Le code issu de Venus est-il meilleur que celui de Mars ?

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LoosePunctuation - CC byLe code informatique écrit par des femmes serait-il plus «  utile  » que celui des hommes  ?

C’est en tout cas ce qui ressort de ce récent article d’un blog du Wall Street Journal.

Il serait en effet mieux documenté et par là-même plus facilement exploitable par d’autres développeurs[1].

L’occasion d’évoquer aussi peut-être dans les commentaires la problématique de l’écart des sexes dans le secteur informatique en général et dans la communauté du logiciel libre en particulier…

Les hommes écrivent du code provenant de Mars, et les femmes du code plus utile venant de Vénus.

Men Write Code from Mars, Women Write More Helpful Code from Venus

Rebecca Buckman – 6 juin 2008 – The Wall Street Journal
(Traduction Framalang  : GaeliX et Burbumpa)

Nous savons tous que les hommes détestent demander leur chemin. Apparemment, ils détestent tout autant indiquer les directions dans le code informatique.

Emma McGrattan, première vice-présidente en ingénierie de la société Ingres spécialisée en bases de données, l’une des femmes développeuses les plus cotées de la Silicon Valley, insiste sur le fait qu’hommes et femmes ne codent pas de la même façon. Les femmes sont plus sensibles et plus attentives à ceux qui pourraient utiliser leur code ultérieurement. Elles parsèment leur code, vous savez, ces lignes d’instructions qui donneront naissance à d’astucieuses applications et programmes, de commentaires et consignes, expliquant avec précision pourquoi elles ont écrit leur code de cette façon là.

Le code devient alors une sorte de «  feuille de route  » pour ceux qui voudraient le modifier ou l’étendre par la suite, ajoute McGrattan, irlandaise de souche ayant rejoint Ingres en 1992.

Les hommes, d’un autre côté, n’ont pas les mêmes motivations. Souvent, «  ils essayent de montrer combien ils sont intelligent en produisant du code cabalistique  » dit-elle sur le blog Business Technology. «  Ils essayent de dissimuler des choses dans le code  », et ne laissent pas de consignes claires pour les futurs utilisateurs. McGrattan se targue de pouvoir, dans 70 % à 80 % des cas, déterminer à partir d’un morceau de code s’il a été écrit par un homme ou par une femme.

Par souci de rendre le code d’Ingres plus facile à utiliser et dépourvu de genre sexuel, McGrattan a aidé à la mise en œuvre de nouveaux standards de programmation au sein de la société. Elle demande aux développeurs d’inclure un certain nombre de commentaires précis avant chaque portion de code, expliquant ce que chacun fait et pourquoi ; les développeurs doivent aussi fournir un historique détaillé de chaque changement effectué. Ces règles s’appliquent aussi bien aux employés d’Ingres qu’aux membres de la communauté Open Source qui participent au code des produits Ingres.

Il y a grand besoin de modifier le code à haute teneur en testostérone chez Ingres car seulement 20 % des ingénieurs sont des femmes, précise McGrattan, la plupart d’entre elles ayant des postes liés à l’assurance qualité ou à l’adaptation à un nouveau pays et non à la programmation de haut vol.

Elle s’est donnée comme mission d’intéresser plus de femmes aux carrières dans le développement. Mais «  cela s’avère très difficile  » conclut-elle.

Notes

[1] Crédit photo  : LoosePunctuation (Creative Commons By)

8 Responses

  1. Moi

    Les femmes codent mieux que les hommes, les femmes roulent mieux que les hommes, les femmes, etc.
    C’est le "politiquement correct" du moment de dire que "les femmes font mieux que les hommes" dans tous les domaines. Ca en frise le grotesque, et serait extrêmement choquant d’inverser les sexes ou alors de les remplacer par des classes sociales ou des ethnies.
    Enfin, puisque c’est la pensée "in" du moment…

  2. deadalnix

    Je serais sans doute moins vindicatif, mais je pense en effet que les conclusions de Emma McGrattan viennent avant tout de sa propre condition : cela ne doit aps être facile de se battre dans un monde a 90% masculin. Il faut pour cela faire sa place en tant que femme et c’est difficile.

    Il est d’abords tout a fait prématuré de conclure quoique ce soit des femmes dans ce monde étant donné leur nombre.

    Cela dit, elle a pas tort de dire que beaucoups de programmeur le font comme des saguoins, dans le libre aussi. Il est vrai aussi qu’une partie des programmeur sont fiers de faire du code imbitable.

    Je fait partie des personnes qui accordent une importance particulière a faire du code propre. je ne suis pas une femme.

    Bref, cet article tombe dans le lieu commun, n’apporte de plus aucun élément solide afin détailler l’argumentation si ce n’est les impressions de quelqu’un et d’en faire une généralité.

  3. p4bl0

    Je suis assez d’accord avec les deux commentaires précédents. Mais je pense que ce que dit l’article est tout à fait possible, ça ne m’étonnerai pas que — dans la majorité des cas / en moyenne — les femmes produisent du meilleurs code que les hommes. Cependant je pense que la programmation et une activité plutôt masculine. Il n’y a rien de sexiste là dedans, et je ne pense pas que ce soit à cause d’attitudes sexistes qu’il y ai si peu de femmes dans ce milieu.

    Une explication simple, en fait même beaucoup trop simplifié, c’est l’adage "Les femmes sont hystériques, les hommes obsessionnels", qui est assez vrai je trouve ^^.
    Et la programmation c’est effectivement un truc assez obsessionnel faut bien dire :-p.

    Bon mais c’est juste de l’observation hein, j’ai vraiment rien contre le fait qu’il y ai plus de filles à la fac en section info (bien au contraire même ;-)).

  4. JosephK

    "Je pense que la programmation est une activité plutôt masculine"

    C’est d’ailleurs pour ça que j’adore faire la cuisine… je lis des lignes de code et j’imagine ce que ça peut donner… après je réflechis à ce que je peux améliorer dans la recette 😉 .
    C’est typiquement masculin de faire la cuisine, ça en deviendrait même sexiste 😛

  5. plf

    Bon ben on le savait hein : "troll inside" !

    Quant bien même la "sexualisation du cerveau" est un fait scientifiquement établi, c’est une platitude de dire que cette notion ne doit pas être mise au service d’une idéologie… Quelle qu’elle soit. Et avant d’évoquer une quelconque "supériorité", il peut sembler prudent de rechercher les différences *et* les points communs.

    Cette étude relève de la sociologie, branche des "sciences humaines", plus que de l’informatique (cette dernière n’étant qu’un outil).

    Je pense à un bon gros troll, là, mais non finalement.

  6. Bogoris

    pablo > "Bon mais c’est juste de l’observation hein, j’ai vraiment rien contre le fait qu’il y ai plus de filles à la fac en section info (bien au contraire même ;-))."
    -> J’allais dire la même chose 😀

  7. glatapoui

    Bonjour à tous,

    J’aurais peut être une explication à proposer (mon cerveau cartésien en cherche toujours une).

    Si on considère le fait que les tisserandes du code sont rares par rapport aux maçons du code, on peut facilement se dire qu’elles se sentent (qu’elles sont ?) obligées de se battre davantage pour obtenir la même reconnaissance. Et donc de produire du meilleur code.

  8. Angelina

    Ce qui est dommage c’est toujours ce "meilleurs" ou "meilleures", cet affrontement éternel entre les deux sexes tendant toujours a montrer une "supériorité" de l’un sur l’autre. C’est à cause de son titre que cet article pèche, "more helpful" ne signifie pas "meilleur".

    Si on utilisait finalement le mot correct, le mot "différents" ?
    La différence induit la richesse, l’homme et la femme sont différents, ce qu’ils feront ils le feront d’une manière différente, chaque individu d’ailleurs. Ils sont différents et cela ce marque parfois dans certains domaines, mais malgré des lieux communs masculins ou féminins, certaines femmes ont une approche plus "masculine" d’un problème, certains hommes auront une approche plus "féminine".
    Allez, et si nous osions parler carrément de complémentarité?

    La différence, toujours la différence, si elle pouvait être acceptée et appréciée, combien de misères l’humanité n’aurait elle pas évitées, songeons entre autres au sexisme, au racisme, peut être même au sort que nous réservons dans nos abattoirs aux animaux, en nous bandant les yeux parce que ce sont des êtres différents…