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Vous connaissiez la suite bureautique libre Joeffice ?
Nous, non ! Et quand nous avons appris qu’elle avait été conçue en 30 jours par un développeur (qui plus est français), nous avons évidemment eu envie d’en savoir plus…
Bonjour Anthony, peux-tu te présenter succinctement ? Quel a été ton parcours de développeur ?
Bonjour, je m’appelle Anthony Goubard, j’ai 40 ans et j’habite à Amsterdam. J’ai commencé Java durant ma dernière année d’ingénieur avec la version 1.0 alpha puis j’ai fait du détachement sur la région parisienne. Il y a 14 ans je suis allé travailler pour une start-up aux Pays-Bas puis pour Wanadoo Pays-Bas et il y a 5 ans je me suis mis à mon compte.
Alors Joeffice c’est quoi exactement ? Comment et pourquoi est né le projet ?
Joeffice est une suite bureautique open source écrite en Java. L’idée m’est venue il y a environ 2 ans lorsque je me suis aperçu que c’était galère d’avoir 10 documents d’ouverts avec Microsoft Office ou Libre Office alors que ce n’est pas un problème d’avoir 30 documents ouverts dans Eclipse ou NetBeans.
Dans quel sens évoques-tu une version « online » et « offline » ?
Les logiciels Java peuvent être installés sur un ordinateur comme un logiciel classique ou bien être lancé en ligne dans le navigateur avec l’aide du plugin Java. C’est ce qu’on appelle le mode Applet. Il suffit donc d’aller à l’URL et le logiciel s’installe et se lance dans le navigateur automatiquement. J’ai donc décidé d’offrir les deux possibilités. La version « online » est soumise à un abonnement.
Pourquoi le choix Java ?
Java offre beaucoup d’avantages. Il est portable sur plusieurs OS, il est relativement facile à lire, beaucoup d’étudiants apprennent Java et il est très utilisé dans le monde de l’entreprise. Beaucoup de projets open source utilisent Java. Joeffice offre aux étudiants et développeurs Java la possibilité de travailler sur un projet assez visuel et utile.
Pourquoi le choix de la licence libre ?
L’union fait la force.Tous les développeurs Java que je connais se servent de temps en temps d’une suite bureautique. Avoir un projet bien mené par un grand groupe de contributeurs permettra à long terme de créer un bien meilleur logiciel qu’avec une petite équipe. En plus, beaucoup d’entreprises et de pays en voix de développement sont attirés par l’open source et mon but est de toucher le plus de personnes possible.. Le premier groupe d’utilisateurs pour Joeffice est donc l’entreprise. Dans ce cas la licence Apache 2.0 donne beaucoup de liberté, plus que GPL et LGPL. Cette licence est par exemple utilisée pour le framework Spring.
Comment se positionne Joeffice, aujourd’hui et demain, par rapport à des « monstres » comme Google Docs, Microsoft Office ou LibreOffice ?
Joeffice est moins complet que ces autres offices mais il a aussi des atouts que d’autres n’ont pas. Il est donc open source sous licence Apache. Il est développé entièrement en Java. Il peut s’installer « offline » ou « online ». Il est facilement portable. Il n’a pas une fenêtre par document mais un système d’onglet et d’amarrage ou les documents peuvent être l’un à côté de l’autre ou détachés en groupe. Les mises à jour et plugins, même si pour l’instant non utilisés, peuvent se faire en ligne. Toutes les librairies Java peuvent être facilement utilisées pour créer des actions spéciales, afin par exemple de remplir un document.
La légende dit que tu l’aurais codé tout seul en moins d’un mois ? La légende dit vrai ?
Je l’ai codé en 30 jours. Mais ce sont 30 jours non consécutifs. Pour chaque journée j’ai fait une vidéo que j’ai postée sur YouTube. Il a fallu que je sois efficace sur le code et pragmatique sur certains choix.
En France, on vient d’introduire cette année l’informatique comme discipline à part entière au lycée (pour le moment en option de Terminale S). Bonne ou mauvaise idée ?
Bien sûr, je trouve ça une bonne idée. Même en n’étant pas informaticien, les gens ont de plus en plus besoin de savoir développer. Par exemple un plug-in, une macro ou un site Web.
Joeffice se présente en version alpha. Que lui manque-t-il exactement pour une première version ?
Je me sers de la librairie open source Apache POI pour lire les documents malheureusement il manque encore certaines parties. Chaque partie du logiciel doit être améliorée pour avoir quelque chose de plus utilisable pour l’utilisateur final. Cette version alpha est plus destinée aux développeurs et aux entreprises qui ont des besoins spécifiques. Le but pour la version 1.0 est de s’approcher de ce que peut faire Google Docs.
Et comment vois-tu le futur du projet ? Un appel à lancer ?
Tous les développeurs qui veulent participer à ce projet ou à une des librairies dont Joeffice se sert sont les bienvenus. Le code se trouve sur BitBucket.
Kawaphobe
« je me suis aperçu que c’était galère d’avoir 10 documents d’ouverts avec Microsoft Office ou Libre Office alors que ce n’est pas un problème d’avoir 30 documents ouverts dans Eclipse ou NetBeans. »
C’est sûr, avec les environnements de développement intégrés en Java, c’est galère d’ouvrir rien que le premier document… Une fois que t’as investi dans une machine qui peut faire fonctionner Eclipse, charger une dizaine de textes de code source est une charge négligeable.
Après, y’a de gros morceaux de Java dans LibreOffice… On est pas encore débarrassé de cette plaie.
Kawaphile
La puissance de java est sans limite.
C’est evidemment le plus puissant des language que l’homme est jamais produit.
Puissant et rapide .
Portable par dessus le marché.
Aucun aute language ne peut le surpasser .
Tellement puissant que l’on pourrait concevoir un Os complet basé sur une JVM
Bref java c’est plus fort que toi
Oraphile
D’autant que le Kawa est meilleur depuis qu’ Oracle nous le sert.
A bientôt à San Francisco pour Java One.!
Ginko
>Bref java c’est plus fort que toi
XD
>Tellement puissant que l’on pourrait concevoir un Os complet basé sur une JVM
Ce serait presque drôle si c’était pas presque le principe d’Android.
Kervala
Êtes-vous sûr pour l’option informatique au BAC S cette année ?
En 1995, date à laquelle j’ai passé mon BAC S, il y avait déjà une option informatique dans mon lycée (on y faisait de la programmation d’ailleurs).
Thrain
Java c’est si puissant que ça nous a permis d’avoir un jeu juste énorme: Minecraft !
Lancez vous dans la prog java, c’est l’avenir !! 😀
Kris
Quel sont les formats de fichier supportés ?
MaisOuVaTOnLa
Il faudrai surtout que le bytecode java soit directement exécuté par un processeur… java; et ça existe déjà il me semble. C’est pas du grand public façon iTrucs, mais y en a des libres. Enfin faire un OS-like dans une JVM qui tourne sur un OS qui lui même peut être amené à tourner dans une VM, tout ça pour faire tourner d’autres runtimes ou frameworks pour faire tourner ou developper des apps, j’appelle ça plutôt s’abîmer. Mais chacun son trip.
Pis les suites bureautiques, c’est LE mal.
Bob l'éponge
J’admire la performance extraordinaire de monsieur Goubard, mais personnellement je ne supporte pas java.
Il faut charger la JVM qui est déjà à elle seule horrible, l’application n’est jamais parfaitement intégrée à l’OS, il y a des mises à jour beaucoup trop souvent, les librairies sont légions à un point que c’est une jungle sans nom, quant à la « portabilité, elle est moins pire qu’ailleurs dirons nous.
cacaboudin&pipidechat
Mais java pas la tête ??????
maxime
@Kervala: t’étais où cette année, t’as pas internet ? Ils ont parlé que de ça à la télé, journaux, radio, réseaux sociaux pendant je sais pas combien de jours.
Crea
Je confirme que Java peut causer des problemes sur certaines plate forme. Mais c’est vraiment le langage de l’avenir. Quand on voit un jeu comme Minecraft, on voit un peu les possibilité qu’offre Java en matière de programmation avancé… La plupart des grosses applis d’entreprises sont fait en Java.
En tout cas congrat’s pour ce programmeur qui à pondu une appli sympa et gratuite ! Je pense qu’une communauté va se former autour pour faire avancer le projet ?
Ginko
@Kervala,
en effet, option informatique supprimée quelques années après votre passage (je ne me rappelle plus de l’année, mais c’était avant l’an 2000). Parce que vous comprenez, on avait formé assez d’informaticiens pour remplir les bureaux de Bull.
La pire décision de l’EN en 30 ans… que l’on paie au prix fort aujourd’hui et plus encore demain.