Enercoop : libérer les énergies

Enercoop est un fournisseur français d’électricité d’origine renouvelable.

Depuis fin 2006, cette coopérative permet donc aux français d’approvisionner leur foyer ou leur entreprise en énergie dont les sommes facturées sont ensuite reversées auprès de producteurs d’énergies “100% verte”.

Les valeurs portées par Enercoop (et les partenaires qui la soutienne) ne sont pas sans rappeler celles du logiciel libre. Il ne s’agit en effet pas juste de dénoncer la position de monopole (de fait) d’EDF en proposant de déconcentrer le marché de l’éléctricité, mais bien aussi de proposer une autre façon de produire et de consommer de l’énergie. La production est ainsi centrée sur les énergies renouvelables exclusivement, et la consommation est elle axée sur une transparence entre les producteurs et clients, en réalité tous sociétaires de la coopérative. Le paralèlle peut donc être fait avec le libre où les licences permettent intrinsèquement la copie, la collaboration et la réutilisation de code source (avec une tracabilité des auteurs), et où les utilisateurs ne sont pas considérés comme des clients, mais comme une communauté (avec souvent une entraide entre utilisateurs, et la possibilité d’une communication directe entre les développeurs et les utilisateurs finaux).

Au-delà de ces valeurs communes et du “100% énergie verte”, Enercoop vise le “100% logiciel libre”.

A l’occasion de la première “Journée de la transition citoyenne”, ce 27 septembre, à laquelle Juilen Noé, Directeur d’Enercoop, invite les associations du libre à participer, nous avons donc souhaiter interroger David Affagard, responsable des Systèmes d’Informations de la coopérative.

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Bonjour David, peux-tu te présenter en quelques phrases ?

Je suis arrivé chez Enercoop il y a un an pour le développement d’une application de type ERP, mais très vite le projet, par nécessité, s’est étendu à la refonte globale du SI Enercoop. Je me suis toujours défendu d’être un informaticien, gêné par le côté réducteur de cette qualification. Mais je suis aussi ce que mes collègues font de moi… J’ai donc été le premier “informaticien” à avoir intégré Enercoop, et, heureusement, je ne suis déjà plus le seul.

J’ai une formation initiale d’ingénieur polyvalent, Arts et Métiers avec une spécialisation en énergétique. J’ai investi le monde de l’informatique dès ma sortie de l’école dans le monde de l’industrie, mais j’ai réellement commencé à le faire avec plaisir au milieu des années 90 avec le multimédia et l’arrivée d’internet. J’ai participé à de nombreux projets multimédia avec Infogrames jusqu’en 1997 avant de créer avec un ami notre propre “maison”. Pendant 15 ans nous avons développé des applications internet/intranet pour les entreprises sur des technologies reines de l’open source internet (linux, perl, python, php, postgreSQL,…). Ce projet est arrivé à son terme de manière accidentelle en 2013. Il était alors nécessaire pour moi de tourner une page. Militant Greenpeace depuis longtemps, je connaissais Enercoop sans y être client ou sociétaire, donc, quand je suis tombé sur l’annonce, je me suis vraiment pris à rêver d’un projet qui rassemblerait mes connaissances et mes convictions personnelles. À 50 ans, après une longue période d‘“indépendance”, je goûte maintenant aux délices de la coopération au sein d’une grande équipe pour un projet de société que je souhaite voir émerger.

Enercoop, ça fonctionne comment ?

Enercoop est une Société Coopérative d’Intérêt Collectif. Son objet est de fournir aux citoyens une électricité produite à 100% par des énergies renouvelables : hydraulique, solaire, éolien et biomasse. Enercoop est une alternative concrète à la civilisation de la combustion. Nous fournissons une énergie électrique libérée du nucléaire et des énergies fossiles. Le capital d’Enercoop est distribué en parts sociales dont l’acquisition est ouverte à toute personne physique ou morale qui veut trouver sa place et soutenir le projet. Les sociétaires répartis par collèges sont les consommateurs (clients pour la fourniture d’électricité), les producteurs, les porteurs (créateurs du projet), les partenaires,les salariés et les collectivités. L’achat de parts sociales n’est pas limité en quantité. Un sociétaire possède une voix quelque soit le nombre de parts sociales qu’il détient. De fait l’investissement de chaque sociétaire est l’expression de son soutien au projet, mais il ne lui donne pas de pouvoir proportionnel à son investissement. Ce principe place Enercoop à l’abri d’une prise de pouvoir par le capital.

Aujourd’hui Enercoop est un fournisseur d’électricité au niveau national qui fonctionne avec un réseau de coopératives locales. En 2006 l’ouverture du marché de l’électricité a ordonné la séparation du réseau de distribution (ERDF) de celui de la fourniture (EDF). La fourniture d’électricité consiste à apporter au réseau de distribution une production électrique égale aux besoins de consommation des clients. Le réseau de distribution (ERDF) est l’infrastructure physique qui permet l’acheminement de l’électricité jusqu’aux compteurs, il ne produit pas d’électricité. Le fournisseur (Enercoop) apporte l’énergie au réseau de distribution.

Enercoop est un concurrent direct d’EDF, de Direct Energie, etc… Notre particularité est d’être le seul à proposer une fourniture d’électricité 100% renouvelable. Nos consommateurs savent que nous ne sommes pas dans le groupement des fournisseurs affiliés au nucléaire (ARENH). Chaque euro dépensé en consommation électrique Enercoop est intégralement fléché vers la production verte. Certains fournisseurs proposent une offre d’énergie verte tout en achetant de la production « grise » (nucléaire, charbon, pétrole). En France, un producteur d’énergie verte a le droit de vendre sa production sans sa « garantie d’origine verte », il peut vendre cette « garantie d’origine » par ailleurs à un autre fournisseur, sans la production ad hoc. Ceci permet au fournisseur d’accoler cette « garantie verte » à une production qui ne l’est pas… Enercoop milite contre ces méthodes.

Enercoop est un militant écologiste. Notre militantisme ne s’arrête pas au simple marché de l’énergie. Au travers de notre développement, nous défendons un modèle de société et de vivre ensemble. Dans une logique capitaliste, un fournisseur d’électricité serait amené à concentrer ses moyens techniques et organisationnels en un point du territoire afin de rentabiliser son infrastructure et ses équipes. Enercoop choisit une autre voie : le développement du cycle court. Il s’agit au contraire de déconcentrer nos infrastructures pour les distribuer et les rapprocher de nos acteurs : producteurs et consommateurs. Ainsi depuis 2009, Enercoop a essaimé, non pas en créant des agences dépendantes d’une coopérative mère, mais en créant des coopératives de région indépendantes . Aujourd’hui, Enercoop national concède à la coopérative Enercoop de région un droit d’exploitation de la marque Enercoop. Sept coopératives en région sont déjà installées et deux autres sont sur le point de naître.

D’après Wikipédia, Enercoop compterait 20 000 sociétaires en 2014. C’est à la fois beaucoup, et très peu face à l’opérateur historique, EDF, qui servirait près de 40 millions de clients au niveau mondial. Cela n’est pas sans rappeler la position du libre face aux géants du logiciel (Microsoft, Adobe, etc) et de l’internet (Google, Facebook, etc). Les communautés “alternatives” ont-elles vraiment une chance face aux industriels installés depuis des décennies ?


Avec Enercoop nous sommes concurrents d’EDF, mais nos valeurs et nos méthodes sont très différentes.

Nous avons la volonté de grandir, certes parce que le projet nous tient à cœur, mais plus encore pour représenter un poids politique et peser sur la transition énergétique et les grandes décisions stratégiques gouvernementales. Aujourd’hui, le Kwh Enercoop coûte plus cher que le Kwh EDF. Chaque fois que le gouvernement applique une augmentation de l’électricité, ceci n’affecte que le prix régulé du Kwh EDF. Le nôtre est inchangé depuis 2006 essentiellement parce qu’il n’est pas influencé par le financement de la filière nucléaire. En conséquence l’écart se réduit… petit à petit les règles changent. Aujourd’hui 20.000 clients nous ont choisi. Parmi nos clients nous comptons bon nombre de particuliers militants, mais aussi de collectivités et de professionnels qui ont compris la nécessité de construire une économie vertueuse et équilibrée. Espérons que dans quelques années nous ne soyons plus les seuls à proposer notre modèle, ce sera un succès pour nous, partagé avec d’autres fournisseurs, producteurs et consommateurs.

Notre adhésion au mouvement du logiciel libre n’est pas dirigée contre les géants. Elle est dirigée pour soutenir le partage et la diversité de nos intelligences.

Quels sont les types de logiciels utilisés par Enercoop ?

Nous utilisons un mix de logiciels entre applications standard et applications spécifiques métier.

Nous avons entamé il y a un an un refonte de notre Systèmes d’Informations poussée par la nécessité de déployer un ERP métier spécifique à la gestion de l’énergie. Nous avons pris le parti de recourir systématiquement au monde du libre. Notre objectif est d’interfacer chacune de nos applications avec notre openLdap d’une part pour bénéficier de l’authentification unique avec notre CAS et d’autre part pour réaliser, quand c’est nécessaire (et possible), des transferts de données d’une application à une autre.

Sur ce principe, voici la suite exhaustive de nos applications collaboratives et standard connectées à notre LDAP :

  • SOGo : groupware connectée à notre LDAP
  • Asterisk : téléphonie IP pour Paris et les coopératives de région, connectée à notre LDAP
  • ldapSaisie : une interface web pour la gestion des comptes LDAP, une application développée par notre prestataire Easter Eggs
  • ownCloud que nous avons rebaptisé le Clood (prononcez Claude !) connectée à notre LDAP
  • DokuWiki connectée à notre LDAP
  • EtherPad (baptisée Coopad chez nous) connectée à notre LDAP

Les applications que nous envisageons de connecter à LDAP : (pas encore réalisé, faute de temps…)

  • LimeSurvey : application web pour la création d’enquêtes
  • Sympa : mailing lists avec administration web
  • Redmine pour la gestion de projet
  • Mediawiki
  • RT (Request Tracker), un gestionnaire de ticket
  • BigBlueButton pour la visio avec le prestataire Talcod
  • Suite Framasoft : Framadate (Coople chez nous) et Framacalc (expérimental et pas encore baptisé mais pour lequel nous nourrissons beaucoup d’espoir).

Dans le cadre de la refonte SI, nous développons avec la société Axelor et notre partenaire Sorégies une applications métier sur un framework libre développé en Java/XML sous PostgreSQL. Il s’agit d’un ERP baptisé CoopEner qui couvre :

  • l’activité CRM et XRM (gestion clients, producteurs d’électricité, partenaires, contacts etc… )
  • la gestion des flux de données ERDF pour produire notre facturation client et réaliser une Gestion Intégrée de l’Energie (GIE)

CoopEner est bien sûr interconnecté sur notre LDAP, il nourrit LDAP.

Depuis sa création en 2006, Enercoop a, de manière naturelle, déployé des machines sous Windows.
Depuis un an, nous avons lancé la migration de notre parc sous Linux.
Nous avons opté pour une distribution Linux/Debian optimisée pour nous par Easter Eggs.
Nous faisons une sélection de logiciels libres que nous installons dans une configuration unique que nous déployons pour tous les salariés Enercoop.
Nous retrouvons tous les standards du libre : Thunderbird, Iceweasel (Firefox), Filezilla, Linphone, Gimp, Okular, QGIS, Notes Tomboy, LibreOffice, etc…
La migration n’est pas chose simple. À ce jour nous avons migré la moitié de notre parc (25 postes sur 50). Nous avons résolu les problèmes techniques de migration logiciel, mais la difficulté chronophage est la réorganisation et la gestion du changement. La gestion de parc est techniquement facilitée avec GLPI.
Linux ne nous empêche pas d’utiliser ponctuellement des applications Windows auxquelles nous ne pouvons échapper (il y en a encore :))
Pour des applications métier “historiques” nous avons optimisé notre configuration Linux afin d’utiliser ces outils en session à distance… Ainsi nous n’avons pas besoin de Windows sur les postes de travail ce qui est un gain substantiel pour la gestion du parc.

Nos prestataires :

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Quelle est la politique de la coopérative vis-à-vis du logiciel libre ?

Notre objectif est d’avoir recours à 100% aux solutions libres et d’apporter notre participation en terme d’intelligence et de financement.

Les prestations que nous finançons peuvent être reversées à la communauté du libre, nous encourageons nos prestataires à le faire.
Développer le logiciel libre au cœur de notre activité suppose aussi une collaboration de confiance avec nos prestataires informatiques, la mise en place d’un éco-système stable où chaque acteur trouve les éléments de son équilibre.
Dans cette approche, nous souhaitons soutenir directement des projets de développement libre qui nous sont servis “sur un plateau”.
Nous soutenons financièrement des projets de production d’énergie verte, ça nous semble cohérent de soutenir aussi pour des projets qui nous permettent de développer notre SI, cœur de notre activité.

Quels arguments donnerais-tu à un responsable S.I. qui pourrait le pousser à utiliser du logiciel libre dans son infrastructure informatique ?

Le logiciel libre permet aux travailleurs modernes de sortir du prolétariat.

Le prolétaire est un mot antique que Marx a fait resurgir pour qualifier le travailleur qui ne possède pas son outil de travail et qui, pour vivre, doit mettre à disposition du capital son énergie personnelle et son intelligence sans qu’elles soient capitalisées. Le logiciel propriétaire est un logiciel qui entretient la dualité capitaliste / prolétaire : il conduit les SI des entreprises à n’être que des acheteurs, intégrateurs, consommateurs et promoteurs de solutions informatiques clef-en-main sur lesquels il n’y a pas d’emprise, sur lesquels les SI n’apportent aucne valeur, aucune énergie, aucune intelligence.

Le logiciel propriétaire fait de l’informaticien un prolétaire.

Le logiciel libre donne à tous salariés d’Enercoop et aux informaticiens en particulier, les moyens de domestiquer, de comprendre et d’enrichir les systèmes qu’ils utilisent.
Le logiciel libre signifie le partage de la connaissance, c’est la base de l’enseignement, du développement d’une culture libre et de l’épanouissement intellectuel de chacun.
Ce n’est pas un choix facile car nous sommes tous sollicités par des solutions propriétaires alléchantes et performantes. Mais si nous nous comportons comme des consommateurs avides de se satisfaire de solutions toutes faites et rapides dans lesquelles nous ne sommes plus acteur, certes nous serions heureux d’apporter des solutions rapides à nos collègues et dirigeants, mais nous perdrions la maîtrise et la richesse de ce que nous faisons.
Le fait de choisir des solutions libres à tous les niveaux de notre SI nous permet de maitriser la construction globale de notre ouvrage. Si nous avons besoin de faire communiquer des solutions entre elles, nous avons des possibilités, nous ne sommes pas coincés par le bon vouloir d’un éditeur, nous sommes guidés par une imagination que nous partageons avec nos prestataires. Sur le développement de notre infrastructure et la refonte de notre SI logiciel, nous sommes aujourd’hui réellement dans cette capacité.

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Le Collectif pour une Transition Citoyenne, dont Enercoop est partenaire, organise ce 27 septembre une “Journée de la Transition citoyenne”. Peux-tu nous en dire plus ?

Initiés par le Collectif pour une Transition Citoyenne qui regroupe à ce jour 16 structures (la Nef, Terre de Liens, Enercoop, Biocoop, les Amis de la Terre, etc.), les événements du 27 septembre se donnent pour objectif d’inviter les citoyens à s’engager de manière concrète dans la transition : donner du sens à son argent, s’approvisionner en énergie renouvelable, en produits sains et locaux…

Depuis le printemps dernier, chaque structure membre du Collectif et d’autres partenaires invitent leurs réseaux à se mettre en lien localement pour organiser une Journée de la Transition. Ces synergies aboutissent depuis à l’organisation de plus de 150 Journées de la Transition sur les territoires !

Le 27 septembre, c’est donc l’occasion de faire connaître au plus grand nombre les acteurs qui composent ce mouvement, de montrer que la transition est en marche et qu’elle doit se faire par les citoyens, pour les citoyens !

Les associations du libre sont invitées à participer à ces journées, pour sensibiliser le public sur les enjeux numériques et les alternatives existantes à l’informatique propriétaire/privatrice. Comment peuvent-elles participer ?

Les associations du libre sont effectivement les bienvenues !

Pour participer, c’est simple, il suffit de prendre contact avec l’organisateur de l’événement et voir comment il est possible de s’intégrer dans leur programme. La participation le jour J peut prendre différentes formes : projection-débat, stands, animations… à chacun de trouver le format idéal pour faire passer son message !

Les coordonnées des organisateurs se trouvent sur la page dédiée à chaque événement. http://www.transitioncitoyenne.org/27septembre2014-journees-transition/

Merci David ! Un dernier mot pour la fin ?

Puisque j’en ai l’opportunité ici, je vais reprendre André Gorz. Cet extrait argumente, pour moi, la substance du projet Enercoop ; il explique le lien évident que nous souhaitons cultiver entre le projet Enercoop et le monde du logicel libre.

Une économie au-delà du travail emploi, de l’argent et de la marchandise, fondée sur la mise en commun des résultats d’une activité comprise d’emblée comme commune, s’annonce possible : une économie de la gratuité.
C’est la fin du travail ? Au contraire : c’est la fin de la tyrannie qu’exercent les rapports de marchandise sur le travail au sens anthropologique. Celui-ci peut s’affranchir des «nécessités extérieures» (Marx), recouvrer son autonomie, se tourner vers la réalisation de tout ce qui n’a pas de prix, ne peut être ni acheté ni vendu; devenir ce que nous faisons parce que réellement nous désirons le faire et trouvons notre accomplissement dans l’activité elle-même autant que dans son résultat.

La grande question est : que désirons-nous faire dans et de notre vie ? Question que la culture économiste du «plus vaut plus» empêche de poser
Il s’agit là, c’est entendu, d’une utopie. Mais d’une utopie concrète. Elle se situe dans le prolongement du mouvement des logiciels libres qui se comprend comme une forme germinale d’économie de la gratuité et de la mise en commun, c’est-à-dire d’un communisme. Et elle se situe dans la perspective d’une élimination de plus en plus complète du travail emploi, d’une automatisation de plus en plus poussée qui fera (et fait déjà) de la conception de logiciels de loin la plus importante activité productive – productive de richesse mais non de « valeur ».”

CRISE MONDIALE, DECROISSANCE ET SORTIE DU CAPITALISME – André Gorz, 2007 http://www.esprit68.org/deuxtextesgorz.html