Trop de Flash sur l’autoroute du Net

Garryknight - CC by-saCe bougre de Tristant Nitot le sait bien, il ne faut pas provoquer notre groupe de traducteurs Framalang sous peine de les voir se plier en quatre pour rester fidèle à leur réputation.

Ainsi mardi dernier, on pouvait lire sur son blog, dans un énième (et toujours pertinent) billet En vrac, le lien et le commentaire suivant : « Quand vous voyez Flash (un éclair) mettez vous à couvert. Mon petit doigt me dit que c’est un bon candidat pour la traduction par les infatigables bénévoles de Framalang ! »

Et la machine se mit en branle, pour un résultat que nous vous proposons ci-dessous.

Mais au fait, de quoi s’agit-il sur le fond ? Du fameux format Flash d’Adobe dont l’association « propriétaire + incontournable » n’est pas sans poser problème. L’auteur fait état de la situation et se demande comment en sortir en évoquant des solutions endogènes (pousser Adobe à « libérer » son format) et exogènes (s’en détourner et mettre au point nos propres alternatives).

Pour vous en donner une idée, voici la dernière phrase de l’article : « Tant qu’Adobe n’aura pas rendu le Flash plus accessible, ses utilisateurs n’auront pas d’autre choix que de se jeter dans la gueule du loup en espérant qu’il n’aura pas faim. »

Ce n’est qu’un volet de la problématique mais notons cependant que, pour ce qui concerne la vidéo en streaming Flash[1], les choses devraient évoluer positivement sous les coups de boutoir du HTML 5 (et sa balise vidéo), de Firefox 3.5[2] et du format Ogg Theora poussé par des poids-lourds comme Wikipédia et Dailymotion.

Si vous voyez du Flash, planquez-vous !

When you see Flash, Duck and Cover

29 mai 2009 – A High School Student’s Views on Software Freedom
(Traduction Framalang : Goofy, Daria et Don Rico)

La meilleure chose à faire si l’on veut continuer à enfermer Internet dans des restrictions barbelées d’interdictions, c’est d’utiliser Adobe Flash tel qu’il existe aujourd’hui. Internet a été conçu pour qu’un réseau ouvert et sans limites puisse partager des informations. Pourtant, on l’utilise de nos jours dans un but diamétralement opposé : pour interrompre cet immense flot d’informations. Beaucoup de gens ne considèrent pas le Flash comme un problème, et ne perçoivent pas Adobe comme un dictateur nuisible. En réalité, le Flash est le pire goulot d’étranglement qui menace l’efficacité d’Internet, tout comme l’immense diversité des langues parlées dans le monde entier est le pire goulot d’étranglement du réseau social planétaire. Un changement de stratégie commerciale d’Adobe en ce qui concerne le Flash est la seule façon de transformer ce bridage inutile du potentiel de la communauté connectée à Internet, pour en faire une véritable technologie innovante et favorable aux synergies.

Certains n’ont peut-être pas remarqué à quelles restrictions nous sommes confrontés au quotidien. L’une d’elles est due à des logiciels comme le Flash. Dans le seul secteur de la vidéo, le Flash est la méthode numéro un qu’on utilise pour contrôler l’accès à la « propriété intellectuelle ». Et pourtant, le Flash ne se contente pas de limiter les contenus vidéo. À la différence du HTML et du Javascript, qui sont enregistrés sous un format lisible par un être humain, les fichiers en Flash sont dans un format que seuls les ordinateurs savent lire, si bien que personne ne peut savoir exactement ce que fabriquent ces fichiers dans nos ordinateurs. Pour cette raison, tout le monde peut limiter l’accès au contenu des fichiers eux-mêmes, ou encore injecter des virus et autres codes malveillants grâce à l’utilisation du Flash Player.

Ce qui est contraignant au plus haut point, toutefois, c’est que les consommateurs sont obligés d’utiliser le logiciel distribué par Adobe s’ils veulent profiter pleinement des fichiers en Flash. C’est un problème crucial, parce qu’avec un taux de pénétration du marché de 99%, Adobe peut faire tout ce qui lui plaît. Adobe Flash est installé sur plus d’ordinateurs que Windows de Microsoft, ce qui lui confère naturellement un énorme pouvoir. Notre dépendance à Flash Player est telle qu’Adobe pourrait d’un jour à l’autre décider de désactiver toutes les installations de Flash Player tant que l’utilisateur n’aura pas versé une rançon de 40$. Si jamais Adobe venait à manquer d’argent, ce serait un moyen pratique et sans souci de gagner gros, en considérant que la plupart des gens finiraient par payer la note pour avoir accès aux jeux, aux vidéos, et une myriade d’autres services en ligne que nous considérons souvent comme allant de soi. Et ce n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg. Adobe pourrait bloquer les logiciels concurrents, espionner les usagers, ou encore se servir d’un « back door » (un accès secret) pour permettre à ses employés de prendre le contrôle à distance de n’importe quel ordinateur. Avec le gigantesque parc installé dont il dispose, Adobe pourrait techniquement faire ce que bon lui semble de votre ordinateur.

Des bénévoles dévoués ont commencé à développer des solutions alternatives en passant par la rétro-ingénierie, avec des projets comme « Gnash » et « swfdec», mais il est encore impossible de les mener à leur terme en raison du refus de coopération d’Adobe. Adobe a lancé le projet « Open Screen » pour se donner l’air de promouvoir le choix des plateformes et apaiser les craintes à l’égard du contrôle obsessionnel de sa part, alors qu’en réalité il s’agit simplement de récupérer le savoir-faire déjà acquis par des techniques de rétro-ingénierie existantes. Seul bénéfice du projet Open Screen : Adobe s’est engagé à ne poursuivre pénalement aucun projet alternatif au Flash, bien que cet engagement, en réalité, ne fasse qu’affirmer le contrôle démesuré qu’exerce Adobe sur la plateforme. Récemment, Adobe a envoyé une mise en demeure à SourceForge, une entreprise qui héberge des projets développés de façon collaborative, à propos d’un projet appelé « rtmpdump ». Ce dernier procurait aux utilisateurs lambda les fonctionnalités du Flash qui n’étaient auparavant disponibles qu’avec le lecteur Flash d’Adobe. En dépit des déclarations d’Adobe sur la transparence et la neutralité, SourceForge a été contraint de retirer le projet rtmpdump de son site, confirmant une fois de plus l’énorme pouvoir dont dispose Adobe.

Un autre problème que pose le format Flash est sa dépendance à des logiciels brevetés par de multiples sociétés. Ces brevets rendent vaines les promesses d’Adobe, puisque d’autres sociétés ont elles aussi le pouvoir de mener des poursuites si leurs droits sont violés. La loi sur les brevets a été créée pour encourager l’innovation, mais quand les ordinateurs sont entrés en scène, les entreprises y ont vu une occasion de tirer bénéfice du vide juridique qui permettait aux logiciels d’être placés sous licence. Finalement, essayer de breveter autant de concepts élémentaires que possible est alors devenu une stratégie commerciale, et toute entreprise qui ne suivait pas cette stratégie s’exposait à des poursuites judiciaires. Les brevets logiciels ont porté sur tout, depuis les tests en ligne jusqu’aux fenêtres pop-up en passant par les hyperliens et les barres de progression. Comme vous l’imaginez facilement, pratiquement tous les logiciels informatiques sont couverts par de multiples brevets détenus par diverses sociétés. Les plus grandes entreprises mettent en commun leurs brevets et s’entendent pour ne pas se faire de procès mutuellement, en échange d’un accès aux brevets des autres entreprises. C’est ainsi qu’Adobe ne peut être poursuivi pour l’utilisation de certains composants du Flash, alors que tous les autres risquent des poursuites s’ils utilisent ces mêmes composants.

Dans la mesure où les consommateurs sont dans l’impossibilité d’utiliser un quelconque lecteur de Flash autre que celui d’Adobe, on pourrait s’attendre à ce que le lecteur officiel soit d’excellente qualité, non ? Des études ont prouvé tout le contraire. Non seulement le Flash comporte un nombre élevé de failles de sécurité, mais il ralentit aussi les ordinateurs de façon significative, particulièrement ceux qui utilisent d’autres systèmes d’exploitation que Windows. Le Flash consomme en moyenne 50 à 80 % des ressources système sous Mac OSX. La principale cause de plantage du navigateur Mozilla Firefox, selon les rapports de envoyés par les utilisateurs, est le plugin Flash. Cependant, l’efficacité peut être mesurée autrement que par la performance. Les utilisateurs de Flash soucieux de réduire leur bilan carbone risquent d’être mécontents d’apprendre à quel point le Flash plombe leur consommation énergétique. Le Flash, et particulièrement dans les bannières publicitaires, provoque une surconsommation d’énergie pour l’ordinateur. Rien qu’en désactivant le Flash on économise autant d’énergie qu’en éteignant une ampoule électrique.

La solution la plus rationnelle de ce problème serait qu’Adobe permette de lire, modifier et distribuer le code, de sorte que les programmeurs puissent comprendre comment développer en Flash. Cette stratégie aurait de multiples avantages, non seulement pour les consommateurs et l’entreprise Adobe, mais aussi pour la société tout entière. Dans un même mouvement, les consommateurs auraient le plaisir de bénéficier d’une meilleure navigation, et Adobe ferait autant de profits que possible. Chacun de ces intérêts particuliers y trouverait son compte.

Si Adobe autorisait la modification et la distribution sans restriction de sa plateforme, les consommateurs en tireraient un grand bénéfice. Ils n’auraient plus à se soucier de ce qui pourrait se passer si Adobe essayait d’abuser de son pouvoir de contrôle sur eux, parce que tout le monde serait capable de modifier le Flash pour désactiver les fonctions indésirables. Si les choses se passaient ainsi, Adobe y perdrait à coup sûr sa réputation détestable. Si cela devait arriver aujourd’hui, cependant, il est possible que personne ne le découvrirait. On a pu le constater dans des projets comme celui du noyau Linux : ceux qui peuvent modifier un logiciel le feront pour leur intérêt personnel. Les entreprises feront naturellement avancer les choses pour contribuer au développement collaboratif du logiciel seulement lorsque ce sera utile à leurs propres produits. Une multitude de sociétés dépendent du Flash, et sont donc à même d’aider au développement du lecteur de Flash pour le plus grand bien de tous. La vitesse est importante pour tout le monde, en particulier pour les entreprises prospères qui veulent que leurs employés soient les plus productifs possible. Comme on l’a vu avec le noyau Linux, les problèmes de stabilité et de sécurité sont réglés à une vitesse incroyable dans le monde du logiciel développé de façon collaborative.

C’est Adobe qui serait le plus grand bénéficiaire s’il ouvrait le code du Flash. La stratégie commerciale d’Adobe en ce qui concerne le Flash consiste à développer une énorme quantité de technologies gravitant autour du Flash, puis de vendre à prix d’or un logiciel de création vidéo en Flash. La plupart de ces technologies ont un code ouvert pour inciter à l’usage et séduire ceux qui aiment le logiciel modifiable et distribuable. Malheureusement pour Adobe, elles n’ont pas réussi à gagner une part du marché cible parce que le produit dont elles dépendent, le Flash, ne permet ni modification ni redistribution. L’autre source de revenus d’Adobe découlant du Flash consiste à vendre des licences du lecteur de Flash pour les plateformes embarquées, comme dans les téléphone mobiles. Alors qu’il est logique d’espérer une manne financière venant des grandes entreprises lorsqu’on les autorise à utiliser le lecteur Flash, des problèmes surviennent quand ces entreprises choisissent de ne pas payer la licence. Le cas du iPhone en donne une remarquable illustration. Le manque de coopération des entreprises finit par faire perdre le contrôle du marché à Adobe, parce qu’il limite l’accès des utilisateurs potentiels au logiciel. En exploitant son énorme cœur de cible (tous les utilisateurs connectés à Internet) le Flash a le potentiel d’un authentique standard. Dans ce cas, Adobe détiendrait la clé de la création de contenus pour ce standard avec son produit phare : « Adobe Creative Suite 4 ». La seule façon pour une entreprise d’augmenter ses parts de marché, c’est d’autoriser l’accès public et la modification d’un logiciel aux autres sociétés, afin qu’elles l’aident à le développer. Par exemple, le Flash pourrait être amélioré par des sociétés qui conçoivent des moteurs de recherche, le contenu pourrait être plus facilement indexé, au profit de toutes les sociétés impliquées qui pourraient aller vers d’autres standardisations encore.

Il existe d’autres solutions possibles à ce problème, mais elles ne sont guère élégantes ni efficaces. Il est possible par exemple que certains activistes dévoués à la cause lancent un nouveau projet de logiciel qui remplacerait le Flash. Il aurait des fonctionnalités comparables, mais serait incompatible avec les scripts Flash déjà existants. Bien qu’apprécié de beaucoup, ce type de projet n’avancerait que très lentement, par rapport à ce que nous pouvons espérer des technologies modernes en ligne. Cela constituerait aussi un nouveau casse-tête pour le consommateur, en l’obligeant à installer un énième plugin pour son navigateur. Finalement, cette solution détournerait du temps de développement de projets alternatifs tels que Gnash et swfdec, qui deviennent de plus en plus nécessaires, et rendrait impossible le parcours dans la jungle des scripts en Flash déjà existants.

Une autre solution, encore moins crédible, serait que les consommateurs cessent tous ensemble d’utiliser le Flash. Les problèmes liés à cette solution sont cependant évidents. Avant tout il est quasi impossible de provoquer une prise de conscience en faveur d’une cause, en particulier quand celle-ci est difficile à comprendre. De plus, le Flash est devenu tellement inhérent aux habitudes de navigation de tant d’usagers du Web qu’ils ne pourront tout simplement pas « l’abandonner ». Tellement de choses dépendent de lui, comme les sites de partage vidéo, de matériel pédagogique, de jeux et tant d’autres domaines encore, que seuls les utilisateurs les plus fanatiques seraient capables de résister à la pression. Cette solution serait bien plus efficace comme technique de protestation pour convaincre Adobe d’autoriser les modifications que comme une solution par elle-même.

Comme vous le voyez, le Flash n’était au départ qu’une sorte d’insecte légèrement pénible, mais avec le temps il est devenu le monstre que l’on connaît aujourd’hui. Adobe exerce un pouvoir de contrôle excessif sur le logiciel. À cause de ce contrôle, les contenus disponibles sur Internet ne sont pas réellement accessibles à tous, et les utilisateurs n’ont d’autre choix que de se soumettre à Adobe. Cette situation entraîne aussi un grand nombre de problèmes qu’Adobe ne cherche pas à résoudre, tant que les résoudre ne lui permet pas d’accroître ses parts de marché. En autorisant les modifications et la redistribution du Flash, Adobe, tout comme les consommateurs, serait bénéficiaires de la synergie qui se mettrait en place. Personne ne peut construire un gratte-ciel tout seul. Tant qu’Adobe n’aura pas rendu le Flash plus accessible, ses utilisateurs n’auront pas d’autre choix que de se jeter dans la gueule du loup en espérant qu’il n’aura pas faim.

Notes

[1] Crédit photo : Garryknight (Creative Commons By-Sa)

[2] Concernant Firefox 3.5 et la balise vidéo permettant de lire nativement le format Ogg, on pourra parcourir les billets suivants : Building the world we want, not the one we have, Quand Mozilla participe à la libération de la vidéo et Démo Firefox 3.5 : le Rich Media collaboratif.




Internet autorisé au BAC ? ? ?

The Cushing Memorial Library and Archives - CC byInternet, certains y voient une menace, d’autres au contraire cherchent tant est si bien à composer avec qu’ils envisagent de laisser les élèves y avoir accès lors des examens scolaires.

C’est la cas du Danemark qui, comme le rapporte The Guardian dans notre traduction ci-dessous, a lancé une sorte de pavé dans la mare en annonçant sa volonté de tester la présence d’Internet à une évaluation qui correspond à peu près à notre Brevet des collèges, avec généralisation possible au BAC en 2011 si le test s’avère concluant.

Ceci fait écho à notre billet Et si cela ne servait plus à rien de mémoriser et d’apprendre par cœur ? qui se demandait si Internet n’était pas en train de remettre en question notre conception de certains savoirs scolaires (en particulier tout ce qui concerne l’accumulation d’informations).

Imaginez- vous donc au BAC avec votre ordinateur connecté à vos côtés et… Wikipédia à l’écran ! Quelles compétences demande-t-on aux élèves ce moment-là ? Va-t-on modifier la nature même des évaluations en tenant compte de cette étrange irruption ?

Fascinant, même si cela pose de nombreuses questions à commencer par la plus fondamentale d’entre toutes : Est-ce une si bonne idée ?

Les commentaires attendent votre réponse 😉

PS : Le Danemark a récemment été classé numéro 1 des « pays où il est fait bon vivre » dans un récente étude de l’OCDE rapporté par la magazine Forbes. Ceci explique peut-être cela…

PS2 : Pour aller plus loin on pourra parcourir l’article d’InternetActu : Et si l’on autorisait les bacheliers à se connecter à l’internet ?.

[1]

L’accès à Internet pendant les examens bientôt à l’essai dans les collèges et lycées danois

Danish schools ready to trial internet access during exams

Bobbie Johnson – 11 mai 2009 – The Guardian (Technology Blog)
(Traduction Framalang : Don Rico)

Chaque année, l’été venu, on nous rebat les oreilles des mêmes arguments voulant qu’il soit plus facile qu’avant d’obtenir son Brevet ou son BAC. Mais grâce à certains membres du gouvernement danois, l’heure est peut-être venue de cesser de chercher à décrédibiliser les examens et d’essayer d’y mettre un peu de jus.

On a pu voir çà et là dans les médias danois que le gouvernement s’apprêterait à mettre à l’essai un système dans lequel les futurs candidats au Brevet des collèges seraient autorisés à se rendre à leurs examens munis d’un ordinateur connecté à Internet lors de leurs examens.

D’après les membres du gouvernement à l’initiative de ce projet, la recherche d’exemples et de chiffres est de nos jours une tâche qu’il vaut mieux confier aux ordinateurs, et l’on ne devrait pas priver les jeunes candidats d’un outil qu’ils seront amenés à utiliser couramment au cours de leurs études.

« C’est un bon moyen de trouver par exemple des faits historiques ou un article utile pour un devoir en classe d’éducation civique » a expliqué Søren Vagner, un conseiller du ministère de l’Éducation, au journal danois MetroXpress.

Ce qui paraît tout à fait logique, et ce pour une raison simple : l’Internet est devenu un outil de recherche d’une telle puissance qu’il a rendu superflu nombre d’anciennes méthodes d’apprentissage, tel que l’apprentissage par cœur. Les calculatrices nous dispensent de certaines opérations de base, alors pourquoi prendre la peine de mémoriser des faits et des chiffres alors que les ordinateurs permettent de les mobiliser à la demande ?

Il existe néanmoins un certain nombre d’embûches potentielles, comme par exemple le plagiat et la tentation de certains élèves d’aller chercher des informations en ligne pour faire du remplissage.

Vagner a déclaré que les examinateurs surveilleraient de près le contenu des copies et procéderaient à des contrôles réguliers et aléatoires des pages Web que les élèves auront utilisées lors de leurs recherches.

Certes, déceler le plagiat est une tâche relativement aisée (une simple recherche sur Internet de groupes de mots et le tour est joué) et le plagiat de contenu disponible sur Internet est déjà un problème contre lequel les établissements scolaires tentent de lutter.

Mais en donnant accès à l’Internet à de jeunes étudiants, on risque fort d’ouvrir la boîte de Pandore, car il est certain qu’un bidouilleur plus entreprenant que les autres trouvera un moyen d’échapper à la surveillance de l’enseignant et de discuter avec un autre candidat présent dans la salle d’examen ou quelqu’un de l’extérieur.

D’après l’article paru dans Politiken, ce nouveau système devrait être testé pendant des examens blancs plus tard cette année, avec pour objectif de procéder à l’expérience à plus grande échelle en 2011.

Notes

[1] Crédit photo : The Cushing Memorial Library and Archives (Creative Commons By)




PMB, Gepi, Prométhée… et Framakey en service recommandé pour l’école

Shermeee - CC byNous vous avons déjà parlé des WebApps, ces nouvelles applications portables proposées par notre projet Framakey, qui permettent, sous Windows[1], de découvrir, tester et utiliser facilement des applications libres orientées web (CMS, wikis, blogs, forums…).

Ici quelques clics suffisent après téléchargement, et vous voici illico opérationnel. Sans cela, il faut soit disposer de go d’un espace internet (bien configuré), soit installer votre serveur en local avant d’installer l’application elle-même (parfois un peu complexe pour le non initié). L’idée de ce service est donc d’abaisser le niveau d’entrée d’accès à ces outils en permettant à un plus grand nombre de personnes de les évaluer, même si bien sûr l’espace internet demeure indispensable si vous souhaitez par la suite utiliser l’application en production (si ça n’est pas très clair, on pourra se rendre sur la FAQ dédiée).

Depuis notre annonce, de nouvelles applications sont venues enrichir le catalogue. On y trouve désormais DokuWiki, Drupal, Spip, WordPress, Claroline, Posh, Joomla, eyeOS, Piwigo, Itseasy et Mediawiki.

Mais on y trouve également depuis peu (merci JosephK) des logiciels libres métiers spécialement dédiés au monde éducatif (encore en bêta, donc ne pas hésiter à intervenir sur nos forums). Il ne s’agit pas de logiciels directement pédagogiques, comme par exemple GeoGebra (qui fait trembler Cabri). Il s’agit d’outils informatiques intervenant dans la vie scolaire de l’élève[2], en l’occurrence ici la gestion et recherche documentaire (PMB), le carnet de notes et de texte électronique (Gepi), et l’espace numérique de travail, plus connu sous le nom d’ENT (Prométhée).

Présentations synthétiques :

Nous le savons, il est plus difficile de faire « entrer du libre » dans l’univers restreint de ces applications métiers, de par la chasse-gardée séculaire du propriétaire (et son corollaire le poids des habitudes), la spécificité du développement, et le faible nombre de personnes intéressées a priori, impactant alors sur la constitution d’une solide communauté autour du logiciel. Et c’est encore plus difficile à l’Éducation nationale française dont ce blog pointe souvent la « frilosité » (quelque peu suspecte sur la durée) vis-à-vis du logiciel libre et sa culture.

C’est pourquoi on a récemment décidé d’encapsuler ces trois applications libres dont la qualité est parfois inversement proportionnelle à l’intérêt et au soutien qu’on leur manifeste en haut lieu (comme dirait Wikipédia références souhaitées). Et c’est bien dommage parce que rien de plus pertinent que de placer ce type de logiciels sous licence libre, histoire de ne pas réinventer la roue, de mutualiser la demande, de ne payer qu’une seule fois avec de l’argent public, de pouvoir choisir la roadmap, les formats et de garantir le respect des données personnelles… Enfin on connait les arguments, pas la peine de les exposer à nouveau ici (François Elie explique cela fort bien dans son livre Économie du logiciel libre).

Que les spécialistes me corrigent, mais ces trois applications sont, me semble-t-il, des « leaders libres » de leur domaine respectif. Nous sommes pour la pluralité mais on aurait quand même intérêt ici à mettre nos œufs dans le même panier en soutenant activement leur développement. Sinon la situation actuelle risque de prédominer encore longtemps : des établissement qui individuellement font l’achat de licences propriétaires (à l’échelle nationale, ça fait une sacrée somme) et des académies qui développent des outils chacune dans leur coin, fussent-ils libres.

Vous êtes un acteur du monde éducatif intervenant de près ou de loin dans les décisions TICE des établissements scolaires ? N’oubliez pas d’évaluer ces applications lorsque se pose la question de l’acquisition, du renouvellement ou des mises à jour de ces logiciels métiers. Ce ne seront pas forcément ces trois applications libres qui s’imposeront, mais c’est forcément la licence libre qui s’imposera tôt ou tard, ici comme ailleurs. Autant prendre tout de suite bon wagon, sachant que la Framakey ne risque pas d’occuper trop de place dans vos bagages 😉

Notes

[1] Pour rappel on travaille à ce que la Framakey ne reste plus exclusivement ancrée sous Windows.

[2] Crédit photo : Shermeee (Creative Commons By)




Le vain Don de la farce ou comment être très motivé pour soutenir le Libre

Mikebaird - CC by« Si tu avais un bouton pour envoyer un euro très facilement à l’artiste, tu le ferais », disait récemment Richard Stallman, sur 01net, en pleine tourmente Hadopi.

Il était ici question de musique, mais cette phrase pourrait facilement s’étendre à toute la création, à commencer par notre sujet de prédilection : le logiciel libre et sa culture.

Vous avez déjà vu ces claviers munis de cet horrible touche Windows qu’on utilise jamais. Imaginez alors un autre touche spéciale, mais dédiée au don cette fois-ci.

Vous vous promenez sur un site, par exemple celui d’un logiciel libre qui vous tient à cœur et qui vous invite à donner pour le soutenir. Vous pressez alors le-dit bouton de votre clavier. Une petite fenêtre s’ouvre pour indiquer la somme envisagée, vous validez et… c’est fait ! Vous pouvez passer au site suivant.

Pas d’intermédiaires, pas de surtaxes, pas de numéro de carte bleue à entrer… l’argent sortirait de votre compte pour aller directement dans celui du destinataire, sans passer par je ne sais quelle « case backchich ». Le rêve quoi !

Créateurs, développeurs, communautés, fondations, associations… dix euros par-ci, cinq euros par là (voire même moins). Le don entrerait alors véritablement dans nos mœurs, habitudes et (bonnes) pratiques. Nul doute que cela profiterait à beaucoup, je pense notamment à certaines petites fourmis du logiciel libre dont on moque souvent l’absence de « modèles économiques ».

Cela profiterait d’ailleurs également à tout plein d’autres domaines, comme la grande presse par exemple, qui n’en finit plus de constater sa propre chute. Cela ne me pose en effet aucun problème, bien au contraire, de presser notre « bouton don » et verser ainsi instantanément quelques dizaines de centimes d’euros après lecture d’un article intéressant. À l’échelle des millions de visiteurs mensuels de son site Internet, c’est alors Le Monde que l’on sauve (NDLR : le journal Le Monde).

Pour ne rien vous cacher cette petite réflexion m’est venue lorsque l’on a décidé de monter le site Framasoft adossé à notre campagne de soutien.

Impossible d’échapper à Paypal, ses lents et pénibles formulaires, son gros pourboire et sa situation de monopole (que l’on soit affilié ou qu’il faille sortir la CB). Reste après bien sûr la solution du virement bancaire ou du bon vieux chèque à poster, mais faut quand même alors être motivé de chez motivé. Les cartes prépayées ? personnellement j’y crois pas trop pour le moment. Quant aux systèmes de type AlloPass et autres SMS, c’est pas la peine d’y penser, les taxes (du service et de l’opérateur) sont démesurées.

Dans ces conditions, ne plus être très loin des 10 000 euros de dons (quatre mois après le lancement de l’opération et… en temps de crise), c’est déjà pas si mal, et nous remercions une nouvelle fois chaleureusement les quelques 300 personnes qui ont su passer outre l’absence de « bouton don » pour s’engager dans la lourde[1] et complexe procédure que nous propose aujourd’hui le micropaiement.

C’est déjà pas si mal mais c’est malheureusement loin d’être suffisant par rapport à notre premier objectif (le triple de la somme récoltée aujourd’hui). Quelques centaines de dons pour un trafic lui aussi proche du million de visiteurs mensuel, on pourrait en tirer des conclusions hâtives sur l’attachement réel que nous portent nos visiteurs si justement il n’y avait pas entre eux et nous ce micropaiement non optimisé (litote) qui fausse quelque peu le donne.

Ah si nous avions tous un « bouton don » qui offrirait d’aussi faciles transactions ! Nombreux seraient alors à mon avis les projets œuvrant pour le bien commun qui seraient remis à flot et qui pourraient plus sereinement se développer et s’épanouir.

Plutôt que de délirer sur un utopique « bouton don » (proche de l’autre délire sur l’open money), ce billet aurait certainement mérité une plus sérieuse recherche en alternatives réelles, crédibles et déjà opérationnelles. Mais vous avez l’occasion de corriger le tir dans les commentaires 😉

Notes

[1] Crédit photo : Mikebaird (Creative Commons By)




Sarkozy a un plan selon Guillaume Champeau

Judepics - CC bySi vous comptiez vous reposer un peu après l’éreintant épisode Hadopi, c’est raté.

En effet, un article important est apparu la semaine dernière dans le flux continu de mes fils RSS, Décryptage : Sarkozy et son œuvre de contrôle du net de Guillaume Champeau du site Numerama.

C’est un peu long (liens hypertextes inclus), mais si l’on souhaite réellement se donner les moyens de comprendre certaines choses dans le détail, il va bien falloir accepter de temps en temps d’aller plus loin que les 140 caractères des messages Twitter ! C’est également assez courageux, parce que c’est typiquement le genre d’articles qui ne vous fait pas que des amis, sauf à considérer que les RG peuvent devenir de nouveaux amis.

Guillaume Champeau en a d’ailleurs remis une couche ce week-end, chez la petite webradio associative qui monte OxyRadio, au cours de l’émission Les enfants du Web animé de sa voix suave et viril par notre ami Mathieu Pasquini (licence Creative Commons By-Sa).

À podcadster, à écouter, à faire écouter :


Télécharger : mp3 ou ogg

J’aurais aimé ne pas l’écrire mais ça ressemble beaucoup à du « nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas »[1].

Décryptage : Sarkozy et son œuvre de contrôle du net

URL d’origine du document

Guillaume Champeau – 20 mai 2009 – Numerama
Licence Creative Commons By-Nc-Nd

« Le président de la République actuel a un plan ». C’est la première phrase du livre de François Bayrou, Abus de Pouvoir, et l’on peut la vérifier au moins en ce qui concerne le contrôle du net. Depuis la loi DADVSI où il était président de l’UMP et ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy a déployé son plan pour contrôler le net. Il a commencé à l’appliquer avant-même la loi Hadopi, et prévoit de le parachever avec la Loppsi. Dans cet article exceptionnellement long, Numerama tente un décryptage du net selon Sarkozy.

Petit à petit, les pièces du puzzle s’assemblent et l’image se révèle sous nos yeux. Le projet de loi Création et Internet n’a pas encore été promulgué que déjà le morceau suivant s’apprête à faire son apparition. Projet de loi après projet de loi, décret après décret, nomination après nomination, Nicolas Sarkozy prépare méthodiquement les moyens pour le gouvernement de contrôler Internet… et les internautes.

Lundi, Le Monde a publié un excellent article sur la prochaine loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi, ou Lopsi 2), qui montre ce que prévoit le nouveau texte commandé par Nicolas Sarkozy : installation de mouchards électroniques sans vérification de leur légalité par les services de l’Etat, légalisation des chevaux de Troie comme mode d’écoute à distance, création d’un super-fichier « Périclès » regroupant de nombreuses données personnelles (numéros de carte grise, permis de conduire, numéros IMEI des téléphones mobiles, factures…), création d’un délit d’usurpation d’identité, pouvoir de géolocaliser les internautes, …

Sans cesse repoussée, la loi est attendue de pieds fermes par Nicolas Sarkozy. C’est d’ailleurs en partie elle qui a justifié l’obsession du Président à maintenir contre vents et marée la loi Hadopi. Car « le président de la République actuel a un plan ». Pour le comprendre, il nous faut accumuler les pièces à conviction. Certaines relèvent très certainement de la paranoïa, d’autres sont véritablement réfléchies par le Président.

Mises bout à bout, elles laissent peu de doute sur la volonté de Nicolas Sarkozy de contrôler le net, aussi bien dans son contenu que dans son infrastructure.

Au commencement, Nicolas Sarkozy voulu devenir Président

Très tôt dans sa carrière politique, Nicolas Sarkozy n’a eu qu’une obsession : devenir président de la République. Et une vision : pour y parvenir, il fallait contrôler les médias. Maire de Neuilly-Sur-Seine, il s’efforce de faire entrer rapidement dans son cercle d’amis proches les Martin Bouygues, Lagardère (père et fils) et autres Dassault qui le conduiront par leur amitié complice au sommet du pouvoir. C’est d’autant plus facile que ces capitaines d’industrie, propriétaires de médias, dépendent pour l’essentiel de leurs revenus des commandes de l’État. Entre amis, on sait se rendre des services…

Toute cette énergie de réseautage a été mise au service de son ambition présidentielle. En 2007, c’était la bonne. Première tentative, première victoire. Mais Nicolas Sarkozy a eu chaud. Il avait négligé Internet. A quelques points près, François Bayrou – qui a au contraire beaucoup misé sur Internet pendant la campagne – passait devant Ségolène Royal au premier tour de la Présidentielle, et c’est le leader du MoDem qui se serait retrouvé à l’Elysée.

Il serait faux toutefois de prétendre que Nicolas Sarkozy, qui s’était assuré le soutien du blogueur Loïc Le Meur (à l’époque le plus influent), s’est aperçu trop tard du pouvoir du net. Fraîchement élu, le président Sarkozy n’avait pas tardé à demander « l’avènement d’un internet civilisé », prônant une « campagne de civilisation des nouveaux réseaux ». Le coup de Trafalgar du refus de la Constitution européenne par les Français avait montré pour la première fois au monde politique les limites des médias traditionnels face à Internet, où l’opposition au texte européen fut virulente. Les amis de Nicolas Sarkozy dans les grands médias et l’industrie culturelle l’ont très vite convaincu qu’il fallait faire quelque chose. Lui pour conserver le pouvoir, eux pour limiter cette concurrence gênante. C’est Renaud Donnedieu de Vabres (RDDV) qui s’est chargé des basses oeuvres, sous l’oeil attentif de son président de l’UMP et ministre de l’intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy.

DADVSI et HADOPI : les premières pierres vers le filtrage

Derrière les apparences d’une première loi contre le piratage sur Internet, comme l’avait prédit le journaliste américain Dan Gillmor, c’est une alliance à trois qui s’est formée entre le pouvoir politique, le pouvoir médiatique et l’industrie culturelle. A peine la riposte graduée (déjà) adoptée, RDDV avait prévenu que la loi DADVSI « n’est que le premier d’une longue série d’adaptations de notre droit à l’ère numérique », et qu’il comptait bien s’attaquer « un jour au problème de la presse et de l’Internet ». C’était en 2006.

Affaibli par la débâcle de DADVSI, le ministre de la Culture n’a pas eu le temps de mettre son projet en application. Mais l’idée d’accorder un label à la presse professionnelle en ligne et de doter les sites de presse d’un statut particulier opposé aux blogs était née. Nicolas Sarkozy l’a mise en application cette année. Le tout en permettant à la vieille presse papier de bénéficier par ailleurs de substantielles aides de l’État, contraires à la libre concurrence, pour investir le net.

Avec la loi Hadopi, qu’il a maintenu jusqu’à mettre en péril la cohésion du groupe UMP, le chef de l’État a réussi à imposer à tous les foyers français l’installation d’un « logiciel de sécurisation », qui, sous la forme d’un mouchard, aura pour but de filtrer les sites internet et certains logiciels. Soit de manière franche, en bloquant l’accès à des contenus ou des protocoles. Soit de manière plus sournoise, en mettant en place un système qui met en avant les sites labellisés par l’Hadopi ou par les ministères compétents, pour mieux discréditer les autres. Les sites de presse professionnels feront bien sûr partis un jour des sites labellisés, tandis que la multitude de blogs ou de sites édités par des journalistes non professionnels verront leur crédibilité mise en doute. Pour le moment on ne sait rien du périmètre des caractéristiques imposées par l’Etat aux logiciels de sécurisation, et c’est bien là sujet d’inquiétudes. Il suffira d’étendre par décret la liste des fonctionnalités exigées pour que la censure se fasse de plus en plus large et précise, hors du contrôle du législateur ou du juge.

LOPPSI : le filtrage imposé aux FAI

Si elle prévoit la création de ce logiciel de sécurisation, et suggère fortement son installation, la loi Hadopi ne fait cependant pas de son installation une obligation. Le risque d’inconstitutionnalité serait trop fort. Il faut donc compléter le tableau, en organisant un filtrage au niveau de l’infrastructure du réseau. C’est le rôle de la loi Loppsi, chapeautée par Michèle Alliot-Marie.

Entre autres choses, la Loppsi va imposer aux FAI une obligation de filtrage de résultat. Ils auront le devoir de bloquer l’accès à des sites dont la liste sera déterminée par l’administration, sous le secret. Ce qui n’est pas sans poser d’énormes problèmes dans les quelques pays qui ont déjà mis en place cette idée. Là aussi, une fois mis le pied dans la porte, sous prétexte de lutter contre la pédophilie (une tentation du pathos contre laquelle il faut résister), il suffira d’étendre la liste des exceptions qui donnent droit au filtrage. Ici pour les maisons de disques victimes de piratage, là pour les sites de presse suspectés de diffamation, ou pour les sites de jeux d’argent qui ne payent pas leurs impôts en France. La liste n’aura de limites que l’imagination et l’audace des gouvernants.

Encore faut-il que ces idées de contrôle du net puissent se mettre en place sur le terrain, ce qui nécessite des hommes et des femmes peu regardants. C’est dans cet art que Nicolas Sarkozy excelle le plus.

Le choix des hommes, le triomphe des idées

Dès 2006, Nicolas Sarkozy a compris qu’il aura besoin de verrouiller son gouvernement et les télécoms pour mettre en place son plan de contrôle d’internet. Christine Boutin, qui avait été une farouche et convaincante opposante à la loi DADVSI fin 2005 (au point de faire basculer le vote de certains députés UMP pour la licence globale), et qui avait défendu l’idée d’un internet libre, s’est ensuite mue dans un silence confondant à la reprise des débats en mars 2006. En échange, et entre temps, elle a reçu la promesse de Nicolas Sarkozy d’entrer au gouvernement après les élections présidentielles si elle mettait sa langue dans sa poche. Les deux ont tenu parole.

Président de la République, Nicolas Sarkozy a ainsi composé son gouvernement de manière à accomplir son oeuvre sans opposition interne. Nadine Morano à la Famille, et Michèle Alliot-Marie à l’Intérieur, n’ont pas eu besoin de forcer leur nature pour prêcher la censure de certains sites Internet ou le filtrage des sites pédophiles ou terroristes. Porte-parole de l’UMP, pilotée par l’Elysée, le lobbyiste Frédéric Lefebvre ne passe plus une semaine sans se confondre en invectives contre Internet, et réclamer le filtrage. En plaçant l’ex-socialiste Eric Besson au numérique, Sarkozy pensait peut-être aussi paralyser les critiques à la fois de son propre camp et de l’opposition, tout en s’assurant le soutien d’un homme qui a troqué ses convictions pour son ambition. En le remplaçant par Nathalie Kosciusko-Morizet, plus rebelle, Sarkozy a pris un risque. Mais il fait aussi un pari. Celui que son frère Pierre Kosciusko-Morizet, président des deux plus gros lobbys français du numérique hostiles au filtrage, serait moins audible dans son opposition si sa soeur est systématiquement suspectée de collusion lorsqu’elle défend le même point de vue. Ce qui n’a pas manqué lorsque PKM a prêché, dans le vide, un moratoire sur la loi Hadopi.

Il a fallu aussi convaincre dans les télécoms. Free, à la nature frondeuse, reste le plus difficile à manipuler pour Nicolas Sarkozy. Il a toutefois trouvé une arme : la quatrième licence 3G. L’opérateur sait qu’elle va être rapidement indispensable pour continuer à concurrencer Bouygues, SFR et Orange, qui peuvent tous proposer des offres regroupant ADSL et mobile. Mais elle est dépendante de la volonté du gouvernement. Très rapidement, Christine Albanel a fait comprendre à Free qu’il devrait être obéissant pour espérer accéder à la fameuse licence. Depuis, le dossier ne cesse d’être repoussé sous des prétextes fumeux, et Free a mis de l’eau dans son vin contre Hadopi et contre le filtrage, dans l’espoir de ne pas hypothéquer ses chances d’avoir accès à la téléphonie mobile.

Pis, Nicolas Sarkozy a fait nommer numéro deux de France Telecom Stéphane Richard, le directeur de cabinet de Christine Lagarde, qui ne compte « que des amis » dans la commission qui déterminera le prix de la quatrième licence 3G. L’homme aura également pour mission de mettre en oeuvre le filtrage chez Orange, qu’il dirigera d’ici deux ans.

Le contrôle des institutions ayant leur mot à dire sur le filtrage

Enfin, Nicolas Sarkozy s’est également assuré de contrôler les institutions qui pourraient lui faire de l’ombre. La CNIL, qui s’est opposée à l’Hadopi, n’aura pas le droit de siéger au sein de la haute autorité. Les amendements le proposant ont été refusés. Elle n’a pas non plus eu le droit de publier son avis contre la loi Hadopi, et les deux députés commissaires de la CNIL, tous les deux membres de l’UMP, ont voté pour la loi. L’un des deux, Philippe Gosselin, a même été un farouche défenseur de la loi à l’Assemblée, et sans doute au sein de l’institution. Dans son dernier rapport annuel, la CNIL a dénoncé l’omerta imposée par le gouvernement, et son manque d’indépendance, notamment financière.

Plus directement, Nicolas Sarkozy a également évincé l’autorité de régulation des télécommunications (Arcep) des études sur le filtrage, auquel elle était hostile. Redoutant que l’autorité ne reste trop à l’écoute des professionnels des télécoms et des internautes, le président de la République a récemment mis à la tête de l’Arcep Jean-Ludovic Silicani, l’ancien président du Conseil de la propriété littéraire et artistique (CSPLA). Un homme notoirement favorable au filtrage et à la lutte contre le P2P. Le CSPLA, rattaché au ministère de la Culture, compte par ailleurs parmi ses membres le Professeur Sirenelli, à qui le gouvernement confie quasiment toutes les missions juridiques liées au filtrage depuis quatre ans, avec un résultat certain.

Finalement, c’est au niveau européen que Nicolas Sarkozy compte ses plus forts adversaires. Il a entamé un bras de fer avec le Parlement Européen sur l’amendement Bono, et exerce un lobbying intense sur les États membres pour qu’ils refusent de marquer dans le marbre le principe du respect de la neutralité du net, contraire au filtrage. Il peut compter sur le soutien de Silvio Berlusconi, propriétaire de médias, qui met en place exactement le même plan en Italie. Mais il redoute l’opposition des députés européens.

D’où l’importance des élections européennes du 7 juin prochain. De leur résultat dépendra peut-être la réussite ou l’échec du plan mis en place par Nicolas Sarkozy.

Notes

[1] Crédit photo : Judepics (Creative Commons By)




Stallman, il y a… 23 ans !

Sysfrog - CC by« Nous sommes actuellement dans une période où la situation qui a rendu le copyright inoffensif et acceptable est en train de se changer en situation où le copyright deviendra destructif et intolérable. Alors, ceux que l’on traite de « pirates » sont en fait des gens qui essayent de faire quelque chose d’utile, quelque chose dont ils n’avaient pas le droit. Les lois sur le copyright sont entièrement destinées à favoriser les gens à prendre un contrôle total sur l’utilisation d’une information pour leur propre bénéfice. Elles ne sont pas faites, au contraire, pour aider les gens désirant s’assurer que l’information est accessible au public ni empêcher que d’autres l’en dépossèdent. »

De qui est cette citation qui ouvre mon billet ? D’un commentateur critique de l’Hadopi ? Vous n’y êtes pas. Il s’agit de Richard Stallman en… 1986 !

En effet, en me promenant récemment sur le site GNU.org je suis tombé sur une très ancienne, pour ne pas dire antique, interview de Richard Stallman[1], donnée donc en juillet 1986 au magazine informatique américain Byte (qui d’ailleurs n’existe plus depuis). Elle a été traduite en français (merci Pierre-Yves Enderlin) mais n’a semble-t-il pas fait l’objet d’un grand intérêt sur la Toile, alors qu’elle le mérite assurément.

Pour tout vous dire, on a un peu l’impression de parcourir l’Histoire, en assistant quasiment en direct à la naissance de quelque chose dont on sait aujourd’hui ce qu’il en est advenu, j’ai nommé… le logiciel libre (pour demain, par contre, on ne sait pas encore très bien, si ce n’est que l’aventure est loin d’être terminée).

Or si le logiciel libre a bien eu lieu, il est également question d’une autre naissance qui elle n’aura jamais vu le jour, celle du fameux projet de système d’exploitation GNU. Ainsi quand les journalistes de Byte (David Betz et Jon Edwards) demandent :

Pourriez-vous prédire quand, vraisemblablement, vous seriez à même de distribuer un environnement fonctionnel qui, si nous l’installions dans nos ordinateurs ou stations de travail, effectuerait vraiment un travail correct, et cela sans utiliser autre chose que le code que vous distribuez ?

Stallman répond :

C’est vraiment difficile à dire. Cela pourrait arriver dans un an, mais bien entendu, cela pourrait prendre plus de temps. Ou moins, mais ce n’est pas probable non plus. Je pense finir le compilateur dans un mois ou deux. La seule grosse tâche à laquelle il faut que je m’attelle est le noyau.

On connait la suite… Cela a tant et si bien tardé qu’en 1991 est arrivé Linux, ou plutôt… GNU/Linux 😉

Cet entretien contient bien sûr quelques passages techniques difficiles, enfin pour le béotien que je suis, qu’il convient de replacer dans leur contexte (la puissance des machines, ces logiciels tellement gourmands qu’ils demandent plus de 1 Mo de mémoire disponible !). Mais GNU Emacs, le célèbre éditeur de texte créé par Stallman, lui est toujours là.

Et puis surtout il y a donc tout ce qui concerne le logiciel libre, cet objet nouveau non identifié qui intrigue les journalistes.

En voici quelques (larges) extraits.

Byte : Parlez-nous de votre schéma de distribution.

Stallman : Je ne mets pas les logiciels ou les manuels dans le domaine public ; la raison en est que je veux m’assurer que tous les utilisateurs aient la liberté de partager. Je ne veux pas que n’importe qui améliore un programme que j’aurais écrit et qu’il le distribue sous un format propriétaire. Je ne veux même pas qu’il soit possible que cela arrive. Je veux encourager les libres améliorations de ces programmes et le meilleur moyen d’y parvenir est de bannir toute tentation d’amélioration qui ne soit pas libre.

Byte : Et comment allez-vous faire pour le garantir ?

Stallman : Je le garantis en mettant un copyright sur ces programmes et en communiquant une notice donnant aux gens la permission explicite decopier le programme et de le modifier, mais seulement à la condition qu’il soit distribué sous les mêmes termes que ceux que j’utilise. Vous n’êtes pas obligé de distribuer les changements effectués sur un de mes programmes ; vous pouvez très bien les faire pour vous seul, sans avoir à les donner ou en parler à qui que ce soit. Mais effectivement si vous les donnez à quelqu’un d’autre, vous devez le faire sous les mêmes conditions que celles que j’utilise.

Puis, un peu plus loin :

Byte : Dans un sens, vous attirez les gens dans cette façon de penser en distribuant tous ces outils très intéressants qu’ils peuvent utiliser, mais seulement s’ils adhèrent à votre philosophie.

Stallman : Oui. Vous pouvez aussi le voir comme l’utilisation du système légal que les thésauriseurs de logiciels ont érigé contre eux. Je l’utilise pour protéger le public contre eux.

Byte : Étant donné que les constructeurs n’ont pas voulu financer le projet, à votre avis qui utilisera le système GNU quand il sera terminé ?

Stallman : Je n’en ai aucune idée, mais ce n’est pas une question importante. Mon but est de le rendre possible pour les gens, pour qu’ils rejettent les boulets traînés par les logiciels propriétaires. Je sais qu’il y a des gens qui veulent faire cela. Maintenant, il peut y en avoir qui ne s’en soucient guère, mais je ne m’en préoccupe pas. Je me sens un peu triste pour eux et pour les personnes qu’ils influencent. De nos jours, la personne qui perçoit le caractère déplaisant des conditions des logiciels propriétaires se sent pieds et poings liés et n’a d’autres alternatives que de ne pas utiliser d’ordinateur. Eh bien, à cette personne, je vais donner une alternative confortable. (…) C’est ce qui me pousse à croire que beaucoup de gens utiliseront le reste du système GNU à cause de ses avantages techniques. Mais je ferais un système GNU même si je ne savais pas comment le faire techniquement meilleur, parce que je le veux socialement meilleur. Le projet GNU est vraiment un projet social. Il utilise des aspects techniques pour opérer des changements dans la société.

Byte : Pour vous, c’est bel et bien important que les gens adoptent GNU. Il ne s’agit pas uniquement d’un exercice de style, produire des logiciels qu’on cède ensuite aux gens. Vous espérez que cela changera la façon de faire dans l’industrie du logiciel.

Stallman : Oui. Certains disent que personne ne l’utilisera jamais sous prétexte qu’il n’y a pas le logo d’une société séduisante dessus et d’autres pensent que c’est terriblement important et que tout le monde voudra l’utiliser. Je n’ai pas les moyens de savoir ce qui va vraiment arriver. Je ne connais pas d’autres moyens pour essayer de changer la laideur du milieu dans lequel je me trouve, alors c’est ce que j’ai à faire.

Et enfin :

Byte : Pouvez-vous en donner les implications ? Manifestement, vous pensez qu’il s’agit là de bases importantes, politiquement et socialement.

Stallman : C’est un changement. J’essaye de modifier l’approche qu’ont les gens de la connaissance et de l’information en général. Je pense qu’essayer de s’approprier le savoir, d’en contrôler son utilisation ou d’essayer d’en empêcher le partage est un sabotage. C’est une activité qui bénéficie à la personne qui le fait, au prix de l’appauvrissement de toute la société. Une personne gagne un dollar en en détruisant deux. Je pense qu’une personne ayant une conscience ne ferait pas ce genre de chose, à moins de vouloir mourir. Et bien entendu, ceux qui le font sont passablement riches ; ma seule conclusion est leur manque total de scrupules. J’aimerais voir des gens récompensés d’écrire des logiciels libres et d’en encourager d’autres à les utiliser. Je ne veux pas voir des gens être récompensés pour avoir écrit des logiciels propriétaires, parce que ce n’est vraiment pas une contribution à la société. Le principe du capitalisme réside dans l’idée que les gens peuvent faire de l’argent en produisant des choses et de fait, ils sont encouragés à faire ce qui est utile, automatiquement, si on peut dire. Mais ça ne marche pas quand il s’agit de posséder la connaissance. Ils sont encouragés à ne pas vraiment faire ce qui est utile et ce qui est réellement utile n’est pas encouragé. Je pense qu’il est important de dire que l’information diffère des objets matériels, comme une voiture ou une baguette de pain, car on peut la copier, la partager de son propre chef et si personne ne cherche à nous en empêcher, on peut la changer et la rendre meilleure pour nous-même. (…) Nous sommes actuellement dans une période où la situation qui a rendu le copyright inoffensif et acceptable est en train de se changer en situation où le copyright deviendra destructif et intolérable. Alors, ceux que l’on traite de « pirates » sont en fait des gens qui essayent de faire quelque chose d’utile, quelque chose dont ils n’avaient pas le droit. Les lois sur le copyright sont entièrement destinées à favoriser les gens à prendre un contrôle total sur l’utilisation d’une information pour leur propre bénéfice. Elles ne sont pas faites, au contraire, pour aider les gens désirant s’assurer que l’information est accessible au public ni empêcher que d’autres l’en dépossèdent.

La graine du logiciel libre était plantée.
La suite n’était plus qu’une question d’arrosage 😉

Pour lire l’interview dans son intégralité, rendez-vous sur GNU.org.

Notes

[1] Crédit photo : Sysfrog (Creative Commons By-Sa)




Que répondriez-vous à PropriCorp, éditeur du logiciel éducatif PropriSoft ?

Jeremybarwick - CC byLe Framablog vous invite à participer à un petit débat autour des arguments d’une société de logiciels propriétaires spécialisée en éducation. En admettant bien entendu que la problématique soit correctement exposée…

C’est bientôt la fin de l’année pour nos charmantes têtes blondes. C’est également la période où les établissements scolaires préparent et budgétisent la rentrée suivante.

Les éditeurs ne l’ignorent pas et nous abreuvent (nous les profs) de courriers publicitaires vantant les mérites de leurs produits.

C’est l’un de ces courriers qu’a récemment reçu l’un de nos fidèles lecteurs (et néanmoins collègue). Nous vous en proposons un extrait ci-dessous, non pas pour dénoncer de tels agissements mais parce que nous estimons qu’il y a là matière à discussion.

Bien que professionnel et non sollicité, il s’agissait d’un mail privé. C’est pourquoi nous avons délibérément choisi de changer les noms de la société (appelons-là « PropriCorp ») et de son logiciel (« PropriSoft »), ainsi que du logiciel libre « concurrent » dont il est fait mention (« LibroSoft »).

Je précise que je connais un peu le logiciel « PropriSoft » en question, qui est effectivement d’une grande qualité. Mais je connais encore mieux le logiciel « LibroSoft », qui n’a pas grand chose à lui envier (et qui figure d’ailleurs dans notre annuaire de logiciels libres Framasoft). Pour information ce logiciel libre a été créé et est maintenu principalement à l’étranger, ceci expliquant aussi un peu cela[1].

Mais il est temps de vous faire lire le passage où la société « PropriCorp » fait réponse à sa propre question.

Pourquoi PropriSoft n’est-il pas gratuit ? A quoi sert l’argent des licences PropriSoft ?

PropriCorp maintient (…) une douzaine d’emplois très qualifiés. La totalité des revenus issus des ventes de licences des logiciels PropriSoft sert à financer les salaires, charges et toutes les dépenses d’investissement dans de nouveaux logiciels pédagogiques.

Le Fondateur (…) commente :

« Il y a un contrat moral fort entre PropriCorp et la communauté enseignante qui est souvent très consciente des limites des logiciels gratuits, dont certains comme LibroSoft ont copié PropriSoft. Fondamentalement, ils n’innovent pas et ne créent pas d’emplois, ni en France ni ailleurs, et vivent de subventions publiques.

En optant pour les logiciels PropriSoft et en soutenant une petite entreprise française comme PropriCorp, les enseignants savent qu’ils soutiennent l’innovation et les outils pédagogiques sur le long terme, et cela dans l’intérêt de la qualité du système éducatif.

Rapporté à la durée d’utilisation, le coût d’une licence PropriSoft est inférieur à 0.09 euros par élève et par an, ce qui est souvent marginal au regard des investissements des collectivités en équipement TICE pour les établissements scolaires.

Malgré le contexte économique actuel difficile et la tentation de quelques-uns de privilégier les outils gratuits, nous comptons sur ce contrat moral avec les enseignants prescripteurs pour poursuivre les projets engagés, créer de nouveaux emplois qualifiés en 2009 et 2010, et apporter de nouveaux logiciels PropriSoft. Ces outils innovants devraient concrètement faciliter le quotidien des enseignants et des élèves, au niveau primaire, collège et lycée.

En 2009 plus que jamais, nous leur disons merci et leur souhaitons un bon enseignement avec PropriSoft ! »

Si votre établissement ne dispose pas encore de licences PropriSoft, vous trouverez ci-joint une offre promotionnelle pour bien préparer la rentrée.

Voilà. D’un côté les limites, le copiage, le manque d’innovation, les subventions publiques… Et de l’autre côté la qualité, le soutien à l’investissement, à la création d’emplois et à la PME nationale, sur fond de « contrat moral » avec les enseignants. Il y aurait bien quelque chose à dire, non ?

À commencer peut-être par se demander pourquoi ne parle-t-on que de logiciels gratuits alors que le concurrent cité, « LibroSoft », est bel et bien un logiciel libre. N’est-ce pas alors omettre l’essentiel et se priver d’évoquer les modèles économiques naissants autour de ce type si particulier de logiciels, a fortiori quand on se situe dans le secteur si particulier de l’éducation ?

Notes

[1] Crédit photo : Jeremybarwick (Creative Commons By)




Le petit livre mauve (et libre) de Nicolas Dupont-Aignan

Le petit livre mauve - Nicolas Dupont-Aignan - ILV - CC by-saTous ceux, nombreux, qui ont suivi les débats à l’Assemblée autour du projet de loi Création et Internet, auront peut-être découvert ou en tout cas retenu les noms de certains parlementaires qui auront tenté jusqu’au bout de refuser cette loi inique.

Le député Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, était de ceux-là.

Or, celui qui a comparé les pro-Hadopi « aux moines copistes qui voulaient emprisonner Gutenberg et interdire l’imprimerie », nous revient aujourd’hui avec un livre original et très certainement pionnier en son genre en France : Le petit livre mauve.

Ce livre, qui s’inscrit dans la perspective des élections européennes (à ce propos n’oubliez pas Le Pacte), est selon ses dires un abécédaire « de l’Europe qui marche sur la tête… et qu’il faut remettre sur ses deux jambes ! »

Il ne s’agit pas pour moi ici d’en faire la critique politique, mais de souligner que ce livre est rien moins que disponible chez InLibroVeritas[1], sous licence, tenez-vous bien, Creative Commons By-Sa !

Et dans sa version print (comprendre vraie livre physique) il ne vous en coutera que 2 €.

Voici ce qu’on peut notamment lire sur le blog de Nicolas Dupont-Aignan :

Ce livre est publié par Inlibroveritas, une maison d’édition originale qui fait le pari innovant de l’émergence d’un nouveau modèle économique et culturel du livre, fondé sur l’accès gratuit aux œuvres sur internet. Créée en 2005 par Mathieu Pasquini, Inlibroveritas édite des livres sous licences totalement libres de droits, qui sont diffusés à la fois sur support physique payant et sur support numérique gratuit par internet. Le site communautaire d’Inlibroveritas constitue ainsi une sorte de bibliothèque ouverte contenant toutes les œuvres publiées par cette maison et qui draine plus d’un million et demi de connexions par mois. La démarche d’Inlibroveritas s’inscrit dans le concept d’ « édition équitable », qui est un peu au livre ce que la licence globale – l’un des combats majeurs de Debout la République – est à la musique et au cinéma.

Ce n’est certainement pas ceci qui me fera voter pour lui, mais cela y participe.

D’autant qu’avec ce modèle il est bien plus facile de s’informer de ce que l’homme politique a à dire et à proposer.

Notes

[1] Il est également à noter qu’InLibroVeritas inaugure une nouvelle collection, Science Libre, avec comme premier ouvrage L’évolution du vivant expliquée à ma boulangère de Virginie Népoux (toujours sous la très libre licence Creative Commons By-Sa).