Que répondriez-vous à PropriCorp, éditeur du logiciel éducatif PropriSoft ?

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Temps de lecture 4 min

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Jeremybarwick - CC byLe Framablog vous invite à participer à un petit débat autour des arguments d’une société de logiciels propriétaires spécialisée en éducation. En admettant bien entendu que la problématique soit correctement exposée…

C’est bientôt la fin de l’année pour nos charmantes têtes blondes. C’est également la période où les établissements scolaires préparent et budgétisent la rentrée suivante.

Les éditeurs ne l’ignorent pas et nous abreuvent (nous les profs) de courriers publicitaires vantant les mérites de leurs produits.

C’est l’un de ces courriers qu’a récemment reçu l’un de nos fidèles lecteurs (et néanmoins collègue). Nous vous en proposons un extrait ci-dessous, non pas pour dénoncer de tels agissements mais parce que nous estimons qu’il y a là matière à discussion.

Bien que professionnel et non sollicité, il s’agissait d’un mail privé. C’est pourquoi nous avons délibérément choisi de changer les noms de la société (appelons-là «  PropriCorp  ») et de son logiciel («  PropriSoft  »), ainsi que du logiciel libre «  concurrent  » dont il est fait mention («  LibroSoft  »).

Je précise que je connais un peu le logiciel «  PropriSoft  » en question, qui est effectivement d’une grande qualité. Mais je connais encore mieux le logiciel «  LibroSoft  », qui n’a pas grand chose à lui envier (et qui figure d’ailleurs dans notre annuaire de logiciels libres Framasoft). Pour information ce logiciel libre a été créé et est maintenu principalement à l’étranger, ceci expliquant aussi un peu cela[1].

Mais il est temps de vous faire lire le passage où la société «  PropriCorp  » fait réponse à sa propre question.

Pourquoi PropriSoft n’est-il pas gratuit  ? A quoi sert l’argent des licences PropriSoft  ?

PropriCorp maintient (…) une douzaine d’emplois très qualifiés. La totalité des revenus issus des ventes de licences des logiciels PropriSoft sert à financer les salaires, charges et toutes les dépenses d’investissement dans de nouveaux logiciels pédagogiques.

Le Fondateur (…) commente  :

«  Il y a un contrat moral fort entre PropriCorp et la communauté enseignante qui est souvent très consciente des limites des logiciels gratuits, dont certains comme LibroSoft ont copié PropriSoft. Fondamentalement, ils n’innovent pas et ne créent pas d’emplois, ni en France ni ailleurs, et vivent de subventions publiques.

En optant pour les logiciels PropriSoft et en soutenant une petite entreprise française comme PropriCorp, les enseignants savent qu’ils soutiennent l’innovation et les outils pédagogiques sur le long terme, et cela dans l’intérêt de la qualité du système éducatif.

Rapporté à la durée d’utilisation, le coût d’une licence PropriSoft est inférieur à 0.09 euros par élève et par an, ce qui est souvent marginal au regard des investissements des collectivités en équipement TICE pour les établissements scolaires.

Malgré le contexte économique actuel difficile et la tentation de quelques-uns de privilégier les outils gratuits, nous comptons sur ce contrat moral avec les enseignants prescripteurs pour poursuivre les projets engagés, créer de nouveaux emplois qualifiés en 2009 et 2010, et apporter de nouveaux logiciels PropriSoft. Ces outils innovants devraient concrètement faciliter le quotidien des enseignants et des élèves, au niveau primaire, collège et lycée.

En 2009 plus que jamais, nous leur disons merci et leur souhaitons un bon enseignement avec PropriSoft  !  »

Si votre établissement ne dispose pas encore de licences PropriSoft, vous trouverez ci-joint une offre promotionnelle pour bien préparer la rentrée.

Voilà. D’un côté les limites, le copiage, le manque d’innovation, les subventions publiques… Et de l’autre côté la qualité, le soutien à l’investissement, à la création d’emplois et à la PME nationale, sur fond de «  contrat moral  » avec les enseignants. Il y aurait bien quelque chose à dire, non  ?

À commencer peut-être par se demander pourquoi ne parle-t-on que de logiciels gratuits alors que le concurrent cité, «  LibroSoft  », est bel et bien un logiciel libre. N’est-ce pas alors omettre l’essentiel et se priver d’évoquer les modèles économiques naissants autour de ce type si particulier de logiciels, a fortiori quand on se situe dans le secteur si particulier de l’éducation  ?

Notes

[1] Crédit photo  : Jeremybarwick (Creative Commons By)

27 Responses

  1. Free Pierrick

    Carrément qu’il y aurait quelque chose à dire !

    Le passage est parfait exemple de manipulation par omission. Tous les arguments valent (et encore ça s’discute) si il n’y avait que les deux mondes représentés par le logiciel payant et le logiciel gratuit.

    Le problème pour l’éditeur en question, c’est qu’il y a une troisième voie en la personne du logiciel libre, dont on sait très bien qu’il est en parfaite symbiose avec les valeurs et les objectifs d’une éducation digne de ce nom.

    Quant à la question de l’argent et des emplois, les bahuts qui payent le logiciel proprio n’ont que se débrouiller pour payer aussi le logiciel libre via par exemple un chapitre français de son équipe de développement. On pourrait croire que cela revient au même sauf qu’on n’est plus alors captif de l’éditeur, de ses formats de fichiers, du choix de son OS, de sa politique non concertée de mises à jour, etc. tout en pouvant donner le logiciel libre aux élèves.

    Mais de tout cela vous ne saurez rien chers professeurs et l’on comprend bien pourquoi !

  2. Thierry P

    C’est marrant, j’ai parfois eu l’impression à la lecture de l’extrait d’être en face de ceux qui défendaient l’Hadopi.

    Doit être le miroir déformant de l’actualité. Vais me coucher tiens, ça vaudra mieux 🙂

  3. Phantom

    Déjà, tant qu’à «dénoncer», j’aurai laissé les vrais noms, personne n’étant dupe, çà ne changerait pas grand chose et ne surprendrait personne.
    Ensuite, cette réaction étonne qui de leur part?
    Personne je pense, désinformation quand tu nous tiens!
    Hallucinant et inadmissible, plus que quelchose à dire, il y a carrément quelquechose à faire (et promouvoir des distributions comme EdUbuntu notamment).

  4. UrsuleDePanne

    C’est bien écrit comme mail. Un prof non sensibilisé aux logiciels libres s’y laisse prendre à mon avis.

    Et puis, faisons-nous un peu l’avocat du diable, imaginez que la boite développe un excellent logiciel éducatif proprio qui se fait sa place sur le marché, jusqu’à permettre de salarier plein de gens. Là dessus déboule de l’étranger un clone libre qui commence à faire de plus en plus d’adeptes (c’est libre ok, mais c’est aussi "gratuit").

    Ils se sentent menacés. Vous ne l’auriez pas mauvaise à leur place ?

  5. sebastienb

    Pour le librosoft, je paries sur géogebra !

  6. Win-Win

    Perso j’étudierais les conditions de "libération" du logiciel Proprisoft en essayant de ne léser personne. Par exemple je réduirais le budget de chaque lycée de 0,09 euros par élève en donnnant la différence à Propricorp pour un contrat genre sur 5 ans.

  7. flajazz

    J’ai reçu ce courrier dans mon établissement.

    Je l’ai montré à mes collègues. A la lecture du paragraphe que vous reproduisez, on est tout de suite tombé d’accord pour ne plus acheter leurs produits. Ce bien que leur offre comporte des choses qui n’ont pas d’équivalent libre.

    Ce paragraphe m’a fait bondir, il y a de l’aigreur, de la mauvaise foi. On y trouve la sainte libre entreprise face aux méchants qui ne sont qu’une pâle copie qui serait subventionnée par des fonds publique.

    Cela pose aussi le problème du développement des logiciels éducatifs.
    Le dernier logiciel commandé par l’educ. nat. en math est un logiciel de géométrie en 3d. Le cahier des charges a été produit sur des fonds publics et le développement fait pas une société privée. Résultat, le logiciel est propriétaire avec abonnement annuel…
    L’état propose donc une rente annuelle à certaines entreprises, sous couvert d’innovation pédagogique. Quand on voit la qualité du projet mathenpoche, on peut se dire que ce logiciel de 3d aurait pu être chapeauté par l’état pour être libre sous le même argument d’innovation pédagogique.

  8. François Elie

    Il est très intelligent de chercher à répondre à cet argumentaire. Je ne crois pas que la réponse "c’est inadmissible". S’il existe encore des logiciels propriétaires… (vous le savez je suis de ceux qui ne croient pas que le libre doivent rester à la niche et jouer les victimes), c’est bien de notre faute, parce que nous sommes incapables de montrer clairement que l’économie du logiciel libre est préférable. "S’il y a des riches, c’est bien de notre faute", s’exclamait l’anarchiste Stirner, pour faire réfléchir.

    > Pourquoi PropriSoft n’est-il pas gratuit ? A quoi sert l’argent des licences PropriSoft ?

    La question est intéressante, il faudrait se demander parfois: pourquoi tel logiciel libre est gratuit? A-t-il été payé ? Patrice Bertrand, de Smile, à la réponse d’un journaliste sur la gratuité répond de manière très précise: libre n’est pas gratuit, mais vu la licence, quelqu’un qui l’a payé peut donner le logiciel. Vous l’avez compris, on ne peut espérer faire payer qu’une fois un logiciel libre, ou alors trouver des moyens d’empêcher le client de donner ce qu’il a payé.

    Il est à remarquer que le logiciel PropriSoft pose un problème particulier aux tenants du logiciel libre que nous sommes. Très peu de service est généré dessus. Il s’agit en plus d’un logiciel métier. Il est très difficile de produire un logiciel libre qui couvre le même champ fonctionnel.

    > PropriCorp maintient (…) une douzaine d’emplois très qualifiés.
    > La totalité des revenus issus des ventes de licences des logiciels
    > PropriSoft sert à financer les salaires, charges
    > et toutes les dépenses d’investissement dans de nouveaux
    > logiciels pédagogiques.

    Si c’était vrai… ce serait une piste pour le logiciel libre. Imaginez que PropriCorp change de nom, et s’appelle désormais CorpoFree, et qu’elle libère son logiciel tout en gardant la haute main sur la roadmap. Il se trouverait quelques concurents pour essayer de vendre le produit. Il se trouverait des enseignants pour l’installer dans leur établissement. Mais CorpoFree pourrait proposer aux établissements non pas une licence propriétaire, mais un "contrat de maintenance", ou de "TMA". Et pourrait très bien écrire:

    Pourquoi FreeExProprioSoft n’est-il pas gratuit ? A quoi sert l’argent des contrats de maintenance.

    "FreeExProprioSoft est gratuit si vous voulez l’installer par vous-même. Mais sachez que CorpoFree maintient (…) une douzaine d’emplois très qualifiés, la totalité des revenus issus des contrats de maintenance sur ses logiciels libres sert à financer les salaires, charges et toutes les dépenses d’investissement dans de nouveaux logiciels libres."

    La question qui est posée aux utilisateurs/établissements est: vous prenez un contrat de maintenance? …Vous dites bien tout le temps "libre ne veut pas dire gratuit" ?

    > Le Fondateur (…) commente :

    > « Il y a un contrat moral fort entre PropriCorp et la communauté
    > enseignante qui est souvent très consciente des
    > limites des logiciels gratuits, dont certains
    > comme LibroSoft ont copié PropriSoft.
    > Fondamentalement, ils n’innovent pas et ne créent pas
    > d’emplois, ni en France ni ailleurs,
    > et vivent de subventions publiques.

    Ne nous voilons pas la face: c’est aussi le rêve des développeurs et des animateurs de communautés de logiciels libres pour l’éducation de "valoriser" le contrat moral fort entre leur communauté et la communauté enseignante. Ce contrat moral est-il assez fort pour induire les financements suffisants? Les bahuts doivent payer? Sans doute… mais comment?

    Le logiciel libre crée des emplois de services, mais les entreprises de services redéposent peu de code en proportion de ce qu’elles produisent. C’est d’ailleurs tout le problème sur lequel je m’emploie à réfléchir: comment faire une économie du logiciel libre et non une économie de coucous sur le logiciel libre.

    Je ne veux pas développer sur l’innovation. Je crois qu’il existe deux innovations: l’une ne produit que de la séduction. Je crois que le logiciel libre et le logiciel propriétaire ne jouent pas dans la même catégorie en matière d’innovation. Les comparer est absurde: on ne parle pas de la même chose.

    > En optant pour les logiciels PropriSoft et en
    > soutenant une petite entreprise française comme
    > PropriCorp, les enseignants savent qu’ils
    > soutiennent l’innovation et les outils pédagogiques
    > sur le long terme, et cela dans l’intérêt de la
    > qualité du système éducatif.

    Soutenir l’innovation et les outils pédagogiques sur le long terme. Voilà une bonne idée. Comment faire autrement? J’ai écrit il y a quelques mois à beaucoup de ministères, à toutes les régions et à tous les départements français. Pour leur faire part du projet de l’Etat de Genève, déjà bien avancé, d’un laboratoire de langue libre. Il aurait suffit que chacun mette un peu pour que tous les établissements scolaires disposent d’un logiciel de laboratoire de langue libre. Du service aurait pu être généré à grande échelle, qui aurait profité aussi à tout ceux qui font actuellement du propriétaire avec des petits parcs. Que croyez-vous que dirent les réponses? De l’enthousiasme il n’y en eut pas! Nous aurons donc les logiciels que nous méritons… et nous semblons ne mériter que du propriétaire.

    > Rapporté à la durée d’utilisation, le coût d’une licence PropriSoft
    > est inférieur à 0.09 euros par élève et par an, ce qui est
    > souvent marginal au regard des investissements des
    > collectivités en équipement TICE pour les établissements scolaires.

    Le calcul est intéressant, c’est ce genre de calcul que j’ai présenté aux financeurs en
    comparant ce qu’il paient pour les établissements et ce que leur coûterait un développement permettant d’équiper tous les établissements. Le bénéfice est énorme. Mais cela ne semble intéresser personne. Qui compte ?

    > Malgré le contexte économique actuel difficile et
    > la tentation de quelques-uns de privilégier les outils gratuits,
    > nous comptons sur ce contrat moral avec les
    > enseignants prescripteurs pour poursuivre les projets engagés,
    > créer de nouveaux emplois qualifiés en 2009 et 2010,
    > et apporter de nouveaux logiciels PropriSoft.
    > Ces outils innovants devraient concrètement
    > faciliter le quotidien des enseignants et des
    > élèves, au niveau primaire, collège et lycée.

    Les outils gratuits vont rencontrer leurs limites. Dans le domaine métiers, les développeurs s’épuisent, se désespèrent. Les utilisateurs leur disent: "c’est formidable ce que vous faites", mais personne ne paie un rotin. Le contrat n’est *que* moral! Comment transformer l’attachement que nous avons pour les développeurs de logiciels libres en un circuit de financement qui leur permette d’en vivre? Voilà la question. On ne devrait pas se moquer des arguments de ProprioCorp, ce sont ceux-là même que rêvent d’utiliser les tenants du libre: c’est du libre mais nous avons un contrat moral avec la communauté enseignante. Les enseignants ne nous feront pas le coup d’installer sans payer un contrat de maintenance. Ils savent que qu’ils nous doivent, moralement!

    > En 2009 plus que jamais, nous leur disons merci
    > et leur souhaitons un bon enseignement avec PropriSoft ! »

    Nous le savons tous, les valeurs de notre enseignement ne sont pas solubles dans le propriétaire. Mais alors, pourquoi ne faisons-nous rien? Faire quelque chose ce n’est pas encourager les établissements ou les collectivité à choisir du gratuit. C’est trouver des arguments pour proposer de payer autrement, et de payer ensemble. C’est ce que je m’emploie à faire depuis des années.

    > Si votre établissement ne dispose pas encore de licences
    > PropriSoft, vous trouverez ci-joint une offre
    > promotionnelle pour bien préparer la rentrée.

    Si vous n’avez pas encore essayé des logiciels libres, sachez que vous pouvez les utiliser gratuitement.

    Toutefois, nous vous proposons une adhésion, un contrat moral, afin de financer les développements au fur et à mesure de vos demandes…

    Pour conclure, et au risque de m’attirer des foudres, je trouve que les questions de ProprioCorp sont les bonnes… ce sont nos réponses qui posent problème!

    Il faut *acheter* autrement. Acheter ensemble, et à grande échelle.

  9. bernard.javelle

    je trouve interressante cette mauvaise foi qui consiste à retourner l’argumentaire du libre. En tant que professionnel je puis vous dire que le libre crée + de d’emploi en dévelloppement que le proprietaire, que les dévellopeur dans le libre sont plus payés que dans le proprietaire et que la plus grosse partie des revenus des sociétés du libre vient de leurs clients les entreprises. En tant que contribuable je suis choqué à une période de manque de moyens dans l’éducation, que l’on dépense toujours plus pour des logiciels propriétaires qui oblige a renouveller fréquament les machines. alors que des solutions client léger à partir de vielle machines existent et sont tout aussi rapides, et plus simple a maintenir, et plus écologique car la machine est utilisée tant quelle fonctionne.
    bernard javelle

  10. idoric

    Pour ne pas être influencé j’ai écrit ma réponse avant de lire les autres commentaires, je pense que je ne fais doublon que deux fois :

    1) Les termes du débat sont biaisés : nous ne sommes pas dans un débat logiciel payant vs. gratuit, mais propriétaire vs. libre. Un logiciel propriétaire peut être momentanément gratuit (éventuellement pour une classe particulière de la population…) pour tuer la concurrence, un logiciel libre peut être payant (voir mon point 5).

    2) PropriCorp dit « Il y a un contrat moral fort entre PropriCorp et la communauté enseignante » : où peut-on lire ce contrat ? Est-il opposable devant une cours de justice ? Les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

    3) PropriCorp dit « Fondamentalement, ils n’innovent pas et ne créent pas d’emplois, ni en France ni ailleurs, et vivent de subventions publiques » : triplement faux, il y a de l’innovation, il y a de l’emploi, il y a de l’argent privé. Pour le premier point, il y a eu de bons articles d’exemples sur le sujet, faudrait en retrouver un.

    4) PropriCorp nous invite à soutenir « les outils pédagogiques sur le long terme ». mais la pérennité est bel et bien du côté du logiciel libre. Quid si demain une nouvelle version change radicalement de format de fichiers, incompatibles avec les anciennes versions ? Quid si la boîte met la clé sous la porte ? Quid si elle refuse de corriger un bug ou d’ajouter une fonctionnalité ? Le « contrat moral » ? Ou plus sûrement une licence de logiciel libre ?

    5) PropriCorp dit « Rapporté à la durée d’utilisation, le coût d’une licence PropriSoft est inférieur à 0.09 euros par élève et par an ». Combien a coûté le développement ? Quel est la différence avec l’argent récolté ? Comme le dit l’adage « un logiciel libre est gratuit une fois qu’il a été payé ». Ainsi, le coût est collectivement moindre, d’autant plus important que c’est de l’argent publique. 

    6) Je reprends le premier paragraphe : « la totalité des revenus issus des ventes de licences des logiciels PropriSoft sert à financer les salaires, charges et toutes les dépenses d’investissement dans de nouveaux logiciels pédagogiques ». Autrement dit, on paye plus cher que nécessaire pour permettre de nouveaux développements… qui nous seront ensuite vendus ! Dans le cas du logiciel libre, on ne paye qu’une fois pour ces nouveaux développements, et en plus on choisit quels vont être ces nouveaux développements 🙂

    7) « nous comptons sur ce contrat moral avec les enseignants prescripteurs pour poursuivre les projets engagés ». Je me demande ce qu’ils y gagnent, des « petits cadeaux » ?

    8) À tout cela je vais rajouter deux questions :
    — les élèves peuvent-ils ramener le logiciel chez eux ?
    — pourront-ils le conserver quand ils ne seront plus étudiants ?

  11. Valentin Villenave

    Il est quand même significatif (sinon choquant) de voir que le propos sous-jacent consiste ici à opposer les gentils-travailleurs-honnêtes-français qui gagnent durement leur pain aux méchants-copieurs-étrangers qui vivent aux crochets des subventions gouvernementales… Ça ne vous rappelle rien ?

    À titre de comparaison, la bafouille de François Bancilhon lorsque l’Assemblée Nationale avait préféré Ubuntu à Mandriva :
    http://www.framasoft.net/article440
    Ce texte fait lui aussi appel à une dichotomie France/non-France (mais on est dans un courrier adressé au gouvernement français, donc c’est plus légitime), en évoquant également son intégration dans l’UE, ses partenaires, etc. Il me semble de bonne foi, et je n’y perçois pas du tout les mêmes sous-entendus que dans la lettre ci-dessus.

    À quel type d’enseignants cette société espère-t-elle donc s’adresser en misant tout sur un réflexe de rejet/repli ? Si c’est ça leur "contrat moral", leur idée de l’"innovation", et leur modèle éducatif, j’espère que ça en encouragera plus d’un à migrer.

  12. idoric

    Je voudrais revenir sur les propos de François Elie (qui nous a offert une intéressante réflexion sur Intelli’n TV sous licence CC-by-sa) parce qu’il soulève (au moins) deux points intéressants :

    1) Je pense que ma critique désabusée du contrat moral de PropriCorp n’est pas en contradiction avec une recherche de ce même contrat par les communautés du libre, car dans le second cas il y a le droit inaliénable au fork, qui a un coût (pas uniquement pécunier) pour les deux parties : il y a une incitation forte à écouter, il y a une incitation forte à se faire entendre (du reste de la communauté).

    Si PropriCorp parle de contrat moral, ce n’est pas innocent : il aurait beau offrir des contrats de développements spécifiques, à la fin il resterait seul propriétaire du logiciel, et donc il doit chercher à convaincre que sa bonne volonté sera éternelle. À l’inverse, dans le cas du logiciel libre, même si des contrats de développements ponctuels (plutôt que des « contrats de maintenance », expression qui me paraît trompeuse dans le cas qui nous intéresse) peuvent être signés, il est à noter que ça pourrait aussi marcher avec de simples dons, car comme expliqué plus haut il y a une très forte incitation à respecter les espoirs portés par cet argent.

    2) Je suis d’accord sur le fait qu’« Il faut “acheter” autrement, acheter ensemble, et à grande échelle », je le suis moins sur le fait que « c’est bien de notre faute, parce que nous sommes incapables de montrer clairement que l’économie du logiciel libre est préférable », mais peut-être que l’erreur, si erreur il y a, est de s’être concentré uniquement sur les décideurs : jamais le public n’est clairement informé de ces gâchis monumentaux.

    J’avais à une époque calculer grossièrement l’argent publique versé à un seul éditeur d’un logiciel de gestion des notes. Il y avait évidemment bien mieux à faire que de se limiter à ce logiciel, mais je n’avais pas été au-delà devant l’ampleur de la tâche de collecte des informations (ne serait-ce que les informations utiles sur le parc informatique de l’Éducation Nationale).

    Il n’en reste pas moins que c’est une question qui me motive dans la mesure où je suis directement concerné. J’en profite donc pour lancer un appel : si jamais il y a ne serait-ce que deux personnes réellement prêtes à se lancer, on (je ;)) pourrait mettre un wiki en place et démarrer le travail de suite.

  13. fero14041

    Deux petites remarques, qui ne sont que MHA et écrites avant lecture des précédents commentaire, mais rejoignent entre autres celles d’idoric (http://www.framablog.org/index.php/… et http://www.framablog.org/index.php/…):

    A propos d’un contrat moral entre un fournisseur de logiciel et ses utilisateurs
    ("Il y a un contrat moral fort entre [PropriCorp] et la communauté [utilisatrice] (…)"):
    Qu’il soit libre ou propriétaire, gratuit ou payant, un tel contrat existe à mes yeux indépendamment de ces propriétés. Et j’irai même à penser qu’il est plus fort et/ou plus explicite dans le cas du logiciel libre. Mais même dans ce cas, ce n’est pas une raison pour imposer verbalement un tel contrat, il doit être "librement" accepté par les parties contractantes, et les utilisateurs non encore convertis n’ont pas à être forcés, par l’argumentation, de s’y plier. Respecter les différences (entre logiciels concurrents) fait partie du jeu d’une "libre" concurrence, tout comme respecter les différences (entre individus, cultures, savoirs, etc.) fait partie du jeu d’une "libre" éducation.

    L’éducation et ses outils, comme la recherche, et plus généralement tout bien de la société,
    ne devrait pas avoir à être payée, faisant partie du bien commun. Des outils libres devraient AMHA toujours être privilégiés, dont être financés, pour de tels enjeux. Et notamment "pour l’avenir", nous n’avons à engager les individus qui nous suivront le moins possible par nos choix présents; or plus un logiciel sera utilisé longtemps, plus les utilisateurs suivants auront de difficultés (contraintes historiques) à, seront libres d’en changer (cf. ceux de Microsoft).

  14. Il Palazzo-sama

    De la différence subtile entre chercher à convaincre et chercher à manipuler.
    (niveau argumentation, on tombe jusqu’au ad hominem : http://yourargumentisinvalid.com/wp… )

    « Que répondriez-vous à PropriCorp, éditeur du logiciel éducatif PropriSoft ? »
    Rien. On a les réponses qu’on mérite.

  15. JosephK

    Moi, je crois savoir qui se cache derrière GeoGebra’s fan 😉

  16. H.Valentza

    C’est bien écrit, dans le sens où c’est assez malin. Tant que l’on maintient les gens dans l’ignorance de l’alternative libre, et vous pouvez compter sur les politiques et les grands médias pour cela (à quelques rares exceptions près), alors ça passe tout à fait et on a envie de les soutenir et d’adhérer à leur contrat moral.

    Mais introduisez le logiciel libre dans le discours et le château de cartes s’écroule dans la minute.

  17. ft

    Voir un fil sur le forum français de Geogebra :

    http://www.geogebra.org/forum/viewt

    Je précise, étant donné que je suis impliqué dans la diffusion de l’info…, que ce n’est pas un mail privé, mais une publicité adressée aux coordinateurs de mathématiques des établissements. On peut donc tout à fait éventer le nom de la biquette.

  18. aKa

    Soit, alors dévoilons le secret de Polichinelle : PropriCorp = Cabrilog et PropriSoft = Cabri, logiciel éducatif de géométrie dynamique. Et bien entendu LibroSoft = GeoGebra.
    – Cabrilog : http://www.cabri.com/fr/
    – GeoGebra : http://www.geogebra.org/cms/index.p

    Si j’ai choisi de jouer l’anonymat, c’est d’abord par mesure de précaution quant à la source du document, mais c’est également parce que je voulais généraliser et bien plus faire un billet sur "l’argumentaire du propriétaire" que sur cette société et son logiciel en particulier.

    Maintenant que ceci est posé, si la "rivalité" Cabri / GeoGebra vous intéresse, je vous suggère ce document de comparaison réalisé par une équipe de maths de l’université UQAM de Montréal :
    http://www.math.uqam.ca/_boileau/Ex

    Bilan du match : Cabri 9 points – GeoGebra 30 points ! (and Malta twelve points). Autrement dit Cabri battu à plate couture ou plutôt GeoGebra gagnant haut la main 😉

    Il y a aussi une question que je me pose quant à la génèse de Cabri dont tout porte à croire qu’il a été financé au départ sur fonds publics (et oui, lui aussi) :
    http://www-cabri.imag.fr/cabri2/his

  19. ft

    C’est ce que j’écris sur le fil du forum ggb : c’est un comble d’accuser (en quelque sorte) Geogebra d’être un logiciel issu des fonds publics quand on connaît l’origine publique grenobloise de Cabri !
    Ce qui signifie que l’idée *géniale* de départ de Cabri est publique, seul son développement est privé (bien que financé par les achats publics).

    Comme je l’ai aussi écrit, une entreprise pseudo-privée doit d’abord se concentrer sur la qualité et le prix de ses produits avant de dévaloriser ses concurrents. D’autant que, les établissements possédant déjà largement Cabri, le choix de ne pas évoluer dans les versions de la biquette s’est fait car Geogebra est excellent et multi-plateformes (java). Je suis d’autant plus à l’aise avec ça que notre lycée professionnel a acheté récemment Cabri 2+, que nous possédions déjà en versions 1 et 2.

  20. polx

    Permettez que je questionne… combien d’entreprises commerciales ont été nourri par GeoGebra?

    paul

  21. decox

    De Librosoft ou de Proprisoft lequel est le plus ouvert ?
    Ce débat ci-dessus est très intéressant mais il faudrait distinguer le fond de la forme.
    Le libre est un modèle de développement tout à fait respectable et même beaucoup plus que cela. Mais dans la mesure où il est clair que PropriSoft est ici Cabri est Librosoft, Geogebra on peut se poser la question ci-après, "A propos du format de fichier lequel des deux, Cabri ou Geogebra, est le plus dans la philosophie du "libre" ?". On a souvent tendance à considérer que les logiciels propriétaires (je n’aime pas vraiment le mot) utilisent un format "propriétaire" (essentiellement illisible au commun des mortels, par exemple binaire) et que les logiciels ouverts (en particulier libres) utilisent des formats texte (xml est un exemple).
    Ci-dessous on trouvera les fichiers de la même construction (droite d’équation y=x+1) dans Geogebra et dans Cabri :
    Visiblement le fichier droite.ggb est illisible au commun des mortels, et le fichier droite.fig produit en standard par Cabri est tout à fait lisible (et même éditable) – Il est même moins volumineux que celui de Geogebra (442 octets contre 859) :
    droite.ggb (859 octets) :
    PK

  22. decox

    (Suite du précédent)
    Apparemment ce système de blog n’accepte pas certains des caractères spéciaux que contenait le fichier Geogebra. Je les ai donc enlevés, ce qui ne change pas l’aspect général du fichier.
    Voici donc la suite (et fin) de mon message.

    droite.ggb (859 octets) -en fait un peu moins ci-dessous compte tenu des caractères que j’ai dû enlever ce dont je m’excuse- :
    PK_____–oo:geogebra.xml>VMo[euro]0=OoB-Ohmau,/ye"O2**aei()()ol3eVYU$9u’IGJdiP/-_[euro]e'[_/e~_Ed_}#ye_ iFA<}up_Int4i’uOE;o>}"/OEO<=_LOe_lml#|OE_EeI^Nuueo<D<3*CA<>N*u{[euro]_gcI*i-O>_fl*U.Ak*_]Dfl_IntI,Ee\6’ut,q_,dJ’~r++()()Lo2AU%VaoSum`Ohm,Oe ‘o_-_cAE–u*ueO—oi_Ae<>O…nOB=_t*ii_oe(TM)o-a+/-{Y’MOEfl.OE0$"zE’,_obYen"_[>IuaUeifl?_ &]_baxZfi/<=0.Wass__d7*=,IoEe!c>oVV_<<>e/_a/w6_+/_L7~G!0AE*,VIntV0ye"_Ohm(R)
    Oa2nYCjaaag_ue!a"N^I*IC"P!i2>ssgU*_uE|_/%uA=Yenee=S…oF:F_-__2v(TM)D_H_
    gun,z< owS+!’So_(ACBsseE_oOeie>A’*"fl_iILAyent_pi uTP _eObD___+/-Aeh<>*d`Oea$E_sQ*a%i_ss_A^T2MeG]"[%<YCg"_]1-_Yen|!Qp iioHrfiO_So/t~YenAEbD.A4__?O*a___uM8AE’4’&O_OE{B*zOiy'[x_z/Ao7___’_"|4′!___-_oe"Ej…}eUZ^P=Ao()() OB…OAE_"ei9?
    Al_s>=aPI<eYepQ_*()()__ae :fY#c_-/_*DfuE-Oo$\aeNNA’ANd*""_\,2:c`Oe}ss_EeX_ogA^/_<=’#__O’g-‘2QeAeuNaO~+/-fl*,"*_<>P*’O,UC?_]6’Oe-*?FwvPIe-gs’_p,_PK__=N_,–_2_PK______–oo:=N_,–_2_geogebra.xmlPK____:__

    droite.fig (442 octets)
    Figure Cabri II Plus vers. MS-Windows 1.x (1.4.2)

    Window center x: 0.00cm y: 0.87cm Window size x: 24.39cm y: 11.58cm
    Resolution: 38 ppc

    1: Pt, Val: 0 0

    2: Axes, Const: 1, cart, Val: 1 0 0 1

    3: Pt/, Const: 2, axis:x, on mark, Val: -1 0

    4: Pt/, Const: 2, axis:y, on mark, Val: 0 1

    5: Line, Const: 3, 4,

    6: Eq/Co, Const: 5, 2, YEGAX_B, cart, Val: 62 -100 0, nA, nP,
    NbD:2, FD, WU,
    p: 0, Arial, S: 12 C: 40 Fa: 0

    Dans une réflexion parallèle j’ai été surpris en prenant connaissance du document qui permet à certains d’écrire "Bilan du match : Cabri battu à plate couture" (voir deux messages plus haut). Le fait que ce document soit d’origine universitaire ne le rend pas impartial pour autant, mais surtout ll ne dit pas avoir organisé un "match" mais veut répondre à la question "Existe-t-il une alternative gratuite qui offre les mêmes possibilités que Cabri Géomètre II Plus, qui est un logiciel de géométrie dynamique puissant… mais payant". La problèmatique est ici celle du payant versus gratuit, plutôt que du libre versus propriétaire (la confusion est plus que fréquente même si en denier ressort, malheureusement, c’est le caractère de la gratuité qui peut l’emporter chez beaucoup d’utilisateurs). L’auteur dit en fait analyser les choses en détails, pourtant la question du format de fichier ouvert ou non semble lui avoir échappé, l’auteur indique "Cependant, il ne faut pas tirer de conclusion hâtive []" du type "GeoGebra gagn[e] haut la main"). Pour ma part j’ai relevé dans le document canadien pas mal d’erreurs factuelles, aboutissant à dévaloriser Cabri… Enfin Geogebra étant, comme cela est reconnu par la majorité d’entre nous, largement inspiré de Cabri, il me semble normal que sur toute une série de points il fasse au moins aussi bien que Cabri (le contraire serait vraiment décevant) et peut-être, pourquoi pas, mieux sur quelques uns…

  23. pyg

    @decox :
    comme les fichiers produits par OpenOffice.org (.odt, .odc, etc), les fichier .ggb sont en fait des fichiers XML zippés. On renomme le .ggb en .zip, on dézippe, et on a le contenu en clair.

    Sur de tous petits fichiers, on perd un peu en place, mais sur des fichiers complexes, c’est bien plus pertinent.

  24. ft

    @ decox :

    Je suis d’accord avec vous sur le fond pas vraiment clean de l’étude que vous mentionnez.

    Mais, en revenant au fond du sujet, il ne s’agit pas d’opposer libre&gratuit et propriétaire&payant !
    Le souci est que beaucoup de profs trouvent en Geogebra un outil plus complet que Cabri, libre à eux et à moi. Doivent-ils acheter Cabri juste pour sauver cette boîte ? Désolé mais cet argumentaire n’est pas suffisant, ou plutôt si, il est très *suffisant*…
    Est-ce que l’inventeur de la télévision râle contre ceux qui ont posé des brevets sur des plasmas en disant "fondamentalement ils n’innovent pas" ?

    Bref, j’ai un grand respect pour le concept de Cabri, son idée de départ. Je n’ai rien non plus contre JML et le fait qu’on l’a incité à créer une boîte pour développer son idée. Mais désolé, je veux le meilleur pour mes élèves, et le meilleur à mon sens est GGB, après avoir utilisé Cabri pendant des années.

  25. H.Valentza

    @decox : C’est intéressant effectivement de comparer les formats. Mais il y a une question que je me pose. Quel logiciel autre que Cabri peut lire les formats Cabri (.fig) même si ceux-ci sont éditables en texte ? Est-ce que GeoGebra peut facilement implémenter ce format dans son logiciel ? Je connais pas la réponse mais a priori je dirais que non puisque justement Cabri est propriétaire et que donc on a pas accès à son code source. Alors que GeoGebra, il a peut-être un format "tout pourri" mais un autre logiciel peut le proposer puisque le logiciel est libre.