Socrate et les hackers – Une conférence de Bernard Stiegler

À peine avions-nous mis en ligne le billet Quand Socrate nous aide à mieux comprendre le logiciel libre qu’un commentaire nous signalait une récente conférence de Bernard Stiegler, dont le titre, séduisant et enigmatique, faisait lui aussi référence au célèbre philosophe grec : « Socrate et les hackers ».

Elle a été donnée le 13 avril dernier à la Maison des Arts de Malakoff.

On y retrouve les thèmes chers à Bernard Stiegler : perte du savoir dans un processus de prolétarisation généralisée lié au marketing et espoir mis dans la figure de « l’amateur ».

Je ne suis pas un hacker mais je pense bien faire parti de ces amateurs. Et, du coup, j’aime bien écouter Bernard Stiegler parce qu’il me donne l’impression que je participe à sauver le monde du marasme dans lequel il se trouve 😉

Tout ceci m’a fait repenser à un très lointain article de Libération (25 mai 2001). Une interview de Pekka Himanen[1] par Florent Latrive.

À la question : quel est votre hacker préféré ? Voici ce que le philosophe finlandais avait alors répondu :

« Socrate. Toute son attitude, cette relation passionnée et modeste au savoir, son ouverture d’esprit, sa quête de directions intellectuelles non prévues: l’attitude des Grecs anciens est très similaire à celle des hackers d’aujourd’hui. Platon, son disciple, a fondé la première académie du monde occidental, et c’est le modèle de la recherche scientifique aujourd’hui. C’est aussi celui des hackers passionnés d’ordinateurs… ».

Bernard Stiegler – Socrate et les hackers

—> La vidéo au format webm

Notes

[1] À ce propos, c’est vraiment une anomalie de ne plus trouver la moindre trace papier ou numérique de la traduction française de l’Ethique Hacker de Pekka Himanen, alors même que c’est clairement l’un des ouvrages les plus importants de la culture libre. Il y a une note de lecture sur Freescape et puis c’est à peu près tout (si ce n’est une indisponibilité récurrente sur Amazon). L’explication vient du fait qu’Exils, l’éditeur de la traduction n’existe plus, mais c’est bien dommage que personne n’ait pris le relai (et les éventuels droits). Si quelqu’un est assez motivé pour contacter Pekka Himanen et voir avec lui comment on pourrait rééditer son livre en français, qu’il sache que Framasoft et son projet Framabook sont de tout cœur derrière lui.




Scandaleux : l’INPI censure le Libre d’une exposition qui se révèle alors propagande !

Lucas Jans - CC by-saC’est une mésaventure ô combien révélatrice de notre époque trouble et troublée qui est arrivée à Isabelle Vodjdani.

Aujourd’hui s’est en effet ouverte l’exposition « Contrefaçon, la vraie expo qui parle du faux », à la Cité des sciences et de l’industrie à La Villette (Paris).

Le Libre devait y être très modestement présent par un simple article rédigé par Isabelle Vodjdani.

Il n’en sera rien car à quatre jours de l’inauguration on lui a fait savoir que l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), co-organisatrice de l’évènement, refusait son texte. L’explication a le mérite de la clarté : « L’INPI est farouchement opposé à ce que l’exposition donne la parole aux défenseurs du "libre" ».

« D’entrée de jeu, le visiteur est poussé à s’interroger : à qui profite le faux ? Qui est lésé, qui est abusé ? Sommes-nous victimes ou complices ? », nous dit la dépêche AFP dédiée à la manifestation « citoyenne », qui n’évoque évidemment pas l’épisode.

Mais au delà de l’INPI, à qui profite une telle censure ? Qui a intérêt à ce que le grand public ignore que l’on puisse s’adresser à lui autrement qu’en consommateur stimulé par le markting ,en s’extirpant de la dichotomie artificiellement entrenue « monde marchand / contrefaçon de ce même monde marchand » ? Qui a intérêt à taire que d’autres mondes soient possibles ?[1]

Il ne faut pas se méprendre, en censurant ainsi le Libre, l’exposition prend une tournure politique et se fait propagande.

Les masquent tombent et on ne lit alors qu’une seule chose sur les visages : la peur.

PS : Pourquoi ne pas se mobiliser et organiser une petite manifestation de protestation devant l’entrée de l’exposition, avec distribution de tracts et de contenus sous licence libre ?

"Contrefaçon" : La Cité des Sciences censure le Libre à la demande de l’INPI

URL d’origine du document

Isabelle Vodjdani – 20 avril 2010 – Transactive.exe

"La vraie expo qui parle du faux" se soucie peu de parler vrai.

Résumé : Une exposition aux intentions pédagogiques sur la Propriété Intellectuelle, décrit toutes les formes de contrefaçon mais censure les informations se rapportant aux pratiques licites du Libre et de l’Open-Source. Si on avait voulu faire l’apologie des pratiques illicites on ne s’y serait pas mieux pris !

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, j’ai la fausse joie de vous annoncer l’ouverture d’une exposition aux prétentions pédagogiques sur la Propriété Intellectuelle dont le seul volet consacré à la présentation du Libre, un texte concis enregistré par votre serviteur, a été censuré à la demande de l’INPI, principal partenaire de l’exposition.

« CONTREFAÇON, la vraie expo qui parle du faux » commence le 20 avril à la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette et court jusqu’en février 2011[2]. Comme son sous titre accrocheur l’indique, vous y verrez fausse monnaie, fausses marques, faux médicaments, fausses montres,… et dans la foulée, le faux nez de la vraie musique téléchargée illégalement par quelques adolescents dont on se propose de corriger l’égarement à coup de questionnaires faussement ludiques et de sorties scolaires faussement récréatives[3]. Copier c’est mal, voilà tout le message de ce déballage qui décrit les multiples formes de la contrefaçon avec la verve qu’en d’autres temps, des enlumineurs auraient employée pour dépeindre les sept péchés capitaux en motifs grotesques.

Hélas, à côté de ce tableau des pratiques illicites, il ne faut pas s’attendre à trouver beaucoup de nuances dans la définition de ce qui est au contraire licite en matière de propriété intellectuelle. En effet, le domaine du Libre est totalement exclu du corpus de l’exposition. Et quand je dis exclu, il ne s’agit pas d’omission ou d’ignorance, mais bien de censure.

Initialement, les commissaires de l’exposition avaient prévu de consacrer un modeste volet à la présentation du Libre ; cela leur paraissait incontournable et c’est bien la moindre des choses. Dans cette optique, j’avais été contactée en septembre 2009 par une des commissaires adjointes qui me demandait de rédiger un texte concis définissant le Libre, ses enjeux et ses perspectives. Le texte devait être diffusé dans une petite zone de l’exposition équipée de bornes audio avec la version écrite affichée à proximité.

Mais le 16 avril 2010, quatre jours avant l’ouverture de l’exposition, j’ai reçu un mail de la commissaire en chef m’informant que mon texte ne pourra pas être diffusé : « notre partenaire principal, l’INPI, est farouchement opposé à ce que l’exposition donne la parole aux défenseurs du "libre". Nous avons essayé de discuter et d’argumenter avec eux mais l’INPI reste intransigeant sur sa position. Nous sommes donc obligés, avec grand regret, de ne pas présenter votre parole que vous aviez, aimablement, accepté de rédiger et d’enregistrer. ». Quelques minutes plus tard, je recevais un mail d’excuses de la commissaire adjointe, sincèrement désolée. En pièce jointe, elle me restituait mon texte, enrichi des traductions réalisées par son équipe. Je l’en remercie, car ces traductions sont bien le seul avantage que j’aurai tiré de cette affaire.

Qu’un établissement public cède aux desiderata de ses partenaires financiers et renonce à sa liberté de parole est en soi scandaleux[4]. Mais prétendre informer le public sur la question de la Propriété Intellectuelle sans jamais évoquer le modèle du Libre, pourtant en plein développement, est tout simplement malhonnête et relève d’une entreprise de désinformation. Comment peut-on faire semblant de ne pas voir la montagne Wikipedia et l’Himalaya des logiciels libres qui font désormais partie de notre environnement de travail quotidien parmi tant d’autres bourgeons du Libre ? Ne sont-ils pas des exemples éclatants de la réussite d’un régime de propriété intellectuelle qui garantit la liberté de copier, de modifier et de diffuser des œuvres selon un cadre contractuel parfaitement légal ?

Pour moi, ce petit texte est un élément de vulgarisation parmi d’autres et je n’en aurais sans doute pas fait état sans cet acte de censure. Il est d’ailleurs fort probable qu’il serait passé quasiment inaperçu si les choses s’étaient passées comme prévu par les commissaires de l’exposition : qui donc, au détour du fastidieux parcours énumérant les cas de contrefaçon dûment constatés, chiffrés et illustrés, aurait encore le courage de se planter devant une borne audio pour entendre une autre voix ? L’intransigeance de l’INPI qui prive les commissaires de la satisfaction, même illusoire, d’avoir honnêtement couvert le sujet en réservant une portion congrue à la présentation du Libre, est tout à fait étonnant. Pourquoi l’INPI a pris le risque de se ridiculiser en censurant un texte promis aux oubliettes ? Il faut croire que cette voix, aussi discrète soit-elle, dérange encore trop. Elle dérange parce qu’elle n’appartient pas au monde binaire que tentent de nous décrire les lobbys des ayant droit. Cette voix parle à la grande catégorie des amateurs et bricoleurs qui ne se reconnaissent ni dans la figure du faussaire ni dans le masque de l’Auteur floué derrière lequel se cachent les ayant droit[5]. Pour le coup, ce texte que je trouvais quelque peu effacé à cause de l’exercice de concision auquel j’étais astreinte, prend de l’importance. Aussi, je le publie ci-après, et vous invite à copier, diffuser, commenter ou augmenter tout ou partie de cet article en faisant bon usage des dispositions de la Licence Art Libre.

Le libre, un phénomène en expansion

Dans le cadre du droit d’auteur qui protège les créations littéraires et artistiques, un nombre croissant d’auteurs choisissent de mettre leurs œuvres à la disposition du public avec un type de contrats bien spécifiques qu’on appelle des licences libres. Ces licences autorisent quiconque à diffuser des copies de l’œuvre. Elles l’autorisent également à publier sous sa propre responsabilité d’auteur des versions modifiées de l’œuvre. Ces autorisations sont assorties de deux conditions :

  • Premièrement, il faut mentionner l’auteur de l’œuvre initiale et donner accès à ses sources
  • Deuxièmement, les copies ou versions modifiées de l’œuvre doivent être publiées avec les mêmes autorisations.

Les œuvres libres sont nécessairement divulguées avec une licence qui garantit ces conditions. Parmi ces licences, on peut citer la GNU GPL, pour les logiciels, et la Licence Art Libre, pour les œuvres culturelles. Le domaine des œuvres libres n’est donc ni une zone de non droit ni assimilable au gratuit. D’ailleurs les anglo-saxons associent le mot français « libre » au mot « free » pour écarter toute confusion, car il y a des œuvres gratuites qui ne sont pas du tout libres, et il y a des œuvres libres payantes.

On parle aussi du « monde du libre » pour désigner l’ensemble des acteurs qui participent à la promotion et au développement du domaine du libre. Ce mouvement s’inspire des usages qui régissent la circulation des connaissances dans les milieux académiques. Mais depuis 1983, ce sont les développeurs de logiciels qui sont à l’avant-garde de ce mouvement et de sa formalisation juridique, car dans ce secteur d’activité la nécessité d’innovation est constante et les utilisateurs ont tout intérêt à mettre la main à l’ouvrage pour améliorer les défauts d’un logiciel ou l’adapter à leurs besoins. Ainsi, ils deviennent à leur tour auteurs.

Ce modèle de développement correspond aux aspirations d’une société démocratique composée de citoyens qui apportent une contribution constructive à la vie publique et ne se contentent pas d’être seulement gouvernés. L’intérêt que suscite le Libre est donc d’abord d’ordre politique. Cet intérêt est exacerbé par le fait que les législations de plus en plus restrictives sur le droit d’auteur évoluent à contresens de l’intérêt du public et deviennent des freins pour la création. Dans ce contexte, les licences libres apparaissent comme une issue légale et pragmatique pour constituer un domaine dans lequel les obstacles à la diffusion et à la réutilisation créative des œuvres sont levés.

Dans le domaine de la création artistique et de la publication scientifique, le modèle du libre correspond aussi à une réalité sociale. C’est l’émergence d’une société d’amateurs qui, à la faveur d’un meilleur accès à l’éducation, au temps libre, aux moyens de production et de communication, s’invitent sur la scène en bousculant parfois les positions établies. Ces amateurs sont les vecteurs, les acteurs et les transformateurs de la culture, ils en sont le corps vivant ; sans eux les œuvres resteraient « lettre morte ».

Depuis le 19ème siècle, avec la création des musées et la naissance du droit d’auteur, notre culture a privilégié les moyens de la conservation pour assurer la pérennité des œuvres. Aujourd’hui, les supports numériques et internet sont en train de devenir les principaux moyens de diffusion des œuvres. Certes, internet est un puissant moyen de communication, mais il n’a pas encore fait ses preuves en tant que moyen de conservation. Ce qui se profile avec le modèle du libre, c’est que parallèlement aux efforts de conservation dont le principe n’est pas remis en cause, une autre forme de pérennisation retrouve sa place dans notre culture ; il s’agit de la transmission, qui fonde aussi la tradition. Or, l’acte de transmission passe par un processus d’appropriation (on ne peut transmettre que ce qu’on a déjà acquis ou assimilé), et cela implique des transformations qui font évoluer les œuvres. C’est la condition d’une culture vivante, une culture portée par des acteurs plutôt que supportée par des sujets.

Copyleft : Isabelle Vodjdani, 20 avril 2010, ce texte est libre, vous pouvez le copier, le diffuser et le modifier selon les termes de la Licence Art Libre http://www.artlibre.org.

Notes

[1] Crédit photo : Lucas Jans (Creative Commons By-Sa)

[2] « CONTREFAÇON, la vraie expo qui parle du faux », Cité des Sciences et de l’Industrie, Parc de la Villette, Paris, du 20 avril 2010 au 13 février 2011.

[3] Depuis plusieurs années des études sur l’impact du piratage sur le marché de la musique apportent régulièrement un démenti aux affirmations des lobbys de la répression du téléchargement. Dans la dernière en date, Le GAO affirme que les chiffres du piratage sont contrefaits (ReadWriteWeb, 19 avril 2010)

[4] Précisons que L’INPI est également un établissement public, mais autofinancé et relevant de la tutelle du ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi, tandis que la Cité des Sciences et de l’Industrie est sous la tutelle du ministère de la Culture.

[5] Comme on le sait, la figure de l’auteur floué par les petits "pirates" est le masque dont se parent les ayants doits qui, pour rester dans l’ordre des métaphores de la marine, se comportent en véritables "requins". Pour ne citer qu’un seul exemple, voir l’article du Point en date du 10 avril 2010 : Comment la Sacem se goinfre….




Paul Ariès et le logiciel libre ont-ils des choses à se dire ?

Un internaute a eu l’idée de compiler les interventions de Paul Ariès (et uniquement celles-ci), lors de l’émission Ce soir ou jamais du 1er avril dernier consacrée à l’actualité économique : bouclier fiscal, taxe carbone. situation de la Grèce, etc. Vous trouverez cette vidéo à la fin du billet.

Montage oblige, il n’y a plus ni dialogue ni débat, et on mouche ainsi facilement l’autre invité qu’était Alain Madelin (ce qui, je le confesse, ne m’a pas dérangé). Mais j’ai néanmoins trouvé cela fort intéressant et parfois très proche de certains articles parus dans la rubrique « Hors-sujet ou presque » du Framablog, où il s’agit souvent, avec moult précautions, de voir un peu si le logiciel libre et sa culture sont solubles dans le politique, l’économique, l’écologique ou le social.

Paul Ariès était ainsi présenté sur le site de l’émission :

Paul Ariès est politologue, directeur du journal Le Sarkophage qui se veut un journal d’analyse critique de la politique de Nicolas Sarkozy, rédacteur au mensuel La Décroissance, collaborateur à Politis et organisateur du « Contre-Grenelle de l’Environnement ». Paul Ariès est considéré par ses adversaires comme par ses défenseurs comme « l’intellectuel de référence » du courant de la décroissance. Auteur d’une trentaine d’essais, il vient de publier « La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance » (La Découverte), et un pamphlet intitulé « Cohn Bendit, l’imposture » (Max Milo).

Extrait (autour de la 13e minute) :

On peut reprocher tout ce que l’on veut au système capitaliste et à cette société d’hyper-consommation, mais il faut reconnaître que c’est une société diablement efficace. Pourquoi ? Parce qu’elle sait susciter le désir et le rabattre ensuite sur la consommation de biens marchands. Or, comme le désir est illimité, on va désirer toujours plus de consommation.

Donc, si on veut être a la hauteur il ne s’agit pas de vouloir faire la même chose mais en moins. Il faut avoir un principe aussi fort à opposer. Et à mes yeux la seule chose aussi forte que l’on peut opposer au toujours plus, c’est la gratuité. Parce que la gratuité, on l’a chevillée au corps. C’est le souvenir du paradis perdu, c’est le sein maternel, c’est les relations amoureuses, amicales, associatives, c’est les services publics, c’est le bien commun.

Le bon combat pour les XXIe siècle, ce n’est pas de manifester pour l’augmentation du pouvoir d’achat, c’est de manifester pour la défense et l’extension de la sphère de la gratuité.

Sémantiquement parlant, on se méfie beaucoup sur ce blog et ailleurs de cette notion de « gratuité ». Alors j’ai eu envie d’en savoir plus et je suis tombé sur ce tout aussi intéressant article (issu du site du NPA) : La révolution par la gratuité de Paul Ariès.

Extrait :

Il ne peut y avoir de société de la gratuité sans culture de la gratuité, comme il n’existe pas de société marchande sans culture marchande. Les adversaires de la gratuité le disent beaucoup mieux que nous. John H. Exclusive est devenu aux Etats-Unis un des gourous de la pensée « anti-gratuité » en publiant Fuck them, they’re pirates (« Qu’ils aillent se faire foutre, ce sont des pirates »). Il y explique que le piratage existe parce que les enfants sont habitués à l’école à recopier des citations d’auteurs, à se prêter des disques, à regarder des vidéos ensemble, à emprunter gratuitement des livres dans les bibliothèques, etc. L’école (même américaine) ferait donc l’éducation à la gratuité.

Les milieux néoconservateurs proposent donc de développer une politique dite de la «gratuité-zéro» qui serait la réponse du pouvoir aux difficultés des industries « culturelles » confrontées au développement des échanges gratuits, via les systèmes « peer-to-peer ». La politique à promouvoir sera totalement à l’opposé et passera par la généralisation d’une culture de la (quasi)gratuité. Nous aurons besoin pour cela de nouvelles valeurs, de nouveaux rites, de nouveaux symboles, de nouvelles communications et technologies, etc. Puisque les objets sont ce qui médiatisent le rapport des humains à la nature quels devront être le nouveau type d’objets de la gratuité ?

L’invention d’une culture de la gratuité est donc un chantier considérable pour lequel nous avons besoin d’expérimenter des formules différentes mais on peut penser que l’école sera un relais essentiel pour développer une culture de la gratuité et apprendre le métier d’humain, et non plus celui de bon producteur et consommateur. Parions que la gratuité ayant des racines collectives et individuelles beaucoup plus profondes que la vénalité en cours, il ne faudrait pas très longtemps pour que raison et passion suivent…

Je ne sais pas ce que vous en penserez mais j’ai comme eu l’impression que l’auteur ignorait tout simplement l’existence du logiciel libre, qui n’est pas cité une seule fois dans ce long article.

Est-ce que la « gratuité » de Paul Ariès ne ressemble pas finalement à la « liberté » du logiciel libre (dont la gratuité n’est qu’une éventuelle conséquence) ? Cette liberté du logiciel libre n’est-elle pas plus forte, subversive, et au final plus pertinente et efficace pour étayer les arguments de Paul Ariès ?

Voici quelques unes des questions qui me sont donc venues en tête à la lecture du passage vidéo ci-dessous[1] :

—> La vidéo au format webm

Une vidéo qui fait écho, plus ou moins directement, aux billets suivants du Framablog :

Notes

[1] Merci à Dd pour la conversion de la vidéo au format Ogg sur Blip.tv.




CoursdeProfs.fr : une affligeante initiative aveuglément relayée par la grande presse

Silviadinatale - CC byLorsque j’ai découvert il y a peu CoursDeProfs.fr j’en suis resté bouche bée. Et j’ai encore du mal à croire qu’on ait pu oser un tel projet, l’un des pires qui ait été lancé dans l’éducation depuis des années. La seule et unique consolation c’est qu’il n’émane pas de l’institution mais du secteur privé.

De quoi s’agit-il exactement ? D’un site qui propose aux enseignants de déposer leurs cours et aux visiteurs de les consulter. « Venez échanger et partager votre savoir », peut-on lire en accueil. Le slogan est au diapason : « Partageons ! »

Sympa, non ? Jusqu’ici tout va bien. Et, sourire aux lèvres, on pense alors naïvement être en présence d’une sorte de forge communautaire de contenus éducatifs, interopérables et sous licences libres. Quelque chose qui ressemblerait à une Académie en ligne qui aurait gommé tous ses défauts, ou plus sûrement à un Sésamath étendu cette fois-ci à toutes les disciplines et à tous les niveaux.

Grossière erreur, car l’état d’esprit qui anime le projet se trouve précisément aux antipodes de ce modèle. Pour tous ceux qui comme nous participent à diffuser le logiciel libre et sa culture au sein de l’Éducation nationale, c’est plus qu’une déception, c’est une véritable provocation.

Prenez le meilleur de Sésamath et Wikipédia en essayant de faire exactement le contraire, et vous obtiendrez CoursDeProfs.fr !

Que ce site rencontre le succès, que les profs embarquent nombreux consciemment ou non dans cette supercherie[1], et je serais obligé de « faire mon Jospin 2002 », c’est-à-dire en prendre acte et quitter séance tenante aussi bien Framasoft que mon métier d’enseignant pour m’en aller cultiver des tomates bios en Ardèche.

Or l’hypothèse n’est pas à exclure quand on voit avec quelle coupable complaisance l’initiative est unanimement relayée et saluée par nos grands médias, illustrant par là-même leur désolante méconnaissance du sujet.

J’ai vainement cherché le moindre début de critique constructive non seulement sur ces mainstream médias mais également dans la blogosphère et je n’ai strictement rien trouvé. C’est ce qui m’a poussé à rédiger ce billet, histoire d’apporter un peu la contradiction (quitte aussi à prendre le risque de leur faire ainsi une injuste publicité).

Ceci étant dit, CoursDeProfs apporte une très mauvaise réponse à d’excellentes questions. Les enseignants souhaitent-ils se regrouper pour créer et échanger ensemble ? Les élèves et leurs parents souhaitent-ils avoir facilement et librement à disposition des ressources éducatives de qualité sur Internet ?

Des médias complices et ignorants

Je tire mon chapeau au service marketing de CoursdeProfs.fr. Non seulement ils ont eu une prestigieuse couverture médiatique mais en plus les articles sont dithyrambiques.

Jugez plutôt :

Le Nouvel Obs : Une plate-forme collaborative pour les profs

Le site CoursDeProfs.fr s’est ouvert officiellement ce lundi 15 mars, pour le plus grand bonheur des enseignants. Concrètement, le site propose aux profs de mettre en commun leurs cours et devoirs avec un seul mot d’ordre : « Partagez vos expériences et vos savoirs ».

Libération : Des cours Net et sans bavures

Vous êtes prof de maths et vous avez déjà fait faire vingt fois les mêmes exercices sur le tracé des triangles aux différentes classes que vous avez eues. Le problème, c’est que vous êtes à court d’idées… Ou alors prof débutant de physique-chimie, vous vous demandez comment organiser la séance de travaux pratiques sur l’utilisation de l’oscilloscope transparent, d’autant que votre classe de terminale S est plutôt dissipée. Rassurez-vous : le site CoursDeProfs.fr, lancé avant-hier, est censé vous aider. Il se présente comme la première plateforme d’échanges de cours entre professeurs. Le but : favoriser « le partage de savoirs et d’expériences » et faire ainsi mentir le cliché selon lequel chaque prof travaille dans son coin sans se soucier de ce que font les autres.

Le Parisien : Des cours gratuits en ligne

Une salle des profs virtuelle, géante et ouverte à tous : où les enseignants peuvent se retrouver et s’échanger leurs cours, où les parents peuvent aussi « débouler » pour retrouver la leçon de maths du fiston absent la semaine dernière, et les élèves venir vérifier qu’ils ont bien noté le cours, voire compléter la leçon… Ce lieu de rêve, c’est l’objectif de Coursdeprof.fr, qui a inauguré hier la première plate-forme communautaire du genre, qui puisse rassembler tous les profs de France autour de leur métier : leur permettre de transmettre leurs connaissances, la somme de tous les cours préparés dans la solitude de leurs bureaux, où ils échouent à nouveau après avoir été dispensés en classe.

L’Entreprise.com (L’Express) : Les profs parlent aux profs

C’est sans doute le premier réseau social fait par des enseignants pour des enseignants. A l’origine de CoursDeProfs.fr. quatre associés : Nicolas Duflos, ingénieur en informatique et télécommunications, inspirateur du projet ; Gabriel Tabart, prof d’EPS, Xavière Tallent, conseil en marketing et communication et Christophe Claudel fondateur de la SII Itelios[2].

Elle : Rattraper les cours manqués sur CoursDeProfs.fr

Un excellent complément pour les profs qui peuvent ainsi « confronter leurs idées et leurs façons de faire » (…) Preuve de son succès, à l’heure où nous écrivons, le site est surbooké et nous invite à nous reconnecter ultérieurement.

La Tribune : Le partage d’expérience fait son chemin chez les enseignants

Les concepteurs espèrent obtenir le label de ressource « reconnue d’intérêt pédagogique » (RIP). Ils déposeront un dossier en ce sens auprès du ministère de l’Education nationale avant l’été[3].

J’ai également noté un passage télé (France 2 – Télématin – 16 mars) et un passage radio (France Culture – Rue des écoles – 17 mars), deux fleurons de notre service… public !

Donc si je résume, « le partage d’expérience fait son chemin chez les enseignants » (La Tribune), un « grand bonheur » (Nouvel Obs), un « lieu de rêve » (Le Parisien) que CourdDeProfs.fr, ce « premier réseau social fait par des enseignants pour des enseignants » (L’Express), cette « première plate-forme d’échanges de cours entre professeurs » (Libération).

Or à y regarder de plus près, le rêve cache peut-être un cauchemar. Et désolé si ce qui va suivre est susceptible de venir un peu gâcher la fête.

Des cours aux multiples verrous artificiels

On sait comment cela se passe. La boîte balance son communiqué de presse et les rédactions choisissent ou non de s’en saisir. Mais lorsqu’elles s’en saisissent, on est en droit d’attendre d’elles un minimum d’investigation, de mise à distance et de contextualisation, en bref faire son boulot de journaliste et non du publireportage.

Et c’est d’autant plus coupable que lorsqu’une startup s’insère dans l’éducation « pour le bien de tous », la vigilance devrait être naturellement de mise (cf les beaux discours de Microsoft à l’école souvent évoqués sur ce blog).

Nos grands médias sont-ils vraiment allés sur CoursDeProfs.fr voir un peu comment cela se déroulait concrètement ? Permettez-moi d’en douter, parce que dans le détail, la plate-forme possède de nombreux et criants défauts.

CoursDeProfs - Copie d'écranAfin d’illustrer mon propos par l’exemple, j’ai choisi au hasard un document du site dans ma discipline, à savoir les mathématiques.

Nous sommes en Sixième pour un Cours sur les fractions (cf copie d’écran ci-contre).

Première remarque : ce cours est d’un classicisme absolu. Ouvrez n’importe quel manuel scolaire de ce niveau et ce sera identique mais plus riche et mieux mis en forme et en page. Ici, la valeur pédagogique ajoutée est pour ainsi dire nulle. Cela n’augure rien de bon quant au reste du contenu du site.

Mais regardons surtout comment se présente le document « mis en ligne » afin de mieux comprendre ce qu’on entend par echange, partage et collaboration chez CoursdeProfs.fr.

  • Le cours ne possède aucune licence. Par défaut il est donc placé sous le régime du droit d’auteur le plus classique et donc le plus restrictif, c’est-à-dire qu’il est propriété exclusive de son auteur et que vous ne pouvez rien faire avec tant que vous ne lui avez pas demandé l’autorisation. Les licences de type Creative Commons sont ignorées par les créateurs du site alors qu’elles ont justement été conçues pour favoriser le partage.
  • Le cours est dans une cage. Il est en effet totalement encapsulé au format propriétaire Flash. On peut certes le voir (en un unique endroit) mais pas le « toucher » puisque, conséquence directe du (mauvais) choix du format, on ne peut ni imprimer le document ni l’enregistrer. Quant à vouloir faire du copier/coller (comme l’autoriserait n’importe quelle page Web rédigée au format standard et ouvert HTML), ce n’est même pas la peine d’y penser.
  • Il y a un lien « Version gratuite » en haut à droite. Cliquez dessus et vous obtiendrez un fichier PDF du cours aux caractéristiques un peu particulières puisque entièrement zébré d’un horrible marqueur CoursDeProfs.fr qui recouvre tout le document (cf image ci-dessous) et toujours interdit au copier/coller (alors que tout fichier PDF non vérouillé permet normalement l’opération).
  • Il y a également un gros lien « Télécharger » en haut à droite. Cliquez dessus et l’on vous proposera de télécharger le cours aux formats suivants : PDF (enfin modifiable et permettant le copier/coller), DOC, DOCX, ODT et RTF. Sauf qu’il vous en coûtera 1,20 €, (45% pour l’auteur, le reste pour CoursDeProfs.fr). Comme il n’y a que les enseignants qui éprouvent ce besoin de pouvoir modifier et personnaliser le document, on se retrouve à devoir payer un collègue pour jouir pleinement de son cours ! De plus ceci ne vous donne alors qu’un « droit d’usage et de modification du document à des fins personnelles ». En aucun cas vous ne pouvez le copier, l’éditer et le donner à un tiers ou renvoyer la version modifiée sur le site (toujours à cause de l’absence de licence). Cela s’apparente au modèle fermé de l’iTunes d’Apple (DRM inclus). L’amélioration collective des documents est volontairement rendue impossible dans cet écosystème.

Pour rappel les créateurs du site affirment haut et fort dans tous les coins du site que leur projet n’est là que pour favoriser l’échange, le partage et la collaboration !

Mais de qui se moque-t-on ?

Si l’existence même de CoursDeProfs.fr est révélatrice d’une triste situation française, sa médiatisation béate l’est tout autant. Ce n’est pas ici que l’on trouvera des arguments pour nuancer la « crise de la presse ».

Libre comparaison

CoursDeProfs - Exemple de PDF tatouéOn ne le répètera jamais assez (surtout que les médias ne l’entendent visiblement toujours pas) : il n’est aujourd’hui pas responsable de développer du contenu collaboratif numérique à l’école sans s’inspirer du logiciel libre et prendre en compte sa culture et ses modes opératoires.

Qu’est-ce qu’un logiciel libre ? C’est un logiciel qui possède les quatre libertés fondamentales suivantes : la liberté d’exécuter le programme, la liberté d’étudier le fonctionnement du programme, la liberté de redistribuer des copies, et la liberté d’améliorer le programme et de publier les améliorations. Ce sont des libertés qui sont tournées vers les utilisateurs. La liberté d’étude et d’amélioration nécessite d’avoir accès au code source du programme, c’est-à-dire à son secret de fabrication.

Essayons de transposer cela à la situation en reprenant notre Cours sur les fractions et en l’imaginant donc sous licence libre (par exemple la Creative Commons By dont on a déjà dit le plus grand bien lorsqu’il s’agit d’éducation).

La liberté d’exécuter le programme c’est la liberté de pouvoir lire le cours n’importe où, n’importe quand et sur n’importe quel ordinateur (et non sur un seul site Web). La liberté d’étude correspond à l’accès sans la moindre entrave à la source du document (dans un format ouvert, par exemple ODT, et non sur un PDF bridé), la liberté de copie signifie que vous pouvez copier et distribuer le cours autant de fois que vous le souhaitez à qui vous voulez, enfin la liberté d’amélioration vous autorise à modifier le cours comme bon vous semble et là encore à copier et distribuer cette version modifiée autant de fois que vous le souhaitez à qui vous voulez.

Bien sûr, tout dépend de votre objectif, mais si il s’agit réellement de partager et transmettre du savoir (certains appellent cela l’éducation) alors c’est bien ce dernier modèle qui est le plus pertinent parce qu’il favorise par essence la circulation et la bonification du cours.

Cela figure d’ailleurs noir sur blanc dans la première des douze propositions formulées par l’AFUL (et ignorées par les médias) suite à la publication du rapport Fourgous : « Les logiciels et les ressources numériques acquises, développées ou produites avec participation de fonds publics doivent être placées sous licence libre et disponibles dans un format ouvert afin de permettre leur libre partage : les utiliser, étudier, modifier, redistribuer librement. ».

J’ajoute qu’un tel modèle est centré sur la ressource (qui a un ou plusieurs auteurs) et non sur les auteurs (qui a une ou plusieurs ressources).

On mesure alors l’écart abyssal qui nous sépare de CoursDeProfs.fr puisque, comme nous l’avons vu plus haut, ce dernier ne respecte aucune des quatre libertés.

Ce modèle théorique que nous appelons de nos vœux est-il massivement déployée à l’Éducation nationale ? Non, car nous sommes encore minoritaires. Non car les grands médias nous ignorent encore trop souvent. Mais on y travaille et le temps joue clairement en notre faveur.

Lorsque nous dénonçons les errances de l’Académie en ligne ou les délires juridiques de l’usage des « œuvres protégées » en classe, c’est parce que nous estimons nous en écarter. Lorsque nous mettons en avant des initiatives comme Weblettres ou Sésamath (dont le projet Kidimath s’adresse lui directement et réellement aux élèves soit dit en passant), c’est parce qu’il nous semble nous en approcher.

0/20

En plus d’ignorer superbement la culture libre, la contradiction fondamentale d’un projet comme CoursDeProfs.fr c’est que, ne provenant pas de l’institution mais d’une entreprise privée, il doit nécessairement penser dès le départ son modèle économique. Il y a eu une idée (plutôt bonne du reste), il y a eu dépenses pour la concrétiser et il faut qu’il y ait à plus ou moins court terme retour sur investissement.

Outre le fait que le site affiche déjà de la publicité (Google) et dispose d’un espace annonceurs, ce qui n’est jamais bon lorsque l’on s’adresse à un public scolaire, les créateurs du projet ont imaginé le système complexe et artificiel décrit ci-dessus pour pouvoir tirer quelques subsides de l’aventure.

Un système pervers où les enseignants sont invités à se vendre et s’acheter leurs cours, à faire circuler l’argent entre eux, tout en étant fortement taxés au passage par CoursDeProfs.fr.

C’est indéniable, les enseignant se sont précarisés ces dernières années et les débuts de carrière sont de plus en plus difficiles. Et nombreux sont désormais ceux qui se jettent dans la gueule d’Acadomia et consors pour arrondir les fins de mois. Mais de là à imaginer qu’ils vont se mettre à monnayer leurs cours aux collègues pour que ces derniers puissent les adapter à leurs besoins… Ils ne l’ont jamais fait en salle des profs (qui n’est pas une salle de marché), ils ne vont pas commencer maintenant !

Il faut bien que quelqu’un le dise : CoursDeProfs.fr devrait transformer son projet en, disons, un site de poker en ligne et oublier ses velléités éducatives. J’invite tous les collègues à ne surtout pas y aller. Ce n’est pas à une petite startup de porter sur ses épaules un tel projet qui doit naître et vivre à l’intérieur même du service public qu’est l’Éducation nationale.

Au fait, l’Ardèche, c’est un terreau fertile pour les tomates bios ?

Notes

[1] Crédit photo : Silviadinatale (Creative Commons By)

[2] 1 prof sur 4 parmi les créateurs suffit à leur faire dire que c’est « fait par des enseignants pour des enseignants » !

[3] On saura ainsi si ce label RIP vaut encore quelque chose.




Dell doit cesser de proposer à reculons son offre GNU/Linux Ubuntu

Dell - UbuntuIl y a plus de trois ans déjà le célèbre constructeur d’ordinateurs Dell avait ouvert le site IdeaStorm qui invitait les internautes à soumettre des idées à la société.

Et quelle est la demande qui arriva loin devant ?

Je vous le donne en mille : pouvoir également acheter des machines avec GNU/Linux pré-installé dedans.

Dell, qui se veut à l’écoute de ses clients, a bien été obligé de s’exécuter et s’est donc mis à vendre en ligne des ordinateurs avec la distribution Ubuntu dedans.

Nous nous en étions fait l’écho dans ses deux articles : De la difficulté du Linux inside chez Dell et ailleurs par Mark Shuttleworth d’Ubuntu et Dell + GNU/Linux Ubuntu : Un mariage assumé et médiatisé qui m’émeut.

Le problème c’est que Dell n’a jamais véritablement assumé ce choix en enfouissant l’offre dans les tréfonds de son site et ne la proposant que sur un nombre restreints et peu puissants de modèles. C’est ce que vient nous rappeler ce blogueur américain ci-dessous qui demande à Dell de cesser l’hypocrisie.

Espérons que la prochaine imminente sortie de la version 10.4 Lucid Lynx LTS d’Ubuntu sera l’occasion d’être entendu. Parce que si l’on se restreint à la rubrique actuelle Ubuntu du site francophone de Dell, c’est vrai que c’est plus que décevant.

On est d’abord accueilli par un bandeau au slogan étrange : « Ubuntu, restez le meilleur ! ». Je n’avais déjà pas envie d’être le meilleur en utilisant des logiciels libres alors je ne vois pourquoi je voudrais le rester ! (en fait, je crois surtout qu’il s’agit d’une horrible traduction de « Ubuntu, keeps getting better! »)

Et puis tout de suite cette première phrase très anxiogène : « Ubuntu est-il fait pour vous ? ». S’ensuit alors une explication assez peu convaincante ma foi avec ce lien Windows ou Ubuntu ? où il est conseillé noir sur blanc de « choisir Windows si vous êtes novice dans le domaine informatique ».

Vous me direz que Dell ne fait sans doute que répondre à la perplexité de ses clients (qui pourraient effectivement se tromper). Vous me direz peut-être également qu’il ne faut pas faire la fine bouche et que personne n’oblige Dell à s’intéresser à GNU/Linux sachant que d’autres constructeurs continuent de l’ignorer royalement. Vous me direz enfin qu’il existe certainement des accord commerciaux confidentiels entre Dell et Microsoft qui nous échappent. Certes mais je reste tout de même d’accord avec notre blogueur : soit on décide de proposer enfin une réelle offre GNU/Linux, soit on laisse tomber.

Parce qu’en l’état actuel des choses, on en vient même à se demander si cette opération ne fait pas plus de tort que de bien à GNU/Linux, Ubuntu et Dell réunis.

Lettre ouverte à Dell concernant Ubuntu, ou « faites-le en grand ou bien lâchez l’affaire »

An open letter to Dell regarding Ubuntu, or “go big or go home”

Trent – 2 mars 2010 – The Linux Critic
(Traduction Framalang : Simon Descarpentries, Étienne et Mathieu Adoutte)

Cher Dell,

Jusqu’à présent vous n’avez offert qu’une poignée dérisoire d’options Ubuntu, et je confesse que je ne comprends pas bien pourquoi vous vous êtes donné cette peine.

À l’exception des deux ultra-portables qui vous proposez, je n’ai pas encore vu quoi que ce soit d’autre qui puisse indiquer que vous ayez l’intention de faire d’Ubuntu une véritable option pour vos clients.

Oh je sais… pendant un temps vous proposiez Ubuntu sur vos portables Inspirons 15n, et même sur vos XPS M1330 pendant un courte période, sur votre site web.

Mais ils étaient tous deux très limités en terme d’options de configuration matérielle (CPU, RAM). De même, le poste de travail que vous proposiez pendant un temps était un veau impotent comparé à ce qui est disponible ailleurs sur Dell.com

Et maintenant ? Eh bien maintenant il n’y a presque plus rien à commenter concernant Ubuntu sur Dell.com.

Pour citer ce que je vois sur votre page Ubuntu : « Une sélection de modèles peut désormais être livrée avec Ubuntu 9.10 ».

Par « Une sélection » vous entendez la liste suivante, basée sur ce qui est trouvable sur le site :

  • Nos deux ultra-portables cités précédemment ;
  • Le Vostro V13, un impuissant demi-portable qui, franchement, est une blague ;
  • Le Latitude 2100, qui est également un ultra-portable.

C’est tout ? Vraiment ?

« Mais il n’y a pas tant de demande que ça pour Ubuntu », vous entends-je presque répliquer.

Voyons cela. Vous enterrez ça sur votre site. Vous ne proposez que des épaves disponibles sous Ubuntu (comparé aux machines disponibles sous Windows).

Pas étonnant que vos ventes de machines sous Ubuntu soient faibles. En fait, je serais même surpris que vous vendiez quoi que ce soit vu comment vous vous y prenez.

Voici ce que je vous conseille. Cela risque de paraître un peu élitiste, mais j’ai acheté des ordinateurs récemment et ça m’a mis d’humeur taquine.

Comme je vois les choses, vous avez deux options :

1. Lâchez l’affaire

Sérieusement. Vous n’impressionnez personne avec ces offres Linux minables. Ceux qui s’intéressent suffisamment à Linux pour chercher (et trouver) les produits Ubuntu enterrés dans votre site se sentent insultés par ce qu’ils y trouvent, et vont simplement voir ailleurs, là où on ne leur proposera pas avec force langue de bois des ordures que la plupart des utilisateurs de Windows ne s’embêteraient pas à regarder de plus près (du point de vue du matériel).

2. Proposez Ubuntu sur des ordinateurs comparables à vos machines sous Windows 7

Faites-le en grand, ou bien lâchez l’affaire les gars. Votre micro-marketing pour une niche d’utilisateurs bernés niveau matériel est un échec, mais si vous joignez vraiment le geste à la parole, vous gagnerez les coeurs et les esprits, et vous éviterez la plupart des critiques venant de la communauté Open Source, pour ce que ça vaut.

De plus, en l’absence de la Taxe Windows, un ordinateur sous Ubuntu devrait permettre aux acheteurs de constater qu’un ordinateur, à matériel égal, vendu sans Windows, coûte quelque centaines d’euro MOINS cher, ce qui signifie qu’ils seront plus enclin à acheter des accessoires parmi ceux sur lesquels vous insistez lourdement, sur votre site.

Sérieusement, ce qu’il y a jusqu’ici sur votre site est tout simplement insultant. Abandonnez Ubuntu complètement ou bien passez aux choses sérieuses.

Désolés les gars, mais quelqu’un se devait de vous le dire. Vous ne vous rendez pas service, ici.

En vous remerciant,

Trent




Mozilla, le H264 ne doit pas passer par toi !

CBS Fan - CC by-saOn l’a évoqué longuement dans un précédent billet, l’avenir de la vidéo en lecture continue sur le Web est à un tournant de son histoire. Mais plus encore que le logiciel libre, il est fort difficile de sensibiliser le grand public sur ce sujet il est vrai technique et complexe.

L’évènement qui redistribue les cartes est le passage progressif de tous les navigateurs à la nouvelle version 5 du HTML permettant de lire directement une vidéo. C’est une bonne nouvelle parce que nous allons enfin pouvoir nous affranchir du format Flash qui était fermé et nécessitait l’installation d’un plugin propriétaire dédié (et mal supporté sur des OS libres comme GNU/Linux).

Mais si le HTML5 autorise donc les navigateurs à lire directement une vidéo, elle ne dit rien sur le format (ou le codec) dans lequel doit être publiée cette vidéo. Or aujourd’hui deux formats bien différents font acte de candidature : le format Ogg Theora et le format H.264.

Le premier problème c’est que si le Ogg Theora est libre (et gratuit), le H.264 est breveté et demande plusieurs millions par an aux navigateurs qui voudraient l’inclure et le supporter[1].

Le second problème c’est qu’à l’heure actuelle la balance penche nettement en faveur du H.264 qui, avec la future version 9 d’Internet Explorer sera lu par tous les navigateurs sauf Mozilla et Opera.

Il y a alors un double risque. Celui de quitter un format breveté (Flash) pour un autre format breveté (H.264) et celui d’ostraciser les navigateurs Opera et surtout Firefox (qui a déjà fort à faire actuellement avec la concurrence inavouée mais bien réelle de Chrome).

La pression est alors clairement sur les épaules de Mozilla. La fondation va-t-elle persister à refuser le H.264 pour des raisons économiques mais surtout éthiques, en devenant en quelque sorte le porte-drapeau de l’Ogg Theora ? Ou bien va-t-elle abdiquer pour ne pas voir ses parts de marché grignoter par d’autres navigateurs, et c’en sera alors fini des espoirs suscités par le Ogg Theora ?

On sait que l’on peut compter sur Wikimedia (qui a ouvert tout récemment le très opportun site Let’s get video on Wikipedia). Mais qu’adviendra-t-il de Google qui a pour le moment adopté le H.264 pour YouTube alors que la firme peut potentiellement mettre tout le monde d’accord en proposant un troisième format issu d’une récente acquisition ?

Dans l’article traduit ci-dessous, le journaliste Thom Holwerda ne cache pas sa préférence : il souhaite voir Mozilla résister. Mais il nous rappelle fort justement que la décision est également suspendue au choix du format des utilisateurs et développeurs Web lorsqu’ils mettront en ligne leurs futures vidéos.

Au nom du « pragmatisme », certains voudraient privilégier le H.264 ? N’oublions pas que pour les mêmes raisons nous nous enchainâmes à Internet Explorer 6 qui fit stagner pendant de longues années le Web tout entier.

Mozilla : reste fidèle à tes idéaux, tiens-toi à l’écart de H264

Mozilla: Stick to Your Ideals, Shun H264

Thom Holwerda – 19 mars 2010 – OSNews.com
(Traduction Framalang : Antistress, Goofy et Quentin)

A présent que les caractéristiques d’Internet Explorer 9 ont été rendues publiques, nous connaissons mieux la position de Microsoft quant au codec vidéo à associer à la balise video de HTML5. Microsoft a choisi H264, un codec qu’il fournit déjà avec Windows de toute façon. Cela signifie que, Firefox et Opera mis à part, tous les principaux navigateurs prendront en charge le H264. D’aucuns y voient une raison pour que Mozilla abandonne ses idéaux et ajoute le support de H264. Je dis : Mozilla, reste fidèle à tes idéaux. Les dernières personnes à écouter en cette matière sont les développeurs Web.

« Mozilla devrait souscrire une licence d’utilisation de H264 »

Nous connaissons tous la situation de la vidéo via HTML5. Nous avons cette solution merveilleuse – une balise pour la vidéo aussi simple que pour les images – qui permet à chacun d’intégrer facilement des séquences vidéo sur son site Web sans avoir à recourir à la technologie propriétaire Flash. Il y a toutefois un problème.

Le problème est qu’il n’y a pas de codec standard pour HTML5. Les principaux compétiteurs sont H264 et Theora et il semble que ce dernier l’emporte pour le moment du côté des navigateurs. Une vidéo encodée avec Theora peut être vue à la fois des utilisateurs de Firefox, Chrome et Opera alors qu’avec H264 il vous manque les utilisateurs de Firefox et Opera. Si l’on considère que Firefox est, de loin, le plus répandu des navigateurs implémentant HTML5, encoder votre vidéo exclusivement en H264 revient à vous tirer une balle dans le pied.

Il y a une raison simple qui explique que Mozilla soit vent debout contre H264 : le codec est criblé de brevets. Cela signifie que, si vous utilisez le codec dans certaines parties du monde, vous vous exposez à devoir verser une redevance à la MPEG-LA qui gère les brevets de H264 (entre autres). Et, en effet, la MPEG-LA a clairement indiqué fin janvier que les utilisateurs finaux pouvaient eux aussi être la cible de contentieux relatifs aux brevets.

« J’aimerais aussi préciser que, bien que nos licences ne soient pas souscrites par les utilisateurs finaux, toute personne de la chaîne d’utilisation est responsable si un produit est utilisé sans licence » explique Allen Harkness, en charge des licences pour la MPEG-LA. « En conséquence, la redevance acquittée par le fournisseur d’un produit couvre l’utilisateur final, mais, lorsque la redevance n’a pas été acquittée, le produit est utilisé sans autorisation et toute personne de la chaîne (fournisseur ou utilisateur) peut en être tenue pour responsable ».

Étant donné que H264 est clairement incompatible avec les idéaux du logiciel libre, Mozilla a décidé de s’y opposer farouchement. Le refus d’Opera de souscrire une licence pour H264 n’a, de toute évidence, rien à voir avec un quelconque idéal (Opera étant un logiciel propriétaire après tout) mais la société norvégienne considère que le montant de la redevance est simplement trop élevé.

Apple pousse depuis longtemps H264 dans l’ensemble de ses logiciels et produits tandis que, du point de vue de Google, la redevance à acquitter pour avoir le droit d’utiliser H264 représente des clopinettes. Le dernier grand acteur à ne pas s’être prononcé était Microsoft qui, comme on pouvait s’y attendre, vient de choisir H264 simplement parce que la licence et le codec sont déjà inclus dans Windows. Le fait que des processeurs spécialisés dans le décodage de H264 soient disponibles sur les appareils portables constitue un autre atout tandis que Theora (ainsi que tout autre codec libre de brevet comme Dirac) ne peut se permettre ce luxe.

Du coup, des développeurs Web et autres pontes commencent à soutenir que Mozilla devrait rentrer dans le rang et souscrire une licence pour H264 sinon ils risquent de tuer la vidéo via HTML5. « J’ai des raisons de croire que la décision de Mozilla de ne pas prendre en charge les vidéos encodées en H264 dans la balise video de HTML5 à cause des nombreux brevets de ce codec est une mauvaise décision qui, à moins qu’ils ne changent d’avis, détruira tout espoir d’inaugurer une nouvelle ère où la vidéo serait accessible en ligne sans plugin » écrit Brian Crescimanno, un développeur Web qui est dans le métier depuis 1997.

Il explique qu’en campant sur ses positions, Mozilla va obliger les gens à continuer à utiliser Flash pour la vidéo vu que personne ne va encoder la vidéo deux fois uniquement pour qu’elle soit lue aussi par Firefox et Opera ; ils vont juste proposer aux utilisateurs de Firefox et Opera la vidéo encodée en H264 via Flash au lieu de ré-encoder la vidéo en Theora. Il fait remarquer également que Mozilla prenait en charge le format GIF du temps où il était propriétaire.

« Je conteste l’idée que être idéaliste soit votre raison d’être », écrit Crescimanno. « Je crois que votre responsabilité première en tant qu’éditeur d’un navigateur Web est de rendre le Web meilleur. C’est certainement ce que vous pensez sincèrement faire mais honnêtement, soyons réaliste, la seule chose que vous allez réussir c’est rendre la balise video de HTML5 inutilisable ».

Le billet de Crescimanno a été repris par John Gruber qui, rien de surprenant, abonde dans son sens : « par conséquent même ceux qui utilisent la dernière version de Firefox seront traités comme s’ils utilisaient un navigateur antique » explique Gruber. « L’intransigeance au nom de l’ouverture aura pour résultat que les utilisateurs de Firefox se verront proposer de la vidéo au moyen du plugin fermé Flash tandis qu’en coulisses la vidéo sera de toutes façons encodée en H264 ».

Gruber et Crescimanno soutiennent en fait que Mozilla devrait laisser son idéal de côté et se montrer pragmatique en implémentant le H264.

Au nom du pragmatisme

Petit retour en arrière. Il y dix ans de cela, le Web n’était pas encore la formidable source d’informations et de divertissements que nous connaissons aujourd’hui, il était à peine en train d’émerger. C’est ce moment qu’ont choisi les développeurs Web pour prendre au nom du « pragmatisme » une série de décisions d’une stupidité monumentale, décisions dont nous payons encore le prix une décennie plus tard.

Quand les développeurs Web se sont retrouvés face aux gigantesques parts de marché d’Internet Explorer 6, ils ne sont soucié de rien d’autre que de rendre les sites visibles pour cette triste version du navigateur, en faisant fi des standards au nom du « pragmatisme ». À cause de cette attitude, les autres navigateurs ont éprouvé les pires difficultés à concurrencer IE6, simplement parce que leurs utilisateurs ne pouvaient consulter leurs sites préférés optimisés pour IE6.

Dix ans plus tard, nous en voulons encore à Microsoft pour son Internet Explorer 6 qui aura rendu le Web dépendant à son égard (le nombre de sites spécifiques à IE est aujourd’hui devenu très faible mais pas nul) alors que la véritable raison pour laquelle IE est devenu si dominant et difficile à renverser est que les développeurs ne se sont pas donnés la peine de penser au delà du « pragmatisme » et de coder pour autre chose qu’IE.

Puis il y a eu Flash. Est-ce Microsoft qui nous a imposé Flash ? Est-ce Adobe qui nous a mis un revolver sur la tempe pour nous forcer à télécharger le plugin ? Non. Là encore ce sont les développeurs Web qui l’ont déployé partout sur le Web au nom du pragmatisme. Nous, les utilisateurs, ne décidons pas de télécharger Flash : nous y sommes forcés parce que les développeurs Web utilisent Flash pour tout et n’importe quoi, depuis les boutons jusqu’au lettres capitales illustrées.

Dix ans plus tard, Flash est devenu lui aussi un boulet qui entrave le Web. Les plateformes minoritaires comme Linux et Mac OS X n’ont pas suffisamment d’importance aux yeux d’Adobe pour l’inciter à développer correctement Flash dessus, sans parler de plateformes plus confidentielles encore, comme Syllable ou Haiku, qui n’ont pas du tout accès à Flash, rendant ainsi des sites aussi populaires que YouTube complètement inutilisables.

Qui allons-nous blâmer cette fois ? Je vois des développeurs Web et des blogueurs de renom comme Gruber s’en prendre à Adobe alors qu’en réalité ce sont les développeurs Web qui ont choisi Flash et l’ont rendu omniprésent sur le Web.

Et nous voilà à nouveau devant un problème similaire. Nous avons le choix pour le codec vidéo de HTML5 : l’un est libre, gratuit et n’est pas soumis à brevet, l’autre est breveté jusqu’à l’os et est tout sauf libre ou gratuit. Il y beaucoup de discussions pour savoir lequel des deux est de meilleure qualité, et vous trouverez des gens intelligents détaillant tests et arguments en faveur de l’un ou l’autre des deux codecs. Le seul avantage du H264 est, de toute évidence, le support matériel.

Et tandis que nous nous tenons à la croisée des chemins, ce sont encore les développeurs Web qui veulent faire le mauvais choix simplement parce qu’ils sont incapables de voir plus loin que le bout de leur nez. Ils se fichent de savoir à quoi ressemblera le Web dans dix ou même seulement cinq ans (quand la période d’essai gratuite sur le Web de H264 aura expiré), ils ne sont intéressés que par le présent. Ils ont fait des choix plus désastreux les uns que les autres, des choix qui ont gravement nuit au Web, et, pourtant, il faudrait que nous les écoutions encore ?

Cher Mozilla, contemple l’histoire du Web et vois l’impact désastreux d’Internet Explorer et de Flash. Regarde bien ensuite qui a fait en sorte que ces technologies nous soient imposées. Alors, et seulement alors, prends en compte à leur juste valeur leur opinion sur cette question.

A défaut, je prédis de quoi nous discuterons dans cinq ou dix ans : les développeurs Web et les pontes comme Gruber se lamenteront en se demandant comment le Web a pu embrasser sans restriction H264 à présent que la MPEG-LA a décidé de faire respecter ses brevets. Ils trouveront quelqu’un à blâmer : Microsoft, Adobe ou la lune, et, encore une fois, ils refuseront d’assumer leurs responsabilités.

L’heure du bain

Parfois il faut se jeter à l’eau. Bien sûr la transition vers un codec libre et gratuit sera difficile, mais les bénéfices escomptés le justifient amplement. Je préfère avoir affaire à une situation compliquée maintenant plutôt que de devoir faire face dans cinq ou dix ans à une situation aussi inextricable que celle engendrée par IE6 et Flash.

Notes

[1] Crédit photo : CBS Fan (Creative Commons By-Sa)




Toute recherche scientifique digne de ce nom doit ouvrir son code informatique

TenSafeFrogs - CC byVoici un récent article du Guardian qui tourne paradoxalement autour du logiciel libre et des formats ouverts mais sans véritablement les nommer.

Nous avons cependant jugé qu’il avait son intérêt dans la mesure où la science et la recherche ont désormais de plus en plus recourt à l’informatique pour traiter des données et en tirer analyses et conclusions[1].

Or comment voulez-vous que l’on puisse valider les résultats si les applications utilisées sont propriétaires ou si les chercheurs eux-mêmes ne mettent pas le code de leur programme à disposition ?

L’article s’appuie sur la récente affaire dite du « Climategate » qui a fait grand bruit outre-Manche (et étrangement peu de cas chez nos grands médias français).

Quand recherche sérieuse rime avec libération du code informatique

If you’re going to do good science, release the computer code too

Darrel Ince – 5 février 2010 – The Guardian
(Traduction Framalang : Kovalsky et Olivier)

Les programmes informatiques prennent chaque jour plus de place dans le travail scientifique. Mais partie prenante dans les conditions de l’expérience vous devez pouvoir les vérifier comme en atteste la bataille qui se joue autour des données sur le changement climatique.

On retiendra de l’affaire concernant la révélation publique des e-mails et des documents de l’Unité de Recherche Climatique de l’Université d’East Anglia qu’ils mettent en lumière le rôle du code informatique dans la recherche climatique. Il y a notamment une série de « README » produite par un programmeur de l’UEA connu sous le nom de « Harry ». Ces notes sont celles de quelqu’un qui lutte avec du code ancien non-documenté, et des données manquantes. Et pourtant, on parle bien d’un élément de l’une des trois bases de données climatiques principales dont se sont servis les chercheurs du monde entier pour en tirer analyses et conclusions.

Beaucoup de scientifiques du climat ont refusé de publier leur programme informatique. À mes yeux, ça n’est ni scientifique, ni responsable, parce que les logiciels scientifiques sont réputés pour leur manque de fiabilité.

L’Histoire nous a appris à ne pas faire une confiance aveugle aux logiciels scientifiques. Par exemple le Professeur Les Hatton, un expert international en tests logiciels, résident de l’Université du Kent et de Kingston, a mené une analyse approfondie de plusieurs millions de lignes de code scientifique. Il a montré que les logiciels présentaient un nombre exceptionnellement élevé d’erreurs détectables.

Par exemple, les erreurs de communication entre les modules de logiciels qui envoient les données d’une partie d’un programme à une autre se produisent à une fréquence de 1 pour 7 communications en moyenne dans le langage de programmation Fortran, et de 1 pour 37 communications dans le langage C. C’est d’autant plus inquiétant qu’une seule et unique erreur est susceptible d’invalider un programme informatique. Plus grave encore, il a découvert que la précision des résultats chute de six chiffres significatifs à un chiffre significatif après traitement par certains programmes.

Les travaux d’Hatton et d’autres chercheurs indiquent que les logiciels scientifiques sont souvent de mauvaise qualité. Il est stupéfiant de constater que cette recherche a été menée sur des logiciels scientifiques commerciaux, produits par des ingénieurs logiciels soumis à un régime de tests, d’assurance qualité et à une discipline de contrôle des modifications plus connue sous le nom de gestion de configuration.

À l’opposé, les logiciels scientifiques développés dans nos universités et nos instituts de recherches sont souvent produits, sans assurance qualité, par des scientifiques qui n’ont pas de formation en ingénierie logicielle et donc, sans aucun doute, l’occurence des erreurs sera encore plus élevée. Les fichiers « Harry ReadMe » de l’Unité de Recherche Climatique sont une preuve flagrante de ces conditions de travail. Ils résument les frustrations d’un programmeur dans sa tentative de conformer ses séries de données à une spécification.

Le code informatique est au coeur d’un problème scientifique. La science se définit par sa potentielle remise en cause : si vous érigez une théorie et que quelqu’un prouve qu’elle est fausse, alors elle s’écroule et on peut la remplacer. C’est comme cela que fonctione la science : avec transparence, en publiant chaque détail d’une expérience, toutes les équations mathématiques ou les données d’une simulation. Ce-faisant vous acceptez et même encouragez la remise en question.

Cela ne semble pas être arrivé dans la recherche climatique. De nombreux chercheurs ont refusé de publier leur programme informatique, même ceux qui sont encore utilisés et qui ne sont pas sujet à des accords commerciaux. Le Professeur Mann, par exemple, refusa tout d’abord de fournir le code, employé pour construire en 1999 le graphique en cross de hockey, qui a démontré que l’impact de l’homme sur le réchauffement climatique est un artefact unique de la dernière décennie (il l’a finalement publié en 2005).

La situation n’est pas aussi désastreuse pour tous les travaux académiques. Certaines revues, économiques et économétriques par exemple, imposent que l’auteur soumette ses données et ses programmes au journal avant publication. Un cas fondamental en mathématiques a également fait parler de lui : la preuve « par ordinateur » de la conjoncture des quatre couleurs par Appel et Haken. Cette démonstration a partagé la communauté scientifique puisque pour la première fois le problème de la validation du théorème s’est trouvé déplacé vers le problème de la validation de l’algorithme d’exploration et de sa réalisation sous forme de programme. Bien que critiquée pour son manque d’élégance, la preuve n’en était pas moins correcte et le programme informatique, publié et donc vérifiable.

Des organismes et des individus, ralliés à l’idée du quatrième paradigme, attachent beaucoup d’importance au problème de l’informatique scientifique à grande échelle et à la publication des données. C’était l’idée de Jim Gray, un chercheur expérimenté de Microsoft, qui a identifié le problème bien avant le Climategate. Actuellement, la recherche consacrée aux mécanismes qui pourraient faire du Web un dépôt pour les publications scientifiques est très active, elle englobe également les logiciels et la formidable quantité de données qu’ils consomment et génèrent. Un certain nombre de chercheurs mettent au point des systèmes qui montrent le progrès d’une idée scientifique, des premières ébauches d’idées jusqu’à la publication papier[2]. Les problèmes rencontrées avec la recherche climatique apporteront un élan à ce travail pour qu’il soit accéléré.

Donc, si vous publiez des articles de recherche qui s’appuient sur des programmes informatiques, si vous prétendez faire de la science mais que vous refusez de publier les programmes en votre possession, je ne peux vous considérer comme un scientifique. J’en irais même jusqu’à dire qu’à mes yeux les publications basées sur ces programmes seront nulles et non avenues.

Je trouve incroyable qu’une faute de frappe puisse être à l’origine d’une erreur dans un programme, un programme qui pourrait à son tour être à l’origine de décisions portant sur des milliards d’euros, et le pire, c’est que la fréquence de ces erreurs est élevée. Les algorithmes (ou copules gaussiennes), sur lesquels se sont appuyées les banques pour s’assurer que les crédits sub-prime étaient sans risque pour eux, ont été publiées. La facture était salée. La facture du changement climatique sera aussi élevée. Raison de plus pour qu’aucune erreur dans les calculs ne soit tolérée là non plus.

Notes

[1] Crédit photo : TenSafeFrogs (Creative Commons By)

[2] Voir à ce sujet l’article du Framablog : Première démonstration « open source » d’un théorème mathématique.




Rapport Fourgous : Le communiqué de l’April et les propositions de l’AFUL

Torres21 - CC by-saNous avons déjà par deux fois évoqué le rapport de la mission parlementaire du député Jean-Michel Fourgous sur la modernisation de l’école par le numérique. D’abord en extrayant les passages qui touchent de près ou de loin le logiciel libre et sa culture, et ensuite en demandant à François Elie de nous en faire une lecture critique.

Nous vous proposons ci-dessous, et l’une après l’autre, les réactions de l’April et de l’AFUL que nous avons malicieusement choisi de réunir ici dans un même billet.

Dans son communiqué, l’April prend acte de certaines avancées tout en regrettant la timidité des mesures préconisées. L’Aful quant à elle se veut constructive en faisant état de douze propositions, non pas pour « réussir l’école numérique » mais, nuance, pour « réussir le numérique à l’école »[1].

April / Rapport Fourgous : une reconnaissance partielle des apports fondamentaux du libre à l’éducation

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Paris, le 4 mars 2010. Communiqué de presse.

L’April se félicite que certaines de ses positions soient reprises dans le rapport de la mission parlementaire de Jean-Michel Fourgous[2] sur la modernisation de l’école par le numérique mais regrette qu’après avoir montré que le logiciel libre est une approche privilégiée pour réussir l’école numérique, il ne propose aucune mesure concrète pour tirer parti de cette opportunité.

Le rapport de la mission parlementaire de Jean-Michel Fourgous, député des Yvelines, sur la modernisation de l’école par le numérique a été remis le 15 février 2010 au Ministre de l’Éducation nationale Luc Chatel.

L’April en tant qu’observateur attentif de l’évolution de l’usage et de l’enseignement de l’informatique dans le système éducatif[3] a contribué à cette mission[4] dans le cadre de la consultation préalable. Elle se félicite de la prise en compte, même partielle, de sa contribution mais regrette que le logiciel libre ne soit cité que marginalement et ne fasse l’objet d’aucune mesure concrète alors qu’il est un élément central des solutions possibles.

Le rapport précise que le libre permet, entre autres de lutter contre la fracture numérique mais aussi qu’il favorise l’apprentissage des fonctionnalités plus que des outils. Il est également précisé que « en apprenant à utiliser des fonctionnalités plus que des outils, le libre habitue les élèves à la pluralité, à la diversité »[5].

Nous retrouvons là les positions défendues par l’April. Selon Benoît Sibaud, vice-président : « Notre association est, en matière éducative, attachée à la formation d’utilisateurs autonomes, éclairés et responsables. Nous considérons que les logiciels libres constituent, de par la transparence technologique qui les définit et les valeurs de partage qui les fondent, l’un des leviers les plus précieux à la disposition de la communauté enseignante pour l’enseignement à et par l’informatique ».

Plus loin l’accent sur les « pratiques coopératives et collaboratives » des enseignants est mis. À nouveau le rapport préconise de « favoriser le développement de ressources libres »[6]. De nombreuses structures encadrant la mutualisation de ressources pédagogiques libres entre enseignants existent déjà. Citons Sésamath, EducOOo[7], Scideralle[8] ou encore Ofset[9]. Le rapport fait explicitement référence à l’April par la voix de Benoît Sibaud : « Les enseignants devraient ainsi être incités à partager leurs travaux en protégeant ceux-ci par l’emploi de licences de libre diffusion du type Creative CommonsBySA, GNU Free Documentation License ou Licence Art Libre ».

L’April regrette cependant que ces points n’aient pas été davantage pris en compte dans la liste des priorités définies par la mission et que le libre ne soit cité que marginalement. Il est préconisé de généraliser les manuels numériques sans se préoccuper de la façon dont les enseignants pourraient se les approprier. Pour faire sienne une ressource pédagogique, un enseignant doit pouvoir justement l’adapter à son public, à sa situation pédagogique et à ses pratiques. Les manuels numériques actuels ne le permettent pas, ils sont vendus dans des formats rarement modifiables voire l’interdisent sur le plan légal. Il est regrettable que le rapport n’incite pas à encourager de façon institutionnelle des regroupements d’enseignants tels Sésamath[10] qui ont justement déjà produit des manuels numériques libres de mathématiques reconnus pour leur qualité pédagogique[11]. À la place un fonds de développement à seule destination d’éditeurs privés semble préconisé.

Sur le plan de l’exception pédagogique, l’April regrette de ne voir aucune mesure claire destinée à mettre un terme à l’insécurité juridique qui fait partie du métier d’enseignant. Il est certes préconisé de créer (en urgence) cette exception dans le système juridique du droit d’auteur alors qu’il suffirait dans un premier temps de favoriser la mutualisation entre professionnels de l’éducation et le développement de ressources libres. Concernant le B2i, le rapport va dans le sens des conclusions de l’April[12] ?et de nombreux autres acteurs comme l’EPI et le groupe ITIC-ASTI[13] car : « le B2i ne prend pas en compte ni la capacité à pouvoir se former tout au long de la vie, ni les connaissances techniques de base nécessaires pour comprendre les outils numériques ». L’April ne peut que se réjouir de voir mentionné que « La mise en place d’une matière informatique est une nécessité dans une société où tout fonctionne via le numérique »[14].

Enfin concernant les tableaux numériques interactifs (TNI), « la France comptera 50 000 TNI en 2010 »[15] le rapport n’évoque pas les problèmes d’interopérabilité. Chaque fabriquant de tableau développe son propre format qui ne peut être utilisé qu’avec leurs propres logiciels. Ces formats sont propriétaires et fermés et empêchent donc toute mutualisation avec des professeurs utilisant d’autres marques. En cas de mutation dans un autre établissement, tout le travail réalisé par le professeur peut être tout simplement inutilisable si le fabricant n’est plus le même. Il conviendrait donc de définir un cahier des charges national afin d’élaborer un format commun et interopérable pour les ressources utilisant les TNI. Rappelons que sous l’impulsion du BECTA[16] britannique un format de fichier ouvert destiné aux applications de type TNI a été publié[17]. Ce format est endossé par le projet European Schoolnet dont est d’ailleurs membre le Ministère de l’Éducation Nationale. Plusieurs fabricants de TNI ayant accepté de prendre en charge ce format, il nous semble ainsi naturel que son intégration soit requise dans les appels d’offre à venir.

En vertu des points mentionnés ci-dessus, l’April appelle le gouvernement à enfin mettre en place une véritable politique publique d’utilisation des logiciels, ressources libres et formats ouverts dans l’éducation. C’est là une opportunité à saisir dans l’intérêt des élèves et de l’école numérique. Enfin, l’April rappelle la nécessité forte de mettre en place un enseignement de l’informatique en tant que tel dès le Collège.

AFUL / Douze propositions pour l’école à l’ère numérique

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Suite à la publication du rapport FOURGOUS « Réussir l’école numérique », l’AFUL, l’ADULLACT et SCIDERALLE font douze propositions pour « Réussir le numérique à l’école ».

Le rapport Fourgous, dense, riche et touffu, semble hésiter entre une école numérique fondée sur le collaboratif et la richesse de ressources partagées d’une part, et d’autre part une école numérique qui serait le marché tout trouvé d’une industrie du numérique en mal de clients.

« Il y aura deux manières de rater l’école numérique : ne pas réussir à intégrer le numérique dans les situations d’enseignement, réduire le système éducatif à n’être qu’un client pour des industries numériques. Nous devons craindre davantage ce second danger » François Élie.

Nous vous invitons donc à découvrir nos propositions et à en discuter sur la liste dédiée à l’usage des logiciels libres dans l’éducation du groupe de travail Éducation de l’AFUL.

Douze propositions pour « réussir le numérique à l’école » :

  1. Liberté – Les logiciels et les ressources numériques acquises, développées ou produites avec participation de fonds publics doivent être placées sous licence libre et disponibles dans un format ouvert afin de permettre leur libre partage : les utiliser, étudier, modifier, redistribuer librement.
  2. Égalité – Avant de viser des solutions dites innovantes, il faut privilégier l’équipement et la disponibilité des ressources pour le plus grand nombre, par la mutualisation et des mécanismes de péréquation.
  3. Fraternité – Le travail collaboratif entre les élèves, les professeurs, les associations partenaires de l’école et tous les acteurs de l’éducation, en particulier les collectivités, doit être encouragé et soutenu.
  4. Un observatoire permanent composé de spécialistes de la mesure est chargé d’évaluer en continu et avec précision les impacts de tel ou tel usage lié au numérique dans les domaines scolaire et para-scolaire.
  5. La mise en œuvre de dispositifs TICE efficaces ou innovants est prise en compte dans l’évolution de la carrière des enseignants.
  6. Les Inspections sont chargées dans toutes les matières d’organiser, de maintenir et de faire croître le recensement, la production collaborative et l’indexation de contenus libres, avec des enseignants volontaires rémunérés pour ce travail. Les éditeurs (privés ou non) peuvent évidemment utiliser ce fonds pour proposer des manuels scolaires. Le modèle de Sésamath peut être une piste à suivre.
  7. Les collectivités et l’État conjuguent leurs efforts pour mutualiser leurs ressources et faire produire et maintenir un patrimoine de logiciels libres d’usage administratif et pédagogique à destination des 70 000 écoles et établissements scolaires français, par souci d’efficience, d’interopérabilité et d’égalité républicaine.
  8. L’école numérique s’appuie pour le développement et la maintenance de ses infrastructures matérielles, logicielles et documentaires, ainsi que pour la formation continue et l’accompagnement des enseignants, sur un réseau structuré de Centres de Ressources Informatiques.
  9. Les possibilités offertes par les nouvelles technologies dans le domaine du travail asynchrone ou distant sont explorées pour faciliter la liaison école-famille et améliorer les liens entre l’école et les élèves ne pouvant s’y rendre.
  10. L’informatique devient une discipline à part entière, dont l’enseignement obligatoire dès le primaire est réalisé par des professeurs ayant le diplôme requis dans cette spécialité ou ayant bénéficié d’une formation qualifiante. La gestion des compétences, l’accompagnement des enseignants et la formation initiale et continue font l’objet du plus grand soin.
  11. Afin de garantir l’égalité des chances, les collectivités et l’État mutualisent leurs efforts pour offrir un vaste support en ligne gratuit à l’échelle nationale, animé par des professeurs nommés dans la 31e académie : l’académie en ligne. Ces professeurs sont formés au tutorat en ligne.
  12. Les activités de production en ligne des élèves (écriture dans Wikipédia, site web, blog…) peuvent être intégrées dans un portfolio qui leur est proposé.

Ces douze propositions au format PDF.

Notes

[1] Crédit photo : Torres21 (Creative Commons By-Sa)

[2] Pour le consulter: http://www.reussirlecolenumerique.fr/. Voir aussi Libres extraits du rapport Fourgous sur la modernisation de l’école par le numérique (par A. Kauffmann), Rapport Fourgous – Notes de lecture de François Elie et Douze propositions pour l’école à l’ère numérique

[3] Voir notamment Jean Louis Gagnaire interpelle le ministère de l’éducation nationale à propos de la plateforme SIALLE, Audition de l’April à la mission e-educ, site du groupe de travail éducation de l’April

[4] Former les citoyens de demain : lettre de l’April à Jean-Michel Fourgous

[5] Réussir l’école numérique – Rapport de la mission parlementaire de Jean-Michel Fourgous, député des Yvelines, sur la modernisation de l’école par le numérique, page 259

[6] Réussir l’école numérique – Rapport de la mission parlementaire de Jean-Michel Fourgous, député des Yvelines, sur la modernisation de l’école par le numérique, Page 285

[7] EducOOo.org «  L’association EducOOo a pour vocation d’aider à la mutualisation de ressources éducatives libres autour de la suite bureautique OpenOffice.org. Elle encadre aussi le développement d’OOo4kids qui est une version d’OpenOffice.org spécialement adaptée pour les élèves de l’enseignement primaire voire début du secondaire »

[8] Scideralle, issue du projet AbulÉdu, Scideralle se fixe pour mission de soutenir et promouvoir des projets visant à fournir à tout public des logiciels et ressources libres pour l’éducation

[9] Ofset a été créée pour développer des logiciels libres éducatifs et des ressources afférentes pour le système GNU

[10] Sesamath.net « L’association Sésamath a pour vocation essentielle de mettre à disposition de tous des ressources pédagogiques et des outils professionnels utilisés pour l’enseignement des Mathématiques via Internet. »

[11] Les manuels Sésamath ont été préfacés par une Inspectrice Générale de l’Éducation Nationale de mathématiques

[12] Option « Informatique et sciences du numérique » au lycée : une première avancée avant un mouvement de fond ?

[13] http://www.epi.asso.fr/revue/docu/d0912a.htm

[14] Réussir l’école numérique – Rapport de la mission parlementaire de Jean-Michel Fourgous, député des Yvelines, sur la modernisation de l’école par le numérique, page 189.

[15] Réussir l’école numérique – Rapport de la mission parlementaire de Jean-Michel Fourgous, député des Yvelines, sur la modernisation de l’école par le numérique, page 72.

[16] Le BECTA est l’équivalent de la SDTICE en Grande-Bretagne : http://www.becta.org.uk/

[17] Le format "Interactive Witheboard Common File Format" (IWBCF) dont on peut d’ores et déjà télécharger les spécifications sur la page BECTA de SourceForge