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Vous devriez vous sentir concerné par votre vie privée car…
PRISM de la NSA : pourquoi nous devrions nous sentir concernés
The NSA’s Prism : why we should care
Cory Doctorow – 14 juin – The Guardian
(Traduction : KaTeznik, fany, b:v, genma, Mowee, Adcaelo, Metal-Mighty, letchesco, Asta, Gatitac, Yaf, tcit + anonymes)
Les politiciens nous disent que ceux qui n’ont rien à se reprocher n’ont rien à craindre des écoutes à leur insu. Pourtant, leurs décisions menacent la vie privée et bien au-delà..
Certains se demandent pourquoi faire tant d’histoires à propos des révélations sur PRISM et des autres formes de surveillance de masse de la NSA. Quand William Hague nous dit que les innocents n’ont rien à craindre de ces écoutes, on est en droit de se poser des questions : à partir de quand la surveillance peut-elle nuire ? que peut-il se produire lorsque l’on est épié ? Voici quelques raisons pour lesquelles vous devriez vous sentir concernés par votre vie privée, sa divulgation et la surveillance.
Nous ne sommes pas forcément sensibles aux problèmes de vie privée parce que les conséquences des révélations sur la vie privée sont éloignées dans le temps et l’espace des révélations elles-mêmes. C’est comme essayer de devenir bon au cricket en balançant la batte et en fermant les yeux avant de voir où part la balle, pour que l’on vous raconte, des mois plus tard, dans un autre lieu, où la balle a finalement atterri. Nous appréhendons mal ces problématiques : la plupart des révélations sur notre vie privée sont inoffensives, mais certaines d’entre elles provoquent des dégâts colossaux et quand cela se produit, c’est tellement éloigné dans le temps que nous ne pouvons en tirer aucune leçon véritable.
Vous devriez vous sentir concerné par votre vie privée car la vie privée n’est pas secrète. Je sais ce que vous faites aux toilettes, mais pour autant cela ne veut pas dire que vous ne vouliez pas fermer la porte quand vous êtes sur le trône.
Vous devriez vous sentir concerné par votre vie privée car si les données disent que vous faites quelque chose de mal, celui qui les analysera interprétera tout le reste à la lumière de cette information. Le documentaire Naked Citizens (NdT : Citoyens nus) montre ainsi plusieurs cas effrayants de policiers alertés par des ordinateurs que quelqu’un pouvait préparer des actes délictueux, et qui ont alors interprété tout ce qu’ils apprenaient par la suite comme des preuves de délit.
Par exemple, quand un programmeur du nom de David Mery est entré dans le métro avec une veste alors qu’il faisait chaud, un algorithme de vidéosurveillance l’a signalé à un opérateur humain comme suspect. Quand Mery a laissé passer un train sans embarquer, l’opérateur a décidé que son comportement était alarmant. Il a été arrêté, a fait l’objet d’une perquisition et on lui a demandé de justifier chaque bout de papier de son appartement. Un gribouillage de traits aléatoires a été interprété comme un plan de la station de métro. Même s’il n’a jamais été reconnu coupable, Mery est toujours sur la liste des terroristes potentiels huit ans après et ne peut obtenir de visa pour quitter son pays. Une fois qu’un ordinateur signale un suspect, tout le reste de sa vie devient louche et presque un faisceau d’indices.
Vous devriez vous sentir concerné par la chape de plomb de la surveillance de masse car dans sa recherche d’aiguilles dans les bottes de foin, la police bénéficie alors de plus grosses bottes et d’aiguilles qui restent proportionnellement moins nombreuses. La Commission d’enquête sur le 11 septembre a relevé que les services secrets des États-Unis avaient toutes les informations pour prédire les attaques, mais que celles-ci ont été perdues dans tout le bruit dû à la trop grande quantité de données collectées. Depuis, la collecte excessive est passée à la vitesse supérieure : les bottes de foin sont énormes, mais elles contiennent toujours le même nombre d’aiguilles. Je veux que mon ciel soit sûr et je souhaite, tout comme vous, que nos services secrets fassent bien leur travail, mais pas en aspirant toutes les données dans l’espoir qu’elles leur soient un jour utiles.
Vous devriez vous sentir concerné par la surveillance car vous connaissez des gens qui peuvent être exposés : des gays qui sont au placard, des malades en phase terminale, des personnes qui sont liées à une autre qui aurait notoirement commis un crime horrible. Il peut s’agir de vos amis, de vos voisins, peut-être même de vos enfants : ils méritent autant que vous une vie sans tracas et sans cadavre dans le placard.
Vous devriez vous sentir concerné par la surveillance parce qu’une fois que le système de surveillance est intégré au réseau et aux terminaux téléphoniques, des flics corrompus ou mal intentionnés peuvent l’utiliser contre vous. En Grèce, la porte dérobée utilisée par la police pour accéder aux communications de l’opérateur national a été détournée pour mettre sur écoute le Premier ministre durant la candidature aux Jeux Olympiques de 2005. Des services secrets chinois ont hacké le système d’interception légal de Google pour pirater Gmail et découvrir avec qui les dissidents communiquaient. Nos systèmes de communication sont plus sécurisés lorsqu’ils sont conçus pour empêcher les tierces parties d’y accéder – et l’ajout d’une seule porte dérobée à ces systèmes réduit à néant toutes les mesures de sécurité. Vous ne pouvez pas être à moitié enceinte, de même les ordinateurs dans votre poche, au bureau ou chez vous ne peuvent être à moitié sécurisés. Dès lors que ces appareils sont conçus pour la surveillance, n’importe qui peut soudoyer une autorité policière ou se faire passer pour telle et accéder aux données.
Revenons à M. Hague (Ministre des Affaires Étrangères britannique) : si les innocents n’ont rien à craindre de l’espionnage de leur vie privée, alors pourquoi son propre gouvernement exige-t-il la mise en place d’un système sans précédent de tribunaux secrets, où l’on pourrait entendre les preuves de l’implication des services secrets britanniques dans des enlèvements illégaux et des actes de torture ? Apparemment, la confidentialité est absolument essentielle pour les puissants mais sans intérêt pour le reste d’entre nous.
Crédit photo : Digitale Gesellschaft (Creative Commons By-Sa)
jeronimo
Bien dit. Si, ils ont rien à craindre nos soit disant démocrates et bon penseurs, alors pourquoi? nous surveillé(e)s! 1984 George Orwell. Par contre, je ne connaissais pas cette histoire de ce jh dans le métro. Donc on peut se demander si certains événement sont pas planifier par certains services. Je me demande si les gens se rendent compte du danger avenir!?
Merci pour l’article
splach
A l’heure actuelle, dans ces « démocraties » qui mettent en place de tels système, soit, les risques sont peut être modérés pour le quidam.
Mais qui sait quel gouvernement sera en place dans 10, 20, 30 ans ? Un extrême arrivant au pouvoir dans nos pays? tous les éléments (surveillance de toutes les communications, caméras…) seront déjà installés pour un futur Big Brother en puissance.
Alors oui la plupart vont dire « je m’en fout, je n’ai rien à cacher », mais la société change, les gouvernements changent et ce qui est autorisé aujourd’hui ne le sera peut être pas demain, sauf que si ça continue comme ça, demain, on ne pourra plus se cacher.
Big Brother
Splatch a dit » Mais qui sait quel gouvernement sera en place dans 10, 20, 30 ans ? Un extrême arrivant au pouvoir dans nos pays? tous les éléments (surveillance de toutes les communications, caméras…) seront déjà installés pour un futur Big Brother en puissance. «
Splatch, ce que tu n’as pas compris c’est que le fameux » Extrême » dont tu parles … est déjà là. Pas la peine d’aller le chercher « demain », il est déjà là. Devant ton nez, au présent.
Même après avoir lu ce que l’on t’explique et qui est proprement hallucinant, tu imagines encore que demain sera bien pire encore et tu ne vois pas que plutôt que de t’insurger, bizarrement tu viens d’accepter l’inadmissible, comme ça en passant…. Tu ne te rends même pas compte que du coup – oui, certainement, à ton corps défendant et bien inconsciemment – tu appelles à un nouveau » tour de vis » en imaginant que » demain sera pire qu’aujourd’hui » . Ta peur de » l’Extrême-de-demain » te rend déjà aveugle sur » l’ Extrême-d’aujourd’hui » sans comprendre que tout est déjà là. Que demain c’est aujourd’hui et que sans t’en rendre compte, tu as déjà baissé les bras.
Je ne t’incrimine pas, tout a été fait pour cela. Pour que personne ne soit informé de rien de vraiment fondamental , pour que personne ne se réveille vraiment, pour que tout le monde poursuive sa petite sieste confortablement assis.
Ne penses-tu pas que nous sommes déjà tous des » David Mery » ? Et David Mery c’est pas » demain » c’ est » aujourd’hui « , là maintenant, ici.