Apparition de monnaies alternatives en Grèce boostées par le Net et l’Open Source
Les systèmes d’échange local (ou SEL) existent depuis bien longtemps.
Dans la situation actuelle de la crise européenne, ils pourraient bien retrouver une seconde jeunesse grâce au réseau et à son esprit libre.
La montée des monnaies open source en Grèce
Open-source currencies on the rise in Greece
Zachary Caceres – 25 juillet 2012 – Radical Social Entrepreneurs
(Traduction : Amine Brikci-N, brieuc, volk, Tonio, YoDigue, Mnyo, Gatitac, KarmaSama, Uflex)
Dans l’ombre de la crise européenne, les habitants de la ville grecque de Volos prennent leur avenir monétaire en main.
Theodoros Mavridis et d’autres Grecs à court d’euros ont mis en place un système de monnaie locale appelé TEM, acronyme pour « Unité Alternative Locale » en grec.
Même si la Grèce est en panne d’euros, les Grecs ont encore des biens et des services utiles à s’échanger. Mais sans euros sonnants et trébuchants pour les payer sur le marché local, tout le monde est obligé de faire du troc : une semaine de cours de piano contre les ¾ d’une chèvre.
C’est là que le TEM intervient
Après avoir créé un compte, les membres échangent entre eux en utilisant les crédits TEM. Les nouveaux membres ont droit à un découvert d’au plus 300 TEM, ce qui constitue dans les faits un emprunt à taux 0 accordé par la communauté. Ce n’est qu’en proposant des biens demandés et des services en retour que les nouveaux membres pourront renflouer leur compte et continuer à faire des échanges.
Les crédits sont créés suivant ces règles lorsqu’un nouveau membre arrive : nul besoin de banque centrale ou d’autorité de régulation monétaire.
L’idée derrière les sytèmes alternatifs comme TEM n’est pas nouvelle. Les systèmes « clubs de troc » ou « SEL » existent déjà depuis un bon moment déjà. C’est dans des conditions d’extrême disfonctionnement monétaire que ces systèmes fonctionnent le mieux : l’Argentine a ainsi vu un développement national des clubs de troc pendant les différentes crises du peso à la fin des années 90 et au début des années 2000.
Ces systèmes ont néanmoins montré leurs limites par le passé.
Les clubs de troc obligent les gens à se rencontrer physiquement pour un marché du type « foire au bestiaux”. Cela a malheureusement limité les échanges à ceux où l’on pouvait être présent à un endroit précis, à un moment précis. L’utilisation de crédits papier fut une autre faiblesse majeure. La contrefaçon causa des accès d’inflation et éroda la confiance dans les clubs de crédit argentins.
Malgré les difficultés, M Marividis et ses congénères ont résolu la plupart de ces problèmes en hébergeant intégralement le système sur un réseau informatique.
A son arrivée le nouveau membre accède à la base de données de la communauté. Celle-ci a été conçue avec des logiciels open source et est hébergée sur un serveur néerlandais bon marché, ce qui permet de maintenir des frais de gestion faibles.
Le système en ligne permet aux utilisateurs d’accèder à la liste complète des acheteurs et des vendeurs (non sans rappeler Craiglist) ainsi que de noter les autres membres après chaque transaction. Le système de réputation devient particulièrement important compte tenu de la multiplicatiopn par huit du nombre de membres l’année dernière, ce qui a rendu le réseau plus impersonnel
Les transactions réelles ont lieu sous forme de virements d’un compte utilisateur à un autre. Pour éviter la fraude et assurer la transparence, les soldes utilisateur sont archivés dans une base de données accessible à tous. À l’heure actuelle, le TEM reste un complément à l’économie officielle et non pas une alternative. Contrairement à d’autres projets de monnaie alternative comme Bitcoin, les crédits TEM ne constituent pas réellement une monnaie. Ils sont d’un usage limité pour l’épargne puisque les comptes sont plafonnés et que le système n’offre pas de moyen de prêter avec intérêts
Mais si les choses empirent, ce système et les monnaies similaires vont devenir de plus en plus importantes pour les Grecs mis à l’écart de l’économie classique. Ces expériences pourraient aussi servir de base pour de prochaines innovations monétaires.
Et si les choses empirent ?
Les Grecs auront à déterminer en qui ils ont le plus confiance en ce qui concerne leur monnaie : Bruxelles, Athènes ou eux-mêmes.
Crédit photo : Apostolos (Creative Commons By-Sa)