 

Sometimes, we wonder why this service is so successfull! Of course, we did our best to promote it. Of course, internet users are more and more aware of the need to change their digital practices to protect their privacy. Of course, we know that asking for sensitive information, such as gender identity or sexual orientation, via a Google Forms is less and less common and acceptable.

But it seems that the main reason why you use Framaforms is just because one day, you were asked to submit a form hosted on framaforms.org and therefore you discovered the tool. Form creators indirectly become self-prescribers of the service to their audience. Submitting to a form gives you an active experience of the tool and then allows you to become a creator more easily. That confirms that Framaforms is a tool with a future.

The issue with Framaforms

However, since its development in 2016, Framaforms is a tool that hasn’t much evolved. As you can notice on the software’s repository, the team has regularly updated Drupal and the modules used, improved performances (especially by switching to php7 and changing servers), fixed identified bugs but added very few features (some in 2017).

Besides, since 2016, Framasoft is the new editor of two softwares: PeerTube and Mobilizon. With Framadate and Framaforms, Framasoft finds itself managing 4 different softwares, not to mention all the existing projects to which our association contributes. And it’s a lot for a small not-for-profit like ours. We decided that our capacity to develop should be focused on PeerTube and Mobilizon, at the cost of the two other tools.

 

Finally, because of its technical bases, Framaforms software wasn’t suitable for installation by other hosting companies: the process was arduous. This explains why Framaforms didn’t become much of a « swarm », unlike other successful softwares currently supported by a large community. So far, very few instances are installed, which increases the pressure on the Framaforms service that has to take care of all users’ burden.

That’s one of the main reasons why we welcomed Théo as an intern from February to July 2020. His main missions were to:

  • improve the software to make it more functional;
  • reduce the support load by actively participating in it;
  • simplify the installation process, in order to increase Framaforms instances’ number.

Théo worked very hard on new features. Among the most important ones:

  • creation of a direct contact form so that users can directly contact the form creator without using Framasoft support
  • design of an « Overview » page allowing Framaforms administrators to easily access statistics (total number of forms and users, « abusive » forms, etc.)
  • forms automatic deletion after an expiration period.

Details about the direct contact form.

Concerning the software installation process, Théo has created a Drupal installation profile for Framaforms offering instance administrators Framaforms module (enriched), and webform modules on which the software is based. Framaforms can now be installed directly via the Drupal interface rather than by manipulating files via a terminal. This simplifies the installation process, with the significant advantage that it’s very similar to the Drupal installation process.

Despite these improvements, Framasoft knows that, as long as the software has the same name than the associated service, people would always think that Framasoft is responsible for developing and maintaining the software.

Even though we don’t consider closing down the framaforms.org service, we don’t want to dedicate as much energy developing this tool. At least, we don’t want to be the only ones to do it, therefore we would like a development community to emerge who will take over Framaforms software to bring it new features.

Framaforms-the-software is dead, long live Yakforms!

The emergence of this community is needed to keep the software alive. Framaforms needs, at least, interventions on security flaws and functional bugs that may appear. And this software would also deserve new features, interface and ergonomy improvements, etc.

In order to prepare this community, we offered Théo to join the salaried team for a few months. His missions: to work on the internationalization (making the software translatable), to provide instances customization (allowing administrators to configure some elements such as the instance name, its formatting or its limitations) and to develop new features (limiting the number of answers per form and the number of forms per account). He also had to create a presentation website where everything about the software would be accessible, whether you are a simple user, an administrator or a developer.

The other important thing for us was to rename Framaforms to avoid any confusion with the framaforms.org service. After many brainstormings, we chose the name Yakforms to replace Framaforms. Why Yakforms? Well… this choice is both a combination of bad puns and the desire to have a mascot. So why a yak? The mystery remains, and we are committed to inventing a different answer every time we are asked. Because the only answer that matters, is the one given by the future development community created around this software (or that will copy it, « fork » it to give it a brand new direction, and a new name).

Théo also did his best to create a community around Yakforms. Therefore he thought a lot about different online spaces that would allow a community to exchange and pull together. He created a dedicated category on the Framacolibri forum and a website presenting the software: its main features, how to install an instance and how to contribute to its development.

 

Discover Yakforms’s new presentation website! https://yakforms.org

We hope that many of you will browse through it to learn more about the main features, to find out how to install it or participate in its development. Because this software won’t evolve without you. Joining the Yakforms community means participating in the software development: improving its code, rethinking its ergonomics, translating its interfaces or documenting its use.

So get hold of Yakforms! Install it, translate it, fork it, challenge it or offer feedback on the forum, etc. By releasing this project from Framasoft’s control, we hope that a diverse and strong community will take it further than we did. Yakforms is in your hands, and we look forward to seeing what you will do with it!

And a huge thanks to the #MemesTeam for their creativity!




Oubliez Framaforms-le-logiciel, faites de la place à Yakforms !

Après plusieurs années, Framasoft a décidé de ne plus prendre en charge les évolutions du logiciel Framaforms qui sert à vous offrir le service du même nom. Et pour que cesse la confusion entre le nom du logiciel et le nom du service Framaforms (qui reste ouvert, hein, ne vous inquiétez pas), on a décidé de donner un nouveau nom au logiciel : Yakforms. Petit retour sur ce qui a motivé cette décision.

À noter :
Découvrez la version en anglais de cet article réalisée par notre stagiaire Coraline

Framaforms, sa vie, son œuvre

Sorti officiellement le 5 octobre 2016 et présenté comme une alternative à Google Forms, Framaforms est un service en ligne qui permet à tou⋅tes les internautes de réaliser simplement des formulaires, par glisser-déposer d’éléments (champs textes, cases à cocher, menu déroulant, etc.), de les partager et d’analyser les réponses.

Contrairement à la majorité des services proposés dans le cadre de la campagne Dégooglisons Internet, celui-ci repose sur un logiciel développé en interne par l’un des salariés de l’association. Framasoft a toujours préféré proposer et mettre en valeur des logiciels libres déjà existants et disposant déjà d’une communauté, plutôt que de développer des solutions maison qu’il faut maintenir, faire évoluer, sans compter le support utilisateur à gérer. Mais aucun logiciel satisfaisant n’a été trouvé pour servir d’alternative à Google Forms : la plupart des logiciels libres existants n’étaient pas proposés comme services en ligne, ou lorsque c’était le cas, ils étaient assez complexes d’utilisation ou leurs tarifs étaient assez élevés.

Parfois, chez Framasoft, on doit faire des choix vraiment complexes :D

C’est donc pyg, à l’époque directeur général de l’association, qui s’est chargé de développer un outil simple et facile d’utilisation. Au regard de ses compétences techniques, il a fait le choix d’une solution utilisant Drupal (un des logiciels libres de création de sites web les plus installés au monde) et le module Webform (qui permet la création de formulaires). N’hésitez pas à consulter son interview parue à l’époque pour parler de ses choix.

4 ans et demi plus tard, Framaforms est l’un des services les plus utilisés parmi ceux proposés par l’association. En 2020, framaforms.org c’est plus de 36 millions de pages vues (une augmentation de 250% par rapport à 2019). Ne serait-ce que sur les douze derniers mois (mai 2020-avril 2021), presque 100 000 questionnaires ont été créés sur Framaforms et ils ont recueilli plus de 2 millions de réponses. Vous êtes plus de 1000 chaque semaine à créer plus de 3000 questionnaires. C’est vraiment impressionnant !

Parfois, on se demande pourquoi ce service rencontre un tel succès ! Bien sûr, on a fait de notre mieux pour le valoriser. Bien sûr, les internautes sont de plus en plus conscient·es de la nécessité de modifier leurs pratiques numériques afin de protéger leurs données personnelles. Bien sûr, on sait bien qu’il est de moins en moins répandu – et acceptable – de demander des informations sensibles, telles que l’identité de genre ou l’orientation sexuelle, via un Google Forms.

Mais il y a de fortes chances que la principale raison pour laquelle vous utilisez aujourd’hui Framaforms, c’est tout simplement parce qu’un jour, on vous a proposé de répondre à un questionnaire hébergé sur framaforms.org et qu’ainsi vous avez découvert l’outil. Les créateur·ices de formulaires deviennent indirectement auto-prescripteur·ices du service auprès de leur public. En répondant à un formulaire, vous avez une expérience active de l’outil et il est ainsi plus facile de passer le cap de devenir créateur·ice ensuite. Cela nous confirme que Framaforms est un outil qui a de l’avenir.

Le souci avec Framaforms

Cependant, Framaforms est un outil qui, depuis son développement en 2016, n’a que très peu évolué. Comme, vous pouvez le constater sur le dépôt git du logiciel, l’équipe a régulièrement fait les mises à jour de Drupal et des modules utilisés, amélioré les performances (notamment en passant à php7 et en changeant de machine) et corrigé les bugs identifiés, mais très peu de fonctionnalités ont été ajoutées (quelques-unes en 2017).

De plus, depuis 2016, Framasoft est devenu l’éditeur de nouveaux logiciels : PeerTube, puis Mobilizon. Avec Framadate et Framaforms, l’association se retrouve donc à gérer 4 logiciels différents, sans compter les très nombreuses contributions que notre association apporte à des projets existants. Et c’est beaucoup pour une petite structure comme la nôtre. Nous avons donc décidé que notre capacité de développement devait être mise en priorité sur PeerTube et Mobilizon, au détriment des deux autres outils.

Enfin, en raison de ses bases techniques, le logiciel Framaforms ne se prêtait pas à son installation par d’autres hébergeurs : le processus était ardu. Cela explique qu’il a très peu « essaimé », contrairement à d’autres logiciels qui ont rencontré un grand succès et sont actuellement portés par une large communauté. À ce jour, très peu d’instances sont installées, ce qui accroît la pression sur le service Framaforms, qui doit assumer la charge de la totalité des utilisateur⋅ices.

C’est l’une des principales raisons qui fait que nous avons accueilli Théo en stage de février à juillet 2020. Ses principales missions ont été :

  • améliorer le logiciel afin de le rendre plus fonctionnel ;
  • alléger la charge du support en participant activement à celui-ci ;
  • modifier le processus d’installation, afin de faciliter la multiplication des instances de Framaforms.

Théo a donc bûché dur sur de nouvelles fonctionnalités. Parmi les plus importantes : la mise en place d’un formulaire de contact direct, afin que les utilisateur⋅ices puissent directement contacter l’auteur·ice du formulaire sans passer par le support de Framasoft, la conception d’une page « Vue d’ensemble » qui permet aux administrateur⋅ices de Framaforms d’accéder facilement à un nombre de statistiques (nombre total de formulaires et d’utilisateur⋅ices, formulaires « abusifs », etc.) ou la suppression automatique des formulaires après une période d’expiration.

explications sur le formulaire de contact direct

Pour ce qui est du processus d’installation du logiciel, Théo a créé un profil d’installation Drupal pour Framaforms qui propose aux administrateur⋅ices d’instances les modules framaforms (enrichi) et webform sur lesquels repose le logiciel. L’installation de Framaforms se fait donc désormais directement via l’interface de Drupal plutôt qu’en manipulant des fichiers via un terminal. Le processus d’installation s’en trouve grandement simplifié, avec l’avantage notable qu’il se rapproche grandement du processus d’installation de Drupal.

Malgré ces améliorations, Framasoft est conscient que tant que le logiciel portera le même nom que le service associé, il y aura toujours une confusion qui laissera penser que c’est Framasoft qui a en charge le développement et la maintenance du logiciel.

Si nous n’envisageons pas la fermeture du service framaforms.org, nous ne souhaitons plus autant dédier d’énergie à l’évolution de cet outil. Du moins, nous ne souhaitons pas être les seuls à le faire et c’est pourquoi nous aimerions qu’une communauté de développement puisse émerger et s’emparer du logiciel Framaforms afin d’y apporter de nouvelles fonctionnalités.

Framaforms-le-logiciel est mort, vive Yakforms !

Faire émerger cette communauté est nécessaire afin de continuer à faire vivre le logiciel. Framaforms-le-logiciel a besoin, a minima, d’interventions sur des failles de sécurité et des bogues fonctionnels qui pourraient apparaître. Et ce logiciel mériterait aussi d’évoluer avec de nouvelles fonctionnalités, des améliorations d’interface et d’ergonomie, etc.

Afin de préparer ce projet de communauté autour du logiciel Framaforms, nous avons proposé à Théo de rejoindre l’équipe salariée pour quelques mois. Sa mission : travailler sur l’internationalisation (rendre le logiciel traduisible), permettre la customisation d’une instance (permettre aux administrateur⋅ices de paramétrer un certain nombre d’éléments tels que le nom de l’instance, sa mise en forme ou ses limitations), développer de nouvelles fonctionnalités (limitation du nombre de réponses par formulaire et du nombre de formulaires par compte) et créer un site web de présentation où tous les éléments concernant le logiciel seraient accessibles, que l’on soit simple utilisateur⋅ice, administrateur⋅ice ou développeur⋅se.

L’autre élément important pour nous a été de renommer le logiciel Framaforms afin d’éviter la confusion avec le service framaforms.org . Après de nombreux brainstorming internes, nous avons donc choisi le nom Yakforms pour remplacer Framaforms. Pourquoi Yakforms ? Et bien… c’est au final un choix qui relève à la fois d’une convergence de mauvais jeux de mots et de l’envie d’avoir une mascotte. Alors pourquoi un yak ? Le mystère reste entier, et nous nous engageons à inventer une réponse différente à chaque fois qu’on nous posera la question. Car la seule réponse qui compte, c’est celle que donnera la future communauté de développement qui se créera autour de ce logiciel (ou le copiera, ou le « forkera » pour lui offrir une toute nouvelle direction, et un nouveau nom).

Théo a aussi fait le nécessaire pour qu’une communauté puisse voir le jour autour de Yakforms. Pour cela, il a pris le temps de réfléchir aux différents espaces en ligne qui permettraient à une communauté d’échanger et de s’entraider. Il a créé une catégorie dédiée sur le forum Framacolibri et réalisé un site web qui vous présente le logiciel, ses principales fonctionnalités, comment installer une instance et comment contribuer à son développement.

Découvrez le nouveau site web de présentation de Yakforms !
http://yakforms.org/

On espère que vous serez nombreu⋅ses à le consulter pour en savoir plus sur les principales fonctionnalités, découvrir comment l’installer ou participer à son évolution. Car sans vous, ce logiciel n’évoluera pas. Rejoindre la communauté Yakforms, c’est participer à l’amélioration du logiciel : faire évaluer son code, repenser son ergonomie, traduire ses interfaces ou encore documenter son utilisation.

Emparez-vous de Yakforms ! Installez-le, traduisez-le, forkez-le, remettez-le en question ou proposez des retours d’expérience sur le forum, etc. En libérant ce projet du contrôle de Framasoft, nous espérons qu’une communauté diverse et forte saura s’en emparer et le mener plus loin que nous ne le pourrions. Yakforms est entre vos mains, et nous avons hâte de voir ce que vous allez en faire !

Et un grand merci à la #TeamMemes pour sa créativité !