Castopod : la voix du fédivers

Plus de soixante-quinze millions de podcasts sont téléchargés chaque mois dans notre pays par plus de douze millions de personnes.
Qui les fait ? Qui les écoute ? Nous avons interrogé Benjamin Bellamy, co-créateur de Castopod —en audio, s’il vous plaît.

Origami oiseau réalisé avec une feuille portant des logos de Castopod; posé sur un casque audio
Illustration CC-BY-SA Benjamin Bellamy

La transcription de l’entretien

 

Bonjour ! Selon une enquête Médiamétrie sortie en décembre 2022 « Les chiffres clés de la consommation de podcasts en France », plus de soixante-quinze millions de podcasts sont téléchargés chaque mois dans notre pays par plus de douze millions de personnes. C’est donc un phénomène qui a conquis toute la Gaule. Toute, pas tout à fait puisqu’il reste au moins un indi… irréductible, voilà, je commence à bafouiller, c’est bien, qui est passé à côté c’est-à-dire moi.

Aujourd’hui nous avons eu l’idée d’interviewer Benjamin qui, lui, est très impliqué dans le monde du podcast et pour lui faire honneur nous faisons donc cet entretien en audio, ce qui n’est pas l’habitude dans le Framablog.

Benjamin, est-ce que tu peux te présenter ?

 

Oui, bien sûr, Frédéric. Bonjour. Donc je m’appelle Benjamin Bellamy.

En deux mots je suis né longtemps avant les réseaux sociaux mais après les cartes perforées et tout petit je suis tombé dans la marmite informatique.
J’écoute des podcasts depuis pas mal de temps et il y a deux ans avec trois associés j’ai créé une société qui y est exclusivement consacrée, Ad Aures.

 

Est-ce que tu peux présenter Castopod ? C’est quoi ? Un logiciel, une plate-forme, un oiseau, une fusée ?

 

Castopod qui donc est développée par Ad Aures, c’est un peu tout ça à la fois.
C’est d’abord un logiciel codé en PHP qui permet à toutes et à tous d’héberger plusieurs podcasts. Une fois en place, c’est-à-dire cinq minutes après avoir dézippé le paquet et lancé l’assistant d’installation c’est une plateforme d’hébergement de podcasts multipodcasts multi-utilisatrices multi-utilisateurs et enfin peu de gens le savent mais en imprimant le code source de Castopod sur une feuille A4 on obtient un superbe oiseau.

Origami papillon réalisé avec une feuille portant des logos de Castopod, posé sur des fleurs
Illustration CC-BY-SA Benjamin Bellamy

 

Pour la fusée en revanche j’avoue on est super en retard et rien n’est prêt.

Enfin, plus sérieusement, Castopod permet à tout le monde de mettre des podcasts en ligne afin qu’ils soient disponibles sur n’importe quelle plateforme d’écoute donc ça peut être évidemment Apple Podcast, Google Podcast, Deezer, Spotify, Podcast-Addict, PostFriends, Overcast,… Il y en a plein d’autres, donc vraiment partout. Castopod apporte tout ce dont on a besoin donc de la gestion de fichiers sonores MP3 évidemment à la gestion des métadonnées, des titres, des descriptions, la génération du fameux RSS, l’export de clips vidéo à partager sur les réseaux sociaux, les mesures d’audience etc.

 

Et d’autre part, Castopod est adapté tout autant aux podcastrices et aux podcasteurs en herbe qu’aux professionnels les plus chevronnés puisque avec une seule installation on peut avoir autant de podcasts qu’on veut autant de comptes utilisateurs qu’on veut et enfin Castopod est open source, libre et gratuit, et il promeut et intègre des initiatives ouvertes telles que celles de Podcasting 2.0 qui permet entre autres la gestion de transcription et de sous-titrage de liens de financement de chapitres de géolocalisation de contenu de gestion des intervenants et de commentaires inter-plateforme et encore plein d’autres choses.

 

Qu’est-ce qui t’a poussé à lancer Casopod ?

 

Qu’est-ce qui m’a poussé à lancer Castopod, tu veux dire : qui m’a poussé à lancer Castopod ? D’une certaine manière c’est Framasoft.
En fait en mars 2019 alors que je cherchais une plateforme de podcasts compatible avec le fédivers j’ai contacté Framasoft pour savoir si vous aviez pas ça dans les tuyaux. Naïvement j’étais persuadé que la réponse serait « ben oui, évidemment » et là la douche froide : « non pas du tout ».

Et à ce moment-là Chocobozzz m’avait expliqué qu’avec les développements de Peertube et Mobilizon qui avaient été lancés un petit peu avant en décembre 2018 Framasoft n’avait pas le temps de se consacrer à un autre projet.

Heureuse coïncidence, à ce moment-là Ludovic Dubost le créateur de Xwiki m’a raconté comment il avait obtenu un financement de NLnet pour CryptPad. Donc j’ai déposé un dossier qui a été accepté immédiatement et qui en plus de nous faire très plaisir nous a confortés quant à la pertinence du projet.

 

Les podcasts m’ont l’air d’être gratuits dans la majorité des cas. Quel est le modèle économique ? Comment est-ce qu’ils en vivent, les gens ?

 

Il y a plusieurs modèles économiques du podcast.

Déjà effectivement il est important de noter qu’aujourd’hui quatre-vingt-dix-neuf pour cent des podcasts n’ont pas de modèle au sens capitaliste du terme, ce qui ne veut pas pour autant dire qu’ils sont gratuits.

Les podcastrices et les podcasteurs se rémunèrent de façon indirecte par le plaisir que ça procure, pour la promotion d’un autre produit ou service, pour l’exposition médiatique, etc. et quant au pourcent restant… Il existe plein de manières de gagner de l’argent.

On peut vendre un abonnement, encourager ses auditrices et ses auditeurs à donner des pourboires, on peut gagner des bitcoins par seconde d’écoute, on peut lire de la publicité, on peut produire un podcast de marque, on peut insérer automatiquement des spots publicitaires sonores, on peut afficher de la publicité à l’écran… par exemple chez Ad Aures notre spécialité c’est l’affichage publicitaire de recommandations contextuelles donc sans cookie ni profilage de l’internaute.

 

Et quel est le modèle économique de Castopod, alors ? Si je te dis que la société Ad Aures est l’équivalent de Canonical pour Ubuntu, est-ce que tu le prends mal ?

 

 

En fait c’est plutôt flatteur. On n’a pas du tout la prétention de devenir le Canonical du podcast même si effectivement on peut y voir des similitudes.
Pour répondre à ta question comme je l’ai laissé entendre plus tôt Castopod a bénéficié d’une subvention européenne qui a permis de financer le démarrage du développement. Ad Aures, la société que j’ai créée avec mes associés a également financé une grosse part du développement.

On compte sur les contributions de toutes celles et ceux qui souhaitent qu’on puisse continuer à maintenir et à faire grandir Castopod au travers de la plateforme Open Collective et enfin à on lance à l’heure où on parle tout juste d’une offre d’hébergement payante clés en main qui va donc permettre à toutes et à tous d’utiliser Castopod sans avoir à s’occuper du moindre aspect technique de l’hébergement.

 

On se rapproche plutôt du modèle de Piwigo, alors ?

 

Euh, exactement, ouais.

 

Alors la question qui pique. Moi je te connais, on s’est rencontrés, euh, il n’y a pas si longtemps que ça, au salon Open-Source Experience et je te connais comme un vrai libriste très engagé… et tu proposes de mettre de la pub sur les «postcasses» des gens ! J’arriverai jamais à prononcer «podcast» correctement ! Alors est-ce que la pub c’est compatible avec ton engagement libriste ?

 

Alors je vois pas pourquoi ça ne serait pas parce que en fait publicité et open source, ces deux concepts ont absolument rien à voir, même si je comprends ce que tu veux dire.

Personnellement, moi, je considère que la publicité en soi déjà ce n’est pas sale et c’est pas honteux et… Ce qui lui a donné une mauvaise réputation c’est le profilage à outrance des internautes est ça ouais c’est pas terrible, je suis d’accord mais justement nous ce qu’on propose c’est des publicités qui sont non invasives sans profilage sans cookie, pertinentes parce que en relation directe avec le contenu qui les héberge et ça permet d’offrir une rémunération à celles et à ceux qui produisent les contenus.

 

Chez nous il n’y a pas de pub pour le tout dernier jeu super addictif ou le top dix des choses qu’on ignorait pouvoir faire avec un cure-dent et un balai de chiottes.
Nous on va plutôt mettre en avant un bouquin en lien direct avec les métadonnées et avec le contenu sonore du podcast grâce au concept que notre moteur d’analyse sémantique aura détecté.

Alors d’un point de vue pratique comment est-ce qu’on fait pour avoir des podcasts dans son smartphone sans blinder sa mémoire ? Parce que moi j’oublie pas que je suis toujours à court de mémoire.

 

Eh eh, c’est là que que je vois qu’effectivement tu n’es pas un expert du podcast parce que un podcast en moyenne c’est quarante minutes.

 

Pour avoir une bonne qualité, voire même une très bonne qualité il faut compter 192 kilobits par seconde. Ce qui fait que un bon gros podcast ça fait moins de 100 méga-octets. Si en plus tu considères que aujourd’hui on est connecté la plupart du temps à Internet du coup pour écouter un podcast il n’y a pas nécessairement besoin de le pré-télécharger. On se rend vite compte que l’espace de stockage nécessaire c’est pas vraiment le souci.

OK, alors moi j’ai un autre problème quand est-ce que les gens ont le temps d’écouter des podcasts ? En faisant autre chose en même temps ?

 

Bah ça c’est la magie du podcast. Le podcast il laisse les mains et les pieds et les yeux totalement libres. Si tu fais le bilan d’une journée, en fait, tu te rends compte que les occasions elles sont super nombreuses.

Tu as le petit-déj, dans ta voiture, dans les transports, en faisant du sport, en attendant un rendez-vous, en faisant son ménage. Personnellement je ne fais plus la vaisselle sans mon podcast.

 

OK, mais le temps d’une vaisselle suffit pour écouter un podcast ? C’est quoi la durée idéale d’un podcast ?

 

Alors… J’ai envie dire déjà ça dépend de ta dextérité à faire la vaisselle. Peut-être que la mienne est pas au top et que justement comme j’écoute des podcasts, eh bien, je ne progresse pas beaucoup. La durée idéale d’un podcast, ben, c’est un peu comme la longueur idéale des jambes, c’est quand elles touchent bien le sol. C’est affaire de contexte parce que si euh les statistiques font état donc d’une durée moyenne de quarante minutes il y a tout plein de circonstances pour écouter un podcast. Donc en fait il y a plein de durées idéales.

Le contexte d’écoute c’est un critère déterminant.

Je ne vais pas chercher le même type et la même longueur, la même durée, de podcast pour le café du matin que pour le café du TGV Paris-Biarritz ! À chaque contexte d’écoute il y a une durée idéale.

Alors, qui produit des podcasts ? Est-ce qu’il y a une grosse offre française ? Moi je ne connais que celui de Tristan Nitot mais en effet je ne suis pas spécialiste.

 

Sur les quatre millions de podcasts dans le monde il y en a 72 000 qui sont francophones ce qui veut dire qu’il y en a beaucoup et qui a beaucoup plus d’heures de podcasts francophones publiés chaque jour qu’il y a d’heures dans une journée. Même si tu les écoutes en vitesse deux fois sans dormir tu ne pourras pas tout écouter.

L’une des particularités du marché français c’est l’importance de l’offre radiophonique parce que les Françaises et les Français sont très attachés à leurs radios, bien plus que dans les autres pays du monde, d’ailleurs. Et donc c’est naturellement qu’on retrouve les radios en bonne place dans les études d’écoute de podcasts. En France il y a également beaucoup de studios de podcasts d’une très grande qualité, vraiment beaucoup, et enfin et c’est ce qui est génial avec le podcasting : n’importe qui peut se lancer que ce soit pour une heure une semaine un an ou dix.

Ma fille a lancé le sien à dix ans !

 

Ah oui, les poésies d’Héloïse, tu m’as dit ça tout à l’heure.

 

C’est ça !

 

Est-ce qu’on a besoin de beaucoup de matériel pour faire un podcast ?

On a besoin que d’un bon micro, des idées, évidemment, euh, d’Audacity, Castopod, et ça suffit, hop-là, on se lance ?

 

La première chose dont on a besoin c’est l’envie puis l’idée et euh… et c’est tout !

Aujourd’hui n’importe quel téléphone moderne est capable d’enregistrer une voix bien mieux que les enregistreurs hors de prix qu’on avait dans les années quatre-vingts !

Si tu savais combien de podcasts sont en fait enregistrés au téléphone sous une couette ou dans une taie d’oreiller ! Bien entendu, et ce n’est pas valable que pour le podcast, hein, plus on avance et plus on devient exigeant et un bon microphone et une bonne carte son, ça fera vite la différence. Mais les contraintes techniques ne doivent pas brider la créativité.

En ce qui concerne le montage donc tu as cité Audacity. Je l’utilise de temps à autre mais je suis plutôt «Team Ardour». La grosse différence c’est qu’Audacity est destructif. C’est-à-dire que tu ne peux pas annuler une manipulation que tu as faite il y a deux heures alors qu’avec Ardour qui est non-destructif… deux ans après avoir bossé sur un montage tu peux encore tout corriger et revenir sur n’importe quelle opération.

Et enfin sur l’hébergement bah il y en a pour tous les besoins, tous les goûts, tous les profils, tous les podcasts, mais la seule solution qui à la fois open source certifié podcasting 2.0 et connectée au fédiverse c’est Castopod.

 

 

Qu’est-ce que tu écoutes, toi, comme podcasts ? Est-ce que tu as des conseils pour les personnes qui souhaitent une sélection ?
On mettra les liens dans les commentaires.

 

Ah c’est un peu audacieux de demander à un inconnu un conseil podcast, c’est un peu comme demander un conseil gastronomique à un inconnu dans la rue.

Surtout que personnellement j’ai une sélection qui est assez éclectique et pas très originale.

Dans les podcasts que j’écoute régulièrement… Il y a Podland, Podnews, Podcasting 2.0, The Europeans, Décryptualité, Libre à vous, L’Octet vert que tu as cité et Sans Algo. Et puis j’écoute aussi beaucoup de d’émission de radio du service public podcastées quand elles sont pas sauvagement supprimées des plateformes ouvertes, suivez mon regard…

 

Alors c’est quoi ton regard ? Tu peux les citer ou… ?

 

Non je ne veux me fâcher avec personne.

 

J’ai vu que Castopod était compatibles Activitypub. Alors ça veut dire quoi concrètement pour les gens qui nous écoutent ?

 

Alors
Activitypub c’est un protocole… c’est un protocole standard normalisé par le W3C, donc c’est pas vraiment des rigolos quand il s’agit de définir une norme, qui permet à toutes les plateformes de réseaux sociaux qui l’implémente de connecter leur contenu et leurs utilisatrices et leurs utilisateurs entre eux l’ensemble des plateformes qui utilisent Activitypub est appelé le fédiverse qui est un mot-valise contraction de «univers» et «fédérer». La plus emblématique de ces plateformes c’est Mastodon quel est donc une plateforme de microblogging semblable à Twitter qui connaît un succès considérable depuis 2017 et récemment on en entend beaucoup parler suite au rachat de Twitter et on compte aujourd’hui plusieurs milliers de serveurs Mastodon et plusieurs millions d’utilisatrices et utilisateurs.
Là où franchement ça devient génial et même au-delà de Mastodon c’est que le fédiverse permet de mutualiser et d’interconnecter plein plein plein de serveurs sur des technologies diverses, différentes, pourvu qu’il implémente Activitypub. Par exemple une utilisatrice ou un utilisateur pourra depuis un un compte Mastodon donc un unique compte Mastodon interagir avec d’autres qui sont connectés depuis un ou plusieurs serveurs Pixelfed, du partage de photos façon Instagram depuis des serveurs Peertube partage de vidéos façon Youtube depuis des serveurs Bookwyrm qui est un service de partage de critiques littéraires depuis les serveurs Funkwhale qui permet du partage de musique depuis Mobilizon, nous en parlions tout à l’heure, qui permet de partager de l’organisation d’événements et depuis Castopod qui permet le partage de podcasts.

Origami papillon réalisé avec une feuille portant des logos de Castopod, posé sur des fleurs
Illustration CC-BY-SA Benjamin Bellamy

Donc concrètement imagine c’est comme si depuis ton compte Twitter tu pouvais « liker » une photo Instagram, commenter une vidéo Youtube, partager une musique SoundCloud.

Alors évidemment bah ça c’est pas possible. C’est pas possible chez les GAFAM.

Mais sur le fédivers ça l’est ! C’est possible, et c’est possible aujourd’hui ! Ce qui fait que ben avec Castopod le podcast est le réseau social donc tes auditrices et tes auditeurs peuvent commenter, partager ou aimer un épisode directement sans aucun intermédiaire. Aucun intermédiaire, qu’il soit technique ou juridique, hein sans GAFAM, sans plateforme privative entre les deux tu as la garantie de ne pas te prendre un «strike» parce que tu as fait usage de ton droit de citation tu ne vas pas avoir ton compte bloqué parce que t’as utilisé des mots-clefs qui sont indésirables et pas de censure automatique par un idiot de «bot» qui ne sait dialoguer qu’en éructant des réponses pré-formatées.

Et tout cela en étant accessible à des millions d’utilisatrices et utilisateurs sur des milliers de serveurs du fédivers. Honnêtement, n’ayons pas peur de le dire, l’avenir des réseaux sociaux sera fédivers ou ne sera pas !

 

Ça me rappelle quelqu’un, tiens… Alors tu as mentionné, quand on a parlé de podcast, tout à l’heure, tu vois je n’arrive pas à le prononcer, décidément.

Tu as mentionné Podcast-Index quand on s’est parlé en préparant l’interview et tu as parlé de Podcasting 2.0 tout à l’heure. Qu’est-ce que c’est ?

Quatre bulles disent "podcrasse", "podcasque", "proutcast" et "prodcrasse" avant qu'une bulle énervée dise "Purin de purin !"
Fred répète pour prononcer « podcast » correctement.

 

 

 

Alors…

Hum…

Laisse-moi chausser mes lunettes parce que cette question nécessite qu’on s’arrête une petite heure, une petite heure et demie sur
l’histoire du podcast.

 

Je ne suis pas sûr qu’il nous reste autant (de temps).

 

Alors là je vais… je vais abréger.

Bien avant les iPods, en 1989, l’émission « l’illusion d’une radio indépendante » (“Иллюзия независимого радио”) ouvre la voie aux podcasts qu’on connaît aujourd’hui en proposant en URSS des émissions sonores qui à l’époque étaient diffusées sur des cassettes et des bandes magnétiques et de « URSS » à « RSS » il n’y a qu’un U, celui de « Uuuuuuh ! quel jeu de mot tout pourri !» jeux de mots que je m’abstiendrai donc de faire.

 

Trop tard !…

 

Et donc sans jeu de mots et bien plus tard c’est en octobre 2000 que Tristan Louis, comme son nom peut le laisser penser il est français, il a l’idée d’inclure des fichiers MP3 dans un flux RSS. RSS lui-même créé et promu par des véritables légendes tel que Ramanathan V. Guha, Dave Winer ou Aaron Swartz.
Et donc il crée la technologie qui est celle que tous les podcasts du monde utilisent encore aujourd’hui. Après ça alors qu’on parlait plutôt d’audio blogging à l’époque, Ben Hammersley, journaliste au Guardian, est le premier à lancer le mot podcast en février 2004 qui est un mot-valise entre « iPod » et broadcasting, broadcasting pour « diffusion » en anglais.

Ce qui fera vraiment connaître le podcast au grand public c’est d’abord les contenus par exemple “Daily Source Code” d’Adam Curry lancé à l’été 2004, et ensuite l’intégration des podcasts par Apple dans iTunes 4.9 en juin 2005.

Et puis pas grand-chose pendant toute une décennie ! En fait l’histoire du podcast elle aurait pu s’arrêter là.

Mais en 2014, Sarah Koenig va bousculer littéralement un écosystème un peu moribond en publiant Serial le podcast aux 350 millions de téléchargements et c’est à ce moment-là qu’un véritable engouement populaire pour les podcasts apparaît.

 

C’est impressionnant, comme chiffre !

 

Ah oui, c’est impressionnant, oui… C’est impressionnant surtout que ça n’arrête pas de croître ! C’est un très bon podcast d’ailleurs Serial, j’adore. Il y a trois saisons et les trois sont très très bien. Si on comprend l’anglais c’est vraiment un podcast à écouter, Serial.

Néanmoins malgré ce renouveau force est de constater que,en plus de quinze ans, pas une seule – et alors que les usages du web entre-temps ont été révolutionnées par le haut débit les smartphones les réseaux sociaux le cloud etc. – donc pas une seule innovation technologique n’est venue bousculer le podcast.
Statu quo fonctionnel et technologique.

Apple règne toujours en maître absolu sur son annuaire de podcasts et rien n’a évolué et à l’été 2019 Adam Curry le même que cité tout à l’heure et Dave Jones, insatisfaits de cette situation, décident de lancer en parallèle, non pas un non pas deux, mais bien trois projets afin de secouer un peu tout ça.

Premièrement et pour mettre fin à la dépendance vis-à-vis de l’index d’Apple ils créent un index de podcasts qui s’appelle Podcast-Index, pas super original, mais au moins on comprend ce que c’est. Il faut comprendre que là où l’index d’Apple requiert une validation d’Apple pour ajouter le moindre podcast mais également pour lire le contenu de l’index ce qui fait qu’Apple en fait a le pouvoir de vie ou de mort sur n’importe quelle application d’écoute qui n’utiliserait que son index.
Là où l’index d’Apple est soumis au bon vouloir d’Apple, Podcast-index est libre.

Il est libre en lecture et en écriture mais attention, vraiment libre par exemple la base de données de Podcast-index, elle est librement téléchargeable dans son intégralité en un clic depuis la page d’accueil. Tu n’as même pas besoin de créer un compte, de filer ton adresse mail, ton numéro de portable, ou le nom de jeune fille de ta mère. Et en plus de ça des API sont librement disponibles pour les applications mobiles Podcast-index référence aujourd’hui plus de quatre millions de podcasts. Apple aujourd’hui en a deux millions et demi.

Deuxièmement et pour rattraper le temps perdu, Adam et Dave décident de proposer de nouvelles fonctionnalités en créant des nouvelles méta-données, le « Podcast Namespace », qui ouvre la voie à ce qu’ils appellent « Podcasting 2.0 ».

Parmi les nombreuses fonctionnalités qui comprend comment on peut noter ben donc la gestion de transcription et de sous-titrage les liens de financement le chapitrage la géolocalisation contenus la gestion d’un intervenant. Il y en a plein d’autres ayant des nouvelles tout le temps, l’ensemble de ces spécifications euh et de ses innovations est librement consultable en ligne sur Github (on mettra le lien dans l’article, dans la description) et librement consultable encore une fois en lecture et en écriture.

C’est là en fait le troisième volet la troisième révolution, le mot est à peine exagéré hein qu’Adam et Dave vont apporter aux podcasts ; ils ont créé une communauté libre et ouverte où tout le monde peut apporter son temps son talent ou son trésor et force est de constater que ça fonctionne du tonnerre. En moins de six mois, alors que je rappelle qu’aucune innovation n’avait bousculé le podcast en quinze ans, en moins de six mois il y a plein d’applications d’écoute et d’hébergeurs évidemment dont Castopod qui ont rejoint le mouvement et qui ont intégré tout ou partie de ces nouvelles fonctionnalités. Donc cette communauté elle se rassemble sur Github sur Mastodon sur podcastindex.social dans un podcast éponyme et lors de réunions où on parle plutôt «techos».

Enfin le résultat c’est que la liste des applications et des services qui sont compatibles podcasting 2.0 est disponible sur le site podcasting.com. Clairement c’est sur ce site et sur podcastindex.org qui faut aujourd’hui choisir son application ou son hébergeur.

 

Alors moi je suis allé tourner un peu sur les sites de Castopod, je suis allé voir blog.castopod.org mais alors tout est en anglais là-dedans !

J’ai cherché un un petit bouton pour changer de langue et il n’y en a pas. Je croyais que le projet était français ? Pourquoi ça cause pas la langue de Molière ?

 

Le projet est français mais il est avant tout européen, enfin en tous cas d’un point de vue chronologique et et donc naturellement on a commencé par l’anglais et on n’a pas eu le temps de traduire cette partie-là mais ça va venir vite, c’est promis.

 

Oui parce que la doc en revanche elle a son site en français doc.castopod.org/fr et là j’étais content j’aurais dû commencer par là parce que il y a plein d’explications dans la doc.

 

Oui, alors la doc, on a pris le temps de la traduire en français et en plus la communauté aidant elle est également disponible en plus de l’anglais en brésilien1 et en norvégien et d’autres langues arriveront derrière.

 

Mais alors je suppose que c’est en fonction des contributeurs et des contributrices que le projet évolue ? Vous avez besoin de contributeurs de contributrices ? Comment est-ce qu’on peut faire pour vous aider ?

 

Ouais tout à fait mais Castopod c’est avant tout un projet ouvert hein donc le le code source est ouvert mais pas seulement on a besoin de développeuses et de développeurs mais également de traductrices de traducteurs de testeuses de testeurs de prescriptrices et de prescripteurs qui prêchent la bonne parole (merci Framasoft !) et puis de financement via Open Collective.

 

D’accord ! Alors comme d’habitude on te laisse le mot de la fin dans le Framablog. Est-ce qu’il y a des questions qu’on ne t’a pas posées ? Est-ce qu’il y a des choses que tu as envie d’ajouter ?

 

Écoute, je trouve que tu as mené cette interview d’une main de maître.

Merci de m’avoir reçu ! En fait je voudrais juste dire aux gens : essayez le podcast.

Vous avez un téléphone vous pouvez vous y mettre ; il ne faut pas être timides hein lancez-vous attendez pas des mois avant de créer le premier épisode car une fois qu’on a une idée on enregistre on publie et puis c’est ce que j’aime avec le podcast, on peut changer de modèle on peut changer de format on peut changer ce qu’on veut on peut tester il y a des hébergeurs pour tout le monde. Évidemment moi je vous engage à aller sur castopod.org pour voir ce que c’est pour voir ce qu’on propose.

Ah, si vous avez un peu la fibre technique eh bien n’hésitez pas à le télécharger et à l’installer, sachant que si vous avez pas la fibre technique et bah allez plutôt sur castopod.com où on propose des prestations d’hébergement clé en main. Et puis bon podcasting et bonne écoute !

 

Ah bah je vais m’y mette du coup je vais essayer de trouver quelques podcasts intéressants parce que c’est pas du tout ma culture ! En tout cas voilà grâce à toi je vais écouter des podcasts.

Merci beaucoup d’être venu parler avec nous et puis on espère longue vie à Castopod.

Merci à Framasoft.
À bientôt !

 

Pour aller plus loin

Sources, sites mentionnés

L’illustration « Fred répète » a été réalisée avec Gégé, le générateur de Geektionnerd basé sur des dessins sous licence libre de SImon « Gee » Giraudot

Musique : Creative Commons   by sa 2.5 license – Antiblues – from www.dogmazic.net/Tdbt

Podcasts

English version of this article

Castopod, the voice of the Fediverse (English version)




Détestons Facebook, mais pour de bonnes raisons…

Même si Facebook Meta s’est efforcé de démentir rapidement, la nouvelle a eu le temps de recueillir un beau succès : ne serait-ce qu’envisager de priver l’Europe de Facebook et Instagram a semblé une si plaisante perspective que beaucoup sur les rézosocios ont crié « chiche ! » ou » bon débarras » en assortissant les messages ironiques d’une quantité de mèmes.
C’est l’occasion pour Aral Balkan, qui se réjouit d’un tel rejet implicite de facebook, d’examiner les bonnes raisons de renoncer non seulement à Facebook, mais aussi à toutes sortes de services qui nous asservissent. Tous jouent la même partition, celle du capitalisme de surveillance prédateur de nos données.
Dans ce bref article traduit par Framalang, il invite aussi à adopter des solutions alternatives plus respectueuses de l’humain et de la démocratie.

Article original : Everyone Hates Facebook (but this is more than just about Facebook)
Traduction Framalang : Bromind, Claire, Fabrice, goofy, Julien, mo, Sysy

Tout le monde déteste Facebook (mais le problème n’est pas seulement Facebook)

par Aral Balkan

— Mark Zuckerberg et son équipe envisagent de fermer Facebook et Instagram en Europe si Meta ne peut pas traiter les données des Européens sur des serveurs américains.

(source)

« C’est alors que mon fil Twitter a pris feu avec une rare unanimité, la gauche et la droite, les riches et les pauvres, les bien portants et les malades, tous d’accord et acquiesçant pour répondre oui, mais oui, allez-y, faites-le. »

Adam Dalliance, sur Twitter

Bon, c’est désormais officiel, tout le monde déteste Facebook.
Mais les raisons de cette détestation ont leur importance. Il en va de même pour ce que nous voulons en faire.



D’autres bonnes raisons de détester Facebook et les éleveurs d’humains, dans ma conférence : The Camera Panopticon

De bonnes raisons pour détester Facebook :

De mauvaises raisons pour détester Facebook :

  • Parce qu’il ne censure pas ce que votre gouvernement souhaite qu’il censure ;
  • Parce qu’il a censuré votre néonazi préféré ;
  • Parce que vous souhaitez créer le prochain Facebook en étant aussi malveillant qu’eux, mais qu’ils sont en travers de votre chemin (on parle bien de vous, les investisseurs en capital risque et les startups, on vous a vus).

Nous sommes donc toutes et tous d’accord pour dire que Facebook est un problème.
Certains pour de bonnes raisons, d’autres pour de mauvaises raisons…
Mais il ne s’agit pas que de Facebook : cela concerne toute société qui utilise le même modèle économique que Facebook.
Ce modèle économique que j’appelle « un élevage d’humains ».
Il s’agit donc également de Google. Et de Snapchat. Et de TikTok. Et aussi de… et de… ad nauseam. Car tel est le modèle économique utilisé aujourd’hui par les technologies grand public.

Nous avons donc un plus gros problème, systémique, sur les bras (youpi !). Et tout le monde semble avoir une idée ou une autre sur la façon dont nous devrions agir différemment à l’avenir.

D’autres mauvaises raisons encore

  • Recréer Facebook, mais en Europe ;
  • Recréer Facebook, mais avec ce pu*in de web3 ;
  • Obliger Facebook à partager ses données avec d’autres éleveurs d’humains afin que davantage d’éleveurs d’humains puissent partager vos données (essayez de répéter ça cinq fois, pour voir)

Eh oui, c’est exactement l’actuelle stratégie de canard sans tête de la Commission européenne, vu que ses membres sont incapables de voir au-delà des marchés et de l’antitrust.

D’autres bonnes raisons encore


Regardez mon intervention au Parlement européen dans laquelle je résume le problème et propose une solution.

  • Soutenir les actuelles alternatives fédérées non commerciales (le « fediverse »), dans lesquelles existent déjà des alternatives viables à Twitter, YouTube et Instagram  ;
  • Soutenir les actuelles alternatives individuelles et non commerciales pour les personnes, comme Owncast pour la diffusion de vidéos en ligne ;
  • Soutenir la recherche et le développement du Small web — un Web non commercial, à échelle humaine, fait d’espaces d’espaces détenus et contrôlés par des individus, et non par des entreprises.

Regardez les enregistrements de Small is Beautiful, l’émission mensuelle de la Small Technology Foundation, pour en savoir plus à propos de mes travaux sur le Small Web.
Détester Facebook, c’est très bien, mais surtout n’oublions pas qu’il n’est pas seulement question de Facebook. Il s’agit plus largement d’élevage d’humains.

Si Facebook disparaît demain mais qu’un autre Facebook le remplace, nous n’aurons rien gagné au change.
Alors, je vous en prie, assurons-nous de bien comprendre les différences entre les diverses alternatives et choisissons celles qui aboutiront à un progrès significatif dans la protection de l’identité individuelle et de la démocratie.
(Un indice ? Regardez l’intention qui est derrière l’organisation. Est-ce que son but, c’est de gagner des milliards de dollars ou de protéger les droits humains et la démocratie ? Et oui, peu importe ce que les capitalistes vous diront, les deux buts sont diamétralement opposés et mutuellement exclusifs.)


Si vous avez aimé cet article, vous pouvez soutenir la fondation de son auteur, Small Technology, qui est petite, indépendante, et à but non-lucratif.

Le but de cette fondation de 2 personnes est de protéger les personnes et la démocratie à l’ère numérique.




Ce que Framasoft pourrait faire en 2022, grâce à vos dons

« Iels sont bien gentil⋅les à Framasoft, mais pourquoi est-ce que je devrais leur faire un don ? ».
C’est une bonne question, et on vous remercie (sincèrement, oui oui) de l’avoir posée 🙂

D’abord parce que cette question est tout à fait légitime. Votre argent est précieux, et l’incertitude face à l’avenir mérite qu’il soit dépensé ou investi utilement.

Ensuite parce que Framasoft est une association qui ne peut agir que grâce à vos dons. Nous vous devons donc le maximum de transparence quant à nos actions menées et à venir. Vos dons viennent à la fois récompenser le travail effectué, mais aussi encourager les projets futurs.

Depuis le 12 octobre, nous vous présentons un panel de ce que Framasoft a réalisé ces derniers mois, grâce à vos dons.

« Frama, c’est pas que… »Pour l’automne 2021, chaque semaine, nous voulons vous faire découvrir un nouveau pan des actions menées par Framasoft. Ces actions étant financées par vos dons (défiscalisables à 66 %), vous pouvez en trouver un résumé complet, sous forme de cartes à découvrir et à cliquer, sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire cette série d’articles (oct. – déc. 2021)

Illustrée sous la forme de cartes, cette campagne rappelle que Framasoft, ça n’est pas que Framapad, Framadate, PeerTube ou Mobilizon. Mais bien plusieurs dizaines de projets en parallèle, avançant chacun à leur rythme, tous dans la même direction : vous redonner du pouvoir sur le numérique.

Par contre, ce que cette campagne ne vous a pas encore révélé, c’est ce que nous comptons faire en 2022, si vous nous en donnez les moyens.

Ce sont ces intentions que nous souhaitons vous présenter ci-dessous.

Framasoft 2022
Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Framasoft et les associations

Tout d’abord, et c’est sans doute l’un des principaux points, nous souhaitons vous dévoiler en 2022 un nouvel axe d’actions, qui se prolongera donc sur plusieurs années.

Nous l’exprimions il y a déjà plusieurs années, « Dégoogliser ne suffit pas ». Notre vision, résolument politique, d’un numérique émancipateur, ne peut exister et n’aurait pas de sens en dehors d’autres luttes. Les combats pour plus de justice et d’égalité, donc moins de monopoles et de dominations, s’entrecroisent, se rejoignent et se complètent.
« Pas de société libre sans logiciel libre » est, pour nous, une conviction. Mais cela ne signifie pas qu’une société où le logiciel libre aurait « gagné » suffirait à fournir les conditions d’une société libre.

À Framasoft, nous faisons attention à ne pas (trop) nous épuiser, à éviter le burnout militant. Nous faisons donc le choix d’agir essentiellement là où nous nous sentons fortes et forts : le numérique. Mais cela ne signifie pas que nous ignorons les autres luttes.

Or, l’un des soucis que nous identifions, c’est que celles et ceux qui agissent « pour un monde meilleur » le font souvent dans des milieux associatifs qui disposent de peu de moyens, avec des cultures numériques hétérogènes, et utilisent massivement les outils des GAFAM (qui sont fort efficaces, il faut le reconnaître).

Nous souhaitons donc amorcer en 2022 un ensemble de projets s’adressant particulièrement aux publics associatifs, militants, ou œuvrant pour le progrès social et la justice sociale.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Nextcloud, une suite logicielle pour outiller les assos

Cela fait plusieurs années qu’on tourne autour, nous l’évoquions en 2019, puis 2020, mais clairement la pandémie a limité l’énergie que nous pouvions mettre sur ce projet.

Nextcloud, dont la version 23 vient tout juste de sortir, est un excellente suite logicielle permettant de gérer fichiers, agendas, contacts, rédaction collaborative, etc. Cependant, beaucoup d’associations utilisent Google Docs, Dropbox & co. D’abord, parce que Nextcloud est peu connu (normal, les moyens marketing ne sont pas les mêmes). Ensuite parce que Nextcloud a une ergonomie souvent perfectible (par exemple, partager un fichier n’est pas évident, alors que c’est tout de même une fonctionnalité de base). Enfin, trouver le « bon » prestataire pour vous proposer une instance Nextcloud fiable et correspondant à vos besoins et vos moyens reste relativement complexe (même si de nombreux chatons proposent ce service. Coucou les ami⋅es de IndieHosters ou de Zaclys 👋)

Nous voulons donc, en 2022, travailler à rendre Nextcloud plus simple et plus accessible pour toutes et tous. À la fois en améliorant le logiciel, mais aussi sa notoriété ou sa documentation. Enfin, nous nous efforcerons de proposer une offre spécialement destinée aux associations.

Faire un don à Framasoft, c’est nous donner des moyens pour faciliter l’adoption de Nextcloud.

Émancip’Asso pour une cohérence numérique

Ce projet est né d’un constat partagé avec nos partenaires et ami⋅es d’Animafac : même si de plus en plus d’organisations prennent conscience de la nécessité de mettre en cohérence leurs outils numériques avec leurs valeurs, elles ont peu d’énergie et de compétences en interne pour se lancer dans une telle démarche. À ceci s’ajoute le constat que peu de structures sont actuellement en mesure de réellement guider et orienter les associations dans leur transition numérique libre.

Le projet Émancip’Asso a pour principal objectif de proposer aux associations des acteurs en mesure de les accompagner dans leur démarche de « dégafamisation ».

Nous souhaitons ainsi offrir un programme de formation aux acteurs qui proposent aux associations des services et accompagnements spécifiques. Cela afin que ces structures soient en mesure d’identifier les besoins d’une organisation pour les prendre en charge en intégralité, qu’il s’agisse d’hébergement, d’infogérance, d’installation de logiciels libres particuliers ou d’assurer un support technique ou des formations.

Cela va nous demander du temps et de l’énergie, mais nous sommes convaincu⋅es que l’offre d’accompagnement professionnel est l’un des angles morts du libre associatif, et qu’il faut multiplier et renforcer les acteurs capables de satisfaire ce besoin.

Faire un don à Framasoft, c’est nous aider à accompagner les accompagnateur⋅ices à la dégooglisation des associations.

Un observatoire sur les pratiques numériques libres

La mission de cet observatoire sera d’étudier les évolutions des usages numériques des associations.

Par le biais d’enquêtes, d’analyses (en y associant autant que possible des usager⋅es, des designers, des chercheur⋅euses, des partenaires associatifs, etc), nous souhaitons mieux comprendre les outils, les habitudes, les expériences des personnes qui utilisent le logiciel libre. Ou mieux comprendre pourquoi elles ne l’utilisent pas !

En effet, pour répondre avec pertinence aux besoins des deux projets précédents, nous avons besoin de qualifier et de quantifier aussi objectivement que possible quels sont les logiciels libres utilisés, pour quelles raisons, avec quelles frictions, etc. Bref, qu’est-ce qui « marche » ? Qu’est-ce qui ne « marche pas » ? Et surtout, pourquoi ?

Faire un don à Framasoft, c’est aider à éclairer et enrichir notre compréhension des pratiques associatives libres.

PeerTube v5

La version 4 de PeerTube est à peine sortie du four, que nous vous annonçons déjà notre volonté de travailler sur PeerTube v5 !

Dans cette version, nous souhaitons avant tout nous attacher à résoudre certains points de frustration et améliorer l’utilisabilité, notamment sur les formulaires d’upload de vidéos et d’inscription des utilisateur⋅ices.

Mais nous souhaitons aussi donner plus de maîtrise aux gestionnaires d’instances comme aux vidéastes. Que cela soit en leur permettant plus d’actions par lots (par exemple en permettant le déplacement d’un ensemble de vidéos vers une autre chaîne) ou en affinant les outils de gestion de fichiers (par exemple supprimer une définition d’une vidéo).

Si nous parvenons à faire financer cette fonctionnalité, nous voudrions aussi proposer un outil permettant d’éditer (de façon basique) des vidéos. Cela permettrait, par exemple, aux vidéastes de couper quelques secondes en début ou fin de vidéo directement dans PeerTube.

Enfin, nous désirons aussi améliorer les capacités de synchronisation entre YouTube et PeerTube. Cette possibilité existe déjà, mais uniquement en ligne de commande. Nous voulons donc proposer une interface au sein de PeerTube, qui permettrait, par exemple, de répliquer automatiquement l’intégralité des vidéos d’une chaîne YouTube vers une chaîne PeerTube.

Faire un don à Framasoft, c’est soutenir le développement d’une alternative libre, décentralisée et fédérée à YouTube, pour reprendre le pouvoir sur vos vidéos.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Mobilizon v3

Mobilizon, comme PeerTube, vient tout juste de bénéficier d’une nouvelle mise à jour. Et nous comptons bien vous en proposer une nouvelle version majeure en 2022.

Pour vous donner un petit aperçu du programme : développement d’un outil de recherche global multi-instances, sur le modèle de SepiaSearch ; refonte de la page d’accueil de l’instance ; création d’une toute nouvelle vue « Carte » permettant de visualiser et chercher les événements de façon géographique ; outil d’importation depuis Meetup et Facebook ; et bien d’autres choses !

Faire un don à Framasoft, c’est favoriser l’émergence d’une alternative aux événements et groupes Facebook, éthique et respectueuse de votre vie privée.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Un Framanifeste pour affirmer nos choix

Framasoft travaille, en pointillés depuis 2019, sur la rédaction de son manifeste.

En 2022, nous souhaitons achever ce travail et publier ce texte important non seulement pour nous, mais aussi pour vous, puisqu’il clarifie la raison d’être de l’association. Il définira aussi le cadre de nos actions et les valeurs qui fondent notre identité.

Faire un don à Framasoft, c’est soutenir plusieurs dizaines de projets portés par une association aux multiples facettes techniques, politiques, exploratoires.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Faire collectif : les CHATONS

Le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires compte aujourd’hui une centaine de structures réparties sur le territoire français, avec des membres en Belgique, au Québec et en Suisse. Framasoft assure la coordination et l’animation du collectif depuis sa création fin 2016 (avec une salariée qui y consacre environ 30% de son temps de travail).

En 2022, nous souhaitons lancer une réflexion sur les objectifs que se donne le collectif et les moyens pour y parvenir. Cela passera notamment par l’organisation d’un nouveau camp CHATONS à l’été 2022, et par la poursuite de notre travail de « déframasoftisation » de la coordination du collectif.

Par ailleurs, les contenus produits et captés lors de la formation Émancip’Asso permettront aussi de préparer le travail pour un second module du MOOC CHATONS, afin de faciliter les naissances de chatons solides sur leurs pattes et autonomes face à leurs publics.

Faire un don à Framasoft, c’est permettre la création, la consolidation et la mise en réseau de structures proposant des services web répondant à des critères éthiques forts.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Partager savoirs et connaissances : UPLOAD

UPLOAD, c’est notre proposition de coconstruire avec vous une Université Populaire Libre, Ouverte, Autonome et Décentralisée.

De mois en mois, nous affinons les contours de ce projet. Déjà préfigurées par le MOOC CHATONS, des Librecours ou du podcast UPLOAD, toutes ces expérimentations illustrent notre envie de partager le savoir, et la capacitation qui va de pair avec l’acquisition de savoirs.

Faire un don à Framasoft, c’est concourir à inventer de nouveaux espaces de partage de connaissances.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

Des Livres en Communs

La maison d’édition Framabook est née en 2006; 16 ans plus tard, nous souhaitons la faire évoluer.

Des Livres en Communs (ce sera le nouveau nom de Framabook) a pour intention de se concentrer sur la création et la production de communs culturels.

Depuis plus de deux cents ans, l’édition place les auteurs et autrices en situation de subordination économique, s’arrogeant de fait tous les droits patrimoniaux et n’octroyant un revenu aux auteurs et autrices qu’en consacrant une rente liée à cette propriété, privant le public de tout accès non rémunéré ou rémunérateur au fruit du travail des auteurs et autrices. Ces derniers produisent donc un capital qui ne participe à l’avancement culturel que parce qu’il peut être exploité en tant que valeur marchande monétisée. Cela transforme l’objet culturel en produit industriel comme un autre, balayant la pertinence de ses usages sociaux.

La grande particularité de cette nouvelle maison d’édition sera de reconnaître la réalité de ce travail en amont, en le rémunérant directement par une bourse d’écriture versée aux auteur⋅ices pour reconnaître plus équitablement leur travail de création.

Faire un don à Framasoft, c’est soutenir des créateurs et créatrices d’œuvres mises à disposition sous forme de communs culturels.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Soutiens à la culture, au libre et aux communs

Nous l’exposions il y a peu, nous participons activement à un certain nombre de projets en dehors de Framasoft.

Par exemple, nous soutenons (financièrement ou humainement) des projets de développement informatique tels que la plateforme de pétitions Pytition, le logiciel de comptabilisation du bénévolat valorisé Bénévalibre, l’application pour smartphone PeerTube Live, ou le plugin PeerTube Live Chat.

Nous accompagnons aussi l’émancipation de certains de nos logiciels, tels que Framadate ou Framaforms/Yakforms afin d’en faire, au-delà de simples logiciels libres, de véritables communs.

Nous souhaitons aussi rouvrir un chantier de « dépoussièrage » de MyPads, notre plugin permettant d’organiser vos pads. Nous hébergeons plus de 230 000 utilisateur⋅ices et 300 000 pads sur https://mypads.framapad.org et ce nombre ne cesse de grandir. Il nous parait donc urgent et important de corriger quelques frictions pénibles.

Mais notre soutien ne se limite pas au code.

Nous consacrons aussi du temps à conseiller nombre d’associations ou collectifs en répondant à leurs questions diverses et variées sur le numérique ou le fonctionnement associatif. Contribateliers, Réseau Infoclimat, l’atelier paysan, Exodus Privacy, Contribulle ne sont que quelques exemples de structures que nous accompagnons ponctuellement ou au long cours.

Nous cofinançons et participons activement aux travaux de recherche d’Audrey Guélou, doctorante à l’UTC, dont le sujet de thèse est « Configurations techno-éthiques pour les médias sociaux décentralisés et fédérés », afin de mieux comprendre ce nouveau territoire qu’est le Fediverse.

En 2022, nous poursuivrons aussi notre participation au collectif « La Coalition – Libertés associatives » qui s’est fixé pour mission de proposer des stratégies de riposte contre les répressions subies par le secteur associatif.

Faire un don à Framasoft, c’est participer au soutien et à la consolidation d’initiatives extérieures à Framasoft, mais aux valeurs alignées avec celles de l’association.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

Organisation de rencontres

La situation sanitaire actuelle (oui, la pandémie mondiale, c’est à toi qu’on s’adresse) rend plus difficile le fait de se rencontrer physiquement. Or c’est souvent lors de ces rencontres que les liens se tissent et se renforcent, que les envies s’expriment, que les mobilisations s’inventent. Sans elles, certains projets ont plus de mal à avancer, et surtout la motivation a tendance à stagner, si ce n’est disparaître.

Il ne s’agit pas d’organiser une rencontre estampillée « Framasoft », ou un défilé de conférencier⋅es. Mais bien de proposer des espaces d’échanges, de face-à-face, de dialogue.

Nous souhaitons créer de nouveaux espaces de rencontres physiques, pour faciliter les points de contacts entre des acteur⋅ices aux compétences différentes et aux vécus singuliers : des personnes du libre, mais aussi de l’éducation populaire, de la solidarité, de la redirection écologique, de la médiation numérique, etc. Nos mondes ne se parlent que très peu, et nous passons à côté d’occasions de nous écouter, de nous comprendre, de faire les choses ensemble.

Faire un don à Framasoft, c’est se donner une chance supplémentaire de « croiser les flux » entre différents mouvements et d’élargir les capacités de mobilisations.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Nous avons besoin de sous, et donc de vous !

Vous l’aurez compris, les graines que nous voulons planter en 2022 sont nombreuses, et nos ambitions sont grandes au regard de la petite taille de l’association.

Pour avancer, nous avons besoin de moyens financiers, et nous espérons que les (bientôt) 20 ans d’actions de l’association tendent à démontrer que, lorsqu’on nous en donne les moyens, les souhaits que nous exprimons peuvent devenir, pour vous, une réalité.

Merci !

Soutenir Framasoft




À Quimper en juillet,
entrée libre au carré

Partout en France, des personnes dynamiques s’investissent pour accompagner celles et ceux qui le désirent vers davantage de maîtrise et d’émancipation dans leurs usages numériques.

Framasoft a choisi de mettre en lumière et de soutenir l’activité exemplaire de celle qui se fait appeler « la Reine des Elfes » sur son média social favori. Si nous la connaissons bien et l’apprécions, c’est parce qu’au-delà de son activité régulière au Centre des Abeilles à Quimper, elle a organisé une première session d’Entrée libre, qui a réuni des intervenants du monde du Libre pour 3 jours en août 2019, un événement ouvert à toutes et gratuit « pour comprendre internet, découvrir les logiciels libres et protéger sa vie privée » (voir l’affiche 2019).

Avatar de la Reine des Elfes sur Mastodon

Eh bien voilà que notre chère « rainette » bretonne récidive cette année ! Voici dans l’interview ci-dessous les raisons qui la poussent à organiser et réussir un événement qui nous est cher. Et puis comme le budget est plus important cette année, elle a lancé un appel aux dons auquel nous vous invitons à répondre comme nous venons de le faire…

 

Mat ar jeu, Brigitte ?
Demat Framasoft. Tu te colles au brezhonneg ? Je ne te suivrai pas dans cette langue, car même si j’habite en terre bretonnante, je ne le maîtrise pas. Je te répondrais donc en Gallec : je vais bien ! 🙂

D’où est venue l’idée d’Entrée Libre ?
Ouh là ! Il faut revenir à la première édition en 2019. Je voulais faire un cadeau à mon pote @reunigkozh qui a initié les distributions gratuites d’ordinateurs au Centre des abeilles. Cela faisait 10 ans en 2019. Et je trouvais que nous devions fêter cela.

Mon expérience personnelle m’avait montré que tout le monde ne comprend pas ce qu’iel fait lors de l’utilisation d’un ordinateur. C’est compliqué de comprendre qu’alors que l’on est seul face à un écran, il se passe plein d’autres choses. De comprendre aussi qu’il peut y avoir aussi de l’éthique dans le numérique et qu’on peut choisir quoi utiliser, si on est suffisamment informé.
Le premier Entrée Libre était donc axé sur une présentation d’assos ou de logiciels qui pouvaient aider à prendre sa vie numérique en main.

Est-ce que c’est facile de faire venir des intervenant·e·s de qualitay à Quimper ? (question de Parisien-tête-de-chien qui se croit au centre du monde… libre 🙂 )

J’ai eu beaucoup de chance d’utiliser le Fédiverse, en l’occurrence, Mastodon. Avant, j’étais surtout sur Diaspora* et quand Framasoft a dit « ça vous dit d’essayer un nouvel outil de microblogging ? » ben, je suis allée tester !… et j’y ai rencontré des gens super, qui m’ont appris plein de trucs et qui répondaient à mes questions de noob. Alors, quand j’ai parlé de mon projet d’informer les gens de ce qui existait, Iels ont répondu présent. C’était très émouvant de voir que non seulement personne ne démontait ce projet mais qu’en plus il y avait du monde à répondre à mon appel. J’suis ni connue ni de ce monde-là… Et iels sont forcément de qualitay puisque ce sont mes mastopotes ! 😀

 

C’est le numéro 2, pourquoi ? Le 1 ne t’a pas suffi ? 😀

J’avais dit que je ne referai plus ! 😛 . C’est beaucoup de boulot mine de rien et beaucoup de stress ! Mais voilà, suite au premier confinement, j’ai rencontré beaucoup de gens « malades du numérique ». Je veux dire que beaucoup de personnes ont été obligées d’utiliser des outils qu’iels ne comprenaient pas. C’était devenu une obligation et iels ont galéré pensant que c’était de leur faute… « parce que je suis nul ! ». J’aimerais donc qu’iels comprennent que ce n’est pas le cas. Qu’il existe des outils plus accessibles que d’autres. Qu’iels ne vont pas casser Internet en allant « dessus ».

Quelles attentes est-ce que tu perçois lors des ateliers que tu réalises ? (je pense à la fois aux tiens et aux distributions d’ordis de LinuxQuimper)

Vaste question !
Pour les distributions, c’est facile. Les gens veulent s’équiper ! Leur besoin est simple, pouvoir accéder aux mails et pour beaucoup, pouvoir s’actualiser à Pôle Emploi. Mais nous n’avons pas beaucoup de retour quand à leur utilisation par la suite.
Pour les ateliers que j’anime, en tant que salariée maintenant, je mets bien les choses au clair. Je ne donne pas de cours, je fais un accompagnement. C’est-à-dire que je ne touche que très peu à la machine, sauf pour voir parfois où sont cachés les trucs (ben oui, n’utilisant qu’Ubuntu, je ne sais pas forcément utiliser un Windows ou un Mac.).

L’avantage de leur montrer cela, c’est que du coup, iels s’aperçoivent qu’il n’y a pas de science infuse et que non, l’apposition des mains ne leur fera pas venir le savoir. Quant à leurs attentes, une fois qu’iels ont compris cela , elles deviennent plus sympas. Les discussions sur la vie privée arrivent très vite, d’autant que j’ai accroché les belles affiches de la Quadrature du net dans la salle où je suis . Et une fois les angoisses passées, la curiosité arrive et tu les vois passer le curseur sur les icônes, pour savoir ce que c’est avant de cliquer. Et faire la différence entre Internet et leur machine. C’est génial !
Et puis ensuite, quand je les accompagne sur Internet, il y a plein de questions auxquelles je les force à trouver la réponse par rapport à leurs attentes. Notamment pour les cookies… Je leur explique que ce n’est pas à moi de décider pour elleux, cela leur semble étonnant au début, et puis je les vois décider, se demander pourquoi telle ou telle extension a été ajoutée la dernière fois qu’iels ont amené leur ordi à réparer… C’est très sympa !

D’où te vient cette curiosité pour apprendre et progresser en compétences dans un domaine qui ne t’était pas trop familier il y a peu d’années encore ?
Je crois que je suis curieuse par nature. Pas de cette curiosité pour savoir qui fait quoi. Mais de comment ça marche et du pourquoi, cela épuisait parfois mes instits même si elles aimaient bien cela.
J’ai toujours démonté mes machines, pas quand j’étais enfant, « les filles ne font pas ça » (déjà que je jouais au foot et que je grimpais aux arbres !), pour essayer de les réparer car souvent ce n’était pas grand-chose qui les empêchait de fonctionner (un tout petit jouet glissé dans le magnétoscope par exemple). Et on va dire que c’est grâce ou à cause de Windows que j’ai rencontré le Libre. Puisque j’en avais assez de le casser parce que je retirais des fichiers qui ne me semblaient pas clairs et de ces virus qui revenaient malgré les antivirus qu’ils soient gratuits ou payants. J’ai donc commencé par chercher sur internet « par quoi remplacer Windows ». À l’époque je ne connaissais pas le mot « système d’exploitation » et j’ai lu des trucs qui parlaient d’un bidule qui s’appelait Linux. J’ai fouillé, cherché, et au bout d’un an j’ai dit à un de mes fils : « tu te débrouilles mais je veux ça sur l’ordi ». Il a gravé un disque et la libération est arrivée. 😀

Puis j’ai vu qu’il existait un groupe LinuxQuimper (sur FB à l’époque où je l’utilisais) et qu’il y avait au centre social des Abeilles des gens de ce groupe (j’ai appris plus tard qu’on disait un GUL) distribuaient des ordis sous Linux. Je les ai donc contactés et je suis entrée dans l’équipe de distribution. Et j’ai recommencé à poser des questions ;-). Et un jour, ils m’ont parlé de Diaspora* où j’ai créé un compte…

Pour nous, tu es la figure de proue d’Entrée Libre, mais est-ce que tu es soutenue et aidée localement pour cette opération par une association ?

Le centre social est effectivement géré par une association « Centre des abeilles ».
Pour la prépa, je suis toute seule à bord, avec l’aval des intervenants et des aides ponctuelles sur les mises en forme. Je prépare cela bénévolement, et ensuite je me fais aider pour la diffusion et tous les petits détails pratiques.
Quand le projet prend forme, le directeur du centre le présente au conseil d’administration du Centre des Abeilles qui valide ou pas le projet. C.A où je suis convoquée pour le présenter aussi.

C’est donc toujours beaucoup d’incertitude et cette année j’ai trouvé cela plus compliqué que la première année. Un C.A. en visio manque de chaleur et d’interaction. En plus le budget est plus lourd que la dernière fois…

Le budget est/a été difficile à boucler, est-ce parce que les frais d’hébergement et déplacement de tous les invités sont trop importants cette fois-ci ?
Déjà on a plus du double d’intervenants. La dernière fois Entrée Libre finissait à 18h chaque soir sur 3 jours. Ce coup-ci , ça commence à la même heure mais ça va finir à 20h30, voire 21h le temps de tout ranger pour le lendemain, pour les bénévoles. Il y a donc un repas supplémentaire à prévoir.
Ce n’est pas tant les déplacements et l’hébergement (iels sont nombreux à ne pas vouloir de défraiement et d’hébergement, ouf !) qui vont coûter le plus mais bien les repas pour plus de trente personnes midi et soir (mon premier prévisionnel comptait tout le monde et arrivait à 9868,05€ t’imagines la tête des gens du CA 😛

Entrée Libre N°2 bénéficie d’une subvention du fonds de soutien à la vie associative, mais il reste de l’argent à trouver…

 

Est-ce qu’il y aura des crêpes ?

Au moins pour les intervenantes et intervenants ! Pourquoi vous croyez qu’iels viennent ? 😀
Mais je crois bien que j’ai un mastopote qui veut en faire pour le public aussi ! J’ai même prévu des repas et des crêpes véganes pour les bénévoles et le public.

On te laisse le mot de la fin !

Personnellement je trouve que c’est un beau projet que celui de permettre à des gens de s’émanciper, de pouvoir comprendre ce qui se passe avec leurs données numériques, de pouvoir choisir des outils respectueux. Mais pour pouvoir choisir il faut avoir du choix et sans informations on n’en a pas !

Parce que cette belle phrase « si tu ne sais pas demande, et si tu sais, partage » n’a de sens que si il y a du monde pour poser des questions et du monde pour recevoir les partages.

Si ce projet a du sens pour vous aussi n’hésitez pas, si vous le pouvez, à faire un don au « Centre des Abeilles » . Pour plus d’infos sur le programme n’hésitez pas à aller visiter sa page.
Merci à mes mastopotes et à Framasoft de m’avoir permis de tester plein de trucs et de croire en moi. Et bien sûr, un grand merci à celles et ceux qui ont déjà participé à la collecte de dons.

Pour assurer le succès de l’événement, Framasoft, qui animera plusieurs conférences et ateliers, a mis la main à la poche et contribué financièrement. Vous pouvez consulter le détail du budget prévisionnel.

Contribuez à votre tour par un don sur la page Helloasso d’Entrée Libre #2

 




« Va te faire foutre, Twitter ! » dit Aral Balkan

Avec un ton acerbe contre les géants du numérique, Aral Balkan nourrit depuis plusieurs années une analyse lucide et sans concession du capitalisme de surveillance. Nous avons maintes fois publié des traductions de ses diatribes.

Ce qui fait la particularité de ce nouvel article, c’est qu’au-delà de l’adieu à Twitter, il retrace les étapes de son cheminement.

Sa trajectoire est mouvementée, depuis l’époque où il croyait (« quel idiot j’étais ») qu’il suffisait d’améliorer le système. Il revient donc également sur ses années de lutte contre les plateformes prédatrices et les startups .

Il explique quelle nouvelle voie constructive il a adoptée ces derniers temps, jusqu’à la conviction qu’il faut d’urgence « construire l’infrastructure technologique alternative qui sera possédée et contrôlée par des individus, pas par des entreprises ou des gouvernements ». Dans cette perspective, le Fediverse a un rôle important à jouer selon lui.

Article original : Hell Site

Traduction Framalang : Aliénor, Fabrice, goofy, Susy, Wisi_eu

Le site de l’enfer

par Aral Balkan

Sur le Fédiverse, ils ont un terme pour Twitter.
Ils l’appellent « le site de l’enfer ».
C’est très approprié.

Lorsque je m’y suis inscrit, il y a environ 15 ans, vers fin 2006, c’était un espace très différent. Un espace modeste, pas géré par des algorithmes, où on pouvait mener des discussions de groupe avec ses amis.
Ce que je ne savais pas à l’époque, c’est que Twitter, Inc. était une start-up financée avec du capital risque.
Même si j’avais su, ça n’aurait rien changé, vu que je n’avais aucune idée sur le financement ou les modèles commerciaux. Je pensais que tout le monde dans la tech essayait simplement de fabriquer les nouvelles choses du quotidien pour améliorer la vie des gens.

Même six ans après, en 2012, j’en étais encore à me concentrer sur l’amélioration de l’expérience des utilisateurs avec le système actuel :

« Les objets ont de la valeur non par ce qu’ils sont, mais par ce qu’ils nous permettent de faire. Et, en tant que personnes qui fabriquons des objets, nous avons une lourde responsabilité. La responsabilité de ne pas tenir pour acquis le temps limité dont chacun d’entre nous dispose en ce monde. La responsabilité de rendre ce temps aussi beau, aussi confortable, aussi indolore, aussi exaltant et aussi agréable que possible à travers les expériences que nous créons.
Parce que c’est tout ce qui compte.
Et il ne tient qu’à nous de le rendre meilleur. »
– C’est tout ce qui compte.

C’est tout ce qui compte.

Quel idiot j’étais, pas vrai ?
Vous pouvez prendre autant de temps que nécessaire pour me montrer du doigt et ricaner.
Ok, c’est fait ? Continuons…

Privilège est simplement un autre mot pour dire qu’on s’en fiche

À cette époque, je tenais pour acquis que le système en général est globalement bon. Ou du moins je ne pensais pas qu’il était activement mauvais 2.
Bien sûr, j’étais dans les rues à Londres, avec des centaines de milliers de personnes manifestant contre la guerre imminente en Irak. Et bien sûr, j’avais conscience que nous vivions dans une société inégale, injuste, raciste, sexiste et classiste (j’ai étudié la théorie critique des médias pendant quatre ans, du coup j’avais du Chomsky qui me sortait de partout), mais je pensais, je ne sais comment, que la tech existait en dehors de cette sphère. Enfin, s’il m’arrivait de penser tout court.

Ce qui veut clairement dire que les choses n’allaient pas assez mal pour m’affecter personnellement à un point où je ressentais le besoin de me renseigner à ce sujet. Et ça, tu sais, c’est ce qu’on appelle privilège.
Il est vrai que ça me faisait bizarre quand l’une de ces start-ups faisait quelque chose qui n’était pas dans notre intérêt. Mais ils nous ont dit qu’ils avaient fait une erreur et se sont excusés alors nous les avons crus. Pendant un certain temps. Jusqu’à ce que ça devienne impossible.

Et, vous savez quoi, j’étais juste en train de faire des « trucs cools » qui « améliorent la vie des gens », d’abord en Flash puis pour l’IPhone et l’IPad…
Mais je vais trop vite.
Retournons au moment où j’étais complètement ignorant des modèles commerciaux et du capital risque. Hum, si ça se trouve, vous en êtes à ce point-là aujourd’hui. Il n’y a pas de honte à avoir. Alors écoutez bien, voici le problème avec le capital risque.

Ce qui se passe dans le Capital Risque reste dans le Capital Risque

Le capital risque est un jeu de roulette dont les enjeux sont importants, et la Silicon Valley en est le casino.
Un capital risqueur va investir, disons, 5 millions de dollars dans dix start-ups tout en sachant pertinemment que neuf d’entre elles vont échouer. Ce dont a besoin ce monsieur (c’est presque toujours un « monsieur »), c’est que celle qui reste soit une licorne qui vaudra des milliards. Et il (c’est presque toujours il) n’investit pas son propre argent non plus. Il investit l’argent des autres. Et ces personnes veulent récupérer 5 à 10 fois plus d’argent, parce que ce jeu de roulette est très risqué.

Alors, comment une start-up devient-elle une licorne ? Eh bien, il y a un modèle commercial testé sur le terrain qui est connu pour fonctionner : l’exploitation des personnes.

Voici comment ça fonctionne:

1. Rendez les gens accros

Offrez votre service gratuitement à vos « utilisateurs » et essayez de rendre dépendants à votre produit le plus de gens possible.
Pourquoi?
Parce qu’il vous faut croître de manière exponentielle pour obtenir l’effet de réseau, et vous avez besoin de l’effet de réseau pour enfermer les gens que vous avez attirés au début.
Bon dieu, des gens très importants ont même écrit des guides pratiques très vendus sur cette étape, comme Hooked : comment créer un produit ou un service qui ancre des habitudes.
Voilà comment la Silicon Valley pense à vous.

2. Exploitez-les

Collectez autant de données personnelles que possible sur les gens.
Pistez-les sur votre application, sur toute la toile et même dans l’espace physique, pour créer des profils détaillés de leurs comportements. Utilisez cet aperçu intime de leurs vies pour essayer de les comprendre, de les prédire et de les manipuler.
Monétisez tout ça auprès de vos clients réels, qui vous paient pour ce service.
C’est ce que certains appellent le Big Data, et que d’autres appellent le capitalisme de surveillance.

3. Quittez la scène (vendez)

Une start-up est une affaire temporaire, dont le but du jeu est de se vendre à une start-up en meilleure santé ou à une entreprise existante de la Big Tech, ou au public par le biais d’une introduction en Bourse.
Si vous êtes arrivé jusque-là, félicitations. Vous pourriez fort bien devenir le prochain crétin milliardaire et philanthrope en Bitcoin de la Silicon Valley.
De nombreuses start-ups échouent à la première étape, mais tant que le capital risque a sa précieuse licorne, ils sont contents.

Des conneries (partie 1)

Je ne savais donc pas que le fait de disposer de capital risque signifiait que Twitter devait connaître une croissance exponentielle et devenir une licorne d’un milliard de dollars. Je n’avais pas non plus saisi que ceux d’entre nous qui l’utilisaient – et contribuaient à son amélioration à ce stade précoce – étaient en fin de compte responsables de son succès. Nous avons été trompés. Du moins, je l’ai été et je suis sûr que je ne suis pas le seul à ressentir cela.

Tout cela pour dire que Twitter était bien destiné à devenir le Twitter qu’il est aujourd’hui dès son premier « investissement providentiel » au tout début.
C’est ainsi que se déroule le jeu du capital risque et des licornes dans la Silicon Valley. Voilà ce que c’est. Et c’est tout ce à quoi j’ai consacré mes huit dernières années : sensibiliser, protéger les gens et construire des alternatives à ce modèle.

Voici quelques enregistrements de mes conférences datant de cette période, vous pouvez regarder :

Dans le cadre de la partie « sensibilisation », j’essayais également d’utiliser des plateformes comme Twitter et Facebook à contre-courant.
Comme je l’ai écrit dans Spyware vs Spyware en 2014 : « Nous devons utiliser les systèmes existants pour promouvoir nos alternatives, si nos alternatives peuvent exister tout court. » Même pour l’époque, c’était plutôt optimiste, mais une différence cruciale était que Twitter, au moins, n’avait pas de timeline algorithmique.

Les timelines algorithmiques (ou l’enfumage 2.0)

Qu’est-ce qu’une timeline algorithmique ? Essayons de l’expliquer.
Ce que vous pensez qu’il se passe lorsque vous tweetez: « j’ai 44 000 personnes qui me suivent. Quand j’écris quelque chose, 44 000 personnes vont le voir ».
Ce qui se passe vraiment lorsque vous tweetez : votre tweet pourrait atteindre zéro, quinze, quelques centaines, ou quelques milliers de personnes.

Et ça dépend de quoi?
Dieu seul le sait, putain.
(Ou, plus exactement, seul Twitter, Inc. le sait.)

Donc, une timeline algorithmique est une boîte noire qui filtre la réalité et décide de qui voit quoi et quand, sur la base d’un lot de critères complètement arbitraires déterminés par l’entreprise à laquelle elle appartient.
En d’autres termes, une timeline algorithmique est simplement un euphémisme pour parler d’un enfumage de masse socialement acceptable. C’est de l’enfumage 2.0.

L’algorithme est un trouduc

La nature de l’algorithme reflète la nature de l’entreprise qui en est propriétaire et l’a créé.

Étant donné que les entreprises sont sociopathes par nature, il n’est pas surprenant que leurs algorithmes le soient aussi. En bref, les algorithmes d’exploiteurs de personnes comme Twitter et Facebook sont des connards qui remuent la merde et prennent plaisir à provoquer autant de conflits et de controverses que possible.
Hé, qu’attendiez-vous exactement d’un milliardaire qui a pour bio #Bitcoin et d’un autre qui qualifie les personnes qui utilisent sont utilisées par son service de « pauvres cons » ?
Ces salauds se délectent à vous montrer des choses dont ils savent qu’elles vont vous énerver dans l’espoir que vous riposterez. Ils se délectent des retombées qui en résultent. Pourquoi ? Parce que plus il y a d’« engagement » sur la plateforme – plus il y a de clics, plus leurs accros («utilisateurs») y passent du temps – plus leurs sociétés gagnent de l’argent.

Eh bien, ça suffit, merci bien.

Des conneries (partie 2)

Certes je considère important de sensibiliser les gens aux méfaits des grandes entreprises technologiques, et j’ai probablement dit et écrit tout ce qu’il y a à dire sur le sujet au cours des huit dernières années. Rien qu’au cours de cette période, j’ai donné plus d’une centaine de conférences, sans parler des interviews dans la presse écrite, à la radio et à la télévision.
Voici quelques liens vers une poignée d’articles que j’ai écrits sur le sujet au cours de cette période :

Est-ce que ça a servi à quelque chose ?
Je ne sais pas.
J’espère que oui.
J’ai également interpellé d’innombrables personnes chez les capitalistes de la surveillance comme Google et Facebook sur Twitter et – avant mon départ il y a quelques années – sur Facebook, et ailleurs. (Quelqu’un se souvient-il de la fois où j’ai réussi à faire en sorte que Samuel L. Jackson interpelle Eric Schmidt sur le fait que Google exploite les e-mails des gens?) C’était marrant. Mais je m’égare…
Est-ce que tout cela a servi à quelque chose ?
Je ne sais pas.
J’espère que oui.
Mais voici ce que je sais :
Est-ce que dénoncer les gens me rend malheureux ? Oui.
Est-ce que c’est bien ? Non.
Est-ce que j’aime les conflits ? Non.
Alors, trop c’est trop.
Les gens viennent parfois me voir pour me remercier de « parler franchement ». Eh bien, ce « parler franchement » a un prix très élevé. Alors peut-être que certaines de ces personnes peuvent reprendre là où je me suis arrêté. Ou pas. Dans tous les cas, j’en ai fini avec ça.

Dans ta face

Une chose qu’il faut comprendre du capitalisme de surveillance, c’est qu’il s’agit du courant dominant. C’est le modèle dominant. Toutes les grandes entreprises technologiques et les startups en font partie3. Et être exposé à leurs dernières conneries et aux messages hypocrites de personnes qui s’y affilient fièrement tout en prétendant œuvrer pour la justice sociale n’est bon pour la santé mentale de personne.

C’est comme vivre dans une ferme industrielle appartenant à des loups où les partisans les plus bruyants du système sont les poulets qui ont été embauchés comme chefs de ligne.

J’ai passé les huit dernières années, au moins, à répondre à ce genre de choses et à essayer de montrer que la Big Tech et le capitalisme de surveillance ne peuvent pas être réformés.
Et cela me rend malheureux.
J’en ai donc fini de le faire sur des plates-formes dotées d’algorithmes de connards qui s’amusent à m’infliger autant de misère que possible dans l’espoir de m’énerver parce que cela «fait monter les chiffres».

Va te faire foutre, Twitter !
J’en ai fini avec tes conneries.

"fuck twitter" par mowl.eu, licence CC BY-NC-ND 2.0
« fuck twitter » par mowl.eu, licence CC BY-NC-ND 2.0

Et après ?

À bien des égards, cette décision a été prise il y a longtemps. J’ai créé mon propre espace sur le fediverse en utilisant Mastodon il y a plusieurs années et je l’utilise depuis. Si vous n’avez jamais entendu parler du fediverse, imaginez-le de la manière suivante :
Imaginez que vous (ou votre groupe d’amis) possédez votre propre copie de twitter.com. Mais au lieu de twitter.com, le vôtre se trouve sur votre-place.org. Et à la place de Jack Dorsey, c’est vous qui fixez les règles.

Vous n’êtes pas non plus limité à parler aux gens sur votre-place.org.

Je possède également mon propre espace sur mon-espace.org (disons que je suis @moi@mon-espace.org). Je peux te suivre @toi@ton-espace.org et aussi bien @eux@leur.site et @quelquun-dautre@un-autre.espace. Ça marche parce que nous parlons tous un langage commun appelé ActivityPub.
Donc imaginez un monde où il y a des milliers de twitter.com qui peuvent tous communiquer les uns avec les autres et Jack n’a rien à foutre là-dedans.

Eh bien, c’est ça, le Fediverse.
Et si Mastodon n’est qu’un moyen parmi d’autres d’avoir son propre espace dans le Fediverse, joinmastodon.org est un bon endroit pour commencer à se renseigner sur le sujet et mettre pied à l’étrier de façon simple sans avoir besoin de connaissances techniques. Comme je l’ai déjà dit, je suis sur le Fediverse depuis les débuts de Mastodon et j’y copiais déjà manuellement les posts sur Twitter.
Maintenant j’ai automatisé le processus via moa.party et, pour aller de l’avant, je ne vais plus me connecter sur Twitter ou y répondre4.
Vu que mes posts sur Mastodon sont maintenant automatiquement transférés là-bas, vous pouvez toujours l’utiliser pour me suivre, si vous en avez envie. Mais pourquoi ne pas utiliser cette occasion de rejoindre le Fediverse et vous amuser ?

Small is beautiful

Si je pense toujours qu’avoir des bonnes critiques de la Big Tech est essentiel pour peser pour une régulation efficace, je ne sais pas si une régulation efficace est même possible étant donné le niveau de corruption institutionnelle que nous connaissons aujourd’hui (lobbies, politique des chaises musicales, partenariats public-privé, captation de réglementation, etc.)
Ce que je sais, c’est que l’antidote à la Big Tech est la Small Tech.

Nous devons construire l’infrastructure technologique alternative qui sera possédée et contrôlée par des individus, pas par des entreprises ou des gouvernements. C’est un prérequis pour un futur qui respecte la personne humaine, les droits humains, la démocratie et la justice sociale.

Dans le cas contraire, nous serons confrontés à des lendemains sombres où notre seul recours sera de supplier un roi quelconque, de la Silicon Valley ou autre, « s’il vous plaît monseigneur, soyez gentil ».

Je sais aussi que travailler à la construction de telles alternatives me rend heureux alors que désespérer sur l’état du monde ne fait que me rendre profondément malheureux. Je sais que c’est un privilège d’avoir les compétences et l’expérience que j’ai, et que cela me permet de travailler sur de tels projets. Et je compte bien les mettre à contribution du mieux possible.
Pour aller de l’avant, je prévois de concentrer autant que possible de mon temps et de mon énergie à la construction d’un Small Web.

Si vous avez envie d’en parler (ou d’autre chose), vous pouvez me trouver sur le Fediverse.
Vous pouvez aussi discuter avec moi pendant mes live streams S’update et pendant nos live streams Small is beautiful avec Laura.

Des jours meilleurs nous attendent…

Prenez soin de vous.

Portez-vous bien.

Aimez-vous les uns les autres.

 




Les médias sociaux ne sont pas des espaces démocratiques

On peut rêver d’une solution technologique ou juridique pour limiter ou interdire l’utilisation d’un logiciel à des groupes ou personnes qui ne partagent pas les valeurs auxquelles on tient ou pire veulent les détruire.
L’entreprise est bien plus délicate qu’il n’y paraît, y compris pour les réseaux alternatifs décentralisés (ou plutôt acentrés) qu’on regroupe sous le terme de Fediverse. Il ne suffit pas en effet de dire que chaque instance décide de ses propres règles pour se débarrasser des difficultés.

Dans l’article qui suit, Christophe Masutti prend acte de la fin d’une illusion : l’idéal d’un grand espace de communication démocratique, égalitaire et ouvert à tous n’existe pas plus avec les Gafam qu’avec le Fediverse et ses réseaux alternatifs.

Face aux grandes plateformes centralisées de médias sociaux qui ne recherchent nullement à diffuser ou promouvoir le débat démocratique éclairé comme elles le prétendent mais à monétiser le spectacle d’un pseudo-débat, nous sommes confrontées au grand fourre-tout où distinguer le pire du meilleur renvoie chacun à une tâche colossale et indéfiniment renouvelée.

Cependant ce qui change la donne avec le Fediverse, c’est que la question de la fermeture à d’autres ne prend en compte ni le profit ni le facteur nombre : les instances sans objectif lucratif ont leurs qualités et leurs défauts propres, qu’elles aient deux ou deux cent mille utilisatrices. Et selon Christophe, les rapports entre les instances restent à écrire, à la manière dont les rapports variables entre les habitants d’un quartier déterminent leurs rapports individuels et collectifs…

Les médias sociaux ne sont pas des espaces démocratiques

par Christophe Masutti

Lors d’une récente interview avec deux autres framasoftiennes à propos du Fediverse et des réseaux sociaux dits « alternatifs », une question nous fut posée :

dans la mesure où les instances de service de micro-blogging (type Mastodon) ou de vidéo (comme Peertube) peuvent afficher des « lignes éditoriales » très différentes les unes des autres, comment gérer la modération en choisissant de se fédérer ou non avec une instance peuplée de fachos ou comment se comporter vis-à-vis d’une instance communautaire et exclusive qui choisit délibérément de ne pas être fédérée ou très peu ?

De manière assez libérale et pour peu que les conditions d’utilisation du service soient clairement définies dans chaque instance, on peut répondre simplement que la modération demande plus ou moins de travail, que chaque instance est tout à fait libre d’adopter sa propre politique éditoriale, et qu’il s’agit de choix individuels (ceux du propriétaire du serveur qui héberge l’instance) autant que de choix collectifs (si l’hébergeur entretient des relations diplomatiques avec les membres de son instance). C’est une évidence.

La difficulté consistait plutôt à expliquer pourquoi, dans la conception même des logiciels (Mastodon ou Peertube, en l’occurrence) ou dans les clauses de la licence d’utilisation, il n’y a pas de moyen mis en place par l’éditeur du logiciel (Framasoft pour Peertube, par exemple) afin de limiter cette possibilité d’enfermement de communautés d’utilisateurs dans de grandes bulles de filtres en particulier si elles tombent dans l’illégalité. Est-il légitime de faire circuler un logiciel qui permet à ♯lesgens de se réunir et d’échanger dans un entre-soi homogène tout en prétendant que le Fediverse est un dispositif d’ouverture et d’accès égalitaire ?

Une autre façon de poser la question pourrait être la suivante : comment est-il possible qu’un logiciel libre puisse permettre à des fachos d’ouvrir leurs propres instance de microblogging en déversant impunément sur le réseau leurs flots de haine et de frustrations ?1

Bien sûr nous avons répondu à ces questions, mais à mon avis de manière trop vague. C’est qu’en réalité, il y a plusieurs niveaux de compréhension que je vais tâcher de décrire ici.

Il y a trois aspects :

  1. l’éthique du logiciel libre n’inclut pas la destination morale des logiciels libres, tant que la loyauté des usages est respectée, et la première clause des 4 libertés du logiciel libre implique la liberté d’usage : sélectionner les utilisateurs finaux en fonction de leurs orientations politique, sexuelles, etc. contrevient fondamentalement à cette clause…
  2. … mais du point de vue technique, on peut en discuter car la conception du logiciel pourrait permettre de repousser ces limites éthiques2,
  3. et la responsabilité juridique des hébergeurs implique que ces instances fachos sont de toute façon contraintes par l’arsenal juridique adapté ; ce à quoi on pourra toujours rétorquer que cela n’empêche pas les fachos de se réunir dans une cave (mieux : un local poubelle) à l’abri des regards.

Mais est-ce suffisant ? se réfugier derrière une prétendue neutralité de la technique (qui n’est jamais neutre), les limites éthiques ou la loi, ce n’est pas une bonne solution. Il faut se poser la question : que fait-on concrètement non pour interdire certains usages du Fediverse, mais pour en limiter l’impact social négatif ?

La principale réponse, c’est que le modèle économique du Fediverse ne repose pas sur la valorisation lucrative des données, et que se détacher des modèles centralisés implique une remise en question de ce que sont les « réseaux » sociaux. La vocation d’un dispositif technologique comme le Fediverse n’est pas d’éliminer les pensées fascistes et leur expression, pas plus que la vocation des plateformes Twitter et Facebook n’est de diffuser des modèles démocratiques, malgré leur prétention à cet objectif. La démocratie, les échanges d’idées, et de manière générale les interactions sociales ne se décrètent pas par des modèles technologiques, pas plus qu’elles ne s’y résument.

Prétendre le contraire serait les restreindre à des modèles et des choix imposés (et on voit bien que la technique ne peut être neutre). Si Facebook, Twitter et consorts ont la prétention d’être les gardiens de la liberté d’expression, c’est bien davantage pour exploiter les données personnelles à des fins lucratives que pour mettre en place un débat démocratique.

 

Exit le vieux rêve du global village ? En fait, cette vieille idée de Marshall McLuhan ne correspond pas à ce que la plupart des gens en ont retenu. En 1978, lorsque Murray Turoff et Roxanne Hiltz publient The Network Nation, ils conceptualisent vraiment ce qu’on entend par « Communication médiée par ordinateur » : échanges de contenus (volumes et vitesse), communication sociale-émotionnelle (les émoticônes), réduction des distances et isolement, communication synchrone et asynchrone, retombées scientifiques, usages domestiques de la communication en ligne, etc. Récompensés en 1994 par l’EFF Pioneer Award, Murray Turoff et Roxanne Hiltz sont aujourd’hui considérés comme les « parents » des systèmes de forums et de chat massivement utilisés aujourd’hui. Ce qu’on a retenu de leurs travaux, et par la suite des nombreuses applications, c’est que l’avenir du débat démocratique, des processus de décision collective (M. Turoff travaillait pour des institutions publiques) ou de la recherche de consensus, reposent pour l’essentiel sur les technologies de communication. C’est vrai en un sens, mais M. Turoff mettait en garde3 :

Dans la mesure où les communications humaines sont le mécanisme par lequel les valeurs sont transmises, tout changement significatif dans la technologie de cette communication est susceptible de permettre ou même de générer des changements de valeur.

Communiquer avec des ordinateurs, bâtir un système informatisé de communication sociale-émotionnelle ne change pas seulement l’organisation sociale, mais dans la mesure où l’ordinateur se fait de plus en plus le support exclusif des communications (et les prédictions de Turoff s’avéreront très exactes), la communication en réseau fini par déterminer nos valeurs.

Aujourd’hui, communiquer dans un espace unique globalisé, centralisé et ouvert à tous les vents signifie que nous devons nous protéger individuellement contre les atteintes morales et psychiques de celleux qui s’immiscent dans nos échanges. Cela signifie que nos écrits puissent être utilisés et instrumentalisés plus tard à des fins non souhaitées. Cela signifie qu’au lieu du consensus et du débat démocratique nous avons en réalité affaire à des séries de buzz et des cancans. Cela signifie une mise en concurrence farouche entre des contenus discursifs de qualité et de légitimités inégales mais prétendument équivalents, entre une casserole qui braille La donna è mobile et la version Pavarotti, entre une conférence du Collège de France et un historien révisionniste amateur dans sa cuisine, entre des contenus journalistiques et des fake news, entre des débats argumentés et des plateaux-télé nauséabonds.

Tout cela ne relève en aucun cas du consensus et encore moins du débat, mais de l’annulation des chaînes de valeurs (quelles qu’elles soient) au profit d’une mise en concurrence de contenus à des fins lucratives et de captation de l’attention. Le village global est devenu une poubelle globale, et ce n’est pas brillant.


Là où les médias sociaux centralisés impliquaient une ouverture en faveur d’une croissance lucrative du nombre d’utilisateurs, le Fediverse se fout royalement de ce nombre, pourvu qu’il puisse mettre en place des chaînes de confiance.


Dans cette perspective, le Fediverse cherche à inverser la tendance. Non par la technologie (le protocole ActivityPub ou autre), mais par le fait qu’il incite à réfléchir sur la manière dont nous voulons conduire nos débats et donc faire circuler l’information.

On pourrait aussi bien affirmer qu’il est normal de se voir fermer les portes (ou du moins être exclu de fait) d’une instance féministe si on est soi-même un homme, ou d’une instance syndicaliste si on est un patron, ou encore d’une instance d’un parti politique si on est d’un autre parti. C’est un comportement tout à fait normal et éminemment social de faire partie d’un groupe d’affinités, avec ses expériences communes, pour parler de ce qui nous regroupe, d’actions, de stratégies ou simplement un partage d’expériences et de subjectivités, sans que ceux qui n’ont pas les mêmes affinités ou subjectivités puissent s’y joindre. De manière ponctuelle on peut se réunir à l’exclusion d’autre groupes, pour en sortir à titre individuel et rejoindre d’autre groupes encore, plus ouverts, tout comme on peut alterner entre l’intimité d’un salon et un hall de gare.

Dans ce texte paru sur le Framablog, A. Mansoux et R. R. Abbing montrent que le Fediverse est une critique de l’ouverture. Ils ont raison. Là où les médias sociaux centralisés impliquaient une ouverture en faveur d’une croissance lucrative du nombre d’utilisateurs, le Fediverse se fout royalement de ce nombre, pourvu qu’il puisse mettre en place des chaînes de confiance.

Un premier mouvement d’approche consiste à se débarrasser d’une conception complètement biaisée d’Internet qui fait passer cet ensemble de réseaux pour une sorte de substrat technique sur lequel poussent des services ouverts aux publics de manière égalitaire. Évidemment ce n’est pas le cas, et surtout parce que les réseaux ne se ressemblent pas, certains sont privés et chiffrés (surtout dans les milieux professionnels), d’autres restreints, d’autres plus ouverts ou complètement ouverts. Tous dépendent de protocoles bien différents. Et concernant les médias sociaux, il n’y a aucune raison pour qu’une solution technique soit conçue pour empêcher la première forme de modération, à savoir le choix des utilisateurs. Dans la mesure où c’est le propriétaire de l’instance (du serveur) qui reste in fine responsable des contenus, il est bien normal qu’il puisse maîtriser l’effort de modération qui lui incombe. Depuis les années 1980 et les groupes usenet, les réseaux sociaux se sont toujours définis selon des groupes d’affinités et des règles de modération clairement énoncées.

À l’inverse, avec des conditions générales d’utilisation le plus souvent obscures ou déloyales, les services centralisés tels Twitter, Youtube ou Facebook ont un modèle économique tel qu’il leur est nécessaire de drainer un maximum d’utilisateurs. En déléguant le choix de filtrage à chaque utilisateur, ces médias sociaux ont proposé une représentation faussée de leurs services :

  1. Faire croire que c’est à chaque utilisateur de choisir les contenus qu’il veut voir alors que le système repose sur l’économie de l’attention et donc sur la multiplication de contenus marchands (la publicité) et la mise en concurrence de contenus censés capter l’attention. Ces contenus sont ceux qui totalisent plus ou moins d’audience selon les orientations initiales de l’utilisateur. Ainsi on se voit proposer des contenus qui ne correspondent pas forcément à nos goûts mais qui captent notre attention parce de leur nature attrayante ou choquante provoquent des émotions.
  2. Faire croire qu’ils sont des espaces démocratiques. Ils réduisent la démocratie à la seule idée d’expression libre de chacun (lorsque Trump s’est fait virer de Facebook les politiques se sont sentis outragés… comme si Facebook était un espace public, alors qu’il s’agit d’une entreprise privée).

Les médias sociaux mainstream sont tout sauf des espaces où serait censée s’exercer la démocratie bien qu’ils aient été considérés comme tels, dans une sorte de confusion entre le brouhaha débridé des contenus et la liberté d’expression. Lors du « printemps arabe » de 2010, par exemple, on peut dire que les révoltes ont beaucoup reposé sur la capacité des réseaux sociaux à faire circuler l’information. Mais il a suffi aux gouvernements de censurer les accès à ces services centralisés pour brider les révolutions. Ils se servent encore aujourd’hui de cette censure pour mener des négociations diplomatiques qui tantôt cherchent à attirer l’attention pour obtenir des avantages auprès des puissances hégémoniques tout en prenant la « démocratie » en otage, et tantôt obligent les GAFAM à se plier à la censure tout en facilitant la répression. La collaboration est le sport collectif des GAFAM. En Turquie, Amnesty International s’en inquiète et les exemples concrets ne manquent pas comme au Vietnam récemment.

Si les médias sociaux comme Twitter et Facebook sont devenus des leviers politiques, c’est justement parce qu’ils se sont présentés comme des supports technologiques à la démocratie. Car tout dépend aussi de ce qu’on entend par « démocratie ». Un mot largement privé de son sens initial comme le montre si bien F. Dupuis-Déri4. Toujours est-il que, de manière très réductrice, on tient pour acquis qu’une démocratie s’exerce selon deux conditions : que l’information circule et que le débat public soit possible.

Même en réduisant la démocratie au schéma techno-structurel que lui imposent les acteurs hégémoniques des médias sociaux, la question est de savoir s’il permettent la conjonction de ces conditions. La réponse est non. Ce n’est pas leur raison d’être.

Alors qu’Internet et le Web ont été élaborés au départ pour être des dispositifs égalitaires en émission et réception de pair à pair, la centralisation des accès soumet l’émission aux conditions de l’hébergeur du service. Là où ce dernier pourrait se contenter d’un modèle marchand basique consistant à faire payer l’accès et relayer à l’aveugle les contenus (ce que fait La Poste, encadrée par la loi sur les postes et télécommunications), la salubrité et la fiabilité du service sont fragilisés par la responsabilisation de l’hébergeur par rapport à ces contenus et la nécessité pour l’hébergeur à adopter un modèle économique de rentabilité qui repose sur la captation des données des utilisateurs à des fins de marketing pour prétendre à une prétendue gratuité du service5. Cela implique que les contenus échangés ne sont et ne seront jamais indépendants de toute forme de censure unilatéralement décidée (quoi qu’en pensent les politiques qui entendent légiférer sur l’emploi des dispositifs qui relèveront toujours de la propriété privée), et jamais indépendants des impératifs financiers qui justifient l’économie de surveillance, les atteintes à notre vie privée et le formatage comportemental qui en découlent.

Paradoxalement, le rêve d’un espace public ouvert est tout aussi inatteignable pour les médias sociaux dits « alternatifs », où pour des raisons de responsabilité légale et de choix de politique éditoriale, chaque instance met en place des règles de modération qui pourront toujours être considérées par les utilisateurs comme abusives ou au moins discutables. La différence, c’est que sur des réseaux comme le Fediverse (ou les instances usenet qui reposent sur NNTP), le modèle économique n’est pas celui de l’exploitation lucrative des données et n’enferme pas l’utilisateur sur une instance en particulier. Il est aussi possible d’ouvrir sa propre instance à soi, être le seul utilisateur, et néanmoins se fédérer avec les autres.

De même sur chaque instance, les règles d’usage pourraient être discutées à tout moment entre les utilisateurs et les responsables de l’instance, de manière à créer des consensus. En somme, le Fediverse permet le débat, même s’il est restreint à une communauté d’utilisateurs, là où la centralisation ne fait qu’imposer un état de fait tout en tâchant d’y soumettre le plus grand nombre. Mais dans un pays comme le Vietnam où l’essentiel du trafic Internet passe par Facebook, les utilisateurs ont-ils vraiment le choix ?

Ce sont bien la centralisation et l’exploitation des données qui font des réseaux sociaux comme Facebook, YouTube et Twitter des instruments extrêmement sensibles à la censure d’État, au service des gouvernements totalitaires, et parties prenantes du fascisme néolibéral.

L’affaire Cambridge Analytica a bien montré combien le débat démocratique sur les médias sociaux relève de l’imaginaire, au contraire fortement soumis aux effets de fragmentation discursive. Avant de nous demander quelles idéologies elles permettent de véhiculer nous devons interroger l’idéologie des GAFAM. Ce que je soutiens, c’est que la structure même des services des GAFAM ne permet de véhiculer vers les masses que des idéologies qui correspondent à leurs modèles économiques, c’est-à-dire compatibles avec le profit néolibéral.

En reprenant des méthodes d’analyse des années 1970-80, le marketing psychographique et la socio-démographie6, Cambridge Analytica illustre parfaitement les trente dernières années de perfectionnement de l’analyse des données comportementales des individus en utilisant le big data. Ce qui intéresse le marketing, ce ne sont plus les causes, les déterminants des choix des individus, mais la possibilité de prédire ces choix, peu importent les causes. La différence, c’est que lorsqu’on applique ces principes, on segmente la population par stéréotypage dont la granularité est d’autant plus fine que vous disposez d’un maximum de données. Si vous voulez influencer une décision, dans un milieu où il est possible à la fois de pomper des données et d’en injecter (dans les médias sociaux, donc), il suffit de voir quels sont les paramètres à changer. À l’échelle de millions d’individus, changer le cours d’une élection présidentielle devient tout à fait possible derrière un écran.

Trump at hospital - Public domain. Source : White House

C’est la raison pour laquelle les politiques du moment ont surréagi face au bannissement de Trump des plateformes comme Twitter et Facebook (voir ici ou ). Si ces plateformes ont le pouvoir de faire taire le président des États-Unis, c’est que leur capacité de caisse de résonance accrédite l’idée qu’elles sont les principaux espaces médiatiques réellement utiles aux démarches électoralistes. En effet, nulle part ailleurs il n’est possible de s’adresser en masse, simultanément et de manière segmentée (ciblée) aux populations. Ce faisant, le discours politique ne s’adresse plus à des groupes d’affinité (un parti parle à ses sympathisants), il ne cherche pas le consensus dans un espace censé servir d’agora géante où aurait lieu le débat public. Rien de tout cela. Le discours politique s’adresse désormais et en permanence à chaque segment électoral de manière assez fragmentée pour que chacun puisse y trouver ce qu’il désire, orienter et conforter ses choix en fonction de ce que les algorithmes qui scandent les contenus pourront présenter (ou pas). Dans cette dynamique, seul un trumpisme ultra-libéral pourra triompher, nulle place pour un débat démocratique, seules triomphent les polémiques, la démagogie réactionnaire et ce que les gauches ont tant de mal à identifier7 : le fascisme.

Face à cela, et sans préjuger de ce qu’il deviendra, le Fediverse propose une porte de sortie sans toutefois remettre au goût du jour les vieilles représentations du village global. J’aime à le voir comme une multiplication d’espaces (d’instances) plus où moins clos (ou plus ou moins ouverts, c’est selon) mais fortement identifiés et qui s’affirment les uns par rapport aux autres, dans leurs différences ou leurs ressemblances, en somme dans leurs diversités.

C’est justement cette diversité qui est à la base du débat et de la recherche de consensus, mais sans en constituer l’alpha et l’oméga. Les instances du Fediverse, sont des espaces communs d’immeubles qui communiquent entre eux, ou pas, ni plus ni moins. Ils sont des lieux où l’on se regroupe et où peuvent se bâtir des collectifs éphémères ou non. Ils sont les supports utilitaires où des pratiques d’interlocution non-concurrentielles peuvent s’accomplir et s’inventer : microblog, blog, organiseur d’événement, partage de vidéo, partage de contenus audio, et toute application dont l’objectif consiste à outiller la liberté d’expression et non la remplacer.

Angélisme ? Peut-être. En tout cas, c’est ma manière de voir le Fediverse aujourd’hui. L’avenir nous dira ce que les utilisateurs en feront.

 

 


  1. On peut se référer au passage de la plateforme suprémaciste Gab aux réseaux du Fediverse, mais qui finalement fut bloquée par la plupart des instances du réseau.
  2. Par exemple, sans remplacer les outils de modération par du machine learning plus ou moins efficace, on peut rendre visible davantage les procédures de reports de contenus haineux, mais à condition d’avoir une équipe de modérateurs prête à réceptionner le flux : les limites deviennent humaines.
  3. Turoff, Murray, and Starr Roxane Hiltz. 1994. The Network Nation: Human Communication via Computer. Cambridge: MIT Press, p. 401.
  4. Dupuis-Déri, Francis. Démocratie, histoire politique d’un mot: aux États-Unis et en France. Montréal (Québec), Canada: Lux, 2013.
  5. Et même si le service était payant, l’adhésion supposerait un consentement autrement plus poussé à l’exploitation des données personnelles sous prétexte d’une qualité de service et d’un meilleur ciblage marketing ou de propagande. Pire encore s’il disposait d’une offre premium ou de niveaux d’abonnements qui segmenteraient encore davantage les utilisateurs.
  6. J’en parlerai dans un article à venir au sujet du courtage de données et de la société Acxiom.
  7. …pas faute d’en connaître les symptômes depuis longtemps. Comme ce texte de Jacques Ellul paru dans la revue Esprit en 1937, intitulé « Le fascisme fils du libéralisme », dont voici un extrait : « [Le fascisme] s’adresse au sentiment et non à l’intelligence, il n’est pas un effort vers un ordre réel mais vers un ordre fictif de la réalité. Il est précédé par tout un courant de tendances vers le fascisme : dans tous les pays nous retrouvons ces mesures de police et de violence, ce désir de restreindre les droits du parlement au profit du gouvernement, décrets-lois et pleins pouvoirs, affolement systématique obtenu par une lente pression des journaux sur la mentalité courante, attaques contre tout ce qui est pensée dissidente et expression de cette pensée, limitation de liberté de parole et de droit de réunion, restriction du droit de grève et de manifester, etc. Toutes ces mesures de fait constituent déjà le fascisme. ».



Utilisateurs libres ou domestiqués ? WhatsApp et les autres

Le mois dernier, WhatsApp a publié une nouvelle politique de confidentialité avec cette injonction : acceptez ces nouvelles conditions, ou supprimez WhatsApp de votre smartphone. La transmission de données privées à la maison-mère Facebook a suscité pour WhatsApp un retour de bâton retentissant et un nombre significatif d’utilisateurs et utilisatrices a migré vers d’autres applications, en particulier Signal.

Cet épisode parmi d’autres dans la guerre des applications de communication a suscité quelques réflexions plus larges sur la capture des utilisateurs et utilisatrices par des entreprises qui visent selon Rohan Kumar à nous « domestiquer »…

Article original : WhatsApp and the domestication of users, également disponible sur la capsule gemini de l’auteur.

Traduction Framalang : Bromind, chloé, fabrice, françois, goofy, jums, Samailan, tykayn

WhatsApp et la domestication des utilisateurs

 par Rohan Kumar

Je n’ai jamais utilisé WhatsApp et ne l’utiliserai jamais. Et pourtant j’éprouve le besoin d’écrire un article sur WhatsApp car c’est une parfaite étude de cas pour comprendre une certaine catégorie de modèles commerciaux : la « domestication des utilisateurs ».
La domestication des utilisateurs est, selon moi, l’un des principaux problèmes dont souffre l’humanité et il mérite une explication détaillée.
Cette introduction générale étant faite, commençons.

L’ascension de Whatsapp

Pour les personnes qui ne connaissent pas, WhatsApp est un outil très pratique pour Facebook car il lui permet de facilement poursuivre sa mission principale : l’optimisation et la vente du comportement humain (communément appelé « publicité ciblée »). WhatsApp a d’abord persuadé les gens d’y consentir en leur permettant de s’envoyer des textos par Internet, chose qui était déjà possible, en associant une interface simple et un marketing efficace. L’application s’est ensuite développée pour inclure des fonctionnalités comme les appels vocaux et vidéos gratuits. Ces appels gratuits ont fait de WhatsApp une plate-forme de communication de référence dans de nombreux pays.

WhatsApp a construit un effet de réseau grâce à son système propriétaire incompatible avec d’autres clients de messagerie instantanée : les utilisateurs existants sont captifs car quitter WhatsApp signifie perdre la capacité de communiquer avec les utilisateurs de WhatsApp. Les personnes qui veulent changer d’application doivent convaincre tous leurs contacts de changer aussi ; y compris les personnes les moins à l’aise avec la technologie, celles qui avaient déjà eu du mal à apprendre à se servir de WhatsApp.

Dans le monde de WhatsApp, les personnes qui souhaitent rester en contact doivent obéir aux règles suivantes :
• Chacun se doit d’utiliser uniquement le client propriétaire WhatsApp pour envoyer des messages ; développer des clients alternatifs n’est pas possible.
• Le téléphone doit avoir un système d’exploitation utilisé par le client. Les développeurs de WhatsApp ne développant que pour les systèmes d’exploitation les plus populaires, le duopole Android et iOS en sort renforcé.
• Les utilisateurs dépendent entièrement des développeurs de WhatsApp. Si ces derniers décident d’inclure des fonctionnalités hostiles dans l’application, les utilisateurs doivent s’en contenter. Ils ne peuvent pas passer par un autre serveur ou un autre client de messagerie sans quitter WhatsApp et perdre la capacité à communiquer avec leurs contacts WhatsApp.

La domestication des utilisateurs

WhatsApp s’est développé en piégeant dans son enclos des créatures auparavant libres, et en changeant leurs habitudes pour créer une dépendance à leurs maîtres. Avec le temps, il leur est devenu difficile voire impossible de revenir à leur mode de vie précédent. Ce processus devrait vous sembler familier : il est étrangement similaire à la domestication des animaux. J’appelle ce type d’enfermement propriétaire « domestication des utilisateurs » : la suppression de l’autonomie des utilisateurs, pour les piéger et les mettre au service du fournisseur.

J’ai choisi cette métaphore car la domestication animale est un processus graduel qui n’est pas toujours volontaire, qui implique typiquement qu’un groupe devienne dépendant d’un autre. Par exemple, nous savons que la domestication du chien a commencé avec sa sociabilisation, ce qui a conduit à une sélection pas totalement artificielle promouvant des gènes qui favorisent plus l’amitié et la dépendance envers les êtres humains5.

Qu’elle soit délibérée ou non, la domestication des utilisateurs suit presque toujours ces trois mêmes étapes :
1. Un haut niveau de dépendance des utilisateurs envers un fournisseur de logiciel
2. Une incapacité des utilisateurs à contrôler le logiciel, via au moins une des méthodes suivantes :
2.1. Le blocage de la modification du logiciel
2.2. Le blocage de la migration vers une autre plate-forme
3. L’exploitation des utilisateurs désormais captifs et incapables de résister.
L’exécution des deux premières étapes a rendu les utilisateurs de WhatsApp vulnérables à la domestication. Avec ses investisseurs à satisfaire, WhatsApp avait toutes les raisons d’implémenter des fonctionnalités hostiles, sans subir aucune conséquence. Donc, évidemment, il l’a fait.

La chute de WhatsApp

La domestication a un but : elle permet à une espèce maîtresse d’exploiter les espèces domestiquées pour son propre bénéfice. Récemment, WhatsApp a mis à jour sa politique de confidentialité pour permettre le partage de données avec sa maison mère, Facebook. Les personnes qui avaient accepté d’utiliser WhatsApp avec sa précédente politique de confidentialité avaient donc deux options : accepter la nouvelle politique ou perdre l’accès à WhatsApp. La mise à jour de la politique de confidentialité est un leurre classique : WhatsApp a appâté et ferré ses utilisateurs avec une interface élégante et une impression de confidentialité, les a domestiqués pour leur ôter la capacité de migrer, puis est revenu sur sa promesse de confidentialité avec des conséquences minimes. Chaque étape de ce processus a permis la suivante ; sans domestication, il serait aisé pour la plupart des utilisateurs de quitter l’application sans douleur.
Celles et ceux parmi nous qui sonnaient l’alarme depuis des années ont connu un bref moment de félicité sadique quand le cliché à notre égard est passé de « conspirationnistes agaçants et paranoïaques » à simplement « agaçants ».

Une tentative de dérapage contrôlé

L’opération de leurre et de ferrage a occasionné une réaction contraire suffisante pour qu’une minorité significative d’utilisateurs migre ; leur nombre a été légèrement supérieur la quantité négligeable que WhatsApp attendait probablement. En réponse, WhatsApp a repoussé le changement et publié la publicité suivante :

Cette publicité liste différentes données que WhatsApp ne collecte ni ne partage. Dissiper des craintes concernant la collecte de données en listant les données non collectées est trompeur. WhatsApp ne collecte pas d’échantillons de cheveux ou de scans rétiniens ; ne pas collecter ces informations ne signifie pas qu’il respecte la confidentialité parce que cela ne change pas ce que WhatsApp collecte effectivement.

Dans cette publicité WhatsApp nie conserver « l’historique des destinataires des messages envoyés ou des appels passés ». Collecter des données n’est pas la même chose que « conserver l’historique » ; il est possible de fournir les métadonnées à un algorithme avant de les jeter. Un modèle peut alors apprendre que deux utilisateurs s’appellent fréquemment sans conserver l’historique des métadonnées de chaque appel. Le fait que l’entreprise ait spécifiquement choisi de tourner la phrase autour de l’historique implique que WhatsApp soit collecte déjà cette sorte de données soit laisse la porte ouverte afin de les collecter dans le futur.
Une balade à travers la politique de confidentialité réelle de WhatsApp du moment (ici celle du 4 janvier) révèle qu’ils collectent des masses de métadonnées considérables utilisées pour le marketing à travers Facebook.

Liberté logicielle

Face à la domestication des utilisateurs, fournir des logiciels qui aident les utilisateurs est un moyen d’arrêter leur exploitation. L’alternative est simple : que le service aux utilisateurs soit le but en soi.

Pour éviter d’être contrôlés par les logiciels, les utilisateurs doivent être en position de contrôle. Les logiciels qui permettent aux utilisateurs d’être en position de contrôles sont appelés logiciels libres. Le mot « libre » dans ce contexte a trait à la liberté plutôt qu’au prix6. La liberté logicielle est similaire au concept d’open-source, mais ce dernier est focalisé sur les bénéfices pratiques plutôt qu’éthiques. Un terme moins ambigu qui a trait naturellement à la fois à la gratuité et l’open-source est FOSS7.
D’autres ont expliqué les concepts soutenant le logiciel libre mieux que moi, je n’irai pas dans les détails. Cela se décline en quatre libertés essentielles :

  • la liberté d’exécuter le programme comme vous le voulez, quel que soit le but
  • la liberté d’étudier comment le programme fonctionne, et de le modifier à votre souhait
  • la liberté de redistribuer des copies pour aider d’autres personnes
  • la liberté de distribuer des copies de votre version modifiée aux autres

Gagner de l’argent avec des FOSS

L’objection la plus fréquente que j’entends, c’est que gagner de l’argent serait plus difficile avec le logiciel libre qu’avec du logiciel propriétaire.
Pour gagner de l’argent avec les logiciels libres, il s’agit de vendre du logiciel comme un complément à d’autres services plus rentables. Parmi ces services, on peut citer la vente d’assistance, la personnalisation, le conseil, la formation, l’hébergement géré, le matériel et les certifications. De nombreuses entreprises utilisent cette approche au lieu de créer des logiciels propriétaires : Red Hat, Collabora, System76, Purism, Canonical, SUSE, Hashicorp, Databricks et Gradle sont quelques noms qui viennent à l’esprit.
L’hébergement n’est pas un panier dans lequel vous avez intérêt à déposer tous vos œufs, notamment parce que des géants comme Amazon Web Service peuvent produire le même service pour un prix inférieur. Être développeur peut donner un avantage dans des domaines tels que la personnalisation, le support et la formation ; cela n’est pas aussi évident en matière d’hébergement.

Les logiciels libres ne suffisent pas toujours

Le logiciel libre est une condition nécessaire mais parfois insuffisante pour établir une immunité contre la domestication. Deux autres conditions impliquent de la simplicité et des plates-formes ouvertes.

Simplicité

Lorsqu’un logiciel devient trop complexe, il doit être maintenu par une vaste équipe. Les utilisateurs qui ne sont pas d’accord avec un fournisseur ne peuvent pas facilement dupliquer et maintenir une base de code de plusieurs millions de lignes, surtout si le logiciel en question contient potentiellement des vulnérabilités de sécurité. La dépendance à l’égard du fournisseur peut devenir très problématique lorsque la complexité fait exploser les coûts de développement ; le fournisseur peut alors avoir recours à la mise en œuvre de fonctionnalités hostiles aux utilisateurs pour se maintenir à flot.
Un logiciel complexe qui ne peut pas être développé par personne d’autre que le fournisseur crée une dépendance, première étape vers la domestication de l’utilisateur. Cela suffit à ouvrir la porte à des développements problématiques.

Étude de cas : Mozilla et le Web

Mozilla était une lueur d’espoir dans la guerre des navigateurs, un espace dominé par la publicité, la surveillance et le verrouillage par des distributeurs. Malheureusement, le développement d’un moteur de navigation est une tâche monumentale, assez difficile pour qu’Opera et Microsoft abandonnent leur propre moteur et s’équipent de celui de Chromium. Les navigateurs sont devenus bien plus que des lecteurs de documents : ils ont évolué vers des applications dotées de propres technologies avec l’accélération GPU, Bluetooth, droits d’accès, énumération des appareils, codecs de médias groupés, DRM8, API d’extension, outils de développement… la liste est longue. Il faut des milliards de dollars par an pour répondre aux vulnérabilités d’une surface d’attaque aussi massive et suivre des standards qui se développent à un rythme tout aussi inquiétant. Ces milliards doivent bien venir de quelque part.
Mozilla a fini par devoir faire des compromis majeurs pour se maintenir à flot. L’entreprise a passé des contrats de recherche avec des sociétés manifestement hostiles aux utilisateurs et a ajouté au navigateur des publicités (et a fait machine arrière) et des bloatwares, comme Pocket, ce logiciel en tant que service partiellement financé par la publicité. Depuis l’acquisition de Pocket (pour diversifier ses sources de revenus), Mozilla n’a toujours pas tenu ses promesses : mettre le code de Pocket en open-source, bien que les clients soient passés en open-source, le code du serveur reste propriétaire. Rendre ce code open-source, et réécrire certaines parties si nécessaire serait bien sûr une tâche importante en partie à cause de la complexité de Pocket.

Les navigateurs dérivés importants comme Pale Moon sont incapables de suivre la complexité croissante des standards modernes du Web tels que les composants web (Web Components). En fait, Pale Moon a récemment dû migrer son code hors de GitHub depuis que ce dernier a commencé à utiliser des composants Web. Il est pratiquement impossible de commencer un nouveau navigateur à partir de zéro et de rattraper les mastodontes qui ont fonctionné avec des budgets annuels exorbitants pendant des décennies. Les utilisateurs ont le choix entre le moteur de navigation développé par Mozilla, celui d’une entreprise publicitaire (Blink de Google) ou celui d’un fournisseur de solutions monopolistiques (WebKit d’Apple). A priori, WebKit ne semble pas trop mal, mais les utilisateurs seront impuissants si jamais Apple décide de faire marche arrière.
Pour résumer : la complexité du Web a obligé Mozilla, le seul développeur de moteur de navigation qui déclare être « conçu pour les gens, pas pour l’argent », à mettre en place des fonctionnalités hostiles aux utilisateurs dans son navigateur. La complexité du Web a laissé aux utilisateurs un choix limité entre trois grands acteurs en conflit d’intérêts, dont les positions s’enracinent de plus en plus avec le temps.
Attention, je ne pense pas que Mozilla soit une mauvaise organisation ; au contraire, c’est étonnant qu’ils soient capables de faire autant, sans faire davantage de compromis dans un système qui l’exige. Leur produit de base est libre et open-source, et des composants externes très légèrement modifiés suppriment des anti-fonctionnalités.

Plates-formes ouvertes

Pour éviter qu’un effet de réseau ne devienne un verrouillage par les fournisseurs, les logiciels qui encouragent naturellement un effet de réseau doivent faire partie d’une plate-forme ouverte. Dans le cas des logiciels de communication/messagerie, il devrait être possible de créer des clients et des serveurs alternatifs qui soient compatibles entre eux, afin d’éviter les deux premières étapes de la domestication de l’utilisateur.

Étude de cas : Signal

Depuis qu’un certain vendeur de voitures a tweeté « Utilisez Signal », un grand nombre d’utilisateurs ont docilement changé de messagerie instantanée. Au moment où j’écris ces lignes, les clients et les serveurs Signal sont des logiciels libres et open-source, et utilisent certains des meilleurs algorithmes de chiffrement de bout en bout qui existent ; cependant, je ne suis pas fan.

Bien que les clients et les serveurs de Signal soient des logiciels libres et gratuits, Signal reste une plate-forme fermée. Le cofondateur de Signal, Moxie Marlinspike, est très critique à l’égard des plates-formes ouvertes et fédérées. Il décrit dans un article de blog les raisons pour lesquelles Signal reste une plate-forme fermée9. Cela signifie qu’il n’est pas possible de développer un serveur alternatif qui puisse être supporté par les clients Signal, ou un client alternatif qui supporte les serveurs Signal. La première étape de la domestication des utilisateurs est presque achevée.

Outre qu’il n’existe qu’un seul client et qu’un seul serveur, il n’existe qu’un seul fournisseur de serveur Signal : Signal Messenger LLC. La dépendance des utilisateurs vis-à-vis de ce fournisseur de serveur central leur a explosé au visage, lors de la récente croissance de Signal qui a provoqué des indisponibilités de plus d’une journée, mettant les utilisateurs de Signal dans l’incapacité d’envoyer des messages, jusqu’à ce que le fournisseur unique règle le problème.
Certains ont quand même essayé de développer des clients alternatifs : un fork Signal appelé LibreSignal a tenté de faire fonctionner Signal sur des systèmes Android respectueux de la vie privée, sans les services propriétaires Google Play. Ce fork s’est arrêté après que Moxie eut clairement fait savoir qu’il n’était pas d’accord avec une application tierce utilisant les serveurs Signal. La décision de Moxie est compréhensible, mais la situation aurait pu être évitée si Signal n’avait pas eu à dépendre d’un seul fournisseur de serveurs.

Si Signal décide de mettre à jour ses applications pour y inclure une fonction hostile aux utilisateurs, ces derniers seront tout aussi démunis qu’ils le sont actuellement avec WhatsApp. Bien que je ne pense pas que ce soit probable, la plate-forme fermée de Signal laisse les utilisateurs vulnérables à leur domestication.
Même si je n’aime pas Signal, je l’ai tout de même recommandé à mes amis non-techniques, parce que c’était le seul logiciel de messagerie instantanée assez privé pour moi et assez simple pour eux. S’il y avait eu la moindre intégration à faire (création de compte, ajout manuel de contacts, etc.), un de mes amis serait resté avec Discord ou WhatsApp. J’ajouterais bien quelque chose de taquin comme « tu te reconnaîtras » s’il y avait la moindre chance pour qu’il arrive aussi loin dans l’article.

Réflexions

Les deux études de cas précédentes – Mozilla et Signal – sont des exemples d’organisations bien intentionnées qui rendent involontairement les utilisateurs vulnérables à la domestication. La première présente un manque de simplicité mais incarne un modèle de plate-forme ouverte. La seconde est une plate-forme fermée avec un degré de simplicité élevé. L’intention n’entre pas en ligne de compte lorsqu’on examine les trois étapes et les contre-mesures de la domestication des utilisateurs.
@paulsnar@mastodon.technology a souligné un conflit potentiel entre la simplicité et les plates-formes ouvertes :

j’ai l’impression qu’il y a une certaine opposition entre simplicité et plates-formes ouvertes ; par exemple Signal est simple précisément parce que c’est une plate-forme fermée, ou du moins c’est ce qu’explique Moxie. À l’inverse, Matrix est superficiellement simple, mais le protocole est en fait (à mon humble avis) assez complexe, précisément parce que c’est une plate-forme ouverte.

Je n’ai pas de réponse simple à ce dilemme. Il est vrai que Matrix est extrêmement complexe (comparativement à des alternatives comme IRC ou même XMPP), et il est vrai qu’il est plus difficile de construire une plate-forme ouverte. Cela étant dit, il est certainement possible de maîtriser la complexité tout en développant une plate-forme ouverte : Gemini, IRC et le courrier électronique en sont des exemples. Si les normes de courrier électronique ne sont pas aussi simples que Gemini ou IRC, elles évoluent lentement ; cela évite aux implémentations de devoir rattraper le retard, comme c’est le cas pour les navigateurs Web ou les clients/serveurs Matrix.

Tous les logiciels n’ont pas besoin de brasser des milliards. La fédération permet aux services et aux réseaux comme le Fediverse et XMPP de s’étendre à un grand nombre d’utilisateurs sans obliger un seul léviathan du Web à vendre son âme pour payer la facture. Bien que les modèles commerciaux anti-domestication soient moins rentables, ils permettent encore la création des mêmes technologies qui ont été rendues possibles par la domestication des utilisateurs. Tout ce qui manque, c’est un budget publicitaire ; la plus grande publicité que reçoivent certains de ces projets, ce sont de longs billets de blog non rémunérés.
Peut-être n’avons-nous pas besoin de rechercher la croissance à tout prix et d’essayer de « devenir énorme ». Peut-être pouvons-nous nous arrêter, après avoir atteint une durabilité et une sécurité financière, et permettre aux gens de faire plus avec moins.

Notes de clôture

Avant de devenir une sorte de manifeste, ce billet se voulait une version étendue d’un commentaire que j’avais laissé suite à un message de Binyamin Green sur le Fediverse.
J’avais décidé, à l’origine, de le développer sous sa forme actuelle pour des raisons personnelles. De nos jours, les gens exigent une explication approfondie chaque fois que je refuse d’utiliser quelque chose que « tout le monde » utilise (WhatsApp, Microsoft Office, Windows, macOS, Google Docs…).
Puis, ils et elles ignorent généralement l’explication, mais s’attendent quand même à en avoir une. La prochaine fois que je les rencontrerai, ils auront oublié notre conversation précédente et recommenceront le même dialogue. Justifier tous mes choix de vie en envoyant des assertions logiques et correctes dans le vide – en sachant que tout ce que je dis sera ignoré – est un processus émotionnellement épuisant, qui a fait des ravages sur ma santé mentale ces dernières années ; envoyer cet article à mes amis et changer de sujet devrait me permettre d’économiser quelques cheveux gris dans les années à venir.
Cet article s’appuie sur des écrits antérieurs de la Free Software Foundation, du projet GNU et de Richard Stallman. Merci à Barna Zsombor de m’avoir fait de bon retours sur IRC.

Mosaïque romaine, Orphée apprivoisant les animaux, photo par mharrsch, licence CC BY-NC-SA 2.0




What Framasoft would like to do in 2021 thanks to your donations

For 2021, Framasoft has many desires (we always have!): popular digital education, software developments and actions to participate in the web re-decentralization.

Please note:

Here are the main actions we plan to carry out next year. However 2020 confirmed us that we can’t take anything for granted and that everything can change. So this article is more a snapshot of our todo list for 2021 than a roadmap set in stone.

Here is what we plan to do next year if we are not forced to change our plans in the middle of the year and if we can. We hope you will help us accomplish it by joining our donators.

Taking more time to develop ethical tools

In 2021, Framasoft will obviously continue to work on softwares we have been developping for years. But this year we didn’t plan any fundraising for one of these softwares.

Indeed, if organizing a fundraising allows to know and finance an initiative, it’s also the start of a sprint to code mainstream features in time.

This year we want to work on improvements, on mediation tools: features that may seem less sexy but that are just as important. We also want to take time to better listen to your feedbacks and needs.

Illustration by David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Finding a community for Framaforms (the software)

In 2021 Théo will spend a few more months with us to continue the work (already well underway) on the software behind Framaforms: bugs resolution and new features requested by users. Thanks to these improvements, Framaforms will be much easier to use and administrate.

One of Théo’s missions is to create a contribution community around this software. Our goal is that this software’s evolution doesn’t exclusively rest upon our small not-for-profit shoulders. We’ll publish a presentation website in the coming months.

Because Framaforms is one of our most visited services, we deeply hope that other people will be interested in this solution and will continue to keep it alive and to make it evolve. The need to free forms from Google is important: free-libre softwares have strong arguments in this area and the development effort can’t rely solely on our small not-for-profit.

Animation created by Gee (CC-By-SA) in 2016, for Framaforms’s release

Slidewalker, an alternative to Slideshare and Scribd

We have been dying to carry out this idea for years: to create a free-libre software so that hosters can offer online documents hosting and consulting service, an alternative to slideshare or scribd.

Slidewalker would help anyone share documents (not just slideshows) in open formats (open documents) or in PDF format. For those using closed formats (docx, xlsx, pptx…) we will find how to convert them into a PDF format. But if you want something better, ask Microsoft to open their proprietary formats.

Once hosted, the files could be described, viewed, embed and opened to comments (or not, it’s not compulsory!). We also think of group features and quotas… we don’t lack of ideas for this software.

But we are realistic and know that we will not achieve to develop all of them in 2021, nor on the V1. For example, it won’t be a federated tool this time! We don’t even know if we will provide a public instance of this software.

We want a simple and efficient tool that works without embellishments. So far, we have only imagined it. Let’s meet in 2021 to see how this plan will become true (if it does!).

Illustration by David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Consolidating PeerTube towards its v4

As mentioned several times, PeerTube’s v3 including live and peer-to-peer video streaming should be released in January 2021. First, this « live » will be minimalistic (no chat and reaction tools, etc.) but we will probably develop it and add new tools. Your feedbacks will influence updates about the interface itself or in addition to this main feature.

Illustration by David Revoy – Licence : CC-By 4.0

In 2020, Marie-Cécile Godwin, our partner designer, directed interviews with video makers, instance administrators and Internet users who wanted to watch videos elsewhere than on web giants platforms. These interviews confirmed our impressions: it’s confusing to come across a federated software (PeerTube) when you are expecting to find a video sharing platform (« in YouTube’s style »).

Google and its co-workers wrongly accustom us and it’s difficult for Internet users to apprehend decentralized web and federation principles… That’s why in 2021 we would like to make this understanding easier.

We want to modify significantly the interface, for example by inserting educational elements. We would like people who visit ExampleTube to see at a glance if a video is hosted by ExampleTube or if it’s on an instance federated with ExampleTube. Identifying immediately where a video comes from can change everything for watchers, videomakers and instance administrators.

We would also like to improve contents discoverability of both videos and channels. Even if SepiaSearch, our search engine, is a wonderful tool to search for videos, you have to know what you’re looking for.

For those who just want to browse, only this JoinPeertube page offers you videos, channels and instances selections. Thus we would like to create a tool allowing instance administrators to present and recommend content. Videomakers will also be able to customize their PeerTube channels by highlighting a video, modifying their playlists, adding a banner or by recommending other channels.

Click to try SepiaSearch

A Mobilizon suited to your needs

By publishing Mobilizon’s first version in the end of last October, we have proved that it’s now possible for those who want to gather, mobilize and organize themselves to use a free-libre and federated tool. We look forward to improving Mobilizon in 2021.

For example, we would like to use your feedbacks from previous weeks by implementing a new notification system to easily see the activity of events you have signed up for and new contents published in groups.

But we don’t want to overwhelm you with notifications nor to offer you a poor imitation of a Facebook wall. It would be against the spirit of attention simplicity we wanted for this tool. We will take all the time needed to imagine the most appropriate notification system. It seems more a design complexity than a code issue. For this reason (and many more), we’ll keep working with Marie-Cécile Godwin.

Illustration by David Revoy – Licence : CC-By 4.0

We also want to improve events discoverability. In the « Explore » menu, you currently can search for events with geographical localization. But displaying them on a map could be another way to discover the events next to you.

Some of you told us that the events selected in the « Featured events » and « These events may interest you » sections, at the bottom of event pages, didn’t seem pertinent. Therefore we will try to make the selection criteria more understandable (title, tag, date, location, etc.).

Finally we’re planning to create a dedicated space for the different contributions (feedbacks, issues, translations, code and support to the installation, etc.) on JoinMobilizon. We will also consider your desires about this tool and probably add features we haven’t thought about yet.

Illustration by David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Decentralizing to avoid power concentration

Web giants are a handful of companies who managed to get us spend as much time as possible in front of our screens, so they can best decide what will be displayed on them.

The more people use their tools, the more power web giants get and the more complicated it becomes for each of us to use alternative tools.

Even at our level (a huge level for a small not-for-profit organization but a very small comparing to Google and co) we can notice that. The more one of our services are, the more it attracts problematic uses (moderation or spam) and causes imbalance issues (and some moral dilemma for our team when we have to decide!).

One solution is to increase the number of services hosting. It’s a truth that we will uphold for many years: de-google-ifying is great, yes, but it is not enough. It’s just the first step in decentralizing one’s digital uses.

Illustration by David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Providing alternatives to some Frama-services

In 2021, Framasoft will continue to remake some of our services into portals to the same tools but hosted by other trusted providers, most often members of the CHATONS collective. This is what we’ve already done with the services we closed in 2020: Framabee, Framanews and Framastory.

Here is the alternatives page to Framanews

We will close down very shortly Framapic, Framavectoriel, Framaclic, MyFrama and the former Framindmap version, replacing them with an « Alternative » page, similar to the one above. As we explained in this article, in mid-2021, Framasite, Framawiki, Framaboard, Framanotes, Framabin, Framabag and Framacalc will display alternatives.

We will also restrict uses of some other services during the year. Therefore you won’t be able to shorten new links via Frama.link anymore but the already shortened URLS will still work. We will also close down signing ups on Framasphère and Framapiaf (if you already have a Framapiaf account, nothing will change for you, whereas Framasphère will close in october).

However we consider not to restrict the Framalistes service this year contrary to what was indicated in our service closure schedule. Alternatives (even under another free-libre software) are uncommon and a much more used service in this period of social distancing. We will not restrict this service until we find a substainable solution.

More generally, in early 2021, we will reconsider our plans to « de-framasoft-ify the Internet ». Without questioning this approach, we thought this plan more than two years ago. And since then the world and the free-libre software landscape have changed: it’s time for a little update!

Illustrration de David Revoy
Illustration by David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Supporting CHATONS (the Collective of Independent, transparent, open, neutral and ethical hosters providing FLOSS-based online services)

In 2021 we want to keep working on the coordination of CHATONS: the alternative hosting collective.

Each year, organizations that are collective’s members and alternative services they offer are increasing. That’s why in 2021 the collective thinks of reconsidering his website for you to find more easily the service or the organization that feets your needs the best.

We are currently reworking the collective’s wiki, aka the « litter », which should give you shortly access to all the documentation of the collective.

Finally, the collective CHATONS plans to build a new interface for its website, to better show the works carried out by the 90 organizations composing it.

A CHATONS basket because we know how much you love it!

Contributing to other’s digital tools

It’s always nice to participate in projects carried out by other organizations. In 2021, we will continue to support tool developments conducted by other organizations to which we have already contributed.

Released in 2019, Bénévalibre is a free-libre software allowing you to count volunteering hours within an association (French for not-for-profit NGO). Although the « all accounting » logic is not really part of our values, we think that such a requirement should not depend on proprietary softwares.

That’s the reason why friends of the April LibreAssociation group carried out this development and why we supported them. Since Bénévalibre’s v1 in September 2019, there has been a lot of hindsights and uses to know how to contribute to it and improve it in 2021.

Résistance à l’Agression Publicitaire, a French not-for-profit, that raises awareness about the place of advertising in our society: we did not expect them to develop a software. Yet the R.A.P association needed one to launch online petitions, so they coded it!

Petition tools need to be freed from surveillance capitalism mechanisms. In 2021 we will logistically and financially support the Pytitions software development in the hope to get rapidly to a general public version.

Illustration by David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Contributing to people’s digital emancipation

We can’t list below all the popular education actions we will contribute to in 2021.

Firstly because some of these actions will be at the reflection phase and also because collective intelligence requires time and is hard to plan.

For example, in 2021 there may be a radical change of paradigm and functioning within our publishing house, Framabook. We may also think about the next MOOC CHATONS modules… but we haven’t decided yet.

Secondly, because some of these actions are carried out according to new needs, to wills coming together and to common schedules, etc.

Here are the outlines we can draw today. It will be very fun to compare this sketch with a more complete review of our popular education actions in the end of 2021.

Illustration by David Revoy – Licence : CC-By 4.0

We can’t wait seeing you again, away from keyboards!

In 2021 we hope the sanitary conditions will allow us to go back physically to our meetings, workshops, conferences or round-tables. Of course health comes first! Respecting our health and yours will be a main condition before accepting any of them.

This being said, we still hope that it will be possible because… we miss you! It’s important for us to meet regularly with different audiences and share opinions about web giant’s supremacy and the world that Surveillance Capitalism companies are planning for us.

Meanwhile we will continue our online meetings and we can already tell we have some planned for the first half of 2021!

Promoting the « Métacartes numérique éthique » (Cardgame to discover ethical digital alternatives)

Although the project was delayed (due to the pandemic), the Metacards « ethical digital alternatives » are being tested in many communities and the next workshop will take place on Dec. 18th, 2020 (register on Mobilizon!)

This tool that helps digital mediators to easily raise awareness on technology issues and to present alternatives that are respectful to Internet user’s should be released in 2021.

Framasoft will keep supporting this nice initiative we can’t wait to discover in 2021! To help producing it, we have (among others) pre-ordered games and we hope we will be able to spread this major animation system to amator and professional mediators.

the work plan for the Metacards « ethical digital alternatives » for the coming months.

Describing the Fediverse with a thesis or a drawing

For example, when we talk about PeerTube or Mobilizon, we see that it’s hard to tackle the concepts of « federated software », « instance » and « federation ». Indeed, those last twenty years, web giants have limited the web to « a website = a platform = a service » suggesting to most users that there is no alternative.

In 2021, we plan to work on making these concepts more accessible for everyone. For example, we asked LILA association (who made the « What Is PeerTube? » animated video) to produce some short videos popularizing key concepts.

At the same time, we are contributing to funding a thesis that started in Oct. 2020 at the UTC by Audrey Guélou entitled « Configurations techno-éthiques pour les médias sociaux décentralisés et fédérés » (Techno-ethical configurations for decentralized and federated social media).

A first step towards Framasoft cloud’s project

A year ago we were talking about our « Framasoft cloud » project: a service based on Nextcloud software giving easily access to many collaborative tools. Meanwhile, the world and our thoughts on this project have changed.

Due to the covid19 crisis, many people had to use new digital tools without any support. Even though we are spending more and more time « working/collaborating/cooperating/exchanging/producing » in front of our screens: most of us are not very comfortable with these digital practices.

Nextcloud remains a free-libre software that can meet these needs especially for an audience (organizations, collectives, etc.) wanting digital emancipation. In 2021, we want to devote time and energy to create awareness and understanding tools about what Nextcloud is (and isn’t), about what we can do with it and how… in order to increase your organization and collaboration abilities.

Illustration by David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Taking time to think the Popular University UPLOAD project

This project of a Libre Open Accessible and Decentralized Popular University (UPLOAD) was conceived during Contributopia’s campaign in October 2017. In 2021, we will be far from completing it but we want to start defining it more concretely.

Our first goal it to create a space for people to get to a lot of re-appropriable knowledge (with contents under free-licence of course). This space should be able to adapt to many popular educational and empowerment uses.

It’s also to think about how digital coaches’ works could be facilitated so that these contents can be appropriated and organized online or physically.

In order to think of the most relevant tool, and how we could humbly contribute to this environment where many initiatives were launched before us, Framasoft gives itself one year to note what already exists on this matter and think about how this project could be organized to be the most effective.

Illustration by David Revoy – Licence : CC-By 4.0

A year to find each other

Let’s be honest: even us when we read this huge list, we don’t know how we will accomplish all of it! But if we look closely, most of the actions are the continuation of projects and partnerships or the first steps to develop ideas we have always liked.

2020 has been for us (and for everyone we suppose) a strange year that have shifted our priorities and where we have been a bit confused and overwhelmed.

Today if we had to describe how we think about 2021 in one word it will be « finding »: finding our marks, finding you back, and finding ourselves in action. Because we never lost the meaning of what we do, for you and with you.

In 2021, we want lead our way to this meaning given in our actions, towards these values of digital emancipation, power decentralization and popular education.

As Framasoft only lives from your donations, we hope you will follow us and support us once again in this direction.

Support Framasoft