Temps de lecture 14 min
« Le logiciel libre, l’innovation partagée et la production collaborative menacent le capitalisme tel que nous le connaissons. » C’est ainsi que Michel Bauwens résume son propos dans les colonnes du site d’Aljazeera.
Le menace vient du fait qu’à l’aide d’Internet nous créons beaucoup plus de valeur d’usage (qui répond à nos besoins) que de valeur d’échange (qui se monétise facilement[1]).
Menace pour les uns, opportunité et espoir pour les autres…
La question à 100 milliards de dollars de Facebook : Le capitalisme survivra-t-il à « l’abondance de valeur » ?
The $100bn Facebook question : Will capitalism survive ‘value abundance’ ?
Michel Bauwens – 29 février 2012 – Aljazeera
(Traduction Framalang/Twitter/Fhimt.com : Lambda, vg, goofy, fcharton, btreguier, HgO, Martin, bu, pvincent, bousty, pvincent, deor, cdddm, C4lin, Lamessen et 2 anonymous)
Le logiciel libre, l’innovation partagée et la production collaborative menacent le capitalisme tel que nous le connaissons.
Facebook exploite-t-il ses utilisateurs ? Et d’où vient la valeur estimée à 100 milliards de dollars de la société ?
Ce débat n’est pas nouveau. Il ressurgit régulièrement dans la blogosphère et dans les cercles universitaires, depuis que Tiziana Terranova a inventé le terme de « travail libre/gratuit » (NdT : Free Labour) pour qualifier une nouvelle forme d’exploitation capitaliste du travail non rémunéré – faisant d’abord référence aux téléspectateurs de médias audiovisuels traditionnels et maintenant à une nouvelle génération d’utilisateurs de médias sur des sites comme Facebook. Cet avis peut se résumer très succinctement par le slogan : « Si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit ».
Ce terme a été récemment relancé dans un article de Christopher Land et Steffen Böhm, de l’Université de l’Essex, intitulé « Ils nous exploitent ! Pourquoi nous travaillons tous pour Facebook gratuitement ». Dans ce court essai, ils affirment haut et fort que « nous pouvons placer les utilisateurs de Facebook dans la catégorie des travailleurs. Si le travail est considéré comme une activité productive, alors mettre à jour son statut, cliquer sur j’aime en faveur d’un site internet, ou devenir ami avec quelqu’un crée la marchandise de base de Facebook. »
Cette argumentation est toutefois trompeuse, car elle mélange deux types de créations de valeurs qui ont déjà été reconnues différentes par les économistes politiques au XVIIIe siècle. La différence se trouve entre la valeur d’usage et la valeur d’échange. Pendant des milliers d’années, dans le cadre de production non capitalistes, la majorité des travailleurs produisait directement de la « valeur d’usage » – soit pour subvenir à leurs propres besoins, soit sous forme de contributions pour la classe dirigeante du moment. C’est seulement avec l’arrivée du capitalisme que la majorité de la population active a commencé à produire de la « valeur d’échange » en vendant son travail aux entreprises. La différence entre ce que nous sommes payés et ce que les gens payent pour le produit que nous faisons est la « plus-value ».
Mais les utilisateurs de Facebook ne sont pas des travailleurs produisant des marchandises pour un salaire, et Facebook ne revend pas ces marchandises sur le marché pour créer de la plus-value.
Bien sûr, les utilisateurs de Facebook ne créent pas directement une valeur d’échange, mais plutôt une valeur de communication. Ce que fait Facebook, c’est permettre le partage et la collaboration autour de sa plateforme. En autorisant, encadrant et « contrôlant » cette activité, on crée des profils et des centres d’intérêt. Et ce sont ces profils et ces centres d’intérêt qui sont par la suite vendus aux publicitaires, pour un montant estimé de 3,2 milliards de dollars par an (NdT : environ 2,4 milliards d’euros), soit une recette publicitaire par utilisateur d’à peine 3,79 dollars (NdT : 2,85 euros).
En fait Facebook fait beaucoup plus que vendre de votre attention et disponibilité (NdT : temps de cerveau disponible ?). Leur connaissance de notre comportement social, individuel et collectif, a une importance stratégique indiscutable aussi bien pour les politiques que pour les sociétés commerciales. Mais cette plus-value vaut-elle réellement 100 milliards de dollars ? Cela reste un pari spéculatif. Pour le moment, il est probable que le quasi milliard d’utilisateurs de Facebook ne trouve pas les 3,79 dollars de recettes publicitaires très exploitables, d’autant plus qu’ils ne payent pas pour utiliser Facebook, et qu’ils utilisent le site volontairement. Ceci étant dit, il y a un prix à payer à ne pas utiliser Facebook : un certain isolement social par rapport à ceux qui l’utilisent.
Créer de la rareté
Il est néanmoins important de noter que Facebook n’est pas un phénomène isolé, mais fait partie d’une tendance bien plus large et lourde de nos sociétés connectées : l’augmentation exponentielle de la création de valeur utile par des publics productifs, ou « productilisateurs » (NdT « produsers »), comme Axel Bruns aime à les appeler. Il faut en effet bien comprendre que cela crée un problème de taille pour le système capitaliste, mais aussi pour les travailleurs tels qu’on les conçoit traditionnellement. Les marchés sont définis comme des moyens d’attribution de ressources rares, et le capitalisme n’est en fait pas simplement un système « d’attribution » de la rareté mais aussi un système de création de la rareté, qui ne peut accumuler du capital qu’en reproduisant et développant les conditions de cette rareté.
Sans tension entre l’offre et la demande, il ne peut y avoir de marché ni d’accumulation de capital. Or ce que font actuellement ces « productilisateurs », c’est créer des choses, avant tout immatérielles comme de la connaissance, des logiciels ou du design, aboutissant à une abondance d’information facile à reproduire et à exploiter
Cela ne peut se traduire directement en valeur marchande, car ce n’est pas du tout rare ; c’est au contraire surabondant. De plus, cette activité est exercée par des travailleurs du savoir (NdT knowledge workers) dont le nombre augmente régulièrement. Cette offre surabondante risque de précariser l’emploi des travailleurs du savoir. Il en découle un exode accru des capacités de production en dehors du système monétaire. Par le passé, à chaque fois qu’un tel exode s’est produit, les esclaves dans l’Empire Romain en déclin, ou les serfs à la fin du Moyen Age, cela a coïncidé avec l’avènement de conditions pour des changements économiques et sociétaux majeurs.
En effet, sans le support essentiel du capital, des biens et du travail, il est difficile d’imaginer la perpétuation du système capitaliste sous sa forme actuelle.
Le problème est là : la collaboration via Internet permet une création massive de la valeur d’usage qui contourne radicalement le fonctionnement normal de notre système économique. D’habitude, les gains de productivité sont en quelque sorte récompensés et permettent aux consommateurs d’en tirer un revenu et d’acheter d’autres produits.
Mais ce n’est plus le cas désormais. Les utilisateurs de Facebook et Google créent de la valeur commerciale pour ces plateformes, mais de façon très indirecte, et surtout ils ne sont pas du tout récompensés pour leur propre création de valeur. Leur création n’étant pas rémunérée sur le marché, ces créateurs de valeur n’en tirent aucun revenu. Les médias sociaux sont en train de révéler un important défaut dans notre système économique.
Nous devons relier cette économie sociale émergente, basée sur le partage de la création, avec les plus authentiques expressions de la production collaborative orientée vers le bien commun, comme en témoignent déjà l’économie de l’Open Source et de l’usage équitable des contenus libres (dont la contribution est estimée à un sixième du PIB américain). Il ne fait pas de doute sur le fait qu’un des facteurs clés du succès actuel de la Chine réside en une savante combinaison de l’Open Source, tel que l’exemple de l’économie locale à Shanzaï, avec une politique d’exclusion des brevets imposée aux investisseurs étrangers. Cela a offert à l’industrie chinoise une innovation ouverte et partagée en boostant son économie.
Même si l’économie de l’Open Source devient le mode privilégié de création des logiciels, et même si elle permet de créer des entreprises qui génèrent des chiffres d’affaires de plus d’un milliard d’euros, comme Red Hat, la conséquence globale est plutôt la déflation. Il a en effet été estimé que l’économie du libre réduisait annuellement de quelque 60 milliards de dollars le volume d’affaires dans le secteur des logiciels propriétaires.
Ainsi, l’économie de l’Open Source détruit plus de valeur dans le secteur propriétaire qu’elle n’en crée. Même si elle engendre une explosion de la valeur d’usage, sa valeur d’échange, monétaire et financière décroît.
La fabrication Open Source
Les mêmes effets surviennent quand le partage de l’innovation est utilisé dans la production physique, où il combine à la fois l’approche Open Source des moyens de distribution et l’affectation de capitaux (en utilisant des techniques comme la production communautaire, ou crowdfunding, et des plateformes dédiées comme Kickstarter).
Par exemple, la Wikispeed SGT01, une voiture qui a reçu cinq étoiles en matière de sécurité et peut atteindre 42,5 km/litre (ou 100 miles par gallon), a été developpée par une équipe de bénévoles en seulement trois mois. La voiture se vend au prix de 29.000 dollars, environ un quart du prix que pratiquerait l’indutrie automobile traditionnelle, et pour laquelle il aurait fallu cinq années de R&D ainsi que des millards de dollars.
Local Motors, une entreprise automobile ayant fait le choix du crowdsourcing et connaissant une croissance rapide, annonce qu’elle produit des automobiles 5 fois plus rapidement que Detroit, avec 100 fois moins de capitaux, et Wikispeed a réussi à mettre en place des temps de design et de production encore plus rapides. En ayant fait le pari de l’intelligence distribuée, la voiture Wikispeed a été pensée pour être modulaire, en utilisant des techniques de programmation logicielle efficaces et sophistiquées (telles que la méthode agile, Scrum et Extreme Programming), un design ouvert ainsi qu’une production effectuée par des PME locales.
Et Arduino, un simple petit circuit imprimé de prototypage electronique Open Source, fonctionnant sur le même principe que Wikispeed, provoque une baisse des prix dans son secteur et une extraordinaire effervescence dans les toujours plus nombreux fab labs (NdT : cf l’histoire d’Arduino). Si le projet de Marcin Jakubowsky Open Source Ecology rencontre le succès alors nous aurons à disposition de tous 40 différents types de machines agricoles bon marché rendant un village auto-suffisant. Dans tous les domaines où l’alternative de la production Open Source se developpe – et je prédis que cela affectera tous les domaines – il y aura un effet similaire sur les prix et les bénéfices des modèles économiques traditionnels.
« Consommation collaborative »
Une autre expression de l’économie du partage est la consommation collaborative, ce que Rachel Botsman et Lisa Gansky ont démontré dans leurs récents livres respectifs What’s Mine Is Yours : The Rise of Collaborative Consumption et The Mesh : Why The Future of Business is Sharing. Il se développe rapidement une économie du partage autour du secteur des services affectant même les places de marché et les modes de vie des gens.
Par exemple, il a été estimé qu’il y a environ 460 millions d’appartements dans le monde développé, et que chaque foyer possédait, en moyenne, une valeur de 3000 dollars disponibles en biens inutilisés. Il y aurait un intérêt économique manifeste à utiliser ces ressources qui dorment. Pour la plus grande part d’ailleurs, elles ne seront pas rentabilisées, mais échangées ou troquées gratuitement. Le modèle même du partage payant aura un effet de dépression sur la consommation de produits neufs.
De tels développements sont bénéfiques pour la planète et bons pour l’humanité, mais globalement sont-ils bons pour le capitalisme ?
Qu’arrivera-t-il à ce dernier à l’heure du développement croissant des échanges via les médias sociaux, de la production et de la consommation collaborative des logiciels et des biens ?
Qu’arrivera-t-il si notre temps est de plus en plus dédié à la production de valeur d’usage (une fraction de ce qui crée la valeur monétaire) sans bénéfices substantiels pour les producteurs de valeur d’usage ?
La crise financière commencée en 2008, loin de diminuer l’enthousiasme pour le partage et la production par les pairs, est en fait un facteur d’accélération de ces pratiques. Ce n’est plus seulement un problème pour des masses laborieuses de plus en plus précarisées, mais également pour le capitalisme lui-même, qui voit ainsi s’évaporer des opportunités d’accumulation et d’expansion.
Non seulement le monde doit faire face à une crise globale des ressources, mais il fait également face à une crise de croissance, car les créateurs de valeur ont de moins en moins de pouvoir d’achat. L’économie de la connaissance se révèle être un miroir aux alouettes, car ce qui n’est pas rare mais abondant ne peut pas soutenir la dynamique des marchés. Nous nous retrouvons donc face à un développement exponentiel de la création de valeur qui ne s’accompagne que d’un développement linéaire de la création monétaire. Si les travailleurs ont de moins en moins de revenus, qui pourra acheter les biens qui sont vendus par les sociétés ? C’est, pour simplifier, la crise de la valeur à laquelle l’Humanité doit faire face. C’est un challenge aussi important que le changement climatique ou l’accroissement des inégalités sociales.
La débâcle de 2008 était un avant-goût de cette crise. Depuis l’avènement du néolibéralisme, les salaires ont stagné, le pouvoir d’achat a été maintenu artificiellement par une diffusion irraisonnée du crédit dans la société. C’était la première phase de l’économie du savoir, au cours de laquelle seul le capital avait accès aux réseaux qu’il utilisait pour créer de gigantesques multinationales.
Avec la croissance continue de cette économie du savoir, une masse de plus en plus importante des valeurs échangées est constituée de biens intangibles et non plus physiques (NdT : cf capital immatériel). Le marché des changes néolibéral et ses excès spéculatifs peut être vu comme un moyen de tenter d’évaluer la part de valeur intangible, virtuelle, qui est ajoutée à la valeur réelle par la coopération. Il fallait que cette bulle explose.
Nous nous trouvons dans la seconde phase de l’économie du savoir, au cours de laquelle les réseaux sont en train d’être étendus à toute la société, et qui permet à tout un chacun de s’engager dans une production collaborative. Ce qui crée de nouveaux problèmes et engendre de nouveaux défis. Ajoutons à cela la stagnation des revenus, la diminution de la masse du travail salarié que cette production collaborative de valeur entraîne, et il évident que tout ceci ne peut être résolu dans le paradigme actuel. Y a-t-il dès lors une solution ?
Il y en a une mais elle sera pour le prochain cycle : elle implique, en effet, une adaptation de l’économie à la production collaborative, ouvrant par là-même les portes à un dépassement du capitalisme.
Michel Bauwens est théoricien, écrivain ainsi qu’un des fondateurs de la P2P (Peer-to-Peer) Foundation.
Al
utopie, c’est le seul mot qui me viens à l’esprit après avoir lu cet article.
Mais bon ça fait du bien un vendredi, de rêver un peu 😉
Uxlco
Comme un écho à la conférence de demain d’Ars Industrialis
Samedi 3 mars 2012
Du 14 heures à 17 heures
A La Colline, 14 rue Malte Brun, 75020 Paris
La société qui vient
U.H.M.
Trés intéressant. Je pensais également à la notion »d’économie de la contribution » de Stiegler et Ars Industrialis, à qui il fait soumettre ce texte si ce n’est déjà fait.
Le concept de travail gratuit est en fait le concept marxien de « surtravail ». Je trouve toutefois excessif de comparer les spoliations qui sont à la base des modèles de Facebook et Google, avec l’écologie / économie du logiciel libre. Facebook et Google s’appuient selon moi sur ces nouvelles formes de création de valeur « d’usage » mais pour reconstituer de la « valeur d’échange » en faisant courir au passage de grands risques à leurs « produsers ». Ces modèles seront assainis lorsqu’ils ne permettront plus la captation des contenus à des fins capitalistiques et laisseront au seul user le contrôle des données. Le modèle contributif en voie d’apparition devra en effet être non seulement libre et non monétaire, mais également acentré.
qwerty
Belle utopie. Vivement qu’elle se concrétise !
Void Groumpf
Nous sommes exactement sur ça, et voir ces gens se rencontrer et leurs réflexions s’entremêler est vraiment enthousiasmant : http://www.framablog.org/index.php/…
simplementNat
«Y a-t-il dès lors une solution ?»
Je pense que l’«adaptation de l’économie à la production collaborative» n’est rien d’autre que le revenu de base.
Karirin
Avec 5 millions de chomeur, et 8 millions de travailleur pauvres sans compter leur famille
COMMENT ALLEZ VOUS CHANGER LE SYSTEME CAPITALISTE, en plein fonctionnement, pour lui comme pour les riches tout ira bien
A part produire individuellement , localement , mieux encore : n’importe qui peut produire ses objets et sa nourriture
hxxps://singularite.wordpress.com/hydroponie-50-euro-de-materiel-et-vous-produisez-assez-de-nourriture-pour-vous-et-votre-famille-le-probleme-de-nourriture-dans-le-monde-et-de-dependance-est-terminee-construisez-vos-panneaux-solai/
là ca serait du changement … Mais ca demanderait du courage
Olm-e
+1 simplementNat
un système de revenu de base associé à une monnaie P2P électronique, comme tente de construire le projet Open-UDC (http://open-udc.org)… hors de ça, je ne vois pas d’alternative directe à une catastrophe monétaire à long terme.
Entretemps, la construction de coopératives souples pour que les travailleurs reprennent leurs outils en main est une étape importante.
8119
l’alternative au capitalisme (qui consiste à conditionner la production aux intérêts que les riches peuvent prendre dessus) devrait consister à placer la raison au-dessus des moyens, et les moyens, découler de la raison, et cette raison, doit se faire avec un esprit de justice :
http://philum.info/64239
caphad
Dans le dernier Alternatives Économique, il est question de considéré le consommateur comme un travailleur passif, mais un travailleur quand même. Ce travailleur possède des droits et des revendications comme de ne pas acheté des produits à des vendeurs qui font trimer leurs salariés pour presque rien. Si vous prenez ce journal, lisez aussi un article sur la monnaie virtuel. En faisant ainsi, Facebook et consort ce comportent comme un état.
Et enfin, l’article « 7 qualités de l’Open Source, entre mythes et réalités » explique que l »idée de l’Open Source est une idée capitaliste car si un logiciel libre ne nous convient pas « on fait joué la concurrence ». Ou si nous somme programmeurs, le code source est reprit pour créer un programme en concurrence avec l’original. Mais je continu à croire en la différence de l’Open Source et le libre, qui est plutôt une philosophie qu’un concept matérialiste.
polorafale
Et enfin, l’article « 7 qualités de l’Open Source, entre mythes et réalités » explique que l »idée de l’Open Source est une idée capitaliste car si un logiciel libre ne nous convient pas « on fait joué la concurrence ».
tu confond » capitalisme avec libéralisme »
High Tech Tunisie
Je pense que l’«adaptation de l’économie à la production collaborative» n’est rien d’autre que le revenu de base.
Plassard francois
Ce que je comprend c’est que toute la chaîne « Savoir -Pouvoir -Agir » qui se structure de manière verticale (oligarchique) dans une économie capitaliste centrée sur la « valeur d’échange marchande », plutôt que sur la « valeur d’usage », est sacrément mis en danger par internet parce qu’ il ne peut plus maintenir (ou faire croire) à la rareté du et des savoirs ? la rareté (simulée) étant la condition de vendre « cher » ce savoir ?
Avec l’intelligence collaborative plus horizontale et réciproque, il y aurait abondance des savoirs disponibles pour produire des biens d’usage adaptés à ses besoins essentiels (la voiture electrique évoquée ici est un exemple interessant d’appropriation de savoir pour agir à plusieurs , comme par exemple aussi l’auto eco construction d’habitats bioclimatiques que je vis personnellement, ou la production-transformation alimentaire …).
Mais face à l’abondance des savoirs disponible pour reconquerir de l’autonomie avec un nouveau rapport à la nature (et à soi même) ce qui reste rare c’est l’acces à un minimum d’argent (pouvoir) pour faire soi meme ou à plusieurs !(Ce qui reste rare aussi c’est l’accès au foncier spéculé). Or la surabondance de monnaie n’est pas accessible pour la majorité des citoyens précarisés (seul 3% de la monnaie sert à de l’échange directe de biens et de services, dit le chercheur francois Morin).
Avec la synergie sur les territoires en transition vers l’apres petrole, les monnaies complémentaires locales(en expansion) et le revenu de base (ou revenu de vie) ne pourrait-elle pas limiter les dégats en violence de toute sorte, qu’annonce l’effondrement (comme un Titanic) du capitalisme de marché et de la finance ? C’est toujours l’effondrement d’une surproduction qui produit la rareté du pouvoir d’achat du plus grand nombre (inegalité) qui revient dans l’histoire du capitalisme!
Une sacré révolution culturelle pour les citoyens (addict de l’emploi) , mais davantage encore pour nos institutions qui font du paradigme dépassé » competitivité,croissance, pour l’emploi » leur credo religieux! (voir notre campagne electorale!).
Or deux effondrements passés du capitalisme de marché nous apprennent que celui-ci a toujours trouvé son dépassement soit par des révolutions sanglantes (1848) ou par la guerre (la destruction des biens publics et des biens communs, autant que des forces productives) pour reproduire les conditions de la rareté necessaire à la plus value dont le capitalisme a (genetiquement?) besoin.
Souhaitons cette fois la guerre impossible et reflechissons à cette réconciliation avec la nature, avec l’autre et avec nous meme, que pourrait permettre l’intelligence collaborative (boosté par le revenu d’existence financierement possible -voir appelpourunrevenudevie.org et projet referendum européen, boosté aussi par les monnaies locales complémentaires !)
francois
celegorm
Vous n’avez pas compris la différence entre valeur d’échange et valeur d’usage.
La valeur d’usage d’un bien est son utilité
la valeur d’échange est ce que donnerait une personne pour s’approprier le bien.
ex:
l’eau a une valeur d’usage très élevée car sans eau, on meurt. Suivant l’endroit, la valeur d’échange est faible à très élevée (désert sec).
un diamant a une très forte valeur d’échange mais peu de valeur d’usage.
La valeur d’échange n’est pas apparue avec ce que vous appelez le capitalisme. Les échanges existent depuis l’apparition des hominidés voir même peu se retrouver dans d’autres espèces.
« Sans tension entre l’offre et la demande, il ne peut y avoir de marché ni d’accumulation de capital » citez moi un seul bien qui ne souffre d’aucune « tension »… Le principe de rareté s’applique à tout même à la bétise !
« Le problème est là : la collaboration via Internet permet une création massive de la valeur d’usage » La valeur d’usage dépendant de son utilité, elle varie selon la personne. On ne peut donc parler de « création massive »: ça dépend pour qui…
« qu’ils ne payent pas pour utiliser Facebook » ah mince, je vais en parler à mon FAI, au constructeur de mon PC/Mac/smartphone…
sérieux, prenez des cours d’économie avant de pondre des textes comme cela, y’a surement des idées intéressantes mais tellement d’approximations tant dans le vocabulaire que dans les concepts utilisés que cela dévalue tout votre discours.
.
Talbarra
Je comprends la nécessité scientifique de créer des idéaux-types, mais « capitalisme », « néolibéralisme », « open source », etc. ça ne veut pas dire grand chose… Par conséquent, pourquoi ne pas imaginer de légères mutations capitalistes ? De plus, les « gens » n’ont pas l’air de vouloir réclamer leur dû à Facebook, lequel cédera bientôt sa place à de plus innovateurs.
Faites attention lorsque vous dîtes » il y a un prix à payer à ne pas utiliser Facebook : un certain isolement social par rapport à ceux qui l’utilisent. » Il n’y a en effet aucune étude qui le démontre, bien au contraire…
Talbarra
Je vous suggère de vous intéresser aux captchas de google. Nous numérisons gratuitement des livres pour la multinationale.
Siegfried
En d’autres mots: c’est de l’exploitation.