L’actualité récente nous invite à republier avec son accord l’article de Kazhnuz sur son blog (il est sous licence CC BY-SA 4.0) qui souligne un point assez peu observé de la stratégie d’Elon Musk : elle n’est guère innovante et ne vise qu’à ajouter un X aux GAFAM pour capter une base utilisateur à des fins mercantiles…
L’annonce a été faite le 23 juillet, Twitter va être remplacé par X, le « rêve » de Musk de créer l’app-à-tout-faire à la WeChat en Chine. Le logo va être changé, et la marque Twitter va être abandonnée au profit de celle de X, et le domaine x.com redirige déjà vers Twitter. Le nom a déjà été utilisé jadis par Musk pour sa banque en ligne (qui après moult péripéties deviendra Paypal, justement parce que le nom est nul et pose des tonnes de soucis – ressembler à un nom de site X justement), et cette fois comme y’a personne pour lui dire « stop mec ton idée pue », il le fait.
Cependant, je pense qu’il y a quelques trucs intéressants à dire sur la situation, parce qu’au final, plus qu’une « lubie de Musk », il y a dedans quelque chose qui informe de la transformation faite de twitter, et de la façon dont Musk fait juste partie d’un mouvement fortement présent dans la Silicon Valley.
Encore un
Je pense qu’il ne faut pas voir ce changement de nom comme quelque chose de si surprenant, imprévisible, parce que c’est jouer le jeu de Musk de croire qu’il est l’électron libre qu’il prétend être. Parce que même s’il va plus loin en changeant carrément la marque du produit, Musk ne fait (encore une fois) que copier-coller un comportement déjà présent dans le milieu de la tech.
Parce qu’au final, Twitter appartenant et devenant X Corp, c’est comme Facebook qui devient Meta Plateform, ou Google qui devient Alphabet Inc. Un changement en grande partie pour tenter de forger la « hype », l’idée que le site fait partie de quelque chose de plus grand, du futur, de ce qui va former l’Internet – non la vie – de demain. Bon je pense que ça se voit que je suis un peu sarcastique de tout ça, mais y’a cette idée derrière les grandes entreprises de la tech. Elles ne sont plus dans l’idée de tourner autour de quelques produits, elles se présentent comme le « futur ». X Corp n’est qu’une tentative de créer un autre GAFAM, et fait partie des mêmes mouvements, des mêmes visions, du même aspect « techbro ».
C’est pour ça que le nom « rigolo » est moins mis en avant par rapport au nom plus « générique-mais-cool-regardez ». Meta, pour ceux qui vont au-delà et le métavers. X pour la variable inconnue. Alphabet pour aller de A à Z. Tout cela est de l’esbroufe, parce que plus que vendre un produit, ils vendent de la hype aux investisseurs.
Et le fait que Musk a voulu réutiliser ce nom dans le passé ne change pas grand-chose à tout ça. Le but, l’ego est le même. Donner l’impression qu’on est face à une grosse mégacorporation du futur. Et ce manque d’originalité n’est pas que dans le changement de nom, mais aussi au final dans son plan derrière tout ça : transformer Twitter en une marketplace.
X, une autre marketplace
Le passage de Twitter à X.com, montre le même cœur que les metaverse et crypto… et au final une grande partie des transformations qui se sont produites : tout transformer en marketplace, enrobé dans une esthétique de technofuturisme. Cela se voit encore plus dans le message de Linda Yaccarino, la CEO de Twitter :
X est l’état futur de l’interactivité illimitée – centrée sur l’audio, la vidéo, la messagerie, les paiements/les banques – créant une place de marché globale pour les idées, les biens, les services et les opportunités. Propulsé par l’IA, X va nous connecter d’une manière que nous commençons juste à imaginer.
— Linda Yaccarino, twitter
On peut remarquer deux choses dans ce message :
Le premier est qu’il n’y a rien d’original dedans. Nous y retrouvons exactement la même chose que l’on retrouvait à l’époque des crypto et des NFT : le truc qui fait tout mais surtout des trucs qui existent déjà, et basé sur la technologie du turfu. Y’a déjà 500 plateformes pour faire payer pour des services, que ce soit en crowdfunding, au format « patreon », via des commissions, etc. Des ventes de biens sur internet, y’a aussi des tonnes de moyens, etc. Tout ce qui est rajouté c’est « on va faire tous ces trucs qui existent déjà, et on a dit « IA » dedans donc c’est le futur ça va tout révolutionner tavu ». C’est le modus operandi classique, et il n’y a rien d’original dans ce que propose Twitter. D’ailleurs, le rôle que peut avoir l’IA dedans est très vague : est-ce que c’est pour modifier les algorithmes ? (cela ne sert pas à grand-chose, on les hait tous déjà). Est-ce que c’est pour pouvoir générer des produits par IA pour les vendre ? Le produit que veut proposer X Corp n’a pas besoin d’IA pour fonctionner, elle est là juste pour dire « c’est le futur », et hyper les investisseurs.
Le second est que cela transforme l’idée de base de Twitter (l’endroit où les gens parlent) en avant tout une « place de marché », comme indiqué plus haut. Twitter était le lieu de la discussion, du partage de l’idée à la con qu’on a eue sous la douche. D’où le format du microblogging. Là aussi, même cet aspect devient quelque chose de commercialisable, ce qui rappelle encore une fois le mouvement qu’il y avait eu autour de la crypto et des NFT : tout doit pouvoir devenir commercialisable, tout doit pouvoir devenir un produit. C’est aussi ce mouvement qui fait qu’on a de plus en plus de « jeux-services », qui servent avant tout à vendre des produits dématérialisés n’ayant de valeur qu’à l’intérieur du jeu (et encore). Beaucoup de jeux ne peuvent plus juste « être un jeu », ils doivent être une « marketplace ».
Conclusion
La transformation de twitter en X n’est donc pas une surprise – en plus du fait que c’était annoncé depuis longtemps. Il ne s’agit que d’un phénomène qui arrive tout le temps sur Internet. Une volonté de transformer un site populaire en une « place de marché du futur » pour hyper des investisseurs. Encore une fois.
Et au final, on sait bien ce qu’a acheté Musk quand il a acheté Twitter. Il n’a pas acheté un produit. Il a acheté une userbase (une base d’utilisateurs et utilisatrices) pour l’injecter directement dans le nouveau produit qu’il voulait faire. C’est assez ironique de voir que Twitter a fini de la même manière que certains comptes populaires : revendu pour être renommé et envoyer sa pub à des tonnes d’utilisateurs.
David Revoy, un artiste face aux IA génératives
Depuis plusieurs années, Framasoft est honoré et enchanté des illustrations que lui fournit David Revoy, comme sont ravi⋅es les lectrices et lecteurs qui apprécient les aventures de Pepper et Carrot et les graphistes qui bénéficient de ses tutoriels. Ses créations graphiques sont sous licence libre (CC-BY), ce qui est un choix courageux compte tenu des « éditeurs » dépourvus de scrupules comme on peut le lire dans cet article.
Cet artiste talentueux autant que généreux explique aujourd’hui son embarras face aux IA génératives et pourquoi son éthique ainsi que son processus créatif personnel l’empêchent de les utiliser comme le font les « IArtistes »…
Intelligence artificielle : voici pourquoi je n’utiliserai pas pour mes créations artistiques de hashtag #HumanArt, #HumanMade ou #NoAI
par David REVOY
« C’est cool, vous avez utilisé quel IA pour faire ça ? »
« Son travail est sans aucun doute de l’IA »
« C’est de l’art fait avec de l’IA et je trouve ça déprimant… »
… voilà un échantillon des commentaires que je reçois de plus en plus sur mon travail artistique.
Et ce n’est pas agréable.
Dans un monde où des légions d’IArtistes envahissent les plateformes comme celles des médias sociaux, de DeviantArt ou ArtStation, je remarque que dans l’esprit du plus grand nombre on commence à mettre l’Art-par-IA et l’art numérique dans le même panier. En tant qu’artiste numérique qui crée son œuvre comme une vraie peinture, je trouve cette situation très injuste. J’utilise une tablette graphique, des layers (couches d’images), des peintures numériques et des pinceaux numériques. J’y travaille dur des heures et des heures. Je ne me contente pas de saisir au clavier une invite et d’appuyer sur Entrée pour avoir mes images.
C’est pourquoi j’ai commencé à ajouter les hashtags #HumanArt puis #HumanMade à mes œuvres sur les réseaux sociaux pour indiquer clairement que mon art est « fait à la main » et qu’il n’utilise pas Stable Diffusion, Dall-E, Midjourney ou n’importe quel outil de génération automatique d’images disponible aujourd’hui. Je voulais clarifier cela pour ne plus recevoir le genre de commentaires que j’ai cités au début de mon intro. Mais quel est le meilleur hashtag pour cela ?
Je ne savais pas trop, alors j’ai lancé un sondage sur mon fil Mastodon
Résultats
Sur 954 personnes qui ont voté (je les remercie), #HumanMade l’emporte par 55 % contre 30 % pour #HumanArt. Mais ce qui m’a fait changer d’idée c’est la diversité et la richesse des points de vue que j’ai reçus en commentaires. Bon nombre d’entre eux étaient privés et donc vous ne pouvez pas les parcourir. Mais ils m’ont vraiment fait changer d’avis sur la question. C’est pourquoi j’ai décidé de rédiger cet article pour en parler un peu.
Critiques des hashtags #HumanMade et #HumanArt
Tout d’abord, #HumanArt sonne comme une opposition au célèbre tag #FurryArt de la communauté Furry. Bien vu, ce n’est pas ce que je veux.
Et puis #HumanMade est un choix qui a été critiqué parce que l’IA aussi était une création humaine, ce qui lui faisait perdre sa pertinence. Mais la plupart des personnes pouvaient facilement comprendre ce que #HumanMade signifierait sous une création artistique. Donc 55 % des votes était un score cohérent.
J’ai aussi reçu pas mal de propositions d’alternatives comme #HandCrafted, #HandMade, #Art et autres suggestions.
Le succès de #NoAI
J’ai également reçu beaucoup de suggestions en faveur du hashtag #NoAI, ainsi que des variantes plus drôles et surtout plus crues. C’était tout à fait marrant, mais je n’ai pas l’intention de m’attaquer à toute l’intelligence artificielle. Certains de ses usages qui reposent sur des jeux de données éthiques pourraient à l’avenir s’avérer de bons outils. J’y reviendrai plus loin dans cet article.
De toutes façons, j’ai toujours essayé d’avoir un état d’esprit « favorable à » plutôt que « opposé à » quelque chose.
C’est aux artistes qui utilisent l’IA de taguer leur message
Ceci est revenu aussi très fréquemment dans les commentaires. Malheureusement, les IArtistes taguent rarement leur travail, comme on peut le voir sur les réseaux sociaux, DeviantArt ou ArtStation. Et je les comprends, vu le nombre d’avantages qu’ils ont à ne pas le faire.
Pour commencer, ils peuvent se faire passer pour des artistes sans grand effort. Ensuite, ils peuvent conférer à leur art davantage de légitimité à leurs yeux et aux yeux de leur public. Enfin, ils peuvent probablement éviter les commentaires hostiles et les signalements des artistes anti-IA des diverses plateformes.
Je n’ai donc pas l’espoir qu’ils le feront un jour. Je déteste cette situation parce qu’elle est injuste.
Mais récemment j’ai commencé à apprécier ce comportement sous un autre angle, dans la mesure où ces impostures pourraient ruiner tous les jeux de données et les modèles d’apprentissage : les IA se dévorent elles-mêmes.
Quand David propose de saboter les jeux de données… 😛
Pas de hashtag du tout
La dernière suggestion que j’ai fréquemment reçue était de ne pas utiliser de hashtag du tout.
En effet, écrire #HumanArt, #HumanMade ou #NoAI signalerait immédiatement le message et l’œuvre comme une cible de qualité pour l’apprentissage sur les jeux de données à venir. Comme je l’ai écrit plus haut, obtenir des jeux de données réalisées par des humains est le futur défi des IA. Je ne veux surtout pas leur faciliter la tâche.
Il m’est toujours possible d’indiquer mon éthique personnelle en écrivant « Œuvre réalisée sans utilisation de générateur d’image par IA qui repose sur des jeux de données non éthiques » dans la section d’informations de mon profil de média social, ou bien d’ajouter simplement un lien vers l’article que j’écris en ce moment même.
Conclusion et considérations sur les IA
J’ai donc pris ma décision : je n’utiliserai pour ma création artistique aucun hashtag, ni #HumanArt, ni #HumanMade, ni #NoAI.
Je continuerai à publier en ligne mes œuvres numériques, comme je le fais depuis le début des années 2000.
Je continuerai à tout publier sous une licence permissive Creative Commons et avec les fichiers sources, parce que c’est ainsi que j’aime qualifier mon art : libre et gratuit.
Malheureusement, je ne serai jamais en mesure d’empêcher des entreprises dépourvues d’éthique de siphonner complètement mes collections d’œuvres. Le mal est en tout cas déjà fait : des centaines, voire des milliers de mes illustrations et cases de bandes dessinées ont été utilisées pour entraîner leurs IA. Il est facile d’en avoir la preuve (par exemple sur haveibeentrained.com ou bien en parcourant le jeu de données d’apprentissage Laion5B).
Je ne suis pas du tout d’accord avec ça.
Quelles sont mes possibilités ? Pas grand-chose… Je ne peux pas supprimer mes créations une à une de leur jeu de données. Elles ont été copiées sur tellement de sites de fonds d’écran, de galeries, forums et autres projets. Je n’ai pas les ressources pour me lancer là-dedans. Je ne peux pas non plus exclure mes créations futures des prochaines moissons par scans. De plus, les méthodes de protection comme Glaze me paraissent une piètre solution au problème, je ne suis pas convaincu. Pas plus que par la perspective d’imposer des filigranes à mes images…
Ne vous y trompez pas : je n’ai rien contre la technologie des IA en elle-même.On la trouve partout en ce moment. Dans le smartphones pour améliorer les photos, dans les logiciels de 3D pour éliminer le « bruit » des processeurs graphiques, dans les outils de traduction [N. de T. la présente traduction a en effet été réalisée avec l’aide DeepL pour le premier jet], derrière les moteurs de recherche etc. Les techniques de réseaux neuronaux et d’apprentissage machine sur les jeux de données s’avèrent très efficaces pour certaines tâches.
Les projets FLOSS (Free Libre and Open Source Software) eux-mêmes comme GMIC développent leurs propres bibliothèques de réseaux neuronaux. Bien sûr elles reposeront sur des jeux de données éthiques. Comme d’habitude, mon problème n’est pas la technologie en elle-même. Mon problème, c’est le mode de gouvernance et l’éthique de ceux qui utilisent de telles technologies.
Pour ma part, je continuerai à ne pas utiliser d’IA génératives dans mon travail (Stable Diffusion, Dall-E, Midjourney et Cie). Je les ai expérimentées sur les médias sociaux par le passé, parfois sérieusement, parfois en étant impressionné, mais le plus souvent de façon sarcastique .
Je n’aime pas du tout le processus des IA…
Quand je crée une nouvelle œuvre, je n’exprime pas mes idées avec des mots.
Quand je crée une nouvelle œuvre, je n’envoie pas l’idée par texto à mon cerveau.
C’est un mixage complexe d’émotions, de formes, de couleurs et de textures. C’est comme saisir au vol une scène éphémère venue d’un rêve passager rendant visite à mon cerveau. Elle n’a nul besoin d’être traduite en une formulation verbale. Quand je fais cela, je partage une part intime de mon rêve intérieur. Cela va au-delà des mots pour atteindre certaines émotions, souvenirs et sensations.
Avec les IA, les IArtistes se contentent de saisir au clavier un certains nombre de mots-clés pour le thème. Ils l’agrémentent d’autres mots-clés, ciblent l’imitation d’un artiste ou d’un style. Puis ils laissent le hasard opérer pour avoir un résultat. Ensuite ils découvrent que ce résultat, bien sûr, inclut des émotions sous forme picturale, des formes, des couleurs et des textures. Mais ces émotions sont-elles les leurs ou bien un sous-produit de leur processus ? Quoi qu’il en soit, ils peuvent posséder ces émotions.
Les IArtistes sont juste des mineurs qui forent dans les œuvres d’art générées artificiellement, c’est le nouveau Readymade numérique de notre temps. Cette technologie recherche la productivité au moindre coût et au moindre effort. Je pense que c’est très cohérent avec notre époque. Cela fournit à beaucoup d’écrivains des illustrations médiocres pour les couvertures de leurs livres, aux rédacteurs pour leurs articles, aux musiciens pour leurs albums et aux IArtistes pour leurs portfolios…
Je comprends bien qu’on ne peut pas revenir en arrière, ce public se sent comme empuissanté par les IA. Il peut finalement avoir des illustrations vite et pas cher. Et il va traiter de luddites tous les artistes qui luttent contre ça…
Mais je vais persister ici à déclarer que personnellement je n’aime pas cette forme d’art, parce qu’elle ne dit rien de ses créateurs. Ce qu’ils pensent, quel est leur goût esthétique, ce qu’ils ont en eux-mêmes pour tracer une ligne ou donner tel coup de pinceau, quelle lumière brille en eux, comment ils masquent leurs imperfections, leurs délicieuses inexactitudes en les maquillant… Je veux voir tout cela et suivre la vie des personnes, œuvre après œuvre.
Vous pouvez soutenir la travail de David Revoy en devenant un mécène ou en parcourant sa boutique.
Berlin, March 2023 : Diary of the first ECHO Network study visit
From 27 to 31 March 2023, the first study visit of the European project ECHO Network took place in Berlin. This report looks back on this week of exchange on the theme of « Young people, social networks and political education« , organised by the Willi Eichler Academy.
In order to promote the values of the Ethical, Commons, Humans, Open-Source Network project, the Framasoft participants wanted to travel to Berlin by train. So Monday and Friday of this exchange week were dedicated to transport.
The day of departure was a national strike day in Germany (where a rail strike = no trains running!). As a result, only 3 of the 4 Framasoft members who had planned to take part in the project were able to make it.
When you think of trains, you think of time, where transport is an integral part of the journey. In fact, it takes 9 hours by train from Paris, or even 13 hours from Nantes… And you should add 1 or 2 hours (or even half a day) for « contingency management » (delays, cancellations, changes of train). Travelling to Germany by train was an adventure in itself (and the feeling seems to be shared!).
Tuesday 28 March: Discoveries and visits off the beaten track
After a brief meeting with the first participants the day before, Tuesday will continue with the aim of getting to know each other (arrivals will continue throughout the day due to changes in the itinerary caused by the strike the day before).
Tuesday morning will begin with a visit to the Jewish Cemetery of Berlin-Weißensee, the largest Jewish cemetery in Europe. Nature takes over in this historic place.
In the afternoon we visit a former Stasi prison, Berlin-Hohenschönhausen. This visit made a particularly strong impression on us: the site was created by former prisoners, the prison wasn’t closed until 1990, and many of the people who tortured prisoners were never brought to justice. In short, a dark page of history, but one that needs to be shared (we recommend the visit!)…
The day will end with a convivial meal in a traditional restaurant.
Wednesday 29 March: young, old and social networks
Discussion: What do we think about social networks in our organisations?
The first workshop was a round-table discussion in which each participant shared his or her use of and views on social networks, and in particular TikTok, the medium that will be used in the following workshop.
To summarise:
There is little use of social media from a personal point of view in the group.
On the other hand, the majority of the group use social media to promote their organisation’s activities (Facebook, Twitter, Instagram and Mastodon).
No one in the group uses TikTok, which poses a problem for understanding this social media.
As part of their organisation’s activities, the majority of the group would like to reach out more to young people and it seems interesting to find them where they are, i.e. on social media.
The group fully agreed that social media are not neutral tools and try to monopolise the attention of their users.
This time of exchange therefore allowed us to see that we share the same values, difficulties and desires when it comes to social media. However, we felt that the ‘one at a time’ format lacked some dynamism in the exchanges and the opportunity for several people to discuss.
Feedback from a student workshop: raising awareness of social issues in a TikTok video
Alongside our morning discussions on social media, 2 groups of students from the Brillat-Savarin school worked on a video project. They had to produce a TikTok video (one per group) to show the impact of the European Union (1st group) and climate change (2nd group) on their work as chefs. The videos were shown to us (incredible quality in 2 hours of work!) and then we exchanged views on the topic.
What we took away from this workshop:
The students were between 18 and 22 years old and did not use TikTok. According to the students, this social network is aimed at people younger than them (« young » is too broad a term!). However, they had mastered the codes of the platform as they were regularly exposed to TikTok content on other platforms such as Instagram and YouTube.
In any case, they wouldn’t necessarily want to use a social network to watch political content, preferring a more recreational use of the network (like watching videos of kittens!), even if they claim to be political.
They found it particularly interesting to get a message across in videos and to question themselves on issues that directly affect them.
It was an interesting experiment, even if the plenary discussions did not allow everyone to participate.
Thursday 30th March: Politics and Open Source
Reflect EU&US: the Willi Eichler Academy project
Funded to the tune of €500,000 by Marshall Plan leftovers, Reflect EU&US is a 2-year project (2022-2024) by the Willi Eichler Academy. Its aim? To organise discussions between students outside the university environment, remotely and anonymously.
Points to remember:
The project involves 60 students (30 from the United States and 30 from Germany), with a physical meeting planned at the very end of the project to lift the masks.
Topics covered include justice, racism, gender and politics.
Following the discussions, a library of documents will be created, which will allow the various sources (texts, articles, videos, podcasts, etc.) to be validated (or not).
Anonymity makes it easier to accept contradictory opinions.
The management of the groups can be complicated by anonymity, but it is an integral part of the project.
From a technical point of view, the platform is based on the OpenTalk tool and was chosen to provide this space for free exchange, with the creation of coloured cards as avatars, making it possible to guarantee the anonymity of the participants. The choice of open source technologies was made specifically with the aim of reassuring participants so that they could exchange in complete peace of mind. This was followed by a live test of the platform with the students (in German, which didn’t allow us to understand everything!).
Open source meets politics
The afternoon continued with a talk by Peer Heinlein, director of OpenTalk, on « True digital independence and sovereignty are impossible without open source ». You can imagine that we at Framasoft have an opinion on this, even if we don’t feel strongly about it… Discussions with the audience followed on open source software, privacy and data encryption.
The next speaker was Maik Außendorf, representative of the Green Party in the European Parliament. Among other things, we discussed how digital technology can help the ecological transition. We learnt that German parliamentarians do not have a choice when it comes to using digital tools, and that national coherence is difficult to achieve with the decentralised organisation of Germany into Länder.
The study visit ended in a restaurant, where we had the opportunity to talk with a SeaWatch activist, highlighting the common values and reflections of the different organisations (precariousness of associations, the need to propose alternatives to the capitalist world, the need for free and emancipatory digital technologies).
An intense week!
We were particularly surprised and excited by the common visions shared by the participants and organisations, whether it be about emancipatory digital, the desire to move towards a world that is more like us, where cooperation and contribution move forward, and the question of how to share our messages while remaining coherent with what we defend.
Although the majority of the week was built around plenary workshops, which did not always encourage exchange between participants or spontaneous speaking, the informal times (meals, coffee breaks, walks) made it possible to create these essential moments.
What next for the ECHO network? The second study visit took place in Brussels from 12 to 16 June. A summary article will follow on the Framablog (but as always, we’ll take our time!).
Berlin, mars 2023 : journal de bord de la première visite d’études d’ECHO Network
Du 27 au 31 mars 2023, la première visite d’études du projet européen ECHO Network s’est tenue à Berlin. Ce compte rendu retrace cette semaine d’échanges sur la thématique « jeunes, réseaux sociaux et éducation politique », organisée par Willi Eichler Akademy.
Pour pousser les valeurs du projet Ethical, Commons, Humans, Open-Source Network (Réseau autour de l’Éthique, les Communs, les Humain⋅es et l’Open-source), les participant⋅es de Framasoft souhaitaient favoriser le train pour se rendre à Berlin. Ainsi, le lundi et le vendredi de cette semaine d’échange étaient banalisés pour le transport.
Les contre-temps faisant partie du voyage, le jour des départs était un jour de grève nationale en Allemagne (où grève ferroviaire = zéro train qui circule !). Ainsi, sur les 4 membres de Framasoft prévu⋅es sur le projet, seul⋅es 3 ont pu se rendre sur place.
Qui dit train dit aussi temps investi, où le transport fait partie intégrante du voyage. En effet, il faut prévoir 9 heures de train depuis Paris, ou encore 13 heures depuis Nantes… Et à cela, il est fortement conseillé d’ajouter 1h ou 2h (voire une demi-journée) de « gestion des imprévus » (retards, annulations, changements de train). Se rendre en Allemagne en train nous a semblé une aventure à part entière (et ce ressenti semble partagé !).
Mardi 28 mars : découvertes et visites hors sentiers touristiques
Après avoir rencontré brièvement la veille les premières et premiers participant⋅es, la journée du mardi continue avec l’objectif de se découvrir les un⋅es les autres (les arrivées se feront au compte-gouttes sur toute la journée suite aux changements d’itinéraire dus à la grève de la veille).
Nous entamons le mardi matin avec une visite du Cimetière juif de Weißensee de Berlin, le plus grand cimetière juif d’Europe. La nature prend le dessus dans ce lieu empreint d’histoire.
Nous nous dirigeons ensuite l’après-midi vers une ancienne prison de la Stasi, la prison de Berlin-Hohenschönhausen. Cette visite nous aura particulièrement marqué⋅es : le site a été créé par d’ancien⋅nes prisonnier⋅ères, la prison n’a fermé qu’en 1990, et de nombreuses personnes ayant torturé des prisonnier⋅ères n’ont jamais été jugées. Bref, une page d’histoire sombre mais qu’il est nécessaire de partager (nous conseillons la visite !)…
La journée se terminera par un moment convivial dans un restaurant traditionnel.
Mercredi 29 mars : jeunes, moins jeunes et réseaux sociaux
Discussion : on pense quoi des réseaux sociaux dans nos organisations ?
Le premier atelier a été un tour de table où chaque participant⋅e partageait son utilisation et point de vue sur les réseaux sociaux, et particulièrement TikTok, média sur lequel sera utilisé l’atelier suivant.
Ce que l’on peut résumer :
Il y a peu d’utilisation des médias sociaux d’un point de vue personnel dans le groupe.
Les médias sociaux sont par contre utilisés par la majorité du groupe pour mettre en valeur les actions de son organisation (Facebook, Twitter, Instagram et Mastodon).
Personne dans le groupe n’utilise TikTok ce qui pose problème pour comprendre ce média social.
Dans le cadre des activités de leur organisation, la majorité du groupe souhaiterait toucher davantage les jeunes et il semble intéressant de les trouver là où iels sont, donc sur les médias sociaux.
Le groupe est tout à fait d’accord sur le fait que les médias sociaux ne sont pas des outils neutres et cherchent à monopoliser l’attention de ses utilisateur⋅rices.
Ce temps d’échange a donc permis de voir que nous partageons les mêmes valeurs, difficultés et envies sur les médias sociaux. Cependant, le format « chacun son tour de parole » nous a semblé manquer un peu de dynamisme dans les échanges et de possibilité de discuter à plusieurs.
Retour d’atelier d’étudiant⋅es : sensibiliser sur des sujets de société dans une vidéo TikTok
En parallèle de nos échanges du matin sur les médias sociaux, 2 groupes d’étudiant⋅es de la Brillat-Savarin School ont travaillé sur un projet vidéo. Ils devaient produire une vidéo TikTok (une par groupe) pour montrer l’impact sur leur métier de cuisinier⋅ère de l’Union Européenne (1er groupe) et du changement climatique (2ème groupe). Les vidéos nous ont été présentées (incroyable la qualité en 2 heures de travail !), puis nous avons échangé sur le sujet.
Ce que nous retenons de cet atelier :
Les étudiant⋅es avaient entre 18 et 22 ans, et n’utilisent pas TikTok . Selon les étudiant⋅es, ce réseau social est tourné pour une cible plus jeune qu’elles et eux (« jeunes » est un terme trop large !). Par contre iels maîtrisaient les codes de la plateformes, étant régulièrement exposé⋅es à du contenu issu de TikTok sur d’autres plateformes telles que Instagram ou YouTube .
Iels n’auraient de toute façon pas forcément envie d’utiliser un réseau social pour voir du contenu politique, préférant un usage plus récréatif du réseau (comme regarder des vidéos de chatons par exemple !), même lorsqu’iels se revendiquent politisé⋅es.
Iels ont trouvé la démarche particulièrement intéressante de faire passer un message en vidéos, et se questionner sur des sujets les impliquant directement.
L’expérimentation aura été intéressante, même si les échanges en plénière ne permettaient pas l’implication de chacun et chacune.
Jeudi 30 mars : politique et open source
Reflect EU&US : le projet de la Willi Eichler Akademy
Financé à hauteur de 500k€ par des restes du plan Marshall, Reflect EU&US est un projet sur 2 ans (2022-2024) de la Willi Eichler Akademy. L’objectif ? Organiser des discussions entre étudiant⋅es en dehors du cadre universitaire, à distance et en restant dans l’anonymat.
Les points à retenir :
Le projet investit 60 étudiant·es (30 des Etats-Unis et 30 d’Allemagne), une rencontre physique est prévue à la toute fin du projet pour lever les masques.
Des sujets traités tels que : justice, racisme, genre, politique.
Une bibliothèque de documents est alimentée suite aux discussions, permettant de valider (ou non) les différentes sources (textes, articles, vidéos, podcasts, etc).
L’anonymat permet plus facilement d’assumer des opinions contradictoires.
L’animation des groupes peut être compliquée par l’anonymat, mais fait partie intégrante du projet.
D’un point de vue technique, la plateforme est basée sur l’outil OpenTalk et a été choisie pour avoir cet espace d’échange libre, avec la création de cartes de couleurs comme avatar, permettant de garantir l’anonymat des participant⋅es. Le choix de technologies open-source a été fait spécifiquement dans le but de rassurer les participant⋅es pour qu’iels puissent échanger en toute tranquillité. Un test en direct de la plateforme a suivi avec des étudiant⋅es (en allemand, ce qui ne nous a pas permis de tout comprendre !).
Rencontres entre open source et politique
L’après-midi a continué avec l’intervention de Peer Heinlein, directeur d’OpenTalk, sur le sujet « L’indépendance et la souveraineté numérique réelle sont impossibles sans l’open-source ». Vous vous doutez bien qu’à Framasoft, même si ce n’est pas un aspect qui nous tient à cœur, nous avons un avis sur la question… Des échanges ont suivi avec les participant·e·s sur les logiciels open source, la protection des données personnelles, ou encore le chiffrement des données.
C’est ensuite Maik Außendorf, représentant du Green Party au parlement qui est intervenu. Nous avons, entre autre, échangé sur le numérique pour aider la transition écologique. Nous avons appris que les parlementaires allemand⋅es n’ont pas le choix dans leur utilisation d’outils numériques et qu’une cohérence nationale semble compliquée à mettre en place avec l’organisation décentralisée de l’Allemagne en Länder.
La clôture de la visite d’études a eu lieu dans un restaurant, où nous avons pu notamment échanger avec un activiste de SeaWatch, mettant particulièrement en avant valeurs communes et réflexions partagées entre les différentes organisations (précarisation des associations, nécessité de proposer des alternatives au monde capitaliste, nécessité d’un numérique libre et émancipateur).
Une semaine intense !
Nous avons particulièrement été surpris⋅es et enthousiastes par les visions communes partagées entre participant⋅es et organisations, que ce soit sur le numérique émancipateur, l’envie d’aller vers un monde qui nous ressemble plus, où la coopération et la contribution vont de l’avant et les questionnements sur comment partager nos messages en restant cohérent⋅es avec ce que l’on défend.
Bien que la majorité de la semaine ait été construite sous forme d’ateliers en plénière, ne favorisant pas toujours les échanges entre participant⋅es ou les prises de parole spontanées, les temps informels (repas, pauses café, balades) auront permis de créer ces moments essentiels.
Et la suite d’ECHO Network ? La seconde visite d’études a eu lieu à Bruxelles du 12 au 16 juin. Un article récap’ suivra sur le Framablog (mais comme toujours : on se laisse le temps !).
Dorlotons Dégooglisons, c’est plus de soin, d’énergie et de temps dédié à nos services en ligne. Nous clôturons aujourd’hui la collecte lancée le 23 mai pour nous aider à financer l’épisode 1, et l’objectif a été atteint (et même plus !). Un sincère MERCI : merci de votre soutien pour ce nouveau projet qui ne serait pas réalisable sans vous ❤️.
« Dorlotons Dégooglisons »
Consacrer plus de temps et d’énergie à nos services en ligne, c’est un nouveau cap que nous voulons suivre. Et nous pourrons le garder grâce à vous, grâce à vos dons ! En savoir plus sur le site Soutenir Framasoft.
Dorlotons Dégooglisons, un projet qui NOUS tient à cœur
Le projet à long terme « Dorlotons Dégooglisons » c’est une manière pour nous de montrer le soin que nous consacrons à nos services : de la gestion à l’administration, en passant par le support et la communication, sans oublier l’expertise technique. C’est sortir de l’ombre les 80 petites mains qui s’activent en coulisses pour vous permettre d’utiliser des services éthiques afin de retrouver de l’autonomie, de l’esprit critique et de la liberté dans vos pratiques numériques.
« Dorlotons » Dégooglisons, c’est aussi (et surtout !) consacrer plus de temps et d’énergie à nos services en ligne, dont certains peuvent sembler un peu à l’ancienne : nous allons dégager du temps salarié pour la coordination du projet et prendrons le temps de vous faire part des différentes avancées.
Dans ce premier épisode, nous avons mis en lumière les dorlotages déjà réalisés cette année (et souvent un peu passés à la trappe), tout en mettant un coup de projecteur sur le nouveau service Framagroupes (listes de discussions par email), ouvert le 7 juin.
Dorlotons Dégooglisons, un projet qui VOUS tient à cœur
Dorlotons Dégooglisons c’est aussi vous mobiliser : ces services en ligne, gratuits et utiles à près de 1,5 million de personnes par mois ont bien un coût, et il est financé par vous, par vos dons. Lancer cette collecte c’était aussi une manière de savoir si vous trouvez utile que l’on consacre plus de soin, de temps et d’énergie à nos services.
Alors on vous le dit haut et fort : MERCI ! Vous avez été au rendez-vous, et en seulement 12 jours l’objectif de 60 000 € était atteint ! À l’heure où nous publions ces lignes et après ces 22 jours d’animation, vous êtes plus de 1 500 personnes a avoir contribué, avec plus de 76 000 € collectés, soit 127 % de l’objectif fixé (et il reste encore quelques heures pour la collecte : elle ne ferme que ce soir à minuit !). Vraiment, encore une fois, MERCI ! Cette mobilisation nous confirme bien que prendre soin de nos services, les améliorer, et les mettre en avant, c’est réellement un projet qui vous motive autant que nous !
Le livre d’or de cette collecte est maintenant en ligne : vous y trouverez les petits mots que certaines et certains d’entre vous nous ont laissés (et que nous avons pris grand plaisir à lire !). Prendre conscience de l’utilité de nos actions, c’est ça qui nous motive à continuer, et le témoignage de Kris l’illustre vraiment très bien (aucun lien avec Khrys, l’autrice du Khrys’presso) (et promis, c’est pas pour frimer que nous le partageons, mais parce qu’il nous touche particulièrement !).
Merci à Framasoft de nous proposer ces services si utiles au quotidien pour fonctionner en groupe à distance : les pads pour les réunions, les framalistes, les framaforms ! On a tellement besoin de ça, de ces outils qui ne nous pistent pas, cherchent juste à être utiles sans vouloir capter du temps de cerveau, ni de l’argent. Merci aussi pour vos contributions à d’autres services, les efforts faits pour nous informer, et nous permettre de cheminer vers d’autres usages, pour vos réflexions partagées, et pour l’accompagnement que vous apportez aux collectifs pour sortir du tout Google. Merci pour votre engagement, et merci de toutes ces initiatives pour un numérique plus éthique, plus émancipateur et plus libre, loin du monopole et du fonctionnement capitaliste. Merci de vos propositions pour réfléchir le monde autrement (collecte et confiance, édition de livres libres…). Vous assurez grave ! Kris
La série va t-elle être reconduite ?
Clairement : OUI ! Tout d’abord, l’enthousiasme de la mobilisation pour cette collecte nous a montré que nous ne nous trompons pas de direction : vous estimez qu’il est nécessaire de consacrer davantage d’énergie à nos services en ligne et nous allons dégager plus de temps pour les améliorer.
Ce temps de collecte pour mettre en avant nos dorlotages réalisés cette année et présenter la démarche à venir nous rassure aussi quant au budget de notre association. Celui-ci repose à 94% sur des dons et dépend actuellement très (trop !) fortement des 3 dernières semaines de décembre, où sont réalisés 50 % des dons de l’année (chiffres de 2022). Animer ce temps de mobilisation en milieu d’année nous permet à la fois :
de continuer l’année plus sereinement et d’être moins « en stress » en fin d’année pour boucler notre budget (enfin, on l’espère !). Cette expérimentation semble donc encourageante sur cet aspect.
de proposer un deuxième rendez-vous dans l’année pour parler de nos actions et faire un bilan (et rendre la fin d’année aussi plus digeste sur la quantité d’info qu’on vous transmet !)
Et alors, c’est quoi la suite pour Dorlotons Dégooglisons ? Nous allons élaborer une feuille de route pour gérer nos priorités, définir les prochains projets et trouver de potentiels prestataires… Bref nous avons encore du pain sur la planche pour les prochaines années. Et nous comptons bien refaire le point sur tout ça l’an prochain…
Encore un immense merci pour votre confiance et pour votre soutien !
Nous ouvrons volontiers nos colonnes aux témoignages de dégooglisation, en particulier quand il s’agit de structures locales tournées vers le public. C’est le cas pour l’interview que nous a donnée Fabrice, qui a entrepris de « dégafamiser » au sein de son association. Il évoque ici le cheminement suivi, depuis les constats jusqu’à l’adoption progressive d’outils libres et éthiques, avec les résistances et les passages délicats à négocier, ainsi que les alternatives qui se sont progressivement imposées. Nous souhaitons que l’exemple de son action puisse donner envie et courage (il en faut, certes) à d’autres de mener à leur tour cette « migration » émancipatrice.
Bonjour, peux-tu te présenter brièvement pour le Framablog ?
Je m’appelle Fabrice, j’ai 60 ans et après avoir passé près de 30 années sur Paris en tant que DSI, je suis venu me reposer au vert, à la grande campagne… Framasoft ? Je connais depuis très longtemps… Linux ? Aussi puisque je l’ai intégré dans une grande entreprise française, y compris sur des postes de travail, il y a fort longtemps…
Ce n’est que plus tard que j’ai pris réellement conscience du pouvoir néfaste des GAFAM et que je défends désormais un numérique Libre, simple, accessible à toutes et à tous et respectueux de nos libertés individuelles. Ayant du temps désormais à accorder aux autres, j’ai intégré une association en tant que bénévole, une asso qui compte un peu moins de 10 salariés et un budget annuel avoisinant les 400 K€.
Quel a été le déclencheur de l’opération de dégafamisation ?
En fait, quand je suis arrivé au sein de l’association le constat était un peu triste :
des postes de travail (PC sous Windows 7, 8, 10) poussifs, voire inutilisables, avec 2 ou 3 antivirus qui se marchaient dessus, sans compter les utilitaires en tout genre (Ccleaner, TurboMem, etc.)
une multitude de comptes Gmail à gérer (plus que le nb d’utilisateurs réels dans l’asso.)
des partages de Drive incontrôlables
des disques durs portables et autres clés USB qui faisaient office aussi de « solutions de partage »
un niveau assez faible de compréhension de toutes ces « technologies »
Il devenait donc urgent de « réparer » et j’ai proposé à l’équipe de remettre tout cela en ordre mais en utilisant des outils libres à chaque fois que cela était possible. À ce stade-là, je pense que mes interlocuteurs ne comprenaient pas exactement de quoi je parlais, ils n’étaient pas très sensibles à la cause du Libre et surtout, ils ne voyaient pas clairement en quoi les GAFAM posaient un problème…
En amont de votre « dégafamisation », avez-vous organisé en interne des moments pour créer du consensus sur le sujet et passer collectivement à l’action (lever aussi les éventuelles résistances au changement) ? Réunions pour présenter le projet, ateliers de réflexion, autres ?
Le responsable de la structure avait compris qu’il allait y avoir du mieux – personne ne s’occupait du numérique dans l’asso auparavant – et il a dit tout simplement « banco » à la suite de quelques démos que j’ai pu faire avec l’équipe :
démo d’un poste de travail sous Linux (ici c’est Mint)
démo de LibreOffice…
Pour être très franc, je ne pense pas que ces démos aient emballé qui que ce soit…
Franchement, il était difficile d’expliquer les mises à jour de Linux Mint à un utilisateur de Windows qui ne les faisait de toutes façons jamais, d’expliquer LibreOffice Writer à une personne qui utilise MS Word comme un bloc-notes et qui met des espaces pour centrer le titre de son document…
Néanmoins, après avoir dressé le portrait peu glorieux des GAFAM, j’ai tout de même réussi à faire passer un message : les valeurs de l’association (ici une MJC) sont à l’opposé des valeurs des GAFAM ! Sous-entendu, moins on se servira des GAFAM et plus on sera en adéquation avec nos valeurs !
Comment avez-vous organisé votre dégafamisation ? Plan stratégique machiavélique puis passage à l’opérationnel ? Ou par itérations et petit à petit, au fil de l’eau ?
Pour montrer que j’avais envie de bien faire et que mon bénévolat s’installerait dans la durée, j’ai candidaté pour participer au Conseil d’Administration et j’ai été élu. J’ai présenté le projet aux membres du C.A sans véritable plan, si ce n’est de remettre tout d’équerre avec du logiciel Libre ! Là encore, les membres du C.A n’avaient pas forcément une exacte appréhension le projet mais à partir du moment où je leur proposais mieux, ils étaient partants !
Le plan (étalé sur 12 mois) :
Priorité no1 : remettre en route les postes de travail (PC portables) afin qu’ils soient utilisables dans de bonnes conditions. Certains postes de moins de 5 ans avaient été mis au rebut car ils « ramaient »…
choix de la distribution : Linux Mint Cinnamon ou Linux Mint XFCE pour les machines les moins puissantes
choix du socle logiciel : sélection des logiciels nécessaires après analyse des besoins / observations
Priorité no 2 : stopper l’utilisation de Gmail pour la messagerie et mettre en place des boites mail (avec le nom de domaine de l’asso), boites qui avaient été achetées mais jamais utilisées…
Priorité no 3 : augmenter le niveau des compétences de base sur les outils numériques
Prorité no 4 : mettre en place un cloud privé afin de stocker, partager, gérer toutes les données de l’asso (350Go) et cesser d’utiliser les clouds des GAFAM…
Est-ce que vous avez rencontré des résistances que vous n’aviez pas anticipées, qui vous ont pris par surprise ?
Bizarrement, les plus réticents à un poste de travail Libre étaient ceux qui maîtrisaient le moins l’utilisation d’un PC… « Nan mais tu comprends, Windows c’est quand même vachement mieux… Ah bon, pourquoi ? Ben j’sais pô…c’est mieux quoi… »
* Quand on représente la plus grosse association de sa ville, il y a de nombreux échanges avec les collectivités territoriales et, on s’arrache les cheveux à la réception des docx ou pptx tout pourris… Il en est de même avec les services de l’État et l’utilisation de certains formulaires PDF qui ont un comportement étrange…
* Quand un utilisateur resté sous Windows utilise encore des solutions Google alors que nous avons désormais tout en interne pour remplacer les services Google, je ne me bats pas…
* Quand certains matériels (un Studio de podcast par exemple) requièrent l’utilisation de Windows et ne peuvent pas fonctionner sous Linux, c’est désormais à prendre en compte dans nos achats…
* Quand Il faut aussi composer avec les services civiques et autres stagiaires qui débarquent, ne jurent que par les outils d’Adobe et expliquent au directeur que sans ces outils, leur création est diminuée…
* Quand le directeur commence à douter sur le choix des logiciels libres, je lui rappelle gentiment que le véhicule de l’asso est une Dacia et non une Tesla…
* Quand on se rend compte qu’un mail provenant des serveurs Gmail est rarement considéré comme SPAM par les autres alors que nos premiers mails avec OVH et avec notre nom de domaine ont eu du mal à « passer » les premières semaines…et de temps en temps encore maintenant…
Est-ce qu’au contraire, il y a eu des changements que vous redoutiez et qui se sont passés comme sur des roulettes ?
Rassembler toutes les données de l’asso. et de ses utilisateurs au sein de notre cloud privé (Nextcloud) était vraiment la chose qui me faisait le plus peur et qui est « passée crème » ! Peut-être tout simplement parce que certaines personnes avaient un peu « oublié » où étaient rangées leurs affaires auparavant…
… et finalement quels outils ou services avez-vous remplacés par lesquels ?
Messagerie Google –> Messagerie OVH + Client Thunderbird ou Client mail de Nextcloud (pour les petits utilisateurs)
Gestion des Contacts Google –> Nextcloud Contacts
Calendrier Google –> Nextcloud Calendrier
MS Office –> LibreOffice
Drive Google, Microsoft, Apple –> Nextcloud pour les fichiers personnels et tous ceux à partager en interne comme en externe
Doodle –> Nextcloud Poll
Google Forms –> Nextcloud Forms
NB : Concernant les besoins en création graphique ou vidéo on utilise plusieurs solutions libres selon les besoins (Gimp, Krita, Inkscape, OpenShotVideo,…) et toutes les autres solutions qui étaient utilisées de manière « frauduleuse » ont été mises à la poubelle ! Nous avons néanmoins un compte payant sur canva.com
À combien estimez-vous le coût de ce changement ? Y compris les coûts indirects : perte de temps, formation, perte de données, des trucs qu’on faisait et qu’on ne peut plus faire ?
Il s’agit essentiellement de temps, que j’estime à 150 heures dont 2/3 passées en « formation/accompagnement/documentation » et 1/3 pour la mise au point des outils (postes de travail, configuration du Nextcloud).
Côté coûts directs : notre serveur Nextcloud dédié, hébergé par un CHATONS pour 360 €/an et, c’est tout, puisque les boîtes mail avaient déjà été achetées avec un hébergement web mais non utilisées…
Il n’y a eu aucune perte de données, au contraire on en a retrouvé !
À noter que les anciens mails des utilisateurs (stockés chez Google donc) n’ont pas été récupérés, à la demande des utilisateurs eux-mêmes ! Pour eux c’était l’occasion de repartir sur un truc propre !
À ma connaissance, il n’y a rien que l’on ne puisse plus faire aujourd’hui, mais nous avons conservé deux postes de travail sous Windows pour des problèmes de compatibilité matérielle.
Cerise sur le gâteau : des PC portables ont été ressuscités grâce à une distribution Linux, du coup, nous en avons trop et n’en avons pas acheté cette année !
Est-ce que votre dégafamisation a un impact direct sur votre public ou utilisez-vous des services libres uniquement en interne ? Si le public est en contact avec des solutions libres, comment y réagit-il ? Est-il informé du fait que c’est libre ?
Un impact direct ? Oui et non…
En fait, en plus de notre démarche, on invite les collectivités et autres assos à venir « voir » comment on a fait et à leur prouver que c’est possible, ce n’est pas pour autant qu’on nous a demandé de l’aide.
Pour eux, la marche peut s’avérer trop haute et ils n’ont pas forcément les compétences pour franchir le pas sans aide. Imaginez un peu, notre mairie continue de sonder la population à coups de GoogleForms alors qu’on leur a dit quantité de fois qu’il existe des alternatives plus éthiques et surtout plus légales !
Et encore oui, bien que nous utilisions essentiellement ces outils en interne le public en est informé, les « politiques » et autres collectivités qui nous soutiennent le sont aussi et ils sont toujours curieux et, de temps en temps, admiratifs ! La gestion même de nos adhérents et de nos activités se fait au travers d’une application client / serveur développée par nos soins avec LibreOffice Base. Les données personnelles de nos adhérents sont ainsi entre nos mains uniquement.
Est-ce qu’il reste des outils auxquels vous n’avez pas encore pu trouver une alternative libre et pourquoi ?
Oui… nos équipes continuent à utiliser Facebook et WhatsApp… Facebook pour promouvoir nos activités, actions et contenus auprès du grand public et WhatsApp pour discuter instantanément ensemble (en interne) ou autour d’un « projet »avec des externes. Dans ces deux cas, il y a certes de très nombreuses alternatives, mais elles sont soit incomplètes (ne couvrent pas tous les besoins), soit inconnues du grand public (donc personne n’adhère), soit trop complexes à utiliser (ex. Matrix) mais je garde un œil très attentif sur tout cela, car les usages changent vite…
Quels conseils donneriez-vous à des structures comparables à la vôtre (MJC, Maison de quartier, centre culturel…) qui voudrait se dégafamiser aussi ? Des erreurs à ne pas commettre, des bonnes pratiques éprouvées à l’usage ?
Commencer par déployer une solution comme Nextcloud est une étape très fondatrice sur le thème « reprendre le contrôle de ses données » surtout dans des structures comme les nôtres où il y a une rotation de personnels assez importante (contrats courts/aidés, services civiques, volontaires européens, stagiaires, apprentis…).
Pour un utilisateur, le fait de retrouver ses affaires, ou les affaires des autres, dans une armoire bien rangée et bien sécurisée est un vrai bonheur. Une solution comme Nextcloud, avec ses clients de synchronisation, représente une mécanique bien huilée désormais et, accessible à chacun. L’administration de Nextcloud peut très bien être réalisée par une personne avertie (un utilisateur ++), c’est à dire une personne qui sait lire une documentation et qui est rigoureuse dans la gestion de ses utilisateurs et de leurs droits associés. Ne vous lancez pas dans l’auto-hébergement si vous n’avez pas les compétences requises ! De nombreuses structures proposent désormais « du Nextcloud » à des prix très abordables.
À partir du moment où ce type de solution est installée, basculez-y la gestion des contacts, la gestion des calendriers et faites la promotion, en interne, des autres outils disponibles (gestion de projets, de budget, formulaires…)
Fort de ce déploiement et, si votre messagerie est encore chez les GAFAM, commencez à chercher une solution ailleurs en sachant qu’il y aura des coûts, des coups et des pleurs… Cela reste un point délicat compte-tenu des problèmes exposés plus haut… Cela prend du temps mais c’est tout à fait possible ! Pour les jeunes, le mail est « ringard », pour les administratifs c’est le principal outil de communication avec le monde extérieur… Là aussi, avant de vous lancer, analysez bien les usages… Si Google vous autorise à envoyer un mail avec 50 destinataires, ce ne sera peut-être pas le cas de votre nouveau fournisseur…
Le poste de travail (le PC) est, de loin, un sujet sensible : c’est comme prendre la décision de jeter à la poubelle le doudou de votre enfant, doudou qui l’a endormi depuis de longues années… Commencez par recycler des matériels “obsolètes” pour Windows mais tout à fait corrects pour une distribution Linux et faites des heureux ! Montrer aux autres qu’il s’agit de systèmes non intrusifs, simple, rapides et qui disposent d’une logithèque de solutions libres et éthiques incommensurable !
Cela fait deux ans que notre asso. est dans ce mouvement et si je vous dis que l’on utilise FFMPEG pour des traitements lourds sur les médias de notre radio FM associative, traitements que l’on n’arrivait pas à faire auparavant avec un logiciel du commerce ? Si je vous dis qu’avec un simple clic-droit sur une image, un utilisateur appose le logo de notre asso en filigrane (merci nemo-action !). Si je vous dis que certains utilisateurs utilisent des scripts en ligne de commande afin de leur faciliter des traitements fastidieux sur des fichiers images, audios ou vidéos ? Elle est pas belle la vie ?
Néanmoins, cela n’empêche pas des petites remarques de-ci de-là sur l’utilisation de solutions libres plutôt que de « faire comme tout le monde » mais ça, j’en fais mon affaire et tant que je leur trouverai une solution libre et éthique pour répondre à leurs besoins alors on s’en sortira tous grandis !
Ah, j’oubliais : cela fait bien longtemps maintenant qu’il n’est plus nécessaire de mettre les mains dans le cambouis pour déployer un poste de travail sous Linux, le support est quasi proche du zéro !
Merci Fabrice d’avoir piloté cette opération et d’en avoir partagé l’expérience au lectorat du Framablog !
Un kit pédagogique proposé par Exodus Privacy
À l’heure où dans une dérive policière inquiétante on criminalise les personnes qui veulent protéger leur vie privée, il est plus que jamais important que soient diffusées à une large échelle les connaissances et les pratiques qui permettent de prendre conscience des enjeux et de préserver la confidentialité. Dans cette démarche, l’association Exodus Privacy joue un rôle important en rendant accessible l’analyse des trop nombreux pisteurs qui parasitent nos ordiphones. Cette même association propose aujourd’hui un nouvel outil ou plutôt une boîte à outils tout aussi intéressante…
Bonjour, Exodus Privacy. Chez Framasoft, on vous connaît bien et on vous soutient mais pouvez-vous rappeler à nos lecteurs et lectrices en quoi consiste l’activité de votre association?
Oui, avec plaisir ! L’association Exodus Privacy a pour but de permettre au plus grand nombre de personnes de mieux protéger sa vie privée sur son smartphone. Pour cela, on propose des outils d’analyse des applications issues du Google Play store ou de F-droid qui permettent de savoir notamment si des pisteurs s’y cachent. On propose donc une application qui permet d’analyser les différentes applications présentes sur son smartphone et une plateforme d’analyse en ligne.
Alors ça ne suffisait pas de fournir des outils pour ausculter les applications et d’y détecter les petits et gros espions ? Vous proposez maintenant un outil pédagogique ? Expliquez-nous ça…
Depuis le début de l’association, on anime des ateliers et des conférences et on est régulièrement sollicité·es pour intervenir. Comme on est une petite association de bénévoles, on ne peut être présent·es partout et on s’est dit qu’on allait proposer un kit pour permettre aux personnes intéressées d’animer un atelier « smartphones et vie privée » sans avoir besoin de nous !
Selon vous, dans quels contextes le kit peut-il être utilisé ? Vous vous adressez plutôt aux formatrices ou médiateurs de profession, aux bénévoles d’une asso qui veulent proposer un atelier ou bien directement aux membres de la famille Dupuis-Morizeau ?
Clairement, on s’adresse à deux types de publics : les médiateur·ices numériques professionnel·les qui proposent des ateliers pour leurs publics, qu’ils et elles soient en bibliothèque, en centre social ou en maison de quartier, mais aussi les bénévoles d’associations qui proposent des actions autour de la protection de l’intimité numérique.
Bon en fait qu’est-ce qu’il y a dans ce kit, et comment on peut s’en servir ?
Dans ce kit, il y a tout pour animer un atelier d’1h30 destiné à un public débutant ou peu à l’aise avec le smartphone : un déroulé détaillé pour la personne qui anime, un diaporama, une vidéo pédagogique pour expliquer les pisteurs et une fiche qui permet aux participant·es de repartir avec un récapitulatif de ce qui a été abordé pendant l’atelier.
Par exemple, on propose, à partir d’un faux téléphone, dont on ne connaît que les logos des applications, de deviner des éléments sur la vie de la personne qui possède ce téléphone. On a imaginé des méthodes d’animation ludiques et participatives, mais chacun·e peut adapter en fonction de ses envies et de son aisance !
Comment l’avez-vous conçu ? Travail d’une grosse équipe ou d’un petit noyau d’acharnés ?
Nous avons été au total 2-3 bénévoles dans l’association à créer les contenus, dont MeTaL_PoU qui a suivi/piloté le projet, Héloïse de NetFreaks qui s’est occupée du motion-design de la vidéo et _Lila* de la création graphique et de la mise en page. Tout s’est fait à distance ! À chaque réunion mensuelle de l’association, on faisait un point sur l’avancée du projet, qui a mis plus longtemps que prévu à se terminer, sûrement parce qu’on n’avait pas totalement bien évalué le temps nécessaire et qu’une partie du projet reposait sur du bénévolat. Mais on est fier·es de le publier maintenant !
Vous l’avez déjà bêta-testé ? Premières réactions après tests ?
On a fait tester un premier prototype à des médiateur·ices numériques. Les retours ont confirmé que l’atelier fonctionne bien, mais qu’il y avait quelques détails à modifier, notamment des éléments qui manquaient de clarté. C’est l’intérêt des regards extérieurs : au sein d’Exodus Privacy, des choses peuvent nous paraître évidentes alors qu’elles ne le sont pas du tout !
Votre kit est disponible pour tout le monde ? Sous quelle licence ? C’est du libre ?
Il est disponible en CC-BY-SA, et c’est du libre, comme tout ce qu’on fait ! Il n’existe pour le moment qu’en français, mais rien n’empêche de contribuer pour l’améliorer !
Tout ça représente un coût, ça justifie un appel aux dons ?
Nous avons eu de la chance : ce projet a été financé en intégralité par la Fondation AFNIC pour un numérique inclusif et on les remercie grandement pour ça ! Le coût de ce kit est quasi-exclusivement lié à la rémunération des professionnel·les ayant travaillé sur le motion design, la mise en page et la création graphique.
Est-ce que vous pensez faire un peu de communication à destination des publics visés, par exemple les médiateur-ices numériques de l’Éducation Nationale, des structures d’éducation populaire comme le CEMEA etc. ?
Mais oui, c’est prévu : on est déjà en contact avec le CEMEA et l’April notamment. Il y a également une communication prévue au sein des ProfDoc. et ce sera diffusé au sein des réseaux de MedNum.
Le travail d’Exodus Privacy va au delà de ce kit et il est important de le soutenir ! Pour découvrir les actions de cette formidable association et y contribuer, c’est sur leur site web : https://exodus-privacy.eu.org/fr/page/contribute On souhaite un franc succès et une large diffusion à ce nouvel outil. Merci pour ça et pour toutes leurs initiatives !
Framagroupes : le service post Framalistes est ouvert !
Framagroupes vient d’ouvrir ! Ce nouveau service permet aux groupes de continuer à échanger facilement par email, en arrêtant de surcharger un Framalistes archi plein… En repartant sur des bases saines !
« Dorlotons Dégooglisons »
Consacrer plus de temps et d’énergie à nos services en ligne, c’est un nouveau cap que nous voulons suivre. Et nous pourrons le garder grâce à vous, grâce à vos dons ! En savoir plus sur le site Soutenir Framasoft.
Les Framaservices, c’est avant tout des humain⋅es : sans elles et eux, pas de Framalistes. Pas d’envoi de centaines de milliers de mails par jour (malgré les embûches des gros fournisseurs de mails). Pas de gestion financière pour payer les factures des serveurs. Pas de support pour vous débloquer quand plus personne ne peut gérer votre liste. Personne pour vous dire que Framalistes, et maintenant Framagroupes, existent et pourquoi !
« Dorlotons Dégooglisons » est là pour mettre tout ce travail, et les personnes qui le réalisent, en valeur !
Framagroupes : apprendre de Framalistes
On ne le répétera jamais assez : Framalistes ne ferme pas ! Vous pouvez toujours gérer vos listes là-bas, ajouter des abonné⋅es, enlever des gestionnaires, demander au support de remettre un gestionnaire privilégié parce que « Oups, on a enlevé le dernier, on ne peut plus administrer notre liste 😅 » ! Framagroupes vient en soutien à Framalistes ! Vous n’avez pas besoin de migrer vers Framagroupes. Vous ne pouvez juste plus créer de nouvelles listes sur Framalistes.
Parce que, l’air de rien, maintenir un service de listes de discussions, ce n’est pas de tout repos ! Chaque jour vient avec son lot de mails bloqués par tel fournisseur de mails, son lot de contournements pour les écouler, alléger un serveur, supprimer les spams, vous débloquer sur le support…
Nous ne voulions pas fermer ce service (on vous a dit que Framalistes ne fermait pas ?!) tant il vous est utile et peu disponible sur le web, mais nous ne voulions pas nous esquinter non plus à le maintenir ainsi. C’est pour cela que nous ouvrons Framagroupes : un équilibre entre les fonctionnalités utiles, pour vous, de Framalistes, et un apaisement, pour nous, dans la gestion.
Framagroupes vous permet, tout comme le fait déjà Framalistes depuis des années, d’échanger avec vos camarades, par mails. Grâce au logiciel Sympa (oui oui, c’est bien son nom) qui fait tourner Framalistes et Framagroupes, vous pourrez envoyer un mail à votre-liste@framagroupes.org pour que toutes les personnes abonnées à cette liste le reçoivent et y participent en retour. Bien plus pratique que d’envoyer un mail avec 50 CC (adresses en copies) non cachées (ne faites pas ça chez vous : on ne dévoile pas les adresses mails des gens sans leur consentement).
Les mails, c’est compliqué en tant que fournisseur de service. C’est pour cela qu’il n’existe pas une offre pléthorique de fournisseurs de mails. Si nous avons le plaisir de vous offrir un nouveau service, c’est aussi pour nous assurer que vos mails arriveront à destination.
À force de recevoir du spam sur des listes complètement ouvertes (qu’il n’est plus possible de faire avec Framagroupes, ni avec Framalistes), et donc de renvoyer ces spams sur les adresses mails des membres, notre serveur Framalistes commençait à avoir mauvaise réputation auprès des autres fournisseurs de mails. Cela avait pour conséquence d’empêcher la réception des mails (ce qui est gênant pour une liste de discussions par mails, vous en conviendrez).
En-dehors des spams avérés, les anti-spams sont particulièrement sensibles à certains comportements. Aussi, envoyer un mail ne contenant qu’une image (même si c’est celle d’un chaton), un mail qui ne contient qu’un lien (ou, au contraire, trop de liens, même si c’est vers les chatons), un sujet en capitales, l’utilisation de couleurs pour le fond du mail ou les mots, ou encore mettre trop d’adresses en copie (ne faites pas ça chez vous), sont autant de comportements qui rendent notre service suspect aux yeux des gros fournisseurs.
Une autre source de mauvaise réputation : les lettres d’informations (ou newsletter). Framalistes, comme Framagroupes, n’autorise pas les lettres d’information (mais vous le saviez déjà grâce à notre foire aux questions que vous lisez régulièrement et avec entrain) !
Framagroupes, c’est un nouveau serveur, dont le paramétrage initial a été pensé et réalisé en prenant en compte nos années d’expérience du mail, pour éviter au maximum les soucis (notamment de spams). Parce que le but est de prendre soin de nos services et des personnes qui s’en occupent, nous avons dû mettre dès le lancement des limites supplémentaires à celles de Framalistes.
Limites et règles supplémentaires, sur Framagroupes :
pas d’archives
suppression des listes sans aucune utilisation depuis un an
pas de liste complètement ouverte, c’est-à-dire qui n’est ni limitée aux membres ni modérée
liste supprimée si le mail propriétaire / modérateur renvoie automatiquement sur la liste
lien de désabonnement dans les pieds de page des mails et les messages d’abonnement
pas d’espace de documents
pas de conservation des pièces jointes sur Framagroupes (elles ne seront disponibles que dans vos mails)
email de rappel d’abonnement à une liste, envoyé une fois par an aux membres
désabonnement automatique des adresses mails déclarées comme non existantes
Si nous vous expliquons les raisons de ces limites ci-dessus, sachez qu’à terme nous comptons implémenter les mêmes règles au sein de Framalistes (comme ça, pas de jalousie !).
De : betteraves@framalistes.org ; Objet : Collecte !
« Bonjour tout le monde,
Comme vous l’avez vu sur le Framablog, Framasoft vient d’ouvrir Framagroupes en soutien à Framalistes (qui ne ferme pas !). Pour les aider à dorloter les services, je me disais que ce serait une bonne idée de leur faire un don et/ou de faire passer le mot ! Si ce n’est pas possible pour nous, ça le sera peut-être pour d’autres !
Cela fait quand même quelques années que nous pouvons échanger sur la betterave grâce à Framalistes, que la documentation et la foire aux questions nous aident grandement (comme quand on a voulu ajouter un gestionnaire privilégié à la liste), et que le service fonctionne bien grâce à toutes ces petites mains invisibles.
Leur estimation pour cette première année de dorlotage est de 60 000€ : je propose 59 000€ ou 59€ ! La collecte prend fin le 13 juin !
À vous lire.
Betteravement,
Bisous. »
À la semaine prochaine pour faire le bilan de cette collecte (et on peut déjà vous dire que l’objectif est atteint – un immense merci de votre mobilisation !).