Open Source Ecology ou la communauté Amish 2.0

Classé dans : Communs culturels | 13

Temps de lecture 4 min

image_pdfimage_print

Ca y est, le mouvement est définitivement lancé. Pas un jour sans que l’expression « Open Source » (ou plus simplement « Open ») se décline en ceci ou en cela.

Voici par exemple ce que j’ai rapidement trouvé sur la Wikipédia anglophone (prendre un grande respiration) : Open Source Hardware, Open Format, Open Standard, Open Data, Open Access, Open Content, Open Education, Open Educational Resources, Open Textbooks, Open Source Governance, Open Source Political Campaign, Open Design, Open Source Car, un très étonnant Open Source Religion, Open Cola et, le meilleur pour la fin, Open Source Beer !

Avec plus ou moins de bonheur du reste, car à l’échelle de tout ce qui est et sera possible de faire nous n’en sommes souvent qu’au stade de la genèse (ou en version 0.1 si vous préférez), car le logiciel libre a ses spécificités qui n’en font pas nécessairement un modèle transposable ailleurs. Mais le simple fait que des initiatives pullulent un peu partout est déjà signicatif en soi.

Il faut dire que si j’avais 20 ans aujourd’hui et que je prenais le temps d’observer la société qu’on me propose, j’aurais bigrement envie moi aussi d’explorer toutes ces tentatives d’alternatives à une déprimante réalité. En prenant appui sur les nouvelles technologies et en s’inspirant de ce qu’a déjà fait le logiciel libre, on peut effectivement contribuer à construire un autre monde possible. On vous regardera comme un doux rêveur au début, mais tenez bon, Wikipédia ne s’est pas construite en un jour :)

Dans la famille Open Source je demande donc aujourd’hui la carte écologie, avec un site Web découvert hier soir grâce à la fée Sérendipité.

Le projet s’appelle Open Source Ecology. C’est un titre vaste et ambitieux qui, pour le moment, se concrétise avant tout par le fascinant « Global Village Construction Set » dont la courte vidéo sous-titrée ci-contre vous donnera de suite un bref aperçu.

—> La vidéo au format webm
—> Le fichier de sous-titres

Voici une description plus générale telle qu’on la trouve sur la page francophone du projet :

Open Source Ecology est un mouvement dédié à l’élaboration conjointe de technologies reproductibles, open source et modernes pour des communautés villageoises résilientes. En utilisant tout à la fois la permaculture et les ateliers de conception numérique pour la satisfaction des besoins de base, selon une méthodologie open source favorisant la reproduction à bas coût de l’ensemble des opérations, nous souhaitons aider chaque personne qui le souhaite à dépasser le stade de la survie et à évoluer vers la liberté.

Dans notre analyse, la plupart des technologies nécessaires à un mode de vie durable et plaisant peuvent se réduire au coût de la ferraille et du travail. Il y a un potentiel immense de transformation sociale dès lors que ces technologies seront pleinement développées de manière à construire des communautés auto-suffisantes reliées entre elles. Nous serons alors libérés des contraintes matérielles et aptes à nous réaliser nous-mêmes.

Bien sûr, il s’agit d’une tâche ambitieuse, mais nous avons déjà accompli beaucoup et nos progrès sont rapides. Nous mettons la théorie en œuvre à Factor e Farm, notre installation à la campagne. Nos moyens d’atteindre ces objectifs sont minutieusement détaillés dans le Global Village Construction Set ainsi que dans nos Propositions pour une écologie open source.

L’ensemble du site et donc, j’imagine, du projet est sous double licence GNU FDL et Creative Commons By-Sa. Et les machines dont il est question semblent déjà bien documentées si j’en juge par l’exemple du tracteur LifeTrac.

On dirait un peu des Amish qui ne refuseraient plus la modernité pour au contraire en tirer le meilleur profit, des « Amish 2.0 » en quelque sorte.

Vous en avez assez des vicissitudes de la ville et son stressant et démotivant métro, boulot, dodo ? Alors partez dans la Creuse avec vos amis Facebook fonder une communauté écologique et open source !

Visitez le site du projet (entrée en français)…

13 Responses

  1. aKa

    @vvillenave : C’est toi, parce que je les aime bien moi les Amish, c’est pas la première fois qu’on en parle ici d’ailleurs :
    http://www.framablog.org/index.php/

    Ceci dit la comparaison et le titre ne sont pas forcément heureux. Si quelqu’un a un meileur titre à me suggérer, je suis preneur 😉

  2. Jo

    Une fois que l’on a lu l’article et vu la vidéo, Amish peut passer. Surprenant !!!
    … Et agréable, et prometteur, et tout, et tout.

  3. sourinux

    C’est la magie du web : j’ai découvert ce site il y a 15 jours, par le biais de p2pfoundation.net, j’ai traduit la première page du site en français il y a une semaine, et aujourd’hui, Framablog titre dessus ! Coïncidence heureuse qui devrait m’encourager à poursuivre la traduction du site. Pour info, je bosse actuellement sur la page CEP Press, c’est-à-dire la machine à fabriquer des briques de terre compressées (BTC) pour la construction des maisons.

    Un grand merci à Framablog pour nous éveiller à cet autre monde possible… et urgemment nécessaire !
    Et chapeau aux Amish 2.0 !

  4. libre fan

    Dans la vidéo il s’agit de plans libres de construction de machines. Mais je ne sais pas si des écolo apprécieraient:
    -le pétrole pour faire marcher les machines (oh pardon le gaz de schiste franco-français)
    -le style de culture qui semble encore traditionnelle (charrue) mais il faut piocher la question. S’ils font de la permaculture, ils ne remuent la terre qu’au moment de défricher la première fois.

    J’espère que ces gens inventifs fabriqueront des machines à air comprimé comme les autos de M. Nègre, près de Nice.

    Quant à aller dans la creuse, c’est plutôt qu’on ne saura plus où aller bientôt: http://gazschiste.wordpress.com/

  5. tala

    @libre fan : Une certaine « technophilie » imprègne visiblement le projet OSE et sans doute cela heurte d’autres conceptions du monde présentes dans « le mouvement écologiste ».
    Par contre la critique concernant l’utilisation du pétrole me parait mal formulée.
    Les machines que j’ai vues fonctionnent sur batteries ou branchées sur des « circuits hydrauliques ». Aucune source d’énergie primaire n’est exclue ou favorisée. En cela, elles ont les mêmes qualités et les mêmes défauts que la voiture à air comprimé :
    – elles ne nécessitent pas obligatoirement de pétrole pour fonctionner
    – par contre, il faut bien d’une manière ou d’une autre charger les batteries, comprimer le liquide ou l’air. Donc il faut une source d’énergie externe.

  6. libre fan

    Oui tala, tu as raison, je suis allée voir ce qu’ils font et bien sûr il y a des tas de projets libres pour faire du solaire et tout ça. Mais c’est qu’on n’a vraiment pas l’habitude de voir des tracteurs mus par autre chose que du pétrole. Leur machines sont tou à fait extraordinaires. J’espère trouver de la doc pour faire un panneau solaire avec batterie et onduleur pour Tux 🙂

    Ps: je ne suis pas écolo dans le sens où ce qui me préoccupe c’est plutôt l’humanisme que la terre qui, elle, se débrouillera toujours. D’ailleurs, c’est elle qui est pleine de méthane et de métaux lourds. Il ne faut pas remuer le sous-sol , c’est pour notre vie à nous et non pas un équilibre cosmique qui s’en fout complètement (ça chahute à loisir là haut dans les hautes sphères).

  7. biojm2

    Bonjour,
    Très intéressant ce projet, mais, « libre fan », malheureusement non, la terre ne peut sans tirer seule
    ou alors sans nous
    ou alors sans vie
    c’est probable
    je ne pense pas qu’une terre morte et sans vie soit une terre qui s’en soit tirée….

  8. pierrre

    Bonjour,
    Du nouveau sur ce projet (OSE) : ils explosent les objectifs sur KickStarter (http://www.kickstarter.com/projects…) et sont en train de construire l’atelier, avec leur machine à briques « libres »…
    Un projet vraiment enthousiasmant qui mériterait un nouvel article !
    corrdialement,
    Pierrre