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La communication, sur Internet et ses médias sociaux comme dans la vie, doit rester dans le cadre des lois. Mais est-il normal qu’un puissant média comme Facebook s’arroge le droit de décider, le plus souvent sans explication ni recours, de quels sujets on parle de façon privée ?
Voici déjà le 15e article de la série écrite par Rick Falkvinge. Le fondateur du Parti Pirate suédois prend ici l’exemple de la censure exercée par Facebook, qui en quelque sorte se substitue aux lois en imposant la sienne et bride la liberté d’expression.
Le fil directeur de la série de ces 21 articles, comme on peut le voir clairement dans les épisodes précédents que nous vous avons déjà livrés, c’est la perte de certaines libertés dont nous disposions encore assez récemment, avant que le passage au tout-numérique ne nous en prive.
Les médias numériques interdisent à nos enfants d’aborder certains sujets.
Source : Rick Falkvinge sur privateinternetaccess.com
Traduction Framalang : wyatt, draenog, goofy, et un⋅e anonyme
Dans le pire des cas il pouvait être interdit à nos parents de se rencontrer. Mais aujourd’hui, on empêche nos enfants de parler de certains sujets, une fois la conversation en cours. Cette évolution est effrayante.
Lorsqu’un lien vers The Pirate Bay est publié sur Facebook par nos enfants, une petite fenêtre fait son apparition à l’écran avec pour message « Le lien que vous venez de publier n’est pas approprié. Veuillez ne plus publier de tels liens ».
Oui, même dans les conversations privées. Particulièrement dans les conversations privées.
Cela peut paraître anodin, c’est véritablement inouï. Les discussions de nos enfants ne sont pas restreintes en soi, mais elles sont en revanche contrôlées si elles abordent les sujets sensibles dont le régime ne souhaite pas qu’on discute et on les empêche d’en discuter. C’est bien pire que de simplement interdire à certaines personnes de se rencontrer.
L’équivalent analogique de cette pratique serait une conversation téléphonique classique de nos parents dans laquelle une troisième voix menaçante interviendrait, parlant lentement sur un ton assez doux pour être perçu comme une menace : « Vous avez fait mention d’un sujet interdit. Veuillez ne plus discuter de sujets interdits à l’avenir. »
Nos parents auraient été effrayés si cela s’était produit — et à juste raison !
Mais dans le monde numérique de nos enfants, au lieu d’être conspuée, cette pratique est acclamée par les mêmes personnes qui la réprouveraient si elles venaient à en être les victimes.
Dans le cas de notre exemple bien sûr, n’importe lequel des liens vers The Pirate Bay est considéré comme sujet interdit, selon le postulat — le postulat ! — qu’ils mènent à la production de copies qui seraient décrétées en violation du droit d’auteur par un tribunal.
La première fois que j’ai vu la fenêtre Facebook m’enjoignant à ne pas discuter de sujets interdits, je tentais de partager via The Pirate Bay du contenu à caractère politique que j’avais créé. Cette façon de faire s’est avérée très efficace pour partager des gros fichiers, c’est exactement la raison pour laquelle le site est très utilisé (qui aurait pensé à ça, hein ?), notamment par des personnes qui comme moi veulent partager de vastes séries de documents politiques.
Il existe des canaux de communications privés, mais très peu de personnes les utilisent, et les politiciens (oui, nos parents analogiques inclus) s’en réjouissent, à cause du « terrorisme » et autres épouvantails.
La vie privée demeure de votre responsabilité.
Beaux cheveux
Bien dit, bravo !
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« Dans le pire des cas il pouvait être interdit à nos parents de se rencontrer. Mais aujourd’hui, on empêche nos enfants de parler de certains sujets, une fois la conversation en cours. Cette évolution est effrayante. »
Ce qui est effrayant c’est d’écrire ce genre de choses. Je voudrais bien savoir dans quelle société occidentale et à quel moment dans le temps on a pu empêcher nos parents de se rencontrer, déjà. Ils ont quel âge les parents du gars là ? 200 ans ?
Ensuite même aujourd’hui il y a toutes sortes de sujets que l’on ne peut pas aborder dans l’espace public sans tomber sous le coup de la loi ou simplement devoir faire face au poids des préjugés de la majorité. Il n’y a qu’à voir les torrents de merde qui sont déversés sur la tête de ceux qui osent écrire en écriture inclusives. Au bout d’un moment cette pression peut conduire à l’autocensure. Aider les sans papiers conduit en garde à vue et au tribunal, résister à la police même quand elle abuse de la force conduit en garde à vue, éventuellement à l’hopital et généralement au tribunal. Le syndicalisme est réprimé durement depuis le précédent jusqu’à l’actuel gouvernement. Toute forme de contestation conduit aujourd’hui à la répression. La répression conduit à l’autocensure dans l’espace public.
Ce n’est pas le fait des outils numériques, c’est le fait d’un monde où les valeurs morales conservatrices et les conceptions économiques néo libérales sont partout et notamment relayées H24 par les media mainstream.
C’est une tendance lourde depuis une trentaine d’années environ et elle a fini par être intégrée par une grande partie de la population.
Un truc que je ne comprends pas bien. Rick Falkvinge, le gars qui écrit cette série d’article du niveau d’une discussion au coin du zinc en pleine coupe du monde de foot nous explique que chacun est responsable de sa vie privé, ne tenant aucun compte du fait que le cap du choix est depuis longtemps dépassé, et là on apprend que le gars utilise Facebook pour partager du contenu via The Pirate Bay… Et le gars se désole que Facebook lui interdise de partager des liens pointant vers ce site ?
Sérieux ?
La comparaison avec la conversation téléphonique est, au passage, bidon. Une conversation téléphonique n’est pas publique mais peut très bien être écoutée. Partager sur Facebook, c’est forcément public, même quand son compte n’est ouvert qu’à un cercle restreint.
Sinon, il existe d’autres moyens de partager du contenu légal via le P2P que d’utiliser The Pirate Bay.
Nom complet*
> Sinon, il existe d’autres moyens de partager du contenu légal via le P2P que d’utiliser The Pirate Bay.
Donc la solution est d’utiliser un autre site pour éviter la censure? Ça n’est pas une solution mais plutôt contourner la censure imposé par Facebook!
Mais bon, j’admets aussi qu’utiliser Facebook est contraire à respecter son droit à la vie privé et à être libre mais je crois que c’est exactement le but de cette article de prouver cela.