Khrys’presso du lundi 16 juillet


Brave New World
* Neutralité du Net : l’Inde vient d’adopter les « règles les plus strictes au monde »
* Les Berlinois veulent une ville sans pub
* Sécurité des objets connectés : un « trou béant » dans la loi

un personnage râle : Moi j'aime pas les trous béants

* Les Smart TVs envahissent notre intimité et cela nécessite une investigation, selon les sénateurs américains (en anglais) – voir aussi : Mouchards publicitaires : comment les télés connectées espionnent les foyers
* Face à l’algorithme, l’impossible grève des livreurs à vélo
* Les entreprises de fracturation hydraulique utilisent les informations personnelles récoltées sur Facebook pour discréditer leurs opposants (en anglais)
* Interfaces utilisateur : les techniques de design visuel utilisées pour manipuler les plus vulnérables (en anglais)

A dark user experience pattern is loosely defined as a way to trick users into performing certain actions. These actions always benefit the company employing these techniques, and often leave user out of pocket in at least one way. Sometimes this is monetary; other times it’s at the cost of privacy, time, or even user rights.
Un « modèle pervers d’expérience utilisateur » peut se définir grossièrement comme un procédé piégeant les utilisateurs, pour les amener à effectuer certaines actions. Ces actions profitent toujours à l’entreprise employant ces techniques, et l’utilisateur doit souvent payer d’une façon ou d’une autre. Parfois, il s’agit d’argent ; d’autre fois, c’est au prix de l’intimité de l’utilisateur, de son temps, voire de ses droits.

Spécial GAFAMs
* Les politiques lisent les règles de confidentialité de Gmail
Deux personnages, le premier demande à l'autre (qui lit) s'il a fini, l'autre répond que non, c'est sacrément long à lire, les CGU
* Jeff Bezos et Amazon commencent à inquiéter l’industrie de la publicité (en anglais)

Google knows what consumers are interested in, and Facebook knows who you are. But Amazon has what many in the advertising industry regard as the most important piece of the puzzle: what people buy. And the e-commerce giant is starting to capitalize on that data in a big way […] The scary part for marketers is that [data] is all walled off, and if you want the special sauce you have to play by Amazon’s rules.
Google connaît les centres d’intérêt des consommateurs, Facebook sait qui vous êtes. Mais Amazon possède ce que nombre d’acteurs du secteur de la publicité considèrent comme la pièce la plus importante du puzzle : ce que les gens achètent. Et le géant du e-commerce a commencé à tirer profit de ces données dans les grandes largeurs […] Le côté inquiétant de l’affaire pour les marketeux est que toutes ces données sont bien gardées, et que pour y accéder, il faut accepter de se soumettre aux règles d’Amazon.

* Collecte de données : Google et Apple priés de faire la lumière

Darth Vader râle : la lumière, et puis quoi encore.

* La censure mise en place par Apple pour la Chine fait crasher les Iphone (en anglais)
* Le Royaume-Uni inflige une amende de 7 minutes de chiffre d’affaires à Facebook (voir aussi : Cambridge Analytica : amende maximale pour Facebook au Royaume-Uni)
* Facebook et la lutte contre la désinformation, un double discours qui dérange

Un personnage représentant Facebook dit : nous sommes pour la liberté d'expression, mais nous nous réservons le droit de supprimer votre contenu.

* Windows 10 : Microsoft renonce à imposer Edge depuis Courrier ou Mail

La supériorité revendiquée de Edge sur les autres navigateurs suscite par ailleurs un certain scepticisme […]: « Nous voulons que les gens utilisent notre produit. Devrions nous: a) Faire un meilleur produit ou b) Ne pas leur donner le choix et leur coincer ce produit inférieur au fond de la gorge ? Ce n’est pas une question normale à poser. »

Spécial France
* Le gouvernement juge que la loi « garantit une protection effective de la neutralité du net »
* Les juteuses activités annexes de certains eurodéputés français
* « PACT », le nouveau plan d’action contre le terrorisme du gouvernement
* Directive droit d’auteur : le vote du Parlement européen fixé au 12 septembre. Lire à ce propos l’excellente tribune de Lionel Maurel : Directive droit d’auteur: la régulation au prix de la répression ?

Ne nous y trompons pas : le but réel des industries culturelles n’est pas de combattre les Gafam, mais d’utiliser le filtrage comme une menace pour négocier en position de force «un prix de gros» pour l’ensemble de leur catalogue. Leur but est d’instaurer une «licence globale privatisée» qui consacrerait définitivement la position dominante d’acteurs, comme Facebook ou YouTube, si elle voyait le jour.

* Modèle social. La Macronie veut supprimer la Sécu de la Constitution

[EDIT 17/07] Comme le signale le commentaire ci-dessous, le gouvernement a finalement renoncé à supprimer la référence à la Sécu dans la Constitution.

Un mot, dans une Constitution, ça compte énormément. Les fondamentaux d’un pays peuvent être balayés en s’attaquant à quelques lettres. La Macronie s’y emploie : elle a décidé de supprimer toute référence à la Sécurité sociale dans la Constitution. Comme si de rien n’était, la commission des Lois a profité du chantier de la réforme constitutionnelle pour faire disparaître l’un des piliers de notre République et de notre modèle social de la loi fondamentale.

* La fraternité, enfin !

La décision du Conseil constitutionnel, qui contraint le gouvernement à revoir la définition de son «délit de solidarité», est historique. Elle fera date aussi, et peut-être surtout, en raison de la place éminente qu’elle assigne au dernier terme de la devise républicaine.

Agir
Données personnelles: informez-nous, protégez-vous

Les lectures de la semaine
* Wikipédia en français, une évolution spectaculaire en 10 dates clefs
* Le moment néofasciste du néolibéralisme
* Quand George Orwell passait en revue Mein Kampf (1940) (en anglais)
* Supprimer le mot «race» de la Constitution: oui, mais…
* Mouvements de la main, vitesse de frappe : des gestes anodins qui peuvent vous trahir

Les montres connectées et smartphones collectent des informations sensibles à partir d’attitudes dont nous n’imaginons pas devoir nous méfier, du mouvement de notre main au dessus d’un distributeur de billets à l’imprécision de nos doigts sur l’écran de notre smartphone lors de la commande d’un VTC après une soirée arrosée. Cet intérêt pour l’imperceptible permet aux entreprises d’obtenir des renseignements à notre sujet, avec notre accord mais sans que nous en soyons conscients.

* Le filtrage internet s’avère inefficace contre les contenus pornographiques, selon des chercheurs (en anglais)

It’s important to consider the efficacy of Internet filtering. Internet filtering tools are expensive to develop and maintain, and can easily ‘underblock’ due to the constant development of new ways of sharing content. Additionally, there are concerns about human rights violations – filtering can lead to ‘overblocking’, where young people are not able to access legitimate health and relationship information.
Il est important de s’interroger sur l’efficacité du filtrage internet. Les outils de filtrage sont coûteux à développer et à maintenir, et peuvent facilement « sous-bloquer » à cause du développement incessant de nouveaux moyens de partage de contenu. De plus, il y a des risques de violation des droits de l’Homme – le filtrage peut amener à « surbloquer », quand de jeunes personnes ne se trouvent plus en mesure d’avoir accès à des informations légitimes concernant la santé et les relations interpersonnelles.

À (re)lire ou écouter pendant l’été
* La série d’articles « Leviathan » (accessible sous Licence Art Libre sur framagit et téléchargeable en format epub via ce lien, à compléter avec Les Léviathans V. Vie privée, informatique et marketing dans le monde d’avant Google)
* La thèse de Félix Tréguer « Pouvoir et résistance dans l’espace public : une contre-histoire d’Internet (XV-XXI siècle) »
* Des heures de conférences/cours de Michel Foucault, enregistrées en anglais et français entre 1961 et 1983 via le site openculture.com (en anglais)

Les BDs/graphiques/photos de la semaine
* Capitalisme de surveillance
* Data & Facebook
* Londres
* Sauver la princesse – comparaison de 8 langages de programmation
* Arch vs Gentoo

Les vidéos de la semaine
Les vidéos de PSES sont désormais sur PeerTube

Les autres trucs chouettes de la semaine
* WHOIS et RGPD : l’Icann peine à endiguer la vague
* On parle de PeerTube dans Télérama

devant deux cafés, discussion : le personnage de gauche remarque que l'expresso est toujours aussi corsé, le personnage de droite indique que s'il clique sur sa tasse, il pourra l'allonger

Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.




Khrys’presso du lundi 9 juillet


Brave New World
* Neutralité du net : la Californie fait de la résistance. Voir aussi : La neutralité du Net fait son comeback en Californie (en anglais).
* En Ouganda, il faut maintenant payer pour utiliser les réseaux sociaux (en anglais).
* Zwielbelfreunde, la police allemande s’en prend à nos oignons (voir aussi : La police allemande accusée de mener des raids pour le moins stupides – en anglais).
* Quand les grands éditeurs irritent et abusent de leur force
* 500px abandonne les photos en Creative Commons

Mais le plus discutable n’est pas tant que 500px oriente sa plateforme de photos vers une autre direction — après tout, chaque service entend rester maître de son destin. C’est le manque de considération qu’a la plateforme a à l’égard de ceux et celles qui ont placé des photos sous licence Creative Commons sur 500px : à la question de savoir si 500px va offrir une aide à la migration pour les contributeurs existants qui soumettent des images Creative Commons, le site répond que non. « Notre plan est de supprimer la possibilité de téléverser une image à 500px avec une licence Creative Commons. Nous supprimerons également la fonctionnalité de téléchargement et de recherche d’images Creative Commons sur notre site web ».

Spécial données personnelles/Surveillance

personnage tenant une caméra de surveillance
« Vidéo Surveillance » by Lena (CC BY-NC-ND 2.0)

* États-Unis : les données de millions de personnes et d’entreprises ont fuité (voir aussi l’article original de Wired en anglais)
* La NSA efface des millions de métadonnées téléphoniques qu’elle n’était pas censée avoir
* Aux États-Unis, les TVs connectées traquent les utilisateurs par millions (en anglais)

“You appear to opt into a discovery-recommendation service, but what you’re really opting into is pervasive monitoring on your TV.”
(Vous semblez opter pour un service de recommandation-découverte, mais ce pour quoi vous optez en réalité, c’est une surveillance omniprésente sur votre téléviseur.)

* Quand les objets connectés sont utilisés comme des armes contre leurs propriétaires – voir aussi : Thermostats, verrous, lumières : les nouveaux outils de la violence domestique (en anglais).
* Quand le portable sert à espionner ses proches…
Un personnage râle : moi, je n'aime pas qu'on m'espionne
* Alors qu’ils cherchaient à savoir si votre smartphone vous écoutait en secret, des scientifiques ont fait une autre découverte : certaines applications enregistrent tout ce que vous faites et l’envoient à des tiers.
* Android : les apps ne se privent pas de faire des captures d’écran
* L’Europe utilise les données des smartphones comme une arme pour déporter les réfugiés (en anglais).

Spécial GAFAMs
* Gmail : vous avez probablement laissé des développeurs lire vos mails
* Gmail ne scanne pas vos mails. Ses partenaires, en revanche…
* Gmail : oui, des tiers lisent vos emails, et vous auriez dû le savoir
* Polémique Gmail : tout ce que pourquoi la Silicon Valley est détestée
deux personnages, le premier pleure parce que Google lit tous ses mails, le second lui réplique qu'il n'avait qu'à lire les CGUs
* Facebook : l’enquête Cambridge Analytica prend de l’ampleur
* Facebook a identifié la Déclaration d’indépendance des États-Unis comme un discours haineux
* Facebook débloque, mais se soigne
* Facebook est-il un éditeur ? En public, la réponse est non, mais en cour de justice… (en anglais)
* RGPD : Google, Amazon et Facebook ou Claudette au bal des vampires

Spécial France
* 3 volets pour le futur cloud souverain de l’Etat français . Voir aussi : Souveraineté numérique : la France précise ses plans dans le cloud
* Tous les examens seront-ils bientôt surveillés à distance par des humains ou des algorithmes ?
* La Smart City policière se répand comme traînée de poudre
* La France lancera en 2020 un indice de réparabilité des appareils électroniques
* Le « délit de solidarité » censuré par le Conseil constitutionnel au nom du « principe de fraternité ». Voir aussi : «Délit de solidarité» : la fraternité érigée en principe constitutionnel

La lutte – et la victoire ! de la semaine
* Directive Copyright : 146 organisations lancent un ultime appel au Parlement européen
* En quoi la directive Copyright menace-t-elle le web et Wikipedia (en anglais).
* Wikipédia ferme ses portes en Italie pour s’opposer à la directive sur le droit d’auteur
* Après l’Italie, Wikipédia ferme en Espagne, Pologne, Lettonie et Estonie
* Directive Copyright : le Parlement européen dit non et reprend la main
* Le Parlement européen écarte la directive controversée sur le droit d’auteur
* Directive sur le droit d’auteur : une victoire du lobbying des GAFA, vraiment ?
* Sur YouTube, la détection automatique des contenus soumis à droit d’auteur ne satisfait personne et même, peut aboutir à des situations complètement absurdes, comme ce YouTubeur accusé de violation de droits d’auteur sur sa propre chanson !

deux personnages, le premier a une guitare et dit que c'est lui qui a fait la chanson, le second lui répond que ce n'est pas ce que lui a dit son algorithme

Les lectures de la semaine
* Ce que le numérique fait au droit
* Comment financer le logiciel libre ? un vrai sujet
* Un jeune libriste part à l’asso des mauvaises habitudes
* Contribuer à un logiciel libre dans une formation en école d’ingénieur
* Darknet : faut-il démanteler la revente illégale de la liberté de s’exprimer et de s’informer ?
* Alain Damasio : « Rendre désirable autre chose que le transhumanisme »

Avec un vélo, si ta chaîne saute, tu peux la remettre toi-même et repartir : tu as une autonomie par rapport à l’objet car tu sais comment il marche et tu peux le réparer. Avec un vélo électrique, tu peux pédaler, mais si la batterie lâche ou s’il y a un problème technique, tu es démuni, et là tu es en situation d’hétéronomie. L’objet ne t’« empuissante » pas, il te retire une faculté.
Apple a été très précurseur là-dessus. La stratégie de ses managers a toujours été la fluidité absolue : tout doit être simple, fluide, ergonomique. Et ce sont les premiers à avoir fait des technologies tellement propriétaires qu’ils t’ont foutu dans l’hétérénomie absolue : ça marche ou ça ne marche pas. La dépendance est maximale […]
Je pense qu’on a réussi à mettre en place des systèmes qui font que tu as à peine besoin d’un coup de pouce pour que les gens les mettent en place. Les GAFA par exemple ne font que mettre à disposition un ensemble d’outils qui potentialisent des choses. Mais c’est tellement bien fait, ergonomique, lié à des logiques de commodité, de fluidité, de facilité que tu vas t’en emparer et aller là où ça les arrange. Ce n’est même pas eux qui mettent en place le mécanisme d’aliénation, ils ne t’imposent rien. Il faut interroger cette façon que nous avons de nous piéger nous-mêmes.

deux personnages, le premier demande au second pourquoi il se pièger lui-même, le second lui répond : bonne question

Agir
Pour Tim Berners-Lee, il est temps de « descendre dans la rue » pour sauver le Web

Les BDs/graphiques de la semaine
* Reaching people on the internet
* Les algorithmes et le week-end
* Heaviest objects in the universe
* Calm down
* Sunglasses
* Simone Veil

Les vidéos de la semaine
* En podcast, toutes les interventions de Pas Sage En Seine 2018 (et en version torrent : 2017 et 2018)
* Et si on quittait les réseaux sociaux ?
* Data brokers, les courtiers de nos données

devant deux cafés, discussion : le personnage de gauche dit que c'est fou, le nombre de trucs qui se passent en une semaine, le personnage de droite indique que s'il clique sur sa tasse, il en aura encore plus

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Contribuer à un logiciel libre dans une formation en école d’ingénieur

Des étudiants de l’Université de Technologie de Compiègne effectuent, dans le cadre de leur cursus, des Travaux de Laboratoire consistant à avancer sur des tickets du projet Framadate (qui n’en manque pas), avec le soutien de leur enseignant Stéphane Crozat (dont on vous reparlera) et du CHATONS local Picasoft. Leurs travaux sont documentés dans un wiki et leur avancement dans des pads.

De la belle contribution utile !


Pour commencer, une petite présentation s’impose : je m’appelle Justine et je suis en première année de formation ingénieur en informatique à l’UTC (Université de Technologie de Compiègne). Lors de ce semestre, c’est-à-dire lors des quatre derniers mois, et dans le cadre de ma formation (ce travail, après évaluation, pourra m’apporter 5 crédits ECTS), j’ai eu l’occasion de contribuer au logiciel libre Framadate. Cet article se veut être un bilan de mon expérience.

 

Contribuer à un logiciel libre, était-ce différent d’un projet « classique » ?

À l’UTC, les étudiants sont évalués selon des barèmes différents d’une matière à l’autre. En informatique, l’évaluation comprend souvent un projet (qui ne correspond pas souvent à plus de 20% de la note finale). Ce projet a des objectifs largement pertinents, comme vérifier sur un cas pratique que les étudiants ont assimilé la théorie qui leur a été enseignée. Cependant, j’ai souvent éprouvé une certaine frustration vis-à-vis  de ces projets. En effet, une fois rendu, évalué et donc noté, le projet tombe dans l’oubli : pas d’utilisation réelle, pas d’amélioration, une sorte de produit déjà mort à sa sortie. Ainsi, l’idée de travailler sur un logiciel  libre, avec des utilisateurs bien réels derrière, m’a semblé extrêmement pertinente et bien différente des projets que j’avais déjà pu mener.

Est ce que ces différences ont entraîné des difficultés ?

Les premières difficultés rencontrées ont été celles posées par l’installation et la prise en main de l’environnement de travail, proposé par les suiveurs. Alors que la plupart du temps, pour mener à bien les projets classiques, les installations des environnements sont déjà faites sur les machines de l’UTC, cela n’était pas le cas cette fois. Composé de nombreux outils (principalement Docker et Git au sein de Linux), l’installation de notre environnement a été relativement lourde et laborieuse. Une fois installé, l’environnement est au premier abord difficile à prendre en main : de nombreuses lignes sont à exécuter dans l’interpréteur de commandes avant de pouvoir tester le code.

Mais les difficultés les plus compliquées à surmonter ont été celles posées par le projet en lui-même. D’abord parce que les langages utilisés (SQL, PHP orienté objet, Javascript, HTML via le moteur de templates Smarty…) ne m’étaient pas ou peu connus. Ensuite, et surtout, parce qu’il m’a paru très compliqué de m’insérer dans un projet déjà bien développé (dans un projet « classique » à l’UTC, on part de rien, on développe tout), projet dont l’architecture n’est pas (ou très peu) documentée. Sa compréhension a donc nécessité beaucoup de temps et d’efforts, j’y reviendrai.

Comment s’est organisée ta contribution ?

Cette contribution a été organisée selon une méthode de type agile : le travail est découpé en itérations de six heures chacune, une itération par semaine. Le semestre a ainsi été rythmé par des réunions de suivi hebdomadaires avec les suiveurs, Stéphane Crozat et Andrés Maldonado, chargés d’accompagner et d’évaluer le travail. Sur chaque itération, nous déterminions donc ensemble l’objectif à atteindre pour la semaine suivante, et je déterminais seule l’articulation de mon travail (combien d’heures je devais passer à réaliser telle tâche). La contribution s’est articulée en deux volets : un volet de développement (qui consistait en la résolution de trois issues ouvertes sur le projet) et un volet de documentation (via le wiki de l’association Picasoft).

Concrètement, qu’as-tu apporté à Framadate ?

Comme évoqué plus haut, l’architecture du projet n’était que très peu documentée. Ainsi, afin de travailler efficacement sur le projet, j’ai préféré commencer par passer plusieurs heures (concrètement une vingtaine) à explorer le projet et documenter au maximum ce que j’en comprenais (les classes implémentées, leur articulation au sein du projet…). Un travail étudiant comme celui-ci est aussi l’occasion d’apprendre à formaliser et documenter, mon travail est disponible ici.

Ce n’est que dans un second temps que j’ai réellement commencé mon travail de résolution d’issues, et donc de développement et de documentation du travail réalisé. J’ai préféré travailler ces deux volets en parallèle, afin de restituer le travail réalisé lorsque tout était encore frais dans mon esprit. J’ai ainsi pu travailler sur trois issues :

Issue #38 : collecter les adresses e-mail des sondés
L’idée est de permettre à l’administrateur de choisir de collecter (ou non) les adresses e-mail des sondés. Si l’administrateur choisit la collecte, alors la saisie d’une adresse de courriel valide (respectant le format e-mail) est obligatoire pour voter. La collecte s’accompagne d’une fonctionnalité permettant à l’administrateur de récupérer efficacement l’ensemble des adresses des personnes sondées.

A la création d’un sondage, l’administrateur choisit s’il collecte ou non les adresses emails des sondés.

 

Un avertissement informe que, dans le cas où les votes sont modifiables par tous, n’importe qui ayant accès au sondage peut récupérer les adresses emails des sondés.

 

Pour voter, lorsque la collecte des adresses emails est active, une adresse email valide doit être renseignée. L’administrateur peut récupérer la liste des adresses emails des sondés grâce aux boutons enveloppe situés au dessus de chaque colonne. Si la collecte est active et que quiconque peut modifier tous les votes, un avertissement informe que n’importe qui peut accéder aux adresses emails des sondés.

 

En cliquant sur un bouton enveloppe, l’administrateur récupère les adresses emails des sondés triées selon leur choix (‘oui’, ‘si besoin’ ou ‘non’).

 

Issue #324 (et #61) : Amélioration de l’option de collecte des adresses e-mail des personnes sondées. L’idée était d’améliorer le travail réalisé précédemment en passant la collecte des adresses de courriel sous quatre options différentes :

  • option 1 : la collecte est désactivée ;
  • option 2 : la collecte est activée ;
  • option 3 : la collecte est activée et la saisie est obligatoire ;

option 4 : la collecte est activée, la saisie est obligatoire et le vote doit être confirmé par un clic sur le lien envoyé dans un mail à l’adresse renseignée (cette dernière option n’a pas été implémentée car le service d’envoi d’e-mail est inutilisable au sein de l’installation).

A la création d’un sondage, l’administrateur choisit une des quatre options pour son sondage. De même que précédemment, un avertissement informe si les adresses emails des sondés ne sont pas protégées.

 

Issue #208 : permettre la finalisation d’un sondage par l’administrateur
L’idée était d’ajouter une fonctionnalité pour l’administrateur de clôture de sondage et de lui permettre :

  • de sélectionner le choix retenu ;
  • de justifier son choix.

Dans les informations du sondage, l’administrateur et l’utilisateur sait si le sondage est encore ouvert ou s’il est fermé (ici, il est encore ouvert). L’administrateur peut fermer le sondage en cliquant sur le bouton.

 

Une fois le sondage fermé, l’administrateur peut sélectionner le choix qu’il retient grâce au bouton au dessus de chaque colonne. La valeur de ce choix est visible dans les informations du sondage, côté administrateur et côté utilisateur.

Une fois un choix sélectionné, l’administrateur peut justifier son choix. La valeur de cette explication est visible dans les informations du sondage, côté administrateur et côté utilisateur.

Chacune de ces résolutions d’issues a fait l’objet d’une merge-request. C’est un processus itératif très intéressant à découvrir au sein duquel on peut interagir avec les développeurs logiciel et web de Framasoft qui vont vérifier le travail proposé et en demander des corrections.

Tout au long de mon travail, j’ai pu ainsi interagir avec différents interlocuteurs : les suiveurs bien sûr, Stéphane Crozat et Andrés Maldonado, mais aussi Thomas Citharel, développeur logiciel web chez Framasoft, et Kyâne Pichou, diplômé de l’UTC. Je tiens à remercier tous ces interlocuteurs pour leur soutien et leurs conseils, je pense qu’il est indispensable d’être bien accompagnés dans ce processus de contribution afin qu’il soit efficace et utile à tous.

Finalement, quels sont les apports au sein de ta formation ?

Contribuer à Framadate m’a d’abord permis de gagner en compétences d’utilisation des outils utilisés (Docker, Git, Linux) et en développement web : interface, base de données,…. Mais cette contribution m’a surtout fait gagner énormément d’indépendance et d’autonomie vis-à-vis d’un projet déjà existant et bien développé, ce qui est très formateur et pertinent en amont de mon futur stage (six mois en entreprise à partir de septembre).

Que faudrait-il retenir de cet article ?

Contribuer à un logiciel libre au sein de la formation en école d’ingénieur constitue une expérience très pertinente pour compléter le profil théorique et « scolaire » d’un étudiant. Cette expérience permet de faire face à de nouvelles difficultés, et ainsi développer de toutes nouvelles aptitudes.

 

En savoir plus :

ECTS : European Credits Transfer System, calculés en fonction de la charge de travail de l’étudiant , ils permettent l’obtention des diplômes français (et européens).

Picasoft est le CHATON créé par les étudiants de l’UTC.




Un jeune libriste part à l’asso des mauvaises habitudes

Neil vient de finir un stage d’étudiant au terme duquel il a réussi à faire adopter des outils libres à une association. Il livre ici le récit de ses tribulations, c’est amusant et édifiant…

On aimerait bien qu’il y en ait beaucoup comme lui pour s’engager de façon aussi déterminée et efficace. Nous espérons entamer une série d’interviews de libristes qui comme lui sont particulièrement impliqué⋅e⋅s dans la diffusion des valeurs et des pratiques libristes.


avatar de Neil, un pigeon sur la tête
Avatar de Neil, image d’après Tunaniverse

Bonjour à tous,

N’ayant encore qu’assez peu d’expérience dans le domaine du libre et s’agissant de mon premier article sur Internet, je sollicite votre bienveillance et vous invite à me signaler toute éventuelle erreur ou mauvais usage des termes dans cet article.

Contexte

Les études

Avant de commencer, un peu de background. J’ai 20 ans et je suis en première année de BTS SIO (branche SLAM), formation post-bac orientée sur l’informatique de gestion et le développement d’applications.

Au bout d’un mois dans cette filière, j’ai senti qu’elle n’était pas pour moi en constatant notamment un retard assez grave dans les notions du référentiel. Mais pour des raisons financières (bourses, appartement, etc.) j’ai dû finir mon année, ce qui implique l’obligation de trouver un stage d’un mois en juin.

Le choix de l’association

J’ai donc choisi une association que je vais appeler Ciné-Asso, qui propose des tarifs réduits pour des séances au cinéma pour les établissements scolaires et ses adhérents. Ses responsables disaient avoir besoin de retravailler leur système d’information.

C’était pour moi une chance que de pouvoir mettre mes connaissances à disposition d’une association, ce qui m’attirait bien plus que les stages choisis par mes camarades de classe (stage en banque, en dépannage/réparation informatique, au supermarché, en startup French Tech qui développe sous WinDev1. Choix judicieux que de choisir un stage WinDev en BTS SIO : WinDev fait partie des logiciels étudiés et utilisés tout comme WordPress, Microsoft Visio, Win’Design, PC Wizard 2015 et plein d’autres. (Vous comprenez pourquoi je n’aime pas cette filière ?)

Et je préférais travailler pour une asso en rapport avec l’art et la culture. Le choix était donc déjà fait.

Un peu de technique

En ce qui concerne les outils utilisés, mon ordinateur tourne sous Debian Buster (prerelease) depuis Janvier 2018. Je code exclusivement sous Vim, mon éditeur préféré. Pour le développement web, j’utilise Apache et MariaDB côté serveur (en local, donc sur mon propre poste). J’utilise souvent MySQL Workbench (la version sous licence GPL par Oracle) pour éditer la BDD, sinon en CLI. Je travaille tout le temps avec draw.io (licence Apache), un logiciel vraiment pratique pour réaliser des schémas en tous genres, des cartes mentales aux modèles relationnels. Je m’estime par ailleurs libriste et refuse, lorsque la situation le permet, de travailler avec des logiciels propriétaires. Vous allez voir que défendre ses valeurs n’est pas facile…

Tâches assignées

Principalement deux tâches me seront confiées durant ce stage d’un mois :

  • Retravailler le site web de Ciné-Asso Leur site web tournait sous une très ancienne version de Joomla ! et franchement, ce n’était pas beau à voir. Bref, un site des années 2006. Ma mission sera de développer un site vitrine pour le remplacer, avec une gestion d’évènements planifiés (de séances de films, en l’occurrence) pour l’association. Cela inclut évidemment la formation des bénévoles à l’outil ;
  • Retravailler la base de données, reconstruire la base de données utilisée pour enregistrer les adhérents et les donateurs de l’asso. La base de données actuelle a été créée il y a 10 ans sous Access 2003 (si ce n’est 98…) et elle est encore utilisée jusqu’à présent. La base n’est pas relationnelle alors qu’elle devrait l’être. Résultat : 35 champs dans une table avec les adhérents et donateurs mélangés, des doublons, des couples sur un seul enregistrement et de sérieuses limites. Je vais donc devoir créer une nouvelle base, migrer toutes les données et former les bénévoles.

Le tout, donc, en un mois, avec la contrainte personnelle de n’utiliser que des logiciels libres.

capture de la liste des entrées de la base de données ancienne
La base d’adhérents au départ…

Présentation de Ciné-Asso

Je vais donc vous présenter brièvement l’équipe de Ciné-Asso. De faux noms leur seront attribués afin de préserver leur anonymat.

M. Touron est le président de l’association. Un esprit juste et logique.

Mme Nougat est la trésorière et celle que je dois convaincre. Elle est très réticente à l’intégration de mon travail au sein de l’asso. Elle sera aussi l’une des principales utilisatrices du logiciel de gestion de base de données. J’ai donc intérêt à faire du bon travail afin de satisfaire ses attentes.

M. Réglisse s’occupe de la communication auprès des adhérents. Il utilise tout le temps l’outil informatique dans son travail, pas toujours comme il le faudrait.

Mme Caramel est une jeune bénévole qui soutient mes idées. Elle s’occupe principalement du site web.

M. Calisson est un bénévole octogénaire et maintient la base de données Access. C’est un autodidacte de l’informatique. Il racontait fièrement qu’il avait programmé en COBOL pour le gouvernement à une époque désormais révolue.

M. Prunelle est un prestataire de services extérieur à l’association et jouera un rôle crucial.

Une réunion est organisée entre deux ou trois bénévoles et moi deux fois par semaine afin de présenter l’avancée de mon travail et de m’ajuster à la demande. En dehors des réunions, je travaille en autonomie.

Un détail important à relever : aucun membre de Ciné-Asso n’est assez compétent en informatique pour s’occuper du côté technique du site après mon départ.

Le site web

J’ai consacré les 15 premiers jours à la réalisation du site web. Et parmi tous les CMS possibles, j’ai choisi… Allez, devinez… WordPress.
Vous avez le droit de jeter vos tomates pourries ; mais je n’avais aucune expérience, ni avec Drupal, ni avec Joomla! et je n’avais clairement pas le temps de tester les solutions (rappelons que j’ai seulement 15 jours pour finaliser le site, formations incluses). De plus, je connaissais déjà bien WordPress pour l’avoir utilisé par le passé. Et croyez-moi, j’ai regretté de ne pas avoir été assez curieux, car ces 15 jours mêlèrent ennuis et souffrance.

Le décor

On commence par le design. J’ai choisi la version gratuite d’un thème qui leur plaisait bien. Je leur conçois une jolie bannière d’en-tête (avec GIMP, bien évidemment). Au final, j’ai dû la refaire 16 fois dans une réunion de 4 heures pour satisfaire aux demandes de M. Touron, président. Mais passons. J’ai dû bidouiller le CSS afin de convenir à leurs attentes, au risque de tout casser à la prochaine mise à jour. En guise de solution, je leur ai demandé de tout mettre à jour, sauf le thème.
C’est sale, ça contourne le problème, mais je ne vois pas d’autre option dans le temps imparti ; de plus, les thèmes souffrent rarement d’une faille de sécurité. J’ai donc jugé le pari suffisamment sûr.
Travailler sur WordPress n’est pas jouissif. Ça me servira de leçon pour mes stages futurs.

Les plugins

Je choisis le plugin WP Theater pour programmer les séances de cinéma.
Évidemment, les fonctions les plus intéressantes sont payantes. Je me contente des fonctions de base et réussis à convenir à leurs demandes. M. Touron m’a proposé d’acheter la version payante du plugin, mais j’ai insisté en disant que n’était pas nécessaire et que pour le prix de la fonctionnalité, ça relevait plutôt de l’escroquerie.

Les deux semaines s’écoulèrent (trop) paisiblement avec quelques ajustements par-ci par-là. La formation fut terminée en une après-midi. L’intéressée, Mme Caramel, appréciait l’interface conviviale du logiciel.

Choses vues

En un mois, j’ai appris à connaître les membres de l’association : leur personnalité, leur empathie et surtout, leur usage de l’outil informatique. J’ai tout de même quelques anecdotes qui font peur.

M. Réglisse et Micro$oft Office

J’apprends que l’un des membres de l’association, M. Réglisse, utilise MS Office 2003 pour travailler sur les documents de l’asso. Malheureusement, ce logiciel de Micro$oft n’arrive plus à exporter en PDF sur son poste, pour une raison inconnue (tout autant à lui qu’à moi). Sans compter que Office 2003 ne lit pas les nouveaux formats MS Office (depuis 2007 : xlsx, docx, etc.) ni les formats libres (odt…). Et ainsi, à chaque fois que M. Réglisse souhaite lire ou éditer un fichier incompatible, il envoie ce fichier par mail à sa collègue qui le convertit en PDF (à l’aide d’Apache OpenOffice) et qui lui renvoie par mail, et ce depuis longtemps.
Il fallait quand même que je me retienne de sourire en écoutant ça.
On me demande conseil.
En bon libriste, j’explique que le logiciel est trop vieux et qu’il faut passer à LibreOffice gratuitement ou acheter le pack Office tous les 3 ans, en insistant bien sur la première option.
« Oui, mais j’ai déjà essayé, ça marche pas, y’a des bugs et c’est pas toujours compatible… » Finalement, j’ai réussi à le convaincre. Ça a changé un peu la mise en forme de ses fichiers et il ne s’est pas gêné de me faire remarquer qu’un pixel dépassait par-ci par-là, mais il devrait s’en satisfaire pour le moment.

Vive le libre !

M. Réglisse et le mailing

Dans les aventures de M. Réglisse, j’ai aussi celle où il souhaite envoyer une newsletter à tous les adhérents de l’association. Il ouvre sa base Access 2003, et demande au logiciel de lui donner tous les mails des membres de l’asso. Il ouvre Thunderbird en parallèle, crée un nouveau groupe… et ajoute tous les mails en les réécrivant un par un à la main ! On m’explique que c’était parce que certains mails peuvent avoir été entrés dans la base de données avec des erreurs (une virgule au lieu d’un point, par exemple…) et que copier coller pose alors des problèmes… Car la base de données ne détecte pas les erreurs de saisie…

Je promets à M. Réglisse que le mailing sera beaucoup plus facile avec ma solution.

La réunion à mi-chemin

Les réunions furent assez régulières avec moi au sein de l’asso, mais celle-ci fut de très loin la plus importante. Je rencontre M. Prunelle, expert en informatique, retraité. Il s’agit d’un prestataire de services extérieur à l’association, contacté par Mme Nougat dans l’idée de contrôler mon travail et de m’aiguiller. Pour la première fois, M. Calisson, mainteneur de la base de données, est présent. M. Prunelle commence donc par parler de son parcours ; il a fondé une entreprise d’informatique pendant sa jeunesse et a déjà programmé en COBOL et en assembleur, raconte-t-il avec nostalgie.

M. Prunelle joue un rôle crucial : il s’engage à maintenir mon travail à mon départ en tant que bénévole si le projet correspond à ses attentes. Il s’agit donc d’une personne avec laquelle je devrais collaborer.

Les deux premières heures

On parle beaucoup du site web. Je l’ai présenté, il était déjà globalement fini, prêt à être basculé en production. M. Prunelle approuve mon choix du CMS WordPress et raconte qu’il a de l’expérience avec. On discute des quelques bidouillages sur le CSS (peu nombreux mais hélas impératifs conformément aux demandes).
Mon code étant commenté et mes modifications légères et peu nombreuses, il les approuve et se propose même de les maintenir si ça casse après une mise à jour. Super, ça m’arrache une épine du pied !

Les deux dernières heures

J’aborde le sujet de la base de données. Il faut savoir que la trésorière, Mme Nougat, s’oppose assez fortement au fait que je travaille sur la BDD. Elle souhaite que je me consacre pleinement au site et veut plutôt confier la base à un intervenant extérieur aux frais de l’association. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a fait appel à M. Prunelle…

J’explique mon projet. Un intranet maison, développé from scratch, une BDD relationnelle. Le tout fait à la main. J’avais déjà préparé un schéma relationnel que je lui montre.

« Ta base m’a l’air bien, relationnelle, tout bien comme il faut, c’est du bon travail. Par contre, je ne suis pas trop d’accord avec ta solution pour l’hébergement de la base de données, Maria DB… Je connais de nom mais ce n’est pas très utilisé dans le domaine professionnel… »

Il sort son cahier. Puis son stylo. Je le remarque alors… Un stylo rose fluo, avec le fameux logo de WINDEV dessus. Gulp. Je sais ce qui m’attend.

M. Prunelle me demande alors d’aller voir sur une page cachée d’un site web sur lequel il avait récemment travaillé. Il m’épelle l’adresse, quelque chose du genre « xalex-xpert.com/xalex_expert ».
S’affiche alors une vieille interface de connexion sans TLS, et je reconnais rapidement WEBDEV, de la même boîte. Je fais la moue. J’explique alors que je ne souhaite travailler qu’avec des logiciels libres, par éthique. Un sourire en coin s’affiche sur le visage de M. Prunelle :

« Ha ha ha, moi aussi, quand j’avais ton âge, j’étais un rebelle et je votais à gauche ! Mais aujourd’hui sur le marché du travail, dans un contexte professionnel de l’industrie informatique, jamais je ne me permettrais de présenter une verrue de Linux chez un client ! »

Hein ? L’industrie professionnelle de l’informatique ? Le marché du travail ? Qui a parlé de Linux ? Une verrue ?
La rébellion gauchiste ? Ce n’est pas un #MercrediFiction ni une exagération. C’est mot pour mot ce qu’il m’a dit. Je suis resté bouche bée pendant quelques secondes avant de passer à l’offensive en défendant mes arguments.

Et là, tout de suite, la grosse condescendance. En puissance. Limite, s’il m’avait versé un coulis de caca sur la tête, ça aurait été plus respectueux.

« Non mais de toute façon voilà, c’est comme ça qu’on débute, on fait tous des erreurs, on progresse ensuite, moi j’en ai vu, c’est pas le premier, je sais comment ça se passe »

Et alors évidemment Mme Nougat s’incruste et en rajoute une couche…

« Moi je pense qu’on a la chance d’avoir un professionnel parmi nous, M. Prunelle sait ce qu’il faut faire. Quand on est jeune, on ne connaît pas le marché du travail, on ne sait pas comment bien faire les choses pour répondre aux demandes du client, c’est normal »

(Allez-y, pissez-moi dessus encore, j’aime ça.) Mais avant que je ne me fasse totalement recaler, M. Touron et Mme Caramel interviennent au moment opportun et insistent pour me laisser une chance. Ouf, c’est sauvé. Par contre, du coup, inutile de compter sur lui pour maintenir ma « verrue de Linux ». Plus qu’à me débrouiller tout seul.

Résultat, les deux solutions seront proposées au conseil d’administration et c’est le conseil qui tranchera. J’ai intérêt à bien faire le boulot.

La veille technologique, ou comment j’ai changé d’avis

Ok, j’ai donc 15 jours pour réaliser une solution convaincante à partir de rien, migrer la solution actuelle vers la mienne et enfin former les nouveaux utilisateurs… Bon, j’ai des bouts de code de prêts pour ça, je suis assez expérimenté en PHP pour me débrouiller comme un grand. Mais 15 jours…

État des lieux

Tout d’abord, le lendemain de la réunion, M. Calisson (mainteneur octogénaire de la BDD) s’est présenté à moi. Il a fait l’effort de se déplacer dans les locaux pour me proposer personnellement son aide.
Face à une telle bienveillance, je ne pouvais refuser. Il m’a donné une documentation utilisateur d’une vingtaine de pages (datant de quelques années), très détaillée, qui m’a beaucoup appris. Il a ensuite pris le temps de m’expliquer chaque détail flou de la base actuelle et décrit les attentes particulières de Mme Nougat, qui attend d’être convaincue par ma solution.

Il n’était pas obligé de faire tout ça et je lui en suis grandement reconnaissant. Avant de le rencontrer, je pensais que ça allait être un esprit conservateur qui considère que sa solution (une table, 35 champs, rappelons-le) est la meilleure de toutes… et je me suis bien trompé. Comme quoi, le code ne fait pas le développeur…

À l’aide, Mastodon !

Dans le doute, je fais appel au réseau des réseaux. Et dans la panade, je fais appel au Fediverse.

Appel à l’aide sur Mastodon…Voyez tous les conseils reçus suite à ma demande !

 

Amis, camarades, connaissances, merci à vous. Vous avez été d’un précieux soutien dans cette situation difficile, vous m’avez aiguillé quand M. Prunelle m’avait lâché. Je savais que je pouvais compter sur vous ! Et j’ai attentivement écouté vos conseils.

Alors que choisir ?

Je peux dire beaucoup de mal (à tort et à raison) de mes professeurs de BTS SIO, mais c’est l’un d’eux qui m’a conseillé Galette en premier (en l’occurrence, ce professeur revendique des valeurs libristes mais enseigne WinDev et Win’Design aux élèves, ironiquement. Il enseigne Merise aussi, en 2018. Mais passons !)

Galette est un CMS libre de gestion d’adhérents pour les associations, inscrit sur Framalibre, l’annuaire contributif où j’aurais dû chercher en premier. Le logiciel a été créé en 2004 et est toujours maintenu à l’heure actuelle via des mises à jour régulières. Il est utilisé par des dizaines d’associations et reste un choix à considérer pour un déploiement rapide et efficace.

La Fediverse m’ayant conseillé (entre autres) Galette, j’ai décidé de m’y intéresser de plus près. Je connaissais déjà Galette (de nom seulement) avant que mon professeur m’en parle, mais tout écrire de soi-même avait l’air tellement plus amusant…

Et la solution avait l’air vraiment sympa. Il m’a fallu quelques jours pour m’assurer qu’elle collait bien au cahier des charges de Mme Nougat, mais tout avait l’air d’aller comme il faut. Et comme je n’ai plus le temps, il vaut mieux choisir cette option plutôt que de partir de zéro et rendre un travail insatisfaisant ou incomplet.

Partons donc pour Galette !

Galette

Abordons un peu l’aspect technique. La formation WordPress et quelques autres tâches ayant un peu débordé sur le planning, il me reste 10 jours pour déployer la solution et former les utilisateurs.

Le cahier des charges

Je rencontre un problème. Le cahier des charges n’est pas respecté sur un point : les statistiques. L’asso a besoin de stats assez précises pour la comptabilité et Galette ne fournit que deux ou trois pauvres camemberts. Galette tournant sous PHP, je prends la décision d’écrire un plugin.

Le plugin

C’est ce qui va prendre le plus de temps. Je travaille dans un environnement avec lequel je ne suis pas familier du tout, même si c’est du PHP, car je n’ai jamais touché à des frameworks PHP ni utilisé une API conçue pour des plugins. Ma première rencontre avec Zend Framework se passe… mal. Très mal, au point où j’interroge directement la base de données avec des requêtes en dur pour faire le boulot.
J’aurais aimé apprendre comment m’en servir, mais « je n’ai pas le temps ». Bon, j’ai moins d’excuses pour le switch à 90 cases avec des requêtes SQL et les 80 lignes de HTML dans un string… Mais chut…

Blague à part, je commence à être vraiment à la bourre. Plus que quelques jours de stage déjà, et c’est fini. Je me débrouille comme je peux pour coder quelque chose qui fonctionne. Qui a parlé de maintenabilité ?
Le prochain qui passera derrière moi sera probablement un stagiaire de BTS SIO, ça lui fera les pieds 🙂 (Il va me retrouver et me tuer pour avoir écrit ça, et je ferai moins le malin quand je tomberai sur un cas similaire. Bon au moins, j’ai mis plein de commentaires)

La demande de dernière minute

J’ai présenté le plugin de stats à Mme Nougat et il a fallu s’adapter à une demande de dernière minute. Totalement justifiée cela dit, ça faciliterait grandement la comptabilité. Il s’agit encore de stats.
J’applique des quickfixes sur le code dégueulasse que j’ai pondu juste avant. Il me reste trois jours. (Comment ça, ce n’est pas une excuse ? Au moins ça fonctionne !)

Bon allez, on plie ça vite fait et on passe à l’importation, qui n’est même pas commencée !

Préparation pour la migration

Un peu plus de technique.
La base de données est sous forme de fichier. MDB (Access), format propriétaire. Elle pèse 8.5 Mo. J’ai des frissons dans le dos. J’utilise le paquet mdb-tools pour convertir la structure et les données en requêtes SQL et je crée une nouvelle DB en local (MariaDB) et j’importe le tout.
Vive le libre.

Voilà la table à 35 champs… Ma première tâche va être de séparer les entrées des couples (M. et Mme) qui ont été enregistrés en une seule entrée.
Sur le coup, LibreOffice Calc est mon ami. J’importe tous les enregistrements où Sexe=« M. et Mme » et je les sépare à coups de Chercher/Remplacer. Une fois le boulot fini, j’importe tous les autres adhérents enregistrés dans la base jusque là sur le tableur, c’est plus facile que sur Workbench. Et nous y voilà, un total de 1275 lignes.

La grande migration

Allez, c’est parti. Je saisis 1275 adhérents à la main, depuis l’interface de Galette.

Bien sûr que non. Vous croyez vraiment que j’allais faire ça manuellement ?
Je me remémore ce que disait l’un de mes professeurs de BTS SIO :

« Un développeur, c’est un branleur. Une quiche molle. Alors à un m’eng donné, il faut savoir optimiser son traitemeng ou on va se retrouver avec une KYRIELLE de travail à faire. »

Il reste 2 jours. Comptant un jour de formation et d’installation du logiciel, j’ai 24 heures pour réaliser la migration. Admettons que je prenne trois minutes par entrée (adhérent + contribution). (1275 x 3) / 60= 63h45 de travail. C’est hors limites !

La seule solution est donc d’automatiser le tout. Mais il ne s’agit pas d’un simple INSERT INTO dans une table, hélas. Galette utilise un système de champs dynamiques qui permet d’avoir des champs personnalisés par l’association. Il les gère d’ailleurs assez mal : lorsqu’on supprime un adhérent ou une contribution, les champs dynamiques associés ne se suppriment pas avec. Encore un bug à signaler, tiens. Mais passons.

Formatage des données

Je commence par ajouter un adhérent et une cotisation annuelle pour ce dernier et j’identifie dans la BDD les tables mises à jour. Il y en a trois : galette_adherents, galette_cotisations et galette_dynamic_fields.

Ensuite, ça reste quand même assez trivial. J’identifie à quoi correspondent les champs dans les tables et je prépare mes inputs selon mes besoins. Je n’oublie pas de m’adapter au logiciel. Exemple, Galette interdit les adresses mail dupliquées dans la BDD. Je supprime tous les duplicatas depuis LibreOffice avant de commencer quoi que ce soit. Puis vient le plus
pénible. Le formatage des inputs. LibreOffice est pratique pour ça, mais je préfère tellement Vim qui s’avère bien plus efficace quand on a l’habitude du logiciel.

Vérification des données

Je vérifie encore mes inputs. Les erreurs les plus courantes :
– Doubles espaces (un coup de regex et c’est fini)
– Accents dans les adresses mail
– Virgules à la place de points un peu partout
– Formatage pas toujours standardisé du numéro de téléphone… J’étale le champ adresse, unique jusque là, sur deux lignes. C’est long et pénible, un bon travail de stagiaire. Par superstition, j’enlève les guillemets placés inutilement dans les adresses physiques.
– Au passage, je découvre des adresses Yahoo, AOL, Cegetel, Alice, Wanadoo, Neuf et même quelques .gouv.*.
Ça fait un peu peur.

– Le champ galette_adherents.login_adh contient des caractères aléatoires servant d’identifiant pour l’adhérent. L’asso n’utilise pas cette fonctionnalité, mais pour ne pas contrarier Galette, je vais insérer des caractères aléatoires dedans : SUBSTRING(MD5(RAND()) FROM 1 FOR 15)
Ce n’est pas censé être un identifiant hexadécimal, mais ce n’est pas grave.

Enfin, je prends soin de distinguer les champs vides des champs NULL. On peut maudire SQL pour ça, je suppose.

Je termine la migration le 28 juin au soir, soit 24 heures avant la fin du stage. La journée de demain commencera à 09h00.

Déploiement de la solution

Ah oui, à ne pas oublier. Avant de former les utilisateurs, il faut d’abord déployer Galette sur leur réseau (en intranet). Je choisis l’utilisation de XAMPP sur l’un de leurs postes Windows.
Je configure le serveur DHCP de leur box pour que l’IP du poste en question soit fixe. Ma méthode est probablement discutable mais je ne vois pas d’autre option possible, surtout qu’héberger Galette sur le “cloud” ne leur aurait pas servi car ils ne travaillent sur la BDD qu’en local. Enfin, je déploie Galette, j’exporte la BDD depuis mon poste et je l’importe sur le leur. Je transfère aussi les fichiers de mon plugin. Évidemment, l’opération ne s’est pas déroulée sans accroc – surtout sur des postes Windows. J’ai perdu une à deux heures dans la migration.

L’imprévu fatidique

En formant l’une des deux bénévoles, on s’aperçoit ensemble que de nombreuses données de l’ancienne base sont erronées depuis quelques mois (suite à une maintenance de M. Calisson) et que ces erreurs ont été (évidemment) reportées sur la nouvelle base. Nous arrivons à une conclusion terrifiante : il faut repasser manuellement derrière chacune des 1275 adhésions à partir des bordereaux d’adhésion, conservés par précaution. Cette opération nous a coûté 4 à 5 heures. La bénévole a eu la gentillesse de m’apporter une pizza pour que je puisse finir mon travail d’esclave le plus vite possible sans sortir du bureau.

fig.1 Travailler en équipe pour résoudre un problème. La théorie.

fig.2 Travailler en équipe pour résoudre un problème. La réalité.

La formation

Vous imaginez qu’il ne me reste plus beaucoup de temps pour former les utilisateurs. La première bénévole était assez familière avec l’informatique, mais la deuxième ne l’était pas du tout – au contraire, elle détestait l’informatique. J’ai dû abréger beaucoup de points que je préciserai dans une documentation utilisateur à rédiger après mon départ. Ce fut très laborieux, mais l’essentiel a été vu. Il est 18h00, mon stage se termine et ma mission avec. Je remercie M. Touron qui m’offre une gratification de stage de 150 euros.

Le suivi

Le libre, c’est bien, mais quand il est encadré et suivi, c’est mieux. Le site web de l’association est hébergé par la Ligue de l’Enseignement, ce qui leur permet de profiter de tarifs très préférentiels. J’ai pu rencontrer l’un de leurs membres avec M. Touron dans le cadre de la migration du site de Joomla ! vers WordPress.
Ce monsieur, aux antipodes de M. Prunelle, était clairement fâché de mon choix de WordPress, en disant que les webmasters oublient souvent de mettre à jour le CMS et qu’il est généralement considéré comme une usine à gaz trouée par des failles de sécurité. Je ne peux qu’être d’accord avec lui sur ces points-là, malheureusement.
M. Touron aborde finalement la question de la gestion de la base de données (Galette, donc) et ce monsieur semble non seulement connaître le CMS, mais exprime sa satisfaction quant au choix d’un logiciel libre. Quand je lui ai dit que ce choix était par éthique, nous sommes rapidement partis dans une discussion libriste mentionnant La Quadrature du Net, l’April, Framasoft, les RMLL 2018 qui approchent à grands pas…

C’était ma première discussion avec un libriste dans la vraie vie et elle ne pouvait pas tomber à un meilleur timing. La personne idéale pour reprendre le projet était déjà trouvée, je peux dormir sur mes deux oreilles !

Ressenti personnel

Cet article est déjà beaucoup trop long, mais je tiens à exprimer mon ressenti sur ce stage. La rencontre avec M. Prunelle fut très parlante pour moi : j’ai réalisé à quel point les esprits peuvent être conservateurs dans le domaine de l’informatique.

Être libriste, c’est avant tout avoir des convictions que l’on défend au quotidien. Je ne m’attendais pas à entrer en conflit d’éthique avec qui que ce soit pendant ce stage, tout comme je ne m’attendais pas à rencontrer des personnes défendant les mêmes valeurs que moi. C’est aussi inciter les utilisateurs moins familiers vis-à-vis de l’outil informatique à découvrir les outils libres, faire face à leurs réticences dues à la peur de l’inconnu, à leur habitude d’utiliser des outils propriétaires et parfois, à leur manque de confiance en votre personne au prétexte de votre jeune âge et de votre supposé manque d’expérience.

Ce stage fut un véritable combat au nom de l’éthique et de mes propres convictions, mais il fut aussi porteur d’espoir : les libristes sont plus nombreux que je ne le pensais, et mon déplacement à mon tout premier meeting (les RMLL 2018) va probablement m’aider à mieux connaître (et sympathiser !) avec les différentes communautés et me permettre de définir plus précisément mon parcours professionnel en vue, dans l’idéal, d’un métier dans ce domaine.

Vive le libre !

@Neil@shelter.moe




Khrys’presso du lundi 2 juillet


1- Brave New World
La Chine bloque HBO après la satire de Xi Jinping par John Oliver dans son show Last Week Tonight (en anglais ; le lien direct vers la vidéo)
Venezuela is blocking access to the Tor network
Bac 2018 en Algérie : la coupure Internet plombe l’activité des entreprises
Les gens se vengent des robots en trompant les caisses sans humains des supermarchés
L’intelligence artificielle au service de la conformité au RGPD
Cloud Act, l’offensive américaine pour contrer le RGPD
Aux États-Unis, les données de géolocalisation téléphoniques désormais protégées par la Constitution
La Californie vote une loi sur la protection des données (voir aussi : La Californie fait voter une loi plus exigeante en matière de vie privée) mais Facebook et Google manœuvrent et font du lobbying en sous-main, en y consacrant des centaines de milliers de dollars, pour éviter que cette loi ne gêne leur business, d’après The Intercept.
Le MIT peut voir vos mouvements au travers des murs grâce au Wi-Fi

Playing with Ghosts – Photo par Wade Simmons (CC BY 2.0)

 

À partir de quel moment une entreprise de la tech devrait-elle refuser de développer des outils pour le gouvernement ? (en anglais).
2 – Spécial France…
Des véhicules autonomes à la demande expérimentés à Rouen, une première en Europe
Le ticket de caisse va-t-il disparaître ?
Le gouvernement interpellé sur les parents qui utilisent leurs enfants sur YouTube
Grande école du numérique : 11.000 étudiants, peu de femmes et de CDI
Le Conseil constitutionnel appelé à se prononcer sur le « délit de solidarité »
Dans un rapport, la Cimade souligne la hausse en 2017 des « non-admissions » aux frontières en France
Le recours aux armes à feu par les policiers a fortement augmenté en France en 2017

3 – GAFAM
• Données personnelles : l’UFC Que Choisir dénonce les petits arrangements entre GAFAMs (actu reprise entre autres par Numerama et Le Monde).
Pourquoi Facebook et YouTube se lancent dans le payant
Facebook et YouTube seraient les deux services qui exposent le plus les enfants au sexe, à la violence et aux suicides
• Google aime l’open source…(en anglais) mais aussi les DRM
• Ah tiens, en parlant de DRM : Metal Gear Rising injouable sur Mac à cause des DRM 😉

 

Image d’après Etamme (CC BY 3.0) En savoir plus sur les DRM ? Une synthèse de l’APRIL est disponible

 

 

Sinon, cette semaine, Facebook continue à se prendre les pieds dans le tapis…
Facebook s’emmêle et fait fuiter des données Facebook Analytics
Sur Facebook, des tests de personnalité très bavards
• On connait désormais quelles sont les différentes sociétés à qui Facebook livrait des informations liées aux utilisateurs de sa plateforme, en d’autres termes, vos données de profil.
…à ne plus trop savoir sur quel pied danser…
Facebook abandonne l’idée de construire ses drones donnant accès à Internet, mais pas le projet Aquila
Le Festival de Film de Fesses n’est pas le bienvenu sur Facebook
… alors du coup…
Facebook n’est plus l’idole des jeunes (snif ;-))

Copie d’écran : désolé, quelque chose s’est mal passé

4 – Toujours plus de PeerTube !
Dans la « presse »
PeerTube: An Open Source YouTube Alternative To Beat Censorship
PeerTube, le YouTube libre, se finance sans peine sur Kisskissbankbank
Et aussi…
Peertube en page d’accueil de Qwant \o/
Les instances repérées cette semaine
L’instance de la Blender Foundation
L’instance Peertube de l’académie de Lyon
Une instance pour partager des vidéos en Creative Commons
Skeptikón, une instance peertube autour de la zététique, de l’esprit critique, du scepticisme de manière plus générale.

5 – Les lectures de la semaine
Les mèmes les plus toxiques sont aussi les plus performants

La guerre des navigateurs est terminée et nous l’avons perdue.

Nous l’avons perdue parce que nous avons abandonné le futur de l’informatique personnelle — le web et le mobile.

L’essentiel du parc est contrôlé par une régie publicitaire dont le modèle économique est de surveiller et régenter tout ce que vous faites sur vos appareils. Google et Chrome c’est ça.

(…)

Le résultat c’est que nous avons besoin d’Opera, Firefox et Edge, aujourd’hui, même si ce n’était que pour forcer Chrome et Safari à continuer à jouer le jeu. Ceux qui ont connu la première guerre des navigateurs savent de quoi on parle. On joue un peu l’avenir du web et du mobile. Rien que ça.

À lire dans : Après la seconde guerre, le web et le mobile

Jusqu’où va aller l’hypocrisie des géants du net et des fabricants ?
• Gee publie Working Class Heroic Fantasy chez Framabook « un livre pour donner la niaque »
Engagement_atypique, le parcours de quota_atypique interviewée pour le framablog.

6 – Les BDs/images/graphiques de la semaine
Personnalisation
Appeau
Une question de principes
Please note…
Les maths, c’est vache…(ment bien)
Fierté
Coupe du Monde
Verre à moitié plein…
BD : « La guerre des fourmis » (épisode final)

7 – Les vidéos de la semaine
Les données collectées par les pisteurs
Droit d’auteur : doit-on marquer les œuvres à la culotte ? (podcast)
Interview de Pouhiou au JT de @LeMediaTV

8 – Les actions de la semaine
Plaintes massives dans toute l’Europe contre la rétention illégale de nos données (voir aussi : 62 associations s’attaquent à la rétention des données de connexion en Europe et Conservation des données par les opérateurs télécoms: 62 associations saisissent la Commission européenne ).
Directive Copyright : le vote du Parlement européen fixé au 5 juillet
Texte commun : « Nous ne laisserons pas Bure devenir la nouvelle affaire Tarnac !
ToS;DR : aidez à noter les conditions générales d’utilisation que personne ne lit

9 – Les autres chouettes trucs de la semaine
StartTLS Everywhere : le projet pour que vos mails soient transmis en toute sécurité
GNOME et Mozilla s’associent pour atteindre le monde universitaire
Les RMLL 2018 Strasbourg arrivent à grand pas !
linuxjobs.fr/ arrive sur Mastodon ! (plusieurs comptes, chercher @linuxjobsfr)

 

devant deux cafés, discussion : le personnage de gauche voudrait un café allongé, le personnage féminin de droite indique qu'il suffit de cliquer sur sa tasse pour accéder à son blog

Avec à nouveau un grand merci à Goofy pour le coup de patte 🙂




Khrys’presso du lundi 25 juin

C’est avec plaisir que nous accueillons la revue de web de Khrys : elle a accepté de partager avec vous son œil attentif et son esprit aiguisé. Ce qui suit a été élaboré à partir de la veille perso qu’elle maintient sur son blog.


1- Brave New World
L’addiction aux jeux vidéo officiellement reconnue comme une maladie mentale.
• Nombre de webcams, caméras de surveillance et autres « babyphones » utilisent des systèmes de contrôle à distance extrêmement mal sécurisés qui permettent assez facilement à des personnes extérieures de prendre le contrôle de ces appareils (en anglais).
RGPD : vers une loi de protection des données personnelles aux USA ?
La Cour suprême US remporte une victoire en faveur de la vie privée (en anglais)
Mes messages peuvent être lus par d’autres ? Adieu application !
• Le Conseil de l’Union Européenne adopte son mandat de négociation sur la base de données interopérable « Big Brother », indiquant clairement que cette dernière comprendra toute personne dont les données personnelles auront été « traitées » par le Système d’Information de Shengen (SIS) ou d’Europol (EIS) (en anglais).

2 – Spécial France…
L’élection du nouveau président de la Hadopi est officialisée.
Que dit la charte numérique qui pourrait avoir valeur constitutionnelle ?
Quand le gouvernement remanie discrètement les lois renseignement.
Renseignement : la sécurité intérieure franchit les frontières
Cybermalveillance : la plateforme livre ses premiers chiffres.
Rejet par le Conseil d’Etat du recours de la Quadrature du Net et de F(F)DN sur les modalités de mise en œuvre du blocage administratif des contenus sur Internet.
Les lobbies, un défi pour l’État et la gouvernance.
À Bure, la complémentarité des pratiques fait peur au gouvernement.
«Profondément choquée», la CNCDH alerte sur le traitement des migrants à la frontière franco-italienne.

3 – GAFAM
G comme…
Google Home et Chromecast peuvent dévoiler très précisément l’emplacement de votre foyer.
Données personnelles sur Google : et la lumière fut ?
• Un groupe influent d’ingénieurs informaticiens de chez Google a refusé il y a quelques mois de travailler sur un dispositif de sécurité d’avant-garde basé sur la technologie « air gap », qui aurait pu permettre à Google d’emporter des contrats militaires sensibles (en anglais).
• Méthode Google : engloutir toutes les données patient afin de construire des analyses prédictives sur notre état de santé.
A comme…
Apple condamné en Australie à 5,8 millions d’amende pour sa politique de réparation d’iPhone.
Faille macOS : la fonction Quicklook permet de visualiser le contenu de volumes chiffrés.
F comme…
Facebook renforce ses solutions de monétisation de vidéo pour attirer les créateurs.
Voici 18 choses sur vous que Facebook surveille (en anglais) et dont vous n’aviez peut-être pas encore conscience. Certes, Facebook est loin d’être le seul à traquer vos mouvements de souris (Google le fait aussi, par exemple pour vérifier que vous n’êtes pas un robot) ou vos données de géolocalisation, mais ce qui le rend véritablement unique est la quantité d’informations qu’il parvient à récolter via le « pixel Facebook », les boutons « like » et « share », etc.
A comme…
Amazon va installer 1 000 lockers dans les gares françaises.
Comment Amazon veut remplacer les cabines d’essayage.

passants regardant unpanneau qui affiche "je te vois me regarder"
« Je te vois me regarder » (Londres, 2012) Photo Andrew Grill (CC BY 2.0)

Des actionnaires demandent à Amazon d’arrêter de vendre sa technologie de reconnaissance faciale à la police.
• Envie d’être écouté en permanence ? Après Alexa à la maison, Alexa dans les hôtels… Avec ce « service », les clients pourront réserver leur séance au spa, interagir avec les différents services de l’hôtel, contrôler la musique de leur chambre… Amazon affirme que les données enregistrées seront effacées au moment du check-out. Les établissements hôteliers pourront quant à eux utiliser Alexa pour obtenir des statistiques et autres « feed-backs » (en anglais).
M comme…
Microsoft critiqué par ses employés pour avoir collaboré avec la police des frontières américaine.
Fronde chez Microsoft suite à sa collaboration avec l’immigration américaine.
Microsoft lance une école d’intelligence artificielle à Castelnau-le-Lez

4 – La bataille (mais pas la guerre) perdue de la semaine
Filtrage : déluge de critiques sur l’article 13 du projet de directive sur le droit d’auteur.
Pourquoi la directive européenne sur le droit d’auteur alarme tant ?
Protéger le droit d’auteur avec des robots : un risque pour les droits et libertés fondamentaux.
Pourquoi le Parlement européen va peut-être faire disparaître les memes ?


Filtrage du net, taxe sur les liens : une bataille est perdue, mais pas la guerre.
Nous pouvons encore gagner : les prochaines étapes concernant la Directive Copyright (en anglais).
Directive droit d’auteur : mise en place d’un filtrage généralisé et automatisé sur Internet ; vote décisif en juillet.

5 – La chouette tendance de la semaine : YouTube bloque, PeerTube se développe
Mais pourquoi YouTube s’est-il mis à bloquer des vidéos pédagogiques du MIT (et aussi les vidéos de Blender) ? (en anglais).
YouTube bloque mondialement les vidéos de Blender. Résultat ? La Fondation Blender décide de tester PeerTube \o/ (en anglais).
• Du coup, on parle de PeerTube sur TorrentFreak (en anglais)
• Du côté de KDE, les vidéos officielles sont pour l’instant toutes sur YouTube. Cet article (en anglais) explique pourquoi il serait bon de passer à l’alternative PeerTube – et liste des instances compatibles.
• Et PeerTube est aussi dans Mr Mondialisation, avec une interview de Pouhiou
Et parmi les instances découvertes cette semaine…
Qu’est-ce que tu GEEKes est aussi sur PeerTube.
La Délégation Académique au Numérique Éducatif de Lyon a lancé son instance Peertube.
Hoot.Video, une instance Peertube appartenant à la Dear.Community.
Les vidéos PeerTube de la semaine
La ville de Fontaine parle de son passage aux logiciels libres sur son instance PeerTube.
(Pour qui ne connaîtrait pas encore…) Big Buck Bunny.
• Une autre animation Blender avec un chien un peu idiot (on est dans la fiction hein) : The Daily Dweebs.

6 – Les lectures de la semaine
• Héberger soi-même des services, ça reste délicat mais c’est important, Drysusan vous explique : Pourquoi « s’emmerder » à héberger ses services
Sécurité, vie privée : peut-on faire confiance aux enceintes connectées ?
• Lycéens et étudiants ne sont pas «nés avec des technologies » mais avec des usages. Une réflexion ouverte sur les enjeux des usages du numérique dans l’enseignement : Des étudiants connectés. Vraiment ?
Empreintes digitales de navigateur (browser fingerprinting) : comment le RGPD pourrait changer les règles du jeu (en anglais).
Les caméras à reconnaissance faciale n’ont pas leur place dans les écoles (en anglais).
Pourquoi les migrants «ne sont pas une charge économique» pour les pays européens, selon une étude du CNRS
Les bonnes raisons d’adopter des poules
deux chats discutent l'air renfrogné : "ils veulent adopter de spoules" "quelle bonne idée"...

7 – Les actions de la semaine
On peut désormais participer au projet Common Voice de Mozilla en français
Aidez PeerTube à grandir encore !
Et vous pouvez aussi aider à traduire !
Une présentation de PeerTube sur Peertube… que vous pouvez aider à sous-titrer !

8 – L’histoire de la semaine
Les premières images de la Lune avaient une bien meilleure résolution qu’on ne le pensait (mais fallait pas le dire aux russes) (en anglais).

9 – La bonne idée de la semaine
Les câbles d’Internet utilisés pour détecter les séismes sous-marins

10 – Les BDs/images/graphiques de la semaine
La coupe du monde vue par l’admin sys
Les tableaux commencent à…
Clavier bananes (une activité proposée par www.polymatheia.org)
Gestion du peuple
Avarice
1789-2018
Filtrage ublock
Paranoïa
BD : « La guerre des fourmis » (épisode 5)

11 – Les autres chouettes trucs de la semaine
Une liste assez exhaustive de services réseau et d’applications web libres pouvant être hébergées localement (en anglais).
PixelFed, l’Instragram libre et fédéré (les inscriptions à pixelfed.social sont désormais closes, mais d’autres instances restent disponibles : https://pix.hostux.social ; https://pxlfd.me ; https://pix.tedomum.net ; https://admires.art…)
L’European Space Agency (ESA) a mis en ligne l’intégralité des photos (environ 100 000) de Rosetta et c’est sous licence libre 🙂

devant deux cafés, discussion : le personnage de gauche voudrait un café allongé, le personnage féminin de droite indique qu'il suffit de cliquer sur sa tasse pour accéder à son blog

Merci à Framasoft pour m’avoir proposé de faire cette revue de web sur le Framablog, merci à Gégé pour l’illustration, et à Goofy pour le coup de patte.




Storify est mort. Longue vie à…

Storify.com, service bien pratique qui permet de construire des histoires sous forme de pages web, à partir d’éléments divers (textes, tweets, vidéos, etc), fermera ses portes le 16 mai 2018. Framasoft, accompagné par d’autres acteurs, met à disposition une pré-version d’un logiciel permettant à des millions d’utilisateurs et utilisatrices, de ne pas rester sur le carreau.


Le jour où tout s’est arrêté

C’est l’histoire d’un tweet qui croise un autre tweet.

Au premier coup d’oeil, c’est l’amour, ils décident de vivre ensemble. Rien de trop ronflant au début, un petit fil sur Twitter ira bien. Mais la relation s’épanouit et ils décident un beau jour de sauter le pas, d’officialiser leur union : ils veulent vivre ensemble pour le reste de leurs jours et s’afficher au grand jour, pas juste auprès de leurs copains sur Twitter.

Comment faire ?

Storify ! Les deux tweets peuvent vivre au chaud sous un joli toit commun, avec pignon sur rue, et même inviter leurs amis… Enfin une vie hors de Twitter ! Tous les internautes peuvent désormais les trouver facilement, la maison est agréable à vivre, une unité, une esthétique… et pour ne rien gacher, le loyer est gratuit. Imaginez un peu ça : chauffage inclus, été comme hiver, tout ça pour que vos gazouillis un peu fouillis ne finissent plus en vague bouillie dans le Cyber-oubli… mais qu’ils soient lus et relus pour toute l’éternité !

Storify - Esther Vargas - CC-by-sa 2.0
Storify – Esther Vargas – CC-by-sa 2.0

Enfin presque.

Car l’éternité se raccourcit : le propriétaire du lotissement annonce qu’il vend tout. Adieu veau, vache, cochon, couvée de tweets… il va falloir trouver ailleurs où se loger. Storify ferme.

Le jour où tout a recommencé

C’est l’histoire d’un autre tweet, celui de Silvère Mercier, qui réagit à cette annonce:

Framasoft, qui passait par là, propose de « voir ce qui existe dans le libre » et de créer un « commonstory » : une sorte de lotissement en co-gestion où les murs appartiendraient à tout le monde.

Yannick François, qui passait aussi par là, mets la DINSIC dans le coup en lui faisant le joli compliment d’être un peu « les framasoft de l’état » (sic). Mais au fait, c’est quoi la DINSIC ? C’est la « Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État » – merci Wikipédia ! Oui… mais encore ? Eh bien c’est un peu la DSI des DSI ministérielles, la direction qui anime la transformation numérique de l’État, et la politique d’ouverture des données publiques est portée par l’une de ses missions, Étalab. D’accord… mais quel rapport avec le logiciel libre? C’est simple : depuis la loi pour une République numérique de 2016, les logiciels produits par l’administration publique sont des documents administratifs qui doivent être « ouverts par défaut », ou « open source par défaut », comme l’explique très bien Lionel Maurel. (Si vous n’avez pas encore senti que mon ton devient corporate, ça ne saurait tarder : je travaille en ce moment pour la mission Étalab de la DINSIC.)

Et donc Henri Verdier, qui dirige la DINSIC, répond… « Go ! » et met Laurent Joubert sur le coup pour suivre le dossier.

Quelques semaines plus tard, nous nous retrouvons dans le bureau de Laurent avec Silvère, Pierre-Yves, Thomas Citharel (développeur chez Framasoft) et moi-même, fraîchement embarqué dans le programme Entrepreneur d’intérêt Général (EIG). Nous faisons un point sur le travail de Thomas qui a déjà développé un prototype nommé « Storia » permettant de créer un compte et de sauvegarder les « stories » de feu Storify.com. Il manque la peinture et le chauffage, mais c’est un super début, nous décidons de repartir de là.

Voici les besoins dont Thomas nous fait part : rencontrer de vrais utilisateurs, travailler sur le design, anticiper l’évolution et la maintenance du projet pour la suite.

Comment faire ? Nous proposons de faire un garagethon.

– Un quoi ?!

Un garagethon ! C’est comme un hackathon sauf qu’on travaille pour de vrai et que le nombre de personnes est limité au nombre de celles qui tiendraient dans un garage, soit une douzaine. (Toute ressemblance avec cette vision de quelques « gus dans un garage » n’est pas fortuite.)

Nous voici donc partis pour l’organisation d’une journée le 30 mars. Nous mobilisons nos contacts : Silvère pour trouver des utilisateurs aguerris, Thomas pour contacter des développeurs Elixir, le langage dans lequel est développé la partie serveur du projet, Pouhiou pour trouver des concepteurs UX/UI et des graphistes, moi-même pour mobiliser des volontaires du programme EIG qui s’intéresseraient à VueJS pour le développement de l’interface Web.

Le jour du Garagethon

Nous passons notre garagethon dans les locaux du Liberté Living Lab, nous avons pu y réserver une salle pour toute la journée. La salle est spacieuse et agréable, avec un espace à l’écart pour ceux qui souhaitent travailler en petit groupe.

Nous voici donc dans notre « garage » : Arnaud Rachez (datascientiste, EIG), David Panou (datascientiste, EIG), Gaël Dauvillier (BPI), Isabelle Degrange (BnF), Jean-Baptiste Le Dévéhat (concepteur UX/UI, EIG), Laurent Joubert (DINSIC), Louis Vinet (concepteur UX/UI), Silvère Mercier (ex-BPI), Tam Kien Duong (DINSIC), Thomas Citharel (développeur, Framasoft), Tristram Gräbener (ex-EIG, Codeurs en Liberté), Vincent Lara (Codeurs en Liberté), Xavier Damman (à distance, Open Collective).

Nous commençons la matinée par des présentations rapides, puis nous nous attaquons illico à l’exploration de storify.com, en tâchant d’expliciter nos besoins et notre expérience en tant qu’utilisateurs.

Ensuite, Thomas nous fait un point sur le prototype qu’il a développé, et nous commençons à y projeter les besoins évoqués plus tôt.

Après quelques pizzas bien méritées, nous avons une longue et intéressante entrevue à distance avec Xavier Damman, fondateur de Storify actuellement investi dans le projet Open Collective, dont le but est d’aider des projets ouverts à assurer leur financement… collectivement. Cet entretien permet de mettre le doigt sur des aspects structurants pour le projet qui nous occupe :

  • l’importance du nom (le premier nom était PublicTweet, nettement moins bon…) ;
  • l’importance du design : c’est un élément dont Xavier nous dit qu’il l’a sous-estimé au début ;
  • l’importance du juste degré de liberté accordé à l’utilisateur : il est tentant d’ajouter plein d’options (par exemple pour la mise en page) mais attention à ne pas retarder le moment de satisfaction de l’utilisateur.

Après cette entrevue captivante, nous nous répartissons en groupes : certains pour travailler sur des maquettes, d’autres sur l’exploration du code, d’autres encore sur la création d’éléments de documentation et d’un mini-site pour le projet, etc.

Maquette pour la création d'une liste pour Storia
Maquette pour la création d’une liste pour Storia, © Louis Vinet

Le jour d’après

Et maintenant ?

Aujourd’hui, Framasoft annonce la sortie d’une version beta (= « en travaux ») de Framastory, un service pour vous permettre de sauvegarder vos anciennes Stories, destiné à évoluer avec vos retours, vos contributions. Attention : peinture fraîche ! Le calendrier nous presse car le site storify.com ne sera plus accessible à partir du 16 mai. Prenez bien note que pour l’instant, l’énergie a été concentrée sur le fait que vous puissiez importer vos stories existantes depuis Storify dans Framastory. La création de stories/picks dans Framastory est possible, mais encore très très largement « en travaux ». Les fonctionnalités et l’interface seront améliorées dans les semaines et mois qui viennent, mais Framasoft préfère publier le logiciel immédiatement, afin d’éviter aux utilisateurs et utilisatrices de Storify de perdre les heures passées à bichonner leurs stories.

 

Insérer un tweet dans une story, sur Framastory.org
Insérer un tweet dans une story, sur Framastory.org

 

D’autre part, Thomas Citharel publie un nouveau logiciel nommée PickWeaver, qui est le logiciel faisant tourner ce nouveau service.

Page d'accueil du logiciel PickWeaver
Page d’accueil du logiciel PickWeaver

PickWeaver est en version beta : comme pour tous les projets de Framasoft, les contributions sont les bienvenues !

Voici comment vous pouvez aider :

Voilà. À vous de jouer ! Découvrez la nouvelle version d’un service de curation qui vous a été indispensable ou un nouveau service qui vous sera sûrement utile. Partagez avec nous les idées que vos avez pour rendre ce projet viable sur le court, le moyen, le long terme.

J’en profite ici pour remercier chaleureusement tous les participants de ce premier garagethon : l’ambiance était à la fois conviviale et productive, cela laisse augurer de belles choses pour la suite. Mention spéciale à Laurent Joubert qui nous a sustenté le midi.

Et n’hésitez pas à nous rejoindre si vous voulez contribuer.

Ce n’est qu’un combat, continuons le début !




Incroyables comestibles : les communs dans l’assiette

« Les incroyables comestibles » se définissent comme « un mouvement citoyen, une initiative de transition, visant à transformer l’espace public en jardin potager gratuit dans lequel la nourriture devient une ressource mise à disposition par tous et accessible à tout un chacun ». Voilà qui ressemble drôlement à un commun.

Avec eux, l’espace public devient un jardin potager géant, gratuit et à partager librement. On peut alors imaginer de la ciboulette sur les boîtes aux lettres avec les voisins, des courges qui grimpent aux grilles des écoles, des cornichons à côté des arrêts de bus…

Nous avions adoré les rencontrer lors de la journée In-Libe issue de l’imagination de deux amis geeks et jardiniers.

Aujourd’hui c’est Tripou qui interroge les dynamiques d’Amiens.


Salut les Amiénois·e·s !

Vous avez un site sympathique, 100% collaboratif, et qui répertorie même les endroits où il y a des arbres fruitiers sur une OpenStreetMap pour aller les cueillir…miam ! Mais en vrai on ne peut pas se nourrir entièrement/complètement avec de la nourriture en accès libre, si ?

Effectivement, il est difficile de trouver tout ce dont on a besoin en accès libre, surtout en ville. Mais de plus en plus d’associations proposent des découvertes de plantes sauvages comestibles et c’est un bon début!

Combien de temps faut-il pour mettre en place ce type de projet ?

Le temps dépend de pas mal de facteurs aussi me semble-t-il difficile de répondre de manière précise. Le mouvement des IC est en gestation depuis plusieurs années à Amiens, où il a réellement pris son essor il y a un peu plus d’un an.

Et combien de personnes faut-il trouver pour ne pas s’épuiser à s’occuper de tous les bacs à légumes ?

Tout dépend du nombre de bacs, de leur localisation. À Amiens il y a un système de « parrainage » de bac où 2-3 personnes en moyenne prennent en charge leur observation et leur entretien courant néanmoins l’intérêt est que cet entretien ne se cantonne pas aux bénévoles du noyau dur du mouvement mais soit relayé par les habitants ou les publics rattachés aux lieux où ces bacs se trouvent.

Et le tas de compost, il est sous la mairie ?
Pas de compost sous la mairie et pas de dynamique de compostage collectif rattaché à la dynamique. Cependant le bac installé par les étudiants de l’association Nature en Fac à la Fac de Science est situé à proximité immédiate du bac à compost mis en place par les étudiants et la Fac.

Comment réagissent les services municipaux par chez vous ?
La collectivité réserve plutôt un bon accueil à la démarche et travaille également sur le sujet des jardins en ville.

Étant donné que c’est un mouvement mondial, vous êtes en lien avec les autres groupes français ou internationaux ?

Nous avons des échanges avec Incroyables comestibles France et François Rouillay. Nous avons parfois des contacts avec des habitants de la région intéressés pour instiller un mouvement sur leur territoire.

Les gens qui s’engagent dans ce genre d’actions, c’est qui ? Ont-ils un passé de jardinier par exemple ?

Les membres du collectif viennent d’horizons divers ce ne sont pas forcément des jardiniers (même s’il y en a aussi, tout le monde vient avec ses envies et les compétences ou moyens qui peuvent nourrir la démarche)

Quel est votre champ d’action ?

Il est très divers : espace public, bibliothèques, centres culturels, fac …

Les lieux d’implantations doivent être éloignés des zones où il y a des gaz d’échappement, mais en ville il y en a pas mal, non ?

Oui c’est en effet une précaution à observer et une contrainte difficile à éviter. Les bacs installés à Amiens ne bordent pas directement de voies de circulation mais sont situés pour la plupart en retrait ou dans des espaces à moindre circulation.

C’est bio ?

La priorité étant d’avoir un autre regard sur son environnement, de mettre des bacs où cela est possible et faire changer les mentalités en conséquence. C’est bio dans la mesure où ça n’est pas traité chimiquement. Les gaz ne s’arrêtent pas aux limites des chaussées et il faut faire avec en ville pour le moment.

On peut imaginer des vaches à steaks gérées collectivement, des endroits de découpe ou de transformations groupés, des haies de houblon…ça fait rêver, est-ce que c’est possible ?

Bien sur, de plus en plus de communes se penchent sur la question et des initiatives de ce genre voient le jour en France. Cela relève évidemment de la politique de la ville.

Pour moi, voir ce genre de mise en place me permet aussi de me questionner sur la manière dont je me nourris, ce que j’achète et où je le trouve, le goût des choses etc…
Vous vous fournissez comment en graines et plants ?

Nous avons eu des dons au départ (kokopelli, jardiniers amateurs…) puis les personnes qui ont pu utiliser nos graines les ont récoltées et nous les ont redonnées.A chaque événement, nous avons le plaisir de recevoir de nouvelles graines.

Vous pouvez m’aiguiller vers des producteur-trice-s locaux si après avoir pillé et mangé tous vos bacs, j’ai encore faim ?

Vous pouvez vous rapprocher des différentes AMAP présentes dans le secteur d’Amiens, les producteurs des Hortillonages sur les marchés d’Amiens et depuis quelques mois l’île aux Fruits qui proposent des fruits et légumes chaque jeudi.

illustration-gag

 

Vous faites aussi des permanences tous les mois à l’université, comment ça se passe concrètement ?

Très bien : un ordre du jour pour garder le fil et s’organiser sur les différents projets, des échanges et discussions avec tous les présents (les permanences sont ouvertes à tous) et un temps de convivialité sur le mode apéro grignote partagée.

Au fait c’est l’hiver ! Un petit conseil pour semer, une préférence de légume ?

Toujours semer plus que ce dont on a besoin. Offrir à son entourage le reste et en planter dans le bacs Incroyables Comestibles. D’abord des salades, radis au jardin, puis tomates courgettes suivront au chaud en attendant les dernières gelées.

Un dernier mot pour la fin ?

N’hésitez pas à venir visiter notre site internet : http://www.incroyables-amiens.fr/

Vous pouvez aussi nous suivre sur Facebook (hum) pour les dernières infos.

Nous sommes toujours à la recherche de bénévoles, jardiniers ou non ! Venez nous rencontrez lors de nos prochaines réunions. 🙂