Khrys’presso du lundi 18 septembre 2023

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


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Spécial médias et pouvoir

  • Un journaliste raconte comment Vincent Bolloré l’a avalé (streetpress.com)

    Jean-Marie Bretagne a travaillé trente ans pour le groupe de presse magazines Prisma Media (Géo, Femme Actuelle, Voici, etc.). Jusqu’à ce que le milliardaire Vincent Bolloré le gobe. Dans Le Boa, il témoigne de l’intérieur. […] Si la direction était prévenue, le livre n’existait pas. Soit j’étais viré, soit plus personne ne m’aurait parlé. J’avais besoin d’être un petit œil qui observe sans être vu. Il a fallu user de stratagèmes. Sur le site de la Fnac.fr, mon éditeur a fait en sorte que mon livre à paraître n’apparaisse d’abord que sous le titre « Le Boa » sans sa suite « Comment Vincent Bolloré m’a avalé » pour que ni mes collègues ni la direction n’en devinent le thème.

  • Après son sujet sur le Puy du Fou, “Complément d’enquête” pris pour cible par le groupe Bolloré (telerama.fr)

    L’émission de France 2 a été la cible d’attaques des médias du milliardaire breton, de CNews au “JDD”, suite à la diffusion d’une enquête sur le Puy du Fou. France Télévisions reste étonnamment muette.

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Les autres lectures de la semaine

  • Comment Balzac a créé le stéréotype de la vieille fille (theconversation.com)

    un stéréotype qui flirte avec l’imaginaire très connoté de la sorcière. La théorie féministe questionne et fustige depuis des décennies cette véritable figure-repoussoir dont la présence dans notre imaginaire collectif servirait surtout de menace aux femmes qui s’aviseraient de ne pas se marier ou de refuser de devenir mères.

  • À la recherche d’Eileen: comment George Orwell a fait disparaître son épouse de son histoire (revolutionfeministe.wordpress.com)

    Un effacement plus flagrant encore se trouve dans Hommage à la Catalogne […] On peut le lire et le relire sans se rendre compte qu’Orwell n’était pas seul en Espagne — Eileen était là aussi, presque tout le temps. Ni le livre d’Orwell, ni les biographes ne vous apprendront qu’elle travaillait au siège du parti politique pour lequel Orwell se battait tandis qu’il était dans les tranchées avec ses compagnons d’infanterie.
    Pendant qu’il se battait, elle travaillait à la propagande écrite et radiophonique du parti, ravitaillait les hommes, s’occupait des communications, organisait le transport de fournitures médicales depuis Londres, prêtait de l’argent quand le chef du parti n’en avait pas, et évitait les espions staliniens au bureau et à l’hôtel où elle vivait. Lorsqu’elle rendit visite à Orwell sur le champ de bataille, ils essuyèrent des tirs. Il fut touché, mais elle s’occupa de lui et sauva son manuscrit (qu’elle était en train de taper). […] la façon la plus insidieuse d’omettre les actions des femmes consiste à utiliser la voix passive. Des manuscrits sont dactylographiés sans dactylographes, des circonstances idylliques existent sans créatrices, une fuite face à des poursuivants staliniens est réalisée grâce à des passeports « en règle ».

  • Un régime de fou (lundi.am)

    Du port de tel ou tel vêtement, un foulard, une tunique traditionnelle, une robe de bain, le pouvoir actuel a fabriqué une question (comment défendre la laïcité menacée ?), une analyse profonde (un foulard : pas bien ; pas de foulard : bien), un doute (peut-être qu’en tout musulman se cache un terroriste), une certitude diffusée à grand renfort d’échos journalistiques (l’immigration est un problème) et en a déduit une mesure.

  • Libé donne la parole aux élèves du lycée Rabelais (liberation.fr)

    «Je suis un gars confortable. Pas riche mais confortable ! Le frigo est plein. Y a toujours au moins un ou deux trucs que j’aime, comme par exemple des Kinder. […] J’ai même un chat, il s’appelle Ace comme mon personnage préféré de One Piece. C’est un luxe d’avoir un chat parce que sa nourriture n’est pas gratuite. […] J’ai des potes, ils dorment sur le canapé, ils mangent la même chose pendant trois jours : du riz ou des pâtes. Ils sont beaucoup chez eux, genre 7 dans un trois pièces. Moi, j’ai ma chambre. Mes potes n’ont pas tous de l’argent tous les mois. Ils sont obligés d’en demander s’ils veulent manger au grec.

  • Chronique des désastres climatiques et écologiques produits par la civilisation industrielle : l’été de l’emballement ? (ricochets.cc)

    Les gouvernements ne sont pas du tout incompétents, ils font efficacement leur job : maintenir le système en place, l’Etat et le productivisme, continuer la croissance et la civilisation industrielle, quoiqu’il en coûte en vies humaines et en destruction de biosphère.

  • Power and progress : ou pourquoi innovation et prospérité ne riment jamais vraiment (maisouvaleweb.fr)
  • A new French fairy tale (beyondnuclearinternational.org)

    In France, the nuclear industry is in decline and the nuclear company EDF is heavily in debt. At the same time, President Macron is once again promising cheap nuclear power and wants to have new small nuclear power plants built. A small part of the French nuclear industry’s financial problems is to be solved with EU money. In this context, the fairy tale of cheap French nuclear power is happily spread in France and also in Germany and the use of nuclear energy is praised as the miracle weapon in the losing war against nature and the environment. However, the price of electricity in France is only apparently cheap. According to a report of the supreme audit court in France, the research and development, as well as the construction of the French nuclear power plants, cost a total of 188 billion euros. Since in France the “civilian” and the military use of nuclear power cannot be separated, the sum is probably much higher. […] A serious nuclear accident would have devastating consequences in France. A government study estimates the cost at 430 billion euros.

  • L’archétype d’un échec (orientxxi.info)

    Le processus d’Oslo aurait pu réussir si Israël avait fait l’effort d’en rendre les termes acceptables par une direction palestinienne qui avait affiché sa volonté de compromis et disposait d’une légitimité suffisante pour sceller un accord. Il n’en a rien été, bien au contraire, Israël poursuivant son entreprise coloniale sans rencontrer beaucoup d’obstacles. Cependant, de nouvelles perspectives mondiales pourraient changer la donne

  • Chili 1970-1973. Comprendre les mille jours qui ébranlèrent le monde (contretemps.eu)
  • Chile’s coup at 50 – Countdown Toward a Coup (nsarchive.gwu.edu)

    “In the Eisenhower period, we would be heroes,” Henry Kissinger told President Richard Nixon several days after the overthrow of Salvador Allende in Chile, lamenting that they would not receive credit in the press for this Cold War accomplishment.

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Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les trucs chouettes de la semaine

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Khrys’presso du lundi 11 septembre 2023

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Khrys’presso du lundi 4 septembre 2023

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  • Le mystérieux « Homme d’ivoire » découvert en Espagne était en réalité une femme (futura-sciences.com)

    Avec la confirmation de ces observations par un consortium d’expert·es européen·nes, les chercheureuses espagnol·es ouvrent la voie aux questions sur la position sociale de la femme durant la Préhistoire sur le continent. […] D’autres artefacts collectés à Valencina légitiment l’idée selon laquelle la défunte aurait continué à être célébrée 200 ans après son décès. L’étude ajoute que de telles marques d’opulence sont une occurrence rare voire inexistante de la Préhistoire ibérique.

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Khrys’presso du lundi 28 août 2023

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  • Surmortalité des femmes lors des canicules : des politiques de prévention encore à la traîne (liberation.fr)

    Malgré des études récentes montrant une surmortalité des femmes âgées lors des périodes de fortes chaleurs, la variable du genre n’est pour le moment pas prise en compte par les autorités sanitaires françaises.

  • «Aurillac topless, la police en PLS» : une manifestation en soutien d’une femme seins nus visée par la justice (liberation.fr) Un millier de personnes, dont de nombreuses femmes seins nus, ont défilé samedi 26 août dans l’après-midi à Aurillac (Cantal), en marge du festival de théâtre de rue de la ville […] Le but du rassemblement était de soutenir Marina, visée par une ordonnance pénale pour exhibition sexuelle après s’être promenée seins nus en ville mercredi. Jeudi, elle avait expliqué son geste à la presse locale en disant avoir eu «hyper chaud» et avoir voulu faire «comme la moitié des hommes» ce jour-là, «qui n’[avaient] pas de T-shirts». Elle avait ensuite été contrôlée par des policiers après avoir refusé de se couvrir le haut à leur demande.

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  • Une campagne choc d’Amnesty international pour alerter sur l’utilisation des LBD (radiofrance.fr)

    Amnesty International lance mardi une campagne en ligne et d’affichage pour alerter sur la dangerosité des armes utilisées en manifestation par les forces de l’ordre. “Aujourd’hui tout coûte un bras, sauf manifester qui coûte aussi un œil”, peut-on lire sur l’un des visuels chocs.

  • Convoi de l’eau : un golf désarmé dans le Poitou (contre-attaque.net)

    Le golf est loisir onéreux pratiqué par les élites. C’est aussi l’un des sports les plus polluants au monde. Et probablement le plus consommateur en eau. Un golf haut de gamme de 18 trous peut avoir une consommation moyenne de 5000 mètres cube d’eau par jour, ce qui correspond à la production nécessaire aux besoins d’une collectivité de 12.000 habitants. Au niveau mondial on estime que 9,5 milliards de litres d’eau sont utilisés chaque jour pour arroser les pelouses des golfs : presque autant que ce que boit l’ensemble de l’humanité !

    Voir aussi À Marc Fesneau : Monsieur le Ministre, vous êtes un hypocrite (blogs.mediapart.fr)

    Monsieur le Ministre, vous êtes un hypocrite. Mais si vous ne l’étiez pas, vous ne seriez pas ministre de l’Agriculture.

  • Le Convoi de l’eau arrive à Paris pour alerter contre les méga-bassines (huffingtonpost.fr)

    « Et nous sommes toustes des écoterroristes »

  • 60 ans d’actions violentes : faut-il pour autant dissoudre la FNSEA ? (basta.media)

    Depuis les années 1960, le syndicat agricole FNSEA multiplie les destructions de biens publics, blocages, opérations coups de poing, menaces contre des militant·es écologistes et des élu·es. Chronologie de 60 ans d’actions violentes.

  • Le peuple de l’écologie est bien vivant ! (blogs.mediapart.fr) Dimanche 20 août, à Pérols-sur-Vézère, Corrèze, à l’occasion de la fête du village, un char a défilé décoré d’une banderole « Mort aux écolos ». C’est le maire du village, Alain Fonfrede, qui conduisait le tracteur. […] Nous peuple de l’écologie, rappelons que la situation est grave, que le réchauffement climatique est un fait scientifique et qu’il nous faut agir collectivement.

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  • Web Scraping for Me, But Not for Thee (blog.ericgoldman.org)

    Some of the biggest companies on earth—including Meta and Microsoft—take aggressive, litigious approaches to prohibiting web scraping on their own properties, while taking liberal approaches to scraping data on other companies’ properties.

  • Elon Musk aurait-il saboté Twitter en le renommant X et en changeant le logo ? (developpez.com)
  • X removes Holocaust-denying post after Auschwitz Museum criticism (bbc.com)

    The social media platform had initially said the post did not break its rules. The offensive post was a reply to one from the museum about a three year-old Jewish girl murdered in the concentration camp’s gas chambers.The post called her death a “fairy tale” and used anti-Semitic tropes.

  • Blue-tick scammers target consumers who complain on X (theguardian.com)

    Consumers who complain of poor customer service on X are being targeted by scammers after the social media platform formerly known as Twitter changed its account verification process. […] Bank customers and airline passengers are among those at risk of phishing scams when they complain to companies via X. Fraudsters, masquerading as customer service agents, respond under fake X handles and trick victims into disclosing their bank details to get a promised refund.

Les autres lectures de la semaine

  • To block or not to block. Ce qui bloque quand Elon Musk débloque. (affordance.framasoft.org)

    Si l’on veut que des espaces numériques “safe” puissent exister, c’est à dire non pas des espaces excluants pour les autres mais protecteurs pour celles et ceux qui expriment le besoin ou la nécessité de s’y retrouver pour discuter de leurs expériences de marginalisation, il faut d’abord noter que le sentiment de sécurité est indissociable du sentiment du secret.

  • Pour protéger la vie privée en ligne, il faut d’abord s’attaquer à la « résignation numérique » (theconversation.com)
  • Les cryptomonnaies, cheval de Troie de la pensée réactionnaire (lvsl.fr)
  • Après le meurtre de Nahel : penser et combattre les violences des forces de l’ordre (lanticapitaliste.org)

    Que les membres du parti de l’Ordre et beaucoup d’autres avec eux soient surpris par les violences aujourd’hui commises est surprenant. Leur étonnement n’est pas seulement étonnant, il est aussi d’une démagogie obscène au regard de la situation dont ils sont les premiers responsables. On ne méprise pas, on ne discrimine pas, on ne ruine pas tant d’existences pendant des années impunément. Des émeutes de novembre 2005, ils n’ont rien appris parce que leur seul souci, dans ces quartiers populaires, c’est d’y assurer ce qu’ils osent nommer « l’ordre républicain » qui n’est autre que le train-train de la domination, de l’exploitation et de l’oppression à « bas bruit ». […] Aux vociférations des extrêmes droites et des droites de gouvernement, qui exigent l’application des dispositions précitées, aux vocalises du gouvernement et du chef de l’État, qui en appellent au respect des institutions républicaines, il faut, a minima, opposer les revendications suivantes : abrogation de la loi du 28 février 2017, initiée par Bernard Cazeneuve puis votée par sa docile majorité. « Rédigée à la hâte » pour satisfaire les syndicats de police, dixit le Monde du 29 juin 2023, cette réforme a permis aux forces de l’ordre d’user plus largement de leurs armes ce qui a favorisé les drames que l’on sait. Il faut y ajouter l’interdiction immédiate des contrôles au faciès, la délivrance obligatoire par les fonctionnaires de police d’un récépissé aux personnes contrôlées, la suppression des LBD et des grenades de désencerclement, le retrait des fusils d’assaut HK G36 mis à la disposition des policiers et des gendarmes – une exception en Europe6. De plus, l’IGPN doit être supprimée et remplacée par une institution administrative indépendante, et la sinistre BRAV-M doit être dissoute.

  • Les riches nous imposent une société de pornopulence (usbeketrica.com)
  • « Anatomie d’une chute » : entretien avec Justine Triet, qui veut « inverser les codes de représentation » avec son film (huffingtonpost.fr)
  • Frelons asiatiques, un essaim de préjugés (reporterre.net)
  • Voir l’eau invisible, ou comment imager le remplissage et l’évolution des nappes phréatiques (theconversation.com)

    l’eau souterraine est une eau invisible, qui se trouve dans les espaces entre les grains du sol et des roches, dans les pores, les fissures ou les fractures des roches. On est bien loin de l’image du « lac souterrain » qu’évoquent souvent à tort les termes de « nappe phréatique ». Ces aquifères peuvent être continus ou discontinus (séparés par des roches imperméables) : un élément crucial pour comprendre les flux d’eaux souterraines.

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

  • Pourquoi le train est-il toujours plus cher ? (france.tv – disponible jusqu’au 15/12/2023)
  • Un podcasdédié aux luttes kurdes (paris-luttes.info)

    Nous aborderons de nombreux sujets : la place centrale des femmes, la jineologie, les mouvements de libération nationale, l’idéologie politique du Confédéralisme Démocratique en œuvre au Nord-Est Syrien (Rojava), l’importance de l’écologie et les enjeux géopolitiques… Nous vous proposerons une analyse de l’actualité, une prise de recul sur certains événements marquants, un regard critique aussi.

Les trucs chouettes de la semaine

  • Dépliant sur les protections périodiques détaillant leurs avantages et inconvénients notamment au niveau de la santé (paris-luttes.info)

    Découvrez les options disponibles, avec leurs avantages et inconvénients. Faites un choix de protection éclairé en fonction de vos besoins, de vos préférences et de votre situation. Vos conditions sanitaires et financières peuvent limiter vos choix. Ce n’est pas de votre faute. Vous faites déjà ce que vous pouvez dans cette société patriarcale.

  • L’Histoire Juniors (lhistoire.fr), un numéro complet de 8 pages adapté d’un dossier publié dans le magazine avec les contributions des meilleurs spécialistes. Sur les sujets les plus variés, une présentation à jour accessible à de jeunes lecteurices. Chaque numéro de L’Histoire Juniors est téléchargeable et peut être lu directement sur un écran sous format pdf.

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Khrys’presso du lundi 21 août 2023

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  • Les sondages nous prennent pour des saucisses (contre-attaque.net)

    Fabien Roussel, c’est une personnalité grandiose. C’est le seul «communiste» content de manifester avec le syndicat policier d’extrême droite Alliance pour réclamer l’impunité pour les forces de l’ordre et d’être ami avec Gérald Darmanin. Son combat, c’est aussi de s’enflammer contre «l’assistanat» et dénoncer la «France du RSA», tout en considérant que les «les grandes fortunes : ils sont très intelligents, ils ont créé, inventé». Oui, il a vraiment dit tout ça. Il défend aussi la corrida ou l’industrie de la viande, en se moquant de ceux qui mangent «du tofu et du soja». Après l’exécution de Nahel, non seulement il n’a pas dénoncé les violences policières sanguinaires, mais il réclamait de «couper» les réseaux sociaux «quand c’est chaud dans le pays». […] Depuis plusieurs jours, les médias macronistes répètent en boucle que c’est lui le héros de la gauche, le futur espoir électoral.

  • Le Figaro réhabilite une grande figure antisémite (contre-attaque.net)

    Cette semaine, Le Figaro, le grand journal de la droite française, qui touche d’importantes subventions publiques, réhabilite une des plus grandes figures de l’antisémitisme de notre Histoire : Maurice Barrès.

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Les autres lectures de la semaine

  • Comment fonctionne un Bureau d’Enregistrement ? (afnic.fr)
  • L’Express et le climat (lemonde.fr)

    Si le diagnostic du changement climatique relève surtout des sciences de la nature, le remède suppose que les économistes, entre autres, s’y intéressent sérieusement. On aurait donc pu se féliciter qu’un économiste – Nicolas Bouzou signe économiste et essayiste, directeur du cabinet de conseil Asterès – s’y emploie. Las ! Il s’y emploie si mal qu’on aurait préféré qu’il ne s’y intéresse pas.

  • Contre l’imposture et le pseudo-rationalisme (cairn.info)
  • Classement de Miamïam des universités françaises. (affordance.framasoft.org)

    la France gagne des places dans le classement de Shangaï d’une part parce qu’on s’est aligné sur les règles à la con dudit classement, et d’autre part parce qu’on a accepté de sacrifier des pans entiers de financements publics de la recherche dans certains secteurs (notamment en diminuant drastiquement le nombre de postes disponibles). […] Évaluer la qualité de l’université et de la recherche française à partir du classement de Shangaï c’est un peu comme si on prétendait évaluer la qualité de la gastronomie française à partir d’un référentiel établi par Mac Donald : on serait rapidement en capacité de comprendre comment faire pour gagner des places, mais c’est pas sûr qu’on mangerait mieux. […] Je vous propose donc un classement alternatif et complémentaire au classement de Shangaï : le classement de Miamïam. Bien plus révélateur de l’état actuel de l’université française. Ce classement est simple. Pour y figurer il faut juste organiser des distributions alimentaires sur son campus universitaire.[…] à la différence du classement de Shangaï ce sont non pas 27 universités et établissements mais (au moins) 40 !!! L’excellence de la misère à la française.

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Khrys’presso du lundi 14 août 2023

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Khrys’presso du lundi 7 août 2023

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Que veut dire « libre » (ou « open source ») pour un grand modèle de langage ?

Le flou entretenu entre open source et libre, déjà ancien et persistant dans l’industrie des technologies de l’information, revêt une nouvelle importance maintenant que les entreprises se lancent dans la course aux IA…
Explications, décantation et clarification par Stéphane Bortzmeyer, auquel nous ouvrons bien volontiers nos colonnes.


Vous le savez, les grands modèles de langage (ou LLM, pour « Large Language Model ») sont à la mode. Ces mécanismes, que le marketing met sous l’étiquette vague et sensationnaliste d’IA (Intelligence Artificielle), ont connu des progrès spectaculaires ces dernières années.
Une de leurs applications les plus connues est la génération de textes ou d’images. L’ouverture au public de ChatGPT, en novembre 2022, a popularisé cette application. Chaque grande entreprise de l’informatique sort désormais son propre modèle, son propre LLM.
Il faut donc se distinguer du concurrent et, pour cela, certains utilisent des arguments qui devraient plaire aux lecteurs et lectrices du Framablog, en affirmant que leur modèle est (en anglais dans le texte) « open source ». Est-ce vrai ou bien est-ce du « libre-washing » ?
Et qu’est-ce que cela veut dire pour cet objet un peu particulier qu’est un modèle de langage ?

Copie d'écran d'un tweet de Viva technology citant le président Macron au salon Vivatech où il insiste sur les LLM souverains. le texte le cite "on doit accélérer l'open source et tous les grands modèles et avoir des LMM européens qui permettront de réguler. i faut ensuite qu'on arrive à régler des cas critiques, savoir si c'est de l'IA ou pas".
Tout le monde parle des LLM (ici, avec une faute de frappe).

Source ouverte ?

Traitons d’abord un cas pénible mais fréquent : que veut dire « open source » ? Le terme désigne normalement l’information qui est librement disponible. C’est en ce sens que les diplomates, les chercheurs, les journalistes et les espions parlent de ROSO (Renseignement d’Origine en Sources Ouvertes) ou d’OSINT (Open Source Intelligence). Mais, dans le contexte du logiciel, le terme a acquis un autre sens quand un groupe de personnes, en 1998, a décidé d’essayer de remplacer le terme de « logiciel libre », qui faisait peur aux décideurs, par celui d’« open source ». Ils ont produit une définition du terme qu’on peut considérer comme la définition officielle d’« open source ». Il est intéressant de noter qu’en pratique, cette définition est quasiment équivalente aux définitions classiques du logiciel libre et que des phrases comme « le logiciel X n’est pas libre mais est open source » n’ont donc pas de sens. Ceci dit, la plupart des gens qui utilisent le terme « open source » ne connaissent ni l’histoire, ni la politique, ni la définition « officielle » et ce terme, en réalité, est utilisé pour tout et n’importe quoi. On peut donc se dire « open source » sans risque d’être contredit. Je vais donc plutôt me pencher sur la question « ces modèles sont-ils libres ? ».

Grand modèle de langage ?

Le cas du logiciel est désormais bien connu et, sauf grande malhonnêteté intellectuelle, il est facile de dire si un logiciel est libre ou pas. Mais un modèle de langage ? C’est plus compliqué, Revenons un peu sur le fonctionnement d’un LLM (grand modèle de langage). On part d’une certaine quantité de données, par exemple des textes, le « dataset ». On applique divers traitements à ces données pour produire un premier modèle. Un modèle n’est ni un programme, ni un pur ensemble de données. C’est un objet intermédiaire, qui tient des deux. Après d’éventuels raffinements et ajouts, le modèle va être utilisé par un programme (le moteur) qui va le faire tourner et, par exemple, générer du texte. Le moteur en question peut être libre ou pas. Ainsi, la bibliothèque transformers est clairement libre (licence Apache), ainsi que les bibliothèques dont elle dépend (comme PyTorch). Mais c’est le modèle qu’elle va exécuter qui détermine la qualité du résultat. Et la question du caractère libre ou pas du modèle est bien plus délicate.

Notons au passage que, vu l’importante consommation de ressources matérielles qu’utilisent ces LLM, ils sont souvent exécutés sur une grosse machine distante (le mythique « cloud »). Lorsque vous jouez avec ChatGPT, le modèle (GPT 3 au début, GPT 4 désormais) n’est pas téléchargé chez vous. Vous avez donc le service ChatGPT, qui utilise le modèle GPT.

Mais qui produit ces modèles (on verra plus loin que c’est une tâche non triviale) ? Toutes les grandes entreprises du numérique ont le leur (OpenAI a le GPT qui propulse ChatGPT, Meta a Llama), mais il en existe bien d’autres (Bloom, Falcon, etc), sans compter ceux qui sont dérivés d’un modèle existant. Beaucoup de ces modèles sont disponibles sur Hugging Face (« le GitHub de l’IA », si vous cherchez une « catch phrase ») et vous verrez donc bien des références à Hugging Face dans la suite de cet article.  Prenons par exemple le modèle Falcon. Sa fiche sur Hugging Face nous donne ses caractéristiques techniques, le jeu de données sur lequel il a été entrainé (on verra que tous les modèles sont loin d’être aussi transparents sur leur création) et la licence utilisée (licence Apache, une licence libre). Hugging Face distribue également des jeux de données d’entrainement.

Dans cet exemple ci-dessous (trouvé dans la documentation de Hugging Face), on fait tourner le moteur transformers (plus exactement, transformers, plus diverses bibliothèques logicielles) sur le modèle xlnet-base-cased en lui posant la question « Es-tu du logiciel libre ? » :

% python run_generation.py --model_type=xlnet --model_name_or_path=xlnet-base-cased
...
Model prompt >>> Are you free software?
This is a friendly reminder - the current text generation call will exceed the model's predefined maximum length (-1). Depending on the model, you may observe exceptions, performance degradation, or nothing at all.
=== GENERATED SEQUENCE 1 ===
Are you free software? Are you a professional? Are you a Master of Technical Knowledge? Are you a Professional?

Ce modèle, comme vous le voyez, est bien moins performant que celui qui est derrière le service ChatGPT ; je l’ai choisi parce qu’il peut tourner sur un ordinateur ordinaire.

Vous voulez voir du code source en langage Python ? Voici un exemple d’un programme qui fait à peu près la même chose :

from transformers import pipeline

generator = pipeline("text-generation", model="DunnBC22/xlnet-base-cased-finetuned-WikiNeural-PoS") 
print(generator("Are you free software?"))

Le modèle utilisé est un raffinement du précédent, DunnBC22/xlnet-base-cased-finetuned-WikiNeural-PoS. Il produit lui aussi du contenu de qualité contestable([{‘generated_text’: « Are you free software? What ever you may have played online over your days? Are you playing these games? Any these these hours where you aren’t wearing any heavy clothing?) mais, bon, c’est un simple exemple, pas un usage intelligent de ces modèles.

 

Un chat gris pensif dans une librairie, assis sur un bac empli de livres

Les LLM n’ont pas de corps (comme Scarlett Johansson dans le film « Her ») et ne sont donc pas faciles à illustrer. Plutôt qu’une de ces stupides illustrations de robot (les LLM n’ont pas de corps, bon sang !), je mets une image d’un chat certainement intelligent. Drew Coffman, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons

 

Que veut dire « libre » pour un LLM ?

Les définitions classiques du logiciel libre ne s’appliquent pas telles quelles. Des entreprises (et les journalistes paresseux qui relaient leurs communiqués de presse sans vérifier) peuvent dire que leur modèle est « open source » simplement parce qu’on peut le télécharger et l’utiliser. C’est très loin de la liberté. En effet, cette simple autorisation ne permet pas les libertés suivantes :

  • Connaître le jeu de données utilisé pour l’entrainement, ce qui permettrait de connaitre les choix effectués par les auteurs du modèle (quels textes ils ont retenu, quels textes ils ont écarté) et savoir qui a écrit les textes en question (et n’était pas forcément d’accord pour cette utilisation).
  • Connaître les innombrables choix techniques qui ont été faits pour transformer ces textes en un modèle. (Rappelez-vous  : un algorithme, ce sont les décisions de quelqu’un d’autre.)

Sans ces informations, on ne peut pas refaire le modèle différemment (alors que la possibilité de modifier le programme est une des libertés essentielles pour qu’un logiciel soit qualifié de libre). Certes, on peut affiner le modèle (« fine-tuning a pre-trained model », diront les documentations) mais cela ne modifie pas le modèle lui-même, certains choix sont irréversibles (par exemple des choix de censure). Vous pouvez créer un nouveau modèle à partir du modèle initial (si la licence prétendument « open source » le permet) mais c’est tout.

Un exemple de libre-washing

Le 18 juillet 2023, l’entreprise Meta a annoncé la disponibilité de la version 2 de son modèle Llama, et le fait qu’il soit « open source ». Meta avait même convaincu un certain nombre de personnalités de signer un appel de soutien, une initiative rare dans le capitalisme. Imagine-t-on Microsoft faire signer un appel de soutien et de félicitations pour une nouvelle version de Windows ? En réalité, la licence est très restrictive, même le simple usage du modèle est limité. Par exemple, on ne peut pas utiliser Llama pour améliorer un autre modèle (concurrent). La démonstration la plus simple de la non-liberté est que, pour utiliser le modèle Llama sur Hugging Face, vous devez soumettre une candidature, que Meta accepte ou pas (« Cannot access gated repo for url https://huggingface.co/meta-llama/Llama-2-7b/resolve/main/config.json. Access to model meta-llama/Llama-2-7b is restricted and you are not in the authorized list. Visit https://huggingface.co/meta-llama/Llama-2-7b to ask for access. »)

Mais la communication dans l’industrie du numérique est telle que très peu de gens ont vérifié. Beaucoup de commentateurs et de gourous ont simplement relayé la propagande de Meta. Les auteurs de la définition originale d’« open source » ont expliqué clairement que Llama n’avait rien d’« open source », même en étant très laxiste sur l’utilisation du terme. Ceci dit, il y a une certaine ironie derrière le fait que les mêmes personnes, celles de cette Open Source Initiative, critiquent Meta alors même qu’elles avaient inventé le terme « open source » pour brouiller les pistes et relativiser l’importance de la liberté.

Au contraire, un modèle comme Falcon coche toutes les cases et peut très probablement être qualifié de libre.

La taille compte

Si une organisation qui crée un LLM publie le jeu de données utilisé, tous les réglages utilisés pendant l’entrainement, et permet ensuite son utilisation, sa modification et sa redistribution, est-ce que le modèle peut être qualifié de libre ? Oui, certainement, mais on peut ajouter une restriction, le problème pratique. En effet, un modèle significatif (disons, permettant des résultats qui ne sont pas ridicules par rapport à ceux de ChatGPT) nécessite une quantité colossale de données et des machines énormes pour l’entrainement. L’exécution du modèle par le moteur peut être plus économe. Encore qu’elle soit hors de portée, par exemple, de l’ordiphone classique. Si une application « utilisant l’IA » tourne soi-disant sur votre ordiphone, c’est simplement parce que le gros du travail est fait par un ordinateur distant, à qui l’application envoie vos données (ce qui pose divers problèmes liés à la vie privée, mais c’est une autre histoire). Même si l’ordiphone avait les capacités nécessaires, faire tourner un modèle non trivial épuiserait vite sa batterie. Certains fabricants promettent des LLM tournant sur l’ordiphone lui-même (« on-device ») mais c’est loin d’être réalisé.

Mais l’entraînement d’un modèle non trivial est bien pire. Non seulement il faut télécharger des téra-octets sur son disque dur, et les stocker, mais il faut des dizaines d’ordinateurs rapides équipés de GPU (puces graphiques) pour créer le modèle. Le modèle Llama aurait nécessité des milliers de machines et Bloom une bonne partie d’un super-calculateur. Cette histoire de taille ne remet pas en question le caractère libre du modèle, mais cela limite quand même cette liberté en pratique. Un peu comme si on vous disait « vous êtes libre de passer votre week-end sur la Lune, d’ailleurs voici les plans de la fusée ». Le monde du logiciel libre n’a pas encore beaucoup réfléchi à ce genre de problèmes. (Qui ne touche pas que l’IA : ainsi, un logiciel très complexe, comme un navigateur Web, peut être libre, sans que pour autant les modifications soit une entreprise raisonnable.) En pratique, pour l’instant, il y a donc peu de gens qui ré-entrainent le modèle, faisant au contraire une confiance aveugle à ce qu’ils ont téléchargé (voire utilisé à distance).

Conclusion

Pour l’instant, la question de savoir ce que signifie la liberté pour un modèle de langage reste donc ouverte. L’Open Source Initiative a lancé un projet pour arriver à une définition. Je ne connais pas d’effort analogue du côté de la FSF mais plus tard, peut-être ?