Temps de lecture 12 min
Pourquoi « Framasoft » ? me demande-t-on parfois. Quelle est sa genèse et la signification de ce nom étrange qui évoque tantôt Microsoft, tantôt Framatome.
Retour en arrière. Nous sommes en l’an 2000 dans un collège de Bobigny où une professeur de français et un professeur de mathématiques (votre serviteur) expérimentent ensemble l’usage pédagogique des nouvelles technologies, en direction notamment des élèves en difficulté à l’entrée en sixième. Comme il fallait bien donner un nom au projet, ce sera « Framanet » pour « FRAnçais et MAthématiques en IntraNet »[1].
Le prof de maths se rendit compte qu’avec le temps il avait accumulé une liste conséquente de logiciels libres et gratuits, régulièrement utilisés dans le cadre du projet, qu’il pouvait être intéressant de communiquer à ces collègues. Il décida d’ouvrir une sous-rubrique dédié sur le site web de Framanet : nom de code « Framasoft ». Plus tard, cette sous-rubrique devint site et nom de domaine à part entière, et le pingouin pris son envol…
Et la prof de français me direz-vous ? Elle n’a pas chômé non plus, loin de là, puisqu’elle est à l’initiative[2] de l’association WebLettres, dont le site est rapidement devenu un incontournable rendez-vous des professeurs de la discipline (Framasoft et WebLettres, deux projets d’envergure indirectement issus d’un collège classé ZEP de Seine-Saint-Denis, rien que pour cela l’histoire méritait aussi, je crois, d’être signalée).
Elle s’appelle Caroline d’Atabekian et je suis ravi (et un peu ému) de l’accueillir pour la première fois en ces lieux, à l’occasion de la sortie officielle de Vocabulettres, « une plate-forme d’exercices interactifs à partager » développée par ses soins, dont le caractère collaboratif est souligné par le choix de la licence Creative Commons By-Sa.
Entretien avec Caroline d’Atabekian
Bonjour Caroline, une petite présentation personnelle en quelques mots ?
Je suis professeur de français. J’ai fait mes débuts dans un collège du neuf-trois en 1997, à l’heure des balbutiements d’Internet. J’avais bien compris l’intérêt de mon ordinateur pour préparer mes cours mais il ne m’était pas venu à l’idée que je pouvais m’en servir avec les élèves. C’est un collègue de mathématiques qui m’a un jour ouvert la porte de la salle informatique du collège et m’a ouvert en même temps les yeux sur tout ce qu’on pouvait y faire. Il s’appelait Alexis Kauffmann.
Aujourd’hui j’enseigne toujours au collège pas loin d’une salle informatique, mais à Paris, et je suis présidente de WebLettres.
Alors justement, qu’est-ce que WebLettres ?
C’est une association loi 1901 de professeurs de lettres née en 2002 du regroupement d’une poignée de profs animant un site web pédagogique et qui ont décidé de fédérer leur énergie pour réaliser un grand portail à l’intention des collègues. On ne parlait pas encore de web 2.0 à l’époque.
Nous avons démarré sur quelques listes de discussion, un répertoire de liens relatifs aux programmes de français et un espace d’échange de fichiers de cours et séquences didactiques. Puis peu à peu, d’autres collègues nous ont rejoints, et nous avons créé de nouveaux services : groupes de travail, édition de livres, plateforme de blogs pour les classes…, toujours gratuits et sur la base du bénévolat.
Nos fidèles lecteurs connaissent bien Sésamath. Est-il pertinent ou abusif de dire que WebLettres est au français ce que Sésamath est aux mathématiques ?
C’est à la fois pertinent et abusif. C’est pertinent, dans la mesure où nos associations, avec celle des Clionautes en histoire-géographie, sont animées par un esprit commun, qui consiste à favoriser des échanges entre pairs, promouvoir l’intégration des TIC dans l’enseignement et parfois défendre un engagement pédagogique prononcé, tout cela selon une philosophie de service public, pour les profs mais aussi les élèves. Elles sont en outre fondées sur le même modèle, fait sur lequel nous avons d’ailleurs largement communiqué, ayant connu une histoire et un développement similaires marqués par trois étapes-clés successives : la mutualisation, le travail coopératif puis le travail collaboratif, même si ces étapes ont eu lieu plus ou moins tardivement, plus ou moins massivement[3].
C’est abusif, dans la mesure où Sésamath est de très loin l’association qui s’est le plus développée, notamment grâce au travail collaboratif qu’elle a entrepris très tôt et qui lui a permis de mener des projets éditoriaux d’envergure, imprimés ou numériques. Sésamath est plus nombreuse, plus connue et jouit d’une force de travail bien supérieure à la nôtre. Notre engagement dans le travail collaboratif est encore récent et timide (et surtout, pas encore très voyant !) mais il est réel. Nous avons notamment un projet d’édition de livrets d’activités TICE, qui est un projet commun aux trois associations et auquel participent tous les collègues qui ont répondu à notre appel à contributions. Cela dit, nous sommes connus de tous les professeurs de français, ce qui est satisfaisant pour nous et, pour donner un ordre de grandeur, nous recevons aux alentours de 300 000 visiteurs uniques par mois.
Vous sortez donc en cette nouvelle rentrée scolaire, le projet Vocabulettres. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Vocabulettres est d’abord une plateforme d’exercices interactifs, essentiellement de vocabulaire. Elle propose des types d’exercices bien définis, s’inscrivant dans des corpus cohérents. Cela signifie que les exercices ne sont pas classés en fonction de la technique utilisée (exercices à trous, à listes, etc.) mais en fonction de leur objectif pédagogique (travail sur les synonymes, l’étymologie, etc.). Comme tous les services de WebLettres, elle est gratuite et en libre accès pour tous. Les élèves peuvent, de chez eux, y faire quelques exercices, les enseignants peuvent, en classe, y emmener leurs élèves. Mais ils peuvent aussi utiliser les outils de création proposés par Vocabulettres pour fabriquer leurs propres exercices, en fonction des cours qu’ils sont en train de faire et du niveau de leurs élèves. Ils peuvent même inscrire par lots leurs élèves et leur faire fabriquer eux-mêmes des exercices, destinés par exemples à la classe inférieure, ou à leurs camarades.
Chacun peut retrouver ses exercices dans sa zone de gestion, l’enseignant donne accès à ses élèves aux exercices de de son choix parmi ceux qu’il a créés. Mais il peut aussi, si l’exercice lui paraît abouti, proposer que celui-ci soit rendu public sur Vocabulettres, c’est-à-dire qu’il apparaisse sur le site, le rendant ainsi disponible à tous. Lorsque l’enseignant propose son travail à la publication, celui-ci est examiné par une équipe d’enseignants (c’est là que le travail collaboratif arrive, car tous les enseignants qui le désirent sont invités à faire partie de cette équipe, y compris – et même de préférence – ceux qui proposent leurs exercices à la publication) ; cette équipe vérifie, teste l’exercice, éventuellement le récrit pour l’harmoniser avec les exercices déjà existants puis valide sa publication. L’auteur conserve dans sa zone de gestion l’exercice original, tandis que la copie éventuellement modifiée est rendue publique.
Lorsque l’enseignant, ou l’élève d’ailleurs, propose son exercice à la publication, il doit accepter que celui-ci soit publié sous licence Creative Commons. Il ne peut pas ignorer cette étape, qui est un passage obligé pour la publication. L’explication est rédigée de manière à ce que les enjeux en soient facilement compris par les profs comme par les élèves. Cela peut être aussi l’occasion d’un exercice d’éducation civique.
Nous avons évidemment noté (avec grand plaisir) la présence de la licence Creative Commons By-Sa en bas du site officiel du projet. Est-ce un choix « militant » ou bien un choix « naturel » eu égard aux spécificités et objectifs du projet ?
S’il y a un choix, un choix militant même, c’est celui de garantir la gratuité et l’égalité d’accès pour tous à ce travail qui est l’œuvre d’une communauté (même si, bien sûr, actuellement il y a encore peu d’auteurs, puisque nous venons tout juste de rendre public le projet !).
Cela étant décidé, la licence libre s’est imposée comme une nécessité. L’expérience de la mutualisation des cours et séquences didactiques a été une bonne leçon pour nous à cet égard.
Lorsque nous avons commencé, il s’agissait d’aider les collègues à partager leurs cours, en leur fournissant un espace de stockage public en ligne. C’était l’époque naïve où la soudaine liberté offerte par la technique nous submergeait, et la question des droits ne nous avait pas effleurés, n’ayant aucune vue d’avenir pour ces fichiers et surtout, aucune idée de l’ampleur que prendrait ce projet.
C’est lorsque la pléthore de documents nous a poussés à faire des sélections, des classements et, en général, à retravailler les documents, donc à les modifier, que nous avons compris que rien ne serait possible tant que ce qui est mutualisé sur le site restait placé sous le sceau par défaut du copyright. Forts de cette expérience, nous avons cette fois sérieusement examiné les licences avant de nous plonger dans d’autres projets collectifs. Ainsi, Vocabulettres, mais aussi les Livrets TICE, sont-ils placés sous le signe de la licence libre.
Si les exercices créés dans Vocabulettres sont sous licence Creative Commons, qu’en est-il de la licence du programme Vocabulettres proprement dit ? Est-il lui aussi sous licence libre (GPL ou autre) ?
Il y a moins d’urgence pour nous de ce côté-là, bien sûr. Pour Vocabulettres, le problème est le même que pour le répertoire de liens : nous sommes très favorables à la libération de ces programmes (qui sont en pur PHP/MySQL) mais il nous est techniquement difficile d’en livrer les sources au téléchargement, pour les raisons banales que rencontrent bien des gens dans notre cas, à savoir :
- cela nous demande un travail supplémentaire (et un temps précieux) d’isoler les sources ;
- il s’agit de programmes en constante évolution, et nous n’avons pas les moyens (humains, en temps) de mettre à jour les versions téléchargeables successives.
Il le faudra pourtant, parce que j’imagine que des professeurs de langues, notamment, voire des professeurs à l’étranger, pourraient être tentés de créer leurs exercices sur WebLettres, que nous ne publierions pas parce que ce ne seront pas des exercices de français. Mais nous n’avons aucun programmeur chez WebLettres (Notre webmestre est saturé et, en ce qui concerne Vocabulettres, tout est fait maison par mes blanches mains sur mon temps libre), c’est le triste lot des professeurs de lettres qui, comme chacun sait, sont plus littéraires que programmeurs.
Il semblerait que ce soit la première fois que vous utilisiez explicitement une licence libre pour vos projets. Mais peut-on dire que, tel Monsieur Jourdain, WebLettres a, depuis ses origines, souvent fait du « libre » sans le savoir ?
Disons, sans se poser la question. Le problème, c’est que quand on ne se pose pas de question sur les droits de ce que l’on publie, on se retrouve à faire du copyright sans le vouloir !
Vous êtes l’auteur du logiciel Vocabulettres et du « CMS maison » sur lequel repose le site web de WebLettres, Php et MySql n’ont donc plus de secret pour vous. Pourquoi cet intérêt pour le développement informatique et quelles explications donneriez-vous à la raréfaction de votre sexe dans ce secteur ?
Le site a encore quelques mystères pour moi car notre webmestre, François Giroud, est repassé derrière moi, notamment pour le sécuriser, car j’avais laissé quelques trous.
Personnellement, je me suis mise à la programmation parce que j’avais besoin de créer pour mes élèves des pages dynamiques et que les outils alors à disposition me semblaient insuffisants (le premier étant, bien sûr, Hot Potatoes…).
Je ne parlerais pas de « raréfaction », car cela suppose une évolution croissante de cette rareté, ce qui n’est pas le cas à mon avis. Il y a peu de femmes programmeuses, mais il y en a de plus en plus. Comme dans bien d’autres milieux…
Un dernier mot en direction de la « communauté libriste » qui va vous lire ?
Eh bien puisque j’ai la parole sur Framasoft, je vais en profiter pour lancer cet appel : si quelqu’un veut bien s’occuper d’isoler les scripts de Vocabulettres et de mettre à jour les versions téléchargeables – voire même, de faire évoluer la plateforme au fur et à mesure des besoins qui s’expriment sur WebLettres (et ils sont nombreux à attendre sur la ToDoList !) – il sera le bienvenu, et Vocabulettres sera libérée.
Hervé P.78
Merci pour cet article d’autant plus intéressant que je ne suis pas de la maison Education Nationale. On voit très bien avec Sésamath et maintenant WebLettres que le "salut" viendra des "profs d’en bas" et non de l’Institution.
Longue vie à WebLettres !
Pat Jenkins
Avec ce choix de licence Creative Commons, c’est le FRA de Framasoft qui doit être content !
🙂
Azathoth
@ Hervé…
Les "profs d’en bas" jolie expression, et pour en faire partie, je constate de plus en plus que la "machine" E.N. ressemble de plus en plus à une expérimentation grandeur nature d’une certaine autogestion. Ce sont les petites mains qui font que l’E.N. fonctionne. Bravo à eux tous…
Gildas
Je suis un "prof d’en bas" … et effectivement la route et longue et la pente est raide, mais c’est tout droit 🙂
Le salut ne viendra pas par les institutions de l’EN, mais par les léèves que nous formons … y compris au concept de licence … les miens commencent à comprendre le pourquoi de Linux (ubuntu) et me demande même comment installer … d’ailleurs je dois aller commander les cd d’installation … autant qu’ils aient le joli disque … c’est un peu marketing et pas totalement ecolo, mais c’est un maigre cout à payer pour développer le libre, et donc développer les esprits …
pour finir, "Il n’existe que deux formes de richesse : la liberté et le savoir" (normalement c’est de moi 🙂 )
A+
Gildas
Damien P
Je suis parent d’élève. Et j’aime bien regarder ce qui est proposé sur Internet pour aider mon fils collégien notamment en maths et en français.
La grosse différence entre Sésamath et WebLettres c’est l’accessibilité des ressources. Sur Sésamath, tout est mis à disposition sur le site (et donc pour tout internaute).
Sur Weblettres, lorsque je vais sur l’espace des Cours et séquences (5000 travaux !), on me demande un mot de passe qui n’est accessible que pour les enseignants.
http://www.weblettres.net/pedagogie…
http://www.weblettres.net/pedagogie…
On n’est pas du tout dans la même approche et ouverture. Et c’est certainement lié justement au choix des licences effectué par les uns et les autres, le choix des licences libres de Sésamath ayant pour conséquence d’offrir cette accessibilité.
Sésamath qui par ailleurs, mais c’est un détail, recommande et utilise OpenOffice.org alors que WebLettres ne le fait pas. Et c’est un peu dommage parce que derrière OOo il y a la question importante des formats de fichiers pérennes ou non.
http://www.weblettres.net/pedagogie…
idoric
Je vais de ce pas faire découvrir tout ça à mes collègues de français.
Ariel (Paris)
@Damien : Je crois qu’il faut laisser le temps à Weblettres d’évoluer et cette première licence CC sur un projet en est un signe.
Ca ne me choque pas qu’ils aient une partie privée "entre profs". Par contre ce serait dommage de ne pas proposer de plus en plus de ressources libres et ouvertes issues de cette partie privée. Surtout quand on voit ce que propose l’Académie en ligne (cf un autre billet de l’excellent Framablog).
J’ai vu qu’ils éditaient des bouquins. Une petite licence CC dessus, même la plus fermée d’entre elle (la CC by-nc-nd), ce serait peut-être une bonne idée à l’avenir non ?
sébastien Hache
Juste pour dire que c’est vraiment un plaisir pour Sésamath de pouvoir travailler avec Weblettres et les clionautes. Il y a des projets communs, de plus en plus de rencontres et de réunions, des participations croisées aux AG. Evidemment, on aimerait tous en faire plus, aller plus vite, mais c’est difficile, on manque de temps… Pourtant ça avance et ça avance bien !
Je souhaite au projet Vocabulettres tout le succès qu’il mérite.
Sébastien
Frederik
Bravo à WebLettres pour ce premier pas !
Le jour où WebLettres et les Clionautes auront rejoint Sésamath dans l’approche, la manière de travailler et la choix des licences libres, ce sera presque gagné. L’institution ne pourra que constater la situation et "le mur de Berlin idéologique" qui règne en haut de la pyramide tombera presque naturellement. L’enjeu est de taille.
C’est par les ressources libres que le logiciel libre finira par se diffuser et s’imposer à l’Education nationale. Les logiciels libres et les formats ouverts, on ne peut pas dire que cela ait véritablement intéressé les enseignants, sauf quelques allumés de la première heure. Et c’est assez logique puisque cela ne touchait pas directement leurs pratiques pédagogiques.
Mais entre une ressource sous droits d’auteurs classique et la même ressource sous licence libre, les enseignants vont vite comprendre la différence et les inconvénients à faire le choix de la fermeture dans un monde où transmission et partage sont de maîtres mots.
Une fois les licences libres adoptées, les formats et les logiciels libres suivront comme outils naturels pour produire de telles ressources.
Claude
Bonjour,
Juste un petit coucou en passant d’un parent d’ élève ( de CM1) qui apprécie particulièrement toutes ces initiatives venant de professeurs pour qui la notion de service public n’est pas un vain mot.
C’est réconfortant.
Merci à vous.
Claude
Olyve Hergant
Merci, intéressant de remarquer que ça bouge ailleurs qu’en maths.
Mais faut quand même faire noter que c’est quand même plus facile avec les maths où rien n’est copyrighté et où l’on peut partir de zéro. En français ou en histoire géo c’est truffé de ressources qui ne sont pas encore tombés dans le domaine public et ça complique sérieusement la tâche des communautés de profs.
Caroline d'Atabekian
Merci pour vos commentaire !
@ Damien P : "La grosse différence entre Sésamath et WebLettres c’est l’accessibilité des ressources. Sur Sésamath, tout est mis à disposition sur le site (et donc pour tout internaute)."
Absolument pas : tout ce qui est sur WebLettres est en accès libre et gratuit. Si les cours et séquences didactiques sont sous mot de passe, ce n’est absolument pas pour des questions de droits, mais pour des raisons pédagogiques : ces documents sont des préparations de cours, ils sont évidemment réservés aux enseignants parce qu’ils ne sont pas destinés aux élèves, ni aux parents, qui d’ailleurs n’y comprendraient rien. C’est de la cuisine didactique interne, professionnelle. S’il y a un mot de passe, c’est précisément pour que les élèves d’une part ne s’égarent pas dans ces documents qui ne s’adressent pas à eux, d’autre part n’aillent pas y chercher leurs devoirs tout faits.
L’approche et l’ouverture sont exactement les mêmes que pour Sésamath, qui a également laissé les enseignants mutualiser des cours dans tous les formats de fichiers qu’ils souhaitaient, y compris les plus propriétaires (je ne citerai pas de nom !) : allez jeter un oeil à Mathadoc, vous verrez… WebLettres n’utilise pas plus Word que Sésamath : les utilisateurs sont simplement libres de publier leurs cours dans le format qu’ils souhaitent (c’est une liberté tout de même, non ?). WebLettres, pour sa part, utilise PHP. Et même pas Flash, qu’utilise largement Sésamath 😀 (Ah mais !)
Paulo 2 Lyon
Bravo Caroline pour WebLettres qui a l’air d’être un bien beau projet.
[je ne connaissais pas, n’étant plus élève depuis un petit bout de temps]
Bien sûr que chacun doit avoir la liberté de choisir ses outils. Ici on est juste parfois un peu vindicatif parce qu’on estime que cette liberté est à nuancer lorsqu’elle provient de la contrainte de ne pouvoir acheter un ordinateur sans Windows dedans, et souvent directement Word aussi dedans. Après quand les gens sont habitués, ça devient passablement compliqué.
Mais le plus important je crois dans tout ça c’est le concept de collaboration entre profs. Je puis me tromper mais je n’ai pas l’impression que ce soit naturel chez un prof de collaborer avec ses pairs. On a paradoxalement quand même l’image d’un job assez individualiste au final.
Le véritable changement il est là. Si il y effectivement cette volonté de collaborer alors la conséquence c’est d’adopter des licences ou des logiciels libres mais ça n’est qu’une conséquence.
D’ailleurs il me vient une idée si vous poursuivez sur cette voie. Pourquoi ne pas envisager un jour que WebLettres travaille sur des projets avec Wikipédia (j’en suis un éditeur occasionnel). Ce serait super pour l’encyclopédie toute cette compétence de profs de français d’un coup 🙂
perte de la memoire
Bonne chance et tout notre soutien pour Vocabulettres, et encore bravo a Caroline.
Goofy
Merci et bravo pour la codeuse Caroline.
On voit bien comment les profs d’en bas peuvent faire des choses intéressantes mais qui ne sont pas forcément suivies et encouragées par les hommes en haut dans leur rond de cuir.
C’est l’un des problèmes de l’Education Nationale en général du reste, et pas seulement du logiciel libre et des TICE. Si l’EN était gérée par ses profs et non par des technocrates (ENA, Scienc-Po et tout le toutim) qui ne sont plus ou n’ont jamais été profs, on ne s’en porterait que mieux.
valentine
Amusant le coup de la défense et de la promotion du libre quand on a co-organisé les agapes de Microsoft au forum des enseignants innovants…
http://www.forum-rennes2008.fr/
Valentine
Christophe
@valentine
En effet, belle contradiction…
aKa
@Valentine et Christophe : Je ne suis pas là pour prendre la défense de Weblettres, mais si vous parcourez ces anciens articles du blog, vous vous rendrez compte que toute la subtilité de la chose, c’est d’avoir en quelques sorte utilisé le Café pédagogique (son aura, son impact, sa "marque"…) pour "faire écran" entre Microsoft et les associations.
http://www.framablog.org/index.php/…
http://www.framablog.org/index.php/…
Les associations n’ont pas pensé qu’elles étaient en face d’une manifestation souhaitée et orchestrée par Microsoft dans le cadre de son ambitieuse opération internationale "Partners in Learning". Elles n’ont vu que la Café pédagogique qui leur proposait de "co-organiser ensemble" un évènement entre collègues pour mettre en valeur ce qui se fait dans les classes.
Seul Sésamath a compris que derrière cette belle idée, il y avait peut-être anguille sous roche (il faut dire que c’était pas forcément bien malin de la part des protagonistes de convier Sésamath au siège de Microsoft France pour les inviter à participer !).
http://www.framablog.org/index.php/…
Il faut voir aussi qu’il n’y avait pas d’alternative (évidemment à cause d’une question de moyens). Il n’y avait pas le choix entre une rencontre entre enseignants avec Microsoft et une rencontre entre enseignants sans Microsoft. C’était y aller ainsi ou ne pas y aller du tout, sachant qu’il n’existe pas d’autres rencontres nationales similaires entre pairs.
Et à partir de là, certaines associations ont fait le choix du pragmatisme, d’autant que Microsoft n’allait évidemment pas faire du prosélytisme lors du Forum (le simple fait que le Forum existe et ait lieu leur suffisait, c’était même certainement la mission assignée par les boss de Microsoft à Thierry de Vulpillières).
http://www.framablog.org/index.php/…
Toujours est-il qu’un an plus tard (c’est-à-dire en 2009), lors du deuxième "Forum des enseignants innovants", à Roubaix cette fois, Weblettres, tiens donc, n’y était plus.
http://www.forum-roubaix2009.net/
On s’est donc retrouvé en 2009 à Roubaix avec un Forum d’associations d’enseignants amputé de Sésamath et Weblettres. C’est-à-dire, sans vouloir faire injure aux autres, les deux plus grandes associations d’enseignants (l’une en maths l’autre en français) pour ce qui concerne les ressources pédagogiques mais aussi et surtout le travail collaboratif.
Certains y verront un hasard. D’autres pas 😉
edward
Bref, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse…
Il serait bon de savoir si weblettres et les autres associations savaient avant de participer à tout cela que Microsoft était leur "parrain’. Organiser quelque chose conjointement au café pédagogique, c’est évidemment se ranger du côté de Microsoft, ce que les associations pouvaient difficilement ignorer (une rapide recherche montre que les atomes sont plus que crochus entre wl et le café, même sauce pédagogo béate).
Ed
edward
j’oubliais l’essentiel : quand on lit ça, on peut quand même douter de la crédibilité de ces "enseignants"
http://www.cafepedagogique.net/comm…
ED :DDDD
Christophe
@Edouard
« Bref, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse… »
Ce genre de formule en dit souvent plus qu’il n’y paraît. Je ne suis pas du tout prêt à accepter n’importe quoi pourvu que… Je ne partage pas du tout cette position. J’y suis même opposé.
@aKa
J’ai suivi de près cette affaire. Tes articles d’ailleurs ont été on ne peut plus salutaires et je t’en remercie.
J’ai moi-même, par le passé, décliné deux offres ; une émanant directement du Café Pédagogique, de Jarraud, et une de Serge Puts-Lajus avec qui j’avais déjà travaillé par ailleurs. J’ai décliné ces deux offres à cause de leurs partenariats et surtout du fait du "bénévolat" qu’ils me proposaient alors qu’eux étaient très certainement payés pour le faire. En tous cas, ils avaient très certainement d’autres intérêts en jeu qu’ils se sont bien gardés de divulguer. Cela va de soi. Ces gens-là savent y faire. Il aura fallu que je m’en aperçoive de moi-même. À aucun moment eux-mêmes en ont parlé. Et quand le sujet était sur la table, bien entendu ils en minimisaient l’importance. Comme Serge Puts-Lajus l’a fait à plusieurs reprises dans ses commentaires sur tes articles. Je peux comprendre donc que l’association Weblettres se soit laissée "prendre". Je ne vois pas comme un hasard que l’association n’ait pas participé à l’édition suivante mais je n’en connais pas la raison. Cela dit, c’est tout à son honneur…
aKa
Le problème c’est que le logiciel libre n’a ni la capacité ni les structures pour proposer des manifestations alternatives. On peut critiquer le montage et les arrière-pensées mais ce Forum permet à des enseignants des quatre coins de la France de se rencontrer, d’échanger et d’être reconnus par leurs pairs. Par les temps qui courent c’est important pour le moral des troupes.
Idem avec la formation, où Projetice intervient dans les établissements en prêtant du matériel de pointe qui plus est, avec un discours "l’informatique n’est qu’un outil au service de la pédagogie" (sous-entendu un outil "neutre"), "nous, profs de Projetice, sommes là pour vous accompagner".
Dans un cas comme dans l’autre, la Café et Projetice répondent à des besoins bien réels de la part des collègues. Et le constat est douloureux parce que nous ne sommes pas capables d’apporter nos propres solutions, avec notre "culture" (logiciels, formats, ressources libres), notre propre approche de l’informatique, etc.
Le terrain est bien occupé avec des enseignants qui ne peuvent que dire merci au Café et à Projetice pour les efforts fournis et les services proposés.
Christophe
@aKa
Oui, c’est vrai rien n’est réellement fait pour que les enseignants se rencontrent et se reconnaissent. Rien n’est fait pas l’administration ou par les profs eux-mêmes. On est d’accord. En même temps, quand je fais le compte au sein des équipes dans les établissements où j’ai travaillé, je peux compter sur mes dix doigts ceux que cette problématique intéressent… L’informatique en général et le Libre en particulier ça ne motive pas non plus grandement les troupes. À ce compte, on comprend sans mal pourquoi le terrain est occupé par le proprio et ces partenaires.
Lawrence S.
Il n’y a qu’à voir l’approche actuelle qu’ont les enseignants de la lutte sociale et du syndicalisme (ils ne savent plus trop pourquoi ils font grève de temps en temps, juste pour dire non à intervalle régulier tout en étant désabusé) pour comprendre pourque le logiciel libre et tout le toutim, ça leur passe totalement au dessus de la tête. Faut voir que rien n’est fait pour qu’on les écoute non plus (à quand une structure en réseau social pour discuter tous ensemble ?). C’est aussi pour ça que ces regroupements d’enseignants actifs sont importants.
chahrazed
Je trouve ce site particulièrement intéressant notamment lorsqu’on débute en tant qu’enseignant et qu’on ne sait pas vraiment encore créer une séquence et une progression annuelle. De plus, on y trouve de très nombreux documents très pertinents sur le plan pédagogique.