Khrys’presso du lundi 19 novembre

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Brave New World

Spécial France

Spécial GAFAM

Et cette semaine, on soutient…

Les lectures de la semaine

  • Pourquoi le TES, ce mégafichier validé par le Conseil d’Etat, menace les libertés individuelles ? (lesinrocks.com)

    Il y a deux principales menaces. La première, c’est la question de la sécurité et du cyberpiratage du fichier en lui-même. Pour une raison simple : quand on a des bases de données à ce point centralisées, avec des données à ce point sensibles sur autant de personnes, ça devient une cible privilégiée très vite. Le Conseil d’Etat a fait valoir que les failles de sécurité pointées par les auteurs des recours auraient été corrigées. La preuve reste à faire. Et comme tout système de sécurité, dès l’instant où il y a une correction on trouve une nouvelle faille. C’est une course à l’échalote avec les pirates. Il n’y a aucune réelle garantie quant à la sécurité.
    Le second problème, le plus dangereux selon moi, c’est la question des dérives potentielles. La finalité d’aujourd’hui n’est potentiellement pas la finalité de demain. Le texte juridiquement est flou et c’est simple d’amender le décret. Rien ne nous dit que demain entre les mains d’un gouvernement un peu plus dur, la finalité ne soit pas la surveillance massive pour un Etat autoritaire policier.

    Voir aussi : « Face aux Gafa, Emmanuel Macron tient le discours des faibles » (usbeketrica.com)

  • Définitions du capitalisme de surveillance (statium.link)
  • Pour se débarrasser de son Internet, on dit qu’il a le terrorisme (blog.cyphergoat.net)
  • La surveillance tue la liberté en tuant l’expérimentation (wired.com – en anglais)

    S’il n’y a pas d’intimité, il y aura des pressions pour que les choses changent. Certaines personnes reconnaîtront que leur moralité n’est pas nécessairement la moralité de tout le monde – et que c’est bien ainsi.
    Mais d’autres commenceront à exiger des changements législatifs, ou à utiliser des moyens moins légaux et plus violents, pour forcer les autres à se conformer à leur idée de la moralité.
    […]
    Pour que les normes sociales changent, les gens doivent s’écarter de ces normes héritées du passé. Ils ont besoin de l’espace nécessaire pour essayer d’autres modes de vie sans risquer l’arrestation ou d’être ostracisés socialement. […] Les gens doivent pouvoir faire des choses que les autres trouvent déplaisantes, voire immorales. La minorité a besoin d’être protégée de la tyrannie de la majorité.
    C’est l’intimité qui rend tout cela possible. Elle favorise le progrès social en donnant ce peu d’espace pour expérimenter à l’abri de l’œil vigilant de la majorité. Même si vous n’êtes pas personnellement refroidi par l’omniprésence de la surveillance, la société dans laquelle vous vivez l’est, et les coûts personnels sont sans équivoque.

    Un personnage dit :

  • La publicité ciblée détruit Internet et le monde (motherboard.vice.com – en anglais)

    Bien que Google et Facebook permettent aux utilisateurs de décider de ne pas visionner les annonces ciblées, il est impossible de décider de ne pas être suivi ou inclus dans les ensembles de données utilisés pour créer des algorithmes de ciblage. […] “vous pouvez supposer que si vous ne voyez pas une publicité ciblée pour des chaussures, ils ont cessé de vous tracer, mais ce n’est pas du tout le cas. Il existe des moyens technologiques pour prévenir un certain niveau de traçage, mais c’est comme prendre de l’aspirine pour guérir un cancer, cela peut vous aider à vous sentir un peu mieux pendant quelques heures, mais vous êtes toujours aux prises avec le cancer. La seule façon d’éradiquer le cancer de la publicité ciblée est la réglementation : l’Europe mène actuellement une superbe expérience avec le RGPD, que le reste du monde est en train d’observer.”

  • Quelles limites pour la surveillance connectée au travail ? (cnil.fr)
  • Santé et objets connectés : le risque de piratage, fantasme ou réalité ? (theconversation.com)
  • Comment les algorithmes entretiennent l’illusion de répondre à nos goûts musicaux (usbeketrica.com)

    L’instrument est une chose, son maniement en est une autre. Le support compte finalement moins que la latitude qui lui est permise. Craint-on que l’intelligence artificielle n’en vienne bientôt à dépasser l’intelligence humaine ? Celle-ci ne pourra alors s’en prendre qu’à elle-même, à force de déléguer à la première comme l’apprenti sorcier à ses balais.

  • « Algorithmes, la bombe à retardement » : un cri d’alarme citoyen (usbeketrica.com)
  • L’informatique quantique, et non l’IA, définira notre avenir (techcrunch.com – en anglais)
  • Des utopies pour souris ont prédit l’effondrement de notre société (motherboard.vice.com)
  • Le spectre du techno-populisme (blog.mondediplo.net)
  • Internet a besoin de plus de friction (motherboard.vice.com – en anglais)
    Un personnage tirant la langue dit
  • La Fediverse, c’est pas une starteupe (framablog.org)
  • CloudFlare au milieu (linuxfr.org)
  • Non, la blockchain ne sauvera pas la démocratie ! (usbeketrica.com)

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Encore sacrément dense, ton espresso...- la personne de droite répond : Ouaip, et encore, j'ai fait des efforts : Si tu veux voir tout ce que j'ai coupé, clique sur ma tasse !

Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

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Khrys’presso du lundi 12 novembre

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


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Spécial France

  • Human Rights Watch demande à Emmanuel Macron d’interdire les robots tueurs (sciencesetavenir.fr) – voir aussi : Intelligence artificielle : les robots tueurs peuvent-ils échapper à notre contrôle ? (tv5monde.com)
  • « L’État de droit mute doucement vers une forme ultra-sécuritaire »

    Concept fondateur du droit public moderne, la fiction juridique qu’est l’État de droit traduit une certaine vision du pouvoir qui apparaît comme inhérente à la conception libérale de l’organisation politique : donnant à voir un pouvoir limité parce que régi par des règles, il implique que les gouvernants ne soient pas placés au-dessus des lois, mais exercent une fonction encadrée par le droit. La notion peut aussi se définir par opposition à l’État policier, caractérisé par le pouvoir discrétionnaire de l’administration.
    Or, à y regarder de plus près, une répartition inédite du pouvoir prend actuellement forme cristallisée autour de la capacité à collecter et exploiter les métadonnées. Matérialisée par l’apparition de deux pôles, l’un économique, l’autre sécuritaire, articulés autour d’un projet commun tacite de surveillance. C’est autour de ce phénomène que les luttes de pouvoir se concentrent désormais et que la relation des surveillants, État et plates-formes géantes, se dessine face aux surveillés.
    En dépit de leurs postures officielles en apparence divergentes, ces deux pôles d’un nouveau genre se positionnent sur un même continuum porté par une vision du monde cohérente où souveraineté algorithmique et souveraineté territoriale se compléteraient, où le « capitalisme de surveillance » irriguerait à la fois les intérêts publics et privés. Les termes initiaux du contrat social « liberté contre sécurité » glissent sans grande résistance vers la formulation « liberté contre sécurité contre vie privée » articulée autour d’un régime de vérité contemporain qui pose comme postulat que plus nous possédons de données, plus nous nous rapprochons avec précision de la « vérité ».
    Ce transfert d’une partie de la souveraineté de l’État le pousse à renforcer ses prérogatives en termes de souveraineté territoriale pour mieux s’auto-légitimer au regard du peuple. Par nécessité de survie, l’État de droit mute doucement vers une forme ultra-sécuritaire.
    Dès lors, à ce nouveau régime de vérité est assorti un discours dominant formalisé autour d’une rhétorique du repli, de la peur, de la menace, de la lutte antiterroriste. Légitimant ainsi la collecte massive de données et les dispositifs de surveillance généralisée qu’ils soient en réalité à des fins marchandes ou sécuritaires.
    Le péril démocratique est aggravé par les systèmes de prédiction algorithmique. Ainsi, nul n’échappera à la surveillance et son corollaire la prédictibilité, ultime stratégie de neutralisation de l’incertitude. Car dans ce monde en réseau, c’est bien l’incertitude qui devient la hantise du pouvoir. La police et la justice interviennent désormais de façon prédictive et préventive avant le crime même. Pour être puni, il n’est plus nécessaire de commettre un crime mais de risquer de le commettre. Par cet impératif sécuritaire, nous risquons de faire face à une justice pénale sans crime qui nous considérerait tous coupables parce que tous potentiellement dangereux.

    Un policier dit

  • Pour débusquer les fraudeurs, le fisc va expérimenter la surveillance des réseaux sociaux (lemonde.fr)
  • Données personnelles : action de groupe contre Facebook en France (lemonde.fr)
  • Smart Cities sécuritaires : la CNIL forfait ? (laquadrature.net)
  • La CNIL avertit une nouvelle entreprise qui vous géolocalise sans consentement pour cibler de la publicité (numerama.com)
  • Ardèche : après l’Arcep, les élus locaux montent au créneau sur le réseau cuivre (zdnet.fr)
  • Les données de santé, un gisement convoité (alternatives-economiques.fr)

    Imaginons qu’un recruteur ait devant lui deux candidats aux qualités professionnelles équivalentes, mais qu’il sache que le premier a dans le passé été sujet à des incidents cardiaques et non le second… Imaginons un bailleur social qui puisse choisir ses locataires en fonction de leur état de santé… Imaginons qu’un banquier sollicité pour un emprunt, déjà en droit légalement de connaître de notre situation médicale passée et présente, puisse de surcroît accéder au profil génétique du demandeur et que celui-ci révèle une forte probabilité de développer un cancer… Imaginons un assureur qui calculerait ses primes d’assurance en fonction de l’état de santé de ses clients ou qui, tout simplement, exclurait les clients à la santé jugée trop fragile…
    Même si ces pratiques sont totalement illégales aujourd’hui en France, ces risques ne sont pas théoriques, loin s’en faut. Pour s’en convaincre il suffit de regarder du côté des assureurs. À défaut d’accéder aux données de santé proprement dites, ils utilisent les données dites de « bien-être », issues de nos objets connectés (pèse-personne, montre…), qui en disent déjà long sur notre état général. Ainsi, l’assureur américain John Hancock Financial Services propose à ses clients désireux d’acheter une assurance-vie une réduction de cotisation s’ils acceptent de faire régulièrement de l’exercice physique et de l’évaluer à l’aide d’un appareil connecté. En France, Axa avait expérimenté une démarche similaire en 2014, proposant des chèques cadeaux à ses clients qui acceptaient de marcher un certain nombre de pas par jour et de surveiller cette activité avec un appareil de la marque Withings. Tout cela bien entendu au nom de l’encouragement à une vie saine et à la réduction des risques sanitaires.

  • Attention, les sirènes du premier mercredi du mois changent d’horaire (bfmtv.com)
  • Les banques bientôt privées de SMS pour sécuriser les paiements en ligne (lesechos.fr)
  • « Enlysée » : la boutique parodique récolte 30 000 euros pour des associations (lepoint.fr)

Spécial GAFAM

Et cette semaine, on soutient…

  • Framasoft : vous ne connaissez peut-être pas encore tout, alors voici une page présentant tous les services. La maintenance et la pérennité de ces services ne sont pas gratuites, et Framasoft fonctionne presque exclusivement avec vos dons, déductibles à 66 % de vos impôts donc pensez à les soutenir !!!
  • La Quadrature du Net, et pour cela, si on est en région parisienne, on peut se rendre à la soirée de lancement de la campagne de dons qui aura lieu jeudi 15 novembre à partir de 19h à La Maison du Libre et des Communs (La Paillasse, 226 rue Saint-Denis, Paris)

Les lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Encore sacrément dense, ton espresso...- la personne de droite répond : Ouaip, et encore, j'ai fait des efforts : Si tu veux voir tout ce que j'ai coupé, clique sur ma tasse !

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Khrys’presso du lundi 5 novembre

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Spécial France

Spécial GAFAM

Et cette semaine, on lit/relit/diffuse…

Les lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Encore bien tassé, ton espresso, cette semaine ! la personne de droite répond : yep, et j'ai dû couper plein de trucs pour pas trop l'allonger ! Alors si tu es partant pour un lungo, fais-toi plaisir et clique sur ma tasse !

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Khrys’presso du lundi 29 octobre

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Spécial France

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Les découvertes de la semaine

Les lectures de la semaine

  • Intimité numérique : le Truc a fait mouche (framablog.org)

    L’intimité est un besoin vital pour les humains, en être privé nous prive d’une partie de notre humanité. En être privé, être toujours sous la menace du regard et du jugement d’autrui, c’est perdre la capacité de penser par soi-même, d’exister, de se comporter en tant qu’individu indépendant, autonome. Priver les citoyen·ne·s d’intimité est une des caractéristiques des régimes totalitaires qui cherchent à nier les individualités pour ne gérer que des robots déshumanisés.

    Protéger son intimité est donc essentiel. Mais il faut aussi veiller à ce que la société garantisse à chacun et chacune le droit à l’intimité.

  • Richard Stallman – Talking to the mailman (newleftreview.org) – longue interview par Rob Lucas

    Nous devons exiger que tous les systèmes soient conçus de manière à limiter la quantité de données qu’ils peuvent collecter, car vous voyez, les données, une fois collectées, seront utilisées à mauvais escient.
    L’organisation qui les collecte peut les utiliser à mauvais escient ; les employés malhonnêtes de cette organisation peuvent les utiliser à mauvais escient ; des tiers, des crackers, peuvent pénétrer dans le système informatique, voler les données, et les utiliser à mauvais escient ; l’État peut les prendre et les utiliser à mauvais escient.
    Les lois restreignant l’utilisation des données, si elles sont correctement appliquées, limiteraient l’utilisation abusive par l’organisation qui collecte les données, et peut-être jusqu’à un certain point leur utilisation abusive par l’État – mais pas assez, car l’État s’accorde habituellement des exceptions pour faire ce qu’il veut. Il rédigera les lois de manière à pouvoir obtenir ces données et les utiliser pour trouver les lanceurs d’alerte et les dissidents.
    D’un autre côté, si le système est conçu pour ne pas collecter de données, il ne peut pas être utilisé pour cela, à moins que l’État n’intervienne pour le modifier.
    Donc, à moins d’avoir l’assurance que l’État respecte la démocratie – ce qui n’est guère le cas ici – et le droit à la dissidence, vous devriez vous assurer qu’il n’y a pas de surveillance de masse.
    […]
    Je ne dis pas que le logiciel libre soit plus important que de vaincre la ploutocratie, ou plus important que de freiner le réchauffement climatique ; et je n’essaierai pas d’argumenter que les gens devraient travailler sur l’un plutôt que l’autre. Mais nous devons avoir des gens qui travaillent sur ce projet – et les gens qui sont dans le domaine du logiciel ne peuvent s’abstraire de la question logiciel libre versus logiciel propriétaire, logiciel respectueux de la liberté versus logiciel piétinant la liberté.
    Nous avons la responsabilité, si nous faisons des choses dans le domaine du logiciel, de le faire d’une manière éthique.
    Je ne sais pas si nous réussirons un jour à libérer tout le monde, mais c’est clairement la bonne direction à suivre.

  • Algorithmes : à la recherche de l’universalité perdue (binaire.blog.lemonde.fr)
  • Prédiction des crimes : « Les algorithmes reflètent les discriminations » (usbeketrica.com)
  • Les business model en ligne favorisent les discriminations (theguardian.com)
  • Yoshua Bengio : « L’intelligence artificielle doit être utilisée en accord avec des principes moraux » (lemonde.fr)

    Aujourd’hui, c’est David contre Goliath. Soit le consommateur renonce à utiliser un réseau social et sacrifie sa vie sociale, soit il signe un texte qu’il ne comprend pas vraiment et se voit siphonner toutes ces données. Plus une entreprise a de clients et a de données, plus elle aura de puissance de calcul et pourra développer de meilleurs modèles que les autres. Au fur et à mesure qu’elles deviennent plus puissantes, ces technologies menacent la démocratie en concentrant le pouvoir aux mains de quelques-uns. La seule manière de rétablir l’équilibre, c’est que l’individu ne reste pas seul face à l’entreprise mais qu’on agisse ensemble. C’est le rôle des gouvernements que de protéger les individus. Rien n’empêche de réglementer contre les dérives et la concentration du pouvoir dans certains secteurs. Dans le passé, on a utilisé des lois assez efficaces pour casser des monopoles. Là encore, ce qui compte, c’est que le grand public, qui vote, comprenne les enjeux et soutienne les politiciens dans ces démarches.

  • Nobody’s Cellphone Is Really That Secure But most of us aren’t the president of the United States
  • Les iPhones sont difficiles à utiliser (blog.fawny.org – en anglais)
  • Facebook et Google sont dirigés par les « barons des voleurs » d’aujourd’hui. Arrêtez-les (theguardian.com – en anglais)

    Les algorithmes ne sont que des bouts de mathématiques. Mais ils reflètent l’éthique des personnes qui sont derrière. […]
    Lors de la première révolution industrielle, certains des premiers à bénéficier de cette révolution furent si rapaces qu’ils devinrent connus sous le nom de « Barons voleurs » (Robber Barons). Le principal d’entre eux était l’industriel John D. Rockefeller, sans doute l’homme le plus riche des temps modernes. Rockefeller était connu pour ses pratiques commerciales illégales et contraires à l’éthique qui ont aidé sa société Standard Oil à contrôler jusqu’à 90 % des raffineries de pétrole dans le monde […]
    Aujourd’hui, nous avons un nouveau groupe de « barons voleurs », qui dirigent des monopoles numériques et tirent des avantages disproportionnés des perturbations provoquées par les nouvelles technologies. L’Histoire nous dit que nous devrons réglementer leurs monopoles tout comme nous l’avons fait pour les monopoles précédents.

  • Combien de temps allons-nous encore continuer d’être les chiens des GAFAM ? (zdnet.fr)
  • Fake news, erreurs et censure… au Moyen Âge (actuelmoyenage.blogs.liberation.fr)

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Et cette semaine, on soutient…

  • Framasoft, pour tous les super trucs qu’ils font, pour dégoogliser internet, et contributopier à fond !
  • Wikipédia, parce qu’on l’utilise tou·te·s, et pour que ça continue à fonctionner toujours aussi bien !

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Encore sacrément dense, ton espresso...- la personne de droite répond : Ouaip, et encore, j'ai fait des efforts : Si tu veux voir tout ce que j'ai coupé, clique sur ma tasse !

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Intimité numérique : le Truc a fait mouche

Paris, Lyon, Toulouse, Bordeaux… et quelques autres métropoles régionales sont animées par des associations libristes actives et efficaces : réunions régulières, actions de terrain, conférences et rencontres… Mais dans les villes moyennes ça bouge aussi.

À l’ouest par exemple, entre Nantes, Quimper ou Brest, beaucoup de projets et d’initiatives sont déjà en place et parfois depuis longtemps. Mais ce sont les habitants de Lannion qui ont récemment pu bénéficier d’un premier Café Vie Privée, un événement qui a connu un beau succès (oui, l’évènement était accueilli au Truc café, ça ne s’invente pas…). Bravo aux organisateurs et organisatrices !

Parmi les interventions :

… et puis il y avait aussi la conférence de Clochix, dont il avait préparé le détail sur son blog Gribouillis dans les marges et que nous reprenons ici avec son accord.

Comme il est modeste, il nous signalait ne rien mentionner d’original, et en effet on retrouvera ici des indications et recommandations dont sont familiers les conférenciers libristes. Cependant, il nous a semblé qu’il abordait une question cruciale classique (comment protéger sa vie privée numérique) selon une démarche plus originale : il commence en effet par tracer les contours de notre intimité numérique avant de définir le « modèle de menace » auquel chacun⋅e s’expose potentiellement. La liste de ses exemples est assez riche… C’est seulement alors que peuvent venir les mesures ou plutôt contre-mesures dont nous pouvons disposer, et pas seulement à titre individuel, en ayant pleine conscience de leurs limites.


Hygiène et écologisme numérique

Avatar de Monsieur Clochix
Avatar de Clochix

Remarque liminaire : je préfère parler plutôt d’intimité que de vie privée. On a parfois l’impression que la vie privée ne concerne que les personnes publiques ou les gens qui ont des choses à cacher. En parlant d’intimité, j’espère que davantage de gens se sentent concerné·e·s.

En réfléchissant à ce que j’allais conseiller pour protéger son intimité, je me suis rendu compte que j’abordais le problème à l’envers. Parler de techniques et d’outils pour protéger son intimité n’est que la dernière étape du processus, avant d’en arriver là, il faut d’abord réfléchir à ce que l’on veut protéger et de qui ou quoi on veut le protéger.

Qu’est-ce que l’intimité numérique et pourquoi la protéger ?

L’intime est ce qui nous définit en tant qu’individus et motive une grande partie de nos actes.

L’intimité, c’est un endroit où l’on est seul avec soi-même (ou avec un nombre très restreint de personnes en qui on a confiance), et qui nous permet, à l’abri de tout regard, de tout jugement externe, de se construire, d’exister, de prendre des décisions, etc.

L’intimité, ce sont aussi nos rêves, et les carnets où parfois on les note. Ce sont nos projets fous que l’on élabore dans notre tête longtemps avant d’oser en parler à quiconque. Et qui ne pourraient pas naître à la lumière.

L’intimité n’a rien à voir avec des actions illicites.

L’intimité, ce sont aussi des choses sans conséquence mais dont on a un peu honte. Se curer le nez, roter, ce sont des choses que l’on s’autorise lorsqu’on est seul chez soi, mais qu’on peut avoir honte de voir exposer sur la place publique. Imaginez l’inconfort d’être dans une cellule de prison où vous devez faire vos besoins au vu et au su de vos co-détenu·e·s. Être privé⋅e d’intimité déshumanise, affecte l’image que l’on a de soi.

Dernier exemple de lieu intime : l’isoloir. Il est depuis longtemps acquis que le secret du vote est important dans une démocratie. Il est vital d’avoir la possibilité que certaines choses restent secrètes.

L’intimité numérique, ce sont toutes les traces de notre intimité sur des outils numériques. C’est naturellement notre correspondance, les informations qui révèlent directement nos pensées intimes. Mais c’est aussi tout ce qui, de manière plus large, permet indirectement, par des recoupements, d’accéder à notre intimité. Nos recherches en ligne, nos achats, nos rendez-vous médicaux, nos errances dans la rue (« tiens, il fait souvent un détour pour passer dans la rue où habite X, cherche-t-il à lae croiser ? »). Nos téléphones qui suivent chacune de nos activités permettent de savoir si nous fréquentons un lieu de culte, un local syndical ou un bar, et à quelle fréquence…

L’intimité est un besoin vital pour les humains, en être privé nous prive d’une partie de notre humanité. En être privé, être toujours sous la menace du regard et du jugement d’autrui, c’est perdre la capacité de penser par soi-même, d’exister, de se comporter en tant qu’individu indépendant, autonome. Priver les citoyen·ne·s d’intimité est une des caractéristiques des régimes totalitaires qui cherchent à nier les individualités pour ne gérer que des robots déshumanisés.

Protéger son intimité est donc essentiel. Mais il faut aussi veiller à ce que la société garantisse à chacun et chacune le droit à l’intimité.

Ok, mais de qui ou de quoi faut-il la protéger ?

Les menaces sur notre droit à l’intimité sont très nombreuses, selon les contextes. Attention, il ne faut pas croire que sont uniquement le fait de gens qui cherchent explicitement à nous nuire. En fait, l’essentiel des risques n’est pas lié à la malveillance, mais à la simple utilisation de nos données pour influencer notre vie. Petite liste non exhaustive :

  • votre employeur actuel : pour avoir certaines conversations avec des collègues, mieux vaut éviter d’utiliser les outils internes de l’entreprise ;
  • vos futurs employeurs : celleux-ci pourraient apprécier de différentes manières de découvrir sur notre fil Facebook que l’on participe à toutes les journées de grève et applaudit aux actions des syndicats 😉
  • vos proches : compagnon ou compagne qui pourrait être blessé·e de découvrir que l’on discute encore avec ses « ex ». Ados ne souhaitant pas que leurs parents écoutent leurs conversations avec leurs potes ou connaissent les sites qu’ils consultent (« pourquoi as-tu fait des recherches sur la contraception ??? ») ;
  • le harcèlement : le phénomène est de plus en plus courant, dans les cours de récréation comme parmi les adultes. Si pour une raison quelconque vous devenez la cible de harcèlement, toutes les informations disponibles en ligne sur vous pourront être utilisées contre vous. Votre adresse, pour vous menacer. Vos proches, pour s’en prendre à elleux… Personne n’est à l’abri, et ça peut être très violent ;
  • des escrocs : les informations que l’on peut trouver en ligne sur nous peuvent permettre à des escrocs d’usurper notre identité, pour nous faire payer leurs amendes, pour souscrire des services à notre place, pour escroquer nos proches en se faisant passer pour nous, etc ;
  • du marketing : plus quelqu’un nous connait, plus iel sera en mesure d’influencer nos actes, voire nos opinions, par exemple pour nous pousser à acheter une marchandise dont on n’avait pas forcément besoin, ou à voter pour un·e candidat·e dont on n’avait pas forcément besoin ;
  • des décisions nous concernant prises en se fondant sur ce que l’on sait ou croit savoir de nous (« gouvernance algorithmique »). Si vous avez été malade et avez évoqué cette maladie sur Internet, une banque pourra des années plus tard vous refuser un prêt, une assurance pourra vous faire payer des primes supérieures… Imaginez qu’un site collecte l’ensemble de nos rendez-vous médicaux, imaginez le nombre de décisions qui pourraient être prises à notre insu à partir de ces informations par un employeur (« elle vient de tomber enceinte, ne lui proposons pas de CDI »), un banquier (« il consulte un psy donc n’est pas stable, refusons-lui ce prêt »)…
  • de l’état : avoir un aéroport ou une usine chimique qui veut s’installer dans notre jardin, ça peut arriver à tout le monde. Tout le monde peut avoir un jour ou l’autre besoin de devenir ZADiste et de s’organiser contre le pouvoir en place, pas besoin d’habiter en Chine pour cela ;

Chacun de ces exemples appelle une réponse particulière et certaines réponses sont parfois contradictoires. Par exemple, GMail offre un bon niveau de protection des correspondances contre les attaques de gens de notre entourage, employeur, conjoint·e, etc. En revanche, il sera obligé de répondre aux demandes de la justice. Héberger ses courriels chez des potes peut-être une bonne idée si on participe à une ZAD. Par contre selon leurs compétences en informatique, la sécurité sera peut-être moindre. Et en cas d’embrouille avec elleux, iels pourraient accéder à nos informations.

Donner de fausses informations en ligne peut relativement nous protéger des tentatives d’influencer nos actes. Mais peut aussi nous nuire le jour où des décisions nous concernant seront prises en se basant sur ces informations.

Et pour protéger son intimité, il faut adopter quelques règles d’hygiène. Mais pour cela il faut d’abord définir son « modèle de menace », c’est à dire ce qui selon vous menace le plus votre intimité, afin de choisir des solutions qui répondent à vos besoins.

Hygiène pour vous… et pour les autres

L’hygiène n’est pas qu’une pratique égoïste. On ne se lave pas les mains juste pour éviter de tomber malade, mais aussi pour éviter de contaminer les autres. Il en va de même pour l’hygiène numérique. Même si vous ne vous sentez pas concerné·e, peut-être aurez-vous envie d’adopter certaines règles d’hygiène par respect ou affection pour vos proches qui se sentent concerné. Par exemple, si vous permettez à une application ou un site Web d’accéder à votre carnet d’adresse, vous divulguez sans leur consentement des données personnelles sur vos proches. Si un·e ami⋅e m’a référencé dans son répertoire téléphonique en tant que Clochix et un·e autre en tant que Papa-de-XXXX, un site accédant à ces deux répertoires pourra faire le lien entre mes différentes identités et anéantir les efforts que je fais pour me protéger.
Si vous mettez en ligne des photos de vos proches, vous perdez le contrôle sur ces photos et ne savez pas quels usages pourront en être faits demain.

Avoir de l’hygiène, c’est donc aussi protéger ses proches, ses collègues…

De l’hygiène individuelle à l’écologisme

Parmi les risques évoqués plus haut, certains nous concernent directement. D’autres affectent plus globalement la société dans son ensemble, par exemple lorsque nos informations sont utilisées à grande échelle pour influencer nos votes. Il est possible que les élections d’Obama et de Trump, entre autres, aient été influencées par des outils se basant sur la masse d’informations que nous laissons en ligne.

La surveillance de masse, qu’elle soit réelle ou supposée, nous pousse à l’auto-censure. Est-ce que si je cherche « Daesh » sur Internet, je ne vais pas devenir suspect ? Est-ce qu’une opinion exprimée aujourd’hui sur Twitter dans un certain contexte ne pourra pas être exhumée demain, dans un autre contexte, et me nuire ? Tout cela pousse à l’auto-censure et sclérose peu à peu le débat démocratique.
Un autre risque est ce que l’on appelle les bulles de filtres, même si leur existence fait débat. Une bulle de filtres, c’est lorsque tous les sites que nous consultons détectent les informations qui nous plaisent et ne nous affichent plus que celles-ci. Cela nous donne du monde une vision biaisée.

Ces enjeux dépassent donc largement nos situations individuelles.

Lorsqu’on parle d’hygiène, on pense d’abord à des mesures de protection individuelles, comme se laver les mains ou bloquer les cookies. Mais il ne faut pas oublier que l’hygiène est aussi un enjeu collectif : « l’hygiène est un enjeu de santé publique, l’accès à un environnement propre et sain étant une condition première du développement durable. » (Wikipédia). L’hygiène numérique ne peut donc se limiter à des actions reposant sur les individus, ça n’est pas seulement de notre responsabilité. Il faut aussi penser ces questions et prendre des mesures au niveau de la collectivité. Et, de manière plus globale, il faudrait réfléchir à la notion d’écologisme numérique. L’espace numérique fait partie intégrante de l’environnement dans lequel évolue l’espèce humaine, et comme tel doit être protégé.

Ok et à présent, qu’est-ce qu’on fait ?

Il n’y a pas d’outils magiques. Utiliser des outils sans avoir un minimum de compréhension du contexte technique, c’est se tirer pratiquement à coup sûr une balle dans le pied. Un faux sentiment de sécurité incite à l’imprudence. C’est comme croire qu’une fois la porte fermée on peut se promener à poil chez soi, parce qu’on ignore l’existence des fenêtres.

La meilleure des protections, c’est l’éducation. C’est acquérir une compréhension du fonctionnement des outils numériques. Connaître les techniques qui permettent de porter atteinte à notre intimité. Les techniques qui, à partir de nos informations intimes, permettent de nous influencer ou de décider de nos vies. Donc : éduquons-nous !

Il ne faut pas se le cacher, se protéger demande une vigilance de tous les instants, souvent épuisante. Il faut donc être convaincu·e de l’importance d’adopter une certaine discipline.

La seule information qui ne pourra pas être utilisée, c’est celle qui n’existe pas (et encore…). Il faut donc selon moi essayer de réduire au maximum son empreinte, les traces que l’on laisse. Le numérique permet de compiler une foule d’informations insignifiantes pour en extraire du sens. Avoir accès à un de vos tickets de caisse ne dit pas forcément grand-chose de vous. Avoir accès à tous vos tickets de caisse permet de connaître votre situation familiale (« tiens, iel achète des gâteaux pour enfants une semaine sur deux ») ou financière, vos convictions (« iel a arrêté d’acheter de la viande de porc et de l’alcool, signe de radicalisation… »). C’est donc une gymnastique quotidienne pour essayer de réduire au maximum ce que l’on dévoile : bloquer systématiquement tous les cookies sauf pour les sites sur lesquels c’est indispensable (et c’est là qu’on en vient à la nécessaire compréhension du fonctionnement), refuser si possible les cartes de fidélité, désactiver le Wifi et le Bluetooth sur son téléphone lorsqu’on ne les utilise pas… C’est une gymnastique contraignante.

Essayez aussi de compartimenter : si vous tenez un carnet Web sur un sujet polémique, essayez d’éviter qu’on puisse faire le lien avec notre état civil (sur le long terme, c’est très très difficile à tenir). A minima, avoir plusieurs profils / plusieurs adresses mail, etc, et ne pas les lier entre elles permet de réduire les risques. Quelqu’un qui vous ciblera pourra faire le lien, mais les programmes de collecte automatique de données ne chercheront pas forcément à recouper.

Compartimentez aussi vos outils : par exemple, utilisez deux navigateurs différents (ou un navigateur avec deux profils) : dans l’un, bloquez tout ce qui permet de vous pister et accédez aux sites qui n’ont pas besoin de savoir qui vous êtes. Utilisez l’autre, moins protégé, uniquement pour les sites nécessitant une connexion (webmail, réseaux sociaux, etc.).

Méfiez-vous comme de la peste des photos et des vidéos. De vous, de vos proches, de quiconque. Demain, en cherchant votre nom, il sera possible de vous identifier sur cette photo prise voilà 20 ans où vous montriez vos fesses. Avez-vous vraiment envie que vos enfants vous voient ainsi ? Demain, en cherchant le nom de votre enfant, ses camarades de classe pourront retrouver une vidéo de ellui à deux ans sur le pot. Hier vous trouviez cette photo adorable, aujourd’hui elle va lui valoir des torrents de moqueries.

Contre la malveillance, il faut naturellement utiliser des pratiques et outils qui relèvent davantage de la sécurité informatique : par exemple des mots de passe complexes, différents pour chaque service.

Pour aller plus loin, je vous encourage à vous renseigner sur le chiffrement : de vos communications, de vos données. Attention, le chiffrement est un sujet relativement complexe, ça n’est à utiliser qu’en ayant une idée précise de ce que vous faites.

Et, naturellement, portez en toutes circonstances un chandail à capuche noir et une cagoule, histoire de rester discret.

Et pour terminer, parce que nous ne sommes que des nains sur l’épaule de géants, une citation que je vous laisse méditer :

Benjamin Bayart
Benjamin Bayart, photo volée au site de l’April

« la solution est forcément dans une articulation entre politique (parce que c’est un problème de société) et technique (parce que les outils actuels le permettent). Et il faut bien les deux volets, un seul, ça ne sert à rien. »

(Benjamin Bayart).




Khrys’presso du lundi 22 octobre

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Brave New World

Spécial France

Spécial GAFAM

Les lectures de la semaine

  • Un tiers médiaire (laquadrature.net – tribune de Laurent Chemla)

    Imposer l’accès aux données personnelles c’est la garantie qu’un Internet décentralisé continuera à exister, même si c’est en parallèle de l’autre. Et tant pis. Et tant mieux, même : c’est justement parce que cette idée ne détruit pas le modèle économique des GAFAM qu’il a une (toute petite) chance d’être soutenu par le politique. Restons pragmatiques. On démolira l’existant seulement quand on aura construit le remplaçant.

  • Changer le monde, un octet à la fois (framablog.org)
  • Le contrôle des données numériques personnelles est un enjeu de liberté collective (lemonde.fr)
  • Machine à voter : d’interminables années de vulnérabilité démocratique (theconversation.com)
  • L’étoffe des neurones (liberation.fr)

    «Ce qu’on appelle le « décodage », c’est prédire ce que la personne a vu à partir de la mesure de l’activité cérébrale.[…] Aujourd’hui, en dehors d’un labo, on ne peut pas espérer décoder sérieusement quoi que ce soit. Après, où en sont les projets secrets de Musk avec Neuralink ou Facebook dans ce domaine ? On n’en sait rien, et c’est peut-être plus flippant.» Car, sur ce sujet comme sur d’autres, la Silicon Valley n’est jamais bien loin de la science-fiction. Elon Musk, le très influent fondateur de Tesla et SpaceX (oui, celui-là même qui a peur des progrès de l’IA), a en effet créé en 2016 Neuralink, une start-up travaillant sur une interface «ultra-haut débit» entre un cerveau et un ordinateur. De son côté, Facebook a annoncé, début 2017, travailler sur un système capable de taper cent mots par minute directement depuis son cerveau. Cinq fois plus vite qu’avec les doigts. La représentante de Facebook avait à l’époque affirmé : «Ça semble impossible, mais c’est plus proche que ce que vous pouvez penser.» C’était il y a près de deux ans. Depuis, aucune nouvelle. A croire que si effectivement rien n’est impossible, rien n’est bien proche non plus.

  • Tuer ou ne pas tuer : le dilemme moral ignoré par les robots tueurs (theconversation.com)
  • L’intelligence artificielle armée arrive. Les guerres algorithmiques sans fin sont-elles notre futur ? (theguardian.com – en anglais)
  • Mona Chollet réhabilite la figure de la sorcière et en fait la victime expiatoire du machisme moderne. (letemps.ch)

    Je pense que la misogynie est décisive et déterminante. On le voit avec le Malleus Maleficarum, le livre des juges et des chasseurs de sorcières, un des premiers best-sellers de l’histoire, juste après l’invention de l’imprimerie. C’est un manuel de haine qui dit explicitement que les femmes sont un problème. La misogynie est présente depuis la nuit des temps, mais les chasses aux sorcières permettent un passage à l’acte monstrueux, avec des dizaines de milliers de victimes exécutées, dont 80% de femmes. À l’époque, les femmes étaient encore présentes dans différentes corporations. Elles exerçaient divers métiers, elles pouvaient s’affirmer dans la sphère publique, elles étaient «relativement» libres. Elles jouissaient d’une marge d’autonomie visiblement mal tolérée. Il y a aussi des changements économiques – la privatisation des terres, la généralisation du travail rémunéré. De nombreuses vieilles femmes se retrouvent sans ressources, et les chasses permettent de se débarrasser de ces bouches inutiles.

  • Rendons le féminin à la langue française (liberation.fr)

    La masculinisation à marche forcée, qui doit tout à l’idéologie et rien à la linguistique, s’opère à partir du XVIIe siècle. Les «infléchissements masculinistes» s’observaient déjà avec le moyen français. Le pronom «il» en lieu et place d’un pronom neutre gagne du terrain : «il pleut» mieux que «ça pleut». Mais c’est avec la naissance de l’Académie française (1635) que les choses se gâtent vraiment. Bien que Vaugelas hésite mais préfère l’accord de proximité, Dupleix décrète en 1651 : «Parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut seul contre deux ou plusieurs féminins, quoiqu’ils soient plus proches de leur adjectif.» Pourquoi «plus noble» ?«A cause de la supériorité du mâle sur la femelle», répond Beauzée en 1767, sans autre forme de procès. C’est assez dire que la cause est politique.

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Encore sacrément dense, ton espresso...- la personne de droite répond : Ouaip, et encore, j'ai fait des efforts : Si tu veux voir tout ce que j'ai coupé, clique sur ma tasse !

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Khrys’presso du lundi 15 octobre

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Brave New World

Spécial France

  • Palantir, l’embarrassant poisson-pilote du big data (lemonde.fr)

    L’utilisation par les services français d’un logiciel conçu par une entreprise réputée proche des services de renseignement américains a suscité de nombreuses inquiétudes. Tout logiciel peut comporter une « porte dérobée », connue du seul constructeur, lui permettant de se connecter à distance ou d’aspirer des données.

  • Reconnaissance faciale couplée à l’IA : un député craint des dérives graves (numerama.com)
  • Surveillance de masse: comment la France a rejoint le club (liberation.fr)

    L’État secret ne documente pas seulement cette conversion technologique française, il interroge plus globalement l’affaiblissement de la démocratie «sur le terrain du droit et des libertés» : le boursouflement de l’exécutif (au détriment du judiciaire et du législatif), la normalisation de mesures d’exception (l’état d’urgence passé presque intégralement dans le droit commun), la militarisation des esprits (et des rues). Et les coopérations sans entrave entre services, que le lanceur d’alerte Edward Snowden, à l’origine des révélations sur la NSA, présente ainsi dans une interview en forme de postface : «Les services de renseignement […] se font bien plus confiance l’un l’autre qu’ils n’ont confiance dans leur propre gouvernement. […] Le problème […] c’est qu’une identité tribale est ainsi née qui […] relève d’un sentiment d’appartenance à une communauté multinationale ou post-nationale, seule garante de stabilité et de sécurité.»

Spécial GAFAM

Les lectures de la semaine

  • Régulation des contenus : quelles obligations pour les géants du Web ? (laquadrature.net)
  • Intermédiaires techniques (edgard.fdn.fr – par Benjamin Bayart)

    Je suis en désaccord avec les choix de la directive copyright. Mon approche est que la position particulière de ces grands acteurs devrait leur interdire toute censure en dehors d’un processus contradictoire, tranché par une autorité indépendante, susceptible d’appel, et passant au moment voulu par la Justice. Mais l’approche qui consiste à dire qu’ils sont des professionnels de la censure et qu’ils ont donc des obligations de résultat de ce fait est toute aussi logique. Malsaine pour la société, parce qu’on a privatisé la censure. Mais logique.

    Et le fait que cette directive fasse une différence entre ces grands acteurs dangereux et des acteurs plus souhaitables socialement, c’est également un point plutôt positif.

    C’est bien parce que l’éléphant n’est pas la souris qu’on a inventé des législations pour se protéger des géants économiques : de l’anti-trust, de l’anti-monopole, de la régulation sectorielle (l’industrie pharmaceutique ne répond pas aux mêmes normes que les marchands de souvenirs, par exemple).

    Ce dont je suis convaincu, c’est que l’irresponsabilité associée au statut d’hébergeur tel qu’il était défini historiquement doit être revisitée. Cette irresponsabilité était une conséquence logique du fait que cet intermédiaire technique n’avait pas d’action propre, autre que la réalisation du transport ou de l’hébergement des données. Et il est certain que les grandes plateformes ont une action propre.

    Je ne suis pas certain des conclusions, des critères exacts qu’il faut utiliser pour délimiter ce nouveau rôle. Ce que je propose ici c’est une piste de définition de ces critères.

  • Rebooter le web sans changer de logiciel économique ? (scinfolex.com)
  • Les attaques sur Internet sont sur le point de s’aggraver encore (nytimes.com – en anglais)
  • La sécurité informatique grand public est un échec (dascritch.net)
  • L’adblocker, votre capote numérique sur le web (carlchenet.com)

    Votre adblocker sur le web, c’est comme une capote pendant un rapport sexuel. Et mieux vaut se méfier quand un inconnu vous demande de l’enlever.

  • Hygiène et écologisme numérique (clochix.net)
  • Tribune pour un roman (maliki.com)

    Comment une œuvre pourrait-elle trouver son public si personne n’en entend jamais parler ? Malgré ma communauté et ma présence constante sur les réseaux, je sais que plus de la moitié des gens qui ATTENDENT ce roman et VEULENT le lire ne verront même pas l’info de sa sortie.
    Même les réseaux sociaux, qui nous ont permis un temps de contourner les autoroutes habituelles exigent désormais qu’on paie. J’ai 87 000 personnes qui me suivent sur ma page Facebook. 87 000 personnes qui ont cliqué en disant « oui, je veux voir les infos de cette page, ça m’intéresse ». Et bien si moi, je décide d’écrire « coucou » sur ma page Facebook et que je veux que ces 87 000 personnes le voient, je dois débourser au minimum 400€ par JOUR, pour espérer toucher entre 8 900 et 37 000 personnes maximum. Et pas des inconnus hein, juste mes abonnés !
    Si je ne paie pas ? Seule une poignée d’abonnés verra mon « coucou » s’afficher au milieu des publications filtrées et sponsorisées. Et c’est la même tisane sur Twitter ou Youtube. Les réseaux se sont rendus indispensables, et désormais nous rackettent paisiblement.

  • « Individu dangereux » : ce qu’un passage à l’aéroport apprend sur le fichage des militants (paris-luttes.info)
  • « En France, l’administration sert l’Etat, en Estonie elle sert le citoyen »
  • « Accorder des droits à une machine, c’est une pente dangereuse » (usbeketrica.com)
  • Un futur où tout devient un ordinateur est aussi effrayant que ce que vous craigniez (nytimes.com – en anglais)

    Il y a plus de 40 ans, Bill Gates et Paul Allen ont fondé Microsoft avec l’idée d’installer un ordinateur personnel sur chaque bureau. Personne ne les prenait vraiment au sérieux, donc peu ont essayé de les arrêter. Et avant même que quiconque le réalise, l’affaire était déjà dans le sac : quasi tout le monde avait une machine Windows, et les gouvernements se sont retrouvés à devoir se démener pour parvenir à remettre le monopole de Microsoft dans sa bouteille. Ce genre de chose se produit encore et encore dans l’industrie de la tech. Des fondateurs audacieux visent à quelque chose d’hilarant et hors de portée – Mark Zuckerberg veut connecter tout le monde – et l’improbabilité même de leurs plans les met à l’abri de notre vigilance. Le temps que nous nous rendions compte de leurs effets sur la société, il est souvent trop tard pour faire quoi que ce soit à leur encontre. Et c’est ce qui est en train de se produire, une fois de plus, aujourd’hui. Ces dernières années, les plus grandes puissances de l’industrie de la tech ont mis le cap sur une nouvelle cible pour leur conquête du numérique. Ils ont promis des facilités insensées et des bienfaits inimaginables pour notre santé et notre bonheur. Il n’y a qu’un petit piège, qui n’est souvent pas mentionné : si leurs innovations sont lancées sans aucune intervention ou supervision de la part du gouvernement, nous pourrions bien être en train d’inviter un cauchemar de vulnérabilités en matière de sécurité et de protection de la vie privée dans le monde. Et devinez quoi : personne ne fait grand-chose pour arrêter ça.

  • Gmail et l’assistant Google, ce futur asile de fous ? (champeau.info)
  • « Aujourd’hui, presque toutes les formes d’anticipation passent par l’effondrement » (usbeketrica.com)
  • Le revenu de base universel est la dernière arnaque de la Silicon Valley (medium.com – en anglais)

    Le projet ne consiste pas à faire un cadeau aux masses, mais à avoir un outil pour nous rendre encore plus esclaves.

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Ok, 15mn de lecture pour le 15/10, dis-moi que ce ne sera pas 22mn la semaine prochaine ? - la personne de droite répond : T'inquiète, il faut savoir s'arrêter à temps ;-) mais pour ceux et celles qui en veulent plus, il suffit toujours de cliquer sur ma tasse !

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Khrys’presso du lundi 8 octobre

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Brave New World

Spécial France

Spécial GAFAM

Les lectures de la semaine

La question à vous poser est « est-ce que je suis d’accord pour que l’Etat soit en capacité de savoir que je me suis connecté à telle, telle ou telle heure à tel, tel ou tel site de cul ? »

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : 8mn de lecture, tu l'as fait exprès, avoue ! la personne de droite répond : on ne peut rien te cacher ;-D et comme tu le sais, si tu en veux plus, il suffit de cliquer sur ma tasse !

Merci à Goofy pour le coup de patte 🙂

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