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Federico Zannier est un étudiant d’origine italienne vivant à New York. Il a décidé de collecter toutes ses données personnelles et de les vendre sur le site de crowdfunding KickStarter !
Si Facebook ou Google se font de l’argent sur notre compte sans que cela ne me rapporte rien, pourquoi ne pas vendre directement sa vie privée aux entreprises intéressées ?
Une initiative pour le moins originale, à mi-chemin entre la performance artistique conceptuelle et l’acte politique qui vise à faire prendre conscience de la situation.
A bite of Me
Federico Zannier – Mai 2013 – KickStarter
(Traduction : P3ter, Axl, lgodard, Tuxmax + anonymes)
J’ai collecté automatiquement les données me concernant. J’ai violé ma vie privée. Maintenant je vends le tout. Mais combien cela vaut-il ?
Je passe des heures chaque jour à surfer sur Internet. Pendant ce temps, des compagnies comme Facebook et Google utilisent mes informations de navigation (les sites internet que je visite, les amis que j’ai, les vidéos que je regarde) pour leur propre bénéfice.
En 2012, les revenus de la publicité aux États-Unis étaient aux alentours des 30 milliards de dollars. La même année, je tirais exactement 0$ des mes propres données. Et si je traçais tout moi-même ? Pourrais-je tirer quelques dollars en retour ?
J’ai commencé à regarder les conditions générales des sites web que j’utilise souvent. Dans leurs politiques de confidentialité, j’ai trouvé des phrases telles que « Vous accordez une autorisation mondiale, non-exclusive, gratuite pour l’utilisation, la copie, la reproduction, le traitement, l’adaptation, la modification, la publication, la transmission, l’affichage et la distribution de ce contenu dans tout media et suivant toute méthode de distribution (connue à ce jour ou développée ultérieurement). » J’ai tout simplement accepté de donner un droit à vie, international, re-licenciable d’utiliser mes données personnelles.
Quelqu’un m’a dit que nous vivons dans l’âge des données, que l’âge du silicium est déjà terminé. « Dans cette nouvelle économie », ont-ils dit, « les données c’est le pétrole ».
Bien, voilà ce que je peux y faire.
Depuis février, j’ai enregistré toutes mes activités en ligne (les pages que j’ai visitées, la position du pointeur de la souris, des captures d’écran de ce que je regardais, des clichés webcam de moi regardant l’écran, ma position GPS et un journal des applications que j’utilisais). Vous trouverez quelques illustrations sur myprivacy.info.
Le paquet de données contient :
- Pages webs (un répertoire avec le texte de toutes les pages visitées)
- websiteViewsLog.csv (une liste qui lie le pages visitées au texte)
- ScreenCaptures (un répertoire des captures d’écrans)
- screenCaptures.csv (une liste des captures d’écrans datées)
- WebcamPhotos (un répertoire avec des photos de webcam prises toutes les 30 secondes)
- webcamPhotos.csv (une liste de photos datées)
- applicationLog.csv (heure d’ouverture et de fermeture des applications utilisées)
- applicationUsage.csv (un résumé du fichier journal des applications)
- browserTabs.csv (heure d’ouverture et de fermeture de chaque onglet dans chrome, avec leur contenu)
- browserWindows.csv (dates et heures d’ouverture de mon navigateur web chrome)
- geolocation.csv (ma latitude et ma longitude)
- mouseLog.csv (une liste des cordonnées de la souris)
- websiteOfTheDay.csv (les sites web les plus populaires)
- wordsOfTheDay.csv (les recherches les plus courantes)
La suite d’outils contient :
- des routines de nettoyage de données
- des utilitaires de conversion et d’analyse
- des outils de statistiques basiques
Je vend ces données 2$ par jour. Si plus de personne font de même, je pense que les marketeux pourraient juste nous payer directement pour nos données. Ça parait fou, mais offrir toutes nos données sans contrepartie l’est tout autant.
Thanks ! Merci !
Federico
iri
Bonjour,
OK, ça élimine quelques intermédiaires (et encore), et cette initiative ne résoud en rien le problème de fond : le point central reste la marchandisation des données personnelles. Elle ne me rapporte rien, avec ce système, j’espère en tirer quelque chose. Et après ?
Celles et ceux qui ne veulent pas cette marchandisation continueront à la subir par les moyens « classiques ». Sans mépris, je ne vois pas l’intérêt de cette traduction ici !
Internet notre ennemi
Initiative qui n’a rien d’original puisqu’on en parle depuis des années.
Mais en France ce serait de toutes façons interdit : on n’a pas le droit de faire commerce de sa vie privée ; ce qui veut dire aussi que tous ceux qui nous pillent notre vie privée pour la revendre sont dans l’illégalité.
nous sommes le produit
Il serait un peu plus honnête de mettre dans la balance la somme des coûts des services dont il bénéficie gratuitement en échange de ses données. Il est certain que le déséquilibre est immense mais dire « je rapporte des sous malgré moi sans rien en retour » est faux. En retour, nous avons un service… que nous payons surement au prix fort.
Benibur
Et si avant de vouloir revendre nos données on se les réappropriaient pour en tirer un meilleurs parti ? Et si on avait un cloud personnel qui nous permette de se réapproprier nos données ?
Chaque service construit un silo autour de la part de nos données qu’il possède. Ces silos rendent difficile la création de services transverses qui collaborent sur nos données. Par exemple dans une note on aimerait bien pouvoir créer une tache que l’on retrouve ensuite dans notre service de todoliste. Imaginez vous que Evernote et AnyDo rendent ça possible un jour ? Ou encore faire un croisement entre vos entrainements sportifs, votre poids et vos heures de sommeil ? Il faudrait que Withing et fitbit collaborent, ce qui n’est pas prêt d’arriver.
Et je ne parle pas de la privacy qui, si on se projette sur 5 ou 10ans, avec l’augmentation exponentielle de la quantité de data personnelle et de la puissance des algorithmes pour exploiter ces données, est un sujet majeur.
On monte une startup, full open source, pour proposer un cloud personnel : https://cozycloud.cc
Hésitez pas à nous faire des remarques, critiques et positives pour qu’on s’améliore !