Comment j’ai appris à programmer ou le témoignage qui donnait envie de s’y mettre

Randall a 23 ans et il nous explique ici comment il est devenu un bidouilleur de code pour son plus grand plaisir. Il a découvert la programmation par lui-même et nous livre ici son témoignage et le fruit de sa jeune expérience.

Tout le monde ne partagera pas sa passion avant autant d’intensité. Nous espérons cependant que nombreux seront les enfants et leurs parents à tomber par hasard sur cet article (d’autant que cette sensibilisation est toujours absente de l’école d’aujourd’hui)[1]. Et, qui sait, peut-être que cela suscitera de nouvelles vocations ?

Sur le même sujet on pourra parcourir ces récents articles du Framablog illustrant l’enjeu majeur d’une éducation informatique (libre et ouverte) dans nos sociétés en mutation : De l’impact politique d’apprendre aux enfants la libre programmation, Les codeurs sont la nouvelle élite politique, Le code deviendra-t-il le latin du XXIe siècle ? et surtout Exercice de la citoyenneté et culture informatique.

Francisco Osorio - CC by

Comment j’ai appris à programmer

How I Learned to Program

Randall Degges – 4 février 2012 – Blog perso
(Traduction Framalang/Twitter : Calystod, Twix, kinou, HgO, monsieurab, Spartition, ametaireau, Grom, alaindalche, Evpok, Grom, Fred)

Programmer est, sans aucun doute, la chose la plus gratifiante intellectuellement que j’ai jamais réalisée. Programmer m’a appris que la vie se devait d’être amusante, remplie de créativité et vécue au maximum de son intensité. Programmer m’a appris que tout était possible ; je peux faire ce qui me plait en utilisant seulement mon esprit.

Programmer m’a également enseigné qu’apprendre est drôle et ludique. Cela m’a montré que plus vous en savez, plus vous comprenez et êtes acteur du monde qui vous entoure. Programmer m’a confirmé qu’une vie en apprentissage continu est une meilleure vie à vivre. Programmer m’a révélé qui je suis au fond de moi, m’a donné une bonne estime de moi et m’a continuellement aidé à arriver à mes fins.

Je me sens extrêmement chanceux d’avoir eu la volonté et l’opportunité d’apprendre à programmer tôt dans la vie. Et si mes méthodes ne sont certainement pas les meilleures pour tout le monde, elles ont marché pour moi.

Je n’ai aucun regret.

Alors je me suis dit que j’allais partager mes méthodes avec vous, en espérant qu’un débutant lise cet article et en tire quelque chose.

Si vous n’avez pas le temps de le parcourir retenez avant tout ceci : l’important est de s’amuser.

Mtellin - CC by

Installer GNU/Linux sur votre machine

Bien que plus jeune, j’ai découvert les rudiments informatiques sur des ordinateurs MS-DOS Windows grâce aux jeux vidéos, mon véritable apprentissage a commencé le jour où j’ai installé un système GNU/Linux sur mon ordinateur personnel.

Ce n’est pas fondamental d’utiliser ou non Windows (ou Mac OS X) sur votre machine, il y a ainsi beaucoup de programmeurs qui travaillent sous système d’exploitation propriétaires. Mais GNU/Linux est imbattable pour apprendre.

Contrairement aux idées reçues, les développeurs ne font pas que pisser du code. On tape quelque chose, ce qui déclenche autre chose. Il y aurait des entrées et des sorties. Cette vision est erronée.

La programmation est un mode de vie

Les programmeurs sont obsédés par la connaissance. Ils utilisent cette obsession pour alimenter leur soif d’apprendre, de découvrir et de créer. Voilà la vraie définition d’un programmeur.

Une principale raison d’utiliser Linux pour travailler au quotidien est qu’il vous aide à apprendre progressivement et pratiquement la programmation. Sur Windows, si vous voulez copier un fichier d’un dossier à un autre, vous faites du glisser-déposer à la souris. Sur Linux, vous pouvez aussi en faire de même désormais, mais vous pouvez également utiliser scp ou rsync. Parce qu’apprendre à utiliser la ligne de commande vous enseigne des techniques basiques de logique et améliore votre capacité à résoudre des problèmes.

La pratique régulière de l’OS GNU/Linux permet d’acquérir des compétences importante à commencer par l’autonomie. Contrairement à d’autres activités, la programmation ne demande ni de grands efforts de mémorisation, ni de répéter encore et encore les mêmes routines. Ce qu’il faut, c’est surtout énormément de motivation et de détermination. . Même les meilleurs programmeurs n’ont généralement aucune idée précise de ce qu’ils vont faire lorsqu’ils débutent un nouveau projet. Si une seule chose peut résumer mon activité, ce serait la recherche. Les programmeurs se doivent de savoir où trouver l’information, comment la digérer et s’en servir d’une manière utile. Cette compétence demande du temps et de la patience mais il est clair que GNU/Linux aide à cela.

Utiliser Linux vous poussera à rechercher activement des solutions aux problèmes que vous rencontrez. Si vous ne savez pas comment mettre en place un tunnel SSH, et bien vous allez l’apprendre tout simplement. Utiliser Linux vous amènera à découvrir de nouvelles choses auxquelles vous n’auriez jamais pensé en utilisant Mac ou Windows. Apprivoiser petit à petit GNU/Linux fera de vous un meilleur et plus pragmatique développeur. Vous apprendrez à travailler collaborativement pour résoudre un problème, à aller à la chasse aux erreurs, à mobiliser vos connaissances pour créer de nouvelles choses et rendre votre vie (et celle des autres) plus simple.

De plus, en tant que projet libre (tant le système d’exploitation que les logiciels disponibles), GNU/Linux offre un accès privilégié à la culture de la programmation. À coup sûr, vous allez :

  • Trouver un bogue dans une application que vous utilisez
  • Chercher des réponses sur internet
  • Trouver un système de tickets ou un forum sur le logiciel en question
  • Soumettre un ticket concernant le bogue ou poster dans un forum un sujet sur le problème rencontré
  • Interagir avec d’autres utilisateurs pour aidez à le résoudre

Tout cela n’a pas l’air très cool, mais patientez. Une fois ces points achevés, vous aurez fait connaissance avec la communauté hacker. Trouver des problèmes, en discuter avec d’autres personnes, résoudre ces problèmes ensemble et vous voici membre de cette communauté.

Si tout était parfait et qu’il n’y avait pas un seul problème à résoudre dans ce monde la vie serait morne. Mettre le nez dehors et corriger des choses, combattre le chaos, donne un sens à la vie. Alors profitez-en !

Linux peut vous apprendre tout cela, et bien plus encore.

Jon Rawlinson - CC by

Avoir un désir intense

Pourquoi voulez-vous programmer ? Quelles sont vos motivations ? Si vous n’avez pas cette envie pressante d’apprendre à programmer, vous échouerez.

J’ai commencé à coder parce que j’avais une très grande envie de créer des jeux vidéo. Quand j’étais un enfant, les jeux vidéo étaient ma passion. Je rentrais le plus rapidement possible de l’école pour rester scotcher sur l’ordinateur à jouer à des vieux classiques. Mes épiques batailles de Starcraft contre mon frère font parties de mes meilleurs souvenirs.

Plus que tout, je voulais être capable de maîtriser ces jeux. Je voulais les dominer, je voulais rendre servile mon ordinateur esclave afin qu’il fasse ce que je désirais.

Ces vieilles motivations me semblent maintenant un peu idiotes mais je les ressentais alors de manière intense. J’en rêvais la nuit, j’y pensais durant le jour et en était obsédé alors que j’étais derrière mon ordinateur les après-midis.

Quand j’ai décidé d’apprendre à programmer, je savais que je pouvais le faire. Je savais que quoi qu’il arrive dans ma vie, j’apprendrais coûte que coûte à programmer, alors même qu’au début je n’avais aucune idée de comment y arriver et ne connaissais personne dans ce domaine.

Mais j’ai trouvé un moyen. J’ai lu sur le Web des dizaines et des dizaines de pages de documentation. J’ai dépensé sans compter des centaines d’heures à fouiller au hasard les forums à la recherche de bribes d’information. J’étais tellement motivé et entier dans mon désir que cela me semblait facile et m’a aidé à devenir un programmeur à moitié convenable.

Kalyan Kanuri - CC by-sa

Faire de petits programmes en ligne de commande

Aujourd’hui, il semblerait que la majorité apprenne la programmation en plongeant la tête la première dans le développement Web. Même si ça peut marcher pour certaines personnes, ça me semble vraiment fou. Non seulement les technologies Web sont vastes, complexes et vite démodées (construire un site Web moderne requiert des tonnes de compétences différentes qui nécessitent plusieurs années de maturation), mais elles sont souvent frustrantes et décourageantes pour les nouveaux développeurs.

Je suis peut-être de la vieille école (j’ai seulement 23 ans :x), mais il n’y a rien de plus satisfaisant et formateur que d’écrire des tonnes de programmes simples en ligne de commande. J’écrivais des tonnes de choses :

  • Un script simple qui prenait en entrée des noms de fichiers pour les stocker dans des dossiers hiérarchisés et organisés en fonction du type de fichier
  • Un bot IRC qui enregistrait toute l’activité d’un channel dans un fichier texte.
  • Un programme simple qui télechargeait toutes les images d’une page Web donnée.
  • Un outil permettant de convertir des nombres en base dix vers n’importe quelle autre base en CLI
  • Un script compilant et mémorisant d’un coup toutes mes personnalisation graphiques : fonds d’écran, thèmes, etc.
  • Un programme basique qui téléverse automatiquement des captures d’écran sur un hébergeur d’images et en copie automatiquement l’adresse dans mon presse-papier.
  • Et un million d’autres choses encore.

J’ai tiré grand bénéfice de ces petits exercices. Chacun d’eux était suffisamment simple pour être écrit en quelques heures (pas plus), et ils m’ont tous appris quelque chose : un nouveau language, nouvelle bibliothèque ou stratégie. J’ai sans aucun doute gagné une grande partie de mes compétences informatiques en construisant là ces applications.

Mais cela joue également au niveau de la confiance. Chaque application créée aura été une petite satisfaction personnelle dont j’étais fier. J’y revenais du reste en les tenant à jour mais surtout en tentant de les modifier sans cesse par du nouveau code et de nouvelles stratégies. Cela m’a appris les bases de la programmation par itération (améliorer au fil du temps) tout en contribuant effectivement à la communauté du logiciel libre.

Si vous êtes un nouveau programmeur, il n’y a rien de mieux et de plus amusant que d’écrire ces petits utilitaires en ligne de commande. Vous ne me croyez pas ? Essayez, et dites moi si vous ne vous retrouvez pas accro dès la première ligne !

Erin Kohlenberg - CC by

Écrire, Écrire, Écrire

L’écriture est controversée. Lorsque j’ai commencé à programmer, les nerds avaient une réputation d’être inaptes à tout sauf aux ordinateurs. Pendant une période, j’ai supposé que comme étant bon avec les ordinateurs, j’étais naturellement mauvais pour tout le reste : même pour écrire.

C’était idiot.

J’en suis venu à réaliser avec le temps que les programmeurs sont, au contraire, d’excellents auteurs. La capacité à penser logiquement et à résoudre les problèmes est un avantage indéniable pour écrire, alors qu’il est parfois si difficile de coucher ses idées sur le papier. Et réciproquement l’exercice d’écriture m’a aidé à devenir un meilleur développeur. En outre nous savons qu’il est important de bien documenter son code.

Posséder un blog par exemple est une excellente manière de pratiquer l’écriture, pour garder une trace de ce que vous apprenez, et aide à s’assurer d’un progrès constant en particulier sur les sujets techniques.

Si vous écrivez une très très utile application en ligne de commande pour commander des pizzas chez Dominos, il vous sera alors difficile d’en parler sans aller dans le détail pour décrire la technologie que vous utilisez, comment l’API de Dominos fonctionne, etc. En prenant le temps d’écrire en structurant votre pensée, en relatant votre expérience, vous en apprendrez forcément davantage.

L’écriture peut être incroyablement utile lorsqu’elle est utilisée pour décrire des choses techniques, puisqu’elle simplifie et clarifie la cause du problème, vous forçant à réfléchir à ce problème de la manière la plus simple possible pour mieux la communiquer.

Un des mes plus grands regrets est de ne pas avoir conservé mes articles. Au fil des réécritures de mon site Web, d’erreurs de gestion de serveurs, j’ai petit à petit perdu la majeur partie de mes écrits. Le blog que vous lisez actuellement existe principalement suite à la décision que j’ai prise de remédier à cela. Ne faites pas la même erreur !

John Vetterli - CC by-sa

Rejoindre une communauté en ligne

Internet est un vaste lieu. Programmer est un vaste sujet. Il est tout à fait possible de devenir un excellent programmeur tout seul dans son coin mais il est beaucoup plus facile de le faire avec l’aide d’autrui.

Lorsque j’ai commencé à programmer j’ai eu la chance de rencontrer grâce au Net d’autres programmeurs fascinants avec qui j’ai partagé des jours durant des idées via IRC. Ces personnes ainsi rencontrées comptent parmi les individus les plus brillants et passionnés que je n’ai jamais rencontrés dans ma vie. Nous sommes devenus amis et le sommes encore !

Avoir des amis aussi motivés a décuplé ma propre motivation, et m’a aidé à tirer le meilleur de moi-même. Nous écrivions ensemble des articles pour partager les choses que nous avions apprises, nous critiquions nos codes respectifs, nous parlions des projets sur lesquels nous travaillions et sur la meilleure manière de les mener à bien.

Connaître un groupe qui partage la même passion et la même envie que vous est inestimable.

Sham Hardy - CC by-sa

Amusez-vous

Programmer est amusant. Programmer est vraiment, vraiment très amusant. Le simple fait d’en parler me met en joie ! Il est difficile de cacher mon excitation 🙂

Le plus important quand on apprend à programmer c’est de toujours S’AMUSER ! Peu importe que vous commenciez tout juste à programmer ou que vous soyez un programmeur aguerri et confirmé : vous ne devez jamais perdre du vue cette dimension fondamentale de l’informatique.

Supposons que vous veniez de commencer à apprendre le Python (à propos, Dive Into Python reste l’un des meilleurs livres sur le sujet), ne démarrez pas par un projet ennuyant. Écrivez quelque chose de nouveau ! Un truc qui vous semble fun et quelque part utile. Amusez-vous avec, et lancez-vous des defis.

Si votre motivation première pour travailler sur un projet est de le terminer alors vous faites fausse route. Pour devenir un bon programmeur il faut bidouiller des trucs que VOUS trouvez sympa. Le monde est rempli de logiciels tristes alors qu’on a besoin de logiciels GENIAUX. Et la seule façon de faire un logiciel génial c’est de s’éclater en le créant !

Je pourrais déblatérer pendant des heures ainsi. Mais à la place et pour conclure je veux VOUS mettre au défi (oui vous !). Pensez à quelquechose que vous adoreriez faire. Un site de partage ? un éditeur vidéo ? Peu importe ce qui vous exalte et vous transporte. Vous avez saisi ?

OK, maintenant allez-y fabriquez-le !

Notes

[1] Crédit photos : Francisco Osorio, Mtellin, Jon Rawlinson, Kalyan Kanuri, Erin Kohlenberg, John Vetterli, Sham Hardy (Creative Commons By et By-Sa)




Je ne pense pas que vous naviguez comme moi sur le Web

Parano notre ami David ?

Peut-être prudent tout simplement, quitte à sacrifier un peu de son temps pour que Google & co en sache le moins possible sur lui[1].

Pour vivre heureux, vivons cachés ?

Enrico Policardo - CC by-nc-nd

Je ne pense pas que vous surfez comme moi

I don’t think you browse like I do

David – 4 février 2012 – Microcosm
(Traduction Framalang : Goofy, Antonin, OranginaRouge, Lamessen)

En fait, j’en suis même convaincu.

Cela ne m’est venu à l’esprit que cette semaine quand des amis étaient en train de parler de la façon virale dont Google étend sa connaissance sur vous. Certains étaient choqués par la précision, d’autres amusés d’être référencés dix ans plus jeunes ou dix ans plus vieux. Quelques-uns étaient affublés du mauvais sexe.

Je peux vous dire ce que les préférences de publicités Google savent de moi : rien.

Ce n’est pas par magie, c’est juste dû à la façon dont je surfe. Je ne laisse aucune trace localement, et tant que je ne me connecte pas sur un service, ils ne savent pas qui je suis. En plus, même si je me connecte à un service traquant l’identité comme Google, Twitter ou Facebook, ces services ne voient qu’une petite partie de ce que je fais, étant donné que je sépare énormément la navigation de mes autres usages d’Internet.

Comment est-ce possible? J’utilise plusieurs navigateurs et j’utilise les options sur la vie privée.

Ma configuration:

  • Firefox pour tous les services qui réclament des identifiants (Gmail/G+, Twitter, Facebook, Linkedln, etc).
  • Chrome pour la navigation traditionelle (recherches, forums, actualités, équipement technologiques, musique, etc).
  • Last Pass pour tous les mots de passe.
  • Pinboard pour tous les marque-pages.

J’ai configuré Firefox en utilisant about:config avec thatbrowser.privatebrowsing.autostart = true. Cela signifie que dès que je lance Firefox, il se lance automatiquement en navigation privée et ne stocke rien localement.

J’ai configuré tous les raccourcis de Chrome de façon à ce que tous les chemins de lancement se terminent par --incognito. À nouveau, cela signifie que dès que je lance Chrome, il utilise automatiquement le mode anonyme. La navigation privée de Firefox et le mode anonyme de Chrome font la même chose : ils ne stockent aucun historique, aucun cookie, et ne laissent aucune trace de votre activité en local sur le navigateur de votre ordinateur. Quand vous fermez la fenêtre du navigateur, tous les cookies précédemment créé sont supprimés ce qui empêche toute entreprise de vous pister, et plus rien ne permet de savoir qui vous êtes.

Évidemment, cela n’est pas sans conséquences si vous essayez de m’imiter :

  • Vous aurez toujours à vous identifier partout.
  • Le gestionnaire d’authentification en deux étapes de Google vous demandera tout le temps d’entrer un code.
  • Les marque-pages sous Firefox ne se retrouveront pas sous Chrome et inversement.
  • Cliquer sur un lien dans un service demandant des identifiants ouvrira celui-ci sous Firefox, cliquer dans un e-mail ou un lien relatif sous Chrome l’ouvrira sous Chrome.

Ce sont des points positifs, et voici comment j’ai dépassé ou contourné chaque point :

  • J’utilise Last Point pour me connecter sur les sites, ça ne prend qu’une fraction de seconde et je ne me connecte que si j’ai besoin de faire quelque chose qui nécessite de se connecter. L’avantage est que tous les sites auquel je me connecte ont leur propre mot de passe particulièrement complexe, ce qui est bon pour la sécurité.
  • Le gestionnaire d’authentification en deux étapes augmente aussi votre sécurité et vous avez votre téléphone avec vous, n’est-ce pas ? Je me connecte à Gmail une à deux fois par jour et j’utilise Google Authenticator sur mon téléphone. Les quelques secondes que cela me prend par jour ne me gênent pas.
  • Je stocke les marque-pages dans un navigateur adapté et accessible par le réseau : une page d’accueil personnalisée pour les visites récurrentes. Pinboard pour les visites occasionnelles.
  • Je ne franchis jamais la limite entre les services identifiants et le reste du web. Cela ne prend qu’une seconde de copier le lien, passer sur l’autre navigateur et coller le même lien, et c’est ce que je fais. Étonnamment, ça arrive moins souvent que vous pourriez le penser.

La question évidente qui se pose est la suivante : pour quelle raison feriez-vous une telle chose ?

La réponse est que ma navigation a évolué de cette manière.

J’ai commencé avec un seul navigateur, puis j’ai eu besoin de jongler avec deux pour des questions de développement Web. J’utilisais le mode incognito de Chrome pour simuler de nouvelles visites sur un site Internet, et je devais fréquemment fermer et rouvrir les fenêtres incognito. Parfois, il m’arrivait de fermer accidentellement la fenêtre principale, sans mode incognito… fermant également mes e-mails. J’ai donc déplacé mes e-mails et communications dans Firefox de sorte que je ne puisse plus les perdre à cause d’une action accidentelle (en fermant toutes les fenêtres de Chrome). Ainsi, avec Chrome dédié au développement Web, j’ai décidé d’utiliser le mode incognito en permanence afin de m’éviter la danse folklorique de le passer en incognito à chaque fois (ce qui ouvrait une nouvelle fenêtre) ; le mode incognito restait donc actif en permanence.

En raison du fait que Chrome offrit une « navigation jetable », j’ai remarqué que je me sentais un peu libéré du traçage et je me montrais un peu moins prudent à cliquer sur un site qui aurait pu changer d’état en connaissant qui je suis. Par exemple : les forums que vous avez peur de vister en raison de la quantité d’éléments « non lus » qui seront marqués comme « lus » juste parce que vous vous y êtes précédemment connecté. Utiliser le mode incognito en permanence signifie que je lisais un peu plus d’élements, et je m’immergeais dans les sites de manière plus fréquente.

Ensuite, concernant Firefox, j’ai commencé à remarquer que lorsque quand je suivais un lien je me sentais envahi de sites avec des widgets ou des publicités hyper personnalisées (à commencer par le pays d’où je me connecte). Cela m’inquiéta d’être ainsi étiqueté lorsque un site Web sait que j’aime le vélo par exemple. Ai-je loupé quelquechose ? Pourquoi est-ce que ces recherches me montrent des choix que je ne savais même pas que je voulais faire ? Cela me déplaît d’être catalogué par une vision normalisée basée sur mes actions et celles d’autres personnes similaires. Je souhaitais la version anonyme des résultats mais sans savoir comment l’obtenir.

Ma première astuce pour pallier ceci était de simplement copier-coller les liens dans Google Chrome pour avoir une version anonyme, c’est pourquoi j’en utilise le mode incognito en permanence. Cela marche bien et c’est devenu une habitude.

Après un moment, je me suis rendu compte que je pouvais aussi bien utiliser Firefox en mode privé et terminer ce que j’avais apparemment déjà commencé : éclater les bulles et éviter le pistage des mes informations à moins que je ne l’aie accepté (par l’identification à mon compte).

Je dispose maintenant d’une navigation préservée des pop-ups personnalisés, et qui sépare tous les services identifiants du reste du Web.

Comme je le disais, je ne pense pas que vous naviguez comme moi.

Notes

[1] Crédit photo : Enrico Policardo (Creative Commons By-Nc-Nd)




De l’impact politique d’apprendre aux enfants la libre programmation

Si vous parcourez les articles de nos tags Informatique et Code, vous vous apercevrez que nous sommes de ceux qui poussent pour que la programmation (avec du Libre dedans) entre dans les écoles française sans attendre l’Université[1].

Parce que cela a des implications politiques majeures et ceux qui ont tout intérêt à ce que la situation ne bouge pas l’ont très bien compris…

En Angleterre la prise de conscience est en train de se faire (quitte à ce que ce soit un Google qui vienne l’éveiller). Mais chez nous c’est franchement pitoyable. Tout au plus a-t-on réussi à obtenir une option pour la seule Terminale S l’année prochaine. Attention car, comme disait Barbara, le temps perdu ne se rattrape plus !

Lizette Greco - CC by-nc-sa

Apprendre les rudiments de la programmation aux enfants aura-t-il un impact politique ?

Will teaching children basic programming skills have a political impact?

Sam Tuke – 12 janvier 2012 – FSFE.org
(Traduction Framalang/Twitter : Yoha, Gatitac, Bl0fish, Sophie, Morphix, 0gust1)

La BBC m’a envoyé un courrier électronique la semaine dernière pour me demander mon avis sur la rumeur actuelle qui voudrait que le gouvernement britannique ajoute des compétences informatiques de base aux programmes scolaires en mettant l’accent sur un éventuel impact politique que ceci pourrait avoir sur la façon dont la société interagit avec les technologies. Voici ma réponse.

Question : Enseigner des rudiments de programmation à tous nous oriente-t-il vers une société plus critique et plus créative ?

Oui. Très souvent, les technologies, et en particulier les logiciels, voient leur utilité restreinte pour les intérêts de quelques-uns, comme les entreprises privées, afin de leur permettre de manipuler les consommateurs à leur avantage. Bien que la Grande-Bretagne utilise plus de logiciels et de produits numériques que jamais, seul un pourcentage restreint de la population est capable de participer à la création de ces produits, de les adapter à ses propres besoins, ou bien de créer les siens.

Cela a un impact extrêmement néfaste sur la société. Cela crée un déséquilibre de pouvoir entre les concepteurs des outils et tous les autres, dont le travail dépend de ces outils. Quel que soit le secteur dans lequel il travaille, un salarié a de fortes chances de devoir utiliser un jour ou l’autre un navigateur Web ou un client de messagerie par exemple, ne serait-ce que trouver un emploi. Mais la façon dont une personne interagit avec ces technologies est presque toujours définie par un groupe de personnes extérieures, sans aucun lien avec l’utilisateur final et qui pourraient n’avoir que très partiellement satisfait ses besoins.

Si notre société inculquait davantage les concepts de base de la programmation et de la création numérique, nous serions plus à même d’interagir en connaissance de cause avec notre environnement social et professionnel. C’est particulièrement vrai pour les sujets importants comme par exemple le journalisme citoyen, l’auto-hébergement et la publication. Une compréhension large de la façon dont fonctionnent les systèmes de vote électronique pourrait avoir un impact fort sur la politique future, par exemple.

Pour autant, avoir simplement des compétences en programmation ne suffit pas. Pour être compétitif, efficace et productif, la Grande-Bretagne devra également promouvoir une culture des libertés et du logiciel libre au sein de son industrie informatique. Et ce parce que les restrictions des copyrights et des brevets peuvent mettre au pas la créativité, y compris celle du plus doué des programmeurs, ou les forcer à réinventer constamment la roue avant qu’ils ne puissent commencer à innover.

Le logiciel libre a initié une véritable révolution technologique au cours des trois dernières décennies, nous apportant, entre autres avantages, Internet et des ordinateurs suffisamment abordables pour être distribués en masse dans le Tiers Monde.

Les écoles devraient favoriser la curiosité et l’esprit critique dans un environnement qui encourage les étudiants à apprendre. Une salle de classe exécutant des logiciels propriétaires ne peut fournir cela. « Comment ça marche ? », « Qu’est-ce qui se passe si je change ceci ou cela ? ». Ces questions restent fondamentalement sans réponse quand on enseigne aux enfants en utilisant des systèmes d’exploitation, des suites bureautiques ou des outils de robotique non libres.

Notes

[1] Crédit photo : Lizette Greco (Creative Commons By-Nc-Sa)




Ils ont violé le domaine public !

J’ai fait un cauchemar horrible cette nuit. J’ai rêvé que non content de rallonger ad nauseam la durée du copyright « ils » osaient s’en prendre au sanctuaire du domaine public…

Le titre de ce billet ne fait pas dans la demi-mesure. C’est pourtant un évènement grave et révélateur de notre trouble époque qui a eu lieu récemment aux USA (et passé relativement inaperçu en France).

« Au fil des ans, la durée de protection par le droit d’auteur n’a cessé d’augmenter. Aux États-Unis, le Congrès l’a étendue à 19 reprises en deux siècles, ce qui n’est pas l’apanage des États-Unis : l’Union Européenne et les pays qui en font partie ont fait passer diverses lois et directives aux mêmes visées d’allongement de la durée de protection des œuvres. Chacune de ces lois a fait reculer le domaine public, mais une constante restait : ce qui entre dans le domaine public y reste définitivement. L’URAA est allée plus loin. Pour la première fois de l’histoire des États-Unis, le domaine public a été diminué : des œuvres en ont été arrachées. » Wikimédia France

« Tolkien, Kipling, Orwell, Hitchcock, Prokofiev… Des oeuvres de nombreux auteurs internationaux qui étaient passés dans le domaine aux Etats-Unis retournent dans le régime du copyright traditionnel. Contre toute attente, la Cour Suprême a validé mercredi 18 janvier l’accord de 1994 qui organise une telle expropriation des droits du public. » Numerama

Vous trouverez traduit ci-dessous un article relatant en détail cette décision de justice[1], mais pour mieux en comprendre les enjeux nous vous renvoyons sur le blog de Wikimédia France : Des œuvres du domaine public de nouveau soumises au copyright aux États-Unis. L’encyclopédie et les autres projets sont en effet directement impactés (sur Commons ce sont plus d’un million de fichiers à vérifier !).

Et pour aller encore plus loin et mettre le tout dans une triste perspective qui impose non seulement l’indignation mais également la mobilisation, il y a notre traduction de Cory Doctorow : On ferme ! La guerre imminente contre nos libertés d’utilisateurs.

Remarque : D’où l’intérêt de fêter le domaine public.

Horia Varlan - CC by

La Cour suprême des États-Unis autorise le Congrès à replacer sous copyright des œuvres du domaine public

Supreme Court rules Congress can re-copyright public domain works

David Kravets – janvier 2012 – ArsTechnica
(Traduction Framalang : OranginaRouge, e-Jim, DonRico)

Le 17 janvier, la Cour suprême a statué que le Congrès américain a le droit de retirer compositions musicales et autres œuvres du domaine public, où l’on est libre de les exploiter et de les adapter, et de les placer de nouveau sous le régime du copyright.

Par un vote de six voix contre deux, la Cour a jugé qu’une création qui entre dans le domaine public ne se retrouve pas pour autant dans « un territoire dont les œuvres ne pourront jamais ressortir ».

Le tribunal supérieur examinait une requête déposée par un collectif qui rassemblait chefs d’orchestre, éducateurs, artistes de scène et archivistes, requête demandant aux juges de casser une décision rendue en appel défavorable au groupe, dont les membres s’appuient sur les œuvres artistiques du domaine public pour leur activité professionnelle.

Selon eux, replacer des œuvres du domaine public sous copyright constituerait une atteinte à la liberté d’expression de ceux qui utilisent à présent ces travaux sans devoir s’acquitter de droits d’exploitation. Des millions d’œuvres anciennes sont concernées. Parmi les plus connues, on trouve The Shape of Things to Come de H.G. Wells, Metropolis de Fritz Lang, et les compositions d’Igor Stravinsky.

La Cour ne s’est toutefois pas montrée insensible à l’argumentation des plaignants. Représentant la majorité, la juge Ruth Ginsburg a déclaré « une certaine restriction des possibilités d’expression est l’effet inhérent et recherché de toute attribution de copyright ». Mais la Cour suprême, qui compte un membre de moins depuis la récusation de la juge Elena Kagan, a indiqué que la volonté du Congrès de replacer sous copyright ces œuvres pour se conformer à un traité international demeurait plus importante.

Pour diverses raisons, les œuvres concernées – qui sont étrangères et ont été créées il y a plusieurs décennies – sont entrées dans le domaine public aux États-Unis, mais étaient encore soumises au copyright à l’étranger. En 1994, le Congrès a adopté une législation permettant de ramener les œuvres dans le giron du copyright, afin que la réglementation américaine soit en accord avec un traité international sur le droit d’auteur : la Convention de Berne.

Les juges Stephen Breyer et Samuel Alita, dans une opinion dissidente, ont indiqué que cette législation est en opposition avec la théorie du copyright et « n’incite personne à produire une œuvre nouvelle ». Si le copyright a été inscrit dans la Constitution, ont-ils fait remarquer, c’est pour promouvoir les arts et les sciences.

Cette législation, a avancé Breyer, « n’accorde de récompense pécuniaire qu’aux détenteurs d’œuvres anciennes placées dans le domaine public américain. En outre, cette loi entrave la propagation de ces œuvres, des travaux étrangers publiés hors des États-Unis après 1923, qui se comptent par millions et comprennent films, œuvres d’art, photographies innombrables et, bien sûr, livres – des ouvrages qui (en l’absence de cette loi) prendraient la place qui leur est due dans des bases de données accessibles par ordinateur, diffusant ainsi le savoir dans le monde entier. »

Anthony Falzone, directeur du Fair Use Project à l’université de Stanford et avocat d’un des demandeurs du dossier, a qualifié le verdict de « regrettable », et déclaré que cela « laisse entendre que le Congrès n’est pas tenu à prendre en compte l’intérêt public lorsqu’il vote des lois sur le copyright. »

La majorité a néanmoins rejeté les arguments selon lesquels un jugement favorable à la décision du Congrès équivaudrait à conférer au législateur le droit d’attribuer des périodes de copyright permanentes.

« On ne peut accuser le Congrès de vouloir se diriger subrepticement vers un régime de copyright permanent parce qu’il a aligné les États-Unis sur les autres nations signataires de la Convention de Berne, et donc accordé un traitement équitable à des auteurs étrangers autrefois défavorisés », a rétorqué la juge Ginsburg.

Ce n’est pas la première fois que la Cour suprême approuve l’extension du copyright. En 2002, elle avait déjà entériné la décision du Congrès d’en allonger la durée, qui était alors passée de cinquante ans après la mort de l’auteur à soixante-dix ans après sa mort.

Lawrence Golan, le représentant des plaignants, a indiqué à la haute juridiction que son orchestre ne sera plus en mesure d’interpréter la Symphonie classique et Pierre et le loup de Prokofiev, ni la Symphonie n°14 et le Concerto pour violoncelle de Chostakovitch, à cause des droits d’exploitation.

Chris Schmich - CC by-sa

Notes

[1] Crédit photos : Horia Varlan (Creative Commons By) et Chris Schmich (Creative Commons By-Sa)




Bépo, libérons les claviers, une touche après l’autre

Le saviez-vous ? Il n’y a pas que l’azerty (ou le qwerty) dans la vie des claviers qui peuvent eux aussi se libérer !

Il faut parfois du temps pour apprivoiser GNU/Linux et libérer son ordinateur acheté avec un système d’exploitation propriétaire dedans. Mais ceux qui y sont arrivés savent pourtant que le jeu en vaut la chandelle.

Et s’il en allait de même de nos claviers, libérables grâce à la disposition bépo sous Creative Commons By-Sa, spécialement conçue pour la saisie du français ?

Ceux qui ont fait l’effort de migrer de l’azerty au bépo peuvent en témoigner : vous aurez alors le plaisir de tapoter sur un clavier libre tout en gagnant en confort et rapidité d’exécution, ce qui est bien là l’essentiel.

Et pour vous donner plus envie encore de vous y frotter, rien de tel qu’une présentation assortie d’un petit voyage dans le temps pour comprendre comment et pourquoi le bépo a vu le jour. Une belle histoire (à rebondissements) racontée par notre ami Ploum.

Surprenons-nous à rêver. Peut-être qu’un jour on le trouvera dans les écoles et que les constructeurs seront alors obligés de suivre.

C’est la seconde contribution de Ploum sur le Framablog après le tout aussi intéressant article sur la monnaie libre Bitcoin.

Clavier Bépo - A2 - CC by-sa

Le Bépo n’est pas un numéro, c’est un clavier libre

Ploum – décembre 2011
Licence Creative Commons By-Sa

Je fais partie de ces personnes qui cherchent sans relâche à comprendre l’origine de nos habitudes, à remettre en question l’acquis. Entre nous, si vous lisez ceci, il y a de fortes chances que vous en fassiez partie vous aussi.

Si la technologie bouleverse bien des choses, elle impose aussi ses petites manies dont l’origine se perd parfois dans les brumes de sa courte histoire. Prenons l’exemple de cette machine que vous connaissez certainement et qui requiert des ses utilisateurs d’apprendre à manipuler plus d’une centaines de boutons, lesquels sont placés dans un ordre purement arbitraire et sans alignement correct.

Je parle bien entendu de l’ordinateur et de son mode d’interaction majeur: le clavier.

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi l’on tapait sur un clavier Azerty en France et en Belgique francophone ? Et bien, vous ne l’apprendrez pas dans cet article car, malgré toutes mes recherches, j’ai été incapable de le découvrir.

Commençons par le commencement : un beau matin de 1868, alors que les États-Unis résonnent encore des canons de la guerre de sécession, un bricoleur du Wisconsin du nom de Sholes invente la première machine à écrire. Sans se poser trop de question, il place logiquement les touches par ordre alphabétique.

Chaque touche appuyant sur une barre métallique horizontale qui ne peut pas frotter contre ses voisines, Sholes se voit dans l’obligation de décaler les rangées de touches, décalage qui est encore présent, sans aucune raison autre qu’historique, sur votre clavier, voire même sur les claviers virtuels des tablettes et des écrans tactiles !

Un autre problème apparait rapidement : les utilisateurs ont meilleure vitesse de frappe que prévu et si deux touches concomitantes sont pressées trop rapidement, le système se bloque.

En attendant de résoudre la cause mécanique du problème, Sholes propose un bon gros « hack » en décidant de placer les touches de manière tout à fait aléatoire mais en évitant que deux touches souvent utilisées ensemble soient proches sur le clavier. L’engin se calera toujours mais moins fréquemment. James Desmore, le marketing manager embauché par Sholes, propose que la marque qu’ils ont créés pour l’engin, « Typewriter », puisse être écrite en n’utilisant que la première rangée, histoire de faciliter le travail des démonstrateurs.

C’est ainsi qu’apparait la disposition Qwerty décalée, disposition la plus utilisée dans le monde et installée par défaut sur tous les systèmes informatiques. Comme je vous l’ai annoncé précédemment, la raison pour laquelle cette disposition se modifie en traversant la manche est inconnue. On pourrait penser une adaptation à la langue mais l’Azerty ne s’avère pas particulièrement propice à l’usage du Français et, de plus, on remarque facilement que la disposition de clavier ne dépend pas de la langue. Ainsi, si les Français utilisent l’Azerty, les Belges l’ont modifié pour en faire l’Azerty belge, les Canadiens utilisent un Qwerty francophone et les Suisses un Qwertz francophone également. L’observation des autres langues parlées dans plusieurs pays (comme l’Espagnol) démontre que l’usage d’une langue n’est en rien liée à une disposition de clavier.

Remarquons que Sholes lui-même dénoncera cet état de fait. Une fois les problèmes techniques de son invention réglés, il travaillera à optimiser la disposition en fonction de la fréquence des lettres en langue anglaise. Las, les utilisateurs se sont déjà habitués au Qwerty et les commerciaux de l’époque ne souhaitent pas prendre le risque de proposer une alternative.

Il faut alors attendre les années 1920 pour que le professeur de psychologie August Dvorak s’attaque à la mise au point une méthode précise permettant de déterminer la disposition optimale des touches sur un clavier, en fonction de la langue. Cette méthode nécessite de choisir un échantillons de textes représentatifs d’une langue et de déterminer la fréquence d’apparition de chaque lettre, individuellement ou dans un groupe donné (digramme, trigramme voire plus). Dvorak classe aussi les touches par degré de « confort » et détermine d’autres caractéristiques importantes, telles que le bénéfice d’une alternance gauche-droite lors de la frappe.

En 1932, Dvorak est fier de présenter une disposition particulièrement adaptée à l’anglais. Hélas, on lui oppose deux arguments : la nécessité de remplacer les machines actuelles et la nécessité de réentraîner les dactylos. Dvorak persévère et démontre que devenir dactylo en Dvorak est plus rapide qu’en QWERTY. Les dactylos Dvorak atteignent des vitesses impressionnantes. Ainsi, Barbara Blackburn bat le record du monde en maintenant une vitesse moyenne de 150 mots par minutes durant 50 minutes, avec des pointes à 170 mots par minutes. Personne n’a fait mieux depuis. À titre de comparaison, une personne n’ayant jamais fait de dactylo et tapant « vite » à 6-7 doigts dépasse rarement 50 mots par minutes. Et seuls de très bons dactylos pointent à 80-90, la moitié du record de Blackburn !

Toute cette histoire est très bien racontée en BD (et en anglais) sur DVZine, je vous en conseille la lecture.

Mais revenons à notre clavier. Devant la résistance des fabricants et du marché, l’invention du professeur Dvorak restera une curiosité jusqu’à l’avènement d’un nouvel outil : l’ordinateur.

Les ordinateurs offrent en effet une particularité extraordinaire par rapport aux machines à écrire : ils peuvent être programmés. Leur comportement peut être modifié. Il ne faut pas longtemps donc pour que des bidouilleurs ressortent la disposition Dvorak du placard, reprogramment leurs ordinateurs pour l’utiliser à la place du QWERTY et, pour faire joli, collent éventuellement des autocollants sur les touches.

Le Dvorak commence une seconde vie. Grâce à Internet, les principes du professeur Dvorak se répandent hors Anglophonie, menant à des initiatives plus ou moins heureuses de clavier Dvorak adapté à d’autres langues.

En France, outre une initiative restée lettre morte dans les années 1970 (le clavier Marsan), il faut attendre 2002 pour que Francis Leboutte crée une version Dvorak-fr. Cette version est modifiée par Josselin Mouette, développeur Debian, qui l’adapte à ses besoins. C’est ainsi que le clavier Leboutte-Mouette devient le Dvorak-fr présent sur la plupart des systèmes Linux.

Cependant, Francis Leboutte réclame les droits de cette disposition et déclare qu’ils ne sont pas sous licence libre. Les modifications de Josselin Mouette pourraient donc être illégales. Pendant que les discussions s’enlisent sur la pertinence de soumettre une disposition de clavier à une licence, un groupe de volontaires décide de faire table rase du passé et de recommencer à zéro.

Une grande partie de la subtilité de la méthode Dvorak réside dans le choix des échantillons de texte dits “représentatifs”. Notre nouveau groupe pose plusieurs bases :

  • Les textes auront une couverture très large. Outre les textes littéraires ou courants, la programmation, le courriel et la messagerie instantanée seront pris en compte.
  • Le clavier favorisera le respect des règles typographiques du Français, trop longtemps bafouées à cause d’un clavier inadapté (majuscules accentuées, espaces insécables, guillemets francophones, …)
  • Autant que possible, le clavier devra permettre l’utilisation d’autres langues que le français. ¡ Me gusta !
  • Le résultat et tous les outils produits seront sous licence libre.
  • Le projet sera mené démocratiquement et évoluera au gré des votes de ses membres.

Très vite, la disposition des touches principales s’impose. Les quatre premières donneront leur nom au projet : BÉPO.

En 2008, après 5 ans de travail et d’itérations multiples, la communauté présente le Bépo 1.0. Rapidement, celui-ci est inclus dans les distributions Linux et devient le Dvorak-fr par excellence. Il est d’ailleurs disponible sur la majorité des systèmes d’exploitation.

Aucune étude indépendante n’a jamais prouvé l’avantage de la vitesse d’une disposition sur une autre, ce qui a d’ailleurs été une des principales critiques faites au professeur Dvorak, celui-ci ayant mené toutes les études par lui-même. Ne voulant tomber dans le même piège, le projet Bépo a choisi de mettre en avant le confort de frappe plutôt que la vitesse.

Le Bépo serait donc un outil de confort, les doigts devant parcourir une distance nettement réduite. Les retours des utilisateurs souffrant de troubles musculosquelettiques (parmi lesquels, à cet époque, votre serviteur) tendent à montrer une nette amélioration voire, une guérison totale. Mais, encore une fois, ce résultat est à prendre avec des pincettes n’étant pas scientifique.

À titre d’exemple, voyez cette vidéo d’un même texte tapé par une personne maîtrisant à la fois l’Azerty et le Bépo.

On remarque qu’avec la disposition Bépo, les mains ne semblent bouger qu’à peine. Or, le texte en Bépo est en fait tapé plus rapidement que celui en Azerty !

Ceci dit, changer de disposition n’est pas chose aisée , surtout après plusieurs décennies d’Azerty. Pour une migration efficace et en suivant une méthode structurée, comptez quand même plusieurs semaines. Je peux en témoigner.

Mais, après tout, n’est-il pas temps de faire table rase des habitudes absurdes héritées du passé pour prendre soin de notre confort ? Ne doit-on pas encourager ces évolutions disruptives, surtout lorsqu’elles proviennent d’un projet libre et démocratique comme le Bépo ?

Rien que pour la beauté du geste, le Bépo mérite d’y consacrer quelques semaines, vous ne trouvez pas ?

PS: Et le décalage des rangées de touches me direz-vous ? J’allais oublier ! À ma connaissance, un seul fabricant de clavier a décidé de s’atteler au problème, donnant naissance au TypeMatrix. Les amateurs de la disposition Bépo sont nombreux à vanter ce clavier très particulier qui, en plus d’être confortable, peut être commandé en Bépo. On regrettera cependant son prix élevé (près de 90€) et le manque d’intérêt de la part des autres constructeurs.

Quand à Josselin Mouette, il m’a avoué être retourné sur un Azerty tout ce qu’il y a de plus banal mais je ne désespère pas de le convaincre de se mettre au Bépo.

Bépo Logo




Facebook et Google nous livrent leur version « malbouffe » de l’information

The Filter Bubble - Eli PariserLes médecins et pouvoirs publics ne cessent de nous interpeller au sujet de notre régime alimentaire : une alimentation variée et équilibrée est in-dis-pen-sable à notre santé, disent-ils en substance.

Et si nous décidions d’accorder la même attention à notre régime informationnel ?

Lorsque nous allons chercher de l’information en ligne, les contenus qui nous sont servis sont-il bien variés et équilibrés, ne contiennent-il pas trop d’informations grasses ou sucrées ?

La question ainsi posée par Eli Pariser dans le texte que nous vous proposons ci-dessous peut paraître étrange au premier abord, mais seulement si l’on ignore comment les grands restaurants d’information du Web que sont Google, Facebook ou Yahoo composent les assiettes qu’ils nous servent.

Imaginez un restaurant qui affinerait en permanence sa carte en fonction de ce que vous avez commandé précédemment et, si vous êtes un habitué, en fonction de ce que vous commandez le plus souvent. Seriez-vous étonné, au final, de ne plus avoir le choix qu’entre un steak-frites, une pizza à la viande hachée et des pâtes à la bolognaise, quand votre voisine de table se voit systématiquement proposer un choix de trois salades composées ? Comment pourrions-nous alors découvrir de nouveaux plats ou tout simplement varier nos menus ?

NB : terminons cette présentation en citant le moteur de recherche DuckDuckGo dont le manifeste exclut toute personnalisation des résultats (ainsi que tout pistage )

Facebook et Google nous livrent de l’information « malbouffe » avertit Eli Pariser

Bianca Bosker – 7 mars 2011 – HuffingtonPost.com
(Traduction Framalang : Antistress et Goofy)

Facebook, Google Giving Us Information Junk Food, Eli Pariser Warns

S’agissant de contenu informationnel, Google et Facebook nous offrent trop de sucreries et pas assez de légumes.

C’est l’avis d’Eli Pariser, activiste politique et précédemment directeur exécutif de MoveOn.org, qui tire la sonnette d’alarme au sujet des modifications du Web opérées par des algorithmes invisibles afin de produire des résultats de recherche personnalisés, des flux d’information et autres contenus taillés sur mesure qui menacent de limiter notre exposition à de nouvelles informations et de restreindre notre champ de vision sur le monde.

Pariser qui se décrit politiquement comme progressiste, racontait à la conférence annuelle TED qu’il avait toujours fait attention à prendre comme amis sur Facebook aussi bien des libéraux que des conservateurs, afin de garder un œil sur les discussions de chaque groupe. Pourtant il constata qu’avec le temps d’étranges choses se produisaient : ses amis conservateurs sur Facebook avaient disparus de son flux d’information. Il réalisa que l’algorithme de Facebook les en avait retirés au motif que Pariser cliquait plus souvent sur les liens de ses amis libéraux que sur ceux de ses amis conservateurs.

Google est également coupable de truquer les résultats affichés en fonction des actions passées de l’internaute. Pariser souligne combien, lors d’une même recherche sur Google, deux utilisateurs peuvent recevoir des résultats complètement différents compte tenu du fait que le moteur de recherche utilise 57 indicateurs propres à l’utilisateur pour modifier et adapter les résultats. « Il n’y a plus de Google générique » relève Pariser.

« Ceci nous conduit très rapidement vers un monde dans lequel Internet nous montre ce qu’il pense que nous voulons voir, mais pas nécessairement ce que nous avons besoin de voir » déclare Pariser au sujet des modifications opérées par la voie des algorithmes.

À cause des algorithmes qui déterminent ce que nous voyons en ligne d’après nos habitudes de navigation, de lecture et les liens sur lesquels nous cliquons, nous risquons d’être confrontés à moins de points de vue, d’être exposé à un champ plus réduit d’opinions et de contenus, ajoute Pariser.

« Si vous prenez tous ces filtres ensemble, si vous prenez tous ces algorithmes, vous obtenez ce que j’appelle une bulle de filtres. Votre bulle de filtres est votre univers d’information unique et personnel dans lequel vous vivez en ligne » déclare t-il. « Ce qui est dans votre bulle de filtres dépend de qui vous êtes et de que vous faites, mais le truc c’est que vous ne décidez pas ce qui entre dedans… Et plus important, vous ne voyez pas ce qui, en fait, s’en trouve rejeté. »

Les entreprises ont présenté la personnalisation de l’information comme une façon de fournir à l’utilisateur des contenus plus pertinents au regard de ses centres d’intérêt. Lorsque Google a lancé la recherche personnalisée auprès de l’ensemble de ses utilisateurs, il a vanté les mérites de cette fonctionnalité en disant qu’elle aiderait les gens à obtenir de meilleurs résultats. Selon le livre The Facebook Effect, Mark Zuckerberg (NdT : le créateur de Facebook) expliquait à son équipe l’utilité du flux d’information de Facebook en ces termes : « Un écureuil mourant dans votre jardin peut être plus pertinent pour vos intérêts du moment que les gens qui meurent en Afrique. ».

Pariser enjoint les responsables techniques d’entreprises comme Facebook et Google représentées à la conférence TED de reconsidérer leur approche afin de créer l’Internet dont nous révons tous, celui qui nous apportera des perspectives nouvelles, alternatives, et qui nous incitera à penser les choses de manière neuve et différente.

« Nous avons vraiment besoin que vous vous assuriez que ces algorithmes incorporent le sens de la vie publique, de la citoyenneté responsable » déclare Pariser. « Le problème est que les algorithmes n’ont pas encore le genre d’éthique intégrée qu’avaient les éditeurs. Donc si les algorithmes vont inventorier le monde pour nous, s’ils vont décider ce que nous pouvons voir et ce que nous ne pouvons pas voir, alors nous devons nous assurer qu’ils ne se sont pas basés uniquement sur la pertinence. Nous devons nous assurer qu’ils nous montrent aussi des choses qui sont dérangeantes ou stimulantes ou importantes. »

Des algorithmes plus intelligents, plus responsables, sont nécessaires pour garantir un régime d’information équilibré, ajoute Pariser.

« La meilleure des éditions nous donne un peu des deux », déclare t-il. « Il nous donne un petit peu de Justin Bieber et un petit peu d’Afghanistan. Il nous donne de l’information légumes et il nous donne de l’information dessert. »

Sinon, avertit-il, nous risquons de consommer trop d’informations fast food.

« Au lieu d’un régime d’information équilibré, vous pouvez finir entouré d’informations malbouffe » conclut Pariser.




Pourquoi le projet de loi américain SOPA nous menace-t-il tous 1/3

Stop SOPAD’un côté l’État, de l’autre le citoyen. Champ de bataille : Internet. Enjeu principal : la liberté. Parfois le front est international et ça donne l’ACTA, parfois il est national comme l’actuel SOPA aux USA.

Le problème avec les USA , c’est que tout ce qui est national impacte l’international tant est grande leur influence sur l’Internet.

Qu’est-ce donc que ce nouvel acronyme SOPA dont on parle trop peu de notre côté de l’Atlantique ?

« Le Stop Online Piracy Act (ou SOPA), aussi connu sous le nom de H.R.3261, est un projet de loi américain qui élargit les compétences de la législation américaine et des ayants-droit pour lutter contre la contre-façon en ligne de la propriété intellectuelle..SOPA prévoit toute une série de mesure à l’encontre des sites contrevenants. Les pénalités prévues incluent notamment la suspension des revenus publicitaires et des transactions en provenance de services comme Paypal, l’interruption du référencement sur les moteurs de recherche, et le blocage de l’accès au site depuis les principaux opérateurs internet. SOPA criminalise également le streaming de contenu protégés. Les initiateurs de SOPA affirment qu’elle protège les secteurs économiques américains dépendant de la propriété intellectuelle et donc nombre d’emplois et de revenus financiers. Il paraît ainsi nécessaire de renforcer la législation existante, notamment à l’encontre des sites étrangers. Ses détracteurs la qualifient de censure numérique. »

Et Wikipédia de conclure avec la prudence qui la caractérise : « Elle malmènerait l’ensemble d’Internet et menacerait la liberté d’expression. »

Pour ce qui nous concerne, nous n’hésitons pas à lever ce conditionnel et nous nous associons par nos traductions au combat que mène dans l’urgence et avec d’autres l’Electronic Frontier Foundation (EFF) pour tenter de modifier la donne.

Comme le souligne Jérémie Zimmermann sur La Quadrature du Net : « Des mesures de censure du Net aussi vastes et disproportionnées au nom du droit d’auteur sont la conséquence directe de la guerre globale des industries du divertissement contre le partage sur Internet. Alors que la Commission européenne et les États Membres de l’Union européenne poussent à la ratification de l’ACTA pour intensifier la guerre contre le partage, il est clair que les mesures inclues dans SOPA seront bientôt discutées en Europe si rien n’est fait pour les arrêter ».

PS : Cet article fait partie d’un dossier consacré à SOPA sur le blog. On notera que le projet de loi a été ajourné mais ne nous réjouissons pas trop vite…

Quel est le problème avec SOPA ?

What’s Wrong With SOPA?

Electronic Frontier Foundation – Décembre 2011
(Traduction Framalang/Twitter : Kamui57, Skhaen, Gordon, Stephanie, Toto, Martin, Quota)

L’Acte pour Stopper la Piraterie en Ligne (Stop Online Piracy Act, SOPA, H.R. 3261) est une nouvelle loi dangereuse débattue en ce moment à la Chambre des représentants américains. Ses partisans arguent que SOPA cible les sites étrangers « véreux » encourageant les infractions sur internet, mais le langage approximatif qu’elle emploie donnerait naissance à de nouveaux outils dévastateurs pour museler des paroles légitimes partout sur le web.

Malgré l’opposition de longue date d’une coalition diversifiée comprenant des organisations de lutte pour les droits de l’homme et les libertés civiles, des leaders de l’industrie technologique, des experts en sécurité, des spécialistes en droit, des législateurs des deux partis, et beaucoup d’autres, la loi progresse rapidement à travers le Congrès, alimentée par des injections massives d’argent de la part des grandes entreprises de contenus (et donc de gestion des droits d’auteur).

Que pouvons-nous faire pour arrêter cette loi désastreuse ? C’est le moment de prendre le téléphone pour appeler votre député à Washington, et lui faire savoir que nous ne tolèrerons pas cette loi de censure d’internet. Voici quelques faits pour vous aider à comprendre pourquoi :


  • SOPA donne aux individus et entreprises un pouvoir sans précédent pour museler l’expression en ligne. Avec SOPA, des individus ou entreprises pourraient envoyer une notification aux partenaires financiers d’un site (NdT : exemple Paypal), exigeant que ces derniers cessent de traiter avec le site ciblé — même si le site en question n’avait jamais été reconnu coupable d’infraction devant un juge américain. Comme beaucoup de sites dépendent de ces revenus pour couvrir leurs frais de fonctionnement, une seule accusation d’infraction pourrait les ruiner.
  • SOPA donne au gouvernement encore plus de pouvoir pour censurer. L’avocat général peut rayer des sites du web en créant une liste noire et exiger des prestataires de services (tels que les moteurs de recherche et les registraires de nom de domaine) de bloquer les sites appartenant à cette liste.
  • SOPA utilise un langage approximatif dont il va profiter/qui sera exploité. La loi cible presque chaque/n’importe quel site hébergeant du contenu genéré par les utilisateurs ou même qui n’a qu’une fonctionnalité de recherche de contenu, en ne garantissant aucune protection pour les contenus légaux.
  • SOPA ne stopperait pas la piraterie en ligne. Les outils puissants mis à la disposition de l’avocat général gêneront beaucoup les utilisateurs lambda, mais les utilisateurs motivés et expérimentés les contourneront très facilement.

S’il vous plaît appelez aujourd’hui et faites entendre votre voix sur cette question importante. Vous trouverez le numéro de votre député(e) ici : https://eff.org/sopacall.

Il y a beaucoup d’autres raisons pour lesquelles SOPA dessine un avenir sombre à l’avenir d’Internet : cette loi va saper les efforts de défense des droits de l’Homme, interférer avec d’importantes initatives sur la sécurité d’Internet, et balkaniser Internet. Pour plus d’informations sur ces dangers, vous trouverez notre couverture continue de la loi sur https://www.eff.org.

-> Lire d’autres articles consacrés à SOPA sur ce blog




La liberté sur Internet : certains en parlent, d’autres la font… Rejoignez-nous !

Le mouvement du logiciel libre a la chance de posséder deux grands tribuns de l’autre côté de l’Atlantique : Richard Stallman, que l’on ne présente plus, et Eben Moglen.

Ils n’ont pas le même style, dans le fond comme dans la forme, mais ils sont tous deux bigrement efficaces et efficients lorsqu’il s’agit de porter la bonne parole, en la rendant accessible au plus grand nombre dans un anglais simple, clair et percutant. Quand on sort de l’une de leurs conférences, on s’en trouve souvent comme revigoré pour ne pas dire galvanisé 🙂

Nous avions fait l’effort de sous-titrer une longue mais pasionnante et magistrale intervention d’Eben Moglen il y a quelques temps de cela : 1 heure de votre temps pour écouter Eben Moglen.

Donnée en février dernier dans le cadre d’un évènement autour du journalisme et des nouveaux médias, voici une conférence du même acabit et du même auteur qui n’a pas son pareil pour donner l’impression que la somme de tout ce que nous, modestes petites fourmis, faisons chacun dans notre coin du Web fait sens commun et nous dépasse.

Il y évoque notamment l’un des projets qui lui tient hacker et nous avec puisque nous lui avions consacré un enthousiaste et prometteur billet : La Freedom Box ou la petite boîte qui voulait que l’Internet restât libre.

En 2012, c’est décidé, je vote Eben Moglen !!

PS : Le sous-titrage provient de l’excellent projet Mozilla Universal Subtitles. Merci à Eric Verdier pour la traduction. Et si vous la jugez perfectible, suivez le même lien ci-avant pour l’amélioration 🙂

Navigating the Age of Democratized Media

—> La vidéo au format webm
—> Le fichier de sous-titres

Transcript

Merci Tom, c’est un grand plaisir d’être ici.

Je suis très heureux d’avoir l’occasion de parler des questions qui me préoccupent le plus dans un contexte qui nous permet de parler un peu du journalisme et un peu de l’ignorance et un peu de l’abus de pouvoir.

Le problème que représente la presse c’est-à-dire la machine de communication depuis le début de l’industrialisation de la communication et de la lutte contre l’ignorance en Europe, au 15e siècle. Le problème posé par la presse est sa soumission incroyable au pouvoir. Presse et Pouvoir sont difficiles à séparer plus difficiles à séparer que le beurre d’arachide et la gelée, plus difficile à séparer que la nuit et le jour. Presse et Pouvoir sont liés l’un à l’autre depuis le début parce que dès le début il a été clair que l’alternative à une étreinte entre la presse et le pouvoir est une constante révolution alimentée par le désir des gens à connaître et à s’autoriser à agir dans leur propre intérêt, indépendamment de l’intérêt du pouvoir.

Notre adoption de la presse dans le monde européen après l’effondrement de l’unité de la chrétienté et la fin du système pour le contrôle de l’esprit qu’ a été l’Église catholique universelle, dans cette grande révolution intellectuelle, morale et politique que nous avons appelé la Réforme. La réponse à la Réforme fut l’apprentissage par toutes les sociétés européennes, protestantes et catholiques à la fois, que la presse ne pouvait pas être autorisée à être libre, et le résultat a été la censure presque partout pendant des centaines d’années.

Dans de rares endroits en Europe, en Hollande et au Royaume-Uni, en fait en Angleterre après 1650, puis à nouveau après 1695, dans les rares endroits où la presse était libre d’imprimer sans contrôle, le résultat a été le révolution intellectuelle, politique et morale que nous appelons les Lumières et la Révolution française, qui est une preuve de plus que permettre aux gens de savoir, d’apprendre, de s’éduquer les uns les autres et de partager entraînera la décentralisation du pouvoir et une menace pour tous les « Ancien Régime ».

Mais à l’âge des médias capitalistes dans lequel nous sommes en train de passer le mariage entre la presse et le pouvoir a été une fois de plus une question d’attraction magnétique. La presse, qui est la production industrielle et la diffusion de l’information organisée, la presse est devenue la bonniche de la classe possédante.

Liberté de la Presse. Le grand critique de presse américain A. J. Liebling a écrit: « La liberté de la presse appartient à celui qui en possède une » et à travers le 20e siècle tant à l’égard de la presse que de son proche cousin, la diffusion ça a été encore plus vrai.

Nous sommes en train de sortir de l’ère de la presse comme nous passons de l’idée qu’il y a une machine qui transforme l’information du local et temporaire à l’universel et permanent. A la place, nous avons commencé de vivre à l’intérieur d’un système nerveux numérique qui relie chaque être humain sur la planète à tout autre être humain sur la planète actuellement ou potentiellement sans intermédiaires

À la fin de la prochaine génération quelques soient les horreurs ou victoires qui arriveront dans l’intervalle d’ici la fin de la prochaine génération nous allons vivre dans ce monde de l’interconnexion généralisée sociale de l’homme qui est ce que nous voulons dire lorsque nous parlons de l’Internet.

Chaque fax, heu, les quelques-unes restantes, tous les scanners, chaque imprimante, chaque téléphone, chaque appareil, chaque caméra vidéo, ai-je dit par téléphone… téléphone… téléphone… téléphone ? Chaque objet avec une alimentation électrique sera une collecteur d’informations et un système de distribution contrôlée par certains êtres humains quelque part, à une extrémité ou à l’autre.

S’il est contrôlée au final là où sont les êtres humains, où ils luttent, où ils cherchent à vendre leurs légumes, où ils sont offensés par un policier refusant de leur permettre de vendre leurs légumes où ils agissent dans la rue pour aider un vendeur de légumes empêché de vendre ses légumes par un policier offensant partout nous aurons des informations réalisées par des personnes pour se libérer.

Considérez ceci : des Indiens maintenant les plus pauvres des pauvres ont des téléphones mobiles et sur ce téléphone mobile, sur le mobile de chacun, chaque livre, chaque morceau de musique chaque vidéo, chaque carte, chaque expérience scientifique, tout type d’information utile ou belle pourra être mis à disposition de chacun s’il n’y avait pas de règles contre le partage.

Tout ce que nous ont laissé dans ce grand système nerveux de l’humanité, tout ce que nous ont laissé que fait obligatoire l’ignorance sont les règles contre le partage.

Lorsque les lois contre le partage auront disparues, et ça va venir, l’ignorance, pour la première fois dans l’histoire de la race humaine, pourra être évitée partout. En ce moment, on voit à travers le monde les jeunes montrer qu’ils sont prêts à tenir debout devant les balles pour la liberté. Plus tard dans ce siècle, vous verrez les jeunes à travers le monde montrer qu’ils sont prêts à tenir devant des balles afin d’avoir la liberté d’apprendre.

Lorsque cela se produira, la race humaine traversera la révolution la plus importante depuis 1789, et un « ancien régime », qui mérite de périr périra dans le monde entier ici nous discutons aujourd’hui de quelques-unes, simples, premières pièces de cette immense révolution. Le démembrement des systèmes de production de l’information contrôlée et de sa distribution qui existent depuis le matin après Gutenberg.

Mais on est le lendemain du matin après Gutenberg.

C’est le moment où les disparités de pouvoir et les disparités d’accès commencent à céder la place et de l’autre côté, en ce moment, sont presque tous les gouvernements et presque toute la presse et presque tous les privilégiés qui ne veulent pas que le monde change.

Je dînais avec un gouvernement officiel à Washington, DC plus tôt cette semaine et je lui ai dit « Vous savez, environ la moitié des réseaux de télévision en Europe cherchent à m’avoir pour un interview pour discuter de l’hypocrisie du gouvernement américain sur la politique de la liberté sur Internet », J’ai dit « et si la moitié des réseaux de télévision au Europe veulent me parler de l’hypocrisie de la politique américaine sur la liberté de l’Internet, ça fait penser que le Département d’État a un problème ». Il a dit « Oui, ils savent qu’ils ont un problème, et ils veulent faire quelque chose. »

Et ils devraient, mais tous les gouvernements de la Terre ont du mal à parler de l’Internet libre, parce que tous les gouvernements de la Terre font partie d’une structure de pouvoir qui perdront quelque chose à des flux d’information libre, tout comme les grandes institutions économiques dominant notre époque, comme les institutions de surveillance qui vous offrent leur moteur de recherche tant que vous partagez tout ce que vous cherchez, et un e-mail gratuit, tant que vous les laisser les lire, et des appels téléphoniques gratuits, tant qu’ils peuvent les écouter, juste pour les besoins de la publicité, vous surveille.

S’il vous plaît, apportez un demi-million de personnes ici et vivez votre vie sociale à l’intérieur de mon système de surveillance. Je vais prendre soin de vous. Bien sûr, sauf si vous êtes dans la rue protestant contre la dictature, dans ce cas, ce que nous allons vous dire, c’est : notre grand service de réseau social est complètement neutre entre les dictateurs et les les gens dans la rue se combattant… pas notre préoccupation ici à whatchamacallit.

Il s’agit d’une phase de transition, vous comprenez ? Je vous ai dit où nous allons. Maintenant, la question est de savoir comment allons-nous y arriver ?

Voici comment nous allons y arriver : le monde va se remplir de bon marché, petits, dispositifs de faible puissance qui vont remplacer la plupart des ordinateurs auxquels vous êtes habitués.

Tous ces gros ordinateurs sur les bureaux et dans les placards, et dans des chambres pleines de serveurs quelque part, remplacés par des choses pas beaucoup plus grosses qu’un chargeur de téléphone portable, et beaucoup, beaucoup plus capables que le premier ordinateur que vous avez possédé, quel qu’il ai été ou peut-être même l’ordinateur que vous utilisez maintenant.

Ces dispositifs ne coûteront à peu près rien et il y en aura partout, et nous allons créer un logiciel qui s’exécutera dans chacun d’eux, qu’un enfant de 12 ans pourra installer et qu’un de 6 ans pourra utiliser qui permettra aux gens de communiquer librement partout, tout le temps, sans contrôle de l’État, sans contrôle d’un businessman, sans contrôle, ce seront des Freedom Box. Elles feront la liberté.

Nous n’avons pas à faire les boîtes, les boites vont remplir le monde. Nous avons juste besoin de créer le logiciel. Et la bonne nouvelle est que nous n’avons pas besoin de créer les logiciels, nous l’avons déjà créer. Tout le monde dans cette salle avec un téléphone Android l’utilise déjà. Tout le monde dans cette salle qui a été sur Facebook aujourd’hui, s’en est servi de l’autre côté.

Tout le monde qui a utilisé une banque ou un supermarché ou une compagnie d’assurance ou une gare, la semaine dernière a utilisé notre logiciel. Il est partout. Nous l’avons fait pour être partout. C’est libre et gratuit. Cela signifie que nous pouvons la copier, modifier, et le redistribuer librement. Cela signifie aussi que cela fonctionne pour les personnes, pas pour les entreprises.

Tout cela est déjà fait. C’est le résultat de 25 ans d’efforts de notre part.

Maintenant, en ce moment, dans la rue, à l’heure actuelle, nous commençons à montrer pourquoi il protège la liberté et pourquoi les gens en ont besoin. Et nous commençons à préparer à leur livrer.

A. J. Liebling, le critique de presse dont j’ai déjà parlé, a écrit une fois : « La presse américaine me fait penser à l’état d’une conserverie de poissons de 12 milliards de dollars en surchauffe, du dernier cri, comptant pour son approvisionnement sur six gars dans une barque en mauvais état. »

Le fait est, bien sûr, que le bloc monolithique de la presse industrielle du 20e siècle faisait tout bien sauf du reportage, ce qu’elle a mal fait, parce que le reportage a été le déjeuner gratuit dans le saloon, et à tout moment le gardien du saloon pouvait le couper, ce qu’il a fait. Je n’ai pas besoin de vous dire que ce processus s’est accélérée depuis A. J. Liebling qui mourut en 1975.

Donc, nous vivons désormais dans un monde où nous sommes sur le point de combler une lacune dans les reportages. Vous savez ce qui comble une lacune dans l’information – on en a déjà parlé – c’est tous ces téléphones, toutes ces caméras vidéo, tous ces tweets. En d’autres termes, nous avons déjà démocratisé le système de reportage.

Ce qui est effrayant pour le Système dans Wikileaks est que Wikileaks est pour la collecte d’informations ce que la Craig’s List est pour les petites annonces. Il modifie la gestion des fuites.

Je déteste corriger tout le monde sur n’importe quel point, mais je tiens à souligner que Wikileaks n’a pas publié les 250.000 câbles du Département d’État. Il possède 250.000 État câbles du ministère et a publié environ 2.000 d’entre eux. Ce qui est le nombre de câbles diplomatiques montrés aux correspondants diplomatiques à travers le monde travaillant pour les principaux journaux, chaque jour.

Mais personne ne dit que c’est de la trahison, parce que c’est le commerce officiel des fuites, à partir de laquelle les représentants du gouvernement, des seigneurs de presse et des propriétaires à travers le monde tirent du bénéfice tous les jours.

Le pouvoir économique, politique et le pouvoir de garder les gens dans l’ignorance.

Qu’est-ce qui se passe dans le Net, maintenant, dans les téléphones, dans les nœuds de sortie Tor, et ce qui se passera dans le monde multiplié par cent, dans peu de temps, dans toutes ces Freedom Box c’est, des informations libres pour le bénéfice de ceux qui en ont besoin.

Demandez-vous ce qui arrivera quand tous ceux qui en ont besoin pourront les avoir et tous ceux qui en ont, pourront les fournir. Qu’est-ce qui va se passer dans les quartiers ? Qu’est-ce qui se passera dans les postes de police. Ce qui va se passer, c’est ce qu’il se passe quand il y a un incendie ou un tremblement de terre, ce qui arrive quand un tyran chute.

Ces mêmes petites boîtes de peu dont je parle seront également en mesure de créer un réseau maillé wifi c’est-à-dire que si quelqu’un coupe le réseau de télécommunications dans un quartier le quartier va continuer à fonctionner.

Ce que M. Moubarak et ses conseillers ont mal compris. C’est pourquoi il est à Charm el Cheikh, avec l’espoir d’acheter un appartement dans l’une des tours en construction à La Mecque, sans doute. Parce que M. Moubarak et ses conseillers pensaient que si vous éteignez l’Internet, vous éteignez la génération Internet.

C’est une erreur. Car, en fait, ce n’est pas un système particulier de télécommunications, ou une structure de réseau social, une base de données particulière de « twatts » … ou twuts… ou twoots, ou quel que soit la façon dont ils les appellent. Ce n’est pas la technologie qui les font marcher c’est que les êtres humains ont compris quelque chose sur la société s’ils ont grandi dans le Net.

La plupart des êtres humains, la plupart du temps, dans la plupart des contextes sociaux, croient que le réseau social le plus précieux pour eux, c’est les gens qu’ils voient tous les jours, et les gens avec qui ils ont de forts rapports émotionnels. Voilà comment la plupart des gens,depuis toujours, pensent le monde social. C’est parce que nous avons évolué pendant des millions d’années pour penser de cette façon.

Comme parties de petits groupes de quelques dizaines de primates vivant au sol. Nos neurones ont évolués pour que nos heuristiques sociales évoluent pour que nous pensions que le réseau social assez solide pour nous soutenir, c’est le peuple que nous voyons autour de nous et que les gens dont nous nous soucions sont ceux qui se soucient de nous en retour.

Mais la génération des gens qui grandissent à l’intérieur du Net le sait maintenant, le sait viscéralement, le sait tout le temps comme une question d’habitude, c’est que le réseau social qui est suffisamment robuste pour changer le monde autour de vous comprend des milliers de personnes auprès desquelles vous ne vivez pas, et avec qui vous n’avez pas de lien émotionnel direct, mais que ce sont les gens qui croient ce que vous croyez, et veulent faire quelque chose, eux-aussi.

Qu’est-ce que nous avons appris à la fin du 20ème siècle d’abord en Pologne, puis dans d’autres endroits, c’est que ce qui fait la révolution, c’est la solidarité. La capacité qu’ont des personnes ne vivant pas à proximité les unes des autres dans l’espace social ou géographique, n’ayant pas de liens personnels immédiats les liant entre elles, de percevoir la capacité à s’auto-organiser pour la réalisation soudaine de profondes fins sociales

Ce que le réseau fait, ce que la vie avec le réseau fait, est d’enseigner aux humains que le coût de la solidarité a baissé. Qu’il est plus facile et plus rapide d’être solidaire qu’il ne l’a jamais été auparavant, et si vous prenez un tas de gens qui le savent, et vous coupez le réseau, ils vont être solidaires de la meilleure façon qu’ils connaissent. Ils jettent des tracts dans la rue, ils se servent de pigeons voyageurs, du téléphone arabe.

Ils font tout ça, parce que la vraie compétence acquise par l’humanité est possibilité l’auto-organisation, et ce que nous voyons maintenant, aujourd’hui, dans le Maghreb, à l’heure actuelle, aujourd’hui, dès maintenant, c’est que la solidarité par auto-organisation est plus forte que les balles des mitraillettes.

Partout dans le monde, la tyrannie aime dire : « L’alternative à mon pouvoir, c’est le chaos », et tout autour du monde, tout le monde peut voir que ce n’est pas vrai.

Donc, ce que nous allons faire, c’est que nous allons fabriquer des objets bon marché, et nous allons les équiper de logiciels libres, et nous allons les mettre entre toutes les mains, et nous allons dire: « Ici. Cela fabrique la solidarité. Utilisez-le. Soyez bien. Soyez libre » Ça va marcher.

Il n’y a pas de raison d’être du côté de la presse, comme il n’y a aucune raison d’être du côté du pouvoir. C’est simple, maintenant. Le pouvoir a été déplacé à la périphérie du réseau, et ca va continuer pour la génération à venir.

Ce sera une grande révolution, et ça va changer le sort de milliards d’êtres humains. Ça rendra l’ignorance obsolète, et quand çà aura rendu obsolète l’ignorance, ca va changer l’avenir de la condition humaine.

La presse ne va pas le faire. Le pouvoir ne va pas le faire. Les gens vont le faire. La technologie pour permettre aux gens de le faire existe déjà. Tout ce dont il y a besoin, c’est un peu de l’affiner. Nous sommes les gens qui vont l’affiner. Nous ne cherchons pas de l’argent. Nous ne cherchons pas le pouvoir. Nous voulons seulement partager.

Tout le monde veut parler de la liberté sur Internet, sauf nous. Nous ne voulons pas parler de la liberté sur Internet, nous voulons juste la faire.

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Je vous remercie beaucoup.