20 pays et 250 villes au Festival d’Initiation au Logiciel Libre en Amérique Latine

FLISOL Antigua Piñatas - Public DomainUne nouvelle confirmation qu’il y a décidément une belle énergie autour du logiciel libre en Amérique Latine.

Un article qui vaut surtout pour ces nombreux liens (en langue originale) mais qui est également pour moi l’occasion de vous présenter le projet Global Voices, « un réseau mondial de blogueurs qui sélectionnent, traduisent et publient des revues de blogs du monde entier »[1].

Amérique Latine : Le festival d’initiation au logiciel libre 2010

Latin America: Free Software Installation Festival 2010

Renata Avila – 30 avril 2010 – Global Voices
(Traduction : Loïc – Licence Creative Commons By)

Dans toute l’Amérique latine, le logiciel libre est devenu essentiel pour de nombreux pays et de nombreuses personnes qui ont choisi d’utiliser ces outils, dans les administrations publiques et pour répondre à différents problèmes. A Cuba par exemple, le mouvement pour le logiciel libre a soutenu le développement durable. Le gouvernement équatorien a quant à lui mis en avant une politique d’adoption du logiciel libre, d’une façon similaire au Brésil, un autre chef de file du logiciel libre et de la culture « libre ».

Le 24 avril 2010, de nombreux développeurs et utilisateurs des logiciels libres en Amérique Latine ont célébré ce mouvement par une fête nommée FLISOL2010, comme l’explique Leo ci-dessous :

FLISOL est le Festival d’Initiation au Logiciel Libre en Amérique Latine, un événement organisé par la communauté latino-américaine du logiciel libre depuis 2005. FLISOL a lieu le quatrième samedi d’avril chaque année. La sixième édition de FLISOL a été célébrée le 24 avril 2010. Aujourd’hui, FLISOL est sans aucun doute le plus important événement FOSS en Amérique Latine et peut être même le plus important « installfest » de la planète. L’édition 2010 de FLISOL a été organisée simultanément par 20 pays et 250 villes dans toute l’Amérique latine et, pour la première fois, en Europe (trois événements locaux en Espagne).

Dans chaque région, les célébrations sont différentes. Par exemple, à Antigua, au Guatemala, une Piñata a été cassée en l’honneur du logiciel libre ; c’était l’une des nombreuses animations organisées par Antigualug, un groupe d’utilisateurs de Linux.

Les fêtes de la FLISOL à Caracas, au Venezuela, ont associé les activités à des concerts de musique.

Le Nicaragua a célébré le mouvement avec les communautés d’Estelí, de Granada et de Managua et l’auto-proclamé « Installers Rock-Stars Team ». Les communautés d’Amérique Centrale ont joint leurs efforts pour s’intégrer au sein des communautés du Logiciel Libre, comme on peut le lire sur le site des utilisateurs de logiciels libres de « Central America Planet ».

L’Uruguay a de son côté célébré le mouvement en installant Fedora. A Mexico, les activités ont eu lieu dans différents lieux où les organisateurs ont installé des logiciels libres sur les ordinateurs de nombreux nouveaux utilisateurs, tandis que huit villes chiliennes ont accueilli également les fêtes FLISOL2010. Cuba a également organisé des activités simultanées dans différentes localités, de la Havane à Matanzas.

Enfin, Mozilla Colombie et l’OpenBSD de la ville de Medellín ont participé aux événements organisés en Colombie. Un marathon FLISOL s’est déroulé entre trois villes, à San Cristóbal, à Cúcuta et à Pamplona.

Ces quelques nouvelles sont un simple tour d’horizon destiné à montrer comment le logiciel libre en Amérique Latine crée un réseau dynamique et interconnecté, quelque soit les milieux sociaux, politiques et ethniques, pour collaborer et innover ensemble. Une “plateforme partagée” encourageant une « culture partagée » : pour plus d’informations et pour établir des connexions, lire le blog Planète du Logiciel Libre Latino-Américain.

Notes

[1] Crédit Photo : FLISOL Antigua Piñatas (Public Domain)




Mardi 4 mai 2010 : Journée Mondiale contre les DRM

Martin Krzywinski - CC byLe 21 mars 2010 aura lieu la dixième édition de l’initiative Libre en Fête, permettant de faire découvrir le logiciel libre sur tout le territoire français.

Mais il n’y a pas que des journées de promotion. Dicté par le contexte actuel, il existe également des journées de résistance.

Ainsi en va-t-il du 4 mai prochain que la Free Software Foundation et l’Open Rights Group ont décidé d’ériger en « Journée Mondiale contre les DRM », (ou GDN en français, pour Gestion des Droits Numériques).

Il faut dire que le sujet est malheureusement toujours, voire plus que jamais, d’actualité. Pour s’en convaincre il suffit de parcourir cette longue chronologie non exhaustive de faits et de méfaits qui courent sur une décennie sur le site Defective by Design (la lecture de l’article dédié de Wikipédia étant également particulièrement instructive)[1].

Il y a un choix à faire (ou tout du moins accepter les alternatives). Soit contraindre la technologie actuelle pour la forcer artificiellement à rentrer dans les cases de la production de valeur de l’économie d’avant (fondée principalement sur la captation du client et la rareté du produit). Soit s’adapter et tirer parti des formidables possibilités de création et d’échanges liées à l’interopérabilité des fichiers, leur copie et leur remix à coût marginal, ainsi que leur diffusion massive et rapide sur le réseau.

En 1997, Richard Stallman écrivait sa nouvelle Le droit de lire. De la pure science-fiction (ou du délire paranoïaque) a-t-on pu alors penser. Sauf qu’en 2009, Amazon a décidé, sans préavis et sans accord préalable, de s’introduire dans le Kindle de ses clients pour en effacer tous les romans 1984 de George Orwell (notes des lecteurs incluses). La réalité peut toujours dépasser la fiction…

Journée mondiale contre les DRM : mardi 4 mai 2010

Day Against DRM: Tuesday, May 4th 2010

Holmes Wilson- 25 février 2010 – Communiqué FSF
(Traduction Framalang : Don Rico)

« Chaque fois qu’une entreprise conçoit des produits destinés à limiter nos libertés, nous devons nous organiser afin de déjouer ses projets » — Richard Stallman, président de la FSF.

Le 25 février, des groupes pour la défense de la justice sociale et les droits en ligne ont annoncé que le mardi 4 mai 2010 aura lieu la Journée Mondiale contre les DRM.

La Journée contre les DRM réunira de nombreux acteurs — organisations pour l’intérêt public, sites Internet et citoyens —, qui mettront sur pied une opération destinée à attirer l’attention de l’opinion publique sur les dangers d’une technologie qui restreint l’accès des utilisateurs aux films, à la musique, à la littérature, aux logiciels, et d’ordre plus général à toutes les formes de données numériques. De nombreux dispositifs de DRM enregistrent les activités de l’utilisateur et transmettent leurs données aux grosses entreprises qui les imposent.

Dans le cadre de sa campagne anti-DRM, Defective by Design, la Free Software Foundation (FSF) participera à la coordination des activistes anti-DRM de par le monde pour mobiliser l’opinion publique contre cette technologie antisociale. Il a aussi été publié un billet offrant un bref historique d’une Décennie de DRM (NdT : Decade in DRM).

« Les DRM s’en prennent à votre liberté à deux égards. Leur but est d’attaquer votre liberté en limitant l’utilisation que vous pouvez faire de vos copies d’œuvres numériques. Pour cela, ils vous obligent à utiliser des logiciels privateurs, dont vous ne contrôlez pas les actions. Chaque fois qu’une entreprise conçoit des produits destinés à limiter nos libertés, nous devons nous organiser afin de déjouer ses projets, » a déclaré Richard Stallman, le président de la FSF.

Jim Killock, le directeur exécutif de l’Open Rights Group, précise quant à lui que « les dispositifs de DRM sont une catastrophe pour les usages légaux de musique, de films et de livres. Ils sont conçus pour enchaîner les utilisateurs à des logiciels et à des appareils particuliers, et anéantissent vos droits à l’usage de la liberté d’expression tels que l’information, l’enseignement et la critique. À cause des DRM, vous n’avez plus la maîtrise des données et êtes à la merci des fabricants. »

Richard Esguerra, de l’Electronic Frontier Foundation, partenaire de la Journée contre les DRM, explique que « Les activistes et les utilisateurs de technologie bien informés ont joué un rôle clé dans la dénonciation des méfaits des DRM à l’époque où les mesures techniques consistaient en programmes anticopie. À présent, les DRM évoluent car les entreprises cherchent à limiter les utilisateurs bien au-delà de leur capacité à copier des fichiers. La Journée mondiale contre les DRM est une nouvelle occasion de relever le défi et de se battre pour la liberté technologique. »

Les évènements, partenaires et partisans qui s’ajouteront à la « Journée contre les DRM » seront annoncés à mesure que la date approchera. Les organisations et les particuliers qui souhaitent s’impliquer peuvent contacter info@defectivebydesign.org ou se rendre sur le site http://defectivebydesign.org/ pour s’inscrire et suivre la campagne.

La Free Software Foundation

La Free Software Foundation, fondée en 1985, se consacre à la défense des droits des utilisateurs à utiliser, étudier, copier, modifier et redistribuer les programmes informatiques. La FSF promeut la conception et l’utilisation des logiciels libres — en particulier du système d’exploitation GNU et de ses dérivées GNU/Linux —, et d’une documentation libre pour les logiciels libres. La FSF contribue aussi à informer le public sur les questions éthiques et politiques qui sont en jeu dans la liberté d’utilisation des logiciels ; ses sites Web, que l’on trouve aux adresses fsf.org et gnu.org, offrent d’importantes sources d’information sur GNU/Linux. Si vous souhaitez soutenir financièrement l’action de la FSF, vous pouvez faire un don sur la page http://donate.fsf.org. Son siège se trouve à Boston, Massachusetts, aux États-Unis.

L’Open Rights Group

L’Open Rights Group est un groupe de défense des droits numériques basé au Royaume-Uni, qui vise à attirer l’attention sur les questions des droits numériques, à favoriser l’activité citoyenne, ainsi qu’à protéger et étendre les libertés civiques à l’ère numérique.

Notes

[1] Crédit photos : Martin Krzywinski (Creative Commons By) et Martin Krzywinski (Creative Commons By)




9 prévisions open source pour l’année 2010

Sergis Blog - CC byQue va-t-il se passer en 2010 dans le monde de l’open source et du logiciel libre ?

Seul Nostradamux le sait.

Mais le journaliste Bruce Byfield s’est tout de même risqué au jeu des prédictions dans un article que nous avons traduit avec un petit mois de retard (ouf, il était temps !).

Tout comme nous, vous ne serez pas forcément d’accord sur tout. Il va alors sans dire que les commentaires sont là pour accueillir vos critiques et vos propres plans sur la comète[1].

L’open source en 2010 : Neuf prédictions

Open Source in 2010: Nine Predictions

Bruce Byfield – 30 décembre 2009 – Datamation
(Traduction Framalang : Cheval boiteux, Martin et Olivier)

Même si c’est la fin de la décennie seulement pour ceux qui ne savent pas compter, les rétrospectives semblent plus à la mode que les prédictions en ces derniers jours de 2009. Peut-être aussi qu’après une année de récession, les experts de l’avenir deviennent plus prudents.

Mais, n’étant pas de ceux qui suivent les tendances et n’étant pas du genre nostalgique, je préfère tourner mon regard vers le futur, pour envisager ce qu’il pourrait réserver aux logiciels open source. Tout bouge dix fois plus vite dans l’open source que dans l’informatique grand public, et 2010 risque bien de ne pas déroger à la règle.

Je pense que nous pouvons considérer comme acquis que l’open source va continuer à gagner en popularité. 2010 ne sera pas cette légendaire « Année où Linux se démocratise », mais nous devrions continuer à observer la même lente et constante progression de son adoption que dans la dernière décennie.

Mais quoi d’autre ? Permettez-moi de prouver ma témérité en faisant neuf prédictions sur ce que 2010 nous réserve sur le plan des communautés, de la technologie et de l’économie de l’open source.

1. L’arrivée des pilotes vidéos totalement libres

Les utilisateurs ont dû attendre longtemps pour avoir des pilotes vidéo open source aussi performant que leurs pendants propriétaires. Mais d’ici à la fin de l’année prochaine cela pourrait bien se concrétiser. Les pilotes Intel sont déjà stables, et utilisés sur plus de 25% des ordinateurs open source.

Quant aux autres cartes graphiques, le noyau 2.6.33 de Linux devrait apporter une meilleure gestion des cartes ATI et NVIDIA. Attendez-vous donc à de gros progrès d’ici à la fin de l’année. Et dans le pire des cas, si des fonctions manquent encore, elles devraient être au point pour la mi-2011[2].

2. La communauté crééra un fork de MySQL

Quand Oracle a racheté Sun Microsystems en avril 2009, ils ont également acquis MySQL, la base de données la plus populaire d’Internet. Huit mois plus tard, le sort réservé par Oracle à MySQL est toujours incertain et les gens s’inquiètent.

Richard Stallman a demandé publiquement à Oracle de rendre MySQL à la communauté, alors que Monty Widenius, le créateur de MySQL, a initié une campagne de rédaction de lettres à la Commission européenne pour éviter le démembrement de la base de données par Oracle.

Étant donné qu’il semble n’y avoir aucune logique juridique pour aider ces campagnes, je pense qu’ils vont échouer. S’ils y arrivent, la méfiance envers Oracle aura certainement raison de l’intégration de MySQL dans les distributions open source.

Il y a de grandes chances que la communauté privilégie des forks existants de MySQL, probablement MariaDB de Widenius, qui est déjà intégrée au Launchpad d’Ubuntu. PostgreSQL, l’autre grande base de données open source, ne devrait pas tant en profiter car elle semble moins adaptée aux besoins des sites Web.

3. La sortie de Gnome 3.0 risque de déclencher une révolte chez les utilisateurs

Il y a deux ans, un vent de révolte accompagna la sortie de KDE 4.0, car cette nouvelle version instaurait une rupture avec les précédentes (des fonctions clés n’y étaient pas encore intégrées). GNOME 3.0, provisoirement prévu pour septembre 2010, ne devrait pas souffrir du même manque de fonctionnalités, mais les premières versions suggèrent un style nouveau, comme KDE 4.0 (et les premières réactions montrent que les utilisateurs y seront aussi hostiles).

L’avantage de GNOME est que ses développeurs peuvent bénéficier de l’expérience de KDE. Aucune hostilité n’est permanente, surtout si la prochaine version a une feuille de route claire.

Tout de même, les plaintes peuvent être spécialement fortes ou longues, qui sait ? Peut-être que les critiques envers GNOME attireront plus d’utilisateurs vers KDE ou vers des environnements graphiques moins connus comme Xfce.

4. La différence entre Logiciel Libre et Open Source va se creuser davantage

De l’extérieur, open source et logiciel libre sont des noms différents désignant le même phénomène. Cependant pour beaucoup de membres de communautés c’est comme dire que le Protestantisme n’est pas différent du Catholisisme. Malgré bon nombre de similarités l’open source est un mouvement de développeurs qui vise à perfectionner la qualité du code source, alors que le mouvement du logiciel libre se concentre sur les libertés accordées à l’utilisateur[3].

Dans la pratique, les deux philosophies coexistent (souvent à l’intérieur d’un même projet). Cependant, de temps à autre, ces membres rentrent en conflit. Le dernier conflit majeur était il y a deux ou trois ans à propos de la version 3.0 de la licence GNU GPL (GNU General Public License), qui donnait plus d’importance au logiciel libre que la version 2.0.

Le problème suivant qui provoquera un conflit reste incertaine. Cependant, les personnes soutenant le logiciel libre n’ont jamais été timides sur le fait d’exprimer leurs opinions, et les adhérents de l’open source sont devenus de plus en plus méprisants envers le logiciel libre en général et leur fondateur Richard Stallman en particulier. Dans la même veine, la rhétorique est devenue si méprisante que le conflit semble n’être qu’une question de temps.

Il y a deux ou trois semaines, le problème le plus probable apparaissait être le possible retrait de GNOME du projet orienté logiciel libre GNU, un changement qui ne signifierait presque rien dans la pratique, mais qui serait probablement perçu comme une preuve que GNOME est désormais clairement dans le camp de l’open source. Le problème, cependant, est plus complexe que la contestation du conflit lui-même.

5. L’open source sera encore confronté au sexisme

2009 nous a montré une série d’évènement dans lesquels des gens comme Richard Stallman[4] et Mark Shuttleworth ont été accusés de sexisme à cause de remarques faites en public.

Et avec l’observation que les femmes sont sous-représentées dans l’open source, 2009 a été l’année où la communauté a semblé découvrir cette problématique[5].

6. Google Chrome OS inaugurera les OS dans les nuages

Chrome OS, le système d’exploitation dans les nuages de Google, devrait sortir dans la deuxième moitié de 2010. Étant donné ce que l’on dit toujours sur l’état des version bêta des produits de Google, personne ne sera surpris que version finale soit retardée. Mais 2010 montrera, au moins, une version bêta avancée ou une release candidate. Malgré l’existence de Jolicloud, la majorité des utilisateurs verra Chrome OS comme le premier système d’exploitation dans les nuages.

Chrome OS devrait être téléchargé des millions de fois dans le premier mois de sa sortie, du fait de sa nouveauté. De plus, Google est en train de travailler avec les fabricants de matériel pour être sûr que Chrome OS sera supporté. Malgré tout, une grande partie des utilisateurs resteront sceptiques à l’égard de Chrome OS. Beaucoup d’entre-eux ont déjà de sérieux doutes sur les systèmes d’exploitations dans les nuages, et jusqu’à présent ils y sont moins à l’aise que sur les systèmes d’exploitations traditionnels, desquels ils sont censés être ainsi délivrés.

Je pense et j’espère que Chrome OS ne sera rien de plus qu’un produit de niche. De toutes les façons, on aura quand même le verdict sur la validité du concept avant la fin de 2010.

7. Mozilla Firefox et Google Chrome se disputeront la première place

Même si je ne me trompe pas en affirmant que Chrome OS ne suscitera que peu d’engouement, ce qu’il restera après sa disparition c’est bien le navigateur Chrome. Sa vitesse et son aspect multitâches sont des défis que devra relever Mozilla Firefox avec habileté pour lui faire face, d’autant plus que Chrome pourrait signifier une interruption du soutien de Google dans le développement de Mozilla.

Pour le moment, le plus grand avantage de Firefox réside dans ses milliers d’extensions. Bien que les premières extensions pour Chrome soient d’ores et déjà disponibles, elles ne battront pas celles de Mozilla en nombre ou en polyvalence avant quelques années (et ceci seulement s’il se forme une large communauté).

Cette situation veut dire que Chrome n’est pas plus prêt à dépasser Mozilla que Mozilla est prêt à dépasser Internet Explorer dans les prévisions futures. Cependant, en 2010, Chrome peut ronger la base des utilisateurs de Firefox sur le même principe que Firefox le fait avec ceux d’Internet Explorer.

8. Raindrop et Wave ne vont pas réussir à trouver des utilisateurs

Par coïncidence, deux des nouvelles applications que nous trouvons prometteuses pour 2010 sont Mozilla Raindrop, un outil de réseau social et de messagerie électronique one-stop[6], et Google Wave, un outil collaboratif.

Les deux sont intéressants pour les développeurs et les ergonomes. Cependant, à l’heure où j’écris ces lignes, Raindrop n’est pas encore sorti, et Wave est seulement accessible sur invitations. Je serais surpris que l’un ou l’autre devienne un grand succès. Il s’agit en effet de résoudre des problèmes que les utilisateurs ne voient pas comme tels. Je n’ai simplement pas l’impression que les utilisateurs souhaitent centraliser leur messagerie, ou soient particulièrement intéresses par une collaboration en temps-réel.

Même si les utilisateurs se montrent motivés, Raindrop et Wave sont tous les deux en l’état trop compliqués et spécialisés en l’état pour qu’ils soient réellement adoptés. Un réajustement est nécessaire. Les critiques seront probablement enthousiastes, parce qu’ils font partie des utilisateurs expérimentés. Et les autres utilisateurs ? Pas tellement.

9. Le Nexus One ne sera qu’un jouet pour les geeks

Dans le courant du mois de janvier, le Nexus One de Google va être disponible[7]. Le Nexus One a fait un gros (bien que pas totalement favorable) buzz à l’intérieur de la communauté des techniciens, mais on peut se demander se faire une place.

D’après des rapports, le Nexus One n’inclura pas de fonctionnalités qui aurait pu lui attirer les faveurs du grand public. En plus, il va entrer sur le marché des téléphones mobiles déjà saturé, et Google ne possède pas la réputation d’Apple. Sans compter qu’il sera d’autant moins aidé que, au début, il ne sera pas vendu par les opérateurs de téléphonie mobile, et ne sera pas non plus dans les boutiques. En ces circonstances, je pense que il se vendra principalement aux développeurs, et qu’il peinera à élargir ce cercle[8].

Avec un peu de recul

Cette liste a été établie en toute indépendance. Pourtant, en la relisant, je réalise que quatre des neuf prédictions impliquent Google. Cette observation suggère une meta-prédiction : 2010 sera une année cruciale pour Google. Son évolution de développeur en acteur majeur aussi bien dans le logiciel que dans le matériel se joue cette année.

Connaissant l’histoire de Google, le succès de cette entreprise me laisse pessimiste. Et pourtant, Google lance tellement d’innovations que tôt ou tard, elle est susceptible de sortir quelque chose d’incroyable, la démonstration du paradoxe du singe savant peut-être tout simplement[9].

Pour ce qui est de mes autres prédictions, même si je m’attends à des changements dans la communauté open source, je ne me prépare pas à l’Apocalypse. La communauté est vaste, les changements sont inéluctables, mais en même temps, cela n’aura pas forcément beaucoup d’impact sur les milliers de personnes qui envoient des correctifs quotidiennement. Sur le coup, les sentiments sont exacerbés, mais en fin de compte, la communauté poursuivra tranquillement sa route, même si de temps en temps le cours des choses sera perturbé par un événement imprévisible.

Et si jamais je me trompe ? Alors j’en appelle aux privilèges des voyantes et demanderait qu’il ne me soit pas tenu rigueur de mon manque de précision ou de mon incapacité à prévoir le futur et je me réserve le droit de retenter ma chance l’an prochain, sans que personne ne me rappelle à mes erreurs passées.

Notes

[1] Crédit photo : Sergis Blog (Creative Commons By)

[2] NDLR : À propos de vidéo, Byfield a rédigé son article avant la nouvelle guerre des formats du Web.

[3] NDLR : Pour mieux comprendre la nuance, il y a un livre intéressant sur le sujet 🙂

[4] NDLR : Byfield a consacré un article entier à ce sujet : Richard Stallman, Leadership, and Sexism.

[5] NDLR : Voir aussi ces deux articles du Framablog : Les femmes et le logiciel libre et Le code issu de Venus est-il meilleur que celui de Mars ?

[6] NDLR : Voir aussi l’article de Tristan Nitot : Thunderbird et Raindrop.

[7] Le Nexus One est déjà disponible, puisque nous publions cette traduction avec un mois de retard. On remarquera qu’il a les faveurs de Linus Torvalds

[8] NDLR : Le Nexus One ne sera peut-être pas un succès, mais il semblerait bien par contre qu’Android devienne lui un sérieux concurrent open source à Apple.

[9] NDLR : Le paradoxe du singe savant stipule qu’avec suffisamment de temps, un chimpanzé qui tape au hasard sur le clavier d’une machine à écrire pourra presque sûrement produire une copie intégrale d’une pièce de théâtre de Shakespeare.




Régionales 2010 : Les questions claires de Creative Commons France

Giuli-O - CC byLes élections sont un bon moyen de tenter de sensibiliser nos hommes politiques sur des thèmes qui nous sont chers. C’est ainsi que l’April se montre pro-active en faveur du logiciel libre et des libertés numériques avec son initiative Candidats.fr.

Aujourd’hui c’est le chapitre français des Creative Commons qui leur emboîte le pas à l’occasion des prochaines élections régionales (qui auront lieu en mars prochain et dont on a un peu parlé ici en partant à la rencontre du Parti Pirate)[1].

Avant que d’interpeller sur la place publique, ils nous invitent à débattre sur leur liste de discussion (cc-fr@lists.ibiblio.org)[2] autour d’une plate-forme recopiée ci-dessous.

On pourrait d’ailleurs résumer toutes les questions en une seule, moyennant l’introduction d’une variable X : « Êtes-vous, dans le respect du droit moral des auteurs, en faveur de l’accès et la réutilisation libre et gratuite de X dans le cas où X serait produit ou financé par la région ? » (X pouvant prendre les valeurs suivantes : données, contenus, études, travaux de recherche ou d’éducation).

Il ne semble y avoir là que du bon sens. Sauf que, et ce n’est pas le logiciel libre qui me contredira, nous héritons d’un monde où certaines mauvaises habitudes ont été prises et il convient d’être didactique, diplomate et patient.

CC-Régionales 2010

URL d’origine du document

Le mouvement pour l’accès ouvert aux données publiques se développe à travers le monde : l’Australie avec le projet Mash Up, l’Angleterre avec le projet Data.gov.uk. Ces pays ont choisi de permettre la large diffusion et réutilisation de leurs bases de données publiques en les plaçant sous Licence Creative Commons.

Cette dynamique d’élargissement des biens communs permet des économies d’échelle pour les collectivités et les services publics.

Elle contribue au développement du secteur privé qui peut utiliser sans intermédiaire ces données pour développer ses activités.

Elle enrichit la société civile qui peut s’approprier données, études et contenus produits.

Dans cette démarche, le respect du droit d’auteur inaliénable en France est bien sûr conservé. Il se trouve explicité et garanti par des licences de type Creative Commons, GFDL ou « Art libre ».

La France et ses régions ne peuvent rester à l’écart de ce mouvement qui s’amplifie. Aussi à la veille des élections qui vont décider des programmes et des équipes qui vont gouverner les régions, nous souhaitons vous interroger.

Êtes-vous, dans le respect du droit moral des auteurs, en faveur de :

  • l’accès et la réutilisation libre et gratuite des données publiques (géographiques, statistiques, environnementales…) produites ou financées par la région ;
  • l’accès et la réutilisation libre et gratuite des contenus produits ou financés par la région (telles les publications papier ou web) ;
  • l’accès et la réutilisation libre et gratuite des études produites ou financées par la région ;
  • l’accès et la réutilisation libre et gratuite de données des observatoires co-financées par la région ;
  • la publication en open archive des travaux publics de recherche produits ou financés par la région ;
  • l’accès et la réutilisation des contenus de formation produits ou financés par la région (formation professionnelle, manuels scolaires…).

Lectures connexes issues du Framablog

Notes

[1] Crédit photo : Giuli-O (Creative Commons By)

[2] Vous pouvez aussi en débattre directement sur notre forum Framagora.




Agenda 2010 Wikimédia ou comment rendre original un cadeau banal

Agenda 2010 WikimédiaC’est bientôt la Noël et ses rituels spirituels et consuméristes. Et comme chaque année, la question existentielle suivante : Mais que vais-je donc bien pouvoir offrir à Tata Jeanine ?

Et que se passe-t-il si vous êtes à court d’idées, de temps et d’imagination ? Vous allez immanquablement penser à… un agenda (il ne reste plus que cette option puisque Tata Jeanine n’aime pas le chocolat).

Or cela tombe bien puisque c’est exactement le cadeau que nous allons nous aussi vous suggérer ! Sauf que cet agenda-là possède selon nous un petit supplément d’âme puisqu’il est proposé par Wikimédia France en partenariat avec l’éditeur InLibroVeritas (sous double licence libre Creative Commons By-Sa et Art Libre).

Donc, chère Tata, tu auras l’impression qu’une fois de plus je ne me suis pas foulé, mais détrompe-toi car tu tiendras entre les mains bien plus qu’un simple calendrier illustré et légendé, aussi beau soit-il (ce qui est d’ailleurs le cas). Tu tiendras entre les mains une infime mais lumineuse parcelle de ce libre accès à la connaissance souhaité et rendu possible par les projets Wikimedia (l’occasion du reste de nous rendre compte ensemble que Wikimedia ne se résume pas à l’encyclopédie Wikipédia).

L’agenda 2010 Wikimédia se présente au format A4 sous un format hebdomadaire (une page par semaine avec notation de rendez-vous sur la page de droite, une photo dûment sélectionnée sur la page de gauche). Vous pouvez le consulter en ligne et bien entendu l’acheter chez InLibroVeritas au prix de 25€.

Vous trouverez ci-dessous copie de la préface rédigée par Adrienne Alix, la présidente de l’association Wikimédia France qui, dernier argument, touchera l’intégralité des bénéfices de la vente.

PS : On peut voir l’intégralité des photos de l’agenda (et même un peu plus) sur cette page de l’espace personnel d’Adrienne sur Wikimedia Commons[1].

Agenda 2010 Wikimédia

Préface

« Wikipédia » : pour vous ce mot évoque internet, culture, diffusion du savoir. Saviez-vous qu’à côté de Wikipédia se développent des projets liés, complémentaires et dynamiques ?

Ce que Wikipédia est à la connaissance encyclopédique, Wikimedia Commons l’est aux contenus multimédias, Wikisource aux textes anciens, Wikiquote aux citations : des projets de diffusion libre et massive de connaissances.

Tous ces projets, et d’autres encore, font partie du mouvement Wikimédia. Ils sont hébergés par la Wikimedia Foundation, une association à but non lucratif. Ils fonctionnent, comme Wikipédia, sur un mode collaboratif : chaque internaute est invité à apporter selon ses capacités sa pierre à la diffusion du savoir.

Aujourd’hui, l’association Wikimédia France, association pour le libre partage de la connaissance, a voulu mettre en valeur le fabuleux contenu de ces projets. Et comment mieux valoriser ces projets qu’en montrant leurs contenus ? C’est la raison d’être de cet agenda.

Nous voulons vous montrer, grâce à un bel objet qui vous accompagnera toute l’année, la richesse culturelle des projets Wikimédia.

En illustrant cet agenda avec des photos tirées de Wikimedia Commons, vous découvrirez que cette médiathèque libre, contenant plus de 5 millions de fichiers rassemble des photos de monuments, d’animaux, de splendeurs de la nature ; mais aussi des cartes, des gravures, des tableaux. Sans compter les documents diffusés sous licences libres par de grandes institutions : NASA, Archives fédérales allemandes, qui ont choisi de libérer leurs contenus.

Les photos que nous avons choisies pour cet agenda ont pour objectif de montrer la richesse de Wikimedia Commons et de vous inciter à la fois à vous servir de cette base incroyablement riche pour vos besoins personnels ou professionnels (exposés, présentations, livres, journalisme etc.) ; mais aussi à contribuer à son enrichissement : vous aussi, vous pouvez choisir de placer vos photos sous licence libre et de les offrir à la diffusion sur Wikimedia Commons.

Pour accompagner ces belles photos, nous avons choisi quelques mots. Parfois un extrait d’article de Wikipédia, qui vous incitera à aller en savoir plus sur l’encyclopédie ; ou un extrait de texte tiré d’un livre de Wikisource, la bibliothèque numérique de textes libres de droits ; voire une citation extraite de Wikiquote, projet dédié à la collecte de citations.

Par l’achat de cet agenda, vous soutiendrez concrêtement et financièrement ces projets pour qu’ils continuent à vivre et à nourrir notre vie culturelle. Les projets Wikimédia ne vivent que par les dons de ceux qui les soutiennent. Merci de tout cœur.

Nous vous souhaitons de passer une belle année 2010 avec les projets Wikimédia. Notre ambition est de vous faire découvrir leurs richesses, et pourquoi pas de vous inciter à y participer.

Adrienne Charmet-Alix
Présidente de Wikimédia France – association pour le libre partage de la connaissance

Vous trouverez à la fin de l’agenda une présentation plus complète des projets ainsi que les adresses internet des sites et des contenus utilisés pour la réalisation de cet agenda.

Commander l’agenda 2010 Wikimédia

Agenda 2010 Wikimédia

Notes

[1] Crédit photos : Paulrudd (Creative Commons By-Sa) et Irving Underhill agenda ariège (Domaine public)




Educatice 2009 : Demandez le programme libre, avec Jean-Pierre Archambault

Styeb - CC by-saJean-Pierre Archambault œuvre depuis des années pour le logiciel libre à l’école, contribution au pluralisme technologique..

Il ne le fait pas « de l’extérieur », en se contenant de chausser ses gros sabots pour crier haro sur le baudet dans un blog (suivez mon regard !).

Il le fait « de l’intérieur » et par petites touches, au sein même des arcanes de l’Éducation nationale, dans le cadre de l’accord signé en octobre 1998 par le Ministère de l’Education nationale et l’AFUL, ce qui suppose patience, tactique et diplomatie.

Avec le temps c’est toute une petite équipe qui s’est agrégée autour de lui : le pôle de compétences logiciels libres du SCEREN, qui a pris la bonne habitude de venir chaque année nombreux représenter dignement le logiciel libre au Salon Educatec-Educatice (manifestation parallèle au Salon de l’Education mais réservée aux professionnels de l’éducation).

L’occasion était belle pour rencontrer Jean-Pierre Archambault[1], lui demander le programme 2009 de cette manifestation (du 18 au 20 novembre à Paris) et en profiter au passage pour évoquer le situation actuelle du libre dans l’éducation.

Rencontre avec Jean-Pierre Archambault

CNDP-CRDP de Paris, coordonnateur du pôle de compétences logiciels libres du SCEREN


Comme chaque année depuis 2004, le pôle de compétences logiciels libres du SCEREN sera présent au salon Educatec-Educatice.

Oui. Les organisateurs de ce salon ont toujours considéré comme allant de soi, dans leur vision marquée du sceau du pluralisme, qu’il devait y avoir une composante libre dans leur manifestation consacrée à l’informatique pédagogique dans toute sa diversité. Je tiens à les en remercier à nouveau.

Cette année, nous organisons une table ronde – conférence « Logiciels et ressources libres pour l’éducation ». Elle se déroulera le jeudi 19 novembre, de 15h45 à 17h15 en salle 1. Nous ferons un état des lieux en termes de solutions et ressources utilisées. Nous verrons les coopérations de l’institution éducative avec les associations, les collectivités locales et les entreprises. Nous verrons également en quoi le libre est la réponse appropriée à la question de « l’exception pédagogique ».

Nous participerons à deux autres tables rondes : « L’Ecole numérique, de la théorie à la pratique », le mercredi 18 novembre, de 14h à 17h15, en salle 3 ; et « CRDP : valoriser la diffusion multi-support des documents éditoriaux », le jeudi 19 novembre, de 9h30 à 11h, en salle 3[2].


Et il y a bien sûr le village du pôle dont j’ai le souvenir, les années où je suis venu à Educatice, qu’il était une véritable « ruche ».

Ce village s’inscrit dans la mise en oeuvre de l’une des missions du pôle, à savoir fédèrer les initiatives, les compétences et les énergies, ce qui l’amène à coopérer avec de nombreux acteurs, institutionnels ou partenaires de l’Education nationale, ainsi les collectivités locales, les entreprises, les associations.

Le village accueillera différents exposants, institutionnels et associatifs. Le CRDP de Lyon présentera OSCAR, lauréat aux Trophées du libre 2009, un ensemble d’outils qui permet aux administrateurs réseaux d’installer et de gérer facilement une salle informatique. Le CRDP de Paris présentera lui ses différentes activités en matière de logiciels et de ressources libres : partenariats éditoriaux avec Sésamath, réalisation de clés USB, démonstration de Freemind… La présence du CDDP de Seine-Maritime sera centrée sur l’opération du Conseil général qui a consisté à doter tous les collégiens du département d’un bureau virtuel.

Le Réseau Ecole et Nature, dont le but est de développer l’éducation à l’environnement, fera visiter son site réalisé à partir de logiciels libres, et qui vient de faire peau neuve. On connaît bien Sugar, plate-forme pédagogique libre, née du projet One Laptop Per Child (OLPC). Aujourd’hui utilisée sur le XO par plus d’un million d’enfants dans le monde entier, elle sera sur le village.

Les visiteurs pourront faire connaissance avec la toute jeune association EducOoo (un an juste), liée au projet OpenOffice.org Éducation. Elle sert de ressource et vise à faciliter la mise en place et l’accompagnement de projets entre OpenOffice.org et le monde de l’enseignement.

Les visiteurs pourront mieux connaître deux chaînes éditoriales libres, La Poule ou l’Oeuf et Scenari. La Poule ou l’Œuf est une chaîne éditoriale Web dédiée à l’édition de documents longs (monographies, cours, mémoires, thèses, actes…), à destination électronique aussi bien que papier. Elle s’adresse à toute institution éditrice de contenus académiques pour une production structurée sémantiquement et intégrée au réseau, en vue d’une exploitation dynamique et évolutive des savoirs. Scenari, elle, est une chaîne éditoriale générique, basée sur la séparation des formats de stockage et des formats de publication : les formats de stockage décrivent la structure du fonds documentaire et les formats de publication la forme physique du document vue par l’utilisateur.

Seront également présents l’AFUL (Association francophone des utilisateurs de Linux et des logiciels libres) et Scidéralle (les logiciels du Terrier, AbulÉdu, AbulEduLive…).


Educatice est un moment important de l’année scolaire pour le pôle de compétences logiciels libres du SCEREN.

Effectivement. Il s’inscrit aussi dans ce qui est la mission première du pôle qui est d’informer la communauté éducative, afin d’aider les uns et les autres à faire leurs choix. Les modalités sont diverses : organisation et/ou participation à des journées, séminaires, colloques, salons mais aussi textes et articles. Les initiatives sont multiples. Pour les dernières années scolaires, on peut mentionner, entre autres : depuis 2000, la présidence du cycle Education du salon Solutions Linux ; Paris Capitale du Libre ; le Forum Mondial du Libre ; les journées Autour du libre coorganisées par le CNDP et les ENST ; les colloques et séminaires d’ePrep ; les Rencontres de l’Orme, les Trophées du libre ; la Semaine de la Science ; les Rencontres mondiales des logiciels libres…


Comment ces actions d’information sont-elles reçues ?


En général très bien ! Il faut dire qu’est tellement évidente la convergence entre les principes du libre et les missions du système éducatif, la culture enseignante de libre accès à la connaissance et de sa diffusion à tous, de formation aux notions et non à des recettes. L’enseignement requiert la diversité des environnements scientifiques et techniques. La compréhension des systèmes suppose l’accès à leur « secret de fabrication ». Des formes de travail en commun des enseignants, de travail et d’usages coopératifs supposent des modalités de droit d’auteur facilitant l’échange et la mutualisation des documents qu’ils produisent. Du côté des usages éducatifs des TIC, on retrouve l’approche du libre, notamment ses licences GPL ou Creative Commons.

Il faut cependant ajouter qu’informer sur le libre, dans un esprit de diversité scientifique et technologique, ne fut pas toujours un « long fleuve tranquille ». Dans l’éducation comme ailleurs, il y a une pluralité de points de vue. Mais les choses sont entendues, depuis un certain temps déjà : le libre est sans conteste une composante à part entière et de premier plan de l’informatique pédagogique.


Peux-tu nous rappeler le contexte institutionnel ?

Créé en 2002, regroupant aujourd’hui vingt-trois CRDP, le pôle de compétences logiciels libres du SCÉRÉN est à la fois une structure de réflexion et d’action. Il a pris le relais de la Mission veille technologique à qui la direction générale du CNDP avait confié, dès 1999, le pilotage du « chantier » des logiciels libres, dans le contexte institutionnel éducatif défini, en octobre 1998, par un accord-cadre signé entre le Ministère de l’Éducation nationale et l’AFUL. Cet accord, régulièrement reconduit depuis lors, indiquait qu’il y a pour les établissements scolaires, du côté des logiciels libres, des solutions alternatives de qualité et à très moindre coût aux logiciels propriétaires, dans une perspective de pluralisme technologique. Et depuis plus de dix ans, les différents directeurs généraux qui se sont succédé à la tête du CNDP ont accordé une attention particulière au dossier des logiciels libres.


Quel est l’accueil du côté des collectivités locales ?

Bon également. Il y a des enjeux financiers, la question étant moins celle de la gratuité que celle du caractère « raisonnable » des coûts informatiques. Comme le dit François Elie, président de l’Adullact (Association pour le développement des logiciels libres dans l’administration et les collectivités territoriales), un logiciel est gratuit une fois qu’il a été payé et l’argent public ne doit servir qu’une fois pour payer un logiciel.

Les logiciels libres permettent de réduire d’une manière très significative les dépenses informatiques dans le système éducatif. Les collectivités locales sont de plus en plus sensibles à cet aspect des choses, notamment pour le poste de travail avec la suite bureautique OpenOfice.org. La licence GPL permet aux élèves, et aux enseignants, de retrouver à leur domicile leurs outils informatiques, sans frais supplémentaires et en toute légalité. Concernant les ENT, la région Ile-de-France va déployer une solution libre.


Et les ressources pédagogiques ?

Dans l’éducation, le libre c’est le logiciel mais également (et peut-être surtout) les ressources pédagogiques. Dans ce domaine, le « vaisseau-amiral » est l’association Sésamath[3]. Les lecteurs de Framasoft étant très bien informés des multiples activités de cette association remarquable, nous rappellerons qu’elle a eu un Prix de l’UNESCO en 2007 et qu’elle édite (en partenariat avec un éditeur privé) des manuels scolaires pour le collège qui connaissent un franc succès, et bientôt pour les CPGE (Classes préparatoires aux grandes écoles).


On sait que le numérique et les réseaux ont plongé l’édition scolaire (et l’édition en général) dans une période de turbulences. D’un côté, Sésamath met librement et gratuitement ses réalisations pédagogiques sur la Toile. De l’autre, elle procède à des coéditions, à des prix « raisonnables », de logiciels, de documents d’accompagnement, de produits dérivés sur support papier avec des éditeurs, public (les CRDP de Paris et de Lille) et privé, à partir des ressources mises en ligne sur la Toile. Le succès est au rendez-vous. La question est posée de savoir si ce type de démarche préfigure un nouveau modèle économique de l’édition scolaire, dans lequel la rémunération se fait sur le produit papier, sur le produit dérivé, le produit hybride et par le service rendu.


Des enjeux de société aussi


Oui, comme l’ont montré les vifs débats qui ont accompagné la transposition par le Parlement en 2006 de la directive européenne sur les Droits d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information (DADVSI) et plus récemment à propos de la loi Hadopi.

John Sulston, prix Nobel de médecine, évoquant en décembre 2002 dans les colonnes du Monde Diplomatique les risques de privatisation du génome humain, disait que « les données de base doivent être accessibles à tous, pour que chacun puisse les interpréter, les modifier et les transmettre, à l’instar du modèle de l’open source pour les logiciels ». Il existe une transférabilité de l’approche du libre à la réalisation des biens informationnels en général.

La question est donc posée de savoir si le modèle du libre préfigure des évolutions majeures en termes de modèles économiques et de propriété intellectuelle. Le logiciel libre est un « outil conceptuel » pour entrer dans les problématiques de l’économie de l’immatériel et de la connaissance. Incontournable pour le citoyen. Or l’on sait que l’une des trois missions de l’Ecole est de former le citoyen !

En guise de conclusion

Je voudrais profiter de cet interview pour remercier l’association Framasoft pour la place qu’elle occupe dans le paysage éducatif et culturel, et le rôle qu’elle y joue, la qualité de sa réflexion, son attachement au bien commun et au pluralisme.

Et puis, rendez-vous au salon Educatice. Pré-enregistrement sur le site d’Educatec-Educatice avec demande de badge d’accès gratuit.

Notes

[1] Crédit photo : Styeb (Creative Commons By-Sa)

[2] Signalons que Jean-Pierre Archambault, cette fois-ci avec sa casquette de président de l’EPI, animera également une table ronde, le vendredi 20 novembre de 11h15 à 12h45, « Un enseignement de l’informatique au lycée », avec Gérard Berry, Professeur au Collège de France, membre de l’Académie des Sciences, Gilles Dowek, Professeur d’informatique à l’École Polytechnique et Pierre Michalak, IA-IPR de l’Académie de Versailles. Thème souvent évoqué dans le Framablog.

[3] Remarque : Sésamath sera non seulement présent à Educatice mais également au Salon de l’Éducation, stand CE40.




Francis Muguet (1954 – 2009)

C’est avec stupeur et consternation que j’ai appris ce week-end l’annonce de la mort de Francis Muguet, que j’avais entendu en conférence pour la dernière fois pas plus tard que l’été dernier à Rennes[1].

Nous suivions de près ses travaux, en particulier autour du Mécénat Global, inspirateur direct du projet SARD.

« Tout en adressant nos plus sincères condoléances à sa famille, nous vous invitons à poursuivre ses actions et à diffuser ses idées, ce qui semble être le meilleur hommage que l’on puisse lui rendre ». (Benoît Sibaud sur Linuxfr)

Pour mémoire, une intervention de Francis Muguet, interviewé l’année dernière par Bernard Perrigueur (pour BJP Tv News – Lausanne) en pleine Bataille Hadopi.

—> La vidéo au format webm

Notes

[1] Ceci pose d’ailleurs la question du devenir des données numériques publiques d’une personne venant subitement à décéder (et emportant avec elle tous ses mots de passe). Mais il eut été indélicat que de l’évoquer plus avant ici.




Framasoft en 5 minutes vidéo aux RMLL 2009

Pour nos archives, pour ceux qui sont curieux de voir nos binettes, pour une courte présentation de la FUR, alias la Framakey Ubuntu-fr Remix, et pour… entretenir le mythe d’une communauté pleine de poils !

—> La vidéo au format webm