Framaforms : n’offrez plus les réponses que vous collectez à Google !

Un formulaire d’inscription ? Une enquête en ligne ? Un questionnaire de satisfaction ? Bref : vous avez besoin de réaliser rapidement un questionnaire à diffuser en ligne et d’en collecter les réponses ?

Il existe plusieurs logiciels libres pour réaliser cela. Nous devons même reconnaître qu’aucun ne rivalise avec la redoutable efficacité de Google Forms (maintenant intégré à la « G(oogle) Suite » ). Mais ce dernier aspire vos données, et surtout celles des participants répondant innocemment à vos formulaires, en enregistrant leurs réponses dans Google Sheets, lui même enregistré dans Google Drive !

anim_framaforms

Alors, nous avons décidé de construire nous-mêmes une alternative : Framaforms !

Framaforms vous permet de réaliser simplement des formulaires, par glisser-déposer d’éléments (champs textes, cases à cocher, menu déroulant etc.). Il vous suffit alors de transmettre l’adresse de ce formulaire à qui bon vous semble par email, sur les réseaux sociaux, ou directement en l’intégrant sur votre site web… et de laisser les participants répondre. Les réponses seront anonymisées ; vous pourrez les visualiser et même les analyser, notamment à l’aide de graphes générés automatiquement pour vous faire gagner du temps. Et bien entendu vous pourrez les télécharger au format .csv, utilisable dans n’importe quel tableur.

Comme il faut parfois tâcher d’éviter les abus, l’outil comporte volontairement quelques limitations (durée d’hébergement du formulaire, ou nombre de réponses maximum par formulaire). Nous lèverons éventuellement ces contraintes suivant les usages, mais pour ne pas avoir à les subir, et surtout si vous avez des besoins spécifiques, le mieux est alors d’installer vous-même l’outil sur votre serveur. Vous pouvez aussi utiliser les services « premium » du site webform.com par l’auteur du module qui fait tourner Framaforms.

Pour en savoir plus sur l’outil Framaforms, notamment sur pourquoi et comment nous avons décidé de le faire nous-mêmes, nous vous invitons à lire l’interview de Pierre-Yves, qui a réalisé cet outil pour vous : entretien avec Pierre-Yves, pour en savoir (un peu) plus sur Framaforms.

Donnez-moi un exemple simple à comprendre !

Tristan[1] a des choses à dire sur ce qu’il pense des GAFAM (Google, Apple, Amazon, Facebook, Microsoft), et de l’utilisation qu’ils font de nos données personnelles. D’ailleurs il est régulièrement invité pour en parler car son expertise sur le sujet est reconnue. Il a donc décidé de rassembler ses idées dans un livre. Après plusieurs mois de rédaction et avoir pris bonne note des retours qui lui ont été faits par les lectrices et lecteurs de son blog, il a trouvé une maison d’édition proche de ses valeurs prête à publier son livre. Le jour tant attendu du lancement de son ouvrage approche, mais afin de pouvoir s’organiser, il décide de créer un formulaire en ligne invitant à s’inscrire les personnes qui souhaitent venir.

Framaforms à la rescousse

Première étape, l’inscription.

Rien d’extraordinaire de ce côté-là. Tristan se rend sur https://framaforms.org et clique sur « Créer un compte ». Il saisit alors un login, son adresse email, et répond à la question servant à s’assurer qu’il n’est pas un robot-spammeur (pour info, la réponse est « framaforms » 😛 )

Il reçoit quelques secondes plus tard un email provenant du site lui demandant de cliquer sur un lien pour terminer son inscription. Il clique dessus et peut alors choisir son mot de passe et quelques informations complémentaires.

Création d'un compte
Création d’un compte

Voilà, son compte est créé et validé, il peut commencer son formulaire !

Création du formulaire

Il clique sur « Créer un formulaire ». Le site lui demande alors de remplir les informations de base, comme l’intitulé (« Inscription au lancement de mon livre »).

Création de formulaire
Création de formulaire

Il choisit aussi de mettre en ligne une description et une image qui rappelleront aux gens de quoi il s’agit.

Ajout d'une description
Ajout d’une description

Comme date d’expiration, Tristan choisit une date 15 jours après l’événement. Il aura de toutes façons récupéré toutes les informations d’ici là, et inutile d’encombrer les serveurs avec un formulaire dont les informations n’auront plus d’intérêt quelques jours plus tard.

Comme Tristan est un type sympa, il se dit que son formulaire pourra servir à d’autres plus tard, et décide donc de faire de son formulaire un « modèle ». Cela signifie que son formulaire se retrouvera parmi les multiples modèles de formulaires dont d’autres utilisateurs pourront s’inspirer et qu’ils pourront surtout « cloner » d’un seul clic, leur faisant gagner un temps précieux. Il décide de nommer ce formulaire « Modèle de formulaire d’inscription à un événement ».

Options de création
Options de création

Il passe alors à l’étape de la construction de son formulaire.

Conception du formulaire

C’est simple et rapide : il suffit de glisser-déposer les champs, puis de cliquer dessus pour éditer les informations qui seront affichées.

Il commence donc par un champ texte pour le nom ou le pseudo.
Il clique sur le crayon et complète les informations souhaitées. Il en profite d’ailleurs pour rendre ce champ obligatoire.

Ajout d'un champ
Ajout d’un champ

Comme il souhaite savoir comment les inscrits ont entendu parler de son ouvrage, il utilise alors un champ « boutons radio ». Et remplit 3 champs « Par l’auteur », « Par l’éditeur »,
« Autre ».

Ajout de boutons de sélection
Ajout de boutons de sélection

Afin de savoir avec combien de livres son éditeur doit venir le jour J, il décide de poser la question sous forme d’une simple case à cocher.

Ajout d'une case à cocher
Ajout d’une case à cocher

Enfin, il décide d’ajouter, à la demande de son éditeur, un champ email pour les personnes qui souhaiteraient être tenues au courant de l’actualité de ce dernier. Aucun problème, un dernier glisser-déposer et c’est réglé.

Ajout d'un champ courriel
Ajout d’un champ courriel

Et voilà, il enregistre, et son formulaire est prêt à être diffusé !

Il peut le visualiser et le tester en cliquant sur « Voir »

Prévisualisation
Prévisualisation

Options

Bon, jusqu’ici ça ne lui a pris que 5 minutes chrono, mais Tristan se dit que ça mérite un peu de peaufinage. C’est un jour important après tout !

D’abord, il retourne modifier son formulaire et décide de rajouter un champ texte « Pouvez-vous m’en dire plus ? » qui ne s’affichera QUE si le participant coche la case « Autre ».
Il ajoute ce champ sous les boutons radio et enregistre son formulaire.

Ajout d'un nouveau champ qui ne sera affiché que si un autre est coché
Ajout d’un nouveau champ qui ne sera affiché que si un autre est coché

Puis, il clique sur « champs conditionnels » et sélectionne les menus de façon à formuler la phrase « Si Comment avez-vous entendu parler de cet événement est Autre alors Pouvez-vous m’en dire plus ? est affiché », puis enregistre. Simple !

Choix du champ à afficher
Choix du champ à afficher

 

Le résultat est concluant :

Champ s'affichant sous condition
Champ s’affichant sous condition

Par ailleurs, il se dit qu’il aimerait bien recevoir un mail à chaque réponse.

Il se rend dans l’onglet « courriels » et ajoute un « courriel standard ». Pour adresse courriel du destinataire, il met la sienne.

Il parcourt les autres champs, mais les valeurs par défaut lui conviennent, et il décide donc de valider.

Ajout d'une adresse email pour recevoir un message à chaque participation.
Ajout d’une adresse email pour recevoir un message à chaque participation.

Dernière modification, cosmétique, dans l’onglet « Modifier », tout en bas, il choisit un autre thème, plus adapté aux smartphones que le thème par défaut (il faut dire que les amis de Tristan sont très connectés). Il enregistre encore une fois.

Choix d'un thème différent
Choix d’un thème différent (d’autres choix de thèmes seront ajoutés dans quelques semaines)

Voilà, son formulaire peut être diffusé !

Diffusion

En se rendant sur l’onglet « Partager », Tristan voit une option pour partager son formulaire sur les réseaux sociaux.

Il a supprimé son compte Facebook il y a très longtemps, parce que l’entreprise modifiait sans cesse ses conditions d’utilisation, de plus en plus abusives. Par contre Tristan a un compte diaspora* sur Framasphère, le pod du réseau social loyal et respectueux de vos données, géré par l’association Framasoft (le pod, pas le réseau :P). Et il est aussi très présent sur Twitter (100 000 abonnés tout de même). Il publie donc l’annonce du lancement de son livre sur ces deux réseaux. Il a même le code HTML qui lui permet d’afficher ce formulaire directement embarqué sur son site. Il envoie aussi l’adresse de son formulaire à ses contacts par email.

Possibilités offertes pour partager son formulaire
Possibilités offertes pour partager son formulaire

Les dés sont jetés.

Collecte, analyse et téléchargement des données

Quelques jours plus tard, Tristan se connecte sur Framaforms et peut retrouver son formulaire via le bouton « Mes formulaires ».

Il clique sur son formulaire, puis sur « Résultats ». Il peut alors voir le nombre de réponses et visualiser chacune d’entre elles en situation (et supprimer les tests qu’il avait faits au début).

Liste des participations (possibilité de visualiser/supprimer)
Liste des participations (possibilité de visualiser/supprimer)

Il peut aussi sélectionner l’onglet « Analyse » pour afficher des graphiques des réponses.

Analyse et graphiques
Analyse et graphiques

L’onglet « Tableau » permet, lui, d’avoir une vision globale des réponses (pratique pour les formulaires ne comportant pas trop d’éléments.

Détails des participations
Détails des participations

Enfin, il peut bien entendu télécharger les résultats au format .csv pour importer les informations brutes dans, par exemple, LibreOffice Calc (son tableur préféré).

Téléchargement des résultats
Téléchargement des résultats

Conclusion

Tristan a donc créé un formulaire en quelques minutes, qui plus est en étant certain que les données des réponses des participants n’iront pas nourrir l’ogre Google.

Formulaire final tel que vu par les utilisateurs
Formulaire final tel que vu par les utilisateurs

Il n’en a pas eu l’utilité, mais de nombreuses autres options étaient disponibles. Par exemple il aurait pu ajouter un champ pour demander l’âge des participants, avec une vérification automatique que la valeur saisie était bien un nombre compris entre 7 et 97 ans. Ou renvoyer automatiquement le participant sur une page de remerciements sur son blog une fois le formulaire rempli. Ou limiter le nombre de places aux 100 premiers répondants. Ou …

Pour aller plus loin :

  • Webform.com : une alternative très proche de Framaforms, partiellement libre – par l’auteur du module Webform (gratuit avec quelques limitations, mais avec une offre payante si vous ne voulez pas de contraintes)

 

Notes :

[1] – oui, cet exemple est tiré d’une histoire vraie que certain-e-s d’entre-vous reconnaîtront sûrement 😉 Cependant, notez que la soirée de Tristan est intervenue avant la sortie de Framaforms ! Il ne pouvait donc pas l’utiliser. Mais que ça ne vous empêche pas d’acheter son (excellent) bouquin !




Framanotes : vos notes vous appartiennent. For ever.

Framanotes vous permettra de chiffrer (et de retrouver) sans effort vos listes de courses, de tâches à faire, schémas et photos inspirantes, fichiers perso et marque-pages qui en racontent bien plus sur vous que ce que vous voudriez en dire !

Parce qu’avoir toutes ces petites notes sous la main, c’est pratique. Très pratique. On les arrange sur son ordinateur, on les récupère sur son téléphone quand on a en a besoin en déplacement, et on prend sa tablette pour ajouter trois photos et deux liens le soir depuis son canapé… Mais si tout passe par les serveurs d’Evernote (ou de ses concurrents), ces petits bouts de nos vies sont-ils vraiment en sécurité, demeurent-ils confidentiels ?

Attendez : Evernote, ce sont pas des GAFAM, si…?

Si, tout à fait.

Evernote est encore, pour l’instant (et à notre degré de connaissance) une entreprise indépendante des géants du Web étatsunien. Néanmoins, l’omniprésence croissante de leur application crée à elle seule un nouveau silo de données, donc un pouvoir important pour leur entreprise. Pour l’instant, leur modèle économique semble reposer sur le paiement de fonctionnalités et d’espace disque supplémentaire.

Le problème, c’est que non seulement leur code source n’est pas libre (donc nul autre qu’eux ne peut en faire l’audit pour savoir ce qu’ils font des informations qu’on leur confie) ; mais en plus cette concentration des utilisateurs leur confère un pouvoir unilatéral. Quand ils décident d’une hausse tarifaire, soit vous obtempérez, soit vous partez…

Les GAFAM ne s’y trompent pas : mieux comprendre vos intérêts, vos travaux, vos futurs achats, etc. a une valeur folle. Depuis la montée en puissance d’Evernote il y a quelques années, Google a sorti son application Keep, Microsoft son OneNote, Apple ses Apple’s Notes… Vous rendre service ET augmenter la valeur de votre profil publicitaire ? Voilà une affaire juteuse !
prise de notes avec un paon domestique

Framanotes : la tortue du chiffrement soulève le lièvre du profilage !

Nous avons donc installé Turtl sur nos serveurs. il s’agit d’un logiciel de prise de notes, mais pas comme les autres. Le principe est simple :

  1. Se créer un compte sur Framanotes.org
  2. Retenir son mot de passe (très important, nous ne pourrons pas vous le retrouver/renouveler !)
  3. Installer les applications sur votre bureau, ordiphone, tablette, etc.
  4. Les connecter à https://api.framanotes.org et à votre compte
    1. Bonus : ajouter une extension Turtl à votre navigateur !
    2. Bonus : utiliser la version Web sur https://mes.framanotes.org
REMARQUE : À l’origine, Turtl est pensé comme un ensemble d’applications se connectant à un serveur. La version Web est donc un hack expérimental : il s’agit du code des applications que nous avons simplement mis en ligne. Selon nos tests, elle fonctionne bien sur Chromium/Chrome, correctement sur Firefox, peu ou pas du tout sur Internet Explorer/Edge. Nous n’avons pas pu tester sur Safari/Vivaldi.

La différence qui change tout ? Turtl vous propose du chiffrement de bout en bout. Cela signifie que c’est l’application qui chiffre lorsque vous envoyez une note, et qui déchiffre lorsque vous la consultez (pas d’inquiétude, tout cela se fait automatiquement, sans que vous ne le voyiez ^^). Votre mot de passe permet l’accès à vos notes en clair, voilà pourquoi nous ne l’avons pas sur nos serveurs et ne pourrons pas le retrouver (sinon ce serait une grosse faille de sécurité) !

Techniquement, cela signifie que, quoi que vous notiez sur Framanotes, nous n’avons aucun moyen de savoir ce que c’est. Même s’il s’agit du meilleur coin à champignons de l’Ariège. Ou de la recette magique pour réintroduire des licornes sur Terre. Vos notes vous appartiennent à vous, rien qu’à vous et picétout !

En plus de cela, Turtl (et donc Framanotes) vous permet de :

  • Créer & modifier des notes textes au format Markdown
  • Donc créer aisément des listes à puces, avec titres, gras et italique
  • Créer & modifier des notes images (jusqu’à 2 Mo par fichier)
  • Créer & modifier des notes fichiers (jusqu’à 2 Mo par fichier)
  • Créer & modifier des notes marque-pages (adresses web)
  • Noter vos mots de passe (allez-y, c’est chiffré !)
  • Trier vos notes par un système d’étiquettes (tags)
  • Rechercher dans vos notes (indexation)
  • Rassembler certaines notes dans des tableaux
  • Partager un ou des tableaux avec vos ami-e-s (qui sont sur Framanotes)

Turtl est codé par Lyon Bros, en Common Lisp pour la partie serveur (licence AGPLv3) et JavaScript (si, si !) pour les applications et la version Web (licence GPLv3). Beaucoup de fonctionnalités intéressantes figurent sur leur feuille de route, donc n’hésitez pas à leur faire un petit don pour les encourager !

Ou alors, faites comme Framasky, qui, pour préparer Framanotes, n’a pas hésité à se retrousser les manches et a contribué au code en ajoutant entre autres un système de traduction (qui sera intégré aux applications dans leurs prochaines versions).

animation framanotes

Framanotes me sert à préparer mon prochain roman (et faire une tarte)

Nous aimons donner des exemples d’utilisations fictifs et un peu farfelus. Ici, nous allons simplement prendre l’exemple de Pouhiou, framaslave de son état, et romancier à ses heures perdues.

Pour écrire son prochain roman, mettant en scène un Incube patron d’un coffee shop, Pouhiou a besoin de rassembler les notes de ses recherches… Il décide donc de créer un compte sur Framanotes.org.

Il a bien lu l’avertissement, et note son mot de passe avec soin, parce que même en tant que salarié chez Framasoft, il sait qu’il n’y a pas de passe-droit possible : il est strictement impossible pour l’équipe technique de le lui retrouver s’il le perd.

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Maintenant, il lui faut installer l’application Turtl sur son ordinateur (sous Ubuntu) et son téléphone (sous Android/Cyanogen). C’est simple : télécharger, installer, rentrer son pseudo (avec la majuscule, sinon c’est pas le même) et son mot de passe, et bien inscrire  » https://api.framanotes.org  » dans les « paramètres avancés ».

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Bon il est temps de créer sa première note : il fait un résumé des idées maîtresses pour ce nouveau roman, et utilise la puissance du Markdown, un code tout léger et facile à utiliser, pour les mettre en page.

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Il en profite pour ajouter dans ses notes quelques liens et photos qui vont l’inspirer dans son écriture : des infos sur les incubes, des photos pour le coffee shop où démarre l’intrigue, et le document pdf du dictionnaire des Furby (puisque son démon sera accompagné de cette peluche possédée). Malin, il prend soin d’ajouter à chacune l’étiquette « Projet Incube ».

Les notes pour le roman de Pouhiou

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Dans ses recherches pour les plats servis au coffee shop, il trouve une recette de tarte crue « avocat-citron vert » qui lui fait vraiment de l’œil. (Aux autres frama-enquiquineurs aussi. À tous les coups ils vont demander à goûter pour l’AG, tels que Pouhiou les connaît.) Il décide d’installer l’extension Firefox pour l’ajouter plus facilement dans ses Framanotes… Vu qu’il utilise l’application Turtl sur son ordinateur, l’extension Firefox marche comme un charme ! (il sait qu’elle ne fonctionnera pas avec la version web)

L’application de bureau et l’extension Firefox s’appairent en un copier/coller !

Bon, c’est trop alléchant : il lui faut faire cette tarte. Il crée une note avec tous les ingrédients pour ses prochaines courses. Le problème, c’est que ça fait tache parmi les notes sur son roman ! Pas de souci : il va donc créer un tableau de notes « projet incube », puis un deuxième « courses et achats », pour trier encore plus facilement ses notes !

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Une fois dans son magasin préféré, il retrouve le tableau « courses » sur l’application de son ordiphone, et il retrouve le lien vers la recette ainsi que la liste des ingrédients nécessaires… Pratique, ce système !

Par
Par pudeur, Pouhiou n’a pas rajouté « PQ » dans sa liste de courses.

Le lendemain, il est temps de se remettre au travail. Framasky, son collègue à Framasoft, vient justement de lui proposer de partager un tableau de notes des tâches qu’ils ont à faire pour Dégoogliser Internet ! Oh la belle idée !

L’email du partage de Luc.

Il lui suffit de cliquer sur accepter pour que ces notes professionnelles s’ajoutent aux notes perso. Mais seules celles sur le tableau partagé avec Luc seront visibles par ce dernier.

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Et voilà, Pouhiou n’a plus qu’à se mettre à l’écriture, aux fourneaux et au boulot ! À aucun moment il ne s’est rendu compte que tous les envois, échanges et réceptions de notes étaient chiffrés et déchiffrés, car les applications Turtl le font directement pour lui.

Chez Framasoft, nous sommes (littéralement) les premiers à « manger la pâtée de notre chien« , c’est à dire à utiliser les services que nous vous proposons. C’est donc avec un enthousiasme non dissimulé que nous pouvons vous affirmer combien ce Framanotes est pratique, utile et respectueux de vos données. Maintenant, c’est à vous de vous en emparer et de nous dire ! (Mais attention : Pouhiou n’envoie pas de parts de tarte par la poste !)

Pour aller plus loin :




Des routes et des ponts (3), de quoi est fait un logiciel

Après l’introduction du livre Des routes et des ponts de Nadia Eghbal (si vous avez raté le début…) que le groupe Framalang vous traduit au fil des semaines, voici un aperçu tout simple des composants de base d’un logiciel.

Nos lecteurs les plus au courant n’y trouveront rien qu’ils ne sachent déjà, mais l’intérêt de cette présentation c’est justement qu’elle rend abordables et compréhensibles au grand public des objets techniques qui peuvent s’avérer très complexes à comprendre (…et maîtriser !). On peut dire que la démarche choisie ici, pragmatique et imagée, ne manque pas de pédagogie.
Merci à nos lecteurs soucieux des valeurs du libre de noter que l’auteur n’introduit les notions que progressivement : c’est seulement dans quelques chapitres qu’elle établira clairement une distinction claire qui nous est chère.

Vous souhaitez participer à la traduction hebdomadaire ? Rejoignez Framalang ou rendez-vous sur un pad dont l’adresse sera donnée sur Framasphère chaque mardi à 19h… mais si vous passez après vous êtes les bienvenu.e.s aussi !

De quoi sont faits les logiciels

par Nadia Eghbal

Traduction framalang : Luc, woof, Diane, xi, serici, Lumibd, goofy, alien spoon, flo, salade, AFS, lyn., anthony

Tous les sites web ou les applications mobiles que nous utilisons, même les plus simples, sont constitués de multiples composants plus petits, tout comme un immeuble est fait de briques et de ciment.

Imaginez par exemple que vous désiriez poster une photo sur Facebook. Vous ouvrez votre appli mobile Facebook, ce qui déclenche le logiciel de Facebook pour vous afficher votre fil d’actualités.

Vous téléchargez une photo depuis votre téléphone, ajoutez un commentaire, puis vous cliquez sur « Envoyer ». Une autre partie du logiciel de Facebook, en charge du stockage des données, se souvient de votre identité et poste la photo sur votre profil. Finalement, une troisième partie de ce logiciel prend le message que vous avez saisi sur votre téléphone et le montre à tous vos amis à travers le monde.

Bien que ces opérations aient lieu sur Facebook, en réalité, ce n’est pas Facebook qui a développé toutes les briques nécessaires pour vous permettre de publier sur son application. Ses développeurs ont plutôt utilisé du code libre, public, mis à disposition de tous sur Internet par des bénévoles. Facebook ne publie pas la liste des projets qu’ils utilisent, mais une de ses filiales, Instagram, le fait et remercie certains de ces projets sur sa page d’accueil et dans son application mobile

Utiliser du code public est plus efficace pour des entreprises comme Facebook ou Instagram que de développer à nouveau tous les composants par elles-mêmes. Développer un logiciel est comparable à la construction d’un immeuble. Une entreprise du bâtiment ne produit pas ses marteaux et ses perceuses, et n’ira pas non plus chercher du bois pour découper les troncs en planches.

Elle préférera les acheter à un fournisseur et se fournir en bois auprès d’une scierie pour finir le travail plus rapidement.

Grâce aux licences permissives, les sociétés telles que Facebook ou Instagram ne sont pas obligées de payer pour ce code, mais sont libres d’en profiter grassement. Ce n’est pas différent d’une entreprise de transport (Instagram) qui utilise les infrastructures routières publiques (code public) pour acheminer ses produits à des fins commerciales (application Instagram).

Mike Krieger, un des co-fondateurs d’Instagram, a insisté sur ce point en 2013 et encouragé d’autres entrepreneurs à :

emprunter plutôt que construire à chaque fois que c’est possible. Il existe des centaines d’excellents outils qui peuvent vous faire gagner du temps et vous permettre de véritablement vous concentrer sur le développement de votre produit. (source)

Voici quelques-uns des outils utilisés par une entreprise de logiciels :

Frameworks (environnements de développement)

Les framewoks offrent une base, une sorte d’échafaudage, une structure. Imaginez cela comme un schéma pour toute une application. Comme un plan, un framework définit la manière dont l’application se comportera sur mobile, ou comment ses données seront sauvegardées dans une base de données. Par exemple Rails et Django sont des frameworks.

rubyrails
Ruby on Rails, RefineryCMS & Heroku, image par Erin Khoo (CC-BY 2.0)

Langages

Les langages de programmation constituent l’épine dorsale de la communication des logiciels, comme la langue anglaise (NdT : aux USA bien sûr) qu’emploient les ouvriers du bâtiment sur un chantier pour se comprendre. Les langages de programmation permettent aux divers composants du logiciel d’agir et de communiquer entre eux. Si par exemple vous créez un compte sur un site internet et que vous cliquez sur « S’enregistrer », cette application peut utiliser des langages comme le JavaScript ou le Ruby pour sauvegarder vos informations dans une base de données.

Parmi les langages de programmation les plus populaires on peut mentionner le Python, le JavaScript et le C.

Bibliothèques

Les bibliothèques sont des fonctions pré-fabriqués qui accélèrent l’écriture du code d’un logiciel, tout comme une entreprise du bâtiment achète des fenêtres préfabriquées au lieu de les assembler à partir des composants de base. Par exemple, au lieu de développer leur propre système d’identification pour les utilisateurs de leur application, les développeurs et développeuses peuvent utiliser une bibliothèque appelée OAuth. Au lieu d’écrire leur propre code pour visualiser des données sur une page web, ils ou elles peuvent utiliser une bibliothèque appelée d3.

Bases de données

Les bases de données stockent des informations (profils d’utilisateurs, adresses électroniques ou codes de cartes bancaires par exemple) qui peuvent être utilisées par l’application. À chaque fois qu’une application a besoin de se souvenir d’une information qui vous concerne, l’application la stocke dans la base de données. Parmi les systèmes de gestion de bases de données (SGBD) les plus populaires on trouve notamment MySQL et PostgreSQL.

database
Database par gnizr (CC BY 2.0)

Serveurs web et d’applications

Ces serveurs gèrent certaines requêtes envoyées par les utilisateurs sur Internet : on peut les voir comme des centrales téléphoniques qui répartissent les appels. Par exemple, si vous saisissez une URL dans la barre d’adresse de votre navigateur, un serveur web vous répondra en vous envoyant la page concernée. Si vous envoyez un message à un ami sur Facebook, le message sera d’abord envoyé à un serveur d’applications qui déterminera qui vous essayez de contacter puis transmettra votre message au compte de votre ami.

Parmi les serveurs web très répandus, citons Apache et Nginx.

Certains de ces outils, comme les serveurs et les bases de données, sont coûteux, surtout à l’échelle d’une entreprise, ce qui les rend plus faciles à monétiser. Par exemple, Heroku, une plate-forme sur le cloud (sur un serveur distant) qui fournit des solutions d’hébergement et de bases de données, propose une offre de base gratuite, mais il faut payer pour avoir accès à plus de données ou de bande passante. De grands sites reposent sur Heroku comme ceux de Toyota ou de Macy, et l’entreprise a été rachetée en 2010 par Salesforce.com pour 212 millions de dollars.

Il est plus difficile de faire payer d’autres types d’outils de développement, tel que les frameworks, de nombreuses bibliothèques et langages de programmation, qui sont souvent créés et maintenus par des bénévoles.

Ce type d’outils ressemble plus à des ressources qu’à des services qui peuvent être activés ou désactivés : les rendre payants limiterait fortement leur adoption. C’est pourquoi n’importe qui, que ce soit une entreprise milliardaire ou un adolescent apprenti développeur, peut utiliser gratuitement ces composants pour créer ses propres logiciels.

Par exemple, selon la page d’accueil d’Instagram, l’une des bibliothèques utilisées par l’entreprise est Appirater. Il s’agit d’une bibliothèque qui facilite les fonctions de rappels automatiques pour l’évaluation d’une application, à destination des utilisateurs d’iPhone. Elle a été créée en 2009 par Arash Payan, un développeur indépendant basé à Los Angeles. Le projet n’apporte aucun revenu à Payan.

C’est comme si des scieries, des centrales à béton et des magasins de matériel donnaient leurs matériaux de base à une entreprise du bâtiment, puis continuaient à approvisionner cette entreprise.




Des Routes et des Ponts (2), une introduction

Voici l’introduction du livre Des routes et des ponts de Nadia Eghbal (si vous avez raté le début…) que le groupe Framalang vous traduit au fil des semaines.

Dans cette partie, après avoir exposé la pression croissante de la demande de maintenance, elle retrace un épisode tout à fait emblématique, celui d’Heartbleed, quand il y a quelques années le monde de l’informatique prenait conscience qu’un protocole sensible et universel de sécurité n’était maintenu que par une poignée de développeurs sous-payés.

Vous souhaitez participer à la traduction hebdomadaire ? Rejoignez Framalang ou rendez-vous sur un pad dont l’adresse sera donnée sur Framasphère chaque mardi à 19h… mais si vous passez après vous êtes les bienvenu.e.s aussi !

Introduction

Traduction Framalang : Piup, xi, jums, goofy, Ced, mika, Luc, Laure, Lumibd, goofy, alienspoon, Julien / Sphinx

Tout, dans notre société moderne, des hôpitaux à la bourse en passant par les journaux et les réseaux sociaux, fonctionne grâce à des logiciels. Mais à y regarder de plus près, vous verrez que les fondations de cette infrastructure logicielle menacent de céder sous la demande. Aujourd’hui, presque tous les logiciels sont tributaires de code dit open source : public et gratuit, ce code est créé et maintenu par des communautés de développeurs ou disposant d’autres compétences. Comme les routes ou les ponts que tout le monde peut emprunter à pied ou dans un véhicule, le code open source peut être repris et utilisé par n’importe qui, entreprise ou particulier, pour créer des logiciels. Ce code constitue l’infrastructure numérique de la société d’aujourd’hui, et tout comme l’infrastructure matérielle, elle nécessite une maintenance et un entretien réguliers. Aux États-Unis par exemple, plus de la moitié des dépenses de l’état pour les réseaux routiers et ceux de distribution d’eau est consacrée à leur seule maintenance.

Mais les ressources financières nécessaires pour soutenir cette infrastructure numérique sont bien plus difficiles à obtenir. La maintenance de code open source était relativement abordable à ses débuts, mais de nos jours les financements ne viennent en général que d’entreprises de logiciels, sous forme de mécénat direct ou indirect. Dans la foulée de la révolution de l’ordinateur personnel, au début des années 1980, la plupart des logiciels du commerce étaient propriétaires, et non partagés. Les outils logiciels étaient conçus et utilisés en interne dans chaque entreprise, qui vendait aux clients une licence d’utilisation de ses produits. Beaucoup d’entreprises trouvaient que l’open source était un domaine émergent trop peu fiable pour un usage commercial. Selon elles, les logiciels devaient être vendus, pas donnés gratuitement.

En fait, partager du code s’est révélé plus facile, plus économique et plus efficace que d’écrire du code propriétaire, et de nos jours tout le monde utilise du code open source : les entreprises du Fortune 500, le gouvernement, les grandes entreprises du logiciel, les startups… Cependant, cette demande supplémentaire a augmenté la charge de travail de ceux qui produisent et entretiennent cette infrastructure partagée, mais comme ces communautés sont assez discrètes, le reste du monde a mis longtemps à s’en rendre compte. Parmi nous, beaucoup considèrent qu’ouvrir un logiciel est aussi normal que pousser un bouton pour allumer la lumière, mais nous ne pensons pas au capital humain qui a rendu cela possible.

Face à cette demande sans précédent, si nous ne soutenons pas notre infrastructure numérique les conséquences seront nombreuses. Du côté des risques, il y a les failles de sécurité et les interruptions de service causées par l’impossibilité pour les mainteneurs de fournir une assistance suffisante. Du côté des possibilités, les améliorations de ces outils logiciels sont nécessaires pour accompagner la renaissance actuelle des startups, qui dépendent étroitement de l’infrastructure numérique. De plus, le travail effectué dans l’open source est un atout dans le portfolio des développeurs et facilite leur recrutement, mais ce réservoir de talents est beaucoup moins diversifié que celui de l’industrie informatique dans son ensemble. Une augmentation du nombre de contributeurs serait donc profitable au domaine des technologies de l’information au sens large.

Aucune entreprise ou organisation n’a de raison de s’attaquer seule à ce problème, car le code open source est un bien public. C’est pourquoi nous devons réussir à travailler ensemble pour entretenir notre infrastructure numérique. Il existe par exemple la Core Infrastructure Initiative (CII) de la fondation Linux et le programme Open Source Support de Mozilla, ainsi que des initiatives de nombre d’entreprises de logiciel à différents niveaux.
L’entretien de notre infrastructure numérique est une idée nouvelle pour beaucoup, et les défis que cela pose ne sont pas bien cernés. De plus, l’initiative de cette infrastructure est distribuée entre beaucoup de personnes et d’organisations, ce qui met à mal les modèles classiques de gouvernance. Beaucoup de ces projets qui contribuent à l’infrastructure n’ont même pas de statut juridique. Toute stratégie de maintenance devra donc accepter et exploiter ces aspects décentralisés et communautaires du code open source.

Enfin, pour construire un écosystème sain et durable, il sera crucial d’éduquer les gens à ce problème, de faciliter les contributions financières et humaines des institutions, de multiplier le nombre de contributeurs open source et de définir les bonnes pratiques et stratégies au sein des projets qui participent de cette infrastructure.

Le logo d'Heartbleed (licence CC 0)
Le logo d’Heartbleed (licence CC 0)

En 1998, une équipe d’experts en sécurité se constitua au Royaume-Uni pour élaborer une panoplie d’outils de chiffrement libres destinés à Internet.

Très vite, tout le monde se mit à parler de leur projet, intitulé OpenSSL (les développeurs avaient pris comme base de départ un projet australien existant, SSLeay). Non seulement il était complet et relativement fiable, mais il était libre. Il n’est pas facile d’écrire de la cryptographie et OpenSSL avait résolu un problème épineux pour les développeurs du monde entier : en 2014, deux tiers des serveurs web utilisaient OpenSSL, et les sites pouvaient donc transmettre de façon sécurisée les codes de cartes de crédit et autres informations sensibles via Internet.

Pendant ce temps, le projet était toujours géré de façon informelle par un petit groupe de volontaires. Un conseiller du Département de la Défense des États-Unis, Steve Marquess, avait remarqué qu’un contributeur, Stephen Henson, travaillait à temps plein sur OpenSSL. Par curiosité, Marquess lui demanda ce qu’il gagnait, et apprit avec surprise que le salaire de Henson était cinq fois plus faible que le sien.

Marquess s’était toujours considéré comme un bon programmeur, mais ses talents faisaient pâle figure à côté de ceux de Henson. Comme bien d’autres, Marquess imaginait à tort que quelqu’un d’aussi talentueux que Henson aurait un salaire à sa mesure.

Henson travaillait sur OpenSSL depuis 1998. Marquess avait rejoint le projet plus récemment, au début des années 2000, et avait travaillé avec Henson pendant plusieurs années avant d’apprendre sa situation financière.

Comme il avait travaillé avec le Département de la Défense, Marquess savait à quel point OpenSSL était crucial, non seulement pour leur propre système, mais pour d’autres industries dans le monde, de l’investissement à l’aéronautique en passant par la santé. Jusqu’alors, il avait « toujours supposé (comme le reste du monde) que l’équipe d’OpenSSL était grande, active et bien financée. »
En réalité, OpenSSL ne rapportait même pas assez pour payer un seul salarié.

Marquess décida de s’impliquer dans le projet : il avait contribué au code de temps à autre, mais il se rendit compte qu’il serait plus utile en tant qu’homme d’affaires. Il commença par négocier des petits contrats de conseil par le biais d’une entreprise à but non lucratif existante pour maintenir OpenSSL à flot dans ses années les plus dures. Comme le volume des contrats croissait, il créa une entité légale pour collecter ces revenus, l’OpenSSL Software Foundation (OSF).
Malgré le nombre de personnes et d’entreprises qui utilisaient leur logiciel, l’OSF ne reçut jamais plus de 2 000 dollars de dons par an. Les revenus bruts de l’activité de conseil et des contrats ne dépassèrent jamais un million de dollars, qui furent presque entièrement dépensés en frais d’hébergement et en tests de sécurité (qui peuvent coûter plusieurs centaines de milliers de dollars).

Il y avait juste assez pour payer le salaire d’un développeur, Stephen Henson. Cela signifie que les deux tiers du Web reposaient sur un logiciel de chiffrement maintenu par un seul employé à temps plein.

L’équipe d’OpenSSL continua à travailler de façon relativement anonyme jusqu’en avril 2014, quand un ingénieur de chez Google, Neel Mehta, découvrit une faille de sécurité majeure dans OpenSSL. Deux jours plus tard, un autre ingénieur, de l’entreprise finlandaise Codenomicon, découvrit le même problème.
Tous deux contactèrent immédiatement l’équipe d’OpenSSL.

Ce bug, surnommé Heartbleed, s’était glissé dans une mise à jour de 2011. Il était passé inaperçu pendant des années. Heartbleed pouvait permettre à n’importe quel pirate suffisamment doué de détourner des informations sécurisées en transit vers des serveurs vulnérables, y compris des mots de passe, des identifiants de cartes de crédit et autres données sensibles.

Joseph Steinberg, un éditorialiste spécialisé en cybersécurité, écrivit : « on pourrait dire que Heartbleed est la pire vulnérabilité découverte… depuis qu’Internet a commencé à être utilisé pour des opérations commerciales. »

Grâce à un large écho médiatique, le grand public entendit parler de ce bug informatique, au moins de nom. Des plateformes majeures, comme Instagram, Gmail ou Netflix, furent affectées par Heartbleed.

Certains journalistes attirèrent l’attention sur l’OpenSSL lui-même, et la manière dont l’équipe de développement avait lutté pendant des années pour pouvoir continuer ses travaux. Les experts en sécurité connaissaient les limites d’OpenSSL, mais l’équipe ne parvenait pas à capter les ressources ou l’attention adéquates pour résoudre les problèmes.

Marquess écrivit à propos de Heartbleed « ce qui est mystérieux, ce n’est pas qu’une poignée de bénévoles surchargés de travail ait raté ce bug, mais plutôt qu’il n’y a pas eu davantage de bugs de ce genre. »

Les gens envoyèrent des dons pour soutenir la fondation, et Marquess les remercia pour leur enthousiasme, mais le premier cycle de dons ne totalisa qu’environ 9 000 dollars : largement en deçà du nécessaire pour soutenir une équipe dédiée.

Marquess adressa alors à Internet un vibrant plaidoyer pour une levée de fonds :

 

Les gars qui travaillent sur OpenSSL ne sont là ni pour l’argent, ni pour la gloire (qui, en dehors des cercles geeks, a entendu parler d’eux ou d’OpenSSL avant la sortie de heartbleed[sic] dans les médias ?). Ils travaillent pour la fierté de créer et parce qu’ils se sentent responsables de à quoi ils croient.

Il faut des nerfs d’acier pour travailler pendant des années sur des centaines de milliers de lignes d’un code très complexe, où tout le monde peut voir chacune des lignes que vous manipulez, en sachant que ce code est utilisé par des banques, des pare-feux, des systèmes d’armement, des sites web, des smartphones, l’industrie, le gouvernement, partout. Et tout cela en acceptant de ne pas être apprécié à votre juste valeur et d’être ignoré jusqu’à ce que quelque chose tourne mal.

Il devrait y avoir au moins une demi-douzaine de membres à temps plein dans l’équipe au lieu d’un seul pour se consacrer au soin et à la maintenance que demande OpenSSL, sans devoir gérer en même temps l’aspect commercial.

Si vous êtes un décideur dans une multinationale ou un gouvernement, pensez-y. Je vous en prie. Je me fais vieux, je fatigue et j’aimerais prendre ma retraite un jour.

Après Heartbleed, OpenSSL obtint enfin le financement nécessaire – en tous cas jusqu’à présent. L’équipe dispose à l’heure actuelle d’assez d’argent pour payer quatre employés à temps plein pendant trois ans. Mais au bout d’un an et demi de ce financement, Marquess n’est pas certain de l’avenir.

Il a admis que Heartbleed a été une bénédiction pour eux, mais qu’il est « légèrement ironique » que ce soit une faille de cette ampleur qui ait donné plus de visibilité à leur cause. Et quand l’argent sera épuisé et que le monde sera passé à autre chose, Marquess craint qu’ils ne se retrouvent dans la même situation qu’avant Heartbleed, voire pire : la clientèle que Marquess a mis des années à se constituer a disparu, puisque l’équipe travaille maintenant à plein temps sur OpenSSL et n’a plus le temps d’exécuter des contrats.

Marquess lui-même a bientôt l’âge de la retraite. Il est le seul qui accepte de s’occuper des affaires commerciales et du rôle exécutif associés à OpenSSL comme les impôts, la recherche de clients, et la gestion des donateurs. Le reste de son équipe préfère se concentrer sur l’écriture et la maintenance du code. Il ne peut embaucher personne pour le remplacer quand il prendra sa retraite, parce qu’il ne perçoit en ce moment aucun salaire. « Je ne crois pas qu’on puisse tenir comme ça plus d’un an ou deux » a-t-il remarqué.

L’histoire d’OpenSSL n’est pas unique, et par bien des aspects, Marquess trouve que lui et son équipe font partie des mieux lotis. Bien d’autres projets sont toujours en manque de reconnaissance et de financement, alors qu’ils constituent l’infrastructure numérique, infrastructure absolument cruciale puisque tous les logiciels d’aujourd’hui, et par conséquent tous les aspects de notre vie quotidienne, en dépendent.

Relever ses courriels, lire les actualités, vérifier le prix des actions, faire des achats en ligne, aller chez le médecin, appeler le service client – qu’on le réalise ou non, tout ce que nous faisons est rendu possible par des projets comme OpenSSL. Sans eux, la technologie sur laquelle repose la société moderne ne pourrait tout simplement pas fonctionner.

Beaucoup de ces projets sont créés et maintenus par des volontaires et offerts au public gratuitement. Tous ceux qui le veulent, de Facebook au programmeur amateur, peuvent utiliser ce code pour créer leurs propres applications. Et ils le font.

S’il est difficile de croire, comme le dit Marquess, « qu’un groupe hétéroclite d’amateurs puisse faire mieux que de gigantesques sociétés avec leur argent et leurs ressources », voyez plutôt comme c’est lié à la montée en puissance du travail collaboratif pair-à-pair dans le monde.

Des startups jusqu’ici impensables comme Uber ou AirBnB se sont transformées en l’espace de quelques années en poids lourds du monde des affaires et remettent en question des industries phares comme le transport ou l’hôtellerie. Des musiciens se font un nom sur YouTube ou Soundcloud plutôt qu’en passant par les majors. Créateurs et artistes concrétisent leurs idées via des plateformes de financement participatif telles que Kickstarter ou Patreon.

breach

Les autres projets de l’infrastructure sont également issus de la passion et de la créativité de développeurs qui se sont dit : « Je pourrais faire ça mieux », et qui collaborent pour développer et livrer du code au monde entier. La différence, c’est que des millions de personnes ont besoin de ce code dans leur vie quotidienne.

Comme le code n’est pas aussi sexy qu’une vidéo virale sur YouTube ou une campagne Kickstarter, le grand public est très loin de pouvoir l’apprécier à sa juste valeur, si bien que le code qui a révolutionné les technologies de l’information manque très largement du soutien des institutions.

Mais nous ne pourrons ignorer cela plus longtemps.

Ces cinq dernières années, notre dépendance aux logiciels ainsi qu’au code libre et public qui les fait fonctionner s’est accélérée. Les technologies se sont fait une place dans tous les aspects de nos vies, et plus les gens utilisent de logiciels, plus on en crée, et plus cela demande de travail de maintenance.

Toutes les startups qui réussissent ont besoin d’une infrastructure publique pour assurer leur succès, pourtant aucune entreprise n’est assez motivée pour agir seule. Pendant que le monde progresse à toute vitesse vers l’ère moderne des startups, du code et des technologies, l’infrastructure reste à la traîne. Les fissures des fondations ne sont pas encore très visibles, mais elles s’élargissent. Après des années de croissance sans précédent qui nous ont propulsés dans une époque de croissance et de prospérité, nous devons maintenant agir pour nous assurer que le monde que nous avons bâti en si peu de temps ne va pas s’effondrer brutalement sans crier gare.

Pour comprendre comment nous pouvons préserver l’avenir, nous devons d’abord comprendre ce qu’est le logiciel lui-même.

 

(À suivre…)

La semaine prochaine : comment on fabrique des logiciels…




Avec « Des routes et des ponts », la voie est libre

Les membres du groupe Framalang ont toujours un gros appétit, il faut à leur insatiable faim de traduction de nouveaux aliments. C’est un morceau de choix qu’ils ont décidé de traduire et publier progressivement ici même…

… un livre entier de Nadia Eghbal qui porte sur l’infrastructure cachée ou discrète de la grande soupe numérique où nous grenouillons. Cet ouvrage a été financé par la Fondation Ford et sa source est sous licence CC BY 4.0, ce qui vous permet d’en profiter.

Si ça vous tente de nous rejoindre dans cette entreprise à long terme (il nous faudra quelques mois et nous n’avons pas de deadline hein) nous diffuserons sur Framasphère l’adresse du framapad de la traduction de la semaine chaque mardi à 19h 😉

 

Nous vous proposons aujourd’hui seulement l’avant-propos.

Histoire de susciter votre curiosité voici quelques titres des chapitres que nous vous proposerons semaine après semaine :

  • Une brève histoire du code public et libre et de ceux qui l’ont libéré
  • Pourquoi les gens continuent-ils à contribuer à ces projets sans être payés ?
  • Comment sont gérés les projets d’infrastructure numérique ?
  • Les rapports difficiles de l’open source avec l’argent

 

Des routes et des ponts (1)

Document original (lien direct vers le PDF) Roads and Bridges, The Unseen Labor behind Our Digital Structure
par : Nadia Eghbal

Traduction Framalang : astraia_spica, Mika, peupleLà, roptat, xi, Luc, mika, Lyn., Julien / Sphinx, Lumibd, goofy

Avant-propos

nadia-eghbalLe problème exposé dans cet ouvrage m’est apparu sur une intuition. Pour avoir travaillé dans des startups puis dans des sociétés de capital-risque, j’ai pu constater que des sommes d’argent considérables affluaient dans les entreprises de logiciel. Par ailleurs, en tant que développeuse de logiciel en amateur, j’étais bien consciente que je n’aurais rien pu produire toute seule. J’utilisais du code gratuit et public (plus connu sous le nom de code open source) dont j’assemblais des éléments afin de répondre à des objectifs personnels ou commerciaux. Et franchement, les personnes impliquées dans ces projets avaient, quel que soit leur rôle, fait le plus gros du travail.

Cette observation m’a tourné dans la tête pendant plusieurs années, tandis que j’assistais à l’explosion à droite et à gauche des bootcamps où étaient diplômés de nouveaux développeurs de logiciel et que je voyais des startups lever plusieurs dizaines de millions de dollars pour vendre des produits qui tournaient sans doute avec plus de code libre que de code propriétaire. Ayant précédemment travaillé dans des associations à but non lucratif, je faisais immédiatement le lien avec les biens publics et les défis qui leur sont associés. Pourtant ce vocabulaire était étrangement absent du langage de mes pairs dans le monde du logiciel.

Après avoir quitté mon travail dans une entreprise de capital-risque l’an dernier, je me suis mis en tête d’étudier ce paradoxe auquel je ne cessais de penser : il existe des logiciels précieux qui ne peuvent pas s’appuyer sur des modèles commerciaux et auxquels manquent le soutien des pouvoirs publics.

C’est plutôt amusant, mais le code open source ne figurait pas sur ma liste initiale. Comme mes collègues, j’avais supposé, à tort, que c’était l’exemple même de ressources logicielles à la disposition du public qui bénéficiaient d’un fort soutien. Lorsque j’ai mentionné l’open source à mes amis et mentors, ils m’ont aimablement dissuadée de poursuivre mes recherches dans ce domaine, puis incitée à plutôt trouver d’autres exemples de domaines qui avaient vraiment besoin de soutien.

soutien

Pourtant, je suis tombée sur un certain nombre de projets open source qui mettaient à mal ces préjugés. Il s’est avéré que maintenir les projets dans la durée était un problème connu dans le monde des contributeurs de l’open source. Plus je creusais la question et plus je découvrais des billets de blog, des articles et des forums de discussion qui abordaient la tension et l’épuisement éprouvés par ceux qui maintiennent les projets open source. Tout le monde m’indiquait une autre personne à contacter et sans m’en apercevoir j’ai récolté un nombre incroyable de témoignages à ce sujet.

Je me suis rendu compte que j’avais découvert un problème certes « bien connu » des producteurs (les contributeurs de l’open source) mais dont les consommateurs (les entreprises de logiciels et les autres utilisateurs de code open source) n’avaient apparemment aucune idée. Cette anomalie m’a incitée à me pencher sur le problème.

Par ailleurs, il semble que le milieu de l’open source soit lui-même en train d’évoluer, voire de bifurquer. J’ai eu des conversations très diverses avec des interlocuteurs de différentes générations, tous contributeurs open source. Ils semblaient avoir des philosophies et des valeurs divergentes, au point de donner l’impression de ne pas utiliser le même vocabulaire. J’ai appris que dans les trois à cinq dernières années, la production ainsi que la demande avaient explosé dans le monde de l’open source grâce à l’amélioration des outils pour les développeurs et à celle de l’organisation du travail. Les contributeurs de l’open source d’aujourd’hui sont très différents de ceux d’il y a 10 ans, sans parler de ceux d’il y a 30 ans. Or ces différentes générations ne communiquent pas entre elles, ce qui rend difficile toute conversation productive sur la maintenance pérenne des logiciels.

Au hasard d’une conversation avec Ethan Zuckerman, du MIT Center for Civic Media, j’ai eu l’occasion de partager plus largement mes découvertes.

Bien que ne sachant pas exactement ce qu’il y avait derrière ni si j’employais les bons mots, j’ai décrit à Ethan le problème dont je m’étais rendu compte et il a eu la gentillesse de me mettre en contact avec Jenny Toomey de la Fondation Ford. Jenny m’a suggéré de rassembler les résultats de mes recherches dans un rapport. Au fur et à mesure de son écriture a émergé cet ouvrage sur notre société numérique moderne, et sur l’infrastructure cachée qui la sous-tend.

Le présent ouvrage n’aurait jamais vu le jour si Ethan et Jenny n’avaient pas donné sa chance à une idée tout juste ébauchée qui désormais, grâce au travail d’écriture, s’est transformée en quelque chose de construit. Je les remercie énormément d’avoir fait confiance à leur intuition. Je suis aussi reconnaissante envers Michael Brennan et Lori McGlinchey pour leurs conseils, leur regard, et leur enthousiasme au cours de la relecture. Enfin, et c’est sans doute le plus important, j’ai une dette envers toutes les personnes qui travaillent dans l’open source et qui ont rendu leur histoire publique pour que des gens comme moi puissent la lire — et particulièrement ceux qui ont pris de leur temps malgré un agenda chargé pour me divertir au détour d’une conversation ou d’un courriel. Ce rapport est un concentré de leur sagesse et non de la mienne. Je suis particulièrement reconnaissante pour les conversations que j’ai pu avoir avec Russel Keith-Magee, Eric Holscher, Jan Lehnardt, Audrey Petrov et Mikeal Rogers, ils continuent à m’inspirer par leur patience et leur dévouement à l’égard du travail open source.

Merci d’avoir été aussi attentionnés.




David Revoy, la BD et les licences libres

Si vous avez raté le début…

(Si vous avez déjà suivi les épisodes précédents, allez directement au texte de David…)

Comme le savent nos lecteurs, nous défendons volontiers non seulement les logiciels mais aussi la culture libre sous ses multiples formes, y compris dans le domaine artistique :

turbulencesla position et l’expérimentation d’artistes comme Gwenn Seemel, Amanda Palmer, Neil Jomunsi entre autres multiples exemples (ne risquons pas l’accusation de copinage en mentionnant Pouhiou), nous intéressent et nous passionnent parce qu’elles témoignent d’un monde à la charnière. En effet, un modèle d’édition et de diffusion arrive en bout de course et à bout de souffle, mais il est défendu mordicus à la fois par ses bénéficiaires (c’est cohérent) et parfois par ses victimes, ce qui est plus surprenant. Quant aux modèles émergents, aux variantes nombreuses et inventives, ils cherchent la voie d’une viabilité rendue incertaine par les lois du marché qui s’imposent à eux.

Le mois dernier une annonce nous a fait plaisir, celle de la publication « papier » par Glénat du webcomic Pepper et Carrot de David Revoy, qui n’est pas un inconnu pour les lecteurs du Framablog auquel il a accordé cette interview il y a quelques mois. Voici la page où il détaille sa philosophie.

Un article de Calimaq expose de façon documentée l’intérêt de cette reprise d’une œuvre open source par un éditeur « classique » dans laquelle il voit de façon optimiste une façon de faire bouger les lignes qui bénéficie autant à l’auteur (qui renforce ses sources de mécénat) qu’à l’éditeur et aux lecteurs.

Tout va donc pour le mieux dans le petit monde de la BD ? — Pas vraiment, parce que l’accord passé par David Revoy avec Glénat (lequel s’engage à respecter cette licence Creative Commons) vient de provoquer une levée de boucliers chez un certain nombre d’auteurs de bande dessinée. Ils estiment notamment que cet accord dévalorise l’ensemble d’une profession qui peine déjà à survivre et s’insurgent contre l’idée de donner librement le fruit d’un travail artistique.

Vous pouvez par exemple lire ce billet de Xavier Guilbert pour la revue Du9 qui résume de façon assez équilibrée l’ensemble de la polémique. Si vous souhaitez lire un avis circonstancié carrément libriste, lisez l’excellent coup de gueule de Luc, qui fait notamment le lien avec Framabook, notre maison d’édition qui a fait « le pari du livre libre », mais établit néanmoins des contrats avec les auteurs qui sont rémunérés.

Également du côté des défenseurs du libre Neil Jomunsi sort la grosse artillerie et demande aux auteurs de se sortir les doigts du c**. C’est précisément à la suite de cet article que le principal intéressé s’exprime dans un long commentaire que nous reproduisons ici avec son accord.

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(dans un premier temps David s’adresse à Neil Jomunsi)

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Photo par Elisa De Castro Guerra

Hello, merci Neil pour cette initiative, j’espère y lire ici des propositions constructives de la part des autres auteurs et non pas seulement des retours des happy few qui vivent confortablement du système éditorial classique. En effet, je prends en considération que ces auteurs ne peuvent pas émettre une pensée libre d’intérêts éditoriaux ou syndicaux sur ce thème (surtout de manière publique). Ils ont aussi très peu d’intérêt à un changement de paradigme…
Pour ma part, je me suis très peu exprimé jusqu’alors. Mais je me sens à l’aise sur ce blog. J’aime le ton de l’article, la police d’écriture et la boîte de commentaire large. Je pense que ça risque de me faire pianoter. Et puis, je n’ai pas de blog français… Je réquisitionne donc cette boîte de commentaire un peu comme un blogpost de réponse.

 

Voici mon angle de vue que-personne-ne-m’a-demandé-mais-voilà-tout-de-même sur le modèle de Pepper&Carrot et pourquoi, je le répète, il me convient et que je maintiens ma tag-line sur ma page de garde :

devise

(Note : j’utiliserai par raccourcis les termes ‘auteurs’, ‘éditeurs’, ‘lecteurs’, mais je pense bien également aux ‘autrices’, ‘éditrices’, ‘lectrices’ derrière ces termes.)

Donc entendons-nous bien ici : je ne suis pas dans une lutte classique tel qu’on l’entend, voulant la destruction d’organisations, d’entreprises ou autre systèmes en place. Dans « changer l’industrie de la BD », j’entends « sanifier » les relations auteurs/éditeurs par plus de liberté et d’indépendance dans leurs relations. Par sanifier, je n’entends pas l’inversion du rapport de force où l’auteur triomphe de l’éditeur. Non. Dans ma démarche, il n’y a pas de rapport de force entre auteur et éditeur. L’éditeur est un acteur libre qui fait un produit dérivé de ma création. Dans le système classique, il y a un rapport dominant/dominé évident, contractualisé et opaque aux lecteurs. C’est tout là le problème. Avec Pepper&Carrot, je propose un système côte-à-côte. Chacun indépendant.

Ce système marche-t-il ? Sur ma page Philosophie, j’écris

… Et pourquoi Pepper&Carrot ne pourrait-il pas amorcer un changement et ainsi inspirer une industrie en crise ? Essayons !

Ce « essayons » démontre le caractère expérimental de ma démarche. Car oui, je suis en train de créer, oui, c’est nouveau et oui, ça agace quand quelqu’un essaie du nouveau.

Pepper&Carrot est un webcomic numérique en anglais principalement et international. Il est hébergé autant à Paris, qu’au U.S.A, en Asie et sur je-ne-sais-combien de sites miroirs et ça tourne. La France représente 4 % de ses visiteurs et cela me donne un peu de retrait sur le problème actuel. En effet : il serait vraiment malhonnête de penser que je suis dans la même situation qu’un jeune dessinateur amateur français, publiant en français sans audience et qui n’aurait qu’un seul éditeur monolithique comme source de revenus/diffusion, Glénat, pour survivre avec les 350 $ par mois de mécénat de Glénat… C’est pourtant, et à l’origine du buzz, l’angle de communication surprenant qu’a essayé d’orchestrer le syndicat BD SNAC sur sa page Facebook, et ce, bizarrement à quelques dizaines de jours d’une rencontre auteurs/éditeur importante. À part m’y faire traiter littéralement de con dans les commentaires et d’amener un lectorat d’auteurs entier à mépriser ma démarche, rien n’a germé, aucune pensée : stérile. Cependant cela a alimenté de la colère. Ce groupe a-t-il besoin de ça pour s’unifier ? Pepper&Carrot/Glénat est simplement devenu un prétexte du moment. Une opportunité pour eux de « casser de l’éditeur » collectivement et dénigrer un nouvel auteur qui n’a pas choisi de lutter à leur manière. Triste.

Donc ce buzz, dit il la vérité ? En partie, oui, c’est pour ça que ça marche. Il est possible à n’importe qui de faire des produits dérivés de Pepper&Carrot, de façon commerciale, en suivant un ensemble de règles de la Creative Commons Attribution permissive que j’ai établie. Glénat qui imprime à 10 000 exemplaires mon webcomic n’est qu’un produit dérivé à mes yeux (comme déjà dit). Pour faire un parallèle, je le considère comme si j’avais un film et qu’ils imprimaient la figurine du héros. Rien de plus. Nous avons eu une collaboration que je décris en anglais sur le blog de Pepper&Carrot. J’en suis satisfait, c’est super cool un premier album imprimé, mais cliquez sur le bouton « HD » sur le site de Pepper&Carrot, et vous y aurez plus de détails, plus de couleurs que dans l’album imprimé.

Ma BD principale, mon support de choix n’est pas l’album de Glénat. Ce n’est pas le média principal de Pepper&Carrot. D’autres projets suivront comme l’éditeur allemand Popcom qui vient de rejoindre le mécénat de Pepper&Carrot, le livre de la Krita Foundation ou une édition régionale en Breton de Pepper&Carrot. Ce n’est que le début, le projet n’a que deux ans et je ne compte pas tout ça comme un manque à gagner. Je n’y vois que les effets positifs de personnes qui utilisent la base de ressources que j’ai créée, avec respect, dans les règles qui me conviennent pour créer plus de valeur autour de la série. Et ça fonctionne.

Glénat fait des bénéfices ? Et alors ? Bon pour eux. Le font-il « sur mon dos » ? Non, je ne me sens pas lésé en quoi que ce soit. Pas plus que quand Pepper&Carrot fait la frontpage d’ImgUr, de deviantArt ou de Reddit. (je vous présente ici des nouvelles puissances éditoriales). Le papier, la chaîne graphique, l’impression, l’empaquetage, la distribution, etc. c’est le métier de l’éditeur, il véhicule mon œuvre sur le papier. Pas très différent de ce que ferait un autre site web, pour moi. De mon point de vue, je fais du divertissement numérique sur Internet et je ne vends pas de BD. Si l’éditeur aime la source qui lui permet de vendre du papier, il sait comment me gratifier. Idem pour l’audience. C’est simple et c’est décrit dans l’album papier de Glénat Pepper&Carrot (si certains avaient pris le temps de l’ouvrir). Ce qui m’interpelle vraiment, c’est : Glénat imprime 10 000 exemplaires et aucun petit éditeur ne pense à aller sur mon site télécharger plein de croquis Creative Commons et en faire un artbook d’accompagnement en librairie ? Publier des cartes postales ? Refaire une version « deluxe » du Tome 1 ? Le monde éditorial à moins d’initiative que ce que j’avais prévu.

Je veux un univers collaboratif dont le lecteur puisse s’imprégner et devenir à son tour acteur, entrepreneur. Ici encore la Creative Commons Attribution le permet

J’aimerais aussi faire prendre conscience dans ce débat sur un autre point qui n’est jamais abordé dans les articles : la « culture libre » que permet Pepper&Carrot. Les auteurs ont conquis une place dans les esprits de leurs audiences qui me dérange fondamentalement. Prenez par exemple une BD lambda, distribué sous copyright classique (même d’un webcomic « gratuit » mais propriétaire d’Internet). Tout le monde peut penser l’univers, rêver dedans, rejouer les scènes en pensée, etc. Cet univers existe en nous. Mais dès que cette pensée essaie de germer, de muter, de passer à l’action dans la vraie vie par une création, elle se retrouve anéantie ou réduite aux règles vaseuses du fair-use/fan-art/fan-fiction qui devient illégal en cas de création d’activité commerciale. Combien de cas problématiques sur Internet ces dernières années ! Sans le savoir, les auteurs d’univers propriétaire sont aussi propriétaires d’une part de votre culture, de votre pensée, de vos rêves, de ce qui regroupe les fans…

Avec Pepper&Carrot, je ne veux plus de ce paradigme du tout. Je veux un univers collaboratif dont le lecteur puisse s’imprégner et devenir à son tour acteur, entrepreneur. Ici encore la Creative Commons Attribution le permet, et ainsi j’ai des projets de jeux vidéos, de jeux de sociétés, de jeux de rôles de fan-art et de fan-fictions qui viennent à leur tour enrichir le wiki de l’univers d’Hereva à la base de Pepper&Carrot. Encore une fois, ceci est ma volonté de créer une relation côte-à-côte avec le lecteur, et j’en vois les bénéfices.

je replace l’auteur maître de son œuvre en face de l’éditeur dans un rapport d’égal à égal dans leur liberté et leurs droits.

Vous l’avez donc compris, je ne suis pas intéressé par l’établissement d’une relation d’un contrat classique, dominant-éditeur, dominé-auteur et sous-dominé-lecteur-acheteur. C’est liberticide et nuirait collectivement à notre éditeur-auteur-lecteur, à nos libertés d’agir, d’entreprendre et de penser. Je fonde un écosystème où les acteurs sont libres et côte-à-côte dans un rapport pacifié. La CC-By-Nc ? (la clause non-commerciale de la Creative Commons) désolé, je ne la veux pas pour ma BD, et ce n’est pas parce que ça s’appelle Creative Commons que c’est libre : c’est une licence propriétaire. La CC-By (attribution) est libre et m’intéresse. Avec cette liberté, cette indépendance, j’ai ici un modèle qui fonctionne à ma modeste échelle et tout ceci alimenté financièrement grâce à des héros dans mon audience qui soutiennent mon travail et ma philosophie.

L'image finale de l'épisode 8 récemment publié
L’image finale de l’épisode 8 récemment publié, l’anniversaire de Pepper

 

Mais ce n’est pas tout… Ce que je propose est une solution robuste contre la question du piratage de la BD, ce que je propose rend obsolète la création même des DRM pour la diffusion numérique, ce que je propose clarifie les rapports ambigus pour la création de fan-art/fan-fiction et dérivations, et enfin je replace l’auteur maître de son œuvre en face de l’éditeur dans un rapport d’égal à égal dans leur liberté et leurs droits.

Refaites le compte, et réévaluez ma proposition. Libre aussi à chacun de signer un contrat, de le négocier, de savoir quoi faire avec son œuvre. Mais pour moi, cette réflexion est faite. J’aime le libre pour ce qu’il offre pragmatiquement et je suis déjà dans son application à la réalité concernant ma BD depuis deux ans. Il vous reste un dégoût qu’une grosse entreprise genre « gros éditeur » puisse imprimer vos œuvres gratuitement ? Cela fait partie de la licence libre telle qu’elle est et de la liberté qu’elle offre. La licence n’est qu’un outil ne peut pas faire vraiment de différence entre la lectrice/traductrice japonaise, le petit commerçant polonais, l’artisan irlandais, le gros site web australien et le géant industriel de l’édition française… Sinon ce ne serait plus de la vraie liberté.

Il ne me reste plus qu’à continuer d’informer les lecteurs et leur demander de soutenir les artistes libres qu’ils aiment directement via Internet et non de penser que ces artistes touchent un quelconque gros pourcentage opaque sur les produits dérivés que ceux-ci iront acheter. Cette tâche d’information, si on s’y mettait tous collectivement et pratiquement entre artistes, aurait certainement plus d’effets sur nos niveaux et confort de vie que toutes négociations de pourcentages et discussions de frais d’avances autour de réunions et de cocktails.

portrait-of-charles-darwin_by-david-revoy
Darwin par David Revoy, extrait de son portfolio. Cliquer pour agrandir ce portrait à la manière d’Arcimboldo.

 

  • Toutes les illustrations de cet article sont de David Revoy, CC-BY



Le Framablog a 10 ans, c’est vous qui le dites

Et hop, voici comme promis le remix de vos réponses aux quelques questions posées à propos des 10 ans du Framablog. Les lecteurs de la première heure se sont manifestés, mais aussi les plus récents !

Nous avons souhaité publier ce mashup pour vous donner la parole à l’occasion de cet article n° 2000 — enfin 2001, on a été un peu grillés parce que les annonces de rentrée sur le blog ont commencé à déferler, et ça ne va faire que croître et embellir, restez tunés !

Découvrez donc notre choix parfaitement arbitraire parmi vos réponses. Précisons : nous n’avons pas retenu *tous* les compliments et remerciements parce que ça faisait vraiment beaucoup, mais ça fait vachement plaisir ! Un grand merci à tous les lecteurs, nous voilà dopés pour la rentrée !

 

Comment tout a commencé

Voici les réponses à la question : comment avez-vous découvert le Framablog ?

obligation

  • Probablement par le Planet Libre tout au début
  • Par Ubuntu-fr, grâce au stand Framasoft lors d’une Ubuntu Party
  • Par linuxfr
  • Grâce à mes professeurs d’informatiques qui avaient installé nos ordinateurs directement avec Firefox et un marque page vers l’annuaire de logiciels libres Framasoft.
  • Par un ami libriste en DUT informatique
  • c’est une connaissance qui m’en a parlé.
  • par mon entourage proche, famille militante qui m’a fait connaitre le libre et ses combats
  • à cause de Pouhiou !! <3

Chacun sa route, chacun son chemin

J’ai connu le Framablog en m’intéressant à Linux, je voulais changer de Windows non pas pour son aspect libre, gratuit… mais parce que mon Windaube tombait tout le temps en panne. De fil en aiguille, de recherches en réponses et de liens en liens, j’ai découvert Framasoft (monde du libre oblige) et le Framablog. Je suis arrivé un peu avant le campagne « dégooglisons Internet », et je me suis mis à suivre le blog par flux RSS car cette initiative m’intérêssait. Je suis un peu un genre de « Dupuis-Morizeau » qui a basculé de l’autre côté du mur des GAFAM et utilise Linux Mint depuis 1 an en tant qu’OS principal, un peu grâce à Framasoft aussi !

memoire

 

  • Bonne question, je ne m’en souviens même plus.
  • Je ne sais plus !
  • Je ne sais même plus depuis le temps…
  • Je ne sais plus comment j’ai connu Framablog
  • je ne m’en rappelle plus
  • Je sais plus vraiment…
  • Je ne me souviens plus … ça fait tellement longtemps …

Des articles ? il en manque !

Réponses sélectionnées à la question :

« Je trouve que dans le Framablog on ne parle pas assez de… »

alors, ça avance ?

…de l’avancement de dégooglisons (notament framaforms, framatweet, framapétitions et framanotes)
et des C.H.A.T.O.N.S. Vous nous avez bien titillé, on veut en savoir plus. Vous pourriez parler de jeu vidéo libre aussi, après tout c’est de la culture.

l’école du libre

  • du libre… mais on n’en parlera jamais assez 😉
  • des logiciels libres
  • Je ne serais pas contre parler un peu plus d’éducation, et de la place du libre (ou de son absence de place parfois) dans le système éducatif, et des enjeux (cachés ou non) qu’il y a derrière cela
  • Articles de fond, l’éducation (qui était vraiment très présent avant)

penser global, agir local

…d’action possible près de chez nous !

message perso

[Tac au tux] (et ça, c’est pas pour de rire, faut vraiment réorganiser ça !!!)

pour aller plus loin

  • J’ai envie de dire de technique, mais je sais bien que ce n’est pas le but du framablog.
  • Je pense que les articles de fond devrais proposer à la fin un index de ressources pour aller plus loin, soit techniquement, soit dans la réflexion, soit dans l’action. Par exemple un article sur le chiffrement devrait proposer des liens sur :
    – Les détails technique du chiffrement
    – D’autres articles sur le chiffrement
    – Comment essaimer (je vous mets dans ma poche avec ce mot :p)

le bistrot des distros

  • Je trouve que dans le Framablog on ne parle pas assez de… Mageia. Blague à part, ne parle pas assez des distributions GNU/Linux. Le Libre par les logiciels c’est bien, le système qui les supporte a aussi son importance (même si Mme Michu ne souhaite pas adhérer au pingouin chevaucheur de Gnou).
  • de distribution Gnu/Linux
  • des GAFAM … cf.  https://gafam.wordpress.com/ que j’ai mis en ligne il y a quelques mois & http://www.gafam.fr/ que je suis en train de préparer tranquillement (et qui devrait être fin prêt en fin d’année) pour en faire un «  »vrai » » site concernant cette problématique : «  » gafam.fr : Faire connaître & promouvoir les alternatives aux GAFAMs
  • de la protection de la vie privée (par des trucs & astuces, sous win & sous linux) : peut-être que notre ami gee pourrait faire quelques planches à se sujet ?
  • des distributions GNU/Linux les plus populaires / connues / stables … pouvant judicieusement remplacer win & mac
  • des logiciels libres les plus utilisés / connus … (pour présenter simplement / clairement les alternatives libres aux logiciels privateurs utilisés par mesdames Michu & Dupuis-Morizeau, en leur expliquant bien le pourquoi du comment)
  • Distros et logiciels libres en remplacement des fermés

#FramaDebout

  • Thèmes anticapitalistes, contre les entreprises (Ubuntu), des intérêts divergents entre les profits et 99 % de la population.
  • Peut-être de structure économique justifiant les dérives, à mes yeux, -mais je m’avance un peu- ^^
  • l’incompétence des décideurs (politiques, économiques…) en matière de progression de la société, ou de leur quasi volonté d’anesthésier le peuple.
  • politique au sens large

le vrai problème

comment trouver l’amour quand on est un libriste !

coeursolitaire

C’est beau mais bof

« Techniquement et graphiquement, je trouve que le Framablog… »

travail non évalué

Bon, ça va, hein. Mais la perfection n’existe pas, donc ne compte pas sur moi pour un 20/20

c’est du bio c’est du bon

  • C’est propre tout en ayant un petit goût de fait à la main, et quand c’est fait à la main, c’est souvent bon.
  • Sobre, léger, très sympa
  • est bien lisible sans se fatiguer. La navigation est facile.
  • Sobre, esthétique et LISIBLE.

beugue riporte

Est assez épuré, les articles sont plaisants à lire même si parfois pour les interviews, on a des gros pâtés de texte. À noter, j’ai toujours un effet de scintillement lorsque la CSS se charge, vous pourriez peut-être voir pour améliorer les perfs de ce côté pour éviter ce « flash ».

fitcheur ricoueste

  • Je n’y accède que par mes flux RSS. Peut-être un lien direct vers les commentaires en fin d’article (comme sur LinuxFR)
  • Je lis les articles directement sur TheOldReader. Avoir les articles complets dans le flux RSS est important pour moi.
  • Une version mobile/responsive serait un plus.

osef

  • Globalement on s’en cogne… C’est le contenu qui est intéressant 🙂
  • Un peu spartiate, mais ça va
  • Correspond à mes attentes. En même  temps, j’en ai pas, des attentes…!

charte vermeillevieux-sourd

  • Design un peu vieux. Faudrait peut-être suivre, pour une fois, la mouvance de design (Flat par exemple?)
  • Clair, mais un chouille old-school.
  • Un peu vieillot mais avec les évolutions qui arrivent par petites touches on voit que ça avance Graphiquement un peu à la traîne

Framalang ? — C’est good et oui ouante encore participette.

À la question : « Un petit message pour les bénévoles de Framalang qui traduisent des nouvelles du monde du libre ? » voici les réponses que nous avons sélectionnées :

around the world around the world…

carry on & never give up !
« どうもありがとうございました
がんばってください »

holla !
Good job !
Molte gracie
Muchas gracias
Bolchoi Paciba

c’est trop bien

  • Je trouve que vous faites un travail incroyable et qui mérite toutes mes félicitations. Vos traductions me sont très utiles puisque je peux ainsi lire des articles anglais que je n’aurais pas pensé chercher sur Internet.
  • BRAVO ! Votre travail est vraiment excellent et permet aux anglophobes d’accéder à des informations non relayées par les médias classiques ou difficiles à appréhender avec les subtilités du langage.
  • bravo et merci! Un grand merci à tous pour tout le Framaboulot accompli depuis ces années !
  • Merci du gros travail de traductions, qui est de bonne qualité .

mais euh ça va trop vite !

  • Pour avoir participé un petit peu il y a quelques années, j’ai trouvé la méthodo et l’infrastructure hyper efficace, j’étais toujours étonné de la rapidité des traductions, il fallait limite se dépêcher si on voulait pouvoir participer un peu.
  • j’arrive souvent après la bataille :'(
  • Dans le temps j’ai perdu le fil, et je ne sais même plus aujourd’hui comment m’informer des nouvelles traductions proposées. À l’époque c’était des appels par Twitter. P.S.: je viens de chercher et du coup me suis inscrit à la liste de diffusion framalang@framalistes.org :DDDDD »
2000-articles trop-vite

 

Framasoft ? — On gère du pâté et on en fout partout

Voici ce qu’ont répondu quelques-uns à la question finale : « Un autre message pour l’équipe du Framablog et de Framasoft ? lâchez-vous ! »

optimiste et conquérant :

Cette année nous démarrons (grâce à vous !!!) la dégooglisation du lycée agricole d’E. et par là même la dégooglisation des esprits de nos apprenants… (il faut préciser que nous sommes de très gros consommateurs de Google Drive et que nous espérons, d’ici deux ans, conjuguer cette phrase au passé)

la belle histoire

Petite histoire, ma mère travaillait dans un collège très pauvre à M. avec des élèves vraiment très défavorisés. Elle distribuait des Framakeys à un moment je crois, et recommandait systématiquement les logiciels libres. Elle avait donné des copies de Open Office à l’époque et des élèves l’avaient remerciée chaleureusement de leur avoir fait découvrir cela, car elles ignoraient que de telles choses existaient et visiblement n’avaient même pas l’idée de craquer des logiciels de traitement de texte propriétaires et/ou avaient été épargnés par la vente liée (bizarre!).

repas de famille

En vrai, de plus en plus de gens, même mes proches et notamment ma famille : des oncles, des tantes etc, commencent fortement à s’intéresser à ces problématiques grâce au framamonde.

fédération charcutière

Merci pour tout, merci pour le bien que vous faites à Internet en général (avec d’autres services comme Qwant, l’April ou la mère Zaclys pour ne citer qu’eux), vous êtes une pierre importante de l’édifice libre que j’utilise au quotidien (Linux, Framasphère*, Framablog, Framacarte, Framatube, Framindmap, Framadrop (hyper utile, merci !), j’aurai  bien voulu un Framadrive mais y’a pu d’place… :P) ! Et rien que pour ça, vous gérez du pâté !

à l’assaut l’asso

Pas de grand discours mais juste un grand merci pour votre mobilisation et votre ouverture. J’ai appris beaucoup de chose avec vous, je me suis trouvée de nouveaux centres d’intérêts et un « combat » de la vie de tous les jours.

sentier lumineux

Vous êtes la lumière dans un monde d’obscurité

trop mignon

Des gros bisous avec plein de licornes et chats des internets <3

bday-cake

gâteau d’anniversaire offert par normanack (CC BY 2.0)




Framemo : un tableau pour vos tempêtes de cerveaux !

Lorsque l’on est en réunion, que l’on travaille en groupe, il faut prendre des notes. Pour cela, un Framapad, c’est plutôt pratique. Mais dès que vous voulez organiser ces notes, on en revient au tableau blanc avec les sempiternels papiers jaunes à bouts collants (dont on ne doit pas prononcer le nom)…

Du coup, nous on s’est dit « Ce serait-y pas formidable qu’un logiciel libre permette de simuler le tableau blanc et les papiers, de manière collaborative, comme les pads ? »

Et c’est là que nous avons découvert Scrumblr, de Ali Asaria ; qui a eu la belle idée de créer un logiciel compréhensible instinctivement, en deux clics. La suite, vous la devinez…

Framemo expliqué aux kanbanistes agiles

Oui, le tableau blanc, les colonnes et les papiers repositionnables, cela s’appelle du Kanban. Le passage qui suit est donc à réserver aux personnes qui connaissent déjà la méthode (ou veulent un bref aperçu de ce service). Si vous voulez une illustration explicative, pas de soucis, rendez-vous au titre suivant 😉 !

Framemo vous propose donc :

  • De créer des tableaux kanban en ligne (sans ouverture de compte) ;
  • De les partager via l’URL (adresse web) ;
  • De travailler collaborativement en temps réel ;
  • Le tout en mode cliquer-glisser-déposer ;
  • L’édition, l’ajout et la suppression de colonnes ;
  • L’édition, l’ajout et la suppression de notes (4 couleurs dispos) ;
  • L’ajout ou le retrait de gommettes sur les notes ;
  • L’ajout et l’édition du pseudonyme des participant-e-s ;

Ce service est basé sur le logiciel Scrumblr (participez-y ici), sous licence GNU GPL, et notre tuto pour l’installer sur vos serveurs est sur le Framacloud.

L’initiative Cot-Cot-Commons ouvre un Framemo

Prenons l’exemple (purement fictionnel) de Cot-Cot-Commons, une organisation qui voudrait créer un prototype de poulailler Libre (en plus d’être open source) et auto-géré, dans le jardin partagé de l’immeuble de Sandrine. Cette dernière s’y investit (elle aime réduire ses déchets végétaux) mais voit très vite que les idées fusent en réunion sans être forcément notées pour les personnes n’ayant pas pu venir. Qu’à cela ne tienne, lors de la réunion suivante, elle ouvre un Framemo !

Elle se rend donc sur Framemo.org et décide de créer un tableau sobrement intitulé « CotCotCommons« . Pas besoin de créer un compte, il suffit juste de taper le nom de son tableau et de cliquer sur « Allons-y » !

01-memo-creation

Bon, pour l’instant, il faut avouer que ce n’est pas super entraînant : un tableau tout vide, et quelques boutons « plus » et « moins » ici ou là, de petits points colorés…

02-memo-tableau-vide02

En passant sa souris sur la droite du tableau, Sandrine fait apparaître un petit « plus » qui lui permet d’ajouter des colonnes. Lorsqu’elle clique sur leur titres, elle s’aperçoit qu’elle peut en modifier le nom. Sandrine prépare un tableau kanban assez classique (de toutes façons elle voit bien qu’on peut toujours modifier les noms de colonnes par la suite).

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Notons au passage que Sandrine a vu qu’il suffisait de cliquer sur « Anonyme (vous) » pour entrer son prénom (ou son pseudo). Étant une habituée des pads, elle sait combien c’est pratique et met vite le sien.

Puis elle commence à noter les idées du compte rendu de la séance précédente. Pour créer une note, elle clique sur le « plus » à gauche sous le tableau. Un petit papier apparaît qui ne demande qu’à être édité, puis déplacé d’un geste de la souris…

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Sandrine n’y tient plus, elle finit juste quelques notes avant que de partager l’adresse web du tableau avec le reste de Cot-Cot-Commons. Elle est facile à retenir c’est le nom du site puis le nom de son tableau : framemo.org/CotCotCommons

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Très vite, Abdel, le secrétaire de séance, décide de projeter le tableau sur le mur de la salle de réunion. Dans le groupe, plusieurs s’emparent de leurs ordinateurs (dont Naya, restée chez elle à cause d’une jambe cassée, qui participe donc en visio conf) pour réorganiser les notes de Sandrine et y ajouter leurs idées !

C’est d’ailleurs Naya qui découvre qu’on peut glisser et déposer sur chacune des notes les gommettes qui se trouvent en bas à droite. Le groupe décide donc d’un code couleur pour attribuer les tâches à chacun-e. Bien vite, il y a tant de notes qu’il leur faut agrandir le tableau (en le tirant vers le bas d’un simple geste de la souris !)

06-memo-final

 

À vous de tester (et partager) Framemo !

Et voilà : Ali Asaria (et toute l’équipe de Scrumblr) nous propose là un petit service efficace, pratique, facile d’accès… L’idéal pour collaborer aisément sans avoir à apprendre et à s’habituer à un logiciel plus complexe !

Car si le collectif Cot-Cot-Commons est une pure invention, nous sommes certains que Framemo peut être utile à vos associations, syndicats, familles, entreprises, institutions : bref, dans tous les cercles où vous vous organisez en commun.

Et si vous trouvez Framemo trop léger pour vos besoins, nous vous rappelons qu’il existe un outil plus orienté gestion de projets – et donc plus complexe – nommé Framaboard.org utilisant lui aussi la méthode kanban.

Nous sommes ravis de pouvoir vous proposer ce nouveau service, et attendons de voir avec impatience si vous allez vous en emparer, l’utiliser, le partager… et surtout le quitter parce que vous l’aurez finalement adopté sur vos serveurs 😉 !

Pour aller plus loin :