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Le philosophe Bernard Stiegler fait l’objet d’un tag dédié sur le Framablog.
En découvrant le titre de l’article qui lui était consacré dans le journal belge Le Soir du 30 novembre dernier, on comprend bien pourquoi :)
Remarque : Demain 3 mars à 14h au Théâtre de La Colline aura lieu une rencontre Ars Industrialis autour du récent ouvrage L’école, le numérique et la société qui vient co-signé entre autres par Bernard Stiegler.
« Le logiciel libre peut redonner sens à nos vies »
Quentin Noirfalisse – 30 novembre 2011 – Le Soir
Bernard Stiegler, un philosophe en lutte. Dans sa ligne de mire : un capitalisme addictif qui aspire le sens de nos existences. Son remède : une économie de la contribution.
Ce n’est plus un secret pour personne : le capitalisme est en train d’être dévoré par ses propres effets toxiques. En 2005, parmi d’autres voix peu écoutées alors, une association française, Ars Industrialis, lancée par quatre philosophes et une juriste, avait sonné le tocsin. A l’époque, leur manifeste décrivait les dangers d’un capitalisme « autodestructeur » et la soumission totale aux « impératifs de l’économie de marché et des retours sur investissements les plus rapides possibles des entreprises » et notamment celles actives dans les médias, la culture ou les télécommunications.
Aujourd’hui, l’association comporte plus de 500 membres, économistes, philosophes, informaticiens et toxicologues (car le capitalisme est devenu « addictif » et « pulsionnel ») confondus et ne semble pas s’être trompée de sonnette d’alarme. « Nous faisons partie des gens qui ont soulevé, dès 2006, l’insolvabilité chronique du système financier américain. On nous riait au nez, à l’époque », explique le philosophe Bernard Stiegler, fondateur d’Ars Industrialis et directeur de l’Institut de recherche et d’innovation du Centre Pompidou.
L’homme habite un petit moulin industriel reconverti en maison à Epineuil-le-Fleuriel, au beau milieu de la France paysanne. Entre quelques cris de paons, il vient de nous détailler le malaise qui s’empare de tous les échelons de la société.
Le règne de l’incurie
« Au 20e siècle, un nouveau modèle s’est substitué au capitalisme industriel et productiviste du 19e : le consumérisme, qu’on assimile au fordisme et qui a cimenté l’opposition entre producteur et consommateur. Le capitalisme productiviste supposait la prolétarisation des ouvriers. Ceux-ci perdaient tout leur savoir-faire qui était transféré aux machines. Avec le consumérisme, ce sont les consommateurs qui perdent leur savoir-vivre, ce qui constitue la deuxième phase de la prolétarisation. »
Chez Stiegler, le savoir-vivre, c’est ce qui permet à un homme de pouvoir développer ses propres pratiques sociales, d’avoir un style de vie particulier, une existence qui n’est pas identique à celle de son voisin. « Le problème du capitalisme, c’est qu’il détruit nos existences. Le marketing nous impose nos modes de vie et de pensée. Et cette perte de savoir-faire et de savoir-vivre devient généralisée. Beaucoup d’ingénieurs n’ont plus que des compétences et de moins en moins de connaissances. On peut donc leur faire faire n’importe quoi, c’est très pratique, mais ça peut aussi produire Fukushima. L’exemple ultime de cette prolétarisation totale, c’est Alan Greenspan, l’ancien patron de la Banque fédérale américaine, qui a dit, devant le Congrès américain qu’il ne pouvait pas anticiper la crise financière parce que le système lui avait totalement échappé. »
Que la justification de Greenspan soit sincère ou non, il n’en ressort pas moins que le système ultralibéral qu’il a sans cesse promu a engendré la domination de la spéculation à rendement immédiat sur l’investissement à long terme. Nous assistons, déplore Stiegler, au règne d’une « économie de l’incurie » dont les acteurs sont frappés d’un syndrome de « déresponsabilisation » couplé à une démotivation rampante.
Où se situe la solution ? Pour Stiegler, l’heure est venue de passer du capitalisme consumériste à un nouveau modèle industriel : l’économie de la contribution. En 1987, le philosophe organisait une exposition au Centre Pompidou, « Les mémoires du futur », où il montra que « le 21e siècle serait une bibliothèque où les individus seraient mis en réseaux, avec de nouvelles compétences données par des appareils alors inaccessibles. »
Depuis, Stiegler a chapeauté la réalisation de logiciels et réfléchit le numérique, convaincu qu’il est, en tant que nouvelle forme d’écriture, un vecteur essentiel de la pensée et de la connaissance. Il a observé de près le mouvement du logiciel libre[1]. C’est de là qu’aurait en partie germé l’idée d’une économie de la contribution. Car dans le « libre », l’argent n’est plus le moteur principal. Il cède la place à la motivation et à la passion, deux valeurs en chute libre dans le modèle consumériste. La question du sens donné aux projets par leurs participants y occupe une place centrale.
« Le logiciel libre est en train de gagner la guerre du logiciel, affirme la Commission européenne. Mais pourquoi ça marche ? Parce que c’est un modèle industriel – écrire du code, c’est éminemment industriel – déprolétarisant. Les processus de travail à l’intérieur du libre permettent de reconstituer ce que j’appelle de l’individuation, c’est-à-dire la capacité à se transformer par soi-même, à se remettre en question, à être responsable de ce que l’on fait et à échanger avec les autres. Cela fait longtemps, par exemple, que les hackers[2] s’approprient les objets techniques selon des normes qui ne sont pas celles prescrites par le marketing. »
De la même manière, une « infrastructure contributive » se développe, depuis deux décennies, sur un internet qui « repose entièrement sur la participation de ses utilisateurs ». Elle a permis, entre autres, d’accoucher de Wikipédia et de substituer à la dualité consommateur-producteur un ensemble de contributeurs actifs. Ceux-ci créent et échangent leurs savoirs sur le réseau, développant ainsi des « milieux associés » où ils peuvent façonner leurs propres jugements. Pour Stiegler, cette capacité à penser par soi-même propre au modèle contributif, est constitutive d’un meilleur fonctionnement démocratique.
Poison et remède
Pas question, toutefois, de tomber dans un angélisme pontifiant. Dans ses textes, il décrit le numérique comme un « pharmakon », terme grec qui désigne à la fois un poison et un remède, « dont il faut prendre soin ». Objectif : « lutter contre un usage de ces réseaux au service d’un hyperconsumérisme plus toxique que jamais », peut-on lire dans le Manifeste d’Ars Industrialis. Stiegler complète, en face-à-face : « Le numérique peut également aboutir à une société policière. Soit on va vers un développement pareil, soit vers l’économie de la contribution. »
D’ores et déjà, des embryons de ce modèle naissent dans d’autres domaines. « Une agriculture contributive existe déjà. L’agriculteur et ses consommateurs deviennent des partenaires, en s’appuyant notamment sur le web. » En France, cela se fait au travers des AMAP, les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, où les différents acteurs se mettent d’accord sur la quantité et la diversité des denrées à produire. « Dans l’univers médical, poursuit Stiegler, les patients sont parfois intégrés à la recherche, comme ce qu’a fait le professeur Montagnier avec les malades du sida. Nous pensons également qu’il y a des domaines contributifs en énergie, où l’idée serait de produire autant que l’on reçoit, grâce aux réseaux de distribution intelligents, les smart grids. C’est bien sûr totalement contraire aux intérêts des grands groupes. »
Ainsi, l’idée d’une économie de la contribution implique que des pans entiers de nos sociétés sont à réinventer. Stiegler énumère certains besoins : « une politique éducative en relation avec le numérique, un nouveau droit du travail, un système politique déprofessionnalisé, un monde de la recherche où professionnels et amateurs sont associés. Nous plaidons beaucoup pour cette figure de l’amateur, qui aime ce qu’il fait et s’y investit complètement. » Reste, finalement, la question de l’argent. La valeur produite par les contributeurs n’est pas toujours monétisable, mais peut avoir un impact sur l’activité économique. Ainsi, les articles de Wikipédia permettent à Bernard Stiegler d’écrire beaucoup plus vite qu’avant. « La puissance publique doit être en charge d’assurer la solvabilité des contributeurs. Quelqu’un qui a un projet intéressant doit pouvoir recevoir de l’argent. Cela s’inscrit dans le sillage de thèses classiques comme le revenu minimum d’existence, à ceci près que nous pensons que ces budgets doivent être pensés comme des investissements. »
Reproduire de l’investissement, non seulement financier, mais surtout humain. Aux yeux de Stiegler, voilà l’enjeu d’une sortie de crise. Et voilà, aussi, pourquoi il appelle à la réunion des hackers, des universités, des chercheurs, des amateurs et des gens de bonne volonté (« il y en a partout ») face à un « néolibéralisme devenu l’organisation généralisée du désinvestissement ».
Interview de Bernard Stiegler
Entretien : Quentin Noirfalisse – Vidéo : Adrien Kaempf et Maximilien Charlier
Geek Politics – Dancing Dog Productions
—> La vidéo au format webm
morandim
Bonjour,
Très très à la mode ces jours-ci que ce philosophe, car très très intéressant
Amicalement
nobody
Bonjour,
Tout le problème repose sur la monétisation de cette nouvelle vision sociale et économique. Des pistes sont présentées à la fin de l’article et t j’espère sincèrement qu’on y parviendra dans un futur proche car c’est beaucoup plus beau que le consumérisme qui, en plus d’avoir des failles, est complètement absurde (d’un point de vue écologique et humain, a minima).
p_p
Monsieur Stiegler est un grand séducteur.
J’aime beaucoup quand il fait des conférences sur les logiciels libres et l’économie de la contribution devant son beau Mac, c’est très crédible.
De même pour le logiciel ligne de temps auquel il a contribué avec l’IRI du centre pompidou en 2009, on peut remarquer que c’est un logiciel peu libre finalement.
blablabla
Karirin
Avec 5 millions de chomeur, et 8 millions de travailleur pauvres sans compter leur famille
COMMENT ALLEZ VOUS CHANGER LE SYSTEME CAPITALISTE, en plein fonctionnement, pour lui comme pour les riches tout ira bien
A part produire individuellement , localement , mieux encore : n’importe qui peut produire ses objets et sa nourriture
https://singularite.wordpress.com/h…
là ca serait du changement … Mais ca demanderait du courage
Aa
P_P : B. Stiegler est un penseur. Oui il a des aspects agaçants, son jargon par exemple (outre le Mac etc…). Mais on a la chance d’avoir un penseur important, qui fait avancer la réflexion, qui compte dans le paysage intellectuel français, et qui fait avancer nos idées.
On fait quoi ? On lui crache dessus parce qu’il n’a pas la bonne distrib Linux ? Mouais…
jbar
Si ça se trouve, il a installé un Gnu/Linux sur son mac …
https://help.ubuntu.com/community/M…
Par contre le coup de l’appli de l’IRI du centre pompidou … 🙁
Mais bon, on ne peut changer toutes les mauvaises habitudes de chacun d’un coup.
Hector V.
Quand Bernard Stiegler nous montre d’intéressantes lunes, l’imbécile regarde son Mac 🙂
p_p
c’est très pertinent le coup des lunes et du mac, fallait y penser.
La force d’attraction de la lune sur les humains est aussi puissante et ineffable que l’emprise des macs sur les consommateurs bobos. 🙂
Les propos de Stiegler sont pour moi qui tente de m’intéresser à la pensée de la culture libre, un peu chargés de concepts nébuleux, je ressent une tentative d’hypnose de sa part.
Je préfère entendre des Aigrain, des LeCrosnier ou des Bayart sur ces questions là. Ils ne sont pas philosophes c’est vrai, mais après tout Stiegler non plus, enfin plutôt philosophe DIY ce qui peut séduire c’est vrai.
Je dis qu’il devrait passer de la théorie à la pratique et que l’on a pas besoin de messie opportuniste.
Aa
@P_P Sans vouloir défendre à tout prix Stiegler… Philosophe DIY ok, mais après des études, opportuniste non, ça fait 20 ans qu’il parle de ça (http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernar…)
Pas d’antagonisme entre un Aigrain et un Stiegler à mon avis. Sauf que, c’est vrai, Stiegler conceptualise beaucoup (ce qui est en effet pénible parfois)
Brice
Quelle ingratitude envers le capitalisme qui a sorti le monde de la pauvreté ! Quelle méfiance envers la liberté, celle des autres naturellement, surtout pour un passionné du logiciel libre et de ses effets.
La puissance publique doit faire ceci, la puissance publique doit faire cela, quelle prétention de savoir ce qui est bon ou pas pour les administrés ! Il faut surtout être aveugle pour ne pas voir que les « grands groupes » se servent de l’État à leur profit car ils ont les moyens de le faire. Comme quoi la puissance publique n’est pas aussi incorruptible qu’on veuille le croire. Naturellement, on pointera du doigt les méchants libéraux, alors que ce sont eux qui sont les premiers à s’opposer aux lois de protection des grands, au renflouement des banques. Quant au désinvestissement, c’est encore l’État qui le génère par des taxes et impôts sur les revenus des investissements. Et Greenspan, quelle blague, il avait comme ce cher philosophe eu la prétention du savoir, en l’occurrence de savoir quel taux directeur était le meilleur pour l’économie. Résultat : une bulle immobilière d’anthologie.
Bref, laissons faire les français, en matière d’éducation, en matière de logiciel, en matière de monnaie. Nul besoin de bureaucratie, nul besoin de puissance publique. S’il y a un budget à augmenter, ce serait plutôt celui de la Justice, pour faire respecter un tant soit peu l’État de Droit.
http://bastiat2012.fr
Épios Bettems
Bravo Brice ! J’attendais avec impatience qu’un défenseur du libéralisme si injustement pointé ici s’avance, et franchement, je n’ai rien à ajouter. Vous avez juste sur toute la ligne, avez tout résumé et si j’étais français et majeur, j’élirais sans hésitation Frédéric Bastiat à la présidence ! (Quoi « il est mort » ? ) Moi qui vient tout juste de découvrir la vérité sur le libéralisme il y a 2 mois ! M’enfin, j’espère que les commentaires ne vont pas repartir en sucette comme ici :
http://geektionnerd.net/41709/comme…
pierreghz
Un « libriste » qui a un Macintosh® et qui crache sur le consumérisme au même endroit ?! Je ris.
S’il vous plaît, arrêtez de donner de l’écho aux minables, ce type est aussi philosophe que moi je suis ingénieur en aérospatiale. Si au fond il comprend quelques idées derrière le logiciel libre et la collaboration inhérente au copyleft, il ne fait que débiter un discours pré-conçu sans rien savoir d’autre.
JosephK
Aller, je vais nourrir les trolls qui ont l’air affamés aujourd’hui… (personne ne s’en est occupé vendredi ou quoi ? Ils ne tiendront jamais le week-end…) Quel âge a-t-il son Mac ? Vous préférez qu’il le jette tout de suite et qu’il achète un nouveau PC sous GNU/Linux avec ses composants fabriqués en Chine par des ouvriers qui bossent 12h par jours pour 3 yuans de l’heure ? Non bien sur, un philosophe, un vrai, il ne lui faut que du papier (ou une tablette de marbre et un burin), une toge et une longue barbe blanche… Je remarque quand même qu’il a toujours le même Mac depuis plus de 5 ans (d’après les archives chez Christian Faure : http://www.christian-faure.net/enre… , la plus ancienne apparition du Mac que j’ai trouvée date de fin 2007 http://interstices.info/jcms/c_3308… ). Or il se disait fin 2009 que la durée de vie d’un ordinateur était passée en moyenne de 6 ans en 2000 à 2 ans. Ça a certainement encore baissé depuis donc bon… Sinon, dans le même genre j’ai déjà assisté à une conférence d’Hubert Reeves en 2006 sur la migration des oiseaux, il tenait un discours assez orienté écologie mais il avait un Mac — lui aussi. (et pourtant il avait la belle barbe blanche d’un astrophysicien digne de ce nom, snif… :’-( ).
Allez, tous ensemble : « Bououououh… Comment ose-t-il parler d’écologie ?! Un Mac ! »
… un Mac sous Mac OS 8 qui datait de 97 (en 2006 sortait la version 2 de Firefox et il avait toujours IE4 sur son bureau le pauvre 🙂 ). @Hector V. : Joliment dit 🙂
Void Groumpf
Deux « Jeunes Pops » et un ingénieur en aérospatiale qui a tout compris à « la collaboration inhérente au copyleft » (chapeau), quels commentaires !
Baronsed
Brice et Épios, vous êtes épiques. Le « libéralisme » actuel n’a guère de rapport avec l’original. Lequel n’existe plus qu’en tant que concept.
Épios Bettems
Void Groumpf : C’est moi le Jeune Pop’ ? Non, l’UMP n’est surtout pas libérale, sauf dans l’esprit de quelques antilibéraux qui n’y ont rien compris. Vous vous trompez de cible.
Baronsed : Ok, alors, si je veux défendre l’original ? Ce n’est plus qu’un concept ? Autant l’essayer, on a quoi à y perdre ? Bastiat président ! (Je sais que c’est pas sérieux, et alors ?)
Brice
Ouais franchement Jeune Pop’ c’est pas gentil 😉 Pour résumer, si Sarkozy était libéral on aurait pas 56% de dépenses publiques dans le PIB. Pour savoir ce qu’est une véritable politique libérale, attendez de voir le programme de « Bastiat 2012 » dévoilé demain, je ne doute pas que ça va décoiffer.
J’aimerais savoir ce que Baronsed entend par « libéralisme actuel » et par « libéralisme original », voilà qui pourrait initier une discussion constructive.
Merci à Epios, nous voilà deux à prêcher la bonne parole ^^
4strO
Et voila, ça parle plus du gars que de ce qu’il dit.
–> Bernard n’aurait pas du oublier de mettre son masque de Guy Fawkes …
mynux
Le mec avec son Apple, qui est soit dit en passant, le pire dans ce que l’ultra capitalisme peut faire : exploitation d’esclaves chinois pour produire le moins chère possible tout en revendant aux moutons Apple Fanboys au plus chère possible : cela assure une rentabilité à toute épreuve (des marges de minimum 30%), un trésor de guerre de quasi 100 MILLIARDS DE DOLLARS en quelques années à peine et une capitalisation boursière équivalente au PIB polonais !!! Bref du grand n’importe quoi, qu’il retourne chez lui au lieu de nous donner des leçons de morale ! Sans parler de toute l’univers propriétaire qui incite les iMoutons à consommer 100% Apple pour encore plus nourrir le monstre et jeter plus (câbles propriétaires, …).
Etenil
Qu’on bosse sur un Mac, un noname ou un bloc-note me laisse de marbre, cela n’a pas de rapport avec le discours du monsieur. Évidemment discréditer est beaucoup plus aisé que contre-argumenter. Demandez donc aux avocats.
Je n’ai pas grand opinion à donner sur l’article lui-même, si ce n’est que ce monsieur a une vision assez optimiste de l’avenir, et que la réalité tend à démontrer que le futur semble plus sombre.
Je souhaitais néanmoins préciser au passage que le logiciel libre ne s’inscrit pas en contradiction avec le capitalisme, c’en est au contraire le paroxysme avec une compétition sauvage et une production à coût zéro (ou très bas). Mais ici, ce n’est pas tant le capitalisme lui-même que Stiegler critique, mais ses dérives actuelles ; et celles-ci n’ont pas contribué à sortir le monde de la misère, comme le suggère Brice, mais à l’appauvrir.
Brice
Etenil, si vous pensez que les maux que le monde connaît actuellement sont dus aux « dérives du capitalisme », je vous recommande chaudement le dernier livre de Pascal Salin : « Revenir au capitalisme pour éviter les crises ». Facile à lire et passionnant.
Vincent
[pub] : Une opportunité open pour ceux tentés par le DIY :
http://opentruc.fr
Marie-Odile Morandi
Bonjour,
Revue Philosophie Magazine mars 2012 n°57 page 45, article signé Bernard Stiegler :
« La vitesse technique peut provoquer des courts-circuits dans nos âmes »
Amicalement
Nicoco
Un monsieur très intéressant.
Je suis surpris qu’on ne puisse pas télécharger librement ses oeuvres, compte tenu de son discours.
Haorou444
1. Rousseau a écrit l’un des plus grands traités d’éducation : l’Emile. Et . . . bin il a abandonné ses enfants. On fait quoi ? On jette ce livre à la poubelle ?
2. Qui vous dit qu’on ne lui a pas offert à Noël ou à son anniversaire à son gré ? Lui aussi devrait jeter son mac à la poubelle ? Pas très écolo . . .
Bref parler de détails pareils est ridicule et dévoile la cécité de certains devant la lumière de propos qui devraient au contraire étonner par leur originalité, et oui vous n’entendrez pas ça dans la bouche d’un BHL ou d’un Finkelkraut, 2 personnes tant aimés des médias.
On lui repproche d’être trop « conceptuel » et pas assez pratique : E = MC2 vous trouvez ça « pratique » ? je met des guillemets car je ne suis pas sûr que le complexe théorie/pratique soit vraiment maîtrisé par ses utilisateurs.
PS : Stiegler est loin de travailler dans sa tour d’ivoire, il est très engagé dans le champ politique européen si c’est ce que vous vouliez dire.
kev
Pour ceux qui disent que son Mac le décrédibilise : Savez vous ce qui est installé dessus ? Sans doute plein de logiciels libres. Peut-être même tourne-t-il sous Linux, qui sait ? On ne voit que l’extérieur, pas l’intérieur 🙂
quidam
bonjour bernard…..tu as fait un sacré bout de chemin….De St michel, quartier 2, avec Jean Luc bergonsi, nous étions à la découverte de F de Saussure et André Leroy-Gouran…..Quel joie j’aurais à te joindre, mais comment ??? Alain Limare….
lzbk
C’est sûr que le bourgeois dans son moulin, avec son mac ça fait pas rêver. Mais ne laissez pas le capitalisme guider votre esprit critique. Le côté « ses idées sont nulles car il ne les applique pas à la lettre » (dans un monde où elles ne sont pas applicables à grande échelle). Est-ce que c’est une rhétorique qui est apparue du fait que beaucoup de penseurs et révolutionnaires n’étaient pas de la classe ouvrière (p.ex.: Lénine ? famille de nobles, Che Guevara ? gosse de riche, qui fait du rugby et médecine, etc.) ? Mais est-ce que pour avoir plus de penseurs de la classe ouvrière qui arrivent à se faire connaitre, il ne faut pas déjà des réformes structurelles ?
Le fait est que ce Stiegler a sûrement beaucoup de défauts. Mais, il faut arrêter de se laisser intimider par ces méthodes : « tu es contre le capitalisme, pourtant t’as des vans® et un ordi toshiba® ».
Pour changer le monde, il faut de l’action, mais il faut aussi une pensée qui prend du recul vis-à-vis de l’action, qui étudie le champ des possibles, fait un diagnostic de la situation. Et là, il a beau être un bobo à la mode, il y a des choses intéressantes, qu’il s’agisse des constats des conséquences d’une société capitaliste portée par le marketing, des modes de résistance à cette société (détournement des usages prescrits) ou des solutions proposées (éducation « numérique », RME, politique déprofessionalisée).
Alors c’est sûr que question fonctions constituantes dictées par le marketing et les concepteurs, le MAC, ça se pose là. C’est d’autant plus important qu’il y ait des linuxiens comme vous/nous, qui lisent ce qui se dit dans le domaine.
NB : dans toutes les critiques négatives, pas une sur ce qu’il dit, que du superficiel sur ce qu’il est…
herve zarka
Merci pour la pertinence de cet article! Je prends en considérations ces différents points!
Bonne Année 2014!