PeerTube 1.0 : la plateforme de vidéos libre et fédérée

Temps de lecture 14 min

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Ce qui nous fait du bien, chez Framasoft, c’est quand nous arrivons à tenir nos engagements. On a beau faire les marioles, se dire qu’on est dans l’associatif, que la pression n’est pas la même, tu parles !

[Short version of this article in English available here]

Après le financement participatif réussi du mois de juin 2018, nous avions fait la promesse de sortir la version 1 de Peertube en octobre 2018. Et alors, où en sommes-nous ? Le suspense est insoutenable.

Nous étions confiants. Le salaire du développeur principal, Chocobozzz, était assuré jusqu’à la fin de l’année, nous avions déjà recensé des contributions de qualité, nous avions fait un peu de bruit dans la presse… Cependant, nous avions aussi pris un engagement ferme vis-à-vis de nos donateur·ices, ainsi qu’auprès d’un large public international qui ne nous connaissait pas aussi bien que nos soutiens francophones habituels.

Ne vous faisons pas languir plus longtemps, cette version 1.0, elle est là, elle sort à l’heure dite et elle tient ses promesses, elle aussi. C’est l’occasion de dérouler pour vous un récapitulatif des épisodes précédents, ce qui vous évitera de farfouiller dans le blog pour retrouver vos petits. On sait que c’est pénible, on l’a fait. :)

C’est quoi, PeerTube ? Une révolte ? Non, Sire, une révolution

[Vidéo de présentation de PeerTube, en anglais, avec les sous-titres français, sur Framatube. Pour la vidéo avec les sous-titres en anglais, cliquez ici. Réalisation : Association LILA (CC by-sa)]

 

« Dégooglisons Internet ! » avons-nous crié partout pendant trois ans, sur l’air de « Delenda Carthago ! »

Ça, c’était une révolte. Un cri du cœur. Déjà un défi fou : proposer une alternative aux services des géants du web, les GAFAM et leurs petits copains (Twitter, par exemple). Un par un, les services étaient sortis, à un rythme insensé. Ils sont toujours là. Il faut les maintenir. Heureusement, les (désormais 60) CHATONS permettent de répartir un peu la charge. L’offre de mail mise de côté, il restait un gros morceau : proposer une alternative crédible au géant Youtube, rien que ça ! Pas facile de briser l’hégémonie des plateformes de diffusion vidéo !

Les fichiers vidéo sont lourds, c’est le principal inconvénient. Donc il faut de gros serveurs, beaucoup de bande passante, ce qui représente un coût astronomique, sans parler de l’administration technique de tout ça.
Non seulement impensable au regard de nos moyens, mais surtout complètement à l’opposé des principes du Libre : indépendance, décentralisation, partage. Pour répondre au défi financier, Youtube et ses clones utilisent toutes les ressources du capitalisme de surveillance : en captant l’attention des internautes dans des boucles sans fin, en profilant leurs goûts, en les assaillant de publicité, en leur proposant des recommandations parfois toxiques

C’est là que nous avons pris connaissance du logiciel (libre !) d’un jeune homme sympathique caché derrière le pseudo Chocobozzz, qui travaillait dans son coin à proposer une manière innovante de diffuser et visionner de la vidéo sur Internet.

Quand vous visionnez une vidéo, votre ordinateur participe à sa diffusion

PeerTube utilise les ressources du Web (WebRTC et BitTorrent, des technologies permettant le partage de diffusion, qui est un concept fondamental d’Internet) pour alléger la charge des sites qui hébergent du contenu. Avec un principe on ne peut plus simple : quand vous visionnez une vidéo, votre ordinateur participe à sa diffusion. Si beaucoup de personnes regardent la même vidéo, au lieu de tirer sur les ressources du serveur, on demande un petit effort à chaque machine et à chaque connexion. Les flux se répartissent, le réseau est optimisé. L’Internet comme il doit être. Comme il aurait dû le rester !

Pas besoin d’héberger tous les contenus que vous souhaitez diffuser : il suffit de se fédérer avec des instances amies qui proposent ces contenus pour les référencer sur sa propre instance. Sans dupliquer les fichiers. Et ça marche ! Quand les copains de Datagueule ont mis en ligne leur documentaire Démocratie, le logiciel a encaissé les milliers de visionnages sans broncher. Nous vous avons alors soumis l’idée d’embaucher Chocobozzz pour lui permettre de travailler sereinement à son projet, avec pour objectif de produire une version bêta du logiciel en mars 2018. Grâce à vos dons et à votre confiance, nous avons franchi cette première étape.

Nous avons entre-temps peaufiné notre nouvelle feuille de route Contributopia, dans laquelle PeerTube s’inscrivait parfaitement. Avec la recommandation du protocole ActivityPub par le W3C, qui renforçait le principe de fédération déjà initié par des logiciels sociaux (comme Mastodon), PeerTube est même devenu une brique majeure de Contributopia. Heureusement, la fédération, c’est facile à expliquer, parce que tout le monde l’utilise déjà : on a tou⋅tes des adresses mails, fournies par des tas de serveurs différents, et pourtant on arrive à s’écrire ! Avec PeerTube, lorsque plusieurs instances sont fédérées, il est possible de faire des recherches sur toutes ces instances, sans quitter celle sur laquelle vous êtes, ou de commenter des vidéos d’une instance distante sans avoir besoin de vous créer un compte dessus.

L’étape suivante allait de soi : continuer. La communication autour de PeerTube, via nos réseaux habituels, nous avait déjà permis d’attirer les contributions, des vidéastes avaient manifesté leur intérêt, les forums bruissaient de questions.

C’est pourquoi, rompant avec nos usages habituels, bousculant notre tempo, nous avons décidé de pousser les feux en prenant définitivement le rôle d’éditeur du logiciel de Chocobozzz, avec son accord, évidemment. Et surtout en soumettant une demande de financement participatif à l’international, en anglais, pour pérenniser son embauche, sans forcément vous solliciter à nouveau directement (mais on sait qu’une partie d’entre vous a tenu à participer quand même, et ça fait chaud au cœur, vraiment).

Cette fois encore, ce fut un joli succès, alors que franchement on n’en menait pas large, et voilà ce qui nous amène à cette version 1.0.

Mais alors, elle embarque quoi, cette version 1.0 ?

Avant tout, et pour éviter les mécompréhensions, rappelons que PeerTube n’est pas une seule plateforme centralisée (comme peuvent l’être YouTube, Dailymotion ou Viméo), mais un logiciel permettant de rassembler de nombreuses instances PeerTube (c’est-à-dire différentes installations du logiciel PeerTube, thématiques ou communautaires) au sein de ce que l’on appelle une fédération. Il vous faut donc chercher l’instance PeerTube qui vous convient pour visionner ou mettre en ligne vos vidéos ou, à défaut, mettre en place votre propre instance PeerTube, sur lequel vous aurez tous les droits.

PeerTube n’est pas une seule plateforme centralisée, mais un logiciel

Fonctionnalités de base

  • Peertube permet de regarder des vidéos avec WebTorrent, pour ne pas saturer les serveurs de diffusion. Si plusieurs personnes regardent la même vidéo, elles téléchargent de petits morceaux de la vidéo depuis votre serveur, mais aussi depuis les machines des autres personnes qui regardent la même vidéo !
  • Fédération entre instances PeerTube. Si l’instance PeerTube A s’abonne aux instances PeerTube B et C, depuis une recherche sur A, on peut trouver et visionner les vidéos de B et C, sans quitter A.
  • Le logiciel dispose de réglages assez fins qui permettent d’ajuster la gouvernance : chaque instance s’organise comme elle le souhaite. Ainsi, l’administrateur·ice de l’instance peut définir :
    • un quota d’espace disque pour chaque vidéaste ;
    • le nombre de comptes acceptés ;
    • le rôle des utilisateur·ices (administration, modération, utilisation, upload de vidéos).
  • PeerTube peut fonctionner sur un petit serveur. Vous pouvez par exemple l’installer sur un matériel type VPS ayant deux cœurs et 2Go de RAM. L’espace de stockage requis dépend évidemment du nombre de vidéos que vous souhaitez héberger personnellement.
  • PeerTube dispose d’un code stable et robuste, testé et éprouvé sur de nombreux systèmes, ce qui le rend performant. Ainsi, une page PeerTube se charge souvent bien plus vite qu’une page YouTube.
  • Vos vidéos peuvent être automatiquement converties dans différentes définitions (par exemple 240p, 720p ou 1080p. voire le 4K) pour s’adapter au débit et matériel des visiteur·euses. Cette étape s’appelle le transcodage.
  • Un mode « Théâtre » ainsi qu’un mode « nuit » sont disponibles pour un meilleur confort de visionnage.
  • PeerTube ne vous espionne pas et ne vous enferme pas : en effet, l’application ne collecte pas d’informations personnelles à des fins d’exploitation commerciale, et surtout PeerTube ne vous enferme pas dans une « bulle de filtre  ». Par ailleurs, il n’utilise pas d’algorithme de recommandation biaisé pour vous faire rester indéfiniment en ligne. C’est peut-être un détail (ou une faiblesse) pour vous, mais pour nous c’est une force qui veut dire beaucoup !
  • Il n’existe pas – encore – d’application smartphone dédiée. Cependant, la version web de PeerTube fonctionne rapidement sur smartphone et s’adapte parfaitement à votre appareil.
  • Les visiteur⋅euses peuvent commenter les vidéos. Cette fonctionnalité peut être désactivée soit par l’administrateur·ice de l’instance sur n’importe quelle vidéo, soit localement par la personne qui met en ligne les vidéos.
  • PeerTube utilisant le protocole d’échanges ActivityPub, il est possible d’interagir avec d’autres logiciels utilisant ce même protocole. Par exemple, la plateforme de vidéo PeerTube peut interagir avec le réseau social Mastodon, alternative à Twitter. Ainsi, il est possible de « suivre » un utilisateur PeerTube depuis Mastodon, ou même de commenter une vidéo directement depuis votre compte Mastodon.
  • Un bouton permet d’apporter votre soutien à l’auteur d’une vidéo. Ainsi, les vidéastes peuvent mettre en place le mode de financement qui leur convient.
  • Nous n’avons peut-être pas insisté sur ce point, mais PeerTube est bien évidemment un logiciel libre :) Cela signifie que son code source (sa recette de cuisine) est disponible et ouverte à tou⋅tes. Ainsi, vous pouvez contribuer au code ou, si vous pensez que le logiciel ne va pas dans la bonne direction, le copier et y apporter les modifications qui correspondent à vos besoins.
Image du crowdfunding réussi ayant financé une large partie des fonctionnalités les plus attendues.

Fonctionnalités financées par le crowdfunding

  • Le sous-titrage : possibilité d’ajouter de multiples fichiers de langue (au format .srt) pour proposer les sous-titrages des vidéos.
  • La redondance d’instance : il est possible « d’aider » une instance désignée en activant la redondance de tout ou partie de ses vidéos (qui seront alors dupliquées sur votre instance). Ainsi, si l’instance liée est surchargée parce que trop de monde regarde les vidéos qu’elle héberge, votre instance pourra la soutenir en mettant sa bande passante à disposition.
  • L’import depuis d’autres plateformes vidéo par simple copier-coller : YouTube, Viméo, Dailymotion, etc. Depuis certaines plateformes, la récupération du titre, de la description ou des mots clés est même automatique. Il est bien entendu possible d’importer aussi des vidéos par lien direct ou depuis une autre instance PeerTube. Enfin, PeerTube permet aussi l’import depuis les fichiers .torrent.
  • Plusieurs flux RSS s’offrent à vous selon vos besoins : un pour les vidéos de manière globale, un autre pour celles d’une chaîne et un dernier pour les commentaires d’une vidéo.
  • Peertube s’est internationalisé et parle maintenant 13 langues dont le chinois. Des traductions vers d’autres langues sont en cours.
  • La recherche est plus pertinente. Elle prend en compte certaines fautes de frappe et propose l’utilisation de filtres.

Fonctionnalités à venir

Nous avons une excellente nouvelle : bien que le troisième palier du crowdfunding n’ait pas été atteint, Framasoft a décidé d’embaucher Chocobozzz en CDI afin de pérenniser le développement de Peertube. D’autres fonctionnalités sont donc prévues au cours de l’année 2019.

  • Un système de plugins pour personnaliser Peertube. Il s’agit là d’un développement essentiel, car il permettra à chacun⋅e de développer ses propres plugins pour adapter PeerTube à ses besoins. Par exemple il deviendra possible de proposer des plugins de recommandations avec des algorithmes spécifiques ou des thèmes graphiques complètement différents.
  • Nous développerons éventuellement une application mobile (ou bien des contributeur⋅ices motivé⋅e⋅s le feront)
  • Il sera rapidement possible d’améliorer l’outil d’importation de vidéos, de façon à pouvoir « synchroniser » votre chaîne YouTube avec votre chaîne PeerTube (PeerTube sera en capacité de vérifier si de nouvelles vidéos ont été ajoutées et pourra automatiquement les ajouter à votre compte PeerTube, titre et descriptions compris). Dans les faits, cette fonctionnalité fonctionne déjà pour celles et ceux qui hébergent leur instance PeerTube et maîtrisent la ligne de commande.
  • Des statistiques par instance ou par compte pourront être mises à disposition.
  • L’amélioration des outils de modération.
[Exemple de la fonction d’import de vidéo]

 

PeerTube répare Internet

La campagne « Dégooglisons Internet » était un cri, une réaction, un rejet. Rejet des GAFAM et de leur vision centralisatrice, fermée, toute tournée vers le fric et le contrôle. Lutter contre les GAFAM, c’est mener un combat disproportionné. Mais la prise de conscience est faite. Nous n’avons plus besoin de rabâcher notre couplet sur leur façon de nier nos libertés, de s’approprier nos données personnelles, de prendre le pouvoir dans nos vies. Et puis il faut dire qu’à force de scandales, ils nous ont bien aidés à accélérer dans l’opinion publique cette prise de conscience. Nous revendiquons fièrement notre participation à cette évolution des esprits, au milieu d’autres acteurs tout aussi importants (LQDN, la CNIL, l’APRIL, etc.). Il est temps maintenant de passer à autre chose.

 

https://framalab.org/gknd-creator/

 

Chez Framasoft, incorrigibles bavards que nous sommes, nous avons produit beaucoup d’écrits, et nous avons finalement, proportionnellement, assez peu de contenus vidéos à proposer, alors que c’est un média qui est devenu à la fois plus facile à élaborer et plus demandé par le public. Ce virage vers la vidéo nous a été confisqué par les plateformes centralisatrices, Youtube en tête. Elles ont installé un standard, une norme, avec des pratiques révoltantes comme la censure aveugle et l’appropriation des contenus.

Le principe de fédération impulsé par le protocole ActivityPub et les logiciels qui l’utilisent (Peertube, Mastodon, Funkwhale, PixelFed, Plume… la liste s’allonge chaque mois) est en train, ni plus ni moins, de corriger le tir, de (re)construire le futur d’Internet. Celui que nous appelons de nos vœux.

sketchnote d'un réseau fédéré avec ActivityPub
La fédération, avec ActivityPub, c’est s’allier aux autres sans perdre son identité

 

Oui, cette fois, c’est une révolution. Avec Contributopia, nous annonçons une étape de construction, basée sur le partage, les communs, l’éducation populaire.

Nous avons aussi pris conscience, en avançant, que nous ne pouvions plus nier la dimension politique de cette vision. Alors quand on dit « politique », on convoque l’étymologie du mot, hein. C’est pas demain qu’on verra Pyg, notre délégué général, à l’Assemblée Nationale. Il n’empêche ! La culture du libre, ça va bien au-delà de l’hébergement d’agendas ou de l’ouverture d’un pad pour rédiger le présent article à plusieurs.

Nous travaillons, dans le cadre qui est le nôtre, à fournir des outils numériques aux utopistes qui, comme nous, pensent qu’il y a encore moyen de sauver les meubles. On se disait que ce n’était pas super vendeur, mais nous avons pu voir, lors de nos fréquentes interventions à droite et à gauche, que la démarche rencontrait de l’écho. Nous avons encore quelques jolies cartes à jouer pour la suite (même si pour certaines on ne sait pas encore comment ça se passera ^^), comme toujours dans la bonne humeur et le houblon doré.

Nous espérons que vous nous suivrez, encore, dans cette voie.

Longue vie à PeerTube.

L’équipe de Framasoft.

Pour aller plus loin

À vous de jouer ! PeerTube vous appartient, emparez-vous de ses possibilités. Déposez des vidéos de qualité (de préférence sous licence libre, ou pour laquelle vous avez les droits de diffusion ou un accord explicite) sur l’une des instances déjà existantes. Faites connaître PeerTube à vos contacts et aux YouTubeur⋅euses auxquels vous êtes abonné⋅e. Et si vous le pouvez, installez votre propre instance pour agrandir encore le réseau fédéré !

32 Responses

  1. DickB

    Bonjour,
    Super initiative ! Bravo pour ce projet mené à terme, reste à espérer que ça suive. Un point délicat et peu abordé dans le sujet (à part si je l’ai loupé) mais qu’en est-il de la diffusion de vidéos non libre de droits ? C’est je sais un sujet épineux dans l’internet libre, mais quelle est votre point de vue à ce niveau là et y’aura-t-il des moyens de surveiller/bloquer ça ?

    Encore bravo !

    • Mika38

      En effet, es ce que ceux qui vont tourner une instance ne risque pas un procès par ce qu’un de leur membre a publier le dernier film a la mode?

    • pyg

      Cette question nous est très régulièrement posée.
      On y a répondu dans la FAQ « Si c’est libre, on peut y mettre des contenus illicites ? » : https://joinpeertube.org/fr/faq

      Je vais faire une réponse un peu plus extensive ici.

      PeerTube, c’est un logiciel, pas un seul site web.

      Je vais faire une analogie (forcément avec toutes les limites de l’analogie) avec les blogs.

      WordPress est un moteur de blog et de site web, qui permet à chacun soit d’héberger son blog (ou son site web) sur WordPress.com, ou de télécharger le logiciel sur WordPress.org, puis de l’installer sur votre serveur pour en faire « votre » site/blog (par exemple toto.org ou machin.truc/monblog ).

      PeerTube est un moteur de plateforme vidéos.
      Tu peux utiliser une des plateformes PeerTube existantes (on les appelle des « instances PeerTube »), nous fournissons une liste d’instances publiques ici : http://instances.joinpeertube.org/
      Ou tu peux télécharger PeerTube (comme tu téléchargerai WordPress, même si cela réclame un peu plus de compétences techniques), et l’installer sur ton serveur. De façon à avoir tube.toto.org ou machin.truc/montubeamoi )

      Si tu utilise les services de WordPress.com et que tu poste dessus un contenu pour lequel tu n’as pas les droits – par exemple le dernier livre Harry Potter, ou une photo appartenant à une personne qui a explicitement dit qu’elle ne souhaitait pas voir sa photo diffusée – tu es dans l’illégalité.
      Dans ce cas là, tu es responsable, et WordPress.com (qui t’héberge) peut l’être aussi si on lui signale un contenu illicite et qu’il ne réagit pas rapidement pour le retirer (en te demandant de le retirer, voire en le retirant lui-même).
      C’est d’ailleurs la même chose si tu a téléchargé le logiciel WordPress, et que tu l’as installé « chez toi » : si tu copie-colle le contenu du livre « Harry Potter », tu es responsable (tu pourrais être jugé pour contrefaçon : « Toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d’une œuvre de l’esprit en violation des droits de l’auteur, tels qu’ils sont définis et réglementés par la loi” (article L. 335-3), est un délit de contrefaçon. »

      Avec PeerTube, c’est pareil !

      Si tu utilise ton compte ouvert sur une instance (ex: supertube.com ) et que tu y uploade le dernier Clint Eastwood, tu es responsable. Il peut y avoir réclamation de la part des ayants droits, qui peuvent potentiellement t’assigner en justice pour contrefaçon.
      Comme pour WordPress.com, c’est probablement l’administrateur de supertube.com qui sera contacté en premier. Et qui te demandera de supprimer l’œuvre (ou la supprimera lui-même, car il n’a pas envie de payer une forte amende pour te protéger).

      « Et si je met en place ma propre instance PeerTube, alors ? »
      La loi est la même : ce n’est pas parce que tu héberge ton propre blog que tu peux y copier-coller Harry Potter, ou que tu as le droit d’y tenir des propos racistes. Et bien sur PeerTube, c’est pareil. Ce n’est pas parce que tu héberge toi même les vidéos que tu peux y mettre ou y partager le dernier « Iron Man 8 ».

      Il y a des exceptions à cela (par exemple la copie privée, réservée à un cercle privé), mais je ne rentre pas dans les détails.

      Retiens juste que PeerTube n’introduit aucun nouveau droit (ni aucun nouveau devoir) : si tu fais quelque chose d’illicite, tu pourra être poursuivi, voire condamné pour cela.

      En espérant avoir répondu à ta question…

      • DickB

        La future mise en place de l’article 13 ne change-t-il pas cette donne en (si j’ai bien compris) en rendant responsable les plateformes de leur contenu ?

  2. DickB

    Ah oui puis une autre question à laquelle je suis confronté. J’avais crée un compte sur une instance pour tester, (https://peertube.nsa.ovh/) qui apparemment n’existe plus, je n’ai plus de compte et mes vidéos n’apparaissent plus. Y’a-t-il ou y’aura-t-il un moyen de redondance pour ne pas perdre son compte et ses vidéos en cas de fermeture d’une instance ?

  3. Robertux

    Youpi ! Merci pour cette bonne nouvelle qui égaye ma journée !

    Comment se fesse-t-il que le dépôt Git, enfin le projet de développement de PeerTube soit hébergé sur une plateforme centralisée ? Plus de place sur Framagit ?

    Longue vie à PeerTube, longue vie à Gitlab, longue vie au n’internet !

    • pyg

      La publicité
      ==========

      on l’a expliqué ici https://joinpeertube.org/fr/faq
      === Quelle est la politique de rémunération de PeerTube ? ===

      PeerTube est un outil que nous avons voulu neutre au niveau de la rémunération.

      Actuellement, la solution proposée est d’utiliser le bouton « Soutenir » (« Support »). Ce bouton permet d’afficher un cadre dans lequel les personnes qui mettent en ligne des vidéos peuvent afficher des textes, images, et liens librement. Par exemple, il est possible d’afficher un bouton Patreon, Tipeee, Paypal, Liberapay (ou toute autre solution, puisque le champ de saisie est libre). Autres exemples possibles : indiquer une adresse pour un remerciement par carte postale, négocier avec un sponsor l’affichage du logo de son entreprise, mettre en avant un lien pour soutenir une ONG, etc.

      Favoriser une solution technique serait imposer, dans le code, une vision politique des partages culturels et de leurs financements. Toutes les solutions de rémunération sont donc possibles dans PeerTube.

      Par ailleurs, de nombreuses améliorations de PeerTube sont à prévoir… Dont celles qui vous permettraient de créer (et choisir) vous-même les outils de monétisation qui vous intéressent !

      Néanmoins, il est bon de rappeler que l’immense majorité des vidéos publiées sur internet (et même sur YouTube) sont partagées dans un but non-marchand : la rémunération est un outil, mais pas forcément un but principal ni essentiel. »

      Pour le porno ?
      ===========
      PeerTube dispose d’un tag « Not Safe For Work » permettant de flouter les vidéos… et bien… not safe for work !

      Rappelons (on a tendance à l’oublier) que le porno n’est pas illégal !

      « Mais je veux protéger mes enfants, et je n’ai aucune envie de me retrouver devant des vidéos pornos, que ça soit au travail ou chez moi ! »
      C’est parfaitement compréhensible.
      Il faut d’abord comprendre que PeerTube n’est « que » un logiciel.
      Donc, ce n’est pas « la faute » de Framasoft, si quelqu’un a installé PeerTube, et mis du porno dessus. Pas plus que ce n’est la faute de Automatic Inc. (la société qui édite le moteur de site/blog WordPress) si quelqu’un installe WordPress et met des images/films porno dessus.

      A chacun⋅e d’être responsables : parents, visiteur⋅euses, administrateur⋅ices d’instances PeerTube pour respecter la loi et éviter toute situation problématique.

      Les vidéos illégales ?
      ===================
      Déjà répondu ici : https://framablog.org/2018/10/15/peertube-1-0-la-plateforme-de-videos-libre-et-federee/#comment-77318

  4. Alnotz l'Imprudent

    Salutation.

    Je vois que PeerTube fait encore parler de lui. Cette version 1.0 est une bonne nouvelle car ça signifie que le projet peut durer.
    Je ne publie pas de vidéos mais j’encourage souvent autrui à préférer PeerTube pour faire face au problème de censure. Ça ne coûte pas tellement de publier sur différentes plateformes.

    En espérant trouver de plus en plus de vidéos intéressantes sur PeerTube.

  5. Niquarl

    >C’est peut-être un détail (ou une faiblesse) pour vous, mais pour nous c’est une force qui veut dire beaucoup !

    Je l’ai lu en chantant. Tr-s chouette 😀

    Sinon, je vois que vous dites qu’il n’y a pas eu d’aplication mobile alors qu’il existe P2Play (code ici: https://gitlab.com/agosto182/p2play/) ? Vous ne le connaissez pas ou vous ne souhaitez pas mentionner cette apli car elle est en alpha ?

    • Booteille

      L’application est très jeune. Sans doute a-t-il été jugé préférable de ne pas la citer pour éviter de troubler les nouveaux utilisateurs de PeerTube en cas de problème (application défectueuse ou non maintenue).

  6. patrick

    merci et bravo frama… vous êtes magnifiques… et magnifiques… 2 pour femmes et hommes… pas mal plus d’hommes que de femmes j’imagine, comme quasi tout le temps en informatique, même si vous êtes au-delà de l’informatique… tiens, peut-être un point d’attention pour la suite… ??? :o)
    vous êtes magnifiques
    patrick

  7. patrick

    [mince… vous avez mangé les espaces dans mon mot… jamais compris ce truc là en informatique…]

  8. HH

    Bonjour l’équipe Framasoft,

    Premier point, s’agissant du porno, je trouve votre argumentation un peu désinvolte et cela risque de nuire à la renommée de PeerTube. Je pense qu’à partir du moment où une seule vidéo est qualifiée de pornographique, c’est toute l’instance peertube qui l’héberge qui devrait être considérée comme pornographique. C’est plus simple pour la protection des mineurs.

    Deuxième point, qui est plus une question, est-ce que l’ActivityPub permet de construire une base de recherche exploitable sur l’ensemble des vidéos disponibles? Dit autrement, faudra-t-il toujours passer par des moteurs de recherche traditionnels ? Et dans ce cas, avez-vous des contacts avec Qwant par exemple ?

    Merci à vous!

    • pyg

      « Je pense qu’à partir du moment où une seule vidéo est qualifiée de pornographique, c’est toute l’instance peertube qui l’héberge qui devrait être considérée comme pornographique.  »

      Notre réponse n’est pas désinvolte du tout 🙂
      Nous disons : il est de la responsabilité de chaque admin PeerTube de vérifier avec quelles instances il se fédère.
      Je te met au défi de trouver une vidéo porno par exemple sur https://framatube.org ou sur https://peertube.datagueule.tv/ etc.
      Comment avons nous fait ? On a juste *choisi* les instances avec qui nous nous fédérons. Ce n’est pas plus compliqué que cela 🙂

      « Oui, mais si on veut un seul point d’entrée pour avoir accès à TOUTES les vidéos de TOUTES les instances SAUF les pornos ? »
      La réponse comporte 2 niveaux :
      1. PeerTube n’a pas été conçu pour être un répertoire exhaustif. C’est une différence assumée avec YouTube que de dire « non, vous n’allez pas avoir un seul point d’entrée avec toutes les vidéos dedans, mais *des* points d’entrée communautaires ou thématique ». Si l’éducation nationale met en fédération une instance PeerTube par académie, ils n’auront pas de crainte d’avoir des gamins qui tombent « par hasard » sur des vidéos pornos.
      2. Si vraiment quelqu’un veut faire un seul point d’entrée pour avoir accès à TOUTES les vidéos de TOUTES les instances SAUF les pornos, c’est malgré tout possible : il faut monter une instance et se fédérer avec toutes les instances qui n’acceptent pas de porno. C’est techniquement possible. Par contre, ça n’est pas le travail de Framasoft.

      « est-ce que l’ActivityPub permet de construire une base de recherche exploitable sur l’ensemble des vidéos disponibles? Dit autrement, faudra-t-il toujours passer par des moteurs de recherche traditionnels ? Et dans ce cas, avez-vous des contacts avec Qwant par exemple ? »

      Je ne suis pas sûr de comprendre la question.
      Si c’est « les vidéos PeerTube peuvent-elles être trouvées par des moteurs comme Qwant ou Google ? » la réponse est oui, encore faut-il que ces moteurs le veuillent 🙂
      Sinon, oui, nous sommes en contact avec Qwant, mais pas spécifiquement sur le sujet PeerTube.
      Mais ta question dit « faudra-t-il *toujours* passer par des moteurs traditionnels ? ». J’en déduis que tu pense à une solution alternative. Laquelle ?
      Je rappelle de nouveau que PeerTube est un réseau fédéré. Si tu as 4 instances A, B, C, et D. et que A est fédéré avec B et C, une recherche depuis A affichera aussi les vidéo de B et C (mais pas celle de D). Si une instance Z se fédère avec A, B, C, D, E, …, Y : alors tu peux considérer E comme une espèce de meta moteur de recherche capable d’afficher les vidéos de A à Y.

      En espérant avoir répondu à tes questions.

      • HH

        OK. Merci beaucoup pour ces précisions.

        Je tiens à vous avertir que parmi la liste des instances proposées sur le site https://joinpeertube.org/fr/, la deuxième contient des films pornographiques. Il y en a peut-être d’autres…

        S’agissant de la fédération, le fait de se présenter comme une alternative à YouTube peut déstabiliser plus d’un utilisateur pas toujours très au fait de cette architecture. Les cas d’utilisations semblent assez différents. Peut-être faudrait-il faire ressortir une notion d’instances « amies » pour mieux appréhender la notion de fédération, non ?
        Mais, je dis peut-être encore une grosse bêtise… Désolé.

        Bonne route à PeerTube.

  9. Shika

    Avec l’import de vidéo depuis youtube ou dailymotion, il y aurait pas un problème de propriété intelectuelle ?
    Pas dans le sens « je suis TF1 et personne n’a le droit de diffuser une partie de nos JT »
    mais dans le sens
    « Je suis un youtubeur, je créé du contenu que je poste sur YT, et j’ai pas envie que quelqu’un s’approprie mon travail et le mette sur sa chaîne Peertube et potentiellement mette un lien vers de la rémunération sous la vidéo alors que c’est mon travail ».

    • pyg

      « Avec l’import de vidéo depuis youtube ou dailymotion, il y aurait pas un problème de propriété intelectuelle ? »

      Non, car il existe déjà de très nombreux outils pour faire cela.
      Si quelqu’un veut « voler » une vidéo sur YouTube, il n’a pas besoin de PeerTube pour cela.

      On s’est donc posé la question : doit-on ne pas mettre un outil pratique à disposition, qui servira utilement 95% de ses utilisateurs, car 5% pourraient s’en servir pour des raisons moins sympathiques ?

      Un marteau peut servir à planter des clous ou à taper sur la tête de son voisin. Tout dépend de la personne qui le tient. Mais si la personne veut taper sur la tête de son voisin, et qu’elle n’a pas de marteau, elle aura bien d’autres choix et parviendra de toutes façons à ses fins.

      Ici, si je veux télécharger de façon illicite des vidéos YouTube, je des centaines d’autres solutions que PeerTube : https://www.qwant.com/?q=download%20youtube%20vid%C3%A9o&t=web

      On a donc fait le choix des 95% qui, nous en sommes certains, respecteront le droit d’auteur.

      • Zatalyz

        À noter aussi que cet outil favorise la migration pour les youtubeurs qui souhaitent faire évoluer leur modèle. Quand tu as déjà créé ta chaîne, fait plein de vidéos, et que tu dois tout renvoyer sur une nouvelle plateforme derrière ta connexion asymétrique… ça décourage un peu. Si tu peux transférer ta chaîne en quelques clics et laisser les serveurs discuter entre eux, c’est bien plus confortable. Enfin, pour celles et ceux qui font le choix d’être sur les deux plateformes, ça simplifie lors de la mise en ligne des vidéos: pas besoin de se demander si ça vaux le coup de dupliquer sa production aussi sur peertube, le job est facilité et donc ça vaut forcément le coup !

        Par ailleurs, le droit d’auteur est le même pour le JT de TF1, le « petit » youtubeur et le copieur de contenu. Si un droit explicite (via un contrat ou une licence) n’est pas donné, il est illégal de faire autre chose que de regarder la production dans un cadre familial, sur la plate-forme où l’ayant-droit la mis.

  10. Mika38

    Merci pour ta réponse rapide.

    1) Je me demander si la possibilité de faire des « lives » ou du « streaming » était dans les cartons? (désolé je ne connais pas le mot français).
    2) Ensuite, pensez vous intégré du son dans les vidéos de présentation des fonctionnalités de Peertube?
    3) Enfin, y aura-t-il moyen de personnalisé l’aspect visuel des différentes instances? (Par exemple, changer les couleurs, police, etc.?) L’interface est très bien foutu au passage.

    • Zatalyz

      Pour le 1), je ne sais pas trop où ça en est. C’est une fonctionnalité demandée, mais ce n’est pas forcément simple à mettre en place. Il faudrait éplucher les tickets pour voir les réponses à cette demande (il y en a, c’est sûr !).

      Sur le 2) : tout reste à faire sur les vidéos de présentation de Peertube. Ce qui est réalisé par Framasoft est un premier apport, mais nous espérons que la communauté s’emparera de tout ça et améliorera l’existant.

      Le 3) : ça, c’est prévu, avec l’apparition des plugins, viendra entre autre la possibilité de faire des thèmes personnalisé. On peut aussi déjà bidouiller le visuel en allant changer le code, mais ce n’est pas forcément bien simple. Ça devrait devenir plus facile lorsque les plugins de thème seront en place.

  11. Heiji

    Projet sympa, cependant il me reste une question.

    Depuis un accès unique (qui peut être n’importe quel instance évidemment), est-il possible de trouver tout le contenu multimédia héberger via peertube ? Sinon, j’ai bien peur que cela donne un effet de bulle de pensée/idée qui sera bien pire que youtube ou Twitter. Cela tuera tout débat ou ouverture d’esprit.

  12. k

    Salut ! D’abord bravo et merci pour PeerTube, que sa route soit longue sur la voie libre !
    Serait-il possible, pour se démarquer encore plus du reste, de rendre l’affichage du nombre de vues optionnel ? Pour ceux qui voudraient échapper à la tyrannie des chiffres qui est la triste norme des réseaux sociaux.
    Y a-t-il un endroit où l’on peut faire part de demande ?
    Bonne journée 🙂

  13. DickB

    Désolé je repose ma question qui à l’air d’être passé à la trappe.
    « J’avais crée un compte sur une instance pour tester, (https://peertube.nsa.ovh/) qui apparemment n’existe plus, je n’ai plus de compte et mes vidéos n’apparaissent plus. Y’a-t-il ou y’aura-t-il un moyen de redondance pour ne pas perdre son compte et ses vidéos en cas de fermeture d’une instance ? »

  14. Chris

    Question bêbete.
    je suis utilisateur mais pas forcément doué. Par contre, je dispose de 2 Synology qui tournent H24 qui pourrait « prêter » un peu de le ressource au projet. Envisagez vous un paquet capable de s’installer dessus ?

  15. Stemy

    Hello,

    Il reste un gros handicap à peertube: l’impossibilité de rechercher sur toutes les instances en même temps, ni de savoir quelles instances sont fédérées à telle ou telle autre, ce qui entrave beaucoup la user-friendliness. Je pense que tant que ces lacunes ne seront pas corrigées, peertube risque de faire fuir encore longtemps les usager autres que les gros nerds libristes (no offence, j’en suis un moi-même), il serait donc primordial d’envisager une solution pour tout ça.

    • pyg

      > Il reste un gros handicap à peertube

      PeerTube est sorti en v1 il y a moins de 3 mois, et n’est financé que par vos dons à Framasoft.

      > il serait donc primordial d’envisager une solution pour tout ça

      La solution, c’est de comprendre que PeerTube est un logiciel libre, et que donc toute personne souhaitant infléchir la direction peut accéder et modifier le code (en développant, en payant un développeur, etc).