Tu quoque Firefox

Peut-être avez-vous entendu parler de cette future fonctionnalité de Firefox annoncée par Mozilla il y a quelques semaines : la validation obligatoire des extensions qui ont fait le succès de Firefox depuis des années. Un article du blog de Mozilla (voir la traduction en français par Alexandre) explique cela (et Numerama l’explique également). J’ai assisté à quelques discussions animées sur le sujet (sur Framasphère notamment), mais je pense qu’une petite sonnette d’alarme supplémentaire n’est pas inutile…

Je précise que cette BD n’engage que moi, des avis divergents existent au sein même de Framasoft 🙂

Tu quoque Firefox

Firefox est depuis longtemps un porte-étendard du logiciel libre et de ses valeurs.

Un mec demande à Gee : « Mouarf, toujours sur Firefox ? Tu devrais passer à Chrome, c'est vachement plus mieux ! » Gee, blasé derrière son ordi : « Chrome ? La daube verrouillée de Google avec backdoor NSA intégrée ? » Le mec : « Ouais bah prends Chromium , c'est open source… »

(Exemple de deux sensibilités libristes différentes.)

Mais Firefox a récemment mis le doigt dans un engrenage dangereux…

La mascotte de Firefox dit : « Désormais, je délivre une signature pour les extensions histoire de vérifier que ce ne sont pas des malwares. » Le Geek, d'un air peu intéressé : « C'est une bonne idée. Bon, au pire, si l'utilisateur veut installer une extension non-signée, c'est sa responsabilité… »

La mascotte précise : « Ah nan, ce sera parfaitement impossible d'installer une extension non-signée. » Le Geek est choqué.

Le Geek hurle, dans un crachat de feu qui brûle la mascotte : « DE KOUUWAAAAAAAAAA ?!! »

(Exemple de sensibilité libriste particulièrement chatouilleuse.)

Précisons qu’a priori, Firefox acceptera les extensions non-signées… dans ses versions de développement.

Ce qui ne résout donc pas le problème.

Un graphique montre que les développeurs et testeurs ne sont qu'une toute petite sous-partie des personnes souhaitant installer ce qu'ils veulent sur une version stable sans l'autorisation d'un tiers. (Je ne sais pas s'il existe des testeurs qui s'en foutent, mais dans le doute…)

Ce qui est terrible, c’est que non seulement Firefox devient ainsi plus verrouillé qu’un Android de base non-rooté…

Gee regarde son téléphone pensivement et dit : « Mince, Google ne m'autorise pas à installer cette appli qui n'est pas sur le Play Store… » La mascotte d'Android remarque : « Tu peux autoriser les applis tierces dans les paramètres de ton téléphone. » Gee dit : « Cool ! » De l'autre côté, Gee regarde son ordi en disant : « Mince, Firefox ne m'autorise pas à installer cette extension qui n'est pas signée… » La mascotte de Firefox, bras croisés : « Hé bah nan. Deal with it, biatch. »

… mais qu’en plus, cela n’a pas l’air d’émouvoir la communauté du Libre outre mesure.

Le Nerd remarque : « Bah c'est une bonne idée, non ? Au moins, c'est sécurisé, ça évite à l'utilisateur lambda de faire des conneries. » Le Geek répond calmement : « Nan mais distinguer des extensions de confiance, bloquer par défaut les autres, tout ça… C'EST BIEN. »

Soudain, il s'enflamme à nouveau et hurle dans un crachat de feu qui enflamme le Nerd : « MAIS ON VEUT JUSTE UN PUTAIN DE BOUTON POUR DÉSACTIVER LE BLOCAGE ! »

(Cet exemple est décidément très chatouilleux et devrait probablement consulter un spécialiste ORL.)

Je sais ce que vous allez dire. « Oui mais si on met un bouton, tout le monde l’activera et la démarche n’aura servi à rien. »

Gee lève les bras en l'air et réplique : « Mais… et alors ?! Tu préviens l'utilisateur, tu lui donnes toutes les clefs pour avoir un environnement stable…  et s'il en décide autrement, c'est SON problème, merde ! Si on commence à décider ce qui est bien ou pas à la place de l'utilisateur, on est sur la pente. »

Amis libristes, réveillez-vous !

Cette démarche, à l’opposé de l’esprit du logiciel libre, vous ferait HURLER dans n’importe quelle autre situation.

Un noob derrière son PC se demande : « Tiens, et si j'essayais la commande rm -rf /* en root ?! » Réponse acceptable : « Attention : vous êtes sur le point de supprimer tous les fichiers de votre système. Probabilité de perdre tout = 100%. Risque de pétage de plomb élevé. Vous allez faire une connerie. Sérieux, ne faites pas ça. Êtes-vous sûr de vouloir commettre un suicide informatique ? [o, N] » Réponse inacceptable : « Plutôt mourir (enfin… tu vois ce que je veux dire). »

Bien sûr, il existe d’autres navigateurs libres.

Bien sûr, les plus réfractaires forkeront probablement Firefox en version déverrouillée.

Mais quand même… Firefox , je t’aime, mais là…

Tu crains.

Gee, bras croisés, dit calmement à la mascotte de Firefox, penaude : « Je ne suis pas en colère, je suis juste déçu. Mais je te préviens que si dans quelques années, il faudra ROOTER son Firephone pour s'en servir comme on voudra, tu vas m'entendre… » Note : BD sous licence CC BY SA (grisebouille.net), dessinée le 2 mars 2015 par Gee.

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Vmarker : un tableau numérique interactif libre

Les tableaux numériques interactifs sont de plus en plus présents au sein des salles de classes. Même si ce matériel ne change pas en soi la manière de travailler (on peut voir des TNI utilisés de manière très frontale), ils ouvrent des possibilités intéressantes en termes d’interactions avec et entre les élèves ainsi qu’au niveau de la richesse des ressources proposées.

Mais un TNI pose deux grands problèmes aussi bien au niveau du logiciel que du matériel : le coût et un écosystème privateur.

Pour ce qui concerne le logiciel, le logiciel libre OpenSankoré fait des merveilles et peut être utilisé avec n’importe quel TNI. Au niveau du matériel, plusieurs bidouillages étaient possibles notamment le célèbre TNWii mais rien qui n’était réalisable par n’importe quel enseignant.

Depuis quelque temps, il existait un petit boitier économique permettant de transformer votre vidéoprojecteur en TNI : Vmarker. Et voici que depuis février, les développeurs de ce projet ont choisi de libérer aussi bien les composants logiciel et matériel de ce produit.

Profitons-en pour rencontrer Ludwig Theunis.

vmarkerproduits

Merci à audionuma, FMy1, goofy, Hugo, lolo le 13, Ludwig, obny, Vincent, yog et autres anonymes du groupe Framalang pour la traduction.

 

Bonjour Ludwig, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle donc Ludwig Theunis, je vis en Belgique, en Flandre. J’ai 46 ans. J’ai fait des études en électronique. J’ai commencé comme ingénieur appliqué à KUKA Belgium (automatisation avec des robots).

Après dix ans à KUKA, j’ai décidé de me réorienter professionnellement et j’ai commencé à enseigner dans l’école où j’ai commencé l’électronique. J’ai d’abord enseigné l’informatique et l’automatique. Ensuite, j’ai été de plus en plus responsable de la formation en informatique. Aujourd’hui, je suis développeur et mainteneur de la plateforme d’apprentissage open source que nous utilisons (chamilo).

En parallèle, nous gérons avec mon fils quelques projets impliquant de l’informatique et de l’électronique.

 

Peux-tu nous présenter Vmarker ?

Le projet Vmarker a débuté en 2010 quand un collègue m’a montré une solution de Tableau Numérique Interactif (TNI) réalisée avec une Wiimote (télécommande de Wii).

Je me suis jeté sur cette solution pour la mettre en place dans notre école. Mais après quelques essais, je n’étais pas totalement convaincu que ce soit utilisable par n’importe quel enseignant. Donc, avec mon fils, nous avons essayé de résoudre plusieurs problèmes liés à la Wiimote. Nous en sommes arrivés à la conclusion que la meilleure chose à faire était de revoir la conception du produit et d’en supprimer ce qui n’était pas nécessaire tout en y ajoutant ce dont nous avions besoin.

Bien sûr, la difficulté était de trouver le matériel adéquat. Au bout d’un moment, nous avons réussi à trouver tous les composants nécessaires pour construire un prototype.

Le capteur doit être capable de détecter des points ou des taches de rayonnement infrarouge et de déterminer leurs coordonnées. Le type de capteur que nous utilisons (similaire à celui de la wii) donne cette information directement. Donc, nous (mon fils en fait) avons conçu un appareil qui convertit cette information en un signal de souris USB. Comme nous utilisons une interface USB pour l’alimentation et les communications, nous avons décidé que cet appareil se comporterait comme une simple souris USB. Nous n’avons donc pas eu besoin d’utiliser de logiciel particulier sur le PC pour faire cette transformation, contrairement à ce que fait la solution à base de Wiimote. Cela rend notre appareil portable. Pour pouvoir utiliser le capteur Vmarker, le système d’exploitation doit être capable d’utiliser et de comprendre une interface USB de classe HID (Human Interface Device, dispositif d’interface humaine) respectant les standards.

Durant le développement, nous avons décidé d’ajouter des fonctionnalités manquantes, la plus importante étant le clic droit. Pour pouvoir faire la différence entre les clics droit et gauche, nous avons ajouté des modulations du signal infrarouge du stylo infrarouge.

Pour cela, nous avons dû développer un stylo infrarouge spécial et ajouter un second récepteur au capteur pour décoder le signal infrarouge.

En 2011 notre premier prototype fonctionnait et un peu plus tard nous avons lancé la production du Vmarker.

Au fil des années, nous avons amélioré l’utilisation, ajouté un logiciel bien utile pour la configuration et fait évoluer le stylo infrarouge pour arriver à ce qu’il est aujourd’hui.

vmarker4stages

Les différentes évolutions du système Vmarker : des prototypes à la version actuelle.

 

Cela ressemble un peu à un tnWii en plus sophistiqué ?

Comme vous pouvez le lire plus haut, c’est comme une wii, sans les inconvénients.

Pas de batterie, pas besoin de logiciel spécifique, pas d’appariement bluetooth. Vous branchez, ça marche !

 

Quel est ton rôle dans le projet Vmarker ?

Mes rôles dans ce projet sont variés. Tout d’abord je suis l’instigateur du projet, ce qui rend le développement de celui-ci difficile, étant donné que la facilité d’utilisation est pour moi fondamentale. J’ai testé les prototypes, conçu les spécifications définissant ce que ça devait être capable de faire. Et j’ai aussi essayé de trouver des solutions aux obstacles que nous avons rencontré.

Je fais la promotion du produit et j’en organise les ventes (sur le web), de l’emballage à l’expédition et l’administration qui va avec. Je fais aussi l’assemblage final du matériel et j’effectue des tests de qualité dessus avant l’expédition.

 

Puisque tu n’es pas seul à travailler sur Vmarker, peux-tu présenter l’équipe ?

Je mène ce projet avec mon fils, Robin. Robin est développeur de la solution Vmarker. Comme moi, il a étudié l’électronique (mais à un niveau supérieur au mien).

Actuellement, il est doctorant à l’ESAT-MICAS (Université de Leuven, KUL). Pendant son temps libre, il développe le logiciel et le matériel de nos projets.

Il a développé le matériel, le logiciel embarqué et l’utilitaire de la solution Vmarker. Il est en permanence à la recherche de solutions, prototypant et testant pour faire marcher nos idées.

 

Vmarker dispose de fonctionnalités supplémentaires par rapport à un TNI classique. Lesquelles ?

Avec la Wiimote vous avez deux types d’utilisations : vous pouvez configurer la télécommande comme un TNI classique, qui détecte la position d’un stylo infrarouge sur la surface et déplace le curseur de l’ordinateur à la position correspondante. Comme pour tout tableau blanc interactif.

Ou alors vous pouvez utiliser la Wiimote comme vous pouvez l’utiliser avec une Wii, le capteur dans la main et vous déplacez alors le curseur grâce aux mouvements de la Wiimote, à distance. C’est quelque chose dont les TNI classiques ne sont pas capables. Avec cette option, il devient alors possible de se déplacer dans la classe tout en ayant la possibilité de contrôler l’ordinateur.

Avec la solution Vmarker, nous avons combiné les deux modes opératoires en un seul. Le capteur peut lire la position du stylo infrarouge sur le tableau comme la Wiimote ou tableau blanc interactif quelconque.

Mais notre capteur Vmarker peut aussi détecter le mouvement du stylo infrarouge Vmarker et convertir ce mouvement en un déplacement du curseur. Pour cela, vous n’avez pas besoin d’être devant le tableau. Vous pouvez le faire depuis le fond de la classe.

 

Pourquoi avoir décidé de rendre libre Vmarker ?

Vmarker n’a jamais eu pour but d’amasser un tas d’argent, son but premier est d’avoir une solution de qualité et financièrement accessible, pour que les ressources des institutions scolaires soient dépensées à bon escient.

Nous avons décidé de rendre le projet libre car à nos yeux il a atteint une maturité qui nous permet de continuer son développement à un rythme moins soutenu. Il est néanmoins suffisamment stable pour que d’autres personnes remplies de bonnes idées puissent contribuer, améliorer ou trouver d’autres applications ou usages totalement différents de ces capteurs.

Nous voulons donner à d’autres la possibilité de partir d’une base solide sans avoir à « réinventer la roue ».

 

Sur le site, on découvre que le partenaire en France est iMaugis (que nous avons déjà eu l’occasion de rencontrer ). Est-ce que ce type de partenaire vous a incités à rendre Vmarker libre ?

Oui, c’est aussi lui qui en est responsable, mais nous avons toujours eu l’esprit libre. Nous utilisons des logiciels libres comme GNU/Linux, OpenOffice, php, mysql, Chamilo depuis plusieurs années et aujourd’hui encore.

 

As-tu des liens particuliers avec OpenSankoré, qui est le parfait complément de VMarker ?

Oui, François Bocquet (NdT : Il a pendant trois ans coordonné le suivi et les évolutions d’OpenSankoré) a été un des premiers à acheter et à tester la solution Vmarker.

Il l’apprécie toujours et en fait la promotion. Nous avons échangé beaucoup de courriels et nous nous sommes rencontrés au BETT2014. Nous apprécions beaucoup ces échanges.

OpenSankoré est bien meilleur que le logiciel privateur vendu avec le matériel TBI car il ne vous rend pas dépendant du matériel. Avec OpenSankoré, vous pouvez être sûr de la pérennité de vos contenus numériques lorsque le TNI sera remplacé par une autre solution.

 

Et pour le futur, des évolutions majeures pour VMarker sont-elles prévues ?

Nous cherchons à trouver une meilleure solution pour résoudre certains inconvénients liés à l’utilisation de la technologie optique infrarouge.

Nous avons plusieurs possibilités mais il est trop tôt pour donner plus de détails là-dessus parce que la direction à prendre est encore incertaine. Et l’évolution des technologies est si rapide qu’il est difficile de faire des prédictions. Il se peut que la technologie idéale pour fabriquer la prochaine génération de tableaux numériques interactifs abordables n’existe pas aujourd’hui et émerge demain. En conséquence, nous sommes en recherche constante de solutions, en nous documentant à propos des nouveaux développements technologiques et des nouvelles avancées dans ce domaine.

Actuellement, nous travaillons sur plusieurs projets (pendant notre temps libre). Dans les mois à venir nous lancerons un nouveau produit, mais ça n’a pas grand chose à voir avec les TNI.

Une petite démo sous Ubuntu pour finir.

 

 

Vidéo de démo de VMarker sous Ubuntu




To Do : ouvrir le Web une bonne fois pour toutes.

C’est bientôt le week-end. On le sait, les libristes s’ennuient durant les week-end, tant ils croulent sous le temps libre, tant elles n’ont rien d’autre à faire que jouer à SuperTuxKart.

C’est là que Brewster Kahle entre en scène. Oh, ce n’est pas quelqu’un de très connu, rien qu’un bibliothécaire du Web. Simplement le fondateur de Internet Archive (et de la fondation Internet Memory), le projet qui a pour ambition de sauvegarder Internet… Le genre de monsieur à donner un discours au rassemblement NetGain de la Ford Foundation devant un parterre de financiers, dirigeantes et autres huiles essentielles qui veulent du bien au Web.

Voilà que Brewster Kahle nous lance un défi. Des devoirs pour remplir notre week-end désœuvré. Il nous propose, rien de moins, que de verrouiller le Web en mode ouvert en inscrivant cette ouverture dans le code même…

…alors, vous faites quoi, ce week-end ?

Pouhiou.

Ouvrir le Web pour de bon, un appel pour un Web distribué.

par Brewster Kahle (source), article sous licence CC-BY-NC (à la demande de l’auteur)

Traduction : Docendo, goofy, yog, Vincent, nilux, r0u, Asta, et les anonymes.

Bonjour, je suis Brewster Kahle, fondateur d’Internet Archive. Depuis 25 ans, nous construisons cette fabuleuse chose qu’est le Web. Aujourd’hui, je veux vous expliquer comment nous pouvons ouvrir le Web pour de bon.

Pour reprendre une célèbre phrase de Larry Lessig, l’une de mes idoles, « Le code est la loi. » La façon dont nous programmons le Web déterminera la façon dont nous vivons en ligne. Nous avons donc besoin d’incorporer nos valeurs à l’intérieur de notre code.

La liberté d’expression a besoin d’être incorporée à la base de notre code. La vie privée devrait être incorporée à la base de notre code. Un accès universel à toutes les connaissances. Mais aujourd’hui, ces valeurs ne sont pas intégrées au Web.

Reverse of the cover sheet CC-BY Carl Malamud
Reverse of the cover sheet CC-BY Carl Malamud

Il s’avère que notre World Wide Web est très fragile. Mais il est énorme. Chez Internet Archive, nous sauvegardons chaque semaine 1 milliard de pages. Nous savons aujourd’hui que les pages web existent en moyenne 100 jours avant de changer ou disparaître. Elles clignotent sur leurs serveurs.

De plus le Web est extrêmement accessible, à moins que vous ne viviez en Chine. Le gouvernement chinois a bloqué les sites d’Internet Archive, du New York Times et d’autres encore. D’autres pays le font aussi de temps en temps.

Donc le Web n’est pas fiable — et le Web n’est pas privé. Des particuliers, des sociétés, des pays peuvent observer en douce ce que vous êtes en train de lire. Et ils le font. Nous savons désormais que les lecteurs de Wikileaks ont été ciblés par le GCHQ (NdT : Government Communications Headquarters, le service de renseignements électroniques du gouvernement britannique) et la NSA. Dans le monde bibliothécaire, nous connaissons l’importance de la vie privée du lecteur.

En revanche le Web est amusant. Nous avons au moins une bonne chose sur trois. Nous avons donc besoin d’un Web fiable, privé, mais toujours amusant. Je crois qu’il est temps de franchir un nouveau cap. Et c’est à notre portée.

Imaginez des « sites web distribués » tout aussi fonctionnels que des blogs WordPress, des sites Wikimédia, ou même Facebook. Mais comment est-ce possible ?

Comparez le Web actuel à l’Internet (le réseau de « tuyaux » par lequel transite le Web). Internet a été conçu pour pouvoir fonctionner même quand une partie de lui-même tombe en panne. Internet est un système véritablement distribué. Nous avons besoin d’un Web Nouvelle Génération; un Web véritablement distribué.

Voici une autre façon de le concevoir : prenez le Cloud Amazon. Le Cloud Amazon distribue vos données, les déplace d’ordinateur en ordinateur, remplace les machines lorsqu’elles tombent en panne, les rend disponibles aux utilisateurs, et les réplique quand leur utilisation augmente. C’est une excellente idée. Et si nous rendions le Web Nouvelle Génération semblable à un gigantesque Cloud Amazon, mais qui fonctionnerait sur l’Internet lui-même ?

Il fonctionnerait en partie sur la technologie pair à pair (peer-to-peer), qui permet à des systèmes de ne pas dépendre d’un hébergeur central ou de la politique d’un pays. Dans un modèle peer-to-peer, les personnes qui utilisent le Web distribué fournissent aussi une partie du stockage et de le bande passante pour le faire fonctionner.

Au lieu de n’avoir qu’un serveur web par site web, nous en aurions un grand nombre. Plus il y aurait de gens et d’organisations impliquées dans le Web distribué,  plus il serait rapide et sécurisé. Le Web nouvelle génération nécessiterait aussi un système d’authentification sans connexion et mots de passes centralisés. C’est là que le chiffrement entre en jeu.

Il doit aussi être privé : pour que personne ne sache ce que vous lisez. Les bouts d’information seront distribués à travers Internet ; personne ne pourrait donc vous pister depuis un portail central.

Et cette fois le Web aurait une mémoire. Nous y intégrerions un mécanisme de versionnage pour qu’il s’archive au fur et à mesure. Le Web ne serait plus condamné à rester dans le présent.

Et puis il devrait être amusant : suffisamment malléable pour stimuler l’imagination de milliers d’inventeurs. Comment savons-nous que cela pourrait fonctionner ? Il suffit de voir les nombreuses avancées du Web depuis sa naissance en 1992.

Nos ordinateurs sont 1000 fois plus puissants qu’à cette époque. Le JavaScript permet de faire tourner dans nos navigateurs des programmes sophistiqués, grâce auxquels les lecteurs actuels du web distribué en deviendraient les bâtisseurs. Le chiffrement à clé publique est désormais légal, nous pouvons donc l’utiliser à des fins d’authentification et de vie privée. Nous avons également la technologie Block Chain, qui permet à la communauté Bitcoin d’avoir une base de données globale sans point de contrôle central.

J’ai vu chacun de ces éléments fonctionner indépendamment, mais pas rassemblés en un nouveau Web. C’est le défi que je nous lance.

Financeurs, leaders, visionnaires ! Cela pourrait être notre coup d’éclat. Et tout reste à faire ! Si nous savons où nous allons, nous pouvons paver le chemin.

code is law CC-BY-SA FSCONS
code is law CC-BY-SA FSCONS

Selon l’équation de Larry Lessig, « Le Code = La Loi ». Nous pouvons incorporer le premier Amendement à la base du code d’une nouvelle génération du Web.

Nous pouvons ouvrir le Web une bonne fois pour toutes.

Faire de son ouverture quelque chose d’irrévocable.

Nous pouvons le construire

Nous pouvons le faire ensemble.

 




Framabag : le Wallaby a bouffé du lion !

J’aime les blogs. J’aime lire les copains auteurs, les copines féministes, les libristes et rêveureuses qui font mes Internets. Le problème c’est que mes flux RSS, partages sur facetwittle+ et autres butinages m’ont bien trop souvent rempli les onglets. Tous ces onglets que l’on garde en mode « à lire plus tard » alors que mes moments de lectures, j’ai envie de les passer le soir dans mon lit, loin de l’écran de mon ordi.

Il y a plus d’un an, l’ami Ploum explique sa solution. Une application web où vous créez un compte, un petit bouton sur votre navigateur web. Si vous le cliquez, il conserve l’article sur son serveur, et vous le rend nature. Juste le texte et les images : sans pub, colonne latérale ou pied de page. Sur votre ordi, votre smartphone, votre tablette, votre liseuse. Mon rêve. Mais l’application est propriétaire, on sait pas ce que cache leur code, et leurs serveurs centraliseraient mes données je ne sais où. Snif.

créé avec Gégé, le Geektionnerd Générator
créé avec Gégé, le Geektionnerd Générator

Et voilà qu’arrive Wallabag. Un service web que tu peux installer sur ton serveur perso. Et si tu n’en as pas, Framasoft a installé pour toi un Framabag. En t’équipant d’une extension navigateur et d’une appli sur ton tablettophone, tu peux désormais consulter ton journal des Internets, l’édition de ce que tu veux lire, de ce que tu as collecté tout le jour durant… Un service en perpétuelle évolution, comme ses contributeurs nous l’expliquent ci-dessous !

 

Après quatre mois sans nouvelle version, voici venir wallabag v1.9

Par : Les contributeurs de wallabag.

Un rapide tour d’horizon des nouvelles fonctionnalités donne avant tout les attendus exports aux formats mobi (pour les utilisateurs de Kindle) et pdf qui s’ajoutent au format epub, le partage vers de nouveaux services (Evernote, Carrot et Diaspora), et un nouveau script d’installation.

Il se trouve maintenant également une option pour autoriser l’enregistrement sur une instance de wallabag, de telle sorte qu’un administrateur décide de partager son instance wallabag, un peu à la manière de ce que Framabag fait. Toutes ces options sont activables dans le fichier de configuration.

On trouvera désormais aussi un bouton pour obtenir un article aléatoire, un bouton pour récupérer à nouveau un article si son contenu a changé. D’autre part, les tags sont maintenant importés à partir des exports issus de Pocket. La documentation est également ajoutée directement dans wallabag pour une lecture hors ligne. Enfin, il est possible d’ajouter des tags à un article directement lorsqu’on l’enregistre dans l’interface web.

Il va sans dire que cette version apporte aussi son lot de corrections de bugs, de nouvelles traductions et d’améliorations.

Framabag a d’ores et déjà été mis à jour avec toutes ces fonctionnalités.

Nous sommes donc à la dernière version majeure avant la version 2.0, nous avons mis un maximum de choses dans les versions 1.x, mais nous arrivons à un point où il faudrait faire beaucoup de travail pour obtenir les fonctionnalités suivantes. Pour augmenter et améliorer les fonctionnalités, nous repartons donc « presque » de zéro en utilisant le framework PHP Symfony.

A la manière du phénix, nous avons progressivement abandonné le développement sur la v1.x et sommes à présent concentrés sur cette nouvelle version. L’employeur – qu’on remercie – de Nicolas Lœuillet l’a d’ailleurs autorisé à travailler entièrement sur son projet pendant quelques jours.

Le wallabag d'un pouhiou anonyme
Le wallabag d’un pouhiou anonyme

L’arrivée d’une version 2.0 permettra enfin de fournir une API et atteindre un niveau d’interface utilisateur et de fonctionnalités comparable aux services en ligne propriétaires. Les applications pour mobile pourront enfin fournir les mêmes fonctionnalités que la version web et wallabag pourra être connecté ou intégré à d’autres services.

Réécrire wallabag permet également de se débarasser du code patchwork accumulé au fil des versions. Le code bénéficie des avantages du framework et est logiquement bien mieux écrit et comporte des tests. Un aperçu fonctionnel est déjà disponible à l’adresse http://v2.wallabag.org/ (login/mdp : wallabag/wallabag) et sera mis à jour au fur et à mesure. Que pensez-vous de ce thème  ?

Evidemment, tout le monde est le bienvenu pour donner un coup de main sur le projet. D’ailleurs il y a beaucoup de compétences, hors PHP, que vous avez peut-être qui seraient les bienvenues.

Nous espérons pouvoir vous donner des aperçus de cette v2 dès que possible et avoir des retours sur notre travail. Nous voulons vraiment donner le plus de raisons possibles à tout le monde d’essayer wallabag.




Quelques dates où vous pourrez retrouver Framasoft…

Framasoft est une association qui s’est créée par Internet et travaille donc à distance, depuis les quatre coins de la France (voire de la francophonie) afin d’apporter plus de Libre chez les Dupuis-Morizeau (parce que les Michus, on va les laisser tranquilles ^^).

Stand Framsoft au RMLL 2015 de Montpellier
Stand Framasoft aux RMLL 2014 de Montpellier

Du coup, nous avons fait le choix de ne pas nous baser sur Paris, mais d’avoir des locaux à Lyon, et des salariés et bénévoles dispersé-e-s un peu partout dans l’hexagone. C’est une force qui nous permet de régulièrement participer à des événements où l’on veut souligner l’importance du Libre.

Voici donc quelques dates où vous pourrez nous retrouver, discuter, boire une bière et découvrir les humains qui agissent derrière leurs claviers…

Voilà pour les prochaines semaines… Il y a de nombreuses demandes sur notre page de contact (on essaie d’y répondre au mieux selon les disponibilités de nos bénévoles), et on devrait pouvoir prochainement annoncer d’autres interventions sur Tours, Lyon, Toulouse, Paris (Bookynette nous a invités à Geekopolis !) et même Bruxelles…

Dès que c’est confirmé et goupillé, on vous informe plus avant.

 




J’aime le logiciel libre

Aujourd’hui, c’est la Saint Valentin, et l’occasion de déclarer son amour des logiciels libres !

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Framasoft vous a déjà proposé son adaptation délirante de poèmes pour l’occasion, et voici une petite bande-dessinée qui synthétise l’événement :

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Cette bande-dessinée est extraite du nouveau blog Grise Bouille hébergé par Framasoft.

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




On <3 le logiciel libre !

Aujourd’hui, ce n’est pas un jour comme les autres. Journée de l’amour pour les uns, journée commerciale à bougonner pour les autres, elle ne laissera personne indifférent. Pourquoi ne lui donner une dimension toute différente, en en profitant pour déclarer notre amour aux logiciels libres, et aux développeurs du libre que nous torturons à longueur d’année, en bons utilisateurs exigeants et spécialistes du yakafokon que nous sommes.

C’est ce que nous propose la FSF avec sa campagne I love Free software, reconduite cette année. Il est important parfois de savoir lâcher prise pour clamer haut et fort que nous les aimons, ces logiciels libres.

Nous avons choisi pour notre part de vous proposer un fork de poèmes que vous devez tous connaître… Demain dès l’aube, de Victor Hugo et Le dormeur du Val d’Arthur Rimbaud.

 

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Demain dès l’aube (v1.337)

Demain, dès l’aube, à l’heure des châteaux en Espagne,
Je râlerai. Vois-tu, je sais que tu m’entends.
De toi j’exigerai de coder des montagnes.
Je ne puis retenir mes commits plus longtemps.

Ce jour, je te le souhaite sans bug à obvier,
Nulle exigence en moi, nulle attente s’induit,
Seul, ton labeur, le dos courbé, mains au clavier,
Fier, voit le fruit de l’écran qui a blanchi tes nuits.

Je ne t’apporterai ni les bitcoins qui tombent,
Ni le vert des dollars qui ternit leur valeur,
Mais bientôt avec toi nous ferons la bombe
Une main sur la bière et l’autre sur le cœur.

 

Le codeur d’eval()

(v. 4.2)

Dans un réduit obscur il chante une rengaine
Enchaînant follement les semaines aux semaines,
Content quand des lignes obscures s’empilent
Et il boit du maté quand son code compile.

Un codeur jeune, Git ouvert, tête nue
Et la face baignant dans de frais rayons bleus
Dort ; il est vautré dans le PHP chenu
Pâle dans son t-shirt geek au Tux globuleux

Les mains dans le cambouis, il dort. Souriant comme
Sourirait un géant, ce n’est pourtant qu’un homme :
Le livreur de pizzas seul nourrit cet ermite.

Les crashtests, il s’en est déjà bien trop nourri ;
Il dort sur son clavier, la main sur la souris,
Tranquille. Il a deux bugfix dans son commit.

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Plein de datalove à vous !

Chez Framasoft, on ne code pas (ou très peu). On utilise le code développé par des personnes formidables, par des communautés de passionné-e-s, et on le propose au grand public sous forme de services libres et gratuits.

Nous tenons donc aujourd’hui à déclarer notre amour aux équipes développant Etherpad (Framapad), Ethercalc (Framacalc), studs & le fork framadate, Wisemapping et Mindmaps (FramindMap), SVG-Edit (Framavectoriel), TinyTinyRSS (Framanews), Wallabag (Framabag), Diaspora* (Framasphère)… et tant d’autres !

Et un spécial chaton d’amour aux équipes (et à la fondation Mozilla) derrière FireFox qui vous permettent  d’utiliser ces applications web depuis un navigateur Libre.




Les droits d’auteuroliques anonymes (conférence gesticulante)

En novembre 2014, plusieurs membres de Framasoft sont venus en force au Capitole du Libre de Toulouse pour y répandre bonne humeur, chatons, et la défense d’un Libre accessible à tou-te-s (oui : même aux Dupuis Morizeau !)

La fine équipe de Toulibre, le GUL toulousaing organisant avec brio le #CDL2014, a eu la bonne idée de capter ces conférences pour en faire profiter les internautes. Voici donc le dernier d’une série de trois articles « Capitole du Libre ! »

La réunion des droits d’auteuroliques anonymes.

par Pouhiou.

Le droit d’auteur est une drogue. Comme les drogues, on justifie son addiction par des rationalisations fallacieuses. Les auteur-e-s n’existeraient que par leurs œuvres. La créatrice doit être reconnue par ses pairs. Le créateur devrait vivre de ses productions… et cette drogue serait la solution. Mais si c’était le problème… ?

Récit du sevrage réussi d’un auteur et comédien libéré.

Quand on place ses oeuvres sous CC-0, quand on choisit le copy-out, quand on fait voeu de non violence légale pour ses oeuvres… Cela amène beaucoup de questions.

Des questions de mes ami-e-s artistes, qui se demandent si je ne vis pas dans le monde des bisounours ; bien qu’illes soient d’accord avec mes idées de partage. Des questions du public, désarçonné de voir qu’un autre rapport est possible avec la personne qui crée, qu’on peut soutenir une démarche ou un artiste plutôt que de consommer des biens culturels. Des question des détracteurs, enfin, qui voient bien qu’une industrie mute mais n’ont d’autres réponses que les modèles surrannés qui les rassurent.

J’ai dû répondre à ces questions. Et pour ça j’ai fait mes devoirs. Un peu d’histoire, un peu de loi, un peu de recherches pour découvrir comment d’autres créateurices expérimentent. Mais plutôt que d’en faire un conférence un peu docte ; j’ai préféré mettre en scène mes conclusions. Vous inviter à ma réunion des addicts anonymes. Parce que j’ai touché à la drogue du droit d’auteur. J’ai voulu croire qu’elle comblerait mes besoins et me donnerait une sensation de contrôle.

J’y ai cru… puis je m’en suis sorti.

 

Extrait des Connards pros, CC-0 Gee
Extrait des Connards pros, CC-0 Gee

Bonus : Connard Professionnel 101

Par Gee et Pouhiou.

Bienvenue dans ce cours d’introduction à la Bastardise, au métier d’ingêneur, de « Connard Professionnel ». Si l’ouverture facile vous résiste, si votre téléphone vous emprisonne ou votre administration abuse du comics sans… c’est grâce à nous. Cette conférence gesticulée vous présentera le roman graphique satirique sous CC-0 né de la collaboration du romancier Pouhiou et du dessinateur Gee.