Songbird ou l’alternative libre à iTunes

RossinaBossioB - CC bySongbird (fiche Framasoft) est aussi bien un logiciel multiplate-forme de gestion de bibliothèque musicale, un lecteur audio et un navigateur web basé sur Firefox. Prometteur dès son origine, il vient enfin de passer en version 1.0 et représente désormais une réelle et crédible alternative à iTunes d’Apple (qui, aussi cool soit-il, a fortement tendance à verrouiller le marché et les technologies associées).

Pour marquer l’évènement mais aussi vous inciter à l’essayer nous avons choisi de traduire un article qui met en avant ce que sait faire Songbird[1] mais que ne sait pas faire iTunes. Car nombreuses sont les fonctionnalités originales qui sont susceptibles de vous apporter une expérience musicale nouvelle[2] sur internet.

Songbird : dix fonctions qu’on ne trouve pas dans iTunes

10 Things Songbird Does That iTunes Can’t

Adrian – 6 décembre 2008 – AudioJungle.net
(Traduction Framalang : Don Rico et Daria)

Songbird est récemment passé en version 1.0, avec pour mission d’être à iTunes ce que Firefox est à Internet Explorer. La recette consiste à s’inspirer du concept de base d’un programme fermé et privatif, et d’en faire quelque chose d’ouvert, d’extensible et de plaisant à utiliser. Songbird a pour objectif de « rendre le pouvoir au peuple ».

Apparu en février 2006, Songbird est de cinq ans le cadet de l’iTunes d’Apple, et ne propose pas encore d’équivalent pour chacune de ses fonctionnalités. La prise en charge des iPod, des podcasts et des pochettes d’album, ainsi que la stabilité sont ainsi considérées comme en version bêta et nécessitent encore quelques améliorations. L’encodage de CD, la surveillance des dossiers et la prise en charge de la vidéo manquent encore à l’appel.

Les atouts propres à Songbird en font néanmoins un excellent lecteur multimédia dans l’univers du Web 2.0. C’est un outil flexible que se doit de posséder tout mélomane qui se sert du Web pour l’exploration des nouveautés musicales. Sa façon de fonctionner avec les sites et les blogs consacrés à la musique me semble particulièrement digne d’intérêt. Songbird a bouleversé la façon dont j’envisage la découverte et l’écoute de musique en ligne.

Voici quelques-uns des atouts de Songbird.

1. La navigation par onglets.

À l’instar de la plupart des navigateurs modernes, Songbird propose la navigation par onglets. Si l’on ne peut écouter qu’un seul morceau à la fois, on est en droit de s’interroger sur l’intérêt de s’essayer au multitâche dans un lecteur audio. Eh bien figurez-vous que j’ai trouvé ce système d’onglets bien plus utile que je ne m’y attendais.

Avec ma bibliothèque ouverte dans un onglet, j’ai pu en même temps, dans d’autres onglets, modifier mes préférences, installer des modules complémentaires, parcourir les différents « plumes » (NdT : les thèmes de Songbird) disponibles, et surfer sur Internet. Ce système se révèle aussi fort utile pour afficher des photos Flickr et des vidéos YouTube de l’artiste que l’on est en train d’écouter.

2. Les Plumes (thèmes ou skins)

Basé sur Firefox, Songbird partage nombre de ses points forts, et parmi eux les thèmes, qui dans Songbird s’appellent des « plumes » (NdT : on pourrait aussi dire «  plumages »). Diverses plumes sont déjà disponibles, y compris quelques sympathiques thèmes sombres, un thème de style iTunes, et un autre inspiré par Vista Aero.

À mesure que Songbird gagnera en popularité, nul doute que la communauté en créera des centaines d’autres. Cette fonctionnalité à elle seule attirera ceux qui accordent de l’importance à la créativité et à l’originalité.

3. Les modules complémentaires (extensions ou plugins)

Si vous ne trouvez pas dans Songbird la fonction qui vous intéresse, vous pouvez toujours installer ou créer un module complémentaire. Parmi les extensions déjà disponibles, on trouve :

  • LyricMaster, qui affiche les paroles d’une chanson afin que vous puissiez chanter en même temps. J’attends avec impatience que quelqu’un concocte une extension permettant de faire défiler la grille d’accords.
  • MediaFlow, qui est semblable au CoverFlow d’Apple.
  • La prise en charge des iPod, qui m’a paru fonctionner à merveille lorsque je l’ai essayée avec l’iPod d’un copain.
  • Livetwitter, qui ajoute la prise en charge de Twitter, de MSN/Windows Live Messenger, de Pidgin et de Mercury.
  • Last.fm Album Art, qui vous évitera peut-être de perdre des heures à traficoter sur le Web pour compléter votre collection.

4. Transformez une page Web en liste de lecture (playlist)

Songbird inclut un navigateur basé sur Firefox, possédant des fonctions telles que les marque-pages et la navigation par onglets. Une des fonctions inédites du navigateur consiste à faire apparaître tous les fichiers musicaux de la page dans une liste de lecture en bas de l’écran. Voilà qui fait de Songbird un excellent outil pour découvrir de la musique en ligne, surtout lorsqu’on associe cette fonction à celle d’abonnement que nous allons évoquer ci-après. La liste de lecture rend également facile le téléchargement de morceaux.

5. Abonnez-vous à des blogs MP3 et faites-en des listes de lecture

Si vous faites un clic droit sur la page d’un blog consacré à la musique, vous trouverez « S’abonner à cette page » dans la liste des options. Cliquez dessus, et l’on vous demandera dans quel dossier sauvegarder la musique de ce blog, et à quelle fréquence vous souhaitez que Songbird vérifie les mises à jour du site. Une fois que vous serez abonné, la page s’affichera comme une liste de lecture, et les nouveaux morceaux seront automatiquement téléchargés vers le dossier que vous aurez indiqué.

6. Affichez du contenu multimédia associé à l’artiste écouté

Grâce à la fonction Mashtape de Songbird, découvrez des photos présentes sur Flickr, des vidéos YouTube, des biographies issues de Last.fm, des infos provenant de Google News (et d’autres sources) ou Wikipédia en rapport à l’artiste que vous êtes en train d’écouter. Le panneau Mashtape s’affiche sous votre liste de lecture. Vous y trouverez les onglets suivants : Infos sur l’artiste, nouvelles, Photos, et Vidéos.

  • Les infos sur l’artiste contiennent une courte biographie, une discographie, une liste de marqueurs (tags) associés et des liens fournis par Last.fm. Lorsqu’on clique sur un lien de cette section, la page Last.fm concernée s’ouvre dans un nouvel onglet.
  • Les actualités (nouvelles) sont issues d’un certain nombre de sources et récoltées via RSS ; parmi ces sources, on trouve Google News, Hype Machine et Digg.
  • L’article Wikipédia du groupe en train d’être écouté vous est également proposé.
  • Les photos Flickr défilent avec fluidité à l’écran. Lorsque vous cliquez sur l’une d’elles, sa page Flickr s’ouvre dans un nouvel onglet.
  • Les vidéos sont associées à l’artiste que vous écoutez, mais pas à la chanson précise qui passe dans Songbird. En cliquant sur un lien de vidéo YouTube, vous ouvrez un nouvel onglet où vous pourrez visionner la vidéo.

7. Lisez une vaste gamme de formats audio

Songbird lit les fichiers au format MP3, FLAC et Ogg Vorbis sur toutes les plateformes. Il lit le WMA et le WMA DRM sous Windows, le AAC et le Fairplay sous Windows et Mac. Je n’apprécie guère les DRM, mais le fait que Songbird soit capable de lire des fichiers protégés rendra son utilisation plus facile à certains. Des modules complémentaires permettent de lire les formats DirectShow et Audible.

8. Une meilleure intégration de Last.fm

Si vous ne connaissez pas Last.fm, foncez vous créer un compte. Last.fm dresse une liste de tous les morceaux que vous écoutez (un plug-in est disponible pour la plupart des lecteurs audio), vous recommande des morceaux susceptibles de vous plaire, et vous présente d’autre membres qui partagent vos goûts musicaux. Last.fm permet d’écouter en streaming des milliers de morceaux. Outre soumettre les chansons que vous écoutez à la base de données de Last.fm, Songbird vous permet de « scrobbler » vos morceaux, d’indiquer lesquels vous adorez et lesquels vous souhaitez bannir directement depuis le programme.

9. Achetez vos places de concert

Si vous achetez vos places de concert en ligne (qui s’y prend autrement, de nos jours ?), vous trouverez sans doute la fonction Songkick fort pratique. Depuis Songbird même, vous pourrez chercher les concerts prévus près de chez vous et acheter directement vos places. La fonction Songkick n’est (NdT : pour l’instant ?) fournie que pour les USA, le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande.

10. Songbird tourne sous Linux

Enfin, Songbird fonctionne sous les systèmes d’exploitation Linux et OpenSolaris. Eh oui, je l’admets, je suis un geek. Comme iTunes, Songbird existe aussi pour Mac et Windows, comme ça, pas de jaloux.

Artistes : quelques conseils pour que Songbird donne une bonne image de vous

Pensez à la façon dont vous percevront ceux qui utilisent Songbird pour écouter votre musique. Vous pouvez exploiter la richesse de l’expérience multimédia qu’offre Songbird pour améliorer l’image de votre musique et de votre groupe.

  • Utilisez des liens directs, non cachés pour renvoyer aux fichiers MP3 sur votre site de sorte que la mini liste de lecture s’affiche au bas de l’écran quand on visite votre page via Songbird.
  • Ajoutez votre groupe à Last.fm, avec une description et des photos de bonne qualité, et envisagez d’uploader quelques-uns de vos morceaux sur leur base de données. Ainsi, quand il lira votre musique, Songbird aura quelque chose à afficher, et vous ne passerez pas pour un groupe totalement inconnu. Près du bas de la page d’accueil de Last.fm, vous trouverez le lien « Vous faites de la musique ? Uploadez-la ! » qui vous expliquera comment procéder.
  • Si votre groupe donne des concerts, assurez-vous que vos dates figurent dans la base de données de Songkick. Ainsi, quand vous donnerez un concert quelque part, ceux qui vous écoutent bénéficieront d’un moyen supplémentaire de le savoir. Difficile de louper le lien « Ajouter un nouveau concert » sur leur page d’accueil.

Et vous, avez-vous essayé Songbird ? Faites-nous partager vos impressions.

Notes

[1] Ce que l’article ne fait pas, mais que nous pourrions faire dans les commentaires, c’est ajouter Amarok dans la comparaison.

[2] Crédit photo : RossinaBossioB (Creative Commons By)




Putain de saloperie de Windows Vista de merde !

Stephmcg - CC byC’est un titre qui claque ça non ? (et qui se dégage facilement du flot des flux RSS) Il est spécialement dédié à celui qui aura entré texto cette expression dans un moteur de recherche et qui sera arrivé jusqu’ici. Courage, vous avez toute ma compassion.

Bon, il faut quand même que je vous dise lâchement, avant que Thierry de Vulpillières de Microsoft France ne me poursuive en diffamation, que ce morceau de prose flamboyante n’est pas de moi. Mais cela reste dans la maison car cela provient d’un autre prof, Jérôme (une vraie poucave le aKa), et devant les élèves qui plus est, et même que c’est sur le site de Libération !

Son petit témoignage « j’vide mon sac car ça fait du bien » sur l’arrivée d’un tout nouveau tableau numérique interactif (TNI) dans la classe serait savoureux si l’expérience n’avait pas viré au cauchemar[1] pour son auteur !

Eh oui, ça marche sous XP mais ça marche plus sous Vista. Encore un bahut qui n’a pas pris la peine de lire le rapport Becta dont voici un petit extrait pour rappel : « Les machines sous Vista pourraient ne fonctionner qu’avec une autre version d’une application voir même seulement avec des produits différents. Cela peut être source de confusion si le personnel ou les élèves doivent travailler avec les deux systèmes d’exploitation. Il pourrait aussi être nécessaire de dupliquer le travail pour certaines leçons ou pour certains projets pour les adapter à Windows Vista et Windows XP. » (p.19 – § 4.31)

Ou encore : « Le mélange des systèmes d’exploitation peut très bien se faire dans les écoles ou le réseau informatique fonctionne déjà avec plusieurs systèmes d’exploitation comme Windows, Mac et Linux quand cette mixité est adaptée. Nous recommandons cependant que les écoles et universités ayant un parc informatique cohérent sous Windows XP faisant l’acquisition de systèmes avec Vista préinstallé exercent, lorsque c’est possible, leur droit du choix du système d’exploitation et maintiennent la cohésion de leur installation avec Windows XP. » (p.19 – § 4.31)

Et je ne vous parle même pas de logiciels libre pour une fois. Non, juste du fait que strictement personne en haut lieu n’a cru bon de mettre en garde les établissements scolaires comme l’a fait le Becta en Angleterre. Du coup les collectivités territoriales arrosent aujourd’hui les lycées avec Vista pour justement aboutir à des magnifiques parcs informatiques hétérogènes, avec tous les problèmes qui vont avec (dont cette magnifique illustration n’est certainement pas un cas isolé).

Comme quoi ça sert le lobbying !

Quand le prof devient grossier…
19 décembre 2008 – Blog de Libération

Notes

[1] Crédit photo : Stephmcg (Creative Commons By)




Le Framablog fait sa mue en plein hiver

Paul Mannix - CC byJ’avais très clairement d’autres choses plus urgentes à faire (sur Framasoft et ailleurs) mais je me suis souvenu de ma liste de bonnes résolutions pour l’année… 2008 ! Parmi une longue suite de promesses non tenues, se trouvait le projet de modifier un peu l’aspect graphique et ergonomique de ce blog qui n’avait pas bougé depuis sa création. Il reste encore un bon paquet de trucs à « peaufiner » mais voici donc le nouveau log du Framabook look du Framablog.

Qu’est-ce qui a réussi à me motiver assez pour trouver le temps de réaliser cette véritable prouesse (enfin, surtout pour moi) ? Principalement le nouveau thème Dotclear d’Olivier Meunier que j’ai trouvé fort bien fait ma foi et que j’ai donc adopté de go sans presqu’y rien changer (du coup le temps consacré a été diminué d’autant). J’en profite pour saluer l’extraordinaire travail d’Olivier et derrière lui toute la communauté Dotclear. Je n’ai pas vraiment suivi dans le détail mais il y a un an on avait, je crois, un projet moribond qui évoluait peu et qui voyait beaucoup de blogueurs partir sous d’autres cieux (comprendre vers WordPress).

Aujourd’hui c’est tout le contraire. La version 2 est là est bien là, correctifs, documentations, thèmes, plugins, trucs et astuces se succèdent à un rythme effréné et l’atmosphère est au beau fixe si j’en juge par la quantité, qualité et la gentillesse des interventions sur le forum (dont je n’ai malheureusement pas la disponibilité suffisante pour participer). Grand merci à vous tous, c’est un peu surfait de le dire mais c’est sincère : vous faites un boulot formidable ! Et d’ailleurs, tiens, la photo d’illustration[1] vous est dédiée 😉

Bon, bien entendu, fidèle visiteur, tu risques d’être un peu perturbé au début dans ta lecture (et puis il y a bien eu quelques compromis à faire). Mais puisque tu as tenté réussi à passer sous GNU/Linux, tu es désormais paré à toutes les éventualités !

Un peu comme un changelog de logiciel, voici en vrac une énumération non exhaustive d’informations, comparaisons et commentaires autour de ce nouveau manteau d’hiver.

  • Confort a priori accru avec des pages moins lourdes à se charger et une lecture plus agréable et aérée (à vous de me dire, une fois le cache actualisé of course). Le hic c’est que la mise en page de certains articles était optimisée pour l’étroite colonne de la version précédente et on se retrouve parfois à ne trop savoir que faire de tout ce vaste espace conquis. On tentera d’y pourvoir petit à petit et au cas par cas.
  • Apport de quelques contenus spécifiques qui faisaient défaut depuis le début (voir plus bas et shame on me).
  • Modifications sur les médias (images, audios, vidéos, etc.) qui devraient théoriquement permettre à Bibi d’émettre plus rapidement et efficacement ses futurs billets.
  • Apparition d’un menu permanent en haut de page utilisant l’option « pages fixes et indépendantes » de Dotclear.
  • Dans les liens de ce menu, on trouve Framalang. C’était bien le moins que de consacrer une page dédiée à ce projet ! Autre nouveauté, il y a également la possibilité à partir de cette page de s’inscrire directement à la liste de diffusion Framalang si jamais il vous venait l’envie de participer.
  • La page Framatube est une autre grande nouveauté. Elle sort de l’ombre notre compte sur blip.tv et permet de voir ainsi pas loin de cent vidéos autour du logiciel libre, sa culture et son état d’esprit ! Mais nous aurons bien le temps d’en reparler… Attention, « flashophobe » s’abstenir ! (sachez néanmoins que l’on possède très souvent des conversions au formats ouverts de ces vidéos, que l’on indiquera là encore au fur et à mesure, be patient)
  • Une page À propos permet au visiteur qui découvrirait le Framablog de mieux se rendre compte où il met les pieds (à propos, faudra que je pense à la remplir !).
  • C’était un peu bêbête mais il n’y avait pas de formulaire pour contacter le Framablog (en l’occurrence moi, mais sachez d’ores et déjà que d’autres vont bientôt venir me rejoindre à la rédaction). D’autant plus incongru que j’adôre la communication môa ! Cette lacune est désormais réparée. Outre les discrètes mentions de fautes d’orthographe, vous allez aussi pouvoir me proposer à l’avenir tout plein de suggestions de billets et autres scoops en exclusivité 😉
  • Autre fâcheux oubli, la licence du site et les mentions des dessins réalisés en haut et bas de page (merci à Pfelelep et LL de Mars au passage).
  • Le moteur de recherche interne est pertinent et spectaculaire (JavaScript inside) grâce au boulot d’Olivier Meunier.
  • La page d’accueil se trouve être revue de fond en comble. Ce n’est pas vraiment un problème pour toi, fidèle visiteur, qui est abonné au flux RSS du Framablog et qui donc attend tranquillement que ses articles viennent illico à toi sans passer par la case « accueil » du blog (et sans toucher 2000 euros, que de toutes les façons tu conserves jalousement pour participer toi aussi à la future campagne de survie soutien de Framasoft). Par contre, pour un visiteur tout frais qui passerait par hasard pour la première fois ici, la page d’accueil est certainement plus lisible que ce qui était proposé précédemment, à savoir une dizaine d’articles en enfilades qui donnaient une home page à l’ascenseur tellement long qu’il devenait un escalier (j’me comprends).
  • Les tags apparaissent enfin sur les pages du site. Comme avec le temps ils se sont accumulés, cela donne des propositions intéressantes d’entrées alternatives pour fureter dans le blog.
  • C’est un choix. Les tags étant mis en avant, il y a un paquet d’informations qui passent dans le gros pied de page du site. C’est donc là qu’on y trouvera désormais les derniers billets, commentaires, news du net, ainsi que, encore une nouveauté, une sélection de blogs et sites connexes au Framablog (en gros qui tournent eux aussi autour du Libre, et que si tu n’en connais aucun alors tu as bien de la chance parce que te voila parti pour le beau voyage de la découverte du logiciel libre et sa culture).
  • Après ce pied de page, c’est pas encore fini car on trouve une sorte de « méta-pied de page » qui concerne… je suis pénible je sais avec ça… l’imminente campagne de soutien (pour le moment, les liens ne sont pas renseignés mais ça ne saurait tarder).

Voilà. J’ai dû oublier des choses… mais ce n’est pas très grave puisqu’elles sont toutes contentes de se transformer alors en easter eggs.

Merci de me retourner dans les commentaires tout bug repéré (avec indications de l’OS et du navigateur si cela concerne l’affichage). Vous êtes également cordialement invité chez moi pour le Jour de l’an à laisser vos avis, critiques et propositions de suggestions pour continuer à améliorer le bouzin.

Merci enfin à toi, ô fidèle visiteur, pour être arrivé jusqu’ici (signifiant par là-même que tu es susceptible de le rester).

Notes

[1] Crédit photo : Paul Mannix (Creative Common By)




L’influence de Microsoft à l’école n’est-elle pas disproportionnée ?

Lettre aux enseignants - Offre Microsoft Office 2007Les enseignants doivent se sentir flattés d’un tel intérêt. En effet, en moins de six mois voici la troisième lettre qui leur est adressée par la société américaine Microsoft, et comme les précédentes missives nominativement dans leurs casiers de la salle des professeurs (vous en trouverez une image scannée en fin d’article).

Quel que soit son enrobage pédagogique cautionné par des associations d’enseignants complices de la manœuvre, le fond du sujet est toujours le même : la suite bureautique Microsoft Office 2007. On ne s’en cache pas du reste puisque l’objet de la lettre est texto : « Téléchargez Office 2007 chez vous sans frais ! ».

À croire que malgré la véritable machine de guerre déployée elle peine à être adoptée. Il faut dire qu’il n’y a pas que cette suite en jeu. Tapis derrière elle, c’est le nouveau système d’exploitation Windows Vista que Microsoft voudrait voir massivement installé dans les établissements scolaires (jackpot financier à la clé), alors que, répétons-le, absolument rien ne le justifie. Et encore plus loin c’est d’un véritable choix « culturel » qu’il s’agit. Souhaitez-vous que vos logiciels, formats, ressources, pratiques, échanges… soient majoritairement libres ou propriétaires ?

Vous connaissez notre réponse. Voici celle de Microsoft et ses acolytes avec cette nouvelle lettre aux enseignants qui a le mérite de synthétiser et d’exposer au grand jour toute la stratégie Microsoft en la matière. Nous vous proposons ci-dessous une petite lecture décryptée commentée. Pour finir pour nous demander en guise de conclusion si nous devons ou pouvons y faire quelque chose.

En route vers le B2i !

Dans la famille « Microsoft à l’Éducation Nationale », j’ai nommé la justification pédagogique…

C’est par ce slogan lancé par une charmante jeune femme que s’ouvre la lettre. Il est à noter que le Brevet Informatique et Internet (B2i) existe depuis plus de sept ans déjà mais qu’à cela ne tienne, allons vers… et allons-y gaiement et en confiance puisque Microsoft est justement là pour nous accompagner et nous faciliter la vie numérique.

Il y aurait beaucoup à dire d’ailleurs sur ce B2i, véritable fausse bonne idée de l’Éducation Nationale. Moins on a d’élèves et plus il est vanté, jusqu’à se montrer dithyrambique lorsque l’on a n’a plus d’élèves du tout ! Quitte au passage à donner mauvaise conscience aux collègues qui se permettraient de montrer quelques signes de perplexité quant à sa mise en application effective, accusés alors un peu vite de faire de la « résistance au changement ».

Il n’empêche que le B2i est là, qu’il y a désormais obligation de le valider, par exemple pour obtenir son Brevet en fin de collège, et qu’on doit donc faire avec et en l’état pour le moment. Et c’est plutôt bien vu de la part de Microsoft que de choisir cet angle d’attaque.

Depuis le mois de juin, vous avez le droit de télécharger sans frais Microsoft Office 2007 sur www.officepourlesenseignants.fr, comme tous les membres du corps enseignant des écoles, des collèges et des lycées, conformément à l’Accord cadre signé entre Microsoft et le Ministère de l’Éducation Nationale.

Dans la famille « Microsoft à l’Éducation Nationale », j’ai nommé la justification contractuelle…

Tout ce passage est rédigé en gros et gras. On notera qu’on prend bien soin de ne pas prononcer le mot gratuit, le droit conféré est un « droit pour une installation sur votre PC à domicile pour votre usage professionnel ». Drôle de licence que voilà, quid d’un ordinateur portable qui sortirait du domicile et quid d’un enseignant qui souhaiterait ponctuellement en faire un usage non professionnel ?

En tout cas après le B2i, et c’est toujours aussi bien vu de la part de Microsoft, on va s’appuyer sur ce fameux Accord cadre contracté en décembre 2003 et reconduit depuis. Je vous invite à le parcourir dans son ensemble mais si l’on devait n’en retenir qu’une phrase ce pourrait être la suivante, qui apparait à même le très officiel site Educnet : « L’Accord cadre a pour objectif de rendre plus homogènes et d’actualiser les systèmes d’exploitation du parc de PC des écoles, collèges et lycées, en favorisant l’accès à la dernière version de la suite bureautique Microsoft Office. » On ne peut être plus clair, la mise à jour vers Vista trouvant ici un magnifique alibi. Et tant pis pour le logiciel libre.

Rapport Becta en main, il pourrait être facile de critiquer cette prise de position discutable et arbitraire du Ministère de l’Éducation Nationale. Sauf qu’on ne peut l’accuser frontalement de favoritisme puisqu’il existe d’autres Accord cadres (Apple, IBM, Intel, Sun…) dont un très particulier que l’AFUL présentait ainsi dans un récent communiqué : « Le 28 octobre 1998, le Ministère de l’Éducation nationale signait un accord avec l’Association Francophone des Utilisateurs de Linux et des Logiciels Libres (AFUL), accord cadre permettant le développement de l’usage des technologies de l’information et de la communication auprès de l’ensemble des établissements d’enseignement français et des enseignants en ce qui concerne l’emploi des ressources informatiques libres et la disponibilité de ressources commerciales liées à l’informatique libre. Depuis dix ans, conséquences directes de l’accord cadre ou souvent simplement facilitées par son existence, de très nombreuses réalisations ont vu le jour dans ce secteur capital qu’est l’éducation, et les logiciels et les ressources libres y sont désormais bien présents, à tous les niveaux. »

Soit. L’AFUL met en valeur et c’est bien normal ce qui à l’époque constituait symboliquement une magnifique reconnaissance pour le logiciel libre à l’école. Il n’empêche qu’on se retrouve selon moi dix ans plus tard quelque peu piégé par la co-présence de ces deux Accord cadres que Microsoft fait bien plus fructifier que l’AFUL. Si ce constat est partagé, il conviendrait de voir ce que l’on peut faire ensemble pour remédier à cela.

Mais poursuivons la lecture de la lettre…

L’association d’enseignants Projetice vous propose plus de 120 formations réparties dans les Académies pour échanger et prendre en main des applications pratiques d’usages pédagogiques des TICE autour notamment des nouvelles fonctionnalités offertes par Microsoft Office 2007.
http://www.projetice.fr/formations/formations_office.aspx

Dans la famille « Microsoft à l’Éducation Nationale », j’ai nommé l’association d’enseignants qui prêchent la bonne parole sur le terrain…

Et revoici l’association d’enseignants Projetice. J’en avais parlé l’année dernière sans que personne ne vienne m’apporter la contradiction sauf… Thierry de Vulpillières, directeur des partenariats éducation chez Microsoft France ! Mes hypothèses non encore infirmées étaient les suivantes : Projetice a été créée sous l’impulsion de Microsoft, Projetice est quasi exclusivement financée par Microsoft, et les prestations de ses membres ne sont pas bénévoles et donnent lieu à rémunération et couvertures de frais par l’association et donc indirectement par Microsoft.

Et parmi les prestations il y a donc désormais ces « plus de 120 formations ». Quelle force de frappe ! Un véritable réseau parallèle au très officielle plan de formation continue de l’Education Nationale. Une aubaine pour le Ministère qui cherche à faire des économies à tous les étages (dont celui de la formation continue justement). Et comme ce n’est pas Microsoft qui entre dans les établissements scolaires mais de vrais collègues, les portes se trouvent être bien entendu grandes ouvertes.

J’aimerais beaucoup recueillir ici-même quelques témoignages d’enseignants qui ont eu l’honneur d’assister à l’une des ces formations. Parce que là encore on mélange allègrement dans le libellé les « pratiques d’usages pédagogiques des TICE » avec les « nouvelles fonctionnalités offertes par Microsoft Office 2007 ». On va finir par croire que l’un ne va pas sans l’autre ! La confusion venant de fait que les formateurs endossent simultanément leurs habits d’enseignants et de « VRP Microsoft ». Alors réelle formation pédagogique ou « publi-information » qui ne veut pas dire son nom ?

Les éditions Nathan vous propose l’ouvrage « Maîtriser les fonctions indispensables d’Office 2007 » qui permet une prise en main rapide et simplifiée de la nouvelle suite bureautique Office 2007. Nathan s’associe également à une offre très attractive d’équipement des établissements disponible sur le site www.nathan.fr/Office2007

Dans la famille « Microsoft à l’Éducation Nationale », j’ai nommé le partenaire éditeur scolaire…

Il fallait bien aussi un grand éditeur. Je note au passage qu’avec le titre proposé, « Maîtriser les fonctions indispensables d’Office 2007 », le rôle de Nathan ici est bien moins celui d’un éditeur scolaire que celui d’un éditeur informatique. Sachant que pour l’un comme pour l’autre, nous avons d’autres modèles à proposer comme par exemple Génération 5 pour le scolaire et… Framabook pour l’informatique 😉

Nathan nous offre lui aussi son petit service autour du B2i. Pas très conforme à son esprit du reste puisqu’il nous est proposé en ligne « d’évaluer et valider les connaissances de vos élèves » pour au final « délivrer l’attestation de réussite à chaque élève ». On se retrouve en fait avec une sorte de QCM que le Café Pédagogique devrait tout particulièrement apprécier. On remarquera par ailleurs que le site n’est pas non plus très conforme avec les standards du Web puisque « Attention, le site B2i est consultable uniquement sur PC et utlisant le navigateur Explorer ».

Curiosphere.tv (la web educative de France 5) vous propose désormais plus d’une centaine de vidéos à usage pédagogique et notamment à travers le site thématique consacré au B2i « tutoriels vidéos, se former au B2i »
http://www.curiosphere.tv/ressource/19636-tutoriels-video-se-former-au-b2i

Dans la famille « Microsoft à l’Éducation Nationale », j’ai nommé le partenaire institutionnel…

J’ai eu également déjà l’occasion de consacrer un billet (puis un deuxième) à Curiosphere.tv. La principale critique venant du fait qu’à parcourir les vidéos proposées, on hésitait entre formation B2i et formation aux logiciels Microsoft, l’un servant un peu de couverture à l’autre.

Comprenez-vous pourquoi par exemple la vidéo titrée « Tutoriel Word : modifier un schéma » se trouve être placée dans la catégorie « B2i > Adopter une attitude responsable » ? Et tout est à l’avenant. On participe à la réalisation de vidéos de promotion des produits Microsoft et après on les place aux forceps, un peu n’importe comment, dans les « cases B2i ». À trop vouloir tirer sur la corde de la justification pédagogique, elle finit par casser…

Mais arrêtons-nous quelques instants plus en détail sur ces vidéos. Si vous avez huit minutes, prenez le temps de regarder « Tutoriel Word : créer une frise chronologique » où un virtuose de Word vient nous montrer effectivement comment réaliser de but en blanc un tel objet. C’est franchement spectaculaire (et je ne crois pas qu’OpenOffice.org 3.0 dispose d’une telle fonctionnalité).

Le problème est double. D’abord on peut légitimement se demander si le jeu en vaut la chandelle pour un enseignant qui, si il se met à la tâche, passera certainement plus de temps que notre virtuose. Sans oublier que peut-être, après tout, notre enseignant était satisfait des frises qu’il proposait à ses élèves « du temps d’avant Microsoft Office 2007 ». Il s’agit donc déjà de faire la part des choses entre le gadget aussi clinquant soit-il et ses réels besoins.

Mais admettons qu’il estime que cette « frise qui fait jolie » mérite d’être insérée dans ses cours. On se retrouve alors face à un nouveau problème et non des moindres. En effet, il n’a pas, me semble-t-il, été prévu de mutualiser, échanger, éditer, modifier… collaborativement les ressources « pédagogiques » ainsi produites. Et ce n’est malheureusement guère étonnant car Microsoft n’a ni expérience ni culture en la matière. Ses formats de fichiers sont fermés et non interopérables, ses produits et ses ressources ne sont pas sous licences libres, et surtout la société ne s’est jamais appuyée sur des communautés d’utilisateurs pour « créer ensemble ». Elle n’a que des clients, et c’est aussi pour cela qu’elle se trouve parfois mal à l’aise voire parfois carrément en porte-à-faux lorsqu’elle aborde les rives du secteur éducatif.

Il n’y qu’à visiter les sites de Projetice et du Café Pédagogique, tous deux réalisés avec le concours de Microsoft, pour s’en convaincre. Les possibilités d’interactions avec le visiteur y sont minimales. Le plus emblématique étant le site du fameux Forum des enseignants innovants de Rennes qui « visait à faire connaître et à valoriser les nombreux projets pédagogiques innovants ». Que reste-t-il aujourd’hui sur le site de la centaine de projets sélectionnés ? Rien. Personne n’a pensé qu’il pouvait être a posteriori opportun de les mettre à disposition des collègues internautes qui n’ont pu se rendre à la manifestation.

Parce que c’est bien gentil mais pourquoi devrais-je réinventer la roue et créer de A à Z ma propre « frise qui fait jolie » ? Pourquoi ne me propose-t-on pas le document qui a permis de réaliser cette frise ? Cela me permettrait de ne pas démarrer à vide, de mieux comprendre comment le virtuose s’y est pris et surtout de pouvoir la modifier pour l’adapter à mes besoins. En lien et place on trouve sous la vidéo le texte suivant : « Extrait de : Office pour les enseignants – Word 2007 © 2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. » qui n’invite pas forcément à la collaboration.

On remarquera que le site de Microsoft dédiée à l’opération propose lui aussi la même vidéo. La seule différence c’est la possibilité de télécharger la vidéo (au format fermé .wmv) mais aussi de… « l’envoyer à un ami » ! Que la dimension collective se résume à prévenir un ami en dit long sur l’état d’esprit du projet.

J’ajoute que la mise à disposition du document source ayant permis de créer la « frise qui fait jolie » est une condition nécessaire mais non suffisante à une collaboration optimale. Il conviendrait en effet d’en proposer un format ouvert et pérenne (ce qui n’est malheureusement pas encore le cas du .docx) et de placer le tout sous une licence qui favorise le partage. Et puis, si l’on veut vraiment bien faire les choses, pourquoi ne pas regrouper toutes ces ressources sur un site dédié permettant aux enseignants de réellement communiquer avec leurs pairs ? Vous verrez qu’alors des synergies apparaîtront spontanément entre les collègues et des projets insoupçonnés se mettront en place.

C’est toute la différence entre la culture du logiciel libre et celle du logiciel propriétaire. Et c’est ici je crois que le logiciel libre a beaucoup à apporter à l’école. Ce que la société Microsoft, malgré sa pléthore de moyens et ses alliés de circonstance, est bien incapable d’imaginer, enfermée qu’elle est par son modèle économique traditionnel. Aujourd’hui, en l’absence de toutes ces considérations, la « frise qui fait jolie » demeure au niveau de la pure poudre aux yeux. Ce n’est plus de la pédagogie, c’est du simple marketing.

Réalisé par un collectif d’enseignants, le Café Pédagogique publie chaque jour « l’Expresso », un flash d’information sur l’éducation. Le « Café Mensuel » partage entre profs les « bonnes pratiques » et les ressources pédagogiques nouvelles dans votre discipline. Vous êtes déjà plus de 180.000 abonnés à ces éditions. Le « Guide de Web pédagogique » vous donne les clés pour faire entrer les TICE dans la classe. Le « Guide du BAC et du Brevet » aidera vos élèves dans leurs révisions.
http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/Entrezlestice.aspx

Dans la famille « Microsoft à l’Éducation Nationale », j’ai nommé l’association d’enseignants qui prêchent massivement la bonne parole sur internet…

Je me demande si parmi « les clés pour faire entre les TICE dans la classe », on ne trouve pas aussi celles de Microsoft.

Toujours est-il que le Café Pédagogique a lui aussi fait l’objet d’un billet dédié tout récemment. Je n’y reviens pas si ce n’est pour dire que la seule réponse obtenue fut un mail privé. La porte est fermée, le débat public refusé et je le regrette.

En vous souhaitant une bonne prise en main de ces offres, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de nos respectueuses salutations. Eric le Marois, Directeur Éducation et Recherche, Microsoft France.

Avec en bas de page, les logos de tous les partenaires (dont celui de Microsoft qui joue ici les modestes en se fondant avec les autres).

Voilà. Qu’ai-je voulu dire ici quitte à radoter pour la énième fois et irriter le lecteur avec mes idées fixes ?

Tout d’abord montrer la solidité et l’intelligence de la toile tissée par Microsoft au sein de l’Éducation Nationale. Je félicite sincèrement Thierry de Vulpillières pour cette politique d’entrisme menée de main de maître en fort peu de temps. L’école ayant de nombreux chats à fouetter, des difficultés budgétaires et peu d’expérience en matière « d’intelligence économique », elle ne pouvait clairement et momentanément pas lutter, surtout si l’on se permet de montrer patte blanche via un réseau de partenaires et d’associations d’enseignants financièrement dépendants du bailleur de fonds. Franchement, et n’en déplaisent à mes détracteurs, il est difficile, quand on regarde l’envergure et l’ambition de l’opération, de considérer Microsoft comme une société commerciale comme les autres. Et puis d’abord quelle est sa réelle légitimité pour venir nous parler de pédagogie ?

Mais je tenais également à témoigner, et ceci n’engage que moi, de la faiblesse actuelle de ceux qui souhaitent faire une plus juste place aux logiciels libres à l’école (« culture du libre » incluse !). Oui, comme le dit l’AFUL, et ce n’est pas le réseau Framasoft qui va la contredire, « de très nombreuses réalisations ont vu le jour dans ce secteur capital qu’est l’éducation, et les logiciels et les ressources libres y sont désormais bien présents, à tous les niveaux ». Mais oui aussi ces réalisations, aussi nombreuses soient-elles, sont éparses, pas encore assez structurées et organisées, et faiblement soutenues par l’Institution. Oui encore cette trop forte présence et prégnance de Microsoft à l’école freine non seulement le logiciel libre mais une certaine idée que l’on se fait des TICE. Et oui surtout nous ne sommes pas capable aujourd’hui de proposer des actions similaires d’une telle cohérence et d’une telle dimension. Non pas, comme certains aimeraient le croire, pour « bouter Microsoft hors de l’école », mais simplement pour faire entendre notre voix et, parce que l’indifférence amène l’ignorance, offrir ainsi à une majorité d’enseignants les conditions du choix. Un choix qui, nous le savons, va bien au delà de la praticité d’usage de tel ou tel logiciel.

Pouvons-nous adresser un courrier personnalisé dans le casier de chaque enseignant ? Pouvons nous proposer plus de cent formations non pas aux nouvelles fonctionnalités de la dernière version d’OpenOffice.org mais plutôt à l’utilisation pédagogique d’une suite bureautique illustrée par exemple avec OpenOffice.org ? (formations que l’Accord cadre avec l’AFUL autorisent pleinement du reste) Pouvons-nous, comme on nous y invite, réaliser plus d’une centaine de vidéos didactiques ? Pouvons-nous enfin communiquer d’un coup avec des centaines de milliers d’enseignants comme peut le faire le Café Pédagogique avec les produits de son partenaire ? (ce qui serait pratique par exemple pour diffuser le rapport Becta).

Malheureusement non. Rien nous oblige bien entendu à vouloir reproduire à l’identique cette manière de faire. Mais force est de constater qu’aujourd’hui nous ne pouvons rivaliser. On peut bien sûr décider de ne rien faire de plus que ce l’on fait actuellement (ne serait-ce que parce qu’on ne peut en faire plus) et s’en remettre à la sagesse et à la clairvoyance de nos collègues en se disant que jour après jour, dans l’ombre du terrain, le logiciel libre et son état d’esprit avancent et finiront par atteindre une telle masse critique qu’on ne pourra plus feindre de les ignorer.

Certes, mais on peut aussi être plus volontariste, surtout si l’on accepte le fait que ce qui est exposé dans cet article est potentiellement à même de nous faire reculer de dix bonnes nouvelles années ! Ce recul étant bien moins celui des logiciels que celui des mentalités. Si cela ne tenait qu’à moi, et si j’avais la moindre légitimité pour le faire, j’irai même jusqu’à convoquer d’urgence un… « Grenelle du Logiciel Libre dans l’Éducation » !

C’est une boutade, mais je crois sincèrement que, la balle étant dans notre camp, il y a là prétexte à se mettre en mouvement et unir nos quelques forces. Partout ailleurs dans l’administration publique, le logiciel libre est évalué et bien souvent adopté. Pourquoi en irait-il autrement à l’Éducation Nationale ? Parce qu’avec la complicité passive du Ministère, Microsoft aura fait acte héroïque de résistance en compagnie de quelques enseignants que le court terme aveugle ?

Je ne puis m’y résoudre et vous pose pour conclure la question suivante : Ce billet n’est-il qu’une nouvelle déclinaison de l’obsession paranoïaque d’un adepte de la théorie du complot ou bien au contraire sommes-nous face à un réel problème qui nécessite de réelles réponses ?




De l’usage des « œuvres protégées » à l’Éducation Nationale

MK Media - CC byD’un côté vous avez le « copyright », qui donne à l’auteur un droit exclusif d’exploitation sur son œuvre (texte, image, musique, cinéma, logiciel, etc.) et qui s’applique par défaut en l’absence de toute autre mention.

C’est ce qu’a toujours connu l’Éducation Nationale avant l’apparition des nouvelles technologies, et mis à part le problème du « photocopillage qui tue le livre », tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. D’autant que l’on ne pouvait pas avoir conscience qu’il pouvait en être autrement. Et puis, il suffisait d’être patient et d’attendre que certaines œuvres tombent dans le domaine public.

Puis est arrivé le « copyleft », c’est-à-dire la possibilité donnée par l’auteur d’un travail soumis au droit d’auteur (texte, image, musique, cinéma, logiciel, etc.) de copier, d’utiliser, d’étudier, de modifier et de distribuer son œuvre dans la mesure où ces possibilités restent préservées.

Ce copyleft ouvre la voie aux Open Educational Ressources. Nous en avons un bel exemple chez nous avec Sésamath et ses « manuels libres », et rien que cette semaine j’ai noté deux nouvelles ressources scolaires dans la sphère anglophone : Collaborative Statistics, un manuel sous licence Creative Commons By-Sa et Chemical Process Dynamics and Controls édité à même un wiki et sous la même licence[1].

Question : Qui du copyright ou du copyleft est plus adapté aux situations d’enseignement à l’ère du numérique ?

Pour nous aider à répondre nous allons nous appuyer sur les accords issus du texte toujours en vigueur paru au Bulletin Officiel n°5 du 1er février 2007 concernant l’usage en situation scolaire de l’écrit, de la presse, des arts visuels, de la musique et de l’audiovisuel.

L’un des problèmes de ces accords c’est qu’il y a confusion et collusion entre « œuvres protégées » et « œuvres protégées sous le classique copyright ». Le copyleft, qui n’est à aucun moment mentionné, protège lui aussi les œuvres, par exemple en garantissant toujours la paternité des auteurs, mais pas de la même façon et pas dans le même but.

Toujours est-il que voici donc nos enseignants confrontés uniquement à des œuvres protégées sous copyright. Et là, tout petit hiatus, on ne peut a priori strictement rien faire avec de telles œuvres puisque l’auteur (ou les ayant-droits) en détient les droits exclusifs d’exploitation. Pour lever l’interdit il faudrait en théorie demander au cas par cas les autorisations. Vous imaginez un professeur d’histoire et géographie contactant tous les ayant-droits des illustrations qu’ils comptent montrer à ses élèves pendant toute l’année avec toutes ses classes ? Ce n’est pas réaliste.

Dans la mesure où « l’exception pédagogique » n’est parait-il qu’un mythe sans le moindre fondement juridique, l’Institution se devait de faire quelque chose et c’est ce qui fut fait avec ce texte officiel du BO, conséquence directe des négociations avec les ayant-droits de « l’industrie culturelle ».

En voici quelques extraits (évidemment choisis et commentés à dessein, donc je vous invite à le lire en intégralité, histoire de vous en faire une meilleure idée, c’est un peu indigeste mais juridiquement et aussi « culturellement » c’est fort instructif et pas seulement si vous faites partie de la maison).

Accrochez-vous et ayez une pensée compatissante pour nos enseignants qui doivent en connaître les détails sur le bout des doigts et ne surtout pas commettre d’erreurs dans leurs applications.

Mise en œuvre des accords sectoriels sur l’utilisation des œuvres protégées à des fin d’enseignement et de recherche

C’est l’accord général qui fixe le cadre et donne le modèle.

Le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche a conclu, avec les titulaires des droits d’auteur et en présence du ministre de la culture et de la communication, cinq accords sur l’utilisation des œuvres protégées à des fins d’enseignement et de recherche, à raison d’un accord pour chacun des grands secteurs de la propriété littéraire et artistique : l’écrit, la presse, les arts visuels, la musique et l’audiovisuel.

Louable intention.

Le champ de ces accords recoupe dans une large mesure celui de la clause introduite au e) du 3° de l’article L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle par la loi n° 2006-961 du 1er août 2006 relative au droit d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’information.

Droit d’Auteur et Droits Voisins dans la Société de l’Information parfois appelé aussi DADVSI.

Conformément aux principes fondamentaux du droit de propriété intellectuelle, constamment rappelés par la législation française, l’utilisation collective d’une œuvre protégée est soumise en principe au consentement préalable du titulaire des droits d’auteur. Pour répondre aux besoins du service public de l’enseignement et favoriser la diversification des supports pédagogiques, les cinq accords sectoriels proposent un cadre général pour les utilisations les plus usuelles. Les utilisations qui entrent dans le champ de ces accords et qui en respectent les clauses sont réputées autorisées sans que les établissements ou les personnels n’aient à effectuer de démarches particulières.

C’est ce que j’évoquais plus haut. L’idée c’est d’obtenir une sorte de passe-droit pour ne plus avoir à demander d’autorisations. Bien entendu, comme nous le verrons plus bas, il y a quelques compensations.

La représentation dans la classe d’œuvres protégées est couverte de façon générale dès lors qu’elles illustrent le cours. Il en va ainsi de la projection d’une image, d’un document audiovisuel ou de la diffusion d’une chanson qui éclaire un point de l’enseignement ou qui en constitue l’objet principal. Cette représentation collective peut également intervenir pour illustrer le travail qu’un élève ou un étudiant présente à la classe.

Cette couverture est pleine de bon sens sauf si c’est le seul cas de couverture possible.

Les accords autorisent la représentation d’extraits d’œuvres lors de colloques, conférences ou séminaires organisés à l’initiative et sous la responsabilité des établissements d’enseignement supérieur ou de recherche. Les accords exigent que le colloque, la conférence ou le séminaire soit destiné aux étudiants ou aux chercheurs. Dans le cas contraire, la représentation d’œuvres sera subordonnée à l’accord préalable des titulaires de droit.

Le supérieur n’est pas très gâté. On lui fixe un cadre très précis et dans le cas contraire c’est interdit (sauf accord préalable…).

Les dimensions des œuvres qui peuvent être numérisées et incorporées dans un travail pédagogique ou de recherche mis en ligne sont précisées pour chaque catégorie :
– pour les livres : 5 pages par travail pédagogique ou de recherche, sans coupure, avec reproduction en intégralité des œuvres des arts visuels qui y figurent, dans la limite maximum de 20% de la pagination de l’ouvrage. Dans le cas particulier d’un manuel scolaire, l’extrait ne peut excéder 4 pages consécutives, par travail pédagogique ou de recherche, dans la limite de 5% de la pagination de l’ouvrage par classe et par an ;
– pour la presse : deux articles d’une même parution sans excéder 10% de la pagination ;
– pour les arts visuels : le nombre d’œuvres est limité à 20 œuvres par travail pédagogique ou de recherche mis en ligne. Toute reproduction ou représentation numérique de ces œuvres doit avoir sa définition limitée à 400×400 pixels et avoir une résolution de 72 DPI.

Arbitraire et pour le moins alambiqué tout ça ! Limite ubuesque ! Rappelons, pour mémoire, qu’avec le copyleft il n’y aucune contrainte d’utilisation.

La mise en ligne de thèses sur le réseau internet est admise en l’absence de toute utilisation commerciale et, le cas échéant, après accord de l’éditeur de la thèse. La mise en ligne devra utiliser un procédé empêchant celui qui consulte la thèse sur internet de télécharger les œuvres qui y sont incorporées.

Nouvelle barrière.

La reproduction numérique d’une œuvre doit faire l’objet d’une déclaration pour permettre d’identifier les œuvres ainsi reproduites. Cette déclaration consiste à compléter le formulaire mis en ligne à l’adresse suivante.

Il y a donc obligation de déclarer chaque œuvre utilisée ! Ce qui, pour notre professeur d’histoire-géographie, peut prendre un certain temps. Mais ayez la curiosité de vous rendre sur le site de la déclaration. Aucune identification n’est demandée, je me suis imaginé renseignant une photographie et me suis retrouvé avec deux uniques champs : « Auteur » et « Nbre estimé d’élèves/étudiants destinataires ». On clique sur valider et c’est tout. Est-ce ainsi que l’on va redistribuer équitablement les droits ?

Accord sur l’utilisation des livres et de la musique imprimée à des fins d’illustration des activités d’enseignement et de recherche

Le cas particulier des livres (et des partitions musicales). Accord entre le ministère et Le Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), agissant également au nom de la société de perception et de répartition de droits suivante AVA, sur mandat exprès de ces dernières, La Société des éditeurs et auteurs de musique (SEAM) ci-après dénommés « les représentants des ayants droit ».

Le ministère réaffirme son attachement au respect des droits de propriété littéraire et artistique. Il partage le souci des ayants droit de mener des actions coordonnées pour sensibiliser l’ensemble des acteurs du système éducatif – enseignants, élèves, étudiants et chercheurs – sur l’importance de ces droits et sur les risques que la contrefaçon fait courir à la vitalité et la diversité de la création littéraire et artistique.

J’ai déjà entendu cela quelques part…

Pour ce qui concerne les œuvres musicales visées par l’accord : de parties d’œuvres musicales visées par l’accord dont la longueur sera déterminée d’un commun accord entre les Parties, en fonction des œuvres concernées et des usages appliqués ; à défaut d’accord particulier, l’extrait ne peut excéder 20 % de l’œuvre musicale concernée (paroles et/ou musique) par travail pédagogique ou de recherche, par classe et par an, dans la limite maximale de 3 pages consécutives d’une même œuvre musicale visée par l’accord ; pour les ouvrages de formation ou d’éducation musicales et les méthodes instrumentales, l’extrait ne peut excéder 5 % d’une même œuvre musicale visée par l’accord (paroles et/ou musique) par travail pédagogique ou de recherche, par classe et par an, dans la limite maximale de 2 pages consécutives d’une même œuvre musicale visée par l’accord.

Bienvenue dans le monde de la complexité…

En ce qui concerne les œuvres musicales visées par l’accord, sont autorisées exclusivement les reproductions numériques graphiques temporaires exclusivement destinées à la représentation en classe par projection collective. Les reproductions d’œuvres musicales par reprographie ne sont en aucune manière autorisées par le présent accord ainsi que rappelé à l’article 4.2 ci-après. Il est précisé que le présent article n’autorise pas les reproductions numériques temporaires des œuvres musicales visées par l’accord disponibles uniquement à la location auprès des éditeurs concernés.

Un vrai terrain miné…

L’accord n’autorise pas la distribution aux élèves, étudiants ou chercheurs de reproductions intégrales ou partielles d’œuvres visées par l’accord.

C’est bien dommage parce qu’avec le copyleft l’élève peut tranquillement repartir de l’école avec l’œuvre numérique dans sa clé USB.

Les moteurs de recherche des intranets et extranets des établissements permettront l’accès aux travaux pédagogiques ou de recherche, ou aux communications faites lors de colloques, conférences ou séminaires, mais ne comporteront en aucune manière un mode d’accès spécifique aux œuvres visées par l’accord ou aux extraits d’œuvres visées par l’accord ou une indexation de celles-ci.

De la recherche bridée en somme.

Le ministère informera les établissements du contenu et des limites de l’accord. Il s’engage également à mettre en place dans l’ensemble des établissements des actions de sensibilisation à la création, à la propriété littéraire et artistique et au respect de celle-ci. Ces actions, définies en liaison avec les représentants des ayants droit, interviendront au moins une fois par an et par établissement. Elles pourront prendre des formes diverses en partenariat avec des auteurs, des compositeurs, des éditeurs de livres ou de musique ou des artistes plasticiens.

Je veux bien participer 😉

En contrepartie des autorisations consenties dans l’accord et compte tenu des engagements pris par le ministère à l’article 6, celui-ci versera au CFC et à la SEAM une somme de :
– 1 146 000 euros sur l’exercice budgétaire 2007 ;
– 1 146 000 euros sur l’exercice budgétaire 2008.
Cette somme sera répartie par le CFC et la SEAM entre les titulaires de droits ou leur représentant qui leur ont donné mandat pour conclure l’accord.

C’est précis et non négligeable.

Dans l’hypothèse où il apparaîtrait que, dans le cours de l’application de l’accord, les utilisations numériques d’œuvres visées par l’accord augmenteraient de façon significative, la rémunération définie ci-dessus devra être révisée en conséquence. Les Parties se rapprocheront pour fixer la rémunération adaptée.

Je suis curieux de savoir comment on peut réellement se rendre compte de cela. Via le formulaire de renseignement mentionné plus haut ? Je n’ose à peine le croire !

Les représentants des ayants droit pourront procéder ou faire procéder à des vérifications portant sur la conformité des utilisations d’œuvres visées par l’accord au regard des clauses de l’accord. Les agents assermentés de chaque représentant des ayants droit auront la faculté d’accéder aux réseaux informatiques des établissements afin de procéder à toutes vérifications nécessaires. Ils pourront contrôler notamment l’exactitude des déclarations d’usage et la conformité de l’utilisation des œuvres visées par l’accord avec chaque stipulation de l’accord.

Quand les « agents assermentés » des ayant-droits sont autorisés à pénétrer dans le sanctuaire scolaire… Je ne sais pas trop (ou trop bien) comment qualifier cela.

Accord sur l’utilisation des publication périodiques imprimées à des fins d’illustration des activités d’enseignement et de recherche

Le cas de la presse. Accord entre le ministère et Le Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC) agissant au nom des éditeurs de publications périodiques imprimées.

En contrepartie des autorisations consenties par le présent accord, le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche versera au CFC une somme de :
– 291 000 euros sur l’exercice budgétaire 2007 ;
– 291 000 euros sur l’exercice budgétaire 2008.
Cette somme sera répartie par le CFC entre les titulaires de droits qui lui ont donné mandat pour conclure le présent accord.

Accord sur l’utilisation des œuvres des arts visuels à des fins d’illustration des activités d’enseignement et de recherche

Passons aux œuvres des arts visuels (images, photos, illustrations, etc.). Accord signé entre le ministère et l’AVA, société de perception et de répartition de droits, agissant au nom des sociétés de perception et de répartition de droits suivantes sur mandat exprès de ces dernières : ADAGP, SACD, SAIF et SCAM, l’ensemble de ces sociétés étant ci-après dénommées « les sociétés de perception et de répartition de droits ».

En contrepartie des autorisations consenties dans l’accord et compte tenu des engagements pris par le ministère à l’article 6, celui-ci versera à AVA une somme de :
– 263 000 euros sur l’exercice budgétaire 2007 ;
– 263 000 euros sur l’exercice budgétaire 2008.
Cette somme sera répartie par AVA aux titulaires de droits ou leur représentant.

Accord sur l’interprétation vivante d’œuvres musicales, l’utilisation d’enregistrements sonors d’œuvres musicales et l’utilisation de vidéomusiques à des fins d’illustration des activités d’enseignement et de recherche

Quant à la musique… Accord entre le ministère et La SACEM, société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, agissant pour elle- même et au nom des sociétés de perception et de répartition suivantes sur mandat exprès de celles-ci : ADAMI, SACD, SCPP, SDRM, SPPF, SPRE, SPEDIDAM, l’ensemble de ces sociétés, y compris la SACEM, étant ci-après dénommées « les sociétés de perception et de répartition de droits ».

En contrepartie des autorisations consenties par l’accord et compte tenu des engagements pris par le ministère à l’article 5, le ministère versera à la SACEM une somme de :
– 150 000 euros sur l’exercice budgétaire 2007 ;
– 150 000 euros sur l’exercice budgétaire 2008.
Cette somme sera répartie par la SACEM entre les sociétés de perception et de répartition de droits.

Accord sur l’utilisation des œuvres cinématographiques et audiovisuelles à des fins d’illustration des activités d’enseignement et de recherche

Et pour finir le cinéma. Accord entre le ministère et la PROCIREP, société des producteurs de cinéma et de télévision, agissant au nom des sociétés de perception et de répartition de droits assurant la gestion des droits sur les œuvres audiovisuelles et cinématographiques, ci- dessous désignées : ARP, ADAMI, SACD, SACEM, SCAM, SPEDIDAM, l’ensemble de ces sociétés, y compris la PROCIREP, étant ci-après dénommées « les sociétés de perception et de répartition de droits ».

Est autorisée par l’accord la représentation dans la classe, aux élèves ou étudiants, de toute œuvre cinématographique ou audiovisuelle diffusée par un service de communication audiovisuelle hertzien non payant (…) L’utilisation d’un support édité du commerce (VHS préenregistrée du commerce, DVD vidéo, etc.) ou d’une œuvre cinématographique ou audiovisuelle diffusée sur un service de communication audiovisuelle payant, tel que, par exemple, Canal+, Canalsatellite, TPS, ou un service de vidéo à la demande (VOD ou S-VOD), n’est pas autorisée par l’accord, sauf dans le cas prévu à l’article 3.2.

Ne reste plus, si j’ai bien compris, que nos chères chaînes de télévision généralistes à voir uniquement en direct live.

En contrepartie des autorisations consenties par l’accord et compte tenu des engagements pris par le ministère à l’article 5, le ministère versera à la PROCIREP une somme de :
– 150 000 euros sur l’exercice budgétaire 2007 ;
– 150 000 euros sur l’exercice budgétaire 2008.
Cette somme sera répartie par la PROCIREP entre les sociétés de perception et de répartition de droits.

Je prends ma calculette… ce qui nous donne pour les seules années 2007 et 2008… quatre millions d’euros tout rond pour toutes « les sociétés de perception et de répartition de droits ». C’est pas mal, surtout si l’on se souvient des nombreuses clauses restrictives qui parsèment les accords (et puis, au risque de m’égarer, n’oublions pas également la taxe sur la copie privée, qui certes s’applique à tout le monde mais qui participe de la même logique).

Voilà. Dans un monde où n’existerait que le copyright, on se retrouve à négocier ainsi avec les ayant-droits de l’industrie culturelle pour le résultat que vous avez donc aujourd’hui sous les yeux. Reconnaissons que ce n’est pas toujours évident pour les enseignants (et leurs élèves) de s’y retrouver !

Il est à noter qu’à l’époque de la discussion de ces accords, c’est-à-dire en 2006 au fameux temps de l’examen de la loi DADVSI, certains enseignants n’avaient pas hésité à carrément prôner la « désobéissance civile ». Avec une pétition à le clé ayant regroupée pas moins de 5000 signataires.

Il y a cependant une bonne nouvelle. Tous ces accords se terminent le 31 décembre 2008. Nous attendons donc avec impatience (et fébrilité) les nouvelles directives 2009. Peut-être que cette fois-ci le copyleft aura doit de cité ? Dans le cas contraire, cela n’empêchera nullement les enseignants de s’y intéresser toujours davantage, pour finir par lentement mais sûrement construire ensemble les bases d’un nouveau paradigme.

Notes

[1] Crédit photo : MK Media (Creative Commons By)




Ces logicels qui ont les tripes à l’air…

Superbomba - CC by-saDonnons un peu la parole à nos contradicteurs ou tout du moins à ceux qui regardent nos gesticulations avec cynisme et ironie.

François-Xavier Ajavon nous propose en effet dans le Causeur.fr un article débridé et frondeur qui a retenu ce matin mon attention. Il y a à boire et à manger mais certains passages valent stylistiquement le détour.

Le titre annonce la couleur : « Libérons-nous du libre – Le logiciel libre, nouvel opium du peuple 2.0 ? »

Après une courte introduction rappelant que l’informatique aime la mythologie (et dire qu’il a commencé dans son garage) et les grandes messes occultes des gourous (Steve Jobs à l’Apple Expo), on entre dans le vif du sujet. Morceaux choisis et annotés[1].

Il convient d’examiner l’une des dernières expressions de cette religiosité : la mythologie libertaire et « morale » qui entoure les logiciels libres.

Soit. Allons-y…

Selon l’encyclopédie « collaborative » Wikipédia : « Un logiciel libre est un logiciel dont la licence dite libre donne à chacun le droit d’utiliser, d’étudier, de modifier, de dupliquer, de donner et de vendre ledit logiciel sans contrepartie. » Ces logiciels « libres » et gratuits s’opposent aux logiciels dits « propriétaires » ou « privateurs » (dans le jargon de cette mouvance). Non seulement ces applications « libres » sont la plupart du temps absolument gratuites, mais elles ont littéralement les tripes à l’air : n’importe qui peut prendre connaissance de leur structure, de leur fonctionnement, et peut les modifier à loisir…

Ces logiciels qui ont littéralement les tripes à l’air… Excellente formule pour caractériser le code source ouvert des logiciels libres, j’en fais mon titre, tiens !

On notera par ailleurs la présence continue des « guillemets » qui distillent le doute.

On dirait ces définitions forgées pour notre modernité, dont l’un des moteurs est la perpétuelle apologie de la « liberté », de la « transparence », de « l’interaction », du « collectif », de la « gratuité », etc.

Il faudrait préciser car pour le coup cela mériterait un vrai débat. Mais passons aux intall-party…

J’apprends dans la presse que de mystérieuses « Install Party » sont presque sur le point de se substituer aux offices catholiques dominicaux (…) Qu’est-ce qu’une « Install Party » ? Un événement festif, se déroulant souvent dans une « salle polyvalente » municipale, durant lequel des militants associatifs du « libre” sont à la disposition des quidams voulant transformer leurs ordinateurs « infidèles » et asservis aux logiciels commerciaux, en ordinateurs « libérés » et modernes (…) Ce genre de réunions Tuperware du « logiciel libre » a lieu un peu partout en France, pour “convertir » vertueusement nos vieux PC poussifs, victimes d’une triste addiction aux logiciels commerciaux, en bêtes de course, équipés de pied en cap en applications libres, détachées de tout « marché »… le tout sous le patronage symbolique d’un nom emprunté à une culture sub-saharienne du tiers-monde. C’est dire…

Le nom emprunté à la culture sub-saharienne du tiers-monde, vous aurez reconnu… Ubuntu ! Quant aux install-party, réunions Tuperware du logiciel libre, y’a pas à dire il a le sens de la formule ! Et Stallman alors il n’en prend pas pour son grade ? Patience, nous y sommes…

Bref, le « logiciel libre », c’est l’attirail de camping complet : valeurs, philosophie, convictions politiques, fatras new-âge… Stallman, en visite à Montbéliard : « Un programme libre est démocratique. C’est la somme des contributions individuelles de ceux qui l’ont utilisé et transformé. Par contre, un programme privateur de liberté est la dictature de celui qui l’a développé. Un instrument pour imposer son pouvoir aux utilisateurs. » Démocratie versus dictature, rien que ça… fantasme d’un univers « non marchand » – à venir – contre l’atroce marché libéral des flux économiques et des échanges commerciaux , no logo et tutti quanti. Il n’y va pas avec le dos de la cuiller, le gourou open space.

Le gourou open space… Et pourquoi pas le gourou d’secours d’un monde en péril tant qu’on y est 😉

C’est que, pour ce militant des droits de l’Homme, la question dépasse largement le cadre de l’informatique. Elle soulève aussi des questions éthiques et politiques. On imagine que les dirigeants mondiaux ainsi taclés ne s’en sont pas remis. « Le logiciel propriétaire est immoral et ne doit pas exister… », dit-il encore, pas à court d’une sottise. Le monde tremble sur ses bases.

Je ne sais pas si le monde tremble sur ses bases mais l’industrie informatique et culturelle commence à se poser des questions oui (cf loi DADVSI, Hadopi, Paquet Télécoms, etc.).

Bref, le « logiciel libre » est en pointe dans le combat contre le grand méchant loup libéral, symbolisé par l’infâme Bill Gates qui se nourrit chaque matin de dix enfants innocents, et de deux vierges cuites à l’étouffée.

Sans oublier quatre chatons écrasés. Et pour conclure…

Combat pour la morale comme l’expliquait le 1er décembre Le Monde de l’Education : « Au delà de la question économique, les motivations sont aussi d’ordre philosophique ou éthique : selon Jean-Pierre Archambault, chargé de mission au CNDP : « les valeurs de partage et d’indépendance véhiculées par le logiciel libre sont fondamentalement en phase avec les missions de l’école et la culture enseignante ». » On frissonne en imaginant cette « culture enseignante » qui s’oppose à l’Ancien régime de la France moisie… du « privé », des pratiques de consommation individualistes (aller à la Fnac et acheter un logiciel aliéné, créé par des ingénieurs esclaves de leur entreprise…), du repli sur soi, de l’indifférence à autrui, du cynisme, et même d’une forme de proto-fascisme doux… le monde de ceux qui se plient à la vie telle qu’elle est, et non telle qu’elle « devrait » être.

Au final une drôle d’impression parce qu’il y a caricature et douce moquerie sans criantes contre-vérités. Je ne suis même pas sûr que cet article fasse réellement du tort au logiciel libre.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Notes

[1] Crédit photo : Superbomba (Creative Commons By-Sa)




Framalang ou le prolifique travail de traduction du réseau Framasoft

Orvalrochefort - CC bySuite et bientôt fin des billets anticipant la très prochaine campagne de soutien.

Le réseau Framasoft possède en son sein depuis octobre 2006 une équipe très précieuse dont le nom de code est Framalang, merci à Harrypopof au passage pour le joli logo sous licence Art Libre (cf ci-dessous). Il s’agit d’une trentaine de bénévoles qui participent à des travaux de traduction, principalement de l’anglais vers le français (mais nous avons également créé il y a peu une petite entité s’occupant de l’espagnol)[1].

Cela avait commencé en mars 2005 par la compilation de logiciels libres TheOpenCD réalisée à même notre forum Framagora et qui avait connu à l’époque son petit succès avec de très nombreux téléchargements, un magazine spécialement dédié et des ventes conséquentes chez Ikarios.

Depuis, et suite à un appel sur le blog, nous nous sommes donc regroupés, structurés et organisés sous la bannière Framalang autour d’une liste de discussion et d’un wiki dédié. Les membres exercent une veille sur le libre anglophone, puis l’un propose et d’autres disposent, c’est-à-dire traduisent, relisent et valident.

La richesse de ce groupe tient non seulement à ses compétences, son écoute, sa capacité d’organisation collective et son goût du travail bien fait, mais également à l’atmosphère conviviale qui y règne et que rien ne vient perturber, pas même le trop plein de travail proposé !

En effet, et pour être tout à fait sincères, nous n’arrivons pas forcément à tout mener à bien et certains projets ont un accouchement lent et difficile. Si nous réussissons à nous dôter de la présence d’un ou deux permanents via la campagne de soutien, c’est là encore quelque chose que nous pourrions améliorer.

J’ajoute que sur la trentaine de membres tous ne sont pas actifs et donc les candidatures restent plus que jamais ouvertes (pour cela s’inscrire directement à partir de cette page).

Il n’en demeure pas moins que ce qui a été déjà réalisé par le groupe est impressionnant aussi bien quantitativement que qualitativement. Présentation et exemples.

Les articles

La traduction d’articles qui sont mis en ligne sur ce blog constitue la majeure partie du travail. Avec le temps nous nous retrouvons ainsi avec une belle petite collection (une bonne cinquantaine pour être plus précis). Certains collent à l’actualité mais d’autres sont prétextes à débats et réflexions de fond.

Petit florilège subjectif et non exhaustif (permettant au passage aux nouveaux lecteurs du Framablog de découvrir qui sait quelques articles intéressants dont la plupart n’ont pas pris une ride) :

Le sous-titrage

Un sous-groupe Framalang est spécialement concentré sur le sous-titrage de vidéo. C’est un travail minutieux et de longue haleine car il faut retranscrire en anglais, puis traduire, minuter et intégrer le tout à la vidéo (dont on propose systématiquement le téléchargement dans un format ouvert).

La réalisation dont nous sommes le plus fiers est l’excellente conférence Software and Community in the Early 21st Century d’Eben Moglen que nous conseillons à tous de voir et faire voir.

Les « grands travaux »

Framalang est également à l’initiative de travaux plus ambitieux, à savoir la traduction de rapports ou de livres entiers. C’est un peu l’épreuve du feu pour nous car il n’est pas toujours facile de gérer et donner une cohérence à des réalisations de cette envergure effectuées collaborativement à plusieurs mains.

Toujours est-il que c’est ainsi que nous avons édité notre framabook numéro 4 Changer pour OpenOffice.org, à l’origine créé par le site OOoAuthors qui avait eu la bonne idée de placer le livre sous licence libre.

Le fameux rapport Becta Microsoft Vista et Office 2007 à l’école est également issu de la cuisse de Framalang. Et de nombreux autres projets sont en cours comme par exemple une biographie de Richard Stallman actuellement en phase de relecture.

Merci

Voilà. Je tenais par la présente à mettre un peu en lumière le travail de ce groupe et à lui un rendre hommage mérité car il participe de beaucoup à bonifier non seulement ce blog mais l’ensemble du réseau.

Deep in my heart, thank you 😉

Mascotte Framalang - Harrypopof - Art Libre

Notes

[1] Crédit photo : Orvalrochefort (Creative Commons By)




USA – Obama – 3 principes pour assurer un gouvernement ouvert

Matthias Winkelmann - CC byDésolé d’en remettre une couche sur Barack Obama et son site de transition Change.gov mais il se passe décidément des choses bien intéressantes actuellement du côté des États-Unis.

Comment en effet ne pas mettre en lumière cette initiative (sous forme de lettre ouverte) qui propose trois principes clairs et plein de bon sens non seulement en direction de cette transition mais également pour le futur gouvernement.

Ne pas mettre de barrières juridiques et technologiques au partage dans un environnement qui garantit la libre concurrence (aussi bien entre les entreprises privées qu’entre le privé et le public), tels sont résumés ces trois principes qui valent pour le prochain gouvernement américain mais peut-être aussi pour d’autres pays ![1]

On en profite pour tacler au passage YouTube (qui l’a bien mérité).

Vous trouverez sur le site d’origine la liste des premiers signataires et le moins que l’on puisse dire c’est que l’on y retrouve du beau monde : Mozilla, Cory Doctorow, Dan Gillmor, Internet Archive, Xiph.Org, Mitch Kapor, Tim O’Reilly, Jimmy Wales, etc.

Sans oublier Lawrence Lessig que je soupçonne d’être directement à l’initiative de la chose ne serait-ce que parce que c’est lui qui intervient dans l’allocution audio qui est également proposée sur le site (allocution qui a été placée sur blip.tv mais est aussi disponible en téléchargement direct et au format ouvert ogg theora, histoire d’être en parfaite cohérence avec les principes exposées).

Nombreux sont ceux qui prétendent que le gouvernement américain a eu souvent tendance à donner le mauvais exemple ces dernières années. Pour ce qui concerne les libertés numériques il se pourrait bien que dans un futur proche le mouvement s’inverse, surtout si ces principes se trouvent réellement mis en œuvre et respectés.

Principes pour une transition ouverte

Principles for an Open Transition

Collectif d’auteurs – 2 décembre 2008 – Open-Government.us
(Traduction Framalang : Eric Moreau)

Le futur Président, Barack Obama, s’est clairement engagé à changer la façon dont le gouvernement interagit avec le Peuple. Sa campagne a été une démonstration de la valeur d’un tel changement, et offert un aperçu de son potentiel. Son équipe de transition vient de franchir un pas décisif en rendant ce travail de transition légalement ouvert au partage, apportant ainsi la preuve que les valeurs qu’a prônées Obama sont celles qui guideront son administration.

Afin de soutenir plus avant cet engagement en faveur du changement et favoriser sa mise en œuvre, nous proposons tois « principes pour une transition ouverte » destinés à orienter cette équipe de transition dans l’usage qu’elle fera d’Internet pour produire ce qui se fera de mieux en matière de gouvernement ouvert.

1. Pas d’obstacles légaux au partage

Le contenu mis publiquement à disposition au cours de cette transition, telles que les vidéos du futur Président Obama, ou les projets politiques publiés sur le site Change.gov, devrait être placé sous licence libre de sorte que les citoyens puissent le partager, en citer des extraits, le retravailler ou encore le redistribuer sans être freiné par la complexité inutile qu’impose la loi.

Le sénateur McCain et le futur Président Obama se sont tous les deux prononcés en faveur de ce principe pour ce qui concernait les droits de diffusion du débat présidentiel. Ce même principe devrait être appliqué à la transition.

Le site Change.gov respecte à présent ce principe. Le contenu présent sur ce site est placé par défaut sous une licence Creative Commons Paternité, laquelle en autorise l’usage, à but commercial ou non, tant que la source du document est citée. Cette liberté est cohérente avec les valeurs promises par la nouvelle administration. L’application de droits d’auteurs restrictifs est parfois nécessaire pour créer une créativité productrice de valeur, mais dans le cas de discours politiques et de débats publics, celle-ci ne serait qu’un obstacle réglementaire superflu.

L’engagement de l’équipe de transition en faveur de ce principe est d’une importance capitale, et l’attention qu’elle porte à cette question, aussi rapidement, malgré d’innombrables problèmes urgents, est fort louable.

2. Pas d’obstacles technologiques au partage

Une liberté de partager et de modifier le contenu qui ne serait que juridique peut néanmoins être entravée par des limitations techniques. Le contenu mis à la disposition de tous devrait aussi être librement accessible, et non contraint par des obstacles technologiques. Les citoyens doivent être en mesure de télécharger du contenu en rapport avec cette transition de sorte qu’il soit aisé de le partager, d’en citer des extraits, de le modifier ou de le redistribuer. Il s’agit là d’une liberté numérique essentielle.

Par exemple, quand bien même ce contenu pourrait être mis en ligne sur un site donné tel que YouTube, ce dernier n’autorisant pas le téléchargement des vidéos présentes sur son site, le contenu créé par l’équipe de transition devrait être également mis à disposition sur un site qui lui le permet. Il serait par ailleurs inacceptable que les sites du gouvernement empêchent les copier/coller de texte mis à la disposition du public ; de la même façon, mettre en ligne des vidéos à l’aide d’un procédé ne permettant pas d’en extraire et d’en réutiliser des passages facilement et légalement en empêche l’accès et interdit la participation.

Nous encourageons donc fortement l’équipe de transition à faire en sorte que le matériau qu’elle a placé sous licence libre soit en outre librement accessible. Il existe un grand nombre de services, tel que blip.tv, qui en plus de permettre aux utilisateurs de télécharger librement du contenu sous licence libre indiquent clairement les libertés associées au contenu proposé. Quelle que soit la façon dont l’équipe de transition choisira de distribuer le contenu qu’elle créera, elle devrait s’assurer qu’un moins un canal de diffusion respecte cette liberté numérique essentielle.

3. La libre concurrence

Les gouvernements doivent rester neutres sur le marché des idées. Le contenu créé par l’équipe de transition devrait ainsi ne pas être publié de manière à avantager de façon déloyale une entité commerciale par rapport à une autre, ou des entités commerciales par rapport à des entités non commerciales.

Par exemple, si la vidéo d’une conférences de presse est fournie en temps réel à des chaînes de télévision, elle devrait mise à disposition sur le Web en simultané sous un format standard et universel permettant le téléchargament et le partage. La décision de l’équipe de transition de rendre les vidéos de conférences de presse sur son site est un pas dans la bonne direction. Enfin, pour s’assurer que les nouveaux médias puissent faire jeu égal avec les médias traditionnels dans le traitement des nouvelles à chaud, il serait souhaitable de diffuser en temps réel sur le site Web conférences de presse et autres évènements médiatiques en direct.

De la même façon, si l’équipe de transition choisit de mettre à disposition une vidéo sur YouTube, diffuser la même vidéo dans un format standard et universel permettra aux autres sites de vidéo de publier eux aussi ce contenu.

Dans l’idéal, ce format devrait être un format ouvert, non propriétaire. Mais le contenu étant placé sous licence libre (cf. Principe n°1), et l’accès libre à ce contenu étant garanti (Principe n°2), la conversion dans un autre format ne sera pas interdite. L’équipe de transition ne favorisera donc pas une plateforme à l’exclusion des autres.

Au cours de la campagne, nous avons tous été galvanisés par l’engagement du futur Président en faveur d’un gouvernement ouvert, idéaux qui ont en partie poussé une génération à l’action. Son équipe de transition vient de faire un pas important pour concrétiser cet engagement.

Ce pas en avant mérite des éloges sincères. Sans vouloir minimiser son importance, nous proposons cependant dans ce texte ces principes supplémentaires comme une manière concrète de rendre tangibles les valeurs que le Président désigné a défendu avec tant de verve. Nous sommes convaincus que ces valeurs devraient servir de guide pour toute son entreprise de transition, ainsi qu’au nouveau gouvernement. Nous sommes aussi convaincus qu’elles sont cohérentes avec les idéaux que le futur Président a placés au cœur de sa campagne.

Notes

[1] Crédit photo : Matthias Winkelmann (Creative Commons By)