Frama.space : du cloud pour renforcer le pouvoir d’agir des associations

Framasoft souhaite mettre à disposition, d’ici 3 ans,  jusqu’à 10 000 espaces « cloud » collaboratifs, gratuitement, à destination des associations et collectifs militants. 40 Go et de nombreuses fonctionnalités à se partager entre 50 comptes sur un espace de type https://monasso.frama.space. Voici pourquoi nous nous lançons ce défi technique, humain, et politique.

« Collectivisons Internet / Convivialisons Internet 🦆🦆 »Les actions de notre nouvelle feuille de route étant financées par vos dons (défiscalisables à 66 %), vous pouvez en trouver un résumé complet sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire la série d’articles de cette campagne (oct. – déc. 2022)

Basé sur la solution collaborative libre Nextcloud, votre espace Frama.space vous permettra de gérer (sur votre ordinateur ou smartphone) :

  • des fichiers de tous types et de les partager
  • des agendas, publics ou privés
  • des contacts
  • des photos (partageables sous forme d’albums)
  • des projets (méthode Kanban)
  • de la documentation (en mode wiki)
  • des visioconférences (jusqu’à une dizaine de personnes)
  • l’édition en ligne ou à plusieurs, de documents bureautiques (textes, feuilles de calculs, présentations, etc.)

Tout ça gratuitement.

Gif de Barack Obama faisant un mic drop

Mais derrière cet objectif technique déjà ambitieux (et coûteux : soutenez-nous !), un autre, politique, l’est plus encore : nous voulons accroître les capacités de collaboration numérique libre de ces structures, afin de renforcer leur pouvoir d’agir.

 

Soutenir ce projet

 

Image d'accueil du service Frama.space, avec une choupi-licorne (choupicorne ?) soufflant des bulles de liberté et de collaboration.
Page d’accueil du service Frama.space. Illustration CC by-sa David Revoy

 

Pourquoi Frama.space ?

Pour comprendre la volonté de Framasoft d’investir autant d’énergie dans un projet aussi ambitieux, il va nous falloir prendre un peu de hauteur et de recul historique sur la question associative.

D’abord, nous affirmons sans ambage que nous constatons, ces dernières années, une volonté politique de l’État de… dépolitiser le champ associatif.

Les gouvernements et les institutions n’apprécient que moyennement de voir des militant·es associatifs leur réclamer des comptes, les bousculer pour lever le voile et élever la voix sur les indignités et injustices. Qu’il s’agisse d’environnement, de logement, de santé publique, etc., les associations sont, depuis la loi de 1901, l’un des fers de lance des luttes sociales.

Afin de leur ôter cette épine du pied, nous assistons depuis des années à une forme de « ringardisation » du statut associatif par les grandes institutions publiques. Pour cela, elles n’ont pas hésité à supprimer les emplois aidés, à réduire le montant des subventions ou à les orienter sur du financement « d’investissement » en finançant des appels à projets spécifiques, plutôt que du financement de « fonctionnement » (participant par exemple aux salaires ou aux frais associatifs, et donc plus pérenne). Le discours ambiant et médiatique décrédibilise peu à peu le rôle et les actions des associations, actrices du contrat social.

À cela s’ajoute un mouvement de « marchandisation » des associations. Elles sont d’une part de plus en plus mises en concurrence, notamment par la communication qui devient un élément central — parfois au détriment des actions associatives — pour pouvoir être plus visibles et compenser la perte de subventions par des crowdfundings, collectes, et campagnes. Framasoft n’y échappe d’ailleurs pas.

D’autre part, le courant de l’entrepreneuriat social engage les associations à copier les modèles de l’entreprise privée jugée plus efficace, plus moderne, plus innovante…

Enfin, de belles saloperies et machineries comme les « contrats à impacts » transforment les associations en blanchisseuses sociales des entreprises du CAC40.

Schéma du Contrat à Impact Social
Vous avez bien compris ce schéma (officiel) du « Contrat à Impact Social » : ce sont des entreprises (pardon « des investisseurs privés » ) qui décident quelles sont les associations (pardon « acteurs sociaux » ) à soutenir, et vont financer leur action (pardon « besoin social » ). Mais cette action sera remboursée par l’État (pardon « puissance publique » ), donc avec nos impôts, à l’entreprise en cas de « succès » 😱 . Vous voyez venir les problèmes que cela pose ? Parce que nous, oui ! Ce fonctionnement dit tellement de choses sur notre société et sa façon de percevoir les associations qu’il mériterait un article à part entière.

 

Mème Drake : "Signer un Contrat à Impact Social" non. "Faire vivre le contrat social" : oui.

 

Mais en plus d’assécher les capacités d’action des associations, il y a maintenant la volonté de les faire « marcher au pas », par exemple en les contraignants à signer des textes tels que le « Contrat d’Engagement Républicain » , aux contours flous et sujet à interprétation, dans lequel les associations doivent s’engager formellement à respecter les lois et les symboles de la République sous peine de se voir refuser toute subvention publique. Cela place de facto toute structure qui, par exemple, refuserait de chanter la Marseillaise, dans une situation où elle pourrait perdre des financements publics.

Pour résumer, on peut dire qu’il y a une volonté à ne garder que les « bonnes » associations : celles qui se tiennent sages et ne viennent pas questionner les pouvoirs en place. Une espèce de paternalisme, si ce n’est de caporalisation, de la part de l’État envers le mouvement associatif. Pas de souci pour les collectivités à soutenir un club de bridge, ou une association sportive d’aïkido. Mais pour les associations d’aide aux migrants, ou pour une association de défense de l’environnement, l’État semble avoir acté que toute structure qui ne va pas dans le sens de sa politique est nécessairement contre lui, et devient potentiellement ennemie.

Dépolitisation, caporalisation, ringardisation, marchandisation sont autant d’attaques contre les libertés associatives, et donc contre leur capacité à faire évoluer le contrat social et la société toute entière.

mème du choix entre deux boutons. Bouton 1 "se vendre aux entreprises", bouton 2 : "se prosterner devant l'État" En dessous, les associations ne savant pas sur quel bouton appuyer.

Or, nous pensons que dans un monde où les crises se multiplient, et sont amenées à se multiplier encore, l’importance des actions de la société civile, et notamment des associations, permettent d’envisager des réponses réellement innovantes et résilientes, adaptées aux terrains, proches des citoyen⋅nes, impliquées, et éloignées des propositions tièdes et centralisées portées par les gouvernements (ex. : numéros verts, Grenelle de MachinTruc, …) ou le système capitaliste (ex : greenwashing, start-ups « à impact », tech « for good »…).

Framasoft est une association, fière de son statut, et souhaite soutenir — autant que possible et dans la mesure de ses moyens — les associations les plus fragiles, mais dont la société a radicalement besoin.

Mais… quel rapport avec le numérique ?

Aujourd’hui, les pratiques collaboratives numériques peuvent permettre aux associations d’être plus réactives et efficaces, en actionnant des réseaux et des personnes plus rapidement, en facilitant l’implication de bénévoles ou de partenaires, en permettant de mieux répartir les pouvoirs et la responsabilité, en encourageant la transparence, etc.

Cependant, ces collectifs et associations sont parfois à la peine avec les outils numériques, qui permettent parfois (ce n’est pas systématique) d’accroître leur pouvoir d’agir. Notamment, elles disposent rarement de parcours de formation adaptés à leurs besoins ou leurs moyens et elles doivent composer avec des niveaux de compétences numériques très différents dans leurs structures.

Par ailleurs, même lorsqu’elles ont des connaissances et des facilités avec le numérique, elles sont poussées à utiliser des outils toxiques (ex : Google Workspace, Microsoft 365, Zoom, etc) dont elles n’ont pas réellement la maîtrise, et qui, surtout, sont rarement en cohérence avec leurs objectifs et leurs valeurs.

Formulé autrement : les associations sont souvent consommatrices d’un numérique pensé par des acteurs qui veulent créer un monde dont les associations ne veulent pas. La réciproque est aussi vraie : le monde rêvé par ces acteurs du numérique ne veut pas d’associations puissantes, politiques, proposant d’autres façons de vivre ensemble.

En effet ces entreprises (notamment les GAFAM) ont une vision du monde très libérale où l’argent compte plus que la générosité. Où le succès compte plus que la solidarité. Où un profit immédiat vaut plus qu’un impact à long terme sur la planète.

Leurs outils comportent donc, dans leur code même, une partie de cette vision du monde. Et les utiliser revient non seulement à renforcer le pouvoir de ces entreprises et à leur donner raison, mais empêche aussi le développement de pratiques adaptées à des structures dont l’objet n’est pas la croissance ou le profit.

Les associations sont passées en « mode survie »

Les associations sont coincées entre ces entreprises qui les utilisent pour blanchir leurs pratiques, et l’État qui a rompu la confiance avec elles en jouant du bâton et de la carotte. Elles sont passées en mode « survie ».

Nous pensons qu’il s’agit réel danger pour une société bien portante et une démocratie vivante. Mais c’est peut-être, aussi, une occasion d’agir.

Alors : on fait quoi ?

On prend un risque.

On tire la langue au diable. On lui montre qu’on existe, qu’on est là, et qu’on est prêt à en découdre, comme à se lever et se casser. Qu’il ne nous impressionne pas. Qu’on est libres.

Pour Framasoft, à notre modeste hauteur, cela se traduit par un acte qu’on pense politique, une « recette » en quatre étapes : 1) rendre visibles les alternatives ; 2) faciliter leur découverte et leur usage ; 3) aider à faire émerger des communautés ; 4) participer avec humilité à leur donner du pouvoir, de la confiance, et soyons dingues – un peu d’espoir.

C’est ce que pratique Framasoft depuis 20 ans (Framalibre, Framakey, Framabook, etc), et sans doute plus encore ces 10 dernières années avec notre campagne « Dégooglisons Internet ».

Et c’est ce que nous comptons faire dans les prochaines années avec notre feuille de route « Collectivisons Internet / Convivialisons Internet » (COIN COIN pour les intimes), qui s’adresse particulièrement aux associations et collectifs militants.

Banquet simple, dans une jardin partagé, où des animaux mascottes du libre sont servis par des canards
Collectivisons, convivialisons – Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

 

Dans ce cadre, si on applique la recette ci-dessus à une offre d’espace « cloud associatifs » cela pourrait se traduire comme suit.

1) Rendre visible Nextcloud

Le service Frama.space repose sur la suite collaborative libre Nextcloud. Il existe plusieurs logiciels libres pour faire du « cloud », mais aucun ne nous semble aussi riche en fonctionnalités et en promesses que celui-ci.

Partage de fichiers, agendas, gestion de tâches et de projets, documentations collectives, visio-conférences, … Nextcloud, même s’il est perfectible, permet de répondre immédiatement à un grand nombre de besoins.

Cependant, si vous prenez au hasard 100 personnes dans la rue, il est peu probable que plus de 5 (et encore, on est sympas) vous disent avoir déjà entendu parler de ce logiciel. D’ailleurs, si vous faites partie des 95%, rassurez-vous, la suite est justement faite pour vous 🙂

1️⃣ Donc, notre première mission sera de faire connaître et d’accroître la notoriété de Nextcloud aux personnes francophones. Par des conférences de sensibilisation, des webinaires, des ateliers, la production de vidéos et tutoriels ou… en offrant la possibilité d’utiliser gracieusement Nextcloud via le service Frama.space.

Graphique (en allemand) présentant les parts de marché des suites collaboratives en ligne en 2022. Microsoft 365 représente 48,1%, Google Apps 46,4%, "Autres" 4,2%. Sources : Statista, Enlyft
Bon, c’est de l’allemand certes, mais le graphique est plutôt parlant : sur les marchés des suites collaboratives en ligne en 2022, Microsoft 365 représente 48,1%, Google Apps 46,4%, « Autres » 4,2%. Nextcloud ne représentant lui même qu’un petit pourcentage de ces 4,2%. Duopole, vous avez dit ?

 

2) Faciliter l’accès à Nextcloud

Il existe déjà des centaines d’hébergeurs proposant une offre Nextcloud. De Gandi à OVH ou Hetzner (pour les « gros » hébergeurs), d’IndieHosters à Zaclys, en passant par Paquerette (pour les membres du collectif CHATONS).

Mais, dès qu’il s’agit d’avoir accès à un espace collaboratif dédié (pour une entreprise, une association, une collectivité), il faut être prêt à payer. Et c’est bien normal : libre ne veut pas dire gratuit, et ces hébergeurs ont des coûts (humains, matériels et financiers) qu’ils doivent bien répercuter.

Cependant, le problème financier reste entier pour les petites associations ou les collectifs militants que nous évoquions en début d’article. Certaines ont un budget inférieur à 1 000€ par an pour leurs actions, et ne peuvent tout simplement pas consacrer 10% ou 20% de ce budget à un outil numérique. Donc : elles utilisent massivement Microsoft 365 ou Google Workspace (souvent en version limitée gratuite, ou à prix cassé).

À Framasoft, nous sommes convaincu⋅es qu’il faut faire comprendre le prix des choses, mais nous sommes aussi convaincu⋅es que le prix ne doit pas être la barrière qui empêche les gens de s’émanciper. Nous avons donc mis en place sur Frama.space une infrastructure technique capable d’accueillir gratuitement des milliers d’espaces Nextcloud (type https://mon-asso.frama.space), à destination des structures qui n’ont pas ou peu de moyens.

Une licorne déguisée en cosmonaute (avec une passoire sur la tête) marche sur les nuages et souffle des bulles. Dans ces bulles, on retrouve des cubes symbolisant le travail en commun (dossiers, boite à outils, livres, machine à écrire, boulier, etc.).
Frama.space – Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Un autre frein identifié au passage au libre, est la relative difficulté technique à mettre en place et à maintenir une solution logicielle. Avec Frama.space, la gestion technique de votre espace est déléguée à Framasoft. Nous nous chargeons de fournir une instance à jour, correctement sécurisée, directement utilisable, et à la maintenir dans le temps.

Ces espaces Frama.space comportent la plupart des outils nécessaires pour collaborer entre membres, y compris une suite bureautique collaborative en ligne (par défaut Collabora Online), mais le référent du Frama.space pourra lui préférer OnlyOffice).

Pour préserver le modèle économique des entreprises ou CHATONS déjà en place, nous limiterons cette offre à des structures ayant des besoins mesurés (50 comptes max, 40Go d’espace tous utilisateurs confondus) et des moyens modestes (c’est-à-dire n’étant pas prêtes à franchir le cap de payer chez un autre hébergeur).

2️⃣ C’est pourquoi notre seconde mission est de mettre gratuitement à disposition, sur les trois ans à venir, jusqu’à 10 000 espaces Nextcloud, pour des petites structures associatives ou militantes.

Capture écran montrant le fonctionnement de Collabora Online au sein de Nextcloud
Les espaces Frama.space sont livrés avec Collabora Online par défaut (OnlyOffice en alternative), ce qui permet une collaboration à plusieurs au sein d’un même document bureautique (texte, tableur, présentation, etc)

3) Aider à faire émerger une communauté Nextcloud francophone

Nextcloud est un logiciel complet, mais parfois complexe (« Comment synchroniser mon agenda sur mon smartphone ? », « Comment faire pour partager mon budget prévisionnel en ligne ? » « Comment rédiger collaborativement le compte-rendu de notre Assemblée Générale ? »).

Il existe de nombreuses documentations en ligne. Mais encore faut-il les trouver, et pouvoir se les approprier. Par ailleurs, certaines personnes sont à l’aise avec les documentations écrites, d’autres avec les courtes vidéos explicatives, d’autres encore préfèrent être accompagnées par des formations.

Or, aujourd’hui, alors que Nextcloud compte plus de 40 millions d’utilisateur⋅ices dans le monde, il n’existe pas réellement de communauté francophone autour de ce logiciel. Il existe certes des espaces plutôt réservés aux personnes administrant techniquement le logiciel, mais reconnaissons qu’il ne s’agit pas vraiment de lieux d’entraide destinés aux personnes découvrant le logiciel.

Par ailleurs, chaque hébergeur et utilisateur a tendance à exploiter ses espaces Nextcloud « dans son coin ». Nous voudrions d’une part qu’ils puissent se connaître, partager leurs expériences (leurs difficultés comme leurs succès). Mais nous souhaitons aussi pouvoir réfléchir collectivement aux apports que cette communauté souhaiterait apporter au logiciel. Par exemple, pouvoir importer une liste d’utilisateurs sans passer par la ligne de commande, améliorer l’onboarding, c’est-à-dire l’accueil des nouveaux utilisateurs, etc. Discuter ensemble de nos besoins communs nous permettra d’améliorer ensemble Nextcloud pour qu’il corresponde mieux à nos attentes et nos pratiques.

3️⃣ C’est pourquoi notre troisième mission consistera à faire émerger une communauté Nextcloud francophone, notamment par le biais d’un forum d’entraide.

Capture écran du forum d'entraide de Frama.space
https://forum.frama.space : le forum d’entraide Frama.space, et plus largement autour des usages de Nextcloud

4) Utiliser Nextcloud comme outil d’empuissantement

Vous l’aurez compris, notre objectif est ici avant tout politique : fournir des planches, des marteaux et des clous à des associations, afin qu’elles puissent construire et développer leurs projets, leurs envies, sans être liées à des entreprises dont la vision du monde est aux antipodes de la leur.

Le fait que Frama.space ne s’adresse qu’à des petites associations ou collectifs permet aussi d’envisager d’autres possibilités intéressantes.

Par exemple, cela nous permet d’envisager de mettre les associations en contact entre elles beaucoup plus facilement, puisqu’elles utiliseront le même outil (petite parenthèse technique : Nextcloud est un outil fédéré, c’est à dire qu’il est simple de « connecter » entre eux différents espaces associatifs pour partager par exemple des dossiers privés pour une action ou des communiqués de presse en communs).

Cela nous permet aussi de faire circuler de l’information relative aux questions associatives très facilement (par exemple en informant sur un nouveau texte de loi, sur une mobilisation spécifique, etc.).

Par ailleurs, en interrogeant régulièrement les utilisatrices et utilisateurs par le biais de courtes enquêtes, Framasoft pourra développer, ou faire développer, de nouvelles fonctionnalités à Frama.space. Par exemple, en intégrant une application de gestion de membres et cotisations, ou une application de comptabilité basique. Notre volonté est de faire en sorte que l’outil corresponde au mieux aux besoins réels et exprimés des personnes qui utilisent Frama.space.

Enfin, nous souhaitons permettre à chacune et chacun d’améliorer sa capacité à collaborer et à coopérer. Nous savons qu’il faudra, pour cela, faire évoluer certaines pratiques. Par exemple, il existe de nombreux outils de prises de notes collaboratives (de Google Docs à Framapad, en passant par… Nextcloud), mais combien d’associations expérimentent au quotidien une situation de réunion à distance ? Une transparence radicale de l’information ? Une gestion de projet en ligne ?

Nous pensons que Frama.space peut être une formidable porte d’entrée pour réfléchir (avec d’autres ?) à ces changements de pratiques, sans pour autant laisser sur le carreau celles et ceux qui ont du mal avec les outils numériques.

L’objectif étant ici de faire en sorte que Frama.space ne soit pas qu’un simple outil numérique de plus, mais plutôt le support à l’expérimentation de pratiques numériques nouvelles, qui pourront se refléter dans des changements au sein de l’organisation (par exemple en finir avec Le-président-tout-puissant, ou La-secrétaire-qu’on-cantonne-aux-compte-rendus).

4️⃣ Notre quatrième mission (le boss de fin de jeu) sera donc d’accompagner les bénéficiaires de Frama.space vers un accroissement de leurs compétences coopératives, afin d’amplifier leur pouvoir d’agir.

Vidéo (© Nextcloud GmbH) de présentation de Nextcloud Hub, représentative des outils que vous pourrez retrouver dans Frama.space (hors Nextcloud mail).

Agrandir la taille du gâteau

Une autre façon de comprendre Frama.space, c’est que Framasoft ne souhaite pas prendre une part du gâteau du « marché de Nextcloud » : nous ne vendons rien, et nous souhaitons au contraire que l’écosystème autour de Nextcloud se développe et se renforce, y compris pour les structures commerciales.

Nous essayons plutôt d’agrandir la taille du gâteau, pour que chaque entreprise ou chaton puisse en avoir une part raisonnable.

Nous pensons en effet qu’en augmentant significativement la base d’utilisateur⋅ices de Nextcloud à l’aide de Frama.space, qu’en travaillant les aspects entraide et accompagnement, et qu’en favorisant les développements et améliorations du logiciel, cela crédibilisera cette solution libre par rapport à celles de Microsoft ou de Google.

Comment ça va se passer ?

Bien. Enfin… on l’espère !

Tout d’abord, si vous êtes un ou une responsable d’une association correspondant aux critères de sélection, vous pouvez d’ores et déjà candidater. Nous prévoyons d’ouvrir quelques centaines d’espaces d’ici fin décembre 2022, puis nous ferons une pause de 3 mois environ dans les inscriptions afin de stabiliser les choses, récolter les premiers retours, et apporter les corrections et améliorations les plus demandées.

Si la candidature de votre association correspond aux critères mais n’est pas validée, pas de souci : nous rouvrirons les inscriptions régulièrement à partir du second trimestre 2023 afin d’atteindre 10 000 espaces actifs fin 2025. Inscrivez-vous à la Newsletter Framaspace pour avoir les dates des périodes d’inscription.

Si vous êtes une entreprise, une école, une mairie, une « grosse » association, alors nous sommes sincèrement désolé·es, mais nous ne pouvons vous accueillir sur Frama.space. Cependant, comme nous vous le disions, de nombreuses autres alternatives à Frama.space existent ! Voir notamment cette réponse dans notre Foire Aux Questions qui pourra vous orienter.

Une fois votre candidature validée (le processus étant manuel, cela peut prendre jusqu’à 30 jours !), vous recevrez un lien vous permettant de vous identifier sur votre espace (de type https://mon-asso.frama.space) et commencer à utiliser votre espace Frama.space. Vos membres pourront s’y inscrire (par lien d’invitation) ou vous pourrez directement créer leurs comptes.

Par dessus les nuages un groupe de licornes volent et ont des activités que l'on peut avoir dans le cloud (lire, compter, clamer, faire de la musique, peindre, planter des graines, partager des fichiers, chercher, réparer, etc.)
Frama.space accueil – Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Mais…

À ce stade, nous ne pouvons que vous féliciter de nous avoir lu jusqu’ici. 🙂 Cependant, nous imaginons qu’il vous reste pas mal de questionnements.

« Quelles sont les applications utilisables ? », « Comment protégez-vous mes données et mes utilisateurs ? », « Comment personnaliser mon espace ? », « Frama.space, c’est centraliser des données, mais je croyais que Framasoft voulait décentraliser Internet ?! »

Nous avons tenté de répondre à ces questions (et bien d’autres) dans notre Foire Aux Questions. N’hésitez pas à aller y jeter un œil. Si vous n’y trouvez pas votre réponse, posez nous vos questions en commentaire de cet article, nous tâcherons d’y répondre de notre mieux.

Découvrir Frama.space

Nous avons besoin de vous

Nous pensons qu’un service réalisé par une association pour des associations a du sens.

Frama.space est, techniquement, le projet le plus ambitieux mené par Framasoft à ce jour.

C’est aussi le plus coûteux. C’est aussi une des raisons qui explique que, contrairement aux services « Dégooglisons Internet » type Framapad ou Framadate, nous ne pouvons pas l’ouvrir sans limite ni discrimination.

Offrir jusqu’à 10 000 espaces, pouvant accueillir jusqu’à 500 000 personnes, c’est clairement une prise de risque financière pour Framasoft.

Surtout quand nous voulons les offrir, justement, à un public désargenté. Ajoutez à cela des crises sociales, énergétiques, économiques qui ont déjà mis plus que le pied dans la porte, et vous comprendrez que ce projet se fera très probablement à perte pour Framasoft. Nous rappelons que 98% des ressources de l’association provient de vos dons.

Barre de dons de Framasoft au 15 novembre 2022 à 33821 € sur 200000€.

À l’heure où nous publions ces lignes, nous estimons qu’il nous manque 166 200 € pour boucler notre budget annuel et nous lancer sereinement dans nos actions en 2023.

Nous avons donc besoin de votre soutien pour réussir le pari Frama.space, mais nous pensons sincèrement qu’un service réalisé par une association pour des associations a du sens.

Si vous le pensez aussi, que vous bénéficiez d’un Frama.space ou pas, nous avons donc besoin de votre soutien, dès maintenant, afin de nous « aider à aider » ces milliers de structures non seulement à quitter les GAFAM et à mettre leurs outils en cohérence avec leurs valeurs, mais aussi et surtout à mieux agir, à mieux coopérer, à mieux créer du lien. À mieux faire société, ensemble.

🦆 Découvrir Frama.space 🦆 Soutenir ce projet

(Médias : lire notre communiqué de presse)




Enquête « Ce que vous pensez de Framasoft » : les résultats

« Framasoft ne piste personne. Pour savoir ce que vous pensez de ce que nous sommes et ce que nous faisons, nous avons bien quelques indices… Mais le mieux reste de vous poser la question ! »

Ainsi débutait l’enquête que nous avions lancée le 23 mai 2022 et qui aura duré jusqu’au 26 juin dernier.

L’objectif était donc de mieux connaître les utilisateur⋅ices de nos services (tranche d’âge, vos engagements, votre rapport au numérique, etc.), et d’essayer de comprendre comment vous, vous nous perceviez. Rappelons aussi que l’enquête était parfaitement anonyme (on ne vous demandait ni votre nom/pseudo, ni adresse mail, et les adresse IP étaient anonymisées).

Capture écran du formulaire
Capture écran du formulaire, cliquez pour l’agrandir.

 

Le premier fait marquant de cette enquête, c’est d’abord le nombre de réponses collectées : 12 664 !

Honnêtement, nous n’en espérions pas autant. Votre large implication nous permet d’avoir un échantillon que nous pensons être suffisamment représentatif. En effet, même si le réseau Framasoft accueille plus d’un million de visiteur⋅euses par mois, la plupart de ces personnes ne savent pas du tout qu’elles utilisent un service associatif, financé par les dons (merci !).

Le second fait marquant, c’est que les réponses libres sont, dans leur immense majorité, très élogieuses ! Alors évidemment, on ne s’emballe pas : nous nous doutons bien que les personnes qui ont pris cinq minutes de leur vie pour répondre au formulaire d’enquête d’une association sont plutôt « bien disposées » vis-à-vis de cette association.

Vous avez en effet apporté 10 482 commentaires à la question « Vous pouvez commenter vos cinq choix dans le champ libre suivant, si vous le souhaitez », et 7 092 messages à la question « Si vous voulez nous adresser un petit mot ». L’inconvénient, c’est que, par conséquent, nous ne pouvons pas en faire une synthèse complète ici 😅 (mais on les a tous lus, promis !!)

Donc, faisons une rapide analyse concernant la perception de Framasoft pour les répondant⋅es 🙂

Framasoft, c’est…

Nous commencions par essayer de comprendre ce que Framasoft représentait pour vous

Capture écran du formulaire
Cliquez pour agrandir l’image

 

Vrai Faux Je ne sais pas répondre
…une entreprise de développement de logiciels libres 6 441 4 983 1 042
…des gauchistes du web 3 372 6 066 2 905
…apolitique (et ça doit le rester) 7 812 2 638 1 992
…une structure qui doit grandir pour accueillir la demande 6 436 2 230 3 725
…uniquement pour la défense et promotion du logiciel libre 6 234 4 027 2 154
…trop neutre, politiquement 761 7 750 3 807
…pour tout le monde, même les grosses entreprises 8 147 2 143 2 134
…une association qui ne veut pas grossir 3 417 3 662 5 311
…anticapitaliste 5 601 2 579 4 194
…bien sympa, mais j’aimerais un peu plus de sérieux 500 10 049 1 819
…contre la centralisation 8 875 761 2 790
…trop peu engagé dans l’écologie 886 5 617 5 853
…fait pour des personnes qui partagent les mêmes valeurs 7 017 3 292 2 091
…un collectif qui tient à son statut associatif 9 882 87 2 510

 

Les trois réponses récoltant le plus de « Vrai » sont

  1. …un collectif qui tient à son statut associatif
  2. …contre la centralisation
  3. …pour tout le monde, même les grosses entreprises

Les trois réponses qui récoltent le plus de « Faux » sont

  1. …bien sympa, mais j’aimerais un peu plus de sérieux
  2. …trop neutre, politiquement
  3. …des gauchistes du web

Quant aux trois réponses ayant le plus de « Je ne sais pas » (et donc intéressant pour nous à clarifier)

  1. …trop peu engagé dans l’écologie
  2. …une association qui ne veut pas grossir
  3. …anticapitaliste

 

Ce que Frama fait

Cette question nous permettait de savoir si vous connaissiez (ou pas) nos actions phares, et si vous en avez bénéficié au moins une fois en 2021 ou 2022.

 

Capture écran "Les actions de Framasoft"
Cliquez pour agrandir l’image

 

Je connais et j’en profite Je connais mais je n’en profite pas Je ne connais pas
Conférences, ateliers et rencontres (en 2021-2022) 476 5 311 6 702
PeerTube 2 224 4 905 5 296
Services (Framapad, Framaforms, Framalistes, Framadate…) 10 747 1 162 652
Framablog 2 067 5 953 4 458
Mobilizon 707 4 657 7 007
Guides et outils (Résolu, MOOC CHATONS…) 2 421 4 634 5 418
Le conseil à d’autres associations/collectifs 677 3 815 7 949
Framabook / Des Livres en Communs 1 254 4 595 6 618
Support (aide reçue dans le forum, par email, ou autres) 1 498 5 293 5 636
Framalibre 3 727 2 976 5 741
Interventions publiques (médias, institutions, etc.) 1 552 3 875 6 998
Animation du collectif CHATONS 1 108 5 125 6 184

 

Bon, sans surprise, plus de 9 personnes sur 10 ayant répondu nous connaissent avant tout pour nos services. Par contre, nous étions un peu surpris⋅e de nous rendre compte qu’autant de personnes ne connaissent pas Mobilizon, Framabook, ou nous imagine uniquement derrière des écrans, et non devant le public.

 

Si vous étiez aux manettes…

D’après vos messages, il a été particulièrement difficile pour vous de répondre à cette question, qui vous proposait de vous mettre à la place de « pilote dans l’avion Framasoft » et de choisir cinq (et uniquement cinq) actions à prioriser.

Capture écran "Projets à prioriser"
Cliquez pour agrandir l’image

 

Services en ligne (Framapad, Framadate, Framaforms, Framalistes, etc.) 10 389
Conseils aux associations et collectifs 5 906
Animation du collectif CHATONS 2 856
Développements de logiciels fédérés (PeerTube, Mobilizon) 6 430
Travail de fond sur des logiciels vieillissants (par ex. ceux derrière Framaforms, Framadate, Framacalc…) 7 871
Support et modération des services en ligne 2 143
Communication (blog, médias sociaux…) 4 137
Interventions (conférences, ateliers, etc.) 4 449
Réponses médias (journaux, vidéastes, podcasts, etc.) 3 099
Guides et outils d’émancipation numérique (Résolu, MOOC CHATONS) 7 013
Contributions à des projets externes (Pytitions, bénévalibre, etc.) 2 015

 

Les trois actions les plus plébiscitées, si vous étiez aux manettes, sont donc :

  1. Les services en ligne (ça ne nous surprend pas)
  2. Améliorer les logiciels vieillissants
  3. La production de guides et outils d’émancipation numérique

Et les trois que vous laisseriez de côté :

  1. Contributions à des projets externes
  2. Support et modération des services en ligne (facile à dire, moins facile à faire)
  3. Animation du collectif CHATONS

Framasoft et … vous !

Les tranches d’âge des répondant⋅es

Capture écran "Votre tranche d'âge"
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moins de 25 ans 589
26-45 ans 5 645
46-65 ans 5 037
plus de 66 ans 1 304
je préfère ne pas répondre 60

 

Sans surprise, l’énorme majorité des répondant⋅es ont entre 26 et 65 ans.

Le niveau de vie des répondant⋅es

Capture écran "Selon vous, votre niveau de vie"
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Je dépends de ma famille (collège, lycée, etc.) 240
Je suis en mode survie : minima sociaux, etc. 320
Fin du mois difficiles, je croise les doigts 469
Ça va, mais je vis sans filet 1 438
Je suis « OK », sans plus 3 926
Je suis à l’aise 5 261
J’ai bien plus qu’il ne m’en faut 734
je préfère ne pas répondre 244

 

Ici, une répartition sensiblement équivalente est observée entre les personnes qui se déclarent « à l’aise » ou plus, et celle qui se déclarent dans une certaine précarité, voir une précarité certaine.

Le rapport au numérique des répondant⋅es

Capture écran "Votre rapport à l'informatique et au numérique"
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Conflictuel : je déteste tout ça 145
Neutre : je fais comme on me dit sans chercher à comprendre 638
Méfiant·e : je m’y intéresse mais avec méfiance 2 036
Enthousiaste : je m’y intéresse avec enthousiasme 3 696
Geek : je suis considéré comme le / la geek de mon entourage 2 494
Expert·e : j’ai une expertise dans ce domaine 3 343
Je préfère ne pas répondre 240

 

Dans quel(s) domaine(s) les répondant⋅es se déclarent engagé⋅e ou militant⋅e

Capture écran "Est-ce que vous vous définissez comme engagée ou militant⋅e dans..."
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l’associatif 7 074
la création d’entreprise(s) 1 122
l’éducation populaire 3 384
le logiciel libre 4 583
la lutte contre les discriminations (sexisme, racisme, validisme, LGBT-phobies, etc.) 3 288
la justice sociale 3 706
la politique 2 269
la communication 753
la culture et les arts 2 195
l’écologie 5 783
les crypto monnaies 254
l’éducation 3 455
l’humanitaire 1 148
le marketing 139
l’entraide sociale 2 833
la vie privée 2 810
je ne suis ni militante, ni engagé 1 543
autre 546

 

Les trois domaines dans lesquels les répondant⋅es se déclarent le plus engagé⋅es sont donc :

  1. l’associatif
  2. l’écologie
  3. le logiciel libre

La communication, le marketing et les crypto-monnaies fermant le ban (on s’y attendait un peu 🙂 )

Le nombre de répondant⋅es ayant fait un don à Framasoft en 2021/2022

Capture écran "Avez-vous fait un don à Framasoft en 2021 ou 2022 ?"
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Oui 3 351
Non 8 382
Je ne sais pas 931

 

Le nombre de répondant⋅es souhaitant faire un don à Framasoft à l’avenir

Capture écran "Comptez-vous faire un don à Framasoft à l'avenir ?"
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Oui 5 956
Non 1 318
Je ne sais pas 5 306

 

Une indication plutôt positive pour nous : si 3 351 répondant⋅es ont indiqué avoir fait un don récemment (cf. question précédente), ce sont quasiment 6 000 répondant⋅es qui nous apprennent qu’ils ou elles comptent nous faire un don à l’avenir.

Nos ressources reposant quasi-exclusivement sur vos dons, et le contexte économique, social, sanitaire, politique et géopolitique étant pour le moins… tendu, cela nous donne un signal d’espoir dans l’avenir et de la motivation et de l’énergie non seulement pour poursuivre nos actions, mais aussi pour en développer de nouvelles.

Merci encore infiniment à toutes les personnes ayant répondu ! 🙏




Mais où sont les livres universitaires open-source ?

Où sont les livres universitaires libres, ceux qu’on pourrait télécharger gratuitement à la façon d’un logiciel open-source ? Les lecteurs et lectrices du Framablog qui étudient ou travaillent à l’université se sont probablement posé la question.


Olivier Cleynen vous soumet ici quelques réponses auxquelles nous ouvrons bien volontiers nos colonnes.


Les manuels universitaires libres, j’en ai fabriqué un : Thermodynamique de l’ingénieur, publié en 2015 au sein du projet Framabook. Cette année, alors que Framabook se métamorphose en Des livres en commun et abandonne le format papier, je reprends le livre à mon nom et j’expérimente avec différentes formes de commercialisation pour sa troisième édition. C’est pour moi l’occasion de me poser un peu et de partager avec vous ce que j’ai appris sur ce monde au cours des sept dernières années.

 

Bon, je vais commencer par prendre le problème à l’envers. Un manuel universitaire, c’est d’abord un livre et comme tout autre livre il faut qu’il parte d’un désir fort de la part de l’auteur/e, car c’est une création culturelle au même titre qu’une composition musicale par exemple. Et d’autre part c’est un outil de travail, il faut qu’il soit très cohérent, structuré, qu’il justifie constamment l’effort qu’il demande au lecteur ou à la lectrice, en l’aidant à accomplir quelque chose de précis. Ces deux facettes font qu’il doit être le produit du travail d’un nombre faible de personnes très impliquées. On le voit bien avec les projets Wikibooks et Wikiversity par exemple, qui à mes yeux ne peuvent pas décoller, par contraste avec Wikipédia où le fait que certains articles soient plus touffus que d’autres et utilisent des conventions de notation différentes ne pose aucun problème.

Leonardo da Vinci (1452-1519), Codex Leicester, un manuel italien écrit en miroir, ayant un peu vieilli, mais heureusement déjà dans le domaine public.

 

Pour écrire un livre comme Thermodynamique de l’ingénieur j’estime (à la louche) qu’il faut un an de travail à quelqu’un de niveau ingénieur. En plus de ça il faut au moins deux personne-mois de travail pour mettre le tout en page et avoir un livre prêt à l’impression.

Je n’aime pas beaucoup ce genre de calculs qui ont tendance à tout réduire à des échanges mercantiles, mais dans un monde où l’équipe d’en face loue l’accès à un PDF en ligne à 100 euros par semestre, on peut se permettre d’écrire quelques nombres au dos d’une enveloppe, pour se faire une idée. Un an de travail pour une ingénieur médiane coûte 58 k€ brut en France. Pour deux personnes-mois de mise en page, on peut certainement compter 5 k€ de rémunération brute, soit au total: 63 000 euros.

Maintenant en partant sur la base de 1000 livres vendus on voit qu’il faudrait récolter 63 euros par livre pour financer au “prix du marché”, si je peux me permettre, le travail purement créatif. C’est une mesure (très approximative…) de ce que les créateurs choisissent de ne pas gagner ailleurs, lorsqu’ils/elles font un livre en accès gratuit ou en vente à prix coûtant, comme l’a été le Framabook de thermodynamique.

Thermodynamique de l’ingénieur – troisième édition

Bien sûr, si l’on reprend le problème à l’endroit, le prix d’un livre acheté par un étudiant ou une universitaire n’est pas du tout calculé sur cette base, car il faut aussi et surtout rémunérer les autres acteurs entre l’auteure et la lectrice.

La part du lion est assurément réservée aux distributeurs, et parmi eux Amazon, qui sont passés progressivement de purs agents logistiques à de véritables plateformes éditoriales. Les distributeurs ont ainsi dépassé leur rôle initial (être une réponse à la question : « où vais-je me procurer ce livre qui m’intéresse ? ») et saturé le niveau d’au-dessus, en proposant de facto toutes les réponses les plus pertinentes à la question : « quel est le meilleur livre sur ce sujet ? ».

 

Au milieu de tout ça, il y a les éditeurs. Un peu comme les producteurs dans le monde de la musique, leur rôle est de résoudre l’équation qui va lier et satisfaire tous les acteurs impliqués dans l’arrivée du livre entre les mains de la lectrice. Ils sont ceux qui devraient le mieux connaître les particularités de ce produit pas tout à fait comme les autres, et pourtant…

 

Dans notre exploration du monde des manuels universitaires, je vais choisir de diviser les éditeurs en trois groupes.

tout un patrimoine est rendu légalement inaccessible.

Au centre, nous avons les petits. Ils sont écrasés par tous les autres, mais je peux dire d’emblée qu’ils n’ont que ce qu’ils méritent. Leurs outils et méthodes de travail sont désuets voire archaïques, et ils saisissent très mal les mécanismes du succès éditorial. Donc, ils se contentent de sortir beaucoup de livres pour espérer en réussir quelques-uns. Contactez-les avec votre projet, et ils vous proposeront un contrat dans lequel vous renoncez ad vitam à tout contrôle, et à 93% des revenus de la vente. Faites le calcul : même avec un prix de vente élevé, disons 40€, ce qu’ils vous présenteront sans sourciller comme un succès (mille livres vendus) ne vous rapportera même pas 3000 euros bruts, étalés sur dix ans.

Vous me direz que ce n’est pas bien grave, qu’avoir une haute rentabilité, une haute efficacité, n’est pas un but en soi : tout le monde ne veut pas être Jeff Bezos, et le monde a bien besoin de petits acteurs, de diversité éditoriale, de tentatives risquées, tout comme le secteur de la musique. Certes ! Mais voyons les conséquences en aval. Lorsque le contrat est signé, le copyright sur l’œuvre passe irréversiblement dans les mains de l’éditeur, qui ne l’exploitera vraisemblablement que dix ans. Que se passe-t-il après ? Le livre n’est plus imprimé, il sort de la sphère commerciale, et… il est envoyé en prison. Il rejoint la montagne de livres abandonnés, qui attendent, sous l’œil du gendarme copyright, le premier janvier de la 71ème année après la mort de leur auteur, que l’on puisse les réutiliser. Un siècle de punition ! Quelle bibliothèque en aura encore un exemplaire en rayon lorsqu’ils en sortiront ?

 

Et voilà comment nous entretenons cette situation absurde, dans laquelle une masse de travail faramineuse, sans plus aucune valeur commerciale, est mise hors d’accès de ceux qui en ont besoin. Il y a des manuels universitaires par centaines, parfaitement fonctionnels, dont le contenu aurait juste besoin d’un petit dépoussiérage pour servir dans les amphis après une mise à jour. Ils pourraient aussi être traduits en d’autres langues, ou bien dépecés pour servir à construire de nouvelles choses. Au lieu de ça, en thermodynamique les petits éditeurs sortent chaque année de nouveaux manuels dans lesquels les auteurs décrivent une nouvelle fois l’expérience de Joule et Gay-Lussac de 1807, condamnés à refaire eux-mêmes le même schéma, les mêmes diagrammes pression-volume, donner les mêmes explications sans pouvoir utiliser ce qui a déjà été fait par leurs prédécesseurs. Certes, d’autres disciplines évoluent plus vite que la mienne, mais partout il y a des fondamentaux qu’il n’est pas nécessaire de revisiter très souvent, et pour lesquels tout un patrimoine est rendu légalement inaccessible. Quel gâchis !

des pratiques difficiles à accepter pour ceux pour qui un livre doit aussi être un outil d’émancipation.

Grimpons maintenant d’un étage. Au dessus des petits éditeurs, les gros ; eux résolvent l’équation autrement, en partant du point de vue qu’un manuel universitaire est un outil de travail professionnel : un produit pointu, hyper-spécialisé et qui coûte cher. Aux États-Unis, ce sont eux qui mènent la course. Pour pouvoir suivre un cours de thermodynamique ou de chimie organique, l’étudiant/e lambda est forcée d’utiliser un manuel qui coûte entre 100 et 300 euros par le/la prof, qui va baser tous ses cours, diapositives, sessions d’exercices et examens dessus. Nous parlons de pavés de 400 pages, écrits par plusieurs auteur/es et illustrés par des professionnels, des outils magnifiques qui non seulement attisent votre curiosité, mais aussi vous rassasient d’applications concrètes et récentes, en vous permettant de progresser à votre rythme. On est loin des petits aides-mémoire français avec leurs résumés de cours abscons !

Ces manuels sont de véritables navires, conduits avec soin pour maximiser leur potentiel commercial, avec des pratiques pas toujours très éthiques. Par exemple, les nouvelles éditions s’enchaînent à un rythme rapide, et les données et la numérotation des exercices sont souvent modifiés, pour rendre plus difficile l’utilisation des éditions antérieures. Pour pouvoir capter de nouveaux marchés, en Asie notamment, les éditeurs impriment pour eux des versions beaucoup moins chères, dont ils tentent après par tous les moyens d’interdire la vente dans les autres pays.

Le prix de vente des livres est en fait tel que pour les étudiants, la location devient le moyen d’accès principal. Les distributeurs (comme Amazon US ou Chegg) vous envoient l’enveloppe de retour affranchie directement avec le livre. Vous pouvez tout de même surligner et annoter l’intérieur du livre : il ne sera probablement pas reloué plus d’une fois. Après tout, le coût de fabrication est faible au regard des autres sommes en jeu : il s’agit surtout de pouvoir contrôler le nombre de livres en circulation (lire : empêcher la revente de livres récents et bon marché).

Les éditeurs tentent aussi de ne pas louper le virage (très lent…) de la dématérialisation, en louant l’accès au contenu du livre via leur site Internet ou leur appli. Pensiez-vous que l’on vous donnerait un PDF à télécharger ? Que nenni. Nos amis francophones au Canada ont déjà testé pour vous : « Les étudiants sont pris en otage avec une plateforme difficile d’utilisation à un prix très élevé. Difficile de faire des recherches, difficile de naviguer, difficile de zoomer, difficile d’imprimer. Difficile de toute. En plus, on perd l’accès au livre après un certain temps, alors qu’on paie presque la totalité du prix d’un livre physique. Il y a un problème. »

En bref, cet étage combine le meilleur et le pire : des outils pédagogiques de très bon niveau, empaquetés dans des pratiques difficiles à accepter pour ceux pour qui un livre doit aussi être un outil d’émancipation.

l’émergence de créateurs et créatrices de biens culturels plus indépendants et plus justement rétribués

En dessous de ces deux groupes, il y a tout un ensemble désordonné d’entreprises qui proposent aux auteurs potentiels de court-circuiter les voies d’édition traditionnelles (j’expérimente en ce moment avec plusieurs de ces acteurs pour mon livre). On peut mentionner Lulu, qui fournit un service d’impression à la demande (Framabook l’a longtemps utilisé), mais aussi Amazon qui accepte de plus en plus facilement dans son catalogue physique et immatériel (Kindle) des livres auto-édités. En marge, il y a un grand nombre d’acteurs qui facilitent la rémunération des créateurs et créatrices en tout genre, par exemple en permettant la vente de fichiers informatiques, de services en ligne, et le financement ponctuel ou régulier de leur travail par leur audience. Ces choses étaient très difficiles à mettre en pratique il y a quinze ans ; maintenant ces entreprises érodent par le bas les piliers financiers de l’édition traditionnelle. Elles permettent, d’une part, l’émergence de créateurs et créatrices de biens culturels plus indépendants et plus justement rétribués, qui ne se feront pas manger tout/es cru/es par les machines de l’édition traditionnelle. Elles permettent aussi, et c’est plus regrettable, la monétisation d’échanges qui auraient dû rester non-commerciaux ; par exemple on ne peut que grincer des dents en voyant des enseignants fonctionnaires de l’éducation nationale, sur une plateforme quelconque, se vendre les uns aux autres l’accès à leurs fiches de travaux pratiques de collège. Dans l’ensemble toutefois, je pense que la balance penche franchement dans le bon sens, et je me réjouis de savoir que de plus en plus de personnes se voient offrir la possibilité de se demander : « tiens, et si j’en faisais un livre ? ».

 

Alors toi, petit/e prof de l’enseignement supérieur, qui voudrais bien faire un livre de ce que tu as déjà construit avec tes cours, et qui regardes ce paysage, tu te demandes si tu ne devrais pas faire un manuel universitaire open-source, un truc que les étudiants et les autres profs pourraient télécharger et réadapter sans rien devoir demander. Qu’est-ce que je peux te recommander ?

Pour commencer, le plus important — fonce ! Tu ne le regretteras pas. Je partage volontiers avec toi quelques chiffres et quelques retours, sept ans après m’être lancé (mais sans avoir jamais travaillé sur la communication ou la diffusion). Une trentaine de personnes télécharge le PDF de mon livre depuis mon site Internet chaque jour, la moitié depuis les pays d’Afrique francophone, et une sur cinq-cent met la main à sa poche pour acheter un exemplaire imprimé. Après six ans, ça représente 250 livres vendus (250 kilos de papier !). Je retrouve des traces de mon livre un peu partout sur Internet, pour le meilleur et pour le pire. Il y a eu un gros lot de mauvaises surprises, parce qu’il y a beaucoup de dilution : le PDF du livre est repris, en entier ou en petits morceaux, par de nombreux acteurs plus ou moins bien intentionnés. Le plus souvent ce sont simplement des banques de PDFs et miroirs informes qui s’efforcent de bien se positionner dans les résultats des moteurs de recherche, puis génèrent un revenu en apposant de la publicité à côté du contenu qu’ils reproduisent. Il y a aussi des plateformes (par exemple Academia.edu pour ne pas les nommer) qui encouragent leurs utilisateurs à republier comme les leurs les travaux des autres, et mon livre fait partie de milliers d’autres qui sont partagés sous une nouvelle licence et en étant mal attribués. Le plus désagréable est certainement de voir mon travail occasionnellement plagié par des universitaires qui ont voulu croire que le livre était simplement déposé dans le domaine public et qu’il n’était pas nécessaire d’en mentionner l’auteur. Mais je pense que ces problèmes sont propres à tous les livres et pas seulement ceux que l’on diffuse sous licence Creative Commons.

Il y a aussi de bonnes surprises ! Recevoir un paquet de correctifs par quelqu’un qui a pris le temps de refaire tes exercices. Recevoir un compliment et un remerciement d’une consœur que tu n’as jamais pu rencontrer. Voir ton PDF téléchargé depuis des adresses IP associées à une ville au milieu du désert algérien, ou bien d’endroits où personne ne n’a jamais vu une librairie universitaire ou une camionnette Amazon. Ces moments à eux seuls font du projet un succès à mes yeux, et ils te porteront toi aussi dans tes efforts.

 

Dans tout cela, il faut bien voir que les quantités d’argent mises en jeu dans la circulation du livre sont dérisoires, à des années-lumières de la valeur que vont créer les étudiants ingénieurs avec ce qu’ils ont appris à l’aide du manuel. Et surtout, après avoir de bon cœur mis son livre en libre téléchargement et la version papier en vente à prix coûtant, l’auteur/e réalise un matin, comme certainement beaucoup de programmeurs libristes avant lui/elle, que des œuvres concurrentes objectivement bien moins bonnes et beaucoup plus chères se vendent bien mieux.

Où trouver notre place alors dans ce paysage compliqué ? Un livre sous licence Creative Commons peut-il être une bonne réponse au problème ?

Une capture d'écran d'un livre à la location sur Amazon US
Cette treizième édition du livre, préférez-vous l’acheter neuve pour 190 euros, ou d’occasion pour 100 euros ? Sinon, je vous propose de la louer pour 37 euros…

 

Je pense qu’une bonne recette de fabrication pour livre universitaire doit en tout premier satisfaire trois groupes : les auteur/es, les enseignant/es et les étudiant/es. De quoi ont-ils/elles besoin ? Je propose ici mes réponses (évidemment toutes biaisées par mon expérience), en listant les points les plus importants en premier.

 

Ce que veulent les auteur/es :

  • Fabriquer une œuvre qui n’est pas cloisonnée, qui peut servir à d’autres si je disparais ou si le projet ne m’intéresse plus (donc quelque chose de ré-éditable, qu’on peut corriger, remettre à jour, traduisible en japonais et tout ça sans devoir obtenir de permission).
  • Une reconnaissance de mon travail, quelque chose que je peux valoriser dans un CV académique (donc quelque chose qui va être cité par ceux qui s’en servent).
  • De l’argent, mais pas cent-douze euros par an. Soit le livre contribue significativement à mes revenus, soit je préfère renoncer à gagner de l’argent avec (pour maximiser sa diffusion et m’éviter les misères administratives, la contribution à la sécu des artistes-auteurs ou à l’Urssaf etc).

 

Ce que veulent les enseignant/es :

  • Un contenu fiable (un livre bien ancré dans la littérature scientifique existante et dans lequel l’auteur/e n’essaie pas de glisser un point de vue « alternatif » ou personnel).
  • Un livre remixable, dont on peut reprendre le contenu dans ses diapos ou son polycopié, de façon flexible (ne pas devoir scanner les pages du livre ou bien tout redessiner).
  • Un livre dont le prix est supportable pour les étudiant/es.

 

Et enfin, ce que veulent les étudiant/es :

  • Un livre qui les aide à s’en sortir dans leur cours. C’est d’abord un outil, et il faut survivre aux examens ! Si le livre rend le sujet intéressant, c’est un plus.
  • Un livre très bon marché, ou encore mieux, gratuit.
  • Un livre déjà désigné pour elles et eux, et qui correspond bien au programme : personne n’a envie d’arpenter les rayons de bibliothèque ou le catalogue d’Amazon en espérant trouver de l’aide.

 

On le voit, finalement nous ne sommes pas loin du compte avec des livres sous licence Creative Commons ! Tous les outils importants sont déjà à portée de main, pour créer le livre (avec des logiciels libres en tout genre), l’encadrer (avec des contrats de licence solides) et le distribuer (avec l’Internet pour sa forme numérique et, si nécessaire d’autres plateformes pour sa forme physique). C’est peut-être un évidence, mais il est bon de se rappeler parfois qu’on vit une époque formidable.

 

Alors, que manque-t-il ? Pourquoi les livres libres n’ont-ils toujours pas envahi les amphis ? Quels sont les points faibles qui rendent l’équation si difficile à résoudre ? Je pense qu’une partie de la réponse vient de nous-mêmes, nous dans les communautés impliquées autour des concepts de culture libre, de partage des connaissances et de logiciels open-source. Voici quelques éléments de critique, que je propose avec beaucoup de respect et en grimaçant un peu car je m’identifie avec ces communautés et m’inclus parmi les responsables.

la monnaie de cette reconnaissance est la citation académique

Je voudrais d’abord me tourner vers les enseignant/es du supérieur. Confrères, consœurs, nous devons citer nos sources dans nos documents de cours, et les publier ! Je sais que construire un cours est un travail très chronophage, souvent fait seul/e et à la volée — comment pourrait-il en être autrement, puisque souvent seul le travail de recherche est valorisé à l’université. Mais trop de nos documents (résumés de cours, exercices, diapositives) ne citent aucune source, et restent en plus coincés dans un intranet universitaire, cachés dans un serveur Moodle, invisibles depuis l’extérieur. Sous nos casquettes de chercheurs, nous sommes déjà les premiers responsables d’une crise sans fin dans l’édition des publications scientifiques. Nous devons faire mieux avec nos chapeaux d’enseignants. Nous le devons à nos étudiants, à qui nous reprochons souvent de faire la même chose que nous. Et nous le devons à ceux et celles dont nous reprenons le travail (les plans de cours, les schémas, les exercices…), qui ont besoin de reconnaissance pour leur partage ; la monnaie de cette reconnaissance est la citation académique. Il faut surmonter le syndrome de l’imposteur : mentionner un livre dans la bibliographie officielle de la fiche descriptive du cours ne suffit pas. Il faut aussi le citer dans ses documents de travail, et les laisser en libre accès ensuite.

 

Quant aux institutions de l’enseignement supérieur (écoles, instituts, universités en tous genres), je souhaite qu’elles acceptent l’idée que la création de supports de cours universitaires est un processus qui demande de l’argent au même titre que la création de savoir par l’activité de recherche. Il faut y consacrer du temps, et il y a des frais de fonctionnement. Sans cela, on laisse les enseignants perpétuellement réinventer la roue, coincés entre des livres trop courts ou trop chers pour leurs étudiants. Il manque plus généralement une prise de conscience que l’enseignement supérieur a tout d’un processus industriel (il se fait à grande échelle, il a de très nombreux aspects qui sont mesurables directement etc.): nous devons arrêter d’enseigner avec des méthodes de travail qui relèvent de l’artisanat, chacun avec ses petits outils, ses méthodes et son expérience.

 

Un peu plus loin, au cœur-même des communautés libristes, il y a aussi beaucoup d’obstacles à franchir pour l’auteur/e universitaire : ainsi les défauts de la bibliothèque multimédia communautaire Wikimedia Commons, et du projet Creative Commons en général, pourraient faire chacun l’objet d’un article entier.

 

Ce que j’ai appris avec ce projet de livre, c’est que travailler à l’intersection de tous ces groupes consomme une certaine quantité d’énergie, parce que mon espoir n’est pas que le fruit de tout ce travail reste à l’intérieur. J’ai envie d’envoyer mon livre de l’autre côté de la colline, où il se retrouve en concurrence avec des manuels de gros éditeurs, parce que c’est ce public que je veux rencontrer — l’espoir n’est pas de faire un livre pour geeks libristes, mais plutôt d’arriver dans les mains d’étudiants qui n’ont pas l’habitude de copier légalement des trucs. Créer ce pont entre deux mondes est un travail en soi. En le réalisant, j’ai appris deux choses.

un travail de communication et de présence en amont.

La première, c’est que nous dépendons toujours d’une plate-forme ou d’une autre. Comme beaucoup d’autres avant moi, je me suis hissé sur les épaules de géants depuis une chambre d’étudiant, en montant une pile de logiciels libres sur mon ordinateur et en me connectant à un réseau informatique global décentralisé. L’euphorie perdure encore jusqu’à ce jour, mais elle ne doit pas m’empêcher d’accepter qu’on ne peut pas toujours tout faire soi-même, et qu’une activité qui implique des transactions financières se fait toujours à l’intérieur d’un ou plusieurs systèmes. Quel que soit son métier, avocate, auteure, chauffagiste, restaurantiste, une personne qui veut s’adresser à un public doit passer par une plate-forme : il faut une boutique avec vitrine sur rue, ou un emplacement dans une galerie commerciale, ou une fiche dans un annuaire professionnel, ou bien un emplacement publicitaire physique ou numérique, ou encore être présent dans un salon professionnel. Chaque public a des attentes particulières. Pour que quelqu’un pense à vous même sans se tourner activement vers une plateforme (simplement en pensant silencieusement « bon il me faut un livre de thermodynamique » ou « bon il faut que quelqu’un répare cette chaudière ») il faut que vous ayez fait un travail de communication et de présence en amont. Toutes les plateformes ne sont pas équivalentes, loin de là ! Le web est certainement une des toutes meilleures, mais là aussi nous voulons trop souvent oublier qu’elle est de facto mécaniquement couplée à une autre, celle du moteur de recherche duquel émanent 92% des requêtes mondiales : c’est ce moteur qu’il faut satisfaire pour y grandir.

 

Autre plateforme, Amazon: l’utiliser pour distribuer ses livres, c’est participer à beaucoup de choses difficiles à accepter sociétalement. Framasoft a fait le choix de ne plus l’utiliser, et c’est tout à leur honneur, d’autant plus lorsqu’on voit le travail qu’ils abattent pour en construire de meilleures, des plateformes ! Personnellement, j’ai choisi de continuer à y vendre mon livre, car il y a des publics pour lesquels un livre qui n’est pas sur Amazon n’existe pas. Idem pour Facebook, sur lequel je viens bon gré mal gré de me connecter pour la première fois, parce que mon livre s’y partage que je le veuille ou non et que je voudrais bien voir ça de plus près. Ainsi, au cours des dernières années j’ai appris à observer les flux au delà de la connexion entre mon petit serveur et mon petit ordinateur.

 

La seconde chose que j’ai apprise, c’est que nous avons, nous au sein des communautés du logiciel et de la culture libres, une relation assez dysfonctionnelle à l’argent. Il nous manque globalement de l’argent, ça je le savais déjà (j’ai fondé et travaillé à plein temps pour une association sont les objectifs ressemblaient un peu à ceux de Framasoft il y a 15 ans), mais j’avais toujours attribué cela à de vagues circonstances extérieures. Maintenant, je suis convaincu qu’une grande part de responsabilité nous revient : il nous manque de la culture et de la sensibilité autour de l’argent et du commerce. Dès que l’on professionnalise son activité, on vient à bout du credo « il est seulement interdit d’interdire » que nous avons adopté pour encadrer le partage des biens communs culturels. Nos licences et nos organisations sont en décalage avec la réalité et nous faisons collectivement un amalgame entre « amateur », « non-commercial » et « à but non-lucratif ». — j’y reviendrai dans un autre article.

 

Voilà tout ce que j’ai en tête lors que je me demande où sont les livres universitaires libres. Qui sera là pour faire un pont entre tous ces mondes ? Il y a quelques années, le terme “Open Educationnal Resource” (OER ou en français REL) a pris de l’essor un peu comme le mot-clé “MOOC”, une idée intéressante pas toujours suivie d’applications concrètes. Plusieurs projets ont été lancés pour éditer des livres et cours universitaires libres. Aujourd’hui beaucoup on jeté l’éponge : Lyryx, Boundless, Flatworld, Tufts OpenCourseWare, Bookboon se sont arrêtés ou tournés vers d’autres modèles. Il reste, à ma connaissance, un seul éditeur avec un catalogue substantiel et à jour (je ne vous cache pas que je rêve d’y contribuer un jour) : c’est OpenStax, une organisation américaine à but non-lucratif, avec une quarantaine de manuels en anglais. Et dans la sphère francophone ? Un groupe de geeks de culture libre arrivera-t-il jamais à faire peur à tout le monde en mettant dans les mains des étudiants des outils qu’ils peuvent utiliser comme ils le veulent ?




Des Livres en Communs : premier appel à projet

Et si on considérait le travail de création initiale d’un auteur ou d’une autrice comme une activité qui mérite salaire ? Montrer que c’est possible, tel est le défi de Des Livres en Communs. On va tout vous expliquer.

Nous vous l’avions annoncé et expliqué, à l’expérience de notre maison d’édition Framabook succède aujourd’hui un nouveau projet qui repose sur un autre modèle.

 

 

Après Framabook…

Après une vingtaine de manuels, huit essais, une dizaine de BD et une quinzaine de romans (tout demeure évidemment disponible), le constat est fait que malgré des conditions plus éthiques pour les auteurs et les licences libres, la diffusion des ouvrages s’est heurtée à un système où des plateformes demeurent le passage obligé pour libraires et bibliothèques, dans un marché saturé par la pléthore de publications. De sorte que malgré leurs qualités les œuvres que nous avons avec soin accompagnées ne trouvaient pas un public qui permettait aux auteurs et autrices un retour satisfaisant en rapport avec leur travail (Pour en savoir plus).

… Des Livres en Communs

Faut-il préciser ce que toutes les personnes qui se risquent dans l’édition classique découvrent bien vite : dans leur très grande majorité elles ne percevront qu’une assez étique rémunération de leur travail, bien après leur travail d’élaboration. Lisez par curiosité quelques témoignages comme celui de Julie ou celui de Marine Nina, les chiffres donnés sont édifiants… En clair, à de très rares exceptions près (une poignée d’auteurs et autrices de best-sellers) il n’est pas possible de vivre décemment de son activité créatrice, au point que pour la plupart, une autre activité, rémunérée celle-là, est indispensable.

 

Illustration CC BY David Revoy (sources)

Des Livres en Communs (DLeC) propose d’aborder le problème d’une façon différente (non, on n’a pas dit « disruptive »). Nous proposons un revenu de « travail de création » sous la forme modeste d’une « bourse initiale » sur projet. Ce n’est pas encore un salaire d’auteur-autrice, mais sur le principe c’est presque cela (Pour en savoir plus).

Le processus que nous lançons aujourd’hui est le suivant :

  1. DLeC fait un appel à projet, des créateurs et créatrices y répondent ;
  2. Un projet est sélectionné et une somme est allouée au travail de création ;
  3. Au terme de ce travail, l’ouvrage réalisé est publié sous forme numérique et disponible pour tout le monde, car versé dans les Communs culturels avec une licence libre.

 

Mais encore… ?

Voici la version rapide du thème de notre premier appel à projet, il s’agit de répondre à votre façon à cette interrogation, directement issue de notre méta-projet contributopia :

Vers un monde plus contributif, plus solidaire, plus éthique et plus libre : comment s’outiller et s’organiser ensemble ?

Pour en découvrir le contexte de façon plus détaillée, parcourez la page d’accueil du site dédié flambant neuf

capture d'écran de la page d'accueil du site des livres en communs
Cliquez sur l’image pour rejoindre le site de DLeC




Ce que Framasoft pourrait faire en 2022, grâce à vos dons

« Iels sont bien gentil⋅les à Framasoft, mais pourquoi est-ce que je devrais leur faire un don ? ».
C’est une bonne question, et on vous remercie (sincèrement, oui oui) de l’avoir posée 🙂

D’abord parce que cette question est tout à fait légitime. Votre argent est précieux, et l’incertitude face à l’avenir mérite qu’il soit dépensé ou investi utilement.

Ensuite parce que Framasoft est une association qui ne peut agir que grâce à vos dons. Nous vous devons donc le maximum de transparence quant à nos actions menées et à venir. Vos dons viennent à la fois récompenser le travail effectué, mais aussi encourager les projets futurs.

Depuis le 12 octobre, nous vous présentons un panel de ce que Framasoft a réalisé ces derniers mois, grâce à vos dons.

« Frama, c’est pas que… »Pour l’automne 2021, chaque semaine, nous voulons vous faire découvrir un nouveau pan des actions menées par Framasoft. Ces actions étant financées par vos dons (défiscalisables à 66 %), vous pouvez en trouver un résumé complet, sous forme de cartes à découvrir et à cliquer, sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire cette série d’articles (oct. – déc. 2021)

Illustrée sous la forme de cartes, cette campagne rappelle que Framasoft, ça n’est pas que Framapad, Framadate, PeerTube ou Mobilizon. Mais bien plusieurs dizaines de projets en parallèle, avançant chacun à leur rythme, tous dans la même direction : vous redonner du pouvoir sur le numérique.

Par contre, ce que cette campagne ne vous a pas encore révélé, c’est ce que nous comptons faire en 2022, si vous nous en donnez les moyens.

Ce sont ces intentions que nous souhaitons vous présenter ci-dessous.

Framasoft 2022
Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Framasoft et les associations

Tout d’abord, et c’est sans doute l’un des principaux points, nous souhaitons vous dévoiler en 2022 un nouvel axe d’actions, qui se prolongera donc sur plusieurs années.

Nous l’exprimions il y a déjà plusieurs années, « Dégoogliser ne suffit pas ». Notre vision, résolument politique, d’un numérique émancipateur, ne peut exister et n’aurait pas de sens en dehors d’autres luttes. Les combats pour plus de justice et d’égalité, donc moins de monopoles et de dominations, s’entrecroisent, se rejoignent et se complètent.
« Pas de société libre sans logiciel libre » est, pour nous, une conviction. Mais cela ne signifie pas qu’une société où le logiciel libre aurait « gagné » suffirait à fournir les conditions d’une société libre.

À Framasoft, nous faisons attention à ne pas (trop) nous épuiser, à éviter le burnout militant. Nous faisons donc le choix d’agir essentiellement là où nous nous sentons fortes et forts : le numérique. Mais cela ne signifie pas que nous ignorons les autres luttes.

Or, l’un des soucis que nous identifions, c’est que celles et ceux qui agissent « pour un monde meilleur » le font souvent dans des milieux associatifs qui disposent de peu de moyens, avec des cultures numériques hétérogènes, et utilisent massivement les outils des GAFAM (qui sont fort efficaces, il faut le reconnaître).

Nous souhaitons donc amorcer en 2022 un ensemble de projets s’adressant particulièrement aux publics associatifs, militants, ou œuvrant pour le progrès social et la justice sociale.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Nextcloud, une suite logicielle pour outiller les assos

Cela fait plusieurs années qu’on tourne autour, nous l’évoquions en 2019, puis 2020, mais clairement la pandémie a limité l’énergie que nous pouvions mettre sur ce projet.

Nextcloud, dont la version 23 vient tout juste de sortir, est un excellente suite logicielle permettant de gérer fichiers, agendas, contacts, rédaction collaborative, etc. Cependant, beaucoup d’associations utilisent Google Docs, Dropbox & co. D’abord, parce que Nextcloud est peu connu (normal, les moyens marketing ne sont pas les mêmes). Ensuite parce que Nextcloud a une ergonomie souvent perfectible (par exemple, partager un fichier n’est pas évident, alors que c’est tout de même une fonctionnalité de base). Enfin, trouver le « bon » prestataire pour vous proposer une instance Nextcloud fiable et correspondant à vos besoins et vos moyens reste relativement complexe (même si de nombreux chatons proposent ce service. Coucou les ami⋅es de IndieHosters ou de Zaclys 👋)

Nous voulons donc, en 2022, travailler à rendre Nextcloud plus simple et plus accessible pour toutes et tous. À la fois en améliorant le logiciel, mais aussi sa notoriété ou sa documentation. Enfin, nous nous efforcerons de proposer une offre spécialement destinée aux associations.

Faire un don à Framasoft, c’est nous donner des moyens pour faciliter l’adoption de Nextcloud.

Émancip’Asso pour une cohérence numérique

Ce projet est né d’un constat partagé avec nos partenaires et ami⋅es d’Animafac : même si de plus en plus d’organisations prennent conscience de la nécessité de mettre en cohérence leurs outils numériques avec leurs valeurs, elles ont peu d’énergie et de compétences en interne pour se lancer dans une telle démarche. À ceci s’ajoute le constat que peu de structures sont actuellement en mesure de réellement guider et orienter les associations dans leur transition numérique libre.

Le projet Émancip’Asso a pour principal objectif de proposer aux associations des acteurs en mesure de les accompagner dans leur démarche de « dégafamisation ».

Nous souhaitons ainsi offrir un programme de formation aux acteurs qui proposent aux associations des services et accompagnements spécifiques. Cela afin que ces structures soient en mesure d’identifier les besoins d’une organisation pour les prendre en charge en intégralité, qu’il s’agisse d’hébergement, d’infogérance, d’installation de logiciels libres particuliers ou d’assurer un support technique ou des formations.

Cela va nous demander du temps et de l’énergie, mais nous sommes convaincu⋅es que l’offre d’accompagnement professionnel est l’un des angles morts du libre associatif, et qu’il faut multiplier et renforcer les acteurs capables de satisfaire ce besoin.

Faire un don à Framasoft, c’est nous aider à accompagner les accompagnateur⋅ices à la dégooglisation des associations.

Un observatoire sur les pratiques numériques libres

La mission de cet observatoire sera d’étudier les évolutions des usages numériques des associations.

Par le biais d’enquêtes, d’analyses (en y associant autant que possible des usager⋅es, des designers, des chercheur⋅euses, des partenaires associatifs, etc), nous souhaitons mieux comprendre les outils, les habitudes, les expériences des personnes qui utilisent le logiciel libre. Ou mieux comprendre pourquoi elles ne l’utilisent pas !

En effet, pour répondre avec pertinence aux besoins des deux projets précédents, nous avons besoin de qualifier et de quantifier aussi objectivement que possible quels sont les logiciels libres utilisés, pour quelles raisons, avec quelles frictions, etc. Bref, qu’est-ce qui « marche » ? Qu’est-ce qui ne « marche pas » ? Et surtout, pourquoi ?

Faire un don à Framasoft, c’est aider à éclairer et enrichir notre compréhension des pratiques associatives libres.

PeerTube v5

La version 4 de PeerTube est à peine sortie du four, que nous vous annonçons déjà notre volonté de travailler sur PeerTube v5 !

Dans cette version, nous souhaitons avant tout nous attacher à résoudre certains points de frustration et améliorer l’utilisabilité, notamment sur les formulaires d’upload de vidéos et d’inscription des utilisateur⋅ices.

Mais nous souhaitons aussi donner plus de maîtrise aux gestionnaires d’instances comme aux vidéastes. Que cela soit en leur permettant plus d’actions par lots (par exemple en permettant le déplacement d’un ensemble de vidéos vers une autre chaîne) ou en affinant les outils de gestion de fichiers (par exemple supprimer une définition d’une vidéo).

Si nous parvenons à faire financer cette fonctionnalité, nous voudrions aussi proposer un outil permettant d’éditer (de façon basique) des vidéos. Cela permettrait, par exemple, aux vidéastes de couper quelques secondes en début ou fin de vidéo directement dans PeerTube.

Enfin, nous désirons aussi améliorer les capacités de synchronisation entre YouTube et PeerTube. Cette possibilité existe déjà, mais uniquement en ligne de commande. Nous voulons donc proposer une interface au sein de PeerTube, qui permettrait, par exemple, de répliquer automatiquement l’intégralité des vidéos d’une chaîne YouTube vers une chaîne PeerTube.

Faire un don à Framasoft, c’est soutenir le développement d’une alternative libre, décentralisée et fédérée à YouTube, pour reprendre le pouvoir sur vos vidéos.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Mobilizon v3

Mobilizon, comme PeerTube, vient tout juste de bénéficier d’une nouvelle mise à jour. Et nous comptons bien vous en proposer une nouvelle version majeure en 2022.

Pour vous donner un petit aperçu du programme : développement d’un outil de recherche global multi-instances, sur le modèle de SepiaSearch ; refonte de la page d’accueil de l’instance ; création d’une toute nouvelle vue « Carte » permettant de visualiser et chercher les événements de façon géographique ; outil d’importation depuis Meetup et Facebook ; et bien d’autres choses !

Faire un don à Framasoft, c’est favoriser l’émergence d’une alternative aux événements et groupes Facebook, éthique et respectueuse de votre vie privée.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Un Framanifeste pour affirmer nos choix

Framasoft travaille, en pointillés depuis 2019, sur la rédaction de son manifeste.

En 2022, nous souhaitons achever ce travail et publier ce texte important non seulement pour nous, mais aussi pour vous, puisqu’il clarifie la raison d’être de l’association. Il définira aussi le cadre de nos actions et les valeurs qui fondent notre identité.

Faire un don à Framasoft, c’est soutenir plusieurs dizaines de projets portés par une association aux multiples facettes techniques, politiques, exploratoires.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Faire collectif : les CHATONS

Le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires compte aujourd’hui une centaine de structures réparties sur le territoire français, avec des membres en Belgique, au Québec et en Suisse. Framasoft assure la coordination et l’animation du collectif depuis sa création fin 2016 (avec une salariée qui y consacre environ 30% de son temps de travail).

En 2022, nous souhaitons lancer une réflexion sur les objectifs que se donne le collectif et les moyens pour y parvenir. Cela passera notamment par l’organisation d’un nouveau camp CHATONS à l’été 2022, et par la poursuite de notre travail de « déframasoftisation » de la coordination du collectif.

Par ailleurs, les contenus produits et captés lors de la formation Émancip’Asso permettront aussi de préparer le travail pour un second module du MOOC CHATONS, afin de faciliter les naissances de chatons solides sur leurs pattes et autonomes face à leurs publics.

Faire un don à Framasoft, c’est permettre la création, la consolidation et la mise en réseau de structures proposant des services web répondant à des critères éthiques forts.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Partager savoirs et connaissances : UPLOAD

UPLOAD, c’est notre proposition de coconstruire avec vous une Université Populaire Libre, Ouverte, Autonome et Décentralisée.

De mois en mois, nous affinons les contours de ce projet. Déjà préfigurées par le MOOC CHATONS, des Librecours ou du podcast UPLOAD, toutes ces expérimentations illustrent notre envie de partager le savoir, et la capacitation qui va de pair avec l’acquisition de savoirs.

Faire un don à Framasoft, c’est concourir à inventer de nouveaux espaces de partage de connaissances.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

Des Livres en Communs

La maison d’édition Framabook est née en 2006; 16 ans plus tard, nous souhaitons la faire évoluer.

Des Livres en Communs (ce sera le nouveau nom de Framabook) a pour intention de se concentrer sur la création et la production de communs culturels.

Depuis plus de deux cents ans, l’édition place les auteurs et autrices en situation de subordination économique, s’arrogeant de fait tous les droits patrimoniaux et n’octroyant un revenu aux auteurs et autrices qu’en consacrant une rente liée à cette propriété, privant le public de tout accès non rémunéré ou rémunérateur au fruit du travail des auteurs et autrices. Ces derniers produisent donc un capital qui ne participe à l’avancement culturel que parce qu’il peut être exploité en tant que valeur marchande monétisée. Cela transforme l’objet culturel en produit industriel comme un autre, balayant la pertinence de ses usages sociaux.

La grande particularité de cette nouvelle maison d’édition sera de reconnaître la réalité de ce travail en amont, en le rémunérant directement par une bourse d’écriture versée aux auteur⋅ices pour reconnaître plus équitablement leur travail de création.

Faire un don à Framasoft, c’est soutenir des créateurs et créatrices d’œuvres mises à disposition sous forme de communs culturels.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Soutiens à la culture, au libre et aux communs

Nous l’exposions il y a peu, nous participons activement à un certain nombre de projets en dehors de Framasoft.

Par exemple, nous soutenons (financièrement ou humainement) des projets de développement informatique tels que la plateforme de pétitions Pytition, le logiciel de comptabilisation du bénévolat valorisé Bénévalibre, l’application pour smartphone PeerTube Live, ou le plugin PeerTube Live Chat.

Nous accompagnons aussi l’émancipation de certains de nos logiciels, tels que Framadate ou Framaforms/Yakforms afin d’en faire, au-delà de simples logiciels libres, de véritables communs.

Nous souhaitons aussi rouvrir un chantier de « dépoussièrage » de MyPads, notre plugin permettant d’organiser vos pads. Nous hébergeons plus de 230 000 utilisateur⋅ices et 300 000 pads sur https://mypads.framapad.org et ce nombre ne cesse de grandir. Il nous parait donc urgent et important de corriger quelques frictions pénibles.

Mais notre soutien ne se limite pas au code.

Nous consacrons aussi du temps à conseiller nombre d’associations ou collectifs en répondant à leurs questions diverses et variées sur le numérique ou le fonctionnement associatif. Contribateliers, Réseau Infoclimat, l’atelier paysan, Exodus Privacy, Contribulle ne sont que quelques exemples de structures que nous accompagnons ponctuellement ou au long cours.

Nous cofinançons et participons activement aux travaux de recherche d’Audrey Guélou, doctorante à l’UTC, dont le sujet de thèse est « Configurations techno-éthiques pour les médias sociaux décentralisés et fédérés », afin de mieux comprendre ce nouveau territoire qu’est le Fediverse.

En 2022, nous poursuivrons aussi notre participation au collectif « La Coalition – Libertés associatives » qui s’est fixé pour mission de proposer des stratégies de riposte contre les répressions subies par le secteur associatif.

Faire un don à Framasoft, c’est participer au soutien et à la consolidation d’initiatives extérieures à Framasoft, mais aux valeurs alignées avec celles de l’association.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

Organisation de rencontres

La situation sanitaire actuelle (oui, la pandémie mondiale, c’est à toi qu’on s’adresse) rend plus difficile le fait de se rencontrer physiquement. Or c’est souvent lors de ces rencontres que les liens se tissent et se renforcent, que les envies s’expriment, que les mobilisations s’inventent. Sans elles, certains projets ont plus de mal à avancer, et surtout la motivation a tendance à stagner, si ce n’est disparaître.

Il ne s’agit pas d’organiser une rencontre estampillée « Framasoft », ou un défilé de conférencier⋅es. Mais bien de proposer des espaces d’échanges, de face-à-face, de dialogue.

Nous souhaitons créer de nouveaux espaces de rencontres physiques, pour faciliter les points de contacts entre des acteur⋅ices aux compétences différentes et aux vécus singuliers : des personnes du libre, mais aussi de l’éducation populaire, de la solidarité, de la redirection écologique, de la médiation numérique, etc. Nos mondes ne se parlent que très peu, et nous passons à côté d’occasions de nous écouter, de nous comprendre, de faire les choses ensemble.

Faire un don à Framasoft, c’est se donner une chance supplémentaire de « croiser les flux » entre différents mouvements et d’élargir les capacités de mobilisations.

Illustration CC BY David Revoy (sources)

 

Nous avons besoin de sous, et donc de vous !

Vous l’aurez compris, les graines que nous voulons planter en 2022 sont nombreuses, et nos ambitions sont grandes au regard de la petite taille de l’association.

Pour avancer, nous avons besoin de moyens financiers, et nous espérons que les (bientôt) 20 ans d’actions de l’association tendent à démontrer que, lorsqu’on nous en donne les moyens, les souhaits que nous exprimons peuvent devenir, pour vous, une réalité.

Merci !

Soutenir Framasoft




Frama, c’est aussi des outils pour s’émanciper

Des guides, des cartes à jouer, de la documentation et même un MOOC… La médiation au numérique éthique peut passer par de nombreux outils ! Nous réalisons certains d’entre eux et y contribuons, en espérant qu’ils vous servent.

« Frama, c’est pas que… »

Pour l’automne 2021, chaque semaine, nous voulons vous faire découvrir un nouveau pan des actions menées par Framasoft. Ces actions étant financées par vos dons (défiscalisables à 66 %), vous pouvez en trouver un résumé complet, sous forme de cartes à découvrir et à cliquer, sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire cette série d’articles (oct. – déc. 2021)

Nous avons eu la chance, à Framasoft, de pouvoir prendre le temps d’apprendre les mécanismes du Web, de documenter le système du capitalisme de surveillance dont les GAFAM sont un des symptômes, et d’expérimenter d’autres manières d’utiliser le numérique dans nos vies.

Partager cette compréhension, ce savoir et cette expérience est important car cela peut aider d’autres personnes à s’émanciper dans leurs usages numériques. Pourtant, transmettre tout cela est une chose complexe. Tout le monde n’a pas les mêmes attentes, les mêmes appétits, les mêmes façons de recevoir ce que nous avons à partager. Voilà pourquoi nous contribuons à et réalisons divers outils de médiation, qui correspondent à divers publics.

jeu de cartes Framasoft "des outils pour s'émanciper"

MOOC CHATONS

C’est quand même bien dommage de sortir un MOOC un mois avant le premier confinement d’une pandémie qui allait nous submerger ! Pourtant ce cours en ligne massivement ouvert se parcourt en autonomie, sans accompagnement de notre part. Il a déjà séduit 1 050 apprenant⋅es.

Carte "MOOC CHATONS" Ce cours en ligne et en autonomie est ouvert à qui veut cheminer vers une émancipation numérique mutualisée. Le 1er module « Internet, pourquoi et comment reprendre le contrôle » compile notre savoir sur l’internet, l’hégémonie toxique des GAFAM et des pistes pour en sortir.

Il faut dire que le premier parcours de ce MOOC, « Internet : pourquoi et comment reprendre le contrôle ? », est un condensé de ce que nous avons appris ces dernières années. Riche de nombreuses vidéos, ressources et références, il peut s’adresser à toute personne, sans connaissance technique particulière.

Ce MOOC permet vraiment de comprendre le fonctionnement d’Internet et du Web, d’appréhender la montée en puissance des GAFAM, géants du web, jusqu’à l’avènement du capitalisme de surveillance, pour mieux cerner enfin en quoi le libre, la décentralisation et les communs sont des pistes fiables pour reprendre le contrôle du numérique dans nos vies.

illustration CC-By David Revoy (sources)

[RÉSOLU]

Comment accompagner les organisations de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) qui souhaitent être fidèles à leurs valeurs dans leurs pratiques numériques ? Notre réponse passe forcément par le Libre, la décentralisation et donc l’adoption sereine et réfléchie d’outils pensés avec une forte éthique.

Carte "[RÉSOLU]" [RÉSOLU] est un guide composé de fiches pratiques pour aider les structures de l’économie sociale et solidaire à adopter des solutions numériques libres et éthiques. Co-construit avec le mouvement des CÉMÉA, ce guide peut être modifié, amélioré et distribué librement.

Co-conçu avec le Chaton Picasoft et la Mission Libre-Éducation Nouvelle des CEMÉA, [RÉSOLU] présente des [R]éseaux [É]thiques et [S]olutions [O]uvertes pour [L]ibérer vos [U]sages dans un guide à l’intention des acteurs et actrices de l’ESS. Il se compose d’un ensemble de fiches théoriques et pratiques, classées selon trois types d’actions collectives : collaborer, communiquer et organiser.

L’avantage de ce guide (déjà traduit en italien !), c’est que ses contenus eux aussi sont libres. Imaginez, il a servi à votre association, votre coopérative, mais il vous manquait une information, un outil essentiel que vous avez trouvé par ailleurs : vous pouvez ajouter cette trouvaille à ce guide et la partager avec les prochaines personnes qui le consulteront. Que vous utilisez le site web, le document pdf ou la version papier, vous aussi, soyez [RÉSOLU] !

illustration CC-By David Revoy (sources)

Métacartes « Numérique Éthique »

Nous vous en parlions il y a plus d’un an dans les Carnets de Contributopia… et après plus d’un an de travail (avec des parenthèses dues à une certaine pandémie, bien entendu), ça y est, les Métacartes Numérique Éthique sont enfin disponibles.

Carte "Métacartes" Les métacartes sont des jeux de cartes (physiques) où chaque carte est augmentée par des ressources (numériques). Framasoft a contribué à la production du jeu « Numérique Éthique » qui facilite la médiation vers des pratiques numériques plus saines et sereines.

Le concept des Métacartes, c’est d’augmenter la réalité d’un jeu de cartes papier (avec titre, illustration, symboles, texte court). Car chaque carte dispose aussi d’un QR code et d’un lien qui mène vers une page web où on détaille ce qu’illustre la carte. Voilà un outil concret, agréable, convivial pour partager savoirs, questionnements, expériences !

Mélanie et Lilian ont réalisé un jeu nommé « Numérique Éthique », qui aidera grandement les médiateurs, formatrices et bénévoles du monde du Libre. Ce jeu est composé de trois familles de cartes :

  • Les #critères permettent de questionner les attentes en éthique et le niveau de confiance que l’on a dans un outil numérique.
  • Les #usages permettent de découvrir les possibles que le numérique nous offre en termes de collaboration, d’échanges et d’émancipation.
  • Et les cartes MÉTHODES vous permettront de faire le point sur vos usages, découvrir des alternatives et passer à l’action.

Vous pouvez désormais vous procurer ce jeu directement sur le site des Métacartes.

illustration CC-By David Revoy (sources)

Documentations

C’est un trait d’humour amer assez révélateur, prononcé par les personnes qui, chez nous, conçoivent et rédigent la documentation :

#LesGens ne lisent pas la doc.

Carte "Documentation" De la documentation générale des services que nous hébergeons aux documentations spécifiques des logiciels que nous développons (PeerTube, Mobilizon, Yakforms)… Chaque année, Framasoft rédige, maintient et met à jour de nombreuses lignes… de texte !

Pourtant, si vous saviez les ressources que l’on met à votre disposition ! Chez Framasoft, nous maintenons :

  • Une Foire aux Questions sur tout ce que nous proposons et nous sommes, conçue à partir des questions que vous nous posez le plus souvent ;
  • La documentation générale de nos services, avec des guides pratiques, des exemples simples à comprendre, et des captures d’écrans à foison pour vous aider à mieux utiliser les Frama-services ;
  • La documentation de PeerTube, très riche en ce qui concerne l’administration d’une instance, mais dans laquelle on veut encore améliorer la partie utilisation ;
  • La documentation de Mobilizon, pour mieux comprendre comment installer, administrer ou utiliser cette alternative aux événements, pages et groupes Facebook ;
  • La documentation de Yakforms, le logiciel qui propulse le service de formulaires libres Framaforms, parce que nous espérons que la communauté va s’emparer du code et que des organisations vont l’installer sur leurs serveurs.

Loin de nous l’idée de rejeter les demandes d’aide et de support d’un méprisant « RTFM » (« Read The Fucking Manual », une expression bien peu glorieuse, quand on sait qu’elle se traduit par « lis le foutu mode d’emploi ! »). Cependant, nous avons l’impression de travailler à rédiger et tenir à jour un véritable trésor de connaissances, d’astuces… À vous de voir comment ce trésor peut vous enrichir.

illustration CC-By David Revoy (sources)

Découvrez tout ce qu’est Frama !

Voilà qui conclut le focus de cette semaine. Vous pourrez retrouver tous les articles de cette série en cliquant sur ce lien.

Sur la page Soutenir Framasoft, vous pourrez découvrir un magnifique jeu de cartes représentant tout ce que Framasoft a fait ces derniers mois. Vous pourrez ainsi donner des couleurs à l’ensemble des activités que vous financez lorsque vous nous faites un don. Nous espérons que ces beaux visuels (merci à David Revoy !) vous donneront envie de partager la page Soutenir Framasoft tout autour de vous !

En effet, le budget de Framasoft est financé quasi-intégralement par vos dons (pour rappel, un don à Framasoft de 100 € ne vous coûtera que 34 € après défiscalisation). Comme chaque année, si ce que nous faisons vous plaît et si vous le pouvez, merci de soutenir Framasoft.

Frama, c'est pas que Framagenda ! C'est aussi des outils de médiation qui facilitent l'adoption de pratiques numériques saines et sereines. Nos actions sont financées par vos dons, alors découvrez l'ensemble du travail de Framasoft sur Soutenir Framasoft
Cliquez pour découvrir toutes les cartes et soutenir Framasoft

Pour aller plus loin




Frama, c’est aussi de la médiation aux communs numériques

De l’édition de livres aux ateliers et conférences, des interviews aux traductions sur le blog et jusqu’au podcast… À Framasoft, nous explorons de nombreuses manières de partager ce que nous savons et d’apporter notre pierre à l’édifice des communs culturels.

« Frama, c’est pas que… »

Pour l’automne 2021, chaque semaine, nous voulons vous faire découvrir un nouveau pan des actions menées par Framasoft. Ces actions étant financées par vos dons (défiscalisables à 66 %), vous pouvez en trouver un résumé complet, sous forme de cartes à découvrir et à cliquer, sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire cette série d’articles (oct. – déc. 2021)

Nous avons la chance, à Framasoft, d’avoir du temps libéré pour observer et tenter de comprendre le monde numérique actuel, ses règles, ses mécanismes. Cette connaissance nous sert à imaginer et explorer des pistes pour faire autrement, s’extraire du capitalisme de surveillance et de l’économie de l’attention. Mais ce serait bien triste si les savoirs et expériences que nous accumulons n’étaient pas partagés !

jeu de cartes Framasoft "…de la médiation aux communs numériques"

Rencontres et conférences

Les 37 membres de l’association Framasoft vivent dans une trentaine de villes différentes. C’est une chance, cela nous permet de pouvoir régulièrement répondre à des invitations de participer à des ateliers, tables-rondes, conférences, échanges, etc. Et si les agendas ne s’alignent pas, nous savons refuser poliment aussi.

Carte "Rencontres" Habitant aux quatre coins de l’hexagone, les membres de Framasoft interviennent régulièrement dans des événements. D’ateliers en webinaires, de conférences en ciné-débats, nous partageons nos observations, craintes et espoirs sur le numérique, et le monde qu’il façonne.

Certes, la pandémie qui continue de façonner nos vies a réduit le nombre de rencontres auxquelles nous participons actuellement. Mais elle a aussi normalisé les webinaires et autres interventions à distance auprès du grand public et des personnes qui organisent ces événements (ce qui nous a par exemple permis de participer à L’Özgürkon, la convention des libristes en Turquie).

Voilà qui tombe bien, causer à distance, c’est une chose que nous savons faire !

illustration CC-By David Revoy (sources)

Réponses aux médias

Soyons clair·es : Framasoft n’a aucune stratégie médias. Nos timidités, nos syndromes de l’imposteur, notre refus de se poser en expertes, notre vigilance à éviter d’avoir des têtes d’affiche, font que nous ne sommes pas de « bons clients ». L’association est de toute façon peu représentée à Paris, où une majeure partie de la sphère médiatique cherche ses intervenant·es.

Carte "Médias" Framasoft ne va – quasiment – jamais chercher l’attention des médias, car mine de rien, c’est du boulot ! Cependant, nous répondons régulièrement à des invitations à partager nos points de vue sur la centralisation du web, les pratiques numériques émancipatrices, etc.

Cependant, nous nous efforçons de répondre aux médias qui viennent nous interroger sur les enjeux du numérique (là où nous avons une expérience et une expertise à partager). Il nous arrive donc de nous frotter à l’interview « face cam » pour un documentaire, à la courte citation pour un quotidien, à des questions de la presse spécialisée indépendante, à celles d’un podcast pas du tout porté sur la « tech »…

Répondre aux entrevues n’est pas un exercice que nous recherchons, ni que nous affectionnons particulièrement (sauf lorsqu’il s’agit de contribuer aux recherches des universitaires). Cela reste cependant une manière intéressante d’accueillir la remise en question, de sortir de notre zone de confort et de semer des graines d’émancipation numérique aux quatre vents des internets.

illustration CC-By David Revoy (sources)

Le Framablog

Le Framablog est le principal organe de communication et de publication de Framasoft : dès que nous avons une action à annoncer, une déclaration qui nous démange, c’est sur le blog que ça se passe. Cependant, nous voulons que le Framablog soit plus que cela.

Carte "Framablog" Avec plus de 10 articles par mois, c’est sur le Framablog que Framasoft s’exprime le plus. Revue de presse, annonces de l’association, interviews, pamphlets, nouvelles du monde du Libre… Nous essayons d’ouvrir le Framablog à de multiples formes d’écritures et à divers invité·es.

Chaque lundi, Khrys nous offre son Khrys’presso, sa revue de web de la semaine ; qu’elle concocte en toute autonomie et liberté.

Régulièrement, le comité communication s’applique à faire découvrir une démarche libre intéressante, amusante, bouleversante, au travers d’interviews variées.

Par ailleurs, nous nous évertuons à inviter d’autres voix sur le Framablog. Il s’agit de personnes du monde du libre et des communs qui partagent leur expertise et leur expérience, dont nous reprenons (avec leur accord) des textes publiés sur leur propre blog.

Depuis l’été 2021, nous expérimentons autre chose : « commander » (c’est-à-dire solliciter et non pas diriger) des textes auprès de plumes qui nous inspirent et dont nous aimerions qu’elles consacrent un peu de leur verve à détailler un sujet qui nous importe. C’est ainsi qu’est né le dossier publié en feuilleton sur le Militantisme Déconnant de Viciss (du blog Hacking Social).

Cette collaboration est la première d’une série que nous espérons longue et fructueuse.

illustration CC-By David Revoy (sources)

Framalang

Framalang est né de cette envie de partager des nouvelles du monde du Libre avec les non-anglophones. Ce groupe cherche des articles (voire livres, sites web, etc.) en anglais (et parfois en italien, en espagnol) que les membres ont envie de traduire pour les partager avec le monde francophone (souvent sur le Framablog).

Carte "Framalang" Le groupe de travail Framalang traduit – en toute autogestion – des articles, sites et livres… Le monde du numérique exclut parfois les non-anglophones, c’est pour cela que Framalang publie ses traductions sur le Framablog.

Le groupe Framalang est, à nos yeux, un très bel exemple de la relation qu’il peut y avoir entre une association (Framasoft) et un groupe de contributeurices auto-géré·es (Framalang). Le rôle de Framasoft se borne à donner à Framalang les moyens d’œuvrer : un espace, des outils, une audience, du temps et du soin dans l’animation du groupe…

Le collectif Framalang prend ses propres décisions, que ce soit dans le choix des textes à traduire, dans les méthodes et outils (qui ont évolué au fil des ans), ou les choix linguistiques et de mise en page. Framalang illustre une règle importante chez Framasoft : dans le respect du collectif, c’est kikifé kidécide.

illustration CC-By David Revoy (sources)

Des livres en Communs

Ah ! si vous saviez comme nous sommes impatient·es de vous montrer cette nouvelle évolution de notre maison d’édition ! Depuis plus d’un an, les membres du projet Framabook ont décidé de revoir intégralement le fonctionnement actuel qui reposait sur « le pari du livre libre ». En effet, jusqu’à présent, ce pari consistait à distribuer librement et gratuitement les ebooks tout en rémunérant honnêtement les auteurs et autrices sur les ventes papier.

Carte "Des livres en communs" La maison d’édition Framabook évolue et devient « Des Livres en Communs ». Depuis quelques mois, Framasoft prépare la renaissance de ce projet historique de l’association, avec un changement de paradigme pour mieux soutenir la création de communs culturels.

Seulement, nous n’avons jamais su intégrer Framabook aux chaînes de distribution et de diffusion du livre en France, qui sont verrouillées et dirigées par les industries culturelles. Leur fonctionnement repose sur la propriété, la vente, l’exploitation.

Des Livres en Communs (ce sera le nouveau nom de Framabook) a pour intention de changer de paradigme, en se concentrant sur la création et la production de communs culturels.

Nous comptons attribuer à des auteurices une bourse d’écriture pour reconnaître et rémunérer plus équitablement leur travail de création. Nous donnerons davantage de détails ultérieurement, notamment sur la façon dont nous choisirons les bénéficiaires de ces bourses. L’objectif est d’accompagner ces auteurices dans leur processus, pour qu’iels mènent à bien leur création qui deviendra un Commun.

En attendant, ces derniers mois, il nous a fallu faire l’inventaire des contrats et projets existants chez Framabook, et imaginer comment accompagner la transition de ce beau projet dans un nouveau paradigme.

illustration CC-By David Revoy (sources)

UPLOAD

Les projets évoluent mais les envies restent. Annoncée en 2017 comme une université populaire du libre, UPLOAD représente désormais pour nous une Université Populaire Libre, Ouverte, Autonome et Décentralisée. Ici le libre n’est plus une fin en soi (ce que l’on apprend) mais bien une manière de partager les connaissances.

Carte "UPLOAD" Cette Université Populaire Libre, Ouverte, Autonome et Décentralisée commence à germer dans nos travaux. Elle est préfigurée par un podcast et des « librecours ». UPLOAD doit encore grandir en s’inspirant des mouvements de l’éducation populaire avant de trouver sa forme.

Ces derniers mois, les membres de Framasoft ont exploré différentes manières d’envisager UPLOAD. Parce que trouver un nom qui claque, c’est bien, mettre quelque chose derrière, c’est mieux ! Est-ce que c’est une plateforme où l’on peut partager des connaissances ? Une série d’outils pour aider des groupes locaux à organiser des temps d’éducation populaire ? Une série de parcours pédagogiques où l’on accompagne les personnes qui s’y engagent…?

La question n’est pas tranchée, et la réponse dépendra beaucoup des personnes, collectifs et initiatives que nous rencontrerons dans nos explorations, des besoins que nous percevrons et de l’utilité que Framasoft pourrait avoir ici ou là (sans forcément réinventer la roue, car des personnes ont déjà montré la voie et construit des ressources).

En attendant, quelques-unes de nos expérimentations préfigurent cette université populaire : qu’il s’agisse du MOOC CHATONS, des Librecours ou du podcast UPLOAD, toutes illustrent notre envie de partager le savoir, et la capacitation qui va avec l’acquisition de connaissances.

illustration CC-By David Revoy (sources)

Découvrez tout ce qu’est Frama !

Voilà qui conclut le focus de cette semaine. Vous pourrez retrouver tous les articles de cette série en cliquant sur ce lien.

Sur la page Soutenir Framasoft, vous pourrez découvrir un magnifique jeu de cartes représentant tout ce que Framasoft a fait ces derniers mois. Vous pourrez ainsi donner des couleurs à l’ensemble des activités que vous financez lorsque vous nous faites un don. Nous espérons que ces beaux visuels (merci à David Revoy !) vous donneront envie de partager la page Soutenir Framasoft tout autour de vous !

En effet, le budget de Framasoft est financé quasi-intégralement par vos dons (pour rappel, un don à Framasoft de 100 € ne vous coûtera que 34 € après défiscalisation). Comme chaque année, si ce que nous faisons vous plaît et si vous le pouvez, merci de soutenir Framasoft.

Frama, c'est pas que Framindmap ! C'est aussi des conférences, livres, articles blog... Bref, tout un travail pour partager savoirs et expérience ! Nos actions sont financées par vos dons, alors découvrez l'ensemble du travail de Framasoft sur Soutenir Framasoft
Cliquez pour découvrir toutes les cartes et soutenir Framasoft

Pour aller plus loin :




Quand le militantisme déconne : injonctions, pureté militante, attaques… (8/8)

La question compliquée et parfois houleuse du militantisme nous intéresse depuis longtemps à Framasoft, aussi avons-nous demandé à Viciss de Hacking Social, de s’atteler à la tâche.

Voici déjà le huitième et dernier segment [si vous avez raté les épisodes précédents] de son intéressante contribution, dans lequel elle propose à titre de conclusion une série de pistes plutôt positives à suivre pour sortir de la spirale négative du militantisme déconnant.

Nous avons publié un chapitre de son travail chaque vendredi à 13:37 sur le Framablog, mais si vous préférez, vous pouvez télécharger l’essai intégral de Viciss qui comprend une bibliographie revue et augmentée :

Quand le militantisme déconne, format .pdf (5,6 Mo)

Toutes les sources sont sous licence Creative Commons CC-BY-SA et disponibles sur ce dépôt.

D’autres voies pour trouver d’autres façons de faire

Je me suis beaucoup appuyée sur la théorie de l’autodétermination pour analyser et extirper des solutions alternatives au militantisme déconnant, mais c’est juste une perspective parmi d’autres qui pourraient être tout aussi bonnes ; ce n’est pas « la » chose à faire ni « la » perspective qu’il faudrait avoir, bien au contraire. Je l’ai choisie juste parce que je la trouve à la fois suffisamment précise pour entrer dans le détail, et suffisamment libertaire pour que chacun puisse réfléchir à partir de lui-même et non selon ses « règles ». Bref, ce n’est pas une théorie qui ordonne, mais qui laisse le maximum de possibilités et essaye de donner des pistes d’extension à celles-ci, c’est pour cela que j’aime la partager. Mais tout est bon pour trouver d’autres sources d’inspiration.

Rétro-ingénierie du kiff

On pourrait trouver quantité de solutions, d’alternatives, de façons de faire, en analysant dans le détail tout ce qu’on adore, tout ce qui nous a motivés, dans ce qu’on a trouvé de merveilleux et de mémorable. Il s’agit de faire de la rétro-ingénierie du kiff pour tenter de le reproduire un jour au travers de nos activités. Un peu comme le travail de recherche des game-designers lorsqu’ils cherchent les mécaniques qu’ils voudront reproduire dans leur jeu : les conseils de la dev du dimanche sont excellents à ce sujet, et perso je pense qu’on peut les transposer tout à fait à des domaines qui ne sont pas de l’ordre du jeu, si on cherche à créer quelque chose qui générera une expérience motivante :

Journal de bord EP 02 - Coucou, tu veux voir mon pitch ?
Journal de bord EP 02 – Coucou, tu veux voir mon pitch ? Voir sur Youtube

J’ai aussi énormément aimé les méthodes et les façons de penser que j’ai trouvées dans « l’art du game design » de Jesse Shell, « Rules of play » de Katie Salen, et globalement le champ du game-design me fascine parce qu’il nous apprend comment construire une structure – un jeu – qui va motiver au maximum autrui, lui faire vivre des expériences mémorables ou des moments sociaux uniques en leur genre.

Rétro-ingénierie de l’adversaire et bidouillage

L’adversaire, surtout si sa création domine, a réussi un truc. Le problème qu’on peut avoir avec lui c’est que sa création génère de la souffrance, de l’injustice, et/ou sert uniquement des intérêts personnels. Cependant, sa manière de faire a eu une puissance d’influence qu’on peut décortiquer et qu’on peut transformer de façon beaucoup plus profitable. Par exemple, bien que je sois assez anti-pub, je sais que lire les publicitaires à travers leurs manuels a été très utile : par exemple, si je veux retenir quelque chose par cœur, j’emploierais les méthodes qu’ils utilisent pour que le consommateur mémorise un message. On peut faire des lectures, des analyses de l’adversaire et déjà commencer à hacker et transformer ses méthodes. Par exemple, je suis très critique du nudge (manipulation des comportements via le design de l’environnement), d’autant que le nudge est souvent utilisée sous une idéologie néo-libérale, mais je le trouve aussi fun et super intéressant ; récemment un doctorant m’a montré son étude1 où il avait hacké le nudge pour en supprimer l’aspect manipulateur et lui substituer à la place de l’autodétermination. Les résultats ont bien été là, c’était jubilatoire. Tout est transformable, hackable et la bonne nouvelle c’est que ce mécanisme de hack et de transformation est ultra fun à vivre lorsqu’on l’opère, mais aussi lorsqu’on y assiste en tant que spectateur, cela nous libère totalement de la colère, de l’énervement, de l’impuissance, et à la place on trouve du fun et de l’empuissantement.

Tout plaquer pour créer

On peut totalement laisser tomber certaines formes de militance (interpersonnelles) pour se consacrer à créer/œuvrer et cela ne fera pas de nous un moins « bon » militant. On peut se donner pour but de créer de meilleurs environnements sociaux (être ce super collègue, ce pote à qui on peut se confier, ce soutien en qui on a confiance…) ; on peut créer ou aider à créer des trucs et bidules ou évènements funs ; on peut être ce mentor qui apprend tout autant qu’il soutient ; on peut être ce spectateur, ce blogueur, ce journaliste qui voit et repère ce truc qui change la face du monde si on le fait connaître. Résister, c’est créer2 ; et créer c’est changer le monde.

Je sais qu’il y a une espèce de bataille de chapelle militante entre ceux qui pensent que seule la confrontation va amener du changement, et ceux qui veulent incarner/créer le changement dès à présent, accusant l’un l’autre de pas avoir la bonne stratégie (on accuse celui qui crée d’être lâche et de ne pas faire front à l’ennemi ; on accuse celui qui se confronte à l’adversaire d’être violent et de ne pas créer le monde qu’il voudrait voir apparaître), mais en fait tout ceci se superpose, se croise, interagit et il n’y a pas à se complexer de ne pas être en confrontation ou de n’être qu’en confrontation (ou de le reprocher aux autres) : au final, c’est l’interaction en système (parfois invisible) qui est productrice de transformation et changement positifs dans la société, sur le long terme.

Tout empuissanter, y compris sur la base de conflits

Ça se confronte entre alliés, envers les spectateurs, dans le mouvement, il y a donc à trouver des façons de gérer les conflits. Et il y aurait besoin d’un mode qui permette de régler les problèmes en interne sans qu’il y ait par la suite des décennies de ressentiments de la part des uns et des autres, prêts à exploser au moindre faux pas. Il y aurait aussi besoin d’une façon de régler les conflits qui ne soit pas autoritaire, car généralement les mouvements militants (excepté fascistes, d’extrême-droite) n’aiment pas trop la justice punitive. Et l’idéal serait évidemment que cette résolution de conflits soit productrice d’empuissantement et d’autodétermination.

Bonne nouvelle, des militants ont déjà bossé dessus et ont déjà établi des tas de protocoles extrêmement empuissantants permettant de gérer les conflits efficacement, au bénéfice de toute le monde, permettant en plus de prévenir d’autres problèmes : c’est la justice transformatrice. Je vous laisse consulter toutes ces ressources ici :

  • transform harm (transformharm.org/), tout particulièrement les sections « curriculum » de chaque thème (restorative justice, healing justice, etc.) sont emplies de programmes, d’outils très intéressants.
  • Les outils de Creative interventions.
  • Le processus de responsabilisation : un outil absolument génial quelle que soit sa position ou son rôle dans le conflit, qu’on ait été cible d’un comportement qui nous a été pénible ou cause de cette pénibilité, voire témoin du problème, ou auteur de l’offense. Je trouve vraiment que c’est un outil qui permet de décider en toute autodétermination ce qu’on souhaite pour la suite, ce qui pourrait rétablir des liens de confiance, ce qui permettrait de réparer la situation. Vous trouverez les ressources en anglais ici (je l’ai traduit ici également).

D’autres ressources

J’ai été loin d’être exhaustive dans ce dossier, on aurait pu parler de long en large du conformisme et de son pourquoi, davantage de la réactance, des dynamiques narcissiques qui peuvent aussi poser problème dans la militance (il n’y a généralement pas d’argent à gagner dans ces milieux, mais ça peut attirer des profils en quête de notoriété, de personnes voulant se démarquer et dont l’attitude peut s’opposer au travail collectif), et j’aurais pu aussi parler de ce qui y a au cœur des mécaniques militantes fascistes en parlant de l’autoritaire, du dominateur, etc. Donc, voici d’autres sources potentiellement inspiratrices pour un militantisme qui affronterait l’adversaire et augmenterait la cohésion avec les spectateurs et alliés, en créant, en gueulant, en se posant, en jouant et j’en passe ; ces ressources ne sont pas exhaustives non plus3, il y en a certainement des milliers d’autres.

Dans l’histoire ou la philosophie, témoignages, stratégies et paradigmes de désobéissance :

  1. Magda et André Trocmé, Figures de résistance, texteschoisis par Pierre Boismorand, Cerf, 2008.
  2. Semelin Jacques et Mellon Christian, La non-violence, PUF, 1994.
  3. Semelin Jacques, Sans armes face à Hitler, Les arènes, 1998.
  4. James Haskins et Rosa Parks, Mon histoire, Libertalia 2018.
  5. La Boétie, Discours sur la servitude volontaire, Bossard, 1922 (première édition, 1578) Voir Wikipédia.
  6. Michel Terestchenko, Un si fragile vernis d’humanité, Banalité du mal, banalité du bien, La découverte, 2005.
  7. Samuel P. Oliner, Pearl M. Oliner, The altruistic personnality, rescuers of jews in Nazi Europe, Macmillan USA, 1988 (on en a fait un résumé ici.
  8. Frédéric Gros, Désobéir, Albin Michel, 2017.

Autour du numérique :

  1. Edward Snowden, Mémoires Vives, Seuil, 2019.
  2. Amaëlle Guitton, Hacker : au cœur de la résistance numérique, Au diable Vauvert, 2013.
  3. Nicolas Danet et Frederic Bardeau, Anonymous. Pirates informatiques ou altermondialistes numériques ?, FYP Édtions 2011.
  4. Steven Levy, L’éthique des hackers, Globe, 2013.
  5. Pekka Himanen, L’éthique hacker, Exils, 2001.

De l’activisme :

  1. Srdja Popovic, Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit, et sans armes, Payot, 2015.
  2. Automone A.F.R.I.K.A. Gruppe, Luther Blisset, Sonja Brünzels, Manuel de communication-guérilla, Éditions Zones, disponible en libre accès.
  3. Andrew Boyd et Dave Ashald Mitchell, Joyeux bordel, tactiques et principes et théories pour faire la révolution, Les Liens qui libèrent, 2015 (qui est en fait une partie traduite des tactiques qu’on trouve à libre disposition ici ; le livre en anglais est aussi disponible librement ici, ils en ont même fait un jeu à destinations des militants pour s’aider à construire des actions, par ici.
L’activisme façon Yes men
L’activisme façon Yes men. Voir cette vidéo et celle-ci.


  1. Toussard (2020).
  2. Citation de Stéphane Hessel.
  3. Non pas parce que je suis de mauvaise volonté ou que je censurerais des ouvrages, mais simplement parce que je suis juste une personne qui n’a qu’une poignée d’heures par jour à disposition, donc je ne peux pas tout lire, tout étudier. Je précise cela parce que j’ai déjà eu des militants me reprochant de ne pas citer untel ou untelle.
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