Économie Sociale et Logiciels Libres : Le temps de l’alliance ?

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Rolands Lakis - CC byVoici un article de Bastien Sibille susceptible de ne pas laisser notre lectorat indifférent.

Voir en effet le logiciel libre comme «  un rempart contre la tentation hégémonique du capitalisme  », et qui devrait donc par là-même s’allier à l’économie sociale afin de ne pas perdre «  son potentiel émancipateur  » et participer de concert à «  la reconquête des biens communs  », est un point de vue dont l’adhésion est certaine mais pas forcément totale.

L’occasion d’en débattre donc ensemble après lecture[1].

Bastien Sibille est coordonateur de l’Association Internationale du Logiciel Libre (Ai2L) pour l’Économie Sociale. Un article qui fait écho à Sébastien Broca  : Du logiciel libre aux théories de l’intelligence collective et qui revisite une nouvelle fois la différence d’approche entre «  logiciel libre  » et «  open source  ».

Économie Sociale – Logiciels Libres, le temps de l’alliance

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Bastien Sibille – novembre 2009 – version 2.0
Licence Creative Commons By-Nd

Deux mondes co-existent qui dressent des remparts contre la tentation hégémonique du capitalisme  : l’un est ancien et puise ses racines dans le XIXe siècle industriel – le monde de l’économie sociale (coopératives, mutuelles, associations…)  ; l’autre est plus jeune et tisse ses réseaux dans le XXIe siècle informatique – le monde du logiciel libre. Si les communautés du libre et les entreprises d’économie sociale se connaissent et se côtoient depuis plus d’une décennie, elles ne voient pas souvent combien leurs luttes sont proches. Le temps est venu de dire la proximité de ces luttes et l’urgence de leur alliance.

Raisons de l’alliance

Depuis une vingtaine d’années des communautés d’informaticiens, puis des entreprises informatiques, ont développé ce qu’on appelle des «  logiciels libres  ». Les logiciels libres sont des logiciels que l’on peut librement exécuter, étudier, modifier et diffuser autour de soi. Ils s’opposent aux logiciels propriétaires dans la mesure où leur code est «  ouvert  » alors que celui des logiciels propriétaire est «  fermé  ». L’ouverture est à la fois technique et juridique. Sur le plan technique, le code source des logiciels libres est «  lisible  » par des êtres humains alors que celui des logiciels propriétaires est distribué en langage machine, ce qui le rend illisible même par les informaticiens. Sur le plan juridique, les logiciels libres sont protégés par des «  licences libres  » qui assurent qu’ils ne pourront jamais être privatisés et resteront un bien commun.

Les principes qui encadrent la production, la distribution et l’usage des logiciels libres présentent d’importantes synergies avec les principes de l’économie sociale. Il faut tout d’abord relever une synergie dans le rapport à l’accumulation du capital entre les entreprises d’économie sociale et les communautés du libre. Un logiciel, parce qu’il est l’accumulation du travail des femmes et des hommes qui l’ont modelé, est un capital – un capital immatériel. Les licences propriétaires organisent la rémunération de ce capital immatériel : chaque fois qu’il est dupliqué et vendu, il génère un gain sans qu’un travail supplémentaire n’ait été fourni. Dans le cas des logiciels libres, point de rémunération du capital  : seul le travail paie. Voilà un premier trait qui place les logiciels libres tout proche des luttes historiques de l’économie sociale.

Ensuite, les modes de production du libre respectent au moins trois autres piliers fondamentaux des entreprises d’économie sociale.

  • La liberté d’entrée et de sortie  : un homme entre librement dans une association, et en sort tout aussi librement. Cette liberté est très présente dans la philosophie et la pratique des logiciels libres  : tout utilisateur qui le souhaite peut entrer dans le code, l’utiliser, et en sortir librement.
  • Le principe démocratique  : un homme = une voix. Cette liberté fondamentale du fonctionnement des associations est à l’œuvre dans les logiciels libres  : tout utilisateur du code peut prendre part à la création ou à la modification du code. Les communautés d’usagers des logiciels libres prennent ainsi part à leur amélioration en indiquant aux développeurs les bugs qu’ils ont repérés. Nous sommes ici à l’opposé des modes de production des logiciels propriétaires, dans lesquels quelques informaticiens décident pour tous du fonctionnement du logiciel.
  • L’impartageabilité des réserves pour finir. Lorsqu’un ensemble de femmes et d’hommes créent une richesse logicielle, lorsqu’ils écrivent ensemble le code informatique puis décident de le protéger par une licence libre, ils s’assurent que la richesse produite ne pourra être privatisée  : le code restera ouvert à tous. Personne ne pourra se l’approprier. La richesse immatérielle placée sous licence libre ne peut que rester commune.

Urgence de l’alliance

L’alliance des entreprises d’économie sociale et des communautés du libre est une nécessité stratégique. L’intensification de l’usage, depuis les années 1980, de la micro-informatique – traitements de textes, tableurs, agendas – et, depuis le milieu des années 1990, des réseaux informatiques – courriels, sites internet, intranet, prestation de services et paiements en ligne – ont conduit les entreprises d’économie sociale à dépendre de plus en plus fortement des logiciels informatiques. Aujourd’hui, ces logiciels sont majoritairement produits par des entreprises capitalistes. Ces entreprises organisent la rémunération de leurs investissements en «  fermant  » le code des logiciels, de manière à ce que (1) ceux qui veulent s’en servir soient obligés de les acheter, et (2) ceux qui veulent lire les fichiers créés par ces logiciels soient obligés d’acquérir les logiciels.

Les logiciels propriétaires sont des chevaux de Troie de l’économie capitaliste placés au cœur des entreprises d’économie sociale. Leur utilisation par les entreprises d’économie sociale est extrêmement préoccupante. D’abord parce qu’elle signifie que les structures d’économie sociale reposent, pour une très large partie de leurs activités, sur des outils informatiques qui, de par leur mode de production et leur architecture, ne correspondent pas à leur valeurs. Ensuite parce qu’il rend les structures d’économie sociale dépendantes d’entreprises capitalistes. Au-delà de l’incohérence de valeurs, cette dépendance est inquiétante. Elle signifie, par exemple, que toute la mémoire informatique (l’ensemble des fichiers textes, des images, des tableurs) des entreprises d’économie sociale dépend, pour son utilisation future, de la survie ou du bon vouloir des entreprises capitalistes qui produisent les logiciels.

Aujourd’hui, l’indépendance des structures d’économie sociale vis-à-vis des éditeurs capitalistes du code informatique est possible. Les logiciels libres offrent aux structures d’économie sociale une alternative puissante.

  • Elle est puissante d’abord parce que le code libre est un code pérenne : il pourra toujours être repris, retravaillé, remodelé pour coller au mieux aux besoins des structures qui le déploient.
  • Elle est puissante aussi parce que le code libre est un code solide : dans la mesure où il est ouvert, tous les acteurs compétents de la communauté du libre participent à son amélioration. C’est l’assurance que ses faiblesses sont vite repérées et corrigées.
  • Elle est puissante ensuite parce que le code libre est un code solidaire  : les logiciels développés par certaines structures d’économie sociale pourront bénéficier à d’autres. En ayant la possibilité de librement distribuer les logiciels qu’elle utilise, une structure d’économie sociale facilite ses communications électroniques avec des structures partenaires et notamment avec des partenaires qui n’auraient pas eu les moyens d’acheter les logiciels.
  • Elle est puissante enfin parce qu’elle permet aux structures d’économie sociale d’utiliser, dans leurs actions quotidiennes, des outils informatiques qui sont cohérents avec les valeurs pour lesquelles elles se battent. De la même façon que les entreprises d’économie sociale se sont dotées d’instruments financiers et juridiques spécifiques, il est urgent qu’elles se dotent d’instruments informatiques qui respectent leurs principes.

Une alliance est nécessairement un mouvement à au moins deux sens. Les raisons qui encouragent les communautés du libre à s’allier à l’économie sociale ne sont pas moins fortes que celles qui poussent les structures d’économie sociale à adopter les logiciels libres.

Équiper les entreprises d’économie sociale en logiciels libres, c’est équiper des entreprises dont les modes de fonctionnement et de travail sont proches des modes de production des logiciels libres  : la coopération, le travail en réseau, le bénévolat sont des éléments particulièrement présents dans le quotidiens des structures d’économie sociale. Les logiciels libres y sont donc soumis à un usage intensif par des utilisateurs plus promptes que d’autres à signaler les bugs aux communautés et à leur faire bénéficier des amélioration des logiciels. Il y a fort à parier que la qualité des logiciels libres augmentera substantiellement s’ils sont largement utilisés par les structures d’économie sociale. D’autre part, la force de frappe informatique des entreprises d’économie sociale est considérable. De nombreuses entreprises d’économie sociale mobilisent des services informatiques importants tant par le nombre d’informaticiens qui y travaillent que par les développements qu’ils ont produits. En s’alliant à l’économie sociale, les communautés du libre pourront compter sur la puissance de feu informatique de celle-ci.

Les logiciels libres et l’économie sociale sont des mouvements d’émancipation. En s’alliant à l’économie sociale, le mouvement du libre rejoint une force de progrès et de justice susceptible de le porter vers de nouveaux horizons  ; il rejoint une lutte historique ancienne, profondément enracinée dans nos sociétés, capable de mobiliser des réseaux étendus et variés. Autrement dit, en s’alliant à l’économie sociale, le mouvement du libre intègre un mouvement plus vaste que lui sur lequel il pourra s’appuyer pour continuer à construire sa légitimité.

Ce n’est pas tout. Les communautés du libre sont aujourd’hui à un tournant  : la qualité de leur production logicielle les conduit à être de plus en plus au cœur des stratégies de très grandes entreprises informatiques. Le libre d’hier n’est plus le libre d’aujourd’hui, et l’esprit de ses pionniers pourrait bientôt n’y plus rayonner que marginalement. Les enjeux capitalistes commencent à imprimer sensiblement leur marque sur les projets de logiciels libres  : le risque est que la réussite du libre ne dissolve son potentiel émancipateur. Ici, l’alliance des communautés du libre avec les structures d’économie sociale prend toute sa dimension – elle assure que le succès du libre ne se fera pas au détriment de son sens politique profond.

Enjeux de l’alliance

Il faut enfin dire qu’une prise de position forte en faveur des licences libres marque, pour les alliés, un engagement dans un débat beaucoup plus large. Dans un monde où les modes de productions sont de plus en plus tournés vers les biens immatériels, les enjeux socio-politiques liés à la propriété intellectuelle deviennent cruciaux et ne s’arrêtent pas aux seuls logiciels. Le brevetage des génomes des plantes et des animaux, des molécules actives des médicaments ou l’augmentation de la durée du droit d’auteur applicable aux œuvres d’art sont des exemples de la violence des mécanismes actuels de privatisation de l’immatériel. La propriété intellectuelle est ainsi au cœur des luttes présentes et futures dans des champs aussi variés que l’agriculture, la santé ou l’art.

En prenant une position claire en faveur des logiciels libres, des licences libres et des modes de production et de diffusion des produits de l’esprit qu’elles organisent, les communautés du libre et les entreprises d’économie sociale s’engagent dans un combat plus vaste que le seul domaine informatique  : celui de la reconquête des biens communs. Ce combat est crucial pour l’avenir nos sociétés.

Notes

[1] Crédit photo  : Rolands Lakis (Creative Commons By)

15 Responses

  1. idoric

    J’ai deux petites choses à redire :
    > « lorsqu’ils écrivent ensemble le code informatique puis décident de le protéger par une licence libre, ils s’assurent que la richesse produite ne pourra être privatisée »

    Ce n’est pas toujours vrai, ça ne l’est que pour la catégorie des LL sous copyleft.

    > « Le principe démocratique : un homme = une voix »

    Là c’est carrément faux, le monde du LL est plutôt une méritocratie. L’évolution (ou les évolutions, n’oublions le droit aux fork) du code n’est pas le résultat d’un vote à la majorité, elle est décidée par ceux qui la font.

  2. Olivier

    Que l’économie sociale et solidaire s’intéresse naturellement au logiciel libre, ne serait-ce que pour modestement s’équiper en informatique, est quelque chose d’assez naturel. Mais la réciproque ne coule pas forcément de… source (arf !)

    Sinon c’est un article intéressant mais assez piégé dans le sens où chacun met un peu ce qu’il veut dans des mots comme "capitalisme", "économie sociale" et "émancipation".

  3. Philippe

    +1 pour Idoric et le principe démocratique
    Je trouve l’article un brin "angélique" et l’opposition avec le monde capitaliste peut-être un peu trop forcée même si globalement j’adhère à cette idée d’ancien et de nouveau monde et au risque de "compromission" du LL à trop vouloir fréquenter cette sphère qui n’est pas faite pour lui. Il suffit de voir les difficultés que l’open source peut lui-même rencontrer et les risques de dissolution auxquels il est confronté : cf MySQL.
    Sinon il est clair que pour le milieu associatif le LL est un choix "évident". Pour faire partie de deux associations, je vois bien que les documents échangés le sont au format word, excel, etc… Mais l’adoption des LL même dans ces mileux n’est pas aussi naturelle que l’on pourrait le penser. Cet article vient à point pour expliquer les raisons de ce choix.

  4. deadalnix

    Mouais, c’est joli sur le papier hein ?

    Ce monsieur devrait aller voir comment ça se passe en vrai avant d’extrapoler. On est en plein dans la dérive bobo dénoncée par un précédent article (d’ailleurs cité en intro).

    C’est dommage, il y avait à dire sérieusement sur le sujet.

  5. Tenshu

    Tout d’abord il faut prendre ce billet pour ce qu’il est, un texte de militant qui saisit les Logiciels Libres comme un outil de réalisation de son idéal Politique.

    A ce titre je regrette que le mot Socialisme n’apparaisse pas une seule fois dans le texte.
    Il est évident que les LL sont un formidable outil pour la réalisation d’un socialisme moderne. Ce qui ne signifie pas qu’ils soient réservés à cet effet.

    Si Jaures disait que la république devait forcément aboutir à la république sociale, le logiciel devrait quant à lui devenir Libre.

  6. philippe

    @ deadalnix : ce « monsieur » connait très bien le « en vrai », merci pour lui.

    Si je ne sais pas s’il a déjà codé, mais il a mouillé la chemise au sein de Chtinux à pas mal d’occasions. Il participe également au groupe de travail Libre Association de l’April.

    Je suis d’accord sur la présence de failles dans son texte mais ne l’attaque pas sur son engagement de libriste car, ce faisant, tu serais dans le faux

  7. Hervé P.78

    Le logiciel libre n’est pas là pour "l’économie sociale" (en encore moins comme "rempart émancipateur anti-capitaliste") mais pour tous "les hommes de bonne volonté".

    Je vois pas pourquoi il y aurait alliance. C’est surtout à l’économie sociale de se réveiller et comprendre qu’il est tout à fait naturel d’utiliser du logiciel libre lorsqu’on affiche de telles ambitions et objectifs.

    Pis je trouve que c’est un discours de l’ancien siècle qui tente maladroitement de s’adapter au nouveau. Ou si l’on veut un discours 1.0 qui parle maladroitement du 2.0 !

  8. Vladimir Vodarevski

    Effectivement, tout dépend de ce qu’on met derrière les mot capitalisme. Un mot qui suscite bien des réactions, et qui recouvre finalement des conceptions différentes qu’ont soit pour ou contre! J’emploie plus le mot libéralisme. Mais, y-a-t-il une différence? Libéralisme met l’accent sur la liberté. Et, là aussi, on peut faire le lien avec le logiciel libre! J’ai écrit deux articles sur ce sujet: http://economie-analyses-actualites… et http://economie-analyses-actualites… . Mais toutes ces questions sont peut-être bien théoriques ou politiques. Les tenants du logiciels libres, représentés par Framablog, sont des gens qui agissent pour faire partager une idée de l’informatique, sans l’imposer. D’où la différence avec les tenants de l’économie sociale, qui combattent un modèle avec le souhait de le voir remplacer par un autre. Mais, peut-être aussi que chaque acteur du logiciel libre agit pour ses propres motifs. Ce n’est pas une idéologie. Peut-on donner une étiquette à tous les membres de ce mouvement?
    En tout cas, je salue une qualité aux programmeurs de logiciels libres: ils agissent, au delà des questions métaphysiques. Et cette action a déjà une influence. Bravo. C’est un monde en mouvement, avec ses débats aussi.

  9. JB

    Je suis tout à fait d’accord avec cet article.

    J’interprète "le 1 homme = 1 voix", non pas avec l’image d’un vote démocratique qui sera accepté par tout le monde quelque soit le résultat, mais plutôt comme le fait que tout le monde peut participer à un projet que cela aille du développeur au traducteur en passant par ceux qui écrivent la documentation et le wiki. C’est la participation à la décision qui est démocratique. C’est un mode de décision ouvert.

    Il est vrai que l’économie sociale a besoin de s’accorder avec ses principes en utilisant des solutions basées sur des logiciels libres. Mais on ne peut pas nier le fait que les logiciels libres ont encore du mal à pénétrer dans la sphère des utilisateurs privés d’ordinateur. En passant par les structures de l’économie sociale, les systèmes d’exploitation libres pourraient fleurir un peu partout dans les foyers.

    L’économie sociale a souvent été un secteur d’innovations qui se sont vues reprises par les entreprises classiques. L’économie sociale est, pour les logiciels libres, la porte d’entrée vers un monde beaucoup plus vaste.

    La qualité des logiciels libres tient aussi par le fait que les utilisateurs sont nombreux, car ils rapportent les bogues, s’ouvrir à l’économie sociale c’est aussi un moyen sur de se renforcer.

    Pour toutes ces raisons, je pense effectivement que l’alliance doit se faire dans les deux sens.

  10. antistress

    "Dans le cas des logiciels libres, point de rémunération du capital : seul le travail paie"
    Le parasitisme paie aussi malheureusement dans le cas des logiciels libres (se servir sans rien rendre).

    De mon côté, j’insisterai non pas sur ce que le Libre peut apporter au milieu associatif puisque l’article le fait très bien, mais plutôt sur ce que le modèle associatif peut apporter au Libre.

    Pour l’anecdote, je discutais l’autre jour avec Benjamin Bayart (Président de FDN, le FAI associatif), à la sortie d’une table ronde sur la neutralité du net à la Cantine, et il y a avait aussi l’ex dirigeant d’un FAI commercial qui n’avait pu survivre à la puissance des FAI actuellement en place, et je lui faisais remarquer qu’il était intéressant de constater que, dans des secteurs ultra concentrés, le seul moyen de réintroduire de la concurrence était parfois de trouver des acteurs sur lesquels les acteurs dominants n’avaient pas d’emprise directe car en dehors du cercle économique traditionnel, et que si Firefox peut proposer une alternative à IE et que FDN peut constituer une alternative à SFR/ORANGE/FREE c’est peut être parce qu’ils ont choisi le modèle associatif. Ils peuvent rivaliser avec les plus gros car les plus gros peuvent pas les racheter ni les faire couler. Il y aurait aussitôt une armée prête à les soutenir.

    J’avais prévu d’en faire un billet mais voilà ça sort ici

  11. Damien

    Bonjour,

    Ce qu’on constate aussi au vu de ces commentaires, c’est que les gens qui parlent ici sont des informaticiens ou des engagés du libre (ok, normal, on est sur framablog !!), mais qu’on parle aussi sur l’économie sociale sans trop la "vivre" de l’intérieur (à part quelques commentaires). Car, par exemple, non l’économie sociale n’est pas entièrement intersecté avec le monde associatif, loin de là même.

    Et pour ne prendre que l’exemple du modèle coopératif, on ne parle pas d’adapter au monde du logiciel un modèle coopératif, ça n’a traversé l’esprit de personne car on n’y voit pas forcément l’intérêt. Mais dire ça ne remet-il pas en cause le modèle des gens avec qui on veut "s’allier" ?

    Je pense que ce texte est une bonne introduction a une discussion de fond qui dépasse la simple adoption logiciel libre / propriétaire mais qui concerne l’incompréhension réciproque (pas toujours, mais souvent) du monde informatique avec le monde de l’ESS.

  12. Paul Bucau

    L’article est intéressant, il pose bien le cadre de réflexion entre des enjeux communs de ces 2 mouvements. Personnellement acteur de l’économie sociale et gros utilisateurs de logiciel libre, je partage ce que l’auteur expose.
    J’ajouterai un troisième mouvement qui mériterait d’entrer dans la vague du logiciel libre; il s’agit de l’éducation populaire dont les principes d’émancipation des personnes et de construction du bien commun sont les mêmes.
    Le seul frein que je vois encore à l’heure actuelle pour que ces alliances se concrétisent est celui de la formation des individus.C’est à mon avis la cause principale du maintien des systèmes informatiques sous logiciel propriétaire, ces habitudes ancrées… Il me parait important de créer de vrais synergies entre ces 3 mouvements pour accompagner un passage progressif de structures vers le logiciel libre, former leurs salariés, et répandre ces pratiques dans les secteurs professionnels dont les valeurs s’opposent au modèle informatique proposé par les multinationales du modèle capitaliste.

  13. partasso

    Il s’agit surtout à mon sens d’une question de valeurs qui se rejoignent, une sorte d’idéal commun dont le socle est l’action collective et la gestion démocratique.