Framakey : perspectives 2009

Framakey - Nojhan - Licence Art LibreL’hôte principal de ce blog, perdu quelque part entre la Grande-Bretagne et le maquis d’Hadopi, m’a demandé de venir vous faire un petit point sur les perspectives du projet Framakey sur les prochains mois (ça sortira quand ça sortira inside).
Te voici donc, ami lecteur, devant un article plus centripète que centrifuge et avouons le sans fard, plus geek que de coutume, dont l’idée est un peu de vous dire où en est la Framakey et où elle va[1].

Historique et bilan

Mais avant de commencer, rappelons en deux mots ce qu’est la Framakey.

D’habitude, sous Windows, lorsqu’on télécharge un logiciel, il faut l’installer (mais si, on l’a tous fait un jour : cliquer sur Setup, puis Suivant, J’accepte, puis Suivant 4 fois, puis revenir en arrière pour décocher la case installer la super toolbar de-la-mort-qui-tue, puis Suivant 3 fois, et enfin le bouton Installer). Ce logiciel s’installe alors le plus souvent dans le dossier C:\Windows\Program Files\LeLogiciel mais il s’éparpille aussi souvent un peu en mettant des données dans le dossier Documents and Settings, voire dans la base de registre (une base de données propre[2] à Windows conservant les paramètres de nombreux logiciels. Or, cet éparpillement est souvent inutile, et peut ralentir Windows, qui n’a vraiment pas besoin de ça pour se trainer.

Maintenant, imaginez que vous téléchargiez le même logiciel, dans un bête fichier zip. Vous dézippez où cela vous plait, vous lancez le logiciel, et… il fonctionne! Pas d’installation, pas de Suivantx12, pas de trucs qui trainent à droite ou à gauche, pas besoin de la base de registre. Tout est dans le dossier qui a été dézippé, je vous dis.
Allons plus loin : puisque le logiciel fonctionne en vase clos, alors on peut l’utiliser depuis n’importe quel dossier. Le bureau Windows. Le dossier Mes Documents. Une clé USB. Un baladeur MP3. La carte mémoire d’un appareil photo. Un lecteur réseau. etc.

C’est ce qu’on appelle un logiciel portable. Si je met les versions portables de Firefox et d’OpenOffice.org sur une clé USB, que je met la clé USB dans ma poche et que je vais au cybercafé du coin où chez ma cousine en Irlande, il suffit que je branche ma clé USB, et je retrouverai mon Firefox (marque-pages, historique et surtout extensions compris) et mon OpenOffice.org (en français, avec mon dico perso et tout et tout). Le tout exécuté depuis la clé, sans rien copier ou installer sur la machine de ma cousine ou du cybercafé (ça marche même en Chine, c’est vous dire).

Ce concept d’applications portables a toujours existé (sous Windows comme sous GNU/Linux), mais sous Windows il s’est perdu en route ces dernières années, quand Microsoft a demandé aux développeurs de ranger les paramètres de leurs applications au même endroit[3]. Il a été remis au goût du jour il y a quelques années par un américain, John Haller, qui a depuis créé le site portableApps.com.

Et la Framakey, dans tout ça ? me demandez-vous, prêt à quitter cette page (alors qu’en réalité, je teste votre résistance au syndrome Google)

La Framakey est tout simplement la première[4] initiative de démocratisation de ce concept d’applications portables pour le grand public, en proposant en un seul téléchargement d’installer facilement sur votre clé plusieurs applications portables, le tout enrobé dans une belle interface que même Tata Jeannine arriverait à utiliser.

Sortie l’été 2005, le projet a maintenant plus de 3 ans. Étant un projet 100% libre, il a connu de très nombreuses déclinaisons, puisque comme tout projet libre, chacun est encouragé à l’adapter a ses besoins. Ainsi, on a retrouvé la Framakey (ou des forks) en langue arabe[5], diffusée à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires auprès de lycéens parisiens, auprès d’enseignants, dans des écoles primaires, en entreprise, etc. Il paraitrait même qu’un gros-industriel-plein-de-sous vend dans toutes les bonnes crèmeries une version à peine modifiée (et obsolète) de la Framakey, mais ça ne doit pas être vrai, sinon ils auraient accepté notre proposition (gracieuse) de mise à jour, ou alors ils nous auraient fait un petit don, non ?[6]… Aujourd’hui, nous estimons le nombre de Framakey diffusé à plus de trois millions d’exemplaires. Pas mal pour un projet libre.

La Framakey c’est aussi une bien belle communauté, et en tant que mainteneur du projet depuis sa création, j’en profite ici pour remercier chaleureusement tous ceux qui nous ont apporté leur aide tout au long de cette aventure et sans qui, ce n’est pas une formule, rien n’aurait été possible. C’est aussi la preuve de la force du libre, sur le plan technique (pouvoir intégrer et remixer d’autres projets libres) comme sur le plan humain (non seulement au sein de la communauté Framakey, mais aussi des échanges permanents inter-communautés avec les communautés logicielles ou celles de portableApps, de Framasoft, Dogmazic, InLibroVeritas, etc).

La Framakey évolue lentement, il faut le reconnaitre, avec une à deux versions majeures par an. Et même si techniquement, des projets comme la Liberkey (malheureusement non libre) lui sont supérieurs, j’expliquais d’ailleurs il y a peu pourquoi nous continuons à faire évoluer la Framakey face à cette stimulante concurrence.

C’est pourquoi nous avons pensé qu’il pourrait être utile de donner quelques indications sur les actions envisagées en 2009.

Les projets en cours

La Framakey 1.9

D’abord, la branche 1.x verra apparaître une nouvelle version.

  • Mise à jour de la plupart des applications, notamment OpenOffice.org en version 3.0.1
  • Nouvelle interface pour le Kiosk, basée sur jQuery
  • Modification de certains lanceurs pour une meilleure compatibilité avec Vista.
  • Ajout de quelques applications portables

http://framakey.org/Pack/PackFull1900

En dehors de l’interface (qui devrait furieusement vous rappeler quelque chose), il s’agit surtout de bénéficier d’une clé avec toutes les applications à jour. Par contre, côté développement, pas mal de travaux ont été effectués pour permettre une personnalisation plus aisée. En effet, nous pensons comme le rapportait l’infatigable et inénarrable Tristan N. qu’il faut aller (retourner ?) vers un monde de bricoleurs. Cela n’empêchera pas de livrer une Framakey aussi aboutie techniquement que graphiquement pour l’utilisateur final, mais cet utilisateur aura en plus la possibilité de bricoler le projet en fonction de ses besoins, un peu comme l’acheteur d’une voiture devrait pouvoir bricoler son véhicule comme il le souhaite (pour peu qu’il en ait l’envie). Bricoler sa Framakey a toujours été possible, puisqu’elle repose sur des technologies et des standards ouverts (Firefox + HTML/JS/CSS), mais pas forcément très simple d’accès. La version 1.9 est une version de transition qui apportera un peu plus de souplesse de ce côté là.

  • Avancement : 90%
  • Ce qu’il reste à faire : voir ici
  • Date de release estimée : 4 mars 2009 13:04:12 (au moins, on ne pourra pas me reprocher d’être précis !)

Les Framakey « Spécial Edition »

Il s’agit de versions destinées à des publics particuliers ou répondant à des « univers fonctionnels » précis.

Framakey LaTeX

La Framakey LaTeX Edition a été créée pour accompagner le Framabook « Tout… sur LaTeX » de Vincent Lozano. Il s’agit d’une version largement basée (avec l’autorisation de l’auteur !) sur l’excellente USBTeX de Nicolas Poulain, à laquelle ont été ajoutée des outils pour en faciliter l’utilisation, et des logiciels libres permettant de travailler sur l’ensemble de la chaine de publication.
Il nous faut donc la mettre à jour, et corriger quelque petits bugs.

  • Date de release estimée : RMLL 2009 (Juillet)
Framakey Education

Framasoft est historiquement lié au milieu de l’éducation nationale (que les profs, instits et autres personnels de l’EN lèvent le doigt. Vous voyez ? Vous êtes nombreux !).
La première adaptation de la Framakey a d’ailleurs été le projet « Clef en main » coéditée par le CRDP de Paris et Mostick. Depuis, la Framakey a inspiré de nombreux autres projets : dans le primaire, au collège/lycée, à l’université, pour les IUFM, etc. Voir des logiciels libres à portée de mains d’élèves[7] nous ravi et nous motive.

Il est aussi régulièrement question de travailler avec l’association de profs de maths SESAMATH qui sont autant des amis qu’une source d’inspiration. Le projet est pour l’instant en stand-by, mais nous ne désespérons pas d’avancer dans les mois qui viennent. De plus, laclasse et cyrille, deux gentils membres de la communauté Framakey, se sont donnés bien du mal pour portabiliser des logiciels éducatifs que vous retrouverez très bientôt sur le portail Framakey.

  • Date de release estimée : fin 2009
La Framakey Jeux

Il y a une demande. On sait le faire. On peut le faire. Alors on le fera 🙂

  • Date de release estimée : RMLL 2009 (Juillet)
La Framakey Handicap

Pour rencontrer régulièrement des personnes traitant du handicap et de l’accessibilité face aux logiciels (libre ou pas), nous avons décidé d’intégrer cette problématique de façon transversale en 2008 en ajoutant différents logiciels libres à tous les packs Framakey (comme une loupe ou un lecteur d’écran). Après en avoir discuté avec des professionnels du métier, nous pensons pouvoir travailler avec eux pour les aider à concevoir le contenu d’une clé spécifique.

  • Date de release estimée : 2009 (Stéphanie, si tu me lis…)
La FramaGNU

Wstryder - CC byAhhhhh. Si Framasoft avait touché 1€ à chaque fois qu’on nous posait la question « La Framakey, elle marche sous linux ? », nous n’aurions même pas besoin de lancer (très bientôt) une campagne de soutien à Framasoft !

Jusqu’ici la réponse était « La Framakey fonctionne avec Wine. On peut aussi y faire tourner des distributions légères comme SLAX ou ToutouLinux en émulation. Mais on ne fera probablement jamais de clé bootable, car 1) ça prends beaucoup de place 2) les applications sur la Framakey sont déjà presque toutes présentes dans n’importe quelle distrib, et 3) booter sur une clé, Tata Jeannine elle va galérer comme une maman ourse. »

Mais il n’y a que les imbéciles (et les développeurs JSP) qui ne changent pas d’avis, et comme on n’a pas envie d’en faire partie, on va faire un peu de teasing :

  • Oui, il y aura bientôt une Framakey incluant un système GNU/Linux bootable.
  • Oui, ce système aura un disque persistant (= les documents et les applications ajoutés sous Linux resteront sur la clé, contrairement aux LiveCD/LiveUSB)
  • Oui, il y aura des liaisons entre les deux systèmes (= je suis avec portableThunderbird sous Windows, je relève mes mails. Je reboote sous Linux, j’ouvre Thunderbird, je retrouve ces mêmes mails).
  • Oui, a priori ce système sera… Ubuntu

Houla, j’en vois qui s’énervent déjà à lire le dernier point : « Encore du Ubuntu ! Pourquoi pas (Mandriva\Fedora\Hurd.*) ? » toussatoussa.

D’abord, rappelons que Framasoft – et donc la Framakey – vise le plus large public et que, sans aucunement préjuger de qualité techniques d’une distrib, l’expérience (tout a fait subjective, mais tout à fait assumée) nous a montré que des utilisateurs comme Tata Jeannine avaient de meilleurs retours sur la communauté Ubuntu-fr qu’ailleurs.

Ensuite, rappelons que la Framakey est volontairement hackable by design et 100% libre, donc aide toi et le GNU/RTFM t’aidera.

De plus, nous avons d’excellentes relations avec la communauté Ubuntu-fr, qu’on a connu à l’époque où ils étaient, oh pas plus haut que ça, alors que maintenant même le géant vert à l’air d’un nain à côté d’eux (il n’y a bien que Chuck Norris qui puisse encore leur faire de l’ombre). Je vous avais prévenu, c’est subjectif comme point de vue.

Enfin, pour ceux qui répondraient qu’on entretient un système, blablabla, je répondrai qu’on a déjà commencé à travailler sur un outil qui permettrait de choisir sa distribution avant l’installation. Un mix entre UnetBootin (pour le choix des ditribs) et Fedora LUC pour la possibilité de créer un disque persistant. Elle est pas belle la vie[8] ?

  • Avancement : une version alpha de chez alpha, disponible pour les windowsiens existe déjà, mais c’est tellement alpha que je n’ose vous livrer de lien[9]

Date de release estimée : RMLL 2009 (Juillet) (dépendra en partie de la communauté Ubuntu-fr. C’est pas parce que ce sont des amis qu’on ne va pas leur mettre la pression 😛 )

Le retour de la version Light

On nous a souvent reproché le fait d’avoir abandonné la version Light (pour les clés de 256Mo). C’était tout simplement trop lourd de maintenir 2 packages. Grâce aux outils dont je vous parlais plus haut, développés pour la Framakey 1.9, la version light fera son retour. N’espérez pas y trouver OpenOffice.org, celui-ci a pris beaucoup d’embonpoint, et son transfert sur clé peut prendre plusieurs heures sur des clés de mauvaises qualité.

  • Date de release estimée : fin mars 2009.

La Framakey Megapack

Tata Jeannine, quand elle achète un ordinateur, elle a de fortes probabilités de se retrouver avec du Windows inside (c’est le problème de la vente liée, mais je préfère ne pas l’évoquer aujourd’hui, sous peine de cumuler ça à l’exaspération générée par Hadopi). En plus, elle a plein de logiciels, dont la plupart lui diront au bout de trente jours qu’elle doit leur donner son numéro de carte bleue, sinon, ils se mettront en grève.

Par contre, elle n’a aucun logiciel libre. Alors que pour pas un rond, ils feraient tout aussi bien le travail et, accessoirement mais pas trop, lui redonnerait une prise directe et citoyenne sur sa vie numérique.
Alors, si Tata elle téléchargeait la Framakey Megapack, en 3 clics et le temps d’un épisode de Derrick, elle se retrouverait avec 60 applications libres sur son disque dur, le menu Démarrer qui va bien et tout et tout. Et même, on lui expliquerait en quoi Firefox (yeepa !) c’est plus mieux qu’Internet Explorer (bweark !), le tout avec un peu de musique libre pour bercer ces oreilles.

  • Date de release estimée : RMLL 2009 (Juillet)

D’autres éditions en perpective

Tout est possible, mais le temps n’étant pas extensible, voilà déjà un planning bien chargé. Évidemment, les idées sont les bienvenues…

Les « Framakey webapps »

Framakey - Harrypopof - Licence Art LibreDe plus en plus d’applications qu’on utilise sont des applications web. D’ailleurs, je ne vous ai pas dit que Tata Jeannine utilisait (l’excellent) Dotclear pour raconter la vie de Puffy, son caniche nain ?
Le souci, c’est que les applications web, on aime bien les tester avant, et que c’est souvent compliqué de mettre en place un système Apache/PHP/MySQL, puis d’y installer l’appli en configurant la base et tout et tout.

Alors l’idée serait donc de proposer des applis web portables pour Windows. Par exemple : PortableDotclear.zip, je dézippe, je lance PortableDotclear.exe, et hop, me voilà avec un dotclear directement utilisable.
Portable(Drupal|wordpress|joomla|mediawiki|dokuwiki|alfresco|sugarCRM|.*), c’est possible !

D’ailleurs, Bitnami le propose déjà. Mais 1) c’est pas 100% libre, et 2) ça n’est pas portable (installation de services windows).

Éventuellement, imaginez-le couplé avec Mozilla Prism, et ça peut donner un truc vraiment sympa, non ? (Évidemment, dans les endroits hyper-connectés, l’intérêt peut être limité, mais puisqu’on veut mettre vos sites sur liste blanche…)

  • Avancement : 30%
  • Dates de release estimée : 5 à 6 paquets pour les RMLL 2009 (Juillet)

Les projets à venir

La Framakey Mac

Évidemment, il n’y a pas que Windows dans la vie, il y a Mac aussi[10].
« Et pourquoi pas une Framakey pour les Mac ? »
Il y a une demande. On sait le faire. Mais on ne peut pas le faire…

C’est tout bête, mais on n’a pas de Mac, chez Framasoft (notez qu’on m’en a prêté un, une fois, j’ai trouvé que ça ressemblait furieusement à une Fedora[11]). L’appel au don[12] est ouvert. Par contre, c’est pas pour faire mon difficile, mais s’il pouvait être 1) récent et 2) portable ou mini, ça m’arrangerait pour préserver la paix de mon ménage qui commence à trouver que le bureau ressemble furieusement à la salle des machines de Star Treck IV.

  • Date de release estimée : pas de Mac, pas de Framakey Mac.

La Framakey 2

Ah, la Framakey 2, alias Winaptic, alias « ça sortira… un jour… peut être »… Tous les libristes m’ayant croisé ces 3 dernières années ont dû repartir avec un bon mal de crâne, tellement je les ai saoulé avec ce projet (les Kazé, Paul, Sonny, et j’en passe). Le principe, c’est tout simplement un Synaptic pour Windows. Avec pour système de paquets, le … .zip (volontairement, on ne gère pas de dépendances, tout étant dans le zip). Là encore, un des problèmes de Tata Jeannine, c’est qu’elle n’a jamais entendu parler de Firefox (la pauvre) ou d’Audacity, ou d’InfraRecorder. Pourtant, ça lui serait bien utile.
Elle télécharge donc la Framakey 2 (10Mo) sur son disque dur (interne ou externe) ou sa clé USB, l’exécute et là on lui demande de quoi elle a besoin. « Un navigateur web ? Mais bien sûr qu’on a cela, je vous propose de télécharger Firefox en cochant la case à côté. Ah, et un logiciel pour enregistrer vos vinyls ? bien entendu, cochez donc Audacity. Ca sera tout ? Bien. Tant que vous êtes là, je vous signale que l’application CoolPlayer que vous aviez téléchargée existe dans une version plus récente. Souhaitez vous la mettre à jour ? Parfait. Maintenant, cliquez donc sur Télécharger et installer et allez donc regarder la fin de Derrick pendant que je travaille. »

Bref, une Framakey sur mesure.

Dans mes rêves les plus fous, elle était faite en XUL, la technologie qui motorise Firefox. D’ailleurs, entre télécharger une extension et une application, il n’y a qu’un pas…(je laisse les développeurs XUL méditer cette phrase). Mais mes rêves les plus fous… Enfin bref, une version alpha est disponible depuis plusieurs mois. Mais elle est boguée et pas très à jour… Elle repose sur aSuite pour le lanceur, et AppSnap pour le gestionnaire d’applications, avec une glue maison pour faire tourner tout ça. Grâce à Mouss (de la communauté Framakey), on a pu faire le gros des adaptations nécessaires, mais il reste encore pas mal de bugs…

Vous pouvez d’ailleurs en voir une ancienne vidéo (ça commence en gros à la moitié) :

—> La vidéo au format webm

  • Avancement : 50%
  • Date de release estimée : 2009 si tout va bien… et on ne rigole pas au fond de la salle…

Pendant ce temps là, à Vera Cruz

La roadmap serait incomplète sans parler :

  • du portail d’applications portables, qu’il faut maintenir à jour (sans parler des nouvelles applications qui y seront ajoutées sous peu),
  • du rapprochement en cours avec la communauté PortableApps.com (même si je suis critique sur leur système de packaging et description d’applications, ils sont infiniment plus gros que Framakey, et nous avons donc tout intérêt à coller à leurs normes),
  • du site web Framakey, qui sera probablement refondu dans l’année,
  • du projet, récurrent, de monter une petite boutique en ligne où vous pourriez acheter des clés de qualité à prix modique, avec la Framakey de votre choix préchargée (donc, plus la peine d’enchainer Les feux de l’amour, Derrick et Arabesque, que tous les fichiers soient copiés).

Voilà, c’était un rapide (!) tour d’horizon de « où en est Framakey, et où va-t-elle ? ». Félicitations à ceux qui auront réussi à lire jusqu’ici !
Si vous le souhaitez, et si l’hôte de ce blog en est d’accord, je reviendrais régulièrement vous donner des nouvelles de l’avancement de ces différents projets.
A moins que ça ne soit pour vous parler du FramaDVD… Mais chut, je ne vous en dis pas plus…

Marius - CC by-sa

Notes

[1] Crédits photos et illustrations : 1. Nojhan (Licence Art Libre) – 2. Capture écran Framakey 1.9 par Pyg (Creative Commons By) – 3. Wstryder (Creative Commons By) – 4. Harrypopof (Licence Art Libre) – 5. Marius (Creative Commons By-Sa)

[2] Enfin, propre, propre, c’est une façon de parler.

[3] Notez que l’idée n’est pas mauvaise en tant que telle, mais elle n’est pas toujours pertinente.

[4] Au niveau mondial, je pense bien, jusqu’à ce qu’on m’indique le contraire.

[5] Imaginez ma surprise l’été dernier quand, rencontrant un ami d’ami de nationalité libanaise, il me vanta les mérites de sa clé pleine de logiciels et qu’au lancement je découvris.. un clone de la Framakey !

[6] Attention : de l’ironie un peu agacée se cache dans cette phrase, sauras-tu la retrouver ?

[7] Certes, le journalistes fait de nombreux amalgames et contre-sens, mais pour nous l’essentiel est bien que les élèves puissent avoir librement accès à Firefox, OpenOffice.org, et bien d’autres…

[8] Attention : un presque titre de série se cache dans ce titre, sauras-tu le retrouver ?

[9] Attention : un mensonge éhonté se cache dans la phrase précédente, sauras-tu le retrouver ?

[10] Attention : un troll se cache dans cette phrase, sauras-tu le retrouver ?

[11] Attention : une vérité profonde se cache dans cette phrase, sauras-tu la retrouver ?

[12] Financier, ou carrément de machine si vous êtes sur Lyon.




Logiciels libres et éducation : la BBC s’y met aussi

Amerune - CC byRestons en Angleterre pour évoquer l’ouverture d’un récent et prometteur projet de la BBC autour du logiciel libre et de l’éducation : le BBC Learning Open Lab (dont nous avons traduit la présentation ci-dessous). On notera qu’ils préfèrent utiliser le terme « Open Source », ce qui leur permet alors d’englober sous ce vocable non seulement les logiciels mais tout ce qui va « autour » : technologies, formats, licences et contenus.

Ils ont raison de faire ces associations. Et j’aurais presque envie d’y ajouter les pratiques voire même la culture commune.

Or c’est notamment là que pour le moment « ça coince un peu » chez nous en France. Si l’influence disproportionnée d’un Microsoft n’avait pour conséquence que de retarder le déploiement de l’alternative libre qu’est OpenOffice.org, ce serait certes contrariant (perte de temps, d’énergie…) mais ce serait non critique. Après tout il ne s’agit que de remplacer un outil par un autre, fut-il libre.

Si par contre cela aboutissait à ce que le modèle et les mentalités « propriétaires » perdurent ou pire se renforcent (comme on peut le voir actuellement sur le site Educnet qui a décidé de ne pas modifier ses édifiantes présentations) alors là oui, effectivement, cela pourrait devenir à la longue plus problématique[1].

Je résume rapidement le petit tour britannique réalisé par le Framablog au cours de ces derniers mois. L’école se bouge avec le Becta qui est capable de pondre un rapport lucide sur Vista et MS Office, d’engager des discussions sur les formats bureautiques (en face à face avec Microsoft) et les formats associés aux tableaux numériques, et de créer un site ambitieux d’enseignants autour du Libre. Ajoutez-y donc également aujourd’hui la BBC et le politique qui pointe le bout de son nez, et vous obtenez le portrait d’un pays en mouvement qui semble se poser les bonnes questions et agir en conséquence.

Je ne désespère pas de vous parler d’une contrée plus proche la prochaine fois…

À propos du BBC Learning – Open Lab

About BBC Learning – Open Lab

(Traduction Framalang : Don Rico)

Le BBC Learning – Open Lab est le fruit d’une collaboration entre BBC Learning, BBC Future Media and Technology et BBC Backstage.

Le terme « Open Source » (OS) désigne la technologie, les logiciels et le contenu que tout un chacun est libre d’utiliser, adapter, améliorer et redistribuer librement. La licence appliquée à l’Open Source est différente de celle qui s’applique au « logiciel propriétaire ». Le logiciel propriétaire est toujours accompagné d’un accord de licence qui en restreint l’utilisation et interdit de le modifier, de le copier et de le distribuer gratuitement.

Le BBC Open Lab est un espace où vous pouvez vous créer un réseau et collaborer avec d’autres utilisateurs en mesure de vous faire profiter de leurs compétences et de vous aider dans un domaine que vous connaissez peut-être mal. Utilisez ce site pour accéder aux derniers matériaux Open Source mis à disposition par la BBC, visionner des projets modèles, partager des idées et des informations concernant l’Open Source, lire des billets de blogs publiés régulièrement, obtenir aide et conseils. Vous êtes enseignant, vous avez trouvé un outil en ligne qui ne correspond pas tout à fait à vos attentes ? Postez un commentaire sur Open Lab afin de partager vos idées de modifications et d’améliorations, et voyez si la communauté peut vous aider.

Travaillant en partenariat avec BBC Backstage, notre but est de soutenir l’engagement de la BBC envers l’ouverture et de…

  • Soutenir le développement de code, d’applications et de projets libres d’utilisation et axés sur l’éducation.
  • Encourager les enseignants, les développeurs et les étudiants à innover grâce à la création et à la distribution d’outils et de contenus ouverts.
  • Faciliter la communication intersectorielle depuis le primaire jusqu’à l’enseignement supérieur, en encourageant la transmission du savoir et la culture de pratiques et de réflexions novatrices.
  • Contribuer à l’essor de l’Open Source au Royaume-Uni.
  • Fournir des ressources pédagogiques nouvelles : backstage.bbc.co.uk/openlab

Notes

[1] Crédit photo : Amerune (Creative Commons By)




Largage de liens en vrac #12

Marcelo Alves - CC by-saDites, vous n’avez pas mieux à faire que de venir fouiner par ici ? En plus c’est comme d’habitude, des logiciels non testés, mal classés et de qualité disparate.

Non, franchement, vous devriez plutôt parcourir notre magnifique dossier sur Wikipédia ou alors, je ne sais pas moi, acheter un framabook pour l’offrir à votre ami(e) déçu(e) de n’avoir rien reçu(e) à la Saint-Valentin.

Vous êtes toujours là ? Bon ben tant pis pour vous. On aura tenté de vous dissuader mais c’était sans compter sur votre légendaire entêtement[1].

  • GimpPhoto : « GimPhoto is GIMP modification with new menu layout, great selection of plugins, and many additional resources for more professional look and feel as digital photo retouching and image editing application package. » Est-ce clair ou je traduis ? En tout cas c’est du GIMP dans sa dernière version 2.4.3, avec toujours cette idée fixe de séduire les photoshopeurs, à comparer (dans les commentaires ?) avec Gimpshop (dont le site a subi une invasion de sauterelles pubs ces derniers jours). Tant qu’à parle de GIMP voici 50 tutoriels (en anglais).
  • Flowplayer : Des lecteurs pour lire les vidéos .flv en streaming flash, il en existe pas mal (et même en libre) mais celui-là, sous GPL, est peut-être le meilleur qu’il m’ait été donné de voir (comme ça, a priori). Tout est configurable et la version playlist a vraiment de la gueule.
  • Chevreto : Un script espagnol prometteur pour proposer à vos internautes une site pour déposer facilement et très joliment (Ajax inside) vos images, qu’elles proviennent de votre ordi ou du Net (+ redimensionnement à la volée). Pourrait donc devenir le ImageShack du libre en quelque sorte.
  • Burning Mill Express : Pour Windows only, un logiciel de gravure (CD, DVD, ISO…) qui semble bien réalisé. Je ne suis vraiment pas un spécialiste, quelqu’un peut nous dire ce qu’il vaut pa rapport à la concurrence libre sur cet OS ?
  • AribaWeb : Un framework pour nous faire de puissantes applications Web en Ajax et tout le toutim. Si vous arrivez à nous pondre un Gmail du libre avec, merci de nous prévenir dans les commentaires.
  • Dicts.info : C’est pas du libre mais c’est bien pratique. Des tonnes de dictionnaires pour traduire un peu dans toutes les langues (par exemple de l’estonien au coréen). Typiquement le genre de sites qui attend que les gens viennent pour nous coller de la pub mais évitons le procès d’intention…
  • iPodME : Celui-là je ne sais pas trop si il mérite le référencement mais bon… il s’agit de convertir ses vidéos pour son iPod (sources disponibles mais j’ai pas vu la licence). Que pour Windows avec .NET dedans (c’est bien ce que je vous disais).
  • Twitter sur Pidgin : Pour suivre Twitter (mais aussi Identi.ca) sur le célèbre logiciel de messagerie instantané. L’occasion de rappeler les liens vers le compte Framasoft de Twitter et Identi.ca (nos derniers tweets sont dans la colonne de droite de cette page du reste).
  • Open Web Messenger : Application de chat en ligne permettant à vos visiteurs de discuter avec vos techniciens, commerciaux ou tout autre intervenant, sous licence Eclipse.
  • Lavoisier : Une bien belle police Open Source signalée par theClimber.
  • 10 obscure Linux applications you need to try : À ne lire que si vous êtes geek, admin et sous GNU/Linux (et que vous comprenez l’anglais mais, bon, si vous répondez aux trois premiers critères le quatrième devrait naturellement suivre).

Notes

[1] Crédit photo : Marcelo Alves (Creative Commons By-Sa)




Projet de loi Création et Internet : l’April s’insurge et appelle à la mobilisation

Qualifié, malheureusement à juste titre, de DADVSI 2, le projet de loi « Création et Internet » (ou Hadopi) vient de chauffer aux oreilles de l’April. Il faut dire qu’il y a de quoi et le rapporteur (et benjamin) de l’UMP Franck Riester d’en prendre pour son grade.

Je vous laisse, je dois contacter mon député…

Riposte graduée : le rapporteur s’oppose à l’interopérabilité, l’April appelle à la mobilisation

URL d’origine du document

APRIL – 23 février 2009 – Communiqué de presse

Trois ans après DADVSI, le gouvernement et la majorité semblent n’avoir rien retenu des débats sur l’interopérabilité[1] et le logiciel libre. Lors de l’examen du texte « Création et Internet » en commission des lois de l’Assemblée nationale, le rapporteur UMP Franck Riester s’est opposé à l’interopérabilité des moyens de sécurisation imposés par le projet de loi, au motif que l’interopérabilité empêcherait le libre choix de l’utilisateur ! L’April s’insurge et appelle chacun à contacter son député pour l’alerter.

Véritable DADVSI 2, le projet de loi « Création et Internet » déjà validé par le Sénat est actuellement programmé à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Après un examen en commissions, le texte sera examiné en séance à partir du 10 mars 2009.

L’essentiel du projet de loi est bien d’échafauder une nouvelle autorité administrative – l’Hadopi[2] – qui aura pour but de faire une répression de masse sur la base de relevés informatiques. Mais il prévoit également d’imposer aux titulaires d’un accès à Internet des « moyens de sécurisation » visant à empêcher que leur connexion soit utilisée pour commettre des infractions.

« On ignore tout de la nature de ces moyens de sécurisation : on ne sait pas ce qu’ils font, ni où ils s’installent, et quelle est la maîtrise que l’utilisateur pourra en avoir, » déplore Alix Cazenave, responsable des affaires publiques de l’April. « Qu’ils ne fassent pas le jeu d’éditeurs pratiquant la vente liée serait un minimum ! » L’April a d’ailleurs été reçue par des députés de tous les groupes pour leur faire part de ses questions et de ses inquiétudes[3].

Pourtant sur la question précise de l’interopérabilité, les députés Jean Dionis du Séjour (Nouveau Centre) et Patrick Bloche (Socialiste, Radical et Citoyen) se sont heurtés à un refus catégorique du rapporteur, motivé par un argument que nul n’aurait imaginé : il est simplement défavorable à l’interopérabilité[4] ! Il s’est de même opposé à ce que l’abonné soit exonéré de sa responsabilité lorsqu’il n’existe pas de moyens de sécurisation adaptés à sa configuration. L’April avait pourtant, dès le 6 mars 2008[5], alerté le conseiller juridique de la ministre de la culture sur le risque que comporte ce genre de mesures pour l’interopérabilité et le logiciel libre. À l’époque déjà, aucune réponse n’avait été apportée quant à la nature de ces moyens de sécurisation, le conseiller Henrard se contentant d’affirmer que la loi créerait le marché (sic).

« Ce que Franck Riester ne comprend pas, c’est que l’interopérabilité est le libre choix des consommateurs. On se croirait de retour en 2006 avec le benjamin de l’époque, Laurent Wauquiez, qui avait au moins eu l’honnêteté de reconnaître son incompétence[6]. En 2005, la SACEM voulait nous faire changer nos licences[7] ; Franck Riester voudrait-il nous obliger à changer de système d’exploitation ?», s’interroge Frédéric Couchet, délégué général de l’April.

« Monsieur Riester est la preuve qu’il reste encore à l’Assemblée nationale des députés opposés à l’interopérabilité et au logiciel libre[8]. Il soutient un dispositif qui va, une fois de plus, pénaliser sans aucune justification les auteurs et utilisateurs de logiciels libres, les mettant dans une situation d’insécurité juridique absolument inacceptable. Le groupe UMP a décidément bien choisi son rapporteur : tout comme cette loi, il nie la réalité technique, protège des intérêts particuliers et souffre d’un archaïsme affligeant » s’insurge Benoît Sibaud, président de l’April.

Comme pour DADVSI, l’urgence est déclarée. Comme pour DADVSI, ce texte est annoncé comme le remède miracle contre le téléchargement non autorisé d’œuvres en peer-to-peer. Comme pour DADVSI, des mesures « techniques » de contrôle d’usage sont imposées. Comme pour DADVSI, l’interopérabilité est méprisée. Comme pour DADVSI, le logiciel libre est ignoré, et ses utilisateurs menacés.

C’est pourquoi, comme pour la loi DADVSI, l’April appelle tous les citoyens attachés au logiciel libre à contacter leurs députés[9] et à les alerter afin qu’ils s’opposent à cette nouvelle menace. Elle les invite également à écrire au rapporteur Riester pour lui demander de revenir sur ses positions inacceptables.

Notes

[1] rappelons au passage l’article 7, adopté le 16 mars en seconde délibération à l’unanimité, faisant de la France le premier pays d’Europe à véritablement défendre activement l’interopérabilité, première mondiale saluée Outre-Atlantique. Communiqué du 18 avril 2006 « Projet de loi "DADVSI" : à contre-courant, le Sénat rejette l’interopérabilité et prône la brevetabilité du logiciel ».

[2] Haute Autorité pour la diffusion et la protection des œuvres sur Internet, créée à partir de l’Autorité de régulation des mesures techniques de la loi DADVSI.

[3] Notamment les porte-paroles des groupes Nouveau Centre (NC), Socialiste, Radical et Citoyen (SRC), Gauche Démocratique et Républicaine (GDR), ainsi que par la rapporteure pour avis (UMP) de la commission des affaires culturelles. Elle doit également être auditionnée par le rapporteur pour avis (UMP) de la commission des affaires économiques.

[4] Extrait du compte-rendu n°28 de la réunion de la commission des lois, mercredi 18 février 2009, séance de 9h30 : — Art. L. 331-30 (nouveau) du code de la propriété intellectuelle : Liste des moyens de sécurisation efficaces : La Commission adopte un amendement du rapporteur précisant les consultations auxquelles la HADOPI devra procéder avant de rendre officielles les spécifications fonctionnelles des moyens de sécurisation et supprimant l’établissement d’une liste officielle de ces spécifications. Elle est ensuite saisie d’un amendement de M. Jean Dionis du Séjour précisant que les moyens de sécurisation devront être interopérables et mis à la disposition des consommateurs gratuitement. – M. le rapporteur : Les moyens de sécurisation mis en place ne sauraient être gratuits, à l’image des logiciels de contrôle parental, mis à la disposition des consommateurs à titre payant, même si leur prix est modique. – M. Jean Dionis du Séjour : J’accepte de supprimer de mon amendement la condition de gratuité. – M. le rapporteur : J’en viens au second objet de l’amendement : l’interopérabilité. Je n’y suis pas favorable. Il faut laisser au consommateur sa totale liberté de choix en fonction de son système d’exploitation. L’interopérabilité n’est pas nécessaire pour les consommateurs et elle est trop contraignante pour les éditeurs de logiciels. La Commission rejette l’amendement, puis adopte deux amendements du rapporteur, le premier visant à préciser que la HADOPI établit une liste labellisant les moyens de sécurisation, le second de nature rédactionnelle. Elle rejette ensuite, par cohérence, un amendement de M. Patrick Bloche précisant que les moyens de sécurisation devront être interopérables et mis à la disposition des consommateurs gratuitement.

[5] Voir le compte rendu de la réunion avec Laurent Ladouari et Olivier Henrard.

[6] « Nous devons reconnaître honnêtement les limites de nos compétences techniques – certains d’entre nous en ont apporté la preuve, moi le premier hier soir – sur des sujets extrêmement techniques comme le MP4 ou les fichiers MP3. » – Laurent Wauquiez, député UMP benjamin de l’AN sous la XIIème législature, porteur de la partie civile de l’amendement Vivendi, lors de l’examen du DADVSI. Franck Riester est « benjamin du groupe UMP et troisième plus jeune député de l’hémicycle » selon ce portrait.

[7] « Vendredi 18 novembre 2005, au ministère de la Culture, le SNEP et la SCPP déclarent aux auteurs de Logiciel Libre : « Vous allez changer vos licences. » La SACEM ajoute : « Vous allez arrêter de publier vos logiciels. » Et se déclare prête à « poursuivre les auteurs de logiciels libres continuant de divulguer leur code source » – Extrait du communiqué de presse de la FSF France du 25 novembre 2005.

[8] Contrairement au prédécesseur de Franck Riester sur la 5ème circonscription de Seine-et-Marne, Guy Drut, UMP lui aussi, qui a été un des questeurs à l’origine de la migration vers le logiciel libre du poste de travail des députés français.

[9] Pour une liste des députés, leurs fiches individuelles et leurs coordonnées, voir également le Mémoire Politique disponible sur le wiki de la Quadrature du Net.




« Vous êtes trop cons, je laisse tomber ! »

Nils Geylen - CC by-saDans notre récent billet Du choix risqué du logiciel propriétaire et étranger pour sa défense nationale, nous avions évoqué le cas de Conficker, ce ver informatique qui a récemment affecté (et infecté) bon nombre d’ordinateurs sous Windows.

Carla Schroder a fait sa petite revue de presse autour du sujet[1] et… les bras lui en sont tombés ! À dire vrai, elle en a carrément gros sur la patate. Tout y passe : les journalistes, les militaires, les sociétés d’antivirus, les clients de Microsoft et bien sûr ce « système d’exploitation de merde ».

Ce qui nous donne, vous l’aurez compris, un article coup de gueule et coup de sang un « brin » polémique qui ne manquera pas de faire réagir dans les commentaires[2].

J’abandonne. Windows ou la preuve que les gens sont trop cons pour utiliser des ordinateurs.

I Give Up. Windows Is Proof That People Are Too Stupid To Use Computers.

Carla Schroder – 12 février 2009 – LinuxToday Blog
(Traduction Framalang : Olivier et Don Rico)

Et trop cons ou faux-culs pour reconnaître en Windows l’échec qu’il est vraiment. S’il s’agissait de n’importe quel autre type de produit, on l’aurait banni de tous les pays du monde depuis des lustres. Pour parler de la dernière attaque virale affectant Windows, le ver Conficker, la BBC prend son ton nonchalant habituel, ne le décrit comme un ver spécifique à Windows qu’au bout de plusieurs paragraphes, cite des vendeurs d’antivirus comme si leur avis avait un quelconque intérêt, alors que ce ne sont que des nuisibles, pour finir par rejeter la faute sur les utilisateurs :

« Le ver se répand par les réseaux peu sécurisés, les cartes mémoires et les PC qui ne sont pas à jour (…) Microsoft a fait son travail en protégeant les ordinateurs familiaux, mais le ver continue sa progression dans les entreprises qui ont ignoré la mise à jour (…) Bien sûr, le vrai problème vient des utilisateurs n’ayant pas appliqué le correctif sur leurs ordinateurs », ajoute-t-il.

Veuillez m’excuser, il faut que j’aille me défouler sur quelque chose.

BIEN SÛR que c’est la faute des utilisateurs. Ils continuent à utiliser le pourriciel le plus cher et le plus mal conçu de tout le Système solaire. Mais ses défauts incurables ne leurs sont pas imputables. Abandonnez aussi l’idée que ces utilisateurs puissent être secourus par Linux, nous ne voulons PAS qu’ils utilisent Linux. « It is impossible to make anything foolproof, because fools are ingenious » (NdT : « Il est impossible de concevoir un produit infaillible, car les idiots sont ingénieux » Jeu de mots sur foolproof, infaillible et fool, imbécile).

Quand on parle de logiciels malveillants, ce sont des logiciels malveillants pour WINDOWS, PAS des logiciels malveillants pour les ordinateurs

Les armées américaine et anglaise sont mises à mal par des logiciels malveillants pour WINDOWS. Pas des logiciels malveillants pour ordinateurs, des logiciels malveillants pour WINDOWS. Chers journalistes, prenez note. C’est un fait de la plus haute importance. Je sais à quel point vous détestez les faits et les recherches, je vous l’apporte donc sur un plateau. Ne me remerciez pas. Même Wired, dont on attend pourtant mieux, s’est fendu de ces quelques lignes, du mauvais journalisme de première classe :

« La progression rapide d’un ver au sein du réseau de la Défense donne des sueurs froides aux ingénieurs informaticiens du ministère de la Défense. L’utilisation des clés USB, des CD, des cartes mémoire et de tout autre support de stockage est donc prohibée sur leurs réseaux pour essayer d’enrayer la progression du ver. »

À aucun moment l’article ne fait mention de Windows ou de Microsoft. Ça nous a bien fait marrer quand la Royal Navy a mis Windows sur ses sous-marins il y a tout juste quelques semaines. Mais la plaisanterie a assez duré :

« Le ministère de la Défense a confirmé aujourd’hui qu’il a été victime d’un virus ayant causé l’arrêt d’un "petit nombre" de serveurs de la Défense dont, en particulier, le réseau d’administration des bâtiments de la Royal Navy. »

Ils minimisent évidemment le problème, ne vous faites pas de bile, ce n’est rien de grave, circulez il n’y a rien à voir. Après tout, les têtes nucléaires sont à jour avec le SP4 ou une autre connerie du genre. Et là non plus personne n’évoque le mot tabou Windows.

Des avions de chasse cloués au sol par une infection bénigne, sans importance

Celle-là, elle est à se tordre :

« Des avions de chasse français n’étaient pas en mesure de décoller après que des ordinateurs militaires ont été infectés par un virus… Les appareils étaient dans l’incapacité de télécharger leur plan de vol après que les bases de données ont été infectées par un virus Microsoft malgré une alerte donnée quelques mois auparavant. »

Et là encore le problème est minimisé : « L’échange d’informations a été affecté, mais aucune donnée n’a été perdue. C’est un problème de sécurité que nous avions déjà simulé. » Il faut reconnaître que le reporter a eu le courage de dire Microsoft et Windows. Mais malheureusement c’est encore l’utilisateur qui est pointé du doigt.

Microsoft ameute les troupes !

Je vous ai réservé la meilleure histoire pour la fin. Je n’invente RIEN ! Microsoft elle-même, la plus grosse entreprise de logiciel, connue pour les milliers de milliards de dollars qu’elle a engrangé dans ses coffres-forts, qui dépense des milliards de dollars pour le développement de Windows mais dont les codeurs ne parviennent pas à se sortir de ce pétrin, offre donc une récompense :

Microsoft ameute les troupes pour choper Conficker
« Dans un effort coordonné à l’échelle mondiale pour venir à bout de ce que les experts désignent comme ce qui pourrait être le pire logiciel malveillant, des grands noms de l’industrie, du monde universitaire et des services de police joignent leurs efforts dans la chasse au ver Conficker… Microsoft coordonne des actions visant à arracher la tête du ver – offrant une récompense de 250 000 dollars à quiconque pourrait fournir des informations menant à l’arrestation et à la condamnation des responsables de la propagation de Conficker sur Internet. »

Vous devez vraiment lire cet article, on le croirait extrait du Journal des aberrations. Il nous conte comment cette ligue d’experts s’est mise en branle pour combattre ce ver : vendeurs d’antivirus, services secrets, ICANN, Verisign et les universités. Voici la chute de l’histoire :

« Conficker utilise la fonction Autorun de Windows – celle qui lance automatiquement les CD-Rom ou les DVD quand on les insère dans l’ordinateur.
Autorun facilite la vie des utilisateurs, mais désactiver AutoRun, c’est enquiquinant, d’après Nazario. »

Enquiquinant ? J’ai bien lu ? ENQUIQUINANT ???

Je ne sais pas trop, je suis tiraillé entre l’envie d’utiliser un langage peu châtié et celle de me mettre à pleurer. J’imagine alors que Conficker n’est « qu’un léger désagrément ». Et j’imagine que s’ils finissent pas attraper et punir les auteurs de Conficker, les 36 millions d’autres vers Windows, chevaux de Troie Windows et autres logiciels malveillants Windows disparaîtront tous.

Personne ne rejette la faute sur Microsoft

Faut-il donc être un petit génie pour comprendre que « Tiens, si j’arrête d’utiliser ce système d’exploitation de merde je n’aurai plus ces problèmes ! Tiens, peut-être que le fabricant mérite bien un petit procès pour avoir fait subir au monde cette bouse, une bouse qui a engendré des milliards de dollars de dégâts et qui a mis en danger la sécurité publique ! »

Pensez-vous. Après avoir vu le même scénario se répéter des centaines de fois au cours des 13 dernières années, tout ce qu’on peut en conclure, c’est que :

  • Les journalistes sont des crétins.
  • Les militaires sont des crétins.
  • L’industrie des antivirus n’est qu’un énorme parasite qui se satisfait bien de son inefficacité.
  • Les clients de Microsoft sont des crétins.
  • Tout le monde est corrompu… des corrompus bon marché qui plus est.

La seule hypothétique lueur d’espoir que nous ayons, c’est que les milliers de vers Windows vont se mettre en guerre les uns contre les autres et détruiront chaque machine Windows sur Terre. Mais le remède ne serait que de courte durée, car même après un holocauste nucléaire Windows la première chose que les gens feraient serait de se relever, de s’épousseter et d’essayer de redémarrer leur machine pour voir si ça ressuscite leur système.

Notes

[1] Pour comparer, voici une revue de presse francophone (by Google) parlant de Conficker. Est-ce mieux décrit que ce qu’évoque Carla ?

[2] Crédit photo : Nils Geylen (Creative Commons By-Sa)




La loi Création et Internet, le chant du cygne et le maquis

Tempo no tempo - CC byCette loi « Création et Internet » s’apparente de plus en plus au chant du cygne d’une industrie culturelle totalement dépassée par les événements et qui s’arc-boute sur ce qu’il lui reste encore de privilèges hérités du siècle dernier. Associée avec la politique web 1.0 d’un Sarkozy, tout est réuni pour casser la société numérique en deux et voir les éléments les plus progressistes du pays prendre le maquis virtuel pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être tant que la neutralité du Net sera garantie.

Un peu emphatique ce premier paragraphe non ? Allez, tant, pis, je le garde quand même 😉

En fait il s’agissait juste d’introduire cet article du collectif Libre Accès, qui fait justement partie de ceux qui sont bien décidés à ne pas s’en laisser compter[1].

Edit : Dans un autre registre, on pourra également lire cette gore mais assez désopilante BD de Flock.

La libre circulation de l’Art est la garantie de notre liberté

Libre Accès – Lettre d’information – février 2009
Article sous Licence Art Libre

La préface de La crise de la culture d’Hannah Arendt commence par cette citation d’un poème de René Char : « Notre héritage n’est précédé d’aucun testament », faisant référence à son choix d’entrer en résistance, à la prise de conscience que lutter contre la tyrannie restitue à chacun, au sein de l’espace public, sa liberté.

La circulation des œuvres de l’esprit a toujours été un enjeu majeur ; les amateurs du totalitarisme ont une forte passion morbide pour brûler des livres et imposer leur pensée unique aux masses. Le hacker Soljenitsyne en a su quelque chose : la parution de L’Archipel du Goulag, qui arriva en Europe de l’Ouest sous la forme d’un microfilm, est un des premiers exemples de l’enjeu que représente la numérisation des livres pour notre civilisation.

Il reste encore des hommes et des femmes dans le monde pour qui les actes de création constituent autant d’actes de résistances à la tyrannie. Actes de dignité où écrire, filmer, peindre, peut constituer un véritable crime passible de la peine de mort. Il est important de garder cette idée présente à l’esprit et de ne pas oublier qu’Internet représente rien de moins que de notre liberté de créer, d’échanger et de partager.

L’essence et l’avantage d’Internet est sa décentralisation. C’est l’outil rêvé de tous les amoureux de la liberté, encyclopédistes des Lumières, amis de l’éducation populaire et de l’art, leur permettant de diffuser leurs idées et les conserver. Bibliothèque-monde de toutes les cultures, lieu de production et de circulation de la pensée, l’art pour tous accessible, outil de pair à pair par excellence, Internet est un idéal des Lumières. C’est un espace d’expression, de réciprocité, de critique et donc de création.

En termes économiques, il serait temps de prendre conscience de faits essentiels qui se dessinent depuis son apparition :

  • l’ancien modèle des médias était basé sur la diffusion et la consommation, tandis que le nouveau modèle s’est développé sur la participation et l’expression;
  • l’élément critique de l’ancienne chaîne de valeur reposait sur la distribution, tandis que la nouvelle chaîne de valeur est centrée sur la découverte et la propagation;
  • il faut porter son attention là où l’argent s’est déplacé, là où les gens dépensent leur argent, sans occulter dans le même temps que les circuits financiers et produits dérivés se sont globalisés, hors de tout contrôle des Etats-nations et des territoires.

Ce sont là des données de base, familières à tout acteur informé de l’économie numérique. Il est donc particulièrement inquiétant pour nos démocraties de constater que ces mêmes lobbies financiers n’ont de cesse de vouloir contrôler Internet par des méthodes non seulement arbitraires et irrationnelles mais également tout à fait dépassées.

Les arguments justifiant la mise sous contrôle du réseau se réclament paradoxalement de la défense de la culture, alors que c’est justement elle qui est attaquée ; au même titre qu’ils invoquent des raisons pseudo-économiques, alors que par essence l’économie numérique refuse radicalement un contrôle central. Ce paradoxe a d’ailleurs été brillamment dénoncé par les situationnistes qui écrivaient dès 1967 : « la fin de l’histoire de la culture se manifeste par deux côtés opposés : le projet de son dépassement dans l’histoire totale, et l’organisation de son maintien en tant qu’objet mort, dans la contemplation spectaculaire »

Ces objets morts, stars télévisuelles qui ont l’odeur des icônes des églises mais sans leur efficacité, sont mis en avant pour justifier tous les abus du contrôle d’Internet. La mort de notre liberté est préparée dans une tentative vaine et pitoyable de conjurer la mort de l’artiste télévisé.

La loi « Création et Internet » souhaiterait que l’on installât un logiciel sur chacun de nos ordinateurs pour prouver que nous ne sommes pas des copieurs d’œuvres numériques interdites. Absurdité fondamentale : l’informatique, Internet, sont intrinsèquement copie, comme le rappelait Intel Corporation dans son Amicus brief lors du procès MGM vs Grokster.

L’argument de la culture en danger, servi à satiété, est un mensonge. La culture foisonne, les créateurs, de plus en plus nombreux, ne cessent de créer. Le public a soif d’œuvres auxquelles il accède de plus en plus en amateur, participant, co-créateur, et non plus en consommateur. La dissémination et l’accès de tous et par tous à la culture, voilà ce qui est en danger.
Et il est déconcertant de voir que c’est au nom du droit d’auteur, pour défendre la création, que l’on s’apprête à faire voter le projet de loi « Création et Internet », loi liberticide par excellence. Les comités de censure sont-il en train d’être remplacés par les Majors à qui le gouvernement français veut déléguer des pouvoirs arbitraires de police de l’Internet ?
Le pouvoir oligopolistique des Majors renforcé par la puissance publique pourrait contrôler l’ensemble des diffusions culturelles par une intégration verticale anti-économique et anti-concurrentielle : des tuyaux Internet, des radios, des télévisions, des journaux, des salles de concert…

C’est donc bien la liberté de l’auteur et son indépendance qui sont attaquées. Il n’est guère étonnant que de plus en plus d’auteurs et d’interprètes, voulant expérimenter d’autres dispositifs de création, quittent la SACEM (dans la musique) et les circuits classiques de distribution, pour mieux maîtriser leurs créations. Tout le monde n’est pas un adepte de la chanson à 2 minutes 30. La SACEM, influencée par les Majors ne sait pas rémunérer équitablement les auteurs occasionnellement diffusés sur les radios, par exemple. Ses modèles de répartitions sont basés sur des données partielles, accordant une prime aux plus gros diffusés. La production de la création doit correspondre au moule marketing de l’industrie culturelle ou ne pas exister.

De fait, il y a de plus en plus d’artistes qui, pour être en accord avec leur processus créatif, s’auto-produisent et s’auto-diffusent via Internet. Pour protéger leurs œuvres et garantir le partage de celles-ci, ils utilisent différentes licences telles la Licence Art Libre ou les Creative Commons.
Ils retrouvent ainsi leurs libertés premières d’auteurs : choisir les possibilités de modification de leurs œuvres, d’utilisation, de collaboration, de rémunération. Certains auteurs souhaitent privilégier la diffusion et la pérennisation de leurs œuvres, plutôt que leur rétribution financière.

Antoine Moreau, fondateur de la Licence Art Libre écrit : « Je crois pouvoir dire alors que le copyleft participe bien de ce récit des rêves ou des visions qui va à contre-temps de tout ce qui prétend dominer le cours de la création. C’est une liberté intempestive qui ne se soumet pas à l’injonction de l’actualité mais envisage un temps élargi, qui va très loin dans le passé, très loin dans l’avenir et très profondément dans le présent ».

Un musicien qui vient de terminer la création d’une œuvre musicale peut en un clic être écouté d’Afrique en Asie. Internet offre aux artistes un moyen de propagation inédit auquel les Majors ne s’étaient pas préparés. La plupart des plateformes de téléchargement d’œuvres sont multilingues. Il n’est plus rare qu’un artiste qui ne trouve pas son public localement le trouve à l’autre bout du monde.

C’est une vraie chance pour les auteurs, et pour l’humanité. Des groupes de musique comme Nine Inch Nails sont en passe de démontrer que la libre diffusion des œuvres n’empêche pas les artistes de trouver des modes de rémunérations concrets via la vente de places de concert ou de disques, avec toute une gamme possible de services et de produits dérivés.

Il y a bien un imaginaire défaillant dans les débats actuels sur la rémunération des auteurs et artistes-interprètes. Les moines copistes de l’industrie du DVD tentent d’imposer le même rapport de force que lors de la naissance de l’imprimerie, voulant casser une technologie brisant leur monopole. Frédéric Bastiat, économiste libéral français, les décrivit fort bien dans sa Pétition des Fabricants de Chandelles geignant contre la concurrence indue du soleil.

C’est l’auteur/artiste interprète à qui nous devons garantir une rémunération et non pas à l’industrie culturelle. La démocratisation des outils d’autoproduction et d’autodiffusion dans tous les Arts (cinématographique, musical, graphique, etc.) doit être prise en considération. Il appartient aux pouvoirs publics de savoir s’ils veulent soutenir les Majors ou les auteurs. N’en déplaise aux moines copistes de l’industrie du DVD et à leurs icônes télévisées, la création est foisonnante sur Internet et il est temps qu’elle soit reconnue.

S’il est fondamental de garantir cette liberté de choix de diffusion des œuvres et de leur circulation, nous devons être capables d’adapter le financement de l’art à l’heure d’Internet, sachant que sa défense ne peut être, ni en contradiction avec les valeurs démocratiques, ni avec les technologies actuelles. Comme le disait Michel Vivant en 2003 au Colloque de l’UNESCO ”Droit d’auteur et droits voisins dans la société de l’information” : « Il ne s’agit pas de s’incliner devant le fait. Il s’agit de ne pas nier la réalité. ».

La libre circulation de l’Art garantit notre humanité, le pouvoir de se penser homme, voire humanité. On a besoin de se connaître à travers les grottes de Lascaux, dans les ruines de Babel. Antoine Moreau rappelle : « Il n’y a pas d’ouvrages de Platon et il n’y en aura pas. Ce qu’à présent l’on désigne sous ce nom est de Socrate au temps de sa belle jeunesse. Adieu et obéis-moi. Aussitôt que tu auras lu et relu cette lettre, brûle-la. La notion d’auteur, qui n’existe pas dans la Grèce Antique ni au Moyen-Âge où l’autorité émanait des dieux ou de Dieu, apparut. ». Garantir la libre circulation des œuvres d’Art, avec comme seul propriétaire, en dernier ressort, l’humanité, est donc essentiel. Pas de Copyright sur les œuvres de Lascaux, mais des amateurs d’Art archéologues entretenant notre patrimoine.

Le devoir de garantir la circulation de l’Art comme patrimoine de l’humanité oblige à penser sa préservation. Pas les salaires mirobolant des icônes télévisés mais de ceux qui, en premiers garantissent une pratique artistique : professeurs d’Art (plastique, musique, cinéma…), Maisons de la Culture, bibliothèques, espaces de pratique artistique, cinémas indépendants, universités… Il s’agit de multiplier les lieux ou les Artistes et les amateurs d’Art peuvent créer, échanger, écouter, pour maintenir à chaque Art les amateurs éclairés qui soutiendront toujours les Artistes/Auteurs.

Le financement de l’Art (pour les artistes souhaitant en bénéficier), doit être repensé par les puissances publiques. Préserver le seul intérêt des Majors, quand le statut des intermittents est menacé et le statut des artistes peintres est presque inexistant, démontre l’abandon de toute politique culturelle ambitieuse.
Si l’on songe que nous, citoyens, par les impôts, taxes et redevances que nous payons, sommes certainement le plus grand producteur culturel français, comment expliquer que l’on nous dénie toute participation aux débats en cours, et que l’on prétende privatiser et nous faire payer des œuvres que nous avons déjà financées? Est-il par exemple normal que l’Éducation Nationale, selon les accords sectoriels post-DADVSI, paye 4 millions d’euro par an pour n’avoir le droit, en ce qui concerne les œuvres audiovisuelles, que d’utiliser les chaînes hertziennes classiques ? Cela doit changer.
C’est en tant qu’amateurs d’Art et citoyens exigeants que nous devons être comptables des politiques culturelles et de leur diffusion. Il en va de nos identités et cultures plurielles, dont il faut empêcher l’uniformisation par une industrie culturelle qui, de TF1, à France 2 ou M6, montre les mêmes séries télévisées et les mêmes discours autistes du Président du tout nouveau Conseil de la création artistique.

Il incombe de défendre nos libertés concomitantes d’un accès à l’art pour tous. De ce point de vue, il est intéressant de noter que les Majors essaient d’imposer, comme les semenciers de Monsanto, un catalogue des œuvres dites protégées, au mépris du droit d’auteur censé protéger tout auteur d’une oeuvre de l’esprit. Il y a donc bien des logiques de domination économique qui sont à l’œuvre pour la privatisation des biens communs, contre lesquelles nous devons résister.

L’aboutissement des projets de Monsanto, comme le fameux « catalogue des semences » interdisant aux agriculteurs et jardiniers le droit de conserver, utiliser, échanger et vendre les semences ou du matériel de multiplication reproduits à la ferme, doit nous rendre vigilants sur les tentatives des Majors d’imposer le leur, fait du même petit nombre d’œuvres et rééditions formatées et sans risque.

Il y a un foisonnement d’Auteurs/Artistes talentueux qui autorisent la diffusion de leurs œuvres via la Licence Art Libre et les Creative Commons, plus de 30 000 œuvres musicales sur la plateforme Dogmazic, 10 000 œuvres littéraires sur le site de la maison d’édition InLibroVeritas, et dans le monde, d’après des estimations minimales, 130 millions d’œuvres et documents sous Creative Commons en juin 2008. Il est de notre devoir de les soutenir, car ils sont à l’avant-garde d’un mouvement de résistance, se livrant à la lutte pour la libre circulation de l’Art et donc notre liberté.

Pour Libre Accès, Jérémie Nestel (MACAQ, Radio du Ministère de la Crise du Logement), Bituur Esztreym (co-fondateur de Musique Libre ! et de dogmazic.net), Eric Aouanès (président de l’association Musique Libre ! et co-fondateur de la plateforme Dogmazic), Didier Guillon-Cottard (Festival Art is chaud) Mathieu Pasquini (gérant et fondateur de la maison d’édition InLibroVeritas).

Notes

[1] Crédit photo : Tempo no tempo (Creative Commons By)




Quand le marketing Microsoft cible l’éducation et ses enseignants clients

Logo CMIT 2009 - Grand prix MicrosoftCe n’est pas faute d’avoir tenté de contrarier la chose, mais, beau joueur, le Framablog tient à féliciter chaleureusement Microsoft pour avoir récemment remporté le Grand Prix « Acquisition et Fidélisation Clients » grâce à sa campagne « Éducation » réalisée avec l’agence Infoflash, lors du quatrième forum du CMIT (qui a réuni près de trois cents professionnels de la communauté du marketing et de la communication du secteur des TIC).

J’espère que Thierry de Vulpillières n’oubliera pas d’associer le Café Pédagogique et Projetice à un succès auquel ils ont grandement contribué.

Sur le site d’Infoflash (qui porte bien son nom), on peut lire la campagne ainsi résumée :

Microsoft France
Office 2007 à la conquête des enseignants

L’objectif
Une campagne de conquête de marché et d’adoption d’Office dans l’Éducation

La cible
Les enseignants des 12 000 collèges et lycées et des 40 000 écoles primaires

L’idée
Une communication personnalisée par discipline enseignée avec un mix print et web provoquant l’adhésion des enseignants et leur reconnaissance

Les moyens
Un dispositif efficace : poster, lettre d’introduction, mailing, portail de téléchargement riche et interactif avec introduction en vidéo. Un message positif, clair et personnalisé aux cibles identifiées

On trouve plus de détails sur un communiqué de presse d’Infoflash, daté du 29 janvier dernier et titré « Microsoft part à l’assaut du monde de l’éducation avec Infoflash » (sic !), dont voici quelques extraits.

Au 1er semestre 2008, la division Microsoft Education a sollicité les équipes d’Infoflash pour créer en un mois seulement une mécanique et les outils les mieux adaptés à sa campagne de communication autour de Microsoft Office Professionnel 2007.

L’agence a donc proposé une communication personnalisée par discipline enseignée avec un mix print et web destiné à susciter l’adhésion des enseignants et leur reconnaissance. En plus de créer deux sites Internet performants pour sensibiliser et répondre à leurs attentes, des mailings personnalisés ainsi que des mailings promotionnels ont été envoyés aux enseignants et aux établissements scolaires ciblés.

Infoflash a mené cette campagne en deux temps : En juin 2008, un mailing personnalisé a été envoyé à 120 000 enseignants et personnels de collèges pour leur faire découvrir Microsoft Office Professionnel 2007. Ce mailing les encourageait à télécharger gratuitement la licence et à se former pendant l’été sur www.officepourlesenseignants.fr, site réalisé pour la campagne.

Voir le billet Microsoft Office 2007 désormais gratuite pour tous les enseignants sur le Framablog.

En novembre 2008, ce sont deux vagues de mailings spécifiques qui ont été initiées par Infoflash. Un mailing promotionnel a ainsi été envoyé à 12 000 personnels de collèges (principaux, documentalistes et intendants) pour faire découvrir Microsoft Office Professionnel 2007 aux établissements grâce à une offre promotionnelle d’achats de licences à prix très attractif en accédant à www.officepourlesetablissements.fr

Voir le billet L’accès au fichier professionnel des enseignants : l’exemple Microsoft sur le Framablog.

Un 2e mailing a été envoyé à 350 000 enseignants dont 30 000 enseignants en école primaire pour leur proposer le téléchargement gratuit de la solution Microsoft pour leur usage personnel ainsi que l’accès à 350 tutoriels pour les aider à préparer leurs élèves au B2i.

Voir le billet L’influence de Microsoft à l’école n’est-elle pas disproportionnée ? sur le Framablog.

Le dispositif global mis en place autour de Microsoft Office Professionnel 2007 a donc servi à la fois aux enseignants (gain de temps, préparation des cours…) et aux élèves (traitement de texte, tableur, recherche sur Internet).

Voir le billet Le débat sur Windows Vista et MS Office 2007 à l’école aura-t-il lieu ? sur le Framablog.

Le communiqué s’achève sur deux témoignages :

« Nous avons pu constater que les enseignants et le personnel des établissements scolaires ont très bien perçu cette campagne ; ce qui a indéniablement permis d’augmenter la visibilité de cette solution proposée par Microsoft » précise Frédérique Dublanc, Directrice de clientèle chez Infoflash.

« Au-delà de la rapidité avec laquelle a été conçue cette campagne intégrée, il faut noter que c’est un des 1ers sites à avoir été développé en Silverlight, ce qui a permis la diffusion de l’offre Microsoft Office 2007 Professionnel pour les Enseignants mais aussi l’appropriation de nos technologies web » indique Simon Mouyal, Directeur de la communication PME-PMI de Microsoft France.

Bien vu le coup de Silverlight, soit dit en passant.

Difficile de reprocher quoi que ce soit à Infoflash qui s’exprime ici dans la culture et le vocable issus de son secteur professionnel, mais suis-je le seul à tiquer lorsque la « cible » est l’Éducation nationale et les « clients » ses enseignants ?




Merci à La Nouvelle République du Centre-Ouest

La Nouvelle République - 16 février 2008Très bonne nouvelle et très bon article que celui paru le lundi 16 février dernier sous la plume de Sébastien Kerouanton dans la Nouvelle République.

Titré avec malice « Le conseil général se libère des logiciels payants », il nous raconte pourquoi et comment le conseil général des Deux-Sèvres migrera d’ici 2010 son parc d’un petit millier d’ordinateurs de la suite bureautique Microsoft Office à son alternative libre OpenOffice.org.

Outre cet article on pourra lire un rappel bienvenu de la situation chez les pionniers de la gendarmerie nationale (qui, non, rien de rien, non, ils ne regrettent rien), et deux encarts, l’un sur la différence entre logiciel libre et gratuit (qui pour ne pas évoquer le code source jongle un peu avec les droits de la propriété intellectuelle) et l’autre sur la galaxie du logiciel libre (où quelques logiciels phares sont cités, tout comme Framasoft d’ailleurs).

Vous les trouverez tous en pièce-jointe ci-dessous dans le pdf de l’article tel qu’il est apparu dans le journal papier (ou print chez les modernes).

Nous ne sommes pas là pour distribuer des bons points aux journalistes, mais grand merci. Cela fait non seulement plaisir à lire mais est également susceptible de faire réfléchir d’autres institutions (voire même directement des particuliers) qui hésitent à s’embarquer dans un similaire et salutaire processus.

Vous travaillez dans une collectivité territoriale qui demeure à quai avec Microsoft ? Que ne diriez-vous de subrepticement imprimer le pdf pour le coller sauvagement près de la machine à café !

Quant à la dernière phrase de l’article principal, je me l’encadre près de la cheminée : « L’objectif n’est pas seulement de faire des économies, mais de s’inscrire dans un mouvement politique de changement des comportements. »

Le conseil général se libère des logiciels payants

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La Nouvelle République – Sébastien Kerouanton – Lundi 16 février 2008

Le conseil général va abandonner le coûteux Microsoft Office au profit d’un logiciel libre gratuit. De nombreuses administrations ont déjà fait ce choix.

Au revoir Microsoft Office, bonjour Open Office. Une petite révolution se prépare sur un petit millier d’ordinateurs du conseil général des Deux-Sèvres. D’ici 2010, les logiciels de bureautique de marque Microsoft devraient avoir disparu des PC, au profit de traitements de texte et tableurs d’origine « libre ». C’est à dire gratuits (ou presque, lire par ailleurs).

Gain théorique : 150 € de licence annuelle par poste de travail. « Mais il est trop tôt pour mesurer l’économie réelle, car les coûts induits les premières années ne sont pas encore définis, précise le premier vice-président, Alain Mathieu. Il ne s’agit pas simplement d’installer sur les ordinateurs un logiciel gratuit qu’on a trouvé sur internet ! Reconfigurer les postes aura un coût ».

Le nouveau programme devra en effet s’intégrer dans une longue chaîne informatique et « communiquer » avec de nombreux congénères : des logiciels « métier », spécifiques à un service, développés ou modifiés en interne. « Nous aurons forcément à gérer des problèmes de compatibilité, sur les documents Excel par exemple », prédit Florian Morisset, responsable du service informatique, en charge du chantier de conversion. Il faudra aussi préparer au nouveau logiciel des utilisateurs habitués de longue date aux produits Microsoft. « Nous en sommes à la première étape : former des référents dans chaque service, qui pourront aider leurs collègues », poursuit Florian Morisset.

Un chantier informatique et humain

Observe-t-on des réticences ? « Il y a des a priori infondés sur la qualité du produit, en raison de sa gratuité, et la confiance dans la marque, estime Alain Mathieu. Mais les performances d’Open Office sont largement suffisantes pour l’usage que nous en faisons ». « Les logiciels Word et Excel sont rarement utilisés au delà de 20 % de leurs possibilités », confirme Florian Morisset.

« Le déploiement d’Open Office sera prudent et progressif, reprend Alain Mathieu. L’objectif n’est pas seulement de faire des économies, mais de s’inscrire dans un mouvement politique de changement des comportements. »

Les gendarmes ont gagné au change

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La Nouvelle République – Lundi 16 février 2008

Dans les brigades de gendarmerie des Deux-Sèvres et d’ailleurs, la conversion aux logiciels libres est déjà de l’histoire ancienne. Sur les 70.000 ordinateurs de la gendarmerie nationale (dont 450 pour notre département), la migration de Microsoft Office à Open Office s’est faite en 2005. « Cette phase a duré un an et demi, et les problèmes ont été très limités, explique le lieutenant-colonel Xavier Guimard, à la sous-direction des télécommunications et de l’informatique. Nous avons aujourd’hui très peu de plaintes des gendarmes utilisateurs. A l’époque, il a surtout fallu recréer tous les modèles de documents, et former le personnel. 800.000 € ont été consacrés à la formation ».

Une dépense à comparer avec les 2 millions d’euros investis jusque-là tous les ans dans les achats de licences… L’économie générée par les logiciels libres est considérable. D’autant qu’Open Office s’accommode d’ordinateurs moins performants. Cela génère des économies indirectes sur le renouvellement plus lent du parc informatique.

Les informaticiens de la gendarmerie ont aussi exploité l’accès au code source. La possibilité d’opérer dans les entrailles du logiciel : « Nous avons développé des applications particulières, dont un programme d’assistance dans la rédaction des procédures judiciaires. En communiquant avec deux autres logiciels, il permet au gendarme de gagner du temps ». La gendarmerie estime que cette application créée grâce à l’accès au code source produit un gain annuel de… trois millions d’heures de travail. Prochaine étape : l’adoption de Linux pour remplacer Windows. Cette transition se fera au rythme du renouvellement des unités centrales, et devrait être achevée d’ici cinq à six ans.

Repère

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La Nouvelle République – Lundi 16 février 2008

En matière de logiciel, « libre » et « gratuit » ne sont pas synonymes. Dans le premier cas, le concepteur du logiciel renonce à ses droits sur la propriété intellectuelle de sa création. Dans les faits, ce logiciel libre est souvent disponible gratuitement. Mais une société peut le commercialiser, avec par exemple un service après-vente. Au contraire, rien n’interdit à un créateur de logiciels de distribuer gratuitement l’un de ses produits, tout en en conservant la propriété intellectuelle. Ce « gratuiciel » n’est donc pas libre.

En savoir plus : La galaxie libre

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La Nouvelle République – Lundi 16 février 2008

Parmi les logiciels libres les plus connus du grand public, citons Mozilla Firefox, un navigateur internet qui remplace déjà Explorer sur de nombreux PC. Du côté des messageries, c’est Thunderbird, cousine de Firefox, qui se positionne comme sérieux rival d’Outlook. Pour la bureautique, Open Office, en cours d’adoption au conseil général, détrône déjà Word et Excel dans plusieurs administrations. Moins répandu chez les particuliers, mais en croissance régulière, Linux : ce système d’exploitation grignote le quasi-monopole de Windows. Clam et Clamwin sont les antivirus les plus connus de la sphère libre. Le second étant la version adaptée à Windows. A noter qu’il existe des logiciels libres dédiés à l’apprentissage, au graphisme, à la généalogie, des jeux, etc. (www.framasoft.net)

Edit : Vive la presse régionale ! Aujourd’hui (mardi 17 février) c’est au tour du Bien Public de nous pondre un article en tout point similaire, Logiciels libres : les administrations et collectivités sont séduites, dont voici un extrait que je place au dessus de l’autre sur la cheminée : « Plus que le logiciel libre c’est l’esprit du logiciel libre qui nous séduit : développement, mutualisation, partage d’expérience, enchérit le conseil général. Les vrais enjeux de cette démarche sont d’aboutir à un patrimoine de logiciels utiles aux missions du service public. »