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Nous en savons quelque chose à Framasoft, il n’est pas toujours facile de sensibiliser le grand public aux logiciels libres. Mais il en va de même pour l’usage général d’internet où nombreux sont mes proches qui se contentent du mail et de parcourir la toile comme une grande vitrine à regarder passivement quand bien même ils se construisent leur propre parcours via les liens hypertextes.
Combien sommes-nous en effet à comprendre et utiliser les fils RSS pour faire venir l’info pertinente à nous et non plus l’inverse ? Combien sommes-nous à comprendre que derrière Wikipédia il y a un outil extraordinaire qui s’appelle un wiki (et qui sera enseigné dans quelques années à même l’école) ? Plus généralement combien sommes-nous à appréhender véritablement ce que l’on appelle le web 2.0 ou les réseaux sociaux ou le read/write web (appellez-le comme vous voulez) et qui constitue réellement une nouveauté et un progrès ?
Il y a de nombreuses causes à cette méconnaissance mais je crois qu’elle commence avec le piètre niveau d’anglais de trop nombreux francophones (dont je suis). C’est pourquoi je fus dans un premier temps très agréablement surpris de voir quelques unes des plus intéressantes petites vidéos anglophones explicatives sur le sujet enfin sous-titrées en français.
Les voici donc ci-dessous. La première concerne le RSS, la deuxième le wiki et la troisième le web 2.0 dans son ensemble. Elles sont courtes, percutantes et pédagogiquement de très bonne facture. Faites passer et diffuser…
Mais… car il y a un mais, on se retrouve avec un nouvel exemple de ce que j’appelle péremptoirement le web 2.0 mais libre 0.2 (en fait ici on est proche du libre 0.0).
Le sous-titrage nous vient du site dotSUB.com et l’outil en ligne qui permet d’obtenir cela est simple et puissant (voir cette demo pour s’en convaincre). Le hic c’est qu’on cumule pas mal de petits problèmes de liberté en utilisant leur service. D’abord il y a le format flash omniprésent et l’impossibilité de récupérer la vidéo sous-titrée dans un autre format (au format flash aussi du reste). Mais surtout la traduction effectuée est entièrement la propriété de dotSUB.com.
En effet si vous décidez de vous inscrire pour participer à une traduction (ce qui est on ne peut plus louable et généreux) il vous faut d’abord accepter les Terms of Use et la Privacy Policy (vous savez, les trucs qu’on ne lit jamais à de rares exceptions près comme ceux qui ont une forte culture du libre !). Et là ça n’a pas l’air d’être très ouvert leur truc. On vous fait miroiter qu’un jour peut-être on tirera des revenus des vidéos sous-titrées (mais on ne sait pas encore comment) mais c’est peut-être pour mieux s’accaparer votre travail.
Extrait du Terms of Use :
You understand that the film or video translation you perform is considered to be a "work made for hire" that has been specially commissioned by the contributor and dotSUB LLC, with the contributor and dotSUB LLC being deemed the sole authors of the translation and the owners of the translation and any proceeds that result from the translation. If it is determined that your translation work is not a "work made for hire," then you assign to dotSUB LLC exclusively and irrevocably, forever and anywhere in the Universe, all rights (including, without limitation, all copyrights and renewals and extensions of such copyrights) that you may have in and to your translation. You also understand that dotSUB LLC’s rights in and to the film or video translation you perform extend to every medium of storage, transmission, and display, whether past, present, or future. In return for the consideration that you receive for your translation work, you also waive any "moral rights" that you may have as an author of the translation, as well as any "rental and lending rights" that you may now have or that may be granted by law in the future.
Petite traduction du passage central : vous attribuez à dotSUB LLC exclusivement et irrévocablement, pour toujours et partout dans l’Univers tous les droits (incluant, et sans limitation, tous les droits d’auteur et renouvellements et extensions de tels droits) que vous pouvez avoir dans et sur votre traduction.
Pour toujours et partout dans l’Univers, ils ont de l’humour non ?
C’est d’autant plus étonnant que les vidéos présentées ici sous toutes sous licences Creative Commons. Faudrait mettre nos amis juristes sur le coup pour voir un peu si tout ceci est bien réglo…
Quant à la Privacy Policy, voici le dernier paragraphe intitulé Changes to policy
dotSUB reserves the right to change this Privacy Policy at anytime. In the event that we make a material change to our policy we will post a notice of the change on this page, and will notify you of the change when you log in to your dotSUB account.
Autrement dit cette Privacy Policy ne vaut pas grand chose puisqu’on peut la modifier à tout moment (mais on est gentil on vous préviendra quand même à ce moment là).
Pff… On voudrait rendre les utilisateurs captifs que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Encore un bel exemple de l’Esclavage 2.0. Le Libre n’a plus qu’à se retrousser les manches pour proposer un outil similaire à la communauté. Notre petit groupe de traducteurs Framalang en serait plus que ravi !
Samuel
Dans le même genre, en plus dangereux, on peut aussi citer le site http://www.hi5.com/ .
Extraits choisis des « Conditions de service » :
« Vos Informations personnelles peuvent être traitées par hi5 dans le pays où elles ont collectées, ou bien dans d’autres pays (y compris les États-Unis) dans lesquels la législation sur le traitement des Informations personnelles est moins stricte que celle de votre pays.
[…]
Nous transmettons vos Informations personnelles aux prestataires de services tiers qui travaillent pour le compte de hi5 ou en collaboration avec hi5 et qui ont signé un accord de confidentialité, afin de fournir certains des services et fonctionnalités de la communauté hi5 et pour nous aider à communiquer avec les membres hi5. Ces prestataires de services peuvent utiliser vos Informations personnelles afin d’aider hi5 à communiquer avec vous sur les offres de hi5 et de nos partenaires marketing. Ces prestataires de services n’ont cependant pas le droit de partager ces informations. »
D’autres extraits sont encore plus croustillants, et c’est à lire (en français) à la page : http://www.hi5.com/friend/displayPr…
À la différence de DotSUB, hi5.com ne fait que collecter (et vendre) les données des utilisateurs, il ne les fait pas travailler.
nicolas
Petite question aux juristes que je me pose depuis un moment à vrai dire, à propos de cette partie encore moins réglo en france :
« tous les droits (incluant, et sans limitation, tous les droits d’auteur ».
Or en france, certains droits (moraux le terme juridique si je me souviens bien) ne peuvent être cédés, quelle est donc le champ d’application (géographiquement parlant, compte tenu du fait que le stockage n’est pas en France) de cette clause qu’on retrouve en fait sur tous les sites du genre… 🙁
Pour ce qui est des politiques de confidentialité, depuis que je lis un peu les conditions d’utilisations des « services internet » (merci frama 😉 je me suis rendu compte que c’est un classique : faire croire qu’on ne diffuse pas les données tout en se réservant le droit de les donner à ses partenaires (sans définir qui en fait, je soupçonne qu’il faille remplacer par « le plus offrant » :/ pour caricaturer)….
Bien cordialement.
f1s1
Salut,
La question qui est à se poser : la création du contrat où chacun met un peu ce qu’il veut. On n’en est pas encore à chacun fait sa propre loi mais à chaque entité (ou structure juridique) fait un peu ce qu’elle veut tant que c’est marqué dans le contrat.
Le pire, quand même, c’est qu’un jour quelqu’un s’est senti obligé de créer un contrat pour garantir certaines libertés.
genium
il faudra suivre avec attention la décision de justice au sujet d’une affaire similaire (1):
La justice américaine doit se prononcer sur la question suivante:
"We consider whether a service provider may change the terms of its service contract by merely posting a revised contract on its website."
Quoiqu’il en soit, il serait bon que le Libre considère les "RESTful Web Services" (2) comme de véritable logiciels, et non comme de simples services. Dans cette optique, je serais favorable pour l’évolution de la gpl prenant en compte cette évolution (gplv4 rapidement!! c’est mal barré? c’est dommage de pas l’avoir fait avec la gplv3). En effet, Je ne suis pas du tout favorable à la création d’une licence séparée comme c’est le cas aujourd’hui pour la documentation ou les sevices web (on devine la confusion que cela risque d’entrainer au vu de la position de debian sur la GFDL (3))
(1) http://www.groklaw.net/article.php?…
(2) – http://fr.wikipedia.org/wiki/Servic…
(3) http://www.debian.org/vote/2006/vot…
frenhy
"Pff… On voudrait rendre les utilisateurs captifs que l’on ne s’y prendrait pas autrement. "
Oui, probablement vrai pour l’exemple que tu viens de donner.
"Encore un bel exemple de l’Esclavage 2.0."
Je crois qu’il est souvent dangereux de généraliser.
Tout d’abord les sites web 2.0 sont très souvent caractérisés par des API qui permettent justement de faire en sorte que les données et usages ne soient pas "entièrement" liés au site (ce qui explique l’explosion des mashups dans le web anglo-saxon).
Dotsub ne semble pas avoir d’API et à ce titre n’est pas un bon représentant pour généraliser les pratiques du web2.0
Ensuite personne ne t’oblige à utiliser Flickr (un fleuron du 2.0) ; il y a quantité d’autres sites ou outils (certains libres) pour mettre des photos en ligne. Donc si on décide tout de même de l’utiliser le bon terme n’est pas "Esclavagisme2.0 " mais peut-être "Sadomasochisme2.0" (le mot "Esclavagisme" décrit une réalité suffisamment grave pour qu’on évite de le mettre à toutes les sauces).
" Le Libre n’a plus qu’à se retrousser les manches pour proposer un outil similaire à la communauté. "
Oui, entièrement d’accord, cependant le véritable intérêt n’est plus vraiment dans le noyau (l’outil) mais surtout dans les couches de l’ognion (comme dit Larry Wall) c’est à dire la quantité/qualité des données contribuées , la taille de la communauté des utilisateurs et des développeurs qui utilisent les API. C’est ça qui fait quasiment *toute* la valeur d’un site 2.0 (autour d’un relatif petit noyau).
En tout cas c’est ce que pense Tim O’reilly dans une présentation qu’il a donné à OSCON 2007 où il invite à actualiser la réflexion Open Source au-delà du simple code, video flash ici:
http://blip.tv/file/get/OSCON-OSCON…
ou au milieu de cette page pour la voir dans un navigateur:
http://conferences.oreillynet.com/p…
frenhy
EDIT: lien direct sur blip.tv pour la conférence de Tim O’Reilly:
http://www.blip.tv/file/317075/
Bogoris
"Il y a de nombreux freins à cette méconnaissance" -> Au contraire, il y a de nombreux freins à cette CONNAISSANCE.
Sinon les vidéos sont bien pour le néophyte 🙂
link886
Bonjour,
Reflexion très interessante et qui soulève en effet une réelle problematique, notamment quand à l’utilisation générale d’Internet et des nouvelles technologies.
Sinon petite précision : première ligne après les vidéo, "…avec un nouvelle exemple…" NOUVEL et pas NOUVELLE… Si la modif est possible bien entendu !
😉
+++
Winsa
Salut
Je ne pense pas que ce soit le fait que les francais aient des lacunes en anglais qui fasse notre retard sur le net (puisque moi même j’en ai et je me débrouille avec). Le soucis viens plutot du fait que pour les jeune a l’école il y’a peu voir trés peu de formation sur un ordinateur ou l’on vous montre comment bien surfer en toutes sécurité et comment aller chercher les flux d’information.
C’est dommage puisque pour beaucoup (voir tous) l’ordinateurs sera le principale outils de travail et au lieu de cela on préfére faire étudier a l’école des livres qui ne sont plus du tout en rapport avec l’époque ! Mais bon je pense que ca changera avec les années !
ComputerHotline
La musique de Deus peut être téléchargée ici :
http://www.jamendo.com/fr/album/103…