Conte cruel de la jeunesse ou le copyright expliqué par une fille

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Winter Wonderland est un peu aux USA l’équivalent de notre Petit Papa Noël de Tino Rossi, un standard de la chanson populaire qui s’en revient à chaque fois que tombent les premières neiges, et ce depuis 1934, date de sa création par Felix Bernard et Richard B. Smith.

Comme des milliers d’autres teenagers de sa génération, qui aiment la musique, en jouent et s’amusent à échanger leurs expériences sur YouTube, Juliet Waybret, 15 ans, avait téléchargé une vidéo où elle proposait sa propre interprétation de Winter Wonderland au piano.

Vous ne verrez pas cette vidéo.

Elle a en effet été supprimée par YouTube suite à une plainte des ayant-droits, en l’occurrence Warner Bros.

La distance qui nous sépare de la genèse de l’oeuvre (plus de soixante-dix ans  !) associée à la notion toute américaine du Fair Use, auraient pu laisser croire que cette innocente et inoffensive reprise demeurât en ligne. Mais non, c’était sans compter sur l’implacable logique juridique et financière des Majors.

Du coup c’est une Juliet Waybret plus que désappointée qui nous relate rapidement sa mésaventure dans une autre vidéo YouTube[1] sous-titrée ci-dessous par nos soins.

Quelles leçons, elle et ses visiteurs, vont-ils en tirer  ? Que peuvent-ils bien penser de ces adultes incapables de faire la distinction entre un remix créatif et une atteinte aux droits d’auteur  ? L’incompréhension est grande et la rupture n’est pas loin[2].

Une anecdote à valeur de symbole que nous ferions bien de méditer au moment même où la loi «  Création et Internet  » est en passe d’être adoptée en France…

—> La vidéo au format webm

Notes

[1] Voici le lien vers la vidéo pointée par Juliet Waybret dans sa propre vidéo.

[2] Sur cette «  affaire  », on pourra également lire Contenus effacés sur YouTube, l’EFF prépare une riposte juridique sur ReadWriteWeb France.

7 Responses

  1. fbianco

    Merci pour cette vidéo. Il faudrait la montrer aux politiciens de 60 ballets qui n’y comprennent rien à Internet et qui veulent protéger l’innovation et la créativité…

  2. Elessar

    À diffuser à tout prix. C’est un exemple magnifique pour expliquer au public que les majors ne méritent que notre mépris.

  3. Qwerty

    Drôle d’époque que celle que nous vivons. Je me demande si les futurs historiens ne la qualifieront pas plus tard d’époque dégénérée qui se sera perdue dans le profit et l’argent.

  4. Manu

    On en parle ici parce qu’il s’agit du net, mais pour moi ça va plus loin. Comme les brevets ont été créé pour soutenir la création en science appliquée, le droit d’auteur est à l’origine censé défendre l’évolution de la culture…. les objectifs sont loin d’être atteinds.
    Rappelons nous au moins de tout ces auteur qui s’inspirèrent de récit créer par d’autre et dont l’oeuvre est aujourd’hui universelle comme par exemple un certain William Shakespeare. Si il avait vécu à notre époque, il aurait probablement été poursuivis et ces oeuvres retirée de toute publication.
    Merci à ceux qui savent mieux que nous ce qui est bon pour notre avenir.

  5. Nico

    @ Qwerty :
    Je ne vois que deux possibilités :
    1° On va dans la mouvance des majors et alors, malheureusement, la réponse à ta question par rapport aux historiens sera non.
    2° On évolue, dans ce cas ce sera bien évidemment oui, on le sait déjà maintenant.

  6. zebracolor

    Malheureusement dans cet univers, ces politiciens ne comprendrais même pas cela.
    Il faudrait leur traduire…
    et je pense qu’ils parleraient de "dommage collatéral"

    Mais oui, bientôt on ne pourra plus écrire "windows", à cause du copyright de billou

  7. Fallout_Shelter

    Encore une victime de la guerre Google – WMG (Warner Music Group).

    WMG refusant de toucher la même part des revenus publicitaires en indemnités que les autres ayant droits, a menacé Google d’ordonner la suppression de toutes les vidéos comportant un morceaux appartenant à WMG ("joyeux anniversaire" compris).

    Google a obéit, car ils préfèrent sacrifier leurs utilisateurs, que de prendre des risques (idem pour la Chine, qui menace Google avec son Baidu).

    Une solution pour les victimes collatérales de cette guerre ? seulement pour les utilisateurs US, le "fair use" qui donne le droit d’utiliser du contenu copyrighté sans payer une licence, dans certains cas précis (artistique, privé, etc).

    Ainsi on peut récupérer la bande audio et/ou la vidéo (on a environ 1 mois je crois), des tas de vidéos ont fleuris expliquant la démarche (assez simple), comme celle-ci :
    => youtube.com/watch?gl=FR&hl=fr&v=0mDJ2zjET7A

    Evidemment, l’ajout d’un détecteur automatique de contenus copyrightés (audio comme vidéo), d’un outil de "signalement" ouvert à tous, et la possibilité de supprimer l’audio et/ou la vidéo d’une vidéo a grandement aidé cette chasse à la vidéo "pirate", mais il faut savoir que ce n’est pas que Google (qui a acheté Youtube depuis un bout de temps) qui est responsable dans cette affaire.

    C’est une guerre entre les vieux majors et les nouveaux acteurs du web, et malheureusement les artistes sont en majorité absents de cette guerre, ils n’auront que les miettes. Et on criera : "c’est la faute au piratage !"
    Et les journaux, politiques et gens croiront – encore une fois – à ce mensonge.