Une journée sans logiciel libre…

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Kinnéidigh Garrett - CC byPetite traduction pédagogique sans prétention illustrant la paralysie qui affecterait Internet si le logiciel libre n’était plus là, permettant par là-même au grand public de se rendre compte par la négative de son importance et de sa diffusion[1].

En fait si le logiciel libre n’existait pas il faudrait l’inventer…

A Day Without Open Source

William Hurley – 9 mai 2007
(Traduction Framalang  : HL et Don Rico)

J’étais à une conférence quand deux techniciens entrèrent dans la salle de bar, l’un favorable au logiciel libre, l’autre résolument contre. Ils mirent le moulin en route après quelques verres et Mr Contre remarqua d’une voix forte  : «  Le logiciel libre, je voudrais bien que ça dégage  ! Ça crée plus de problèmes que ça n’a d’avantages. » Déclarations avec lesquelles, de toute évidence, j’ai quelques difficultés. Bon, je sais que la plupart des gens ne comprennent pas le rôle du logiciel libre dans notre monde, ou ignorent combien de services que nous tenons pour acquis disparaitraient sans sa présence. Si vous êtes membre du club, vous voyez probablement où je veux en venir.

Imaginons qu’au douzième coup de minuit, tout logiciel libre s’évapore comme par magie. Qu’est-ce qui fonctionnerait encore demain  ? Pour commencer, Internet «  disparaîtrait  » pour l’utilisateur moyen. La plupart des serveurs de nom de domaines (DNS) fonctionnent sous des logiciels libres comme BIND, qui transforme www.framablog.org en une adresse IP du serveur adéquat. On perdrait en route la majorité des utilisateurs de base d’Internet. Bien sûr, BIND n’est pas le seul logiciel libre pour les DNS. Et toutes les solutions logicielles pour DNS ne sont pas libres.

Mais supposons que les DNS fonctionnent toujours, ou que par hasard vous avez mémorisé 72.14.207.99 au lieu de www.google.com. Même si les serveurs de noms de domaines fonctionnaient, Google disparaîtrait complètement d’Internet. Google tourne essentiellement sous Linux – qui est sans doute le plus populaire des systèmes d’exploitation libres de la planète. Pas de souci. Vous n’avez qu’à aller voir chez Yahoo !, Pas vrai  ? Eh bien non. Yahoo ! est l’un des plus grands consommateurs d’un autre système d’exploitation très répandu issu du libre  : FreeBSD. A présent, vous vous êtes résigné à essayer 207.68.172.246. Nous savons tous qu’ils n’utilisent pas de logiciel libre, et qu’ils s’échinent depuis un bout de temps sur cette fonction de recherche.

OK, MSN est là, paré à la manoeuvre, alors maintenant lançons une recherche. J’ai entendu un remix sympa de Shakira à la radio ce matin, c’est ce que je vais rechercher. MSN me renvoie une liste de sites qui proposent la chanson… Je clique dessus… et… rien. Pas de dance music  ? Pas de rythmes latinos  ? Plus de 60 % des sites Internet tournent sous Apache, un serveur web issu du libre. Avant même que je ne clique sur un lien, mes chances de succès ont été réduites à 4 sur 10.

Sur les 118 023 363 sites recensés jusqu’à présent par NetCraft ce mois de mai, un petit peu plus de 70 millions ne fonctionneraient plus si le logiciel libre venait à disparaître. Certes, Apache n’est pas le seul seveur web issu du libre et… Vous connaissez la suite. Je pourrais continuer des heures et des heures sur vos transactions en ligne, qui ne pourraient être sécurisées sans OpenSSH et OpenSSl et tous les autres services auxquels des utilisateurs ont recours tous les jours et qui, selon ce scénario, n’existeraient pas.

Le logiciel libre n’est pas une nouvelle tendance. Ce n’est pas un phénomène de mode éphémère. Il est partout, que vous le reconnaissiez ou non. De Linux intégré aux nouveaux routeurs sans fil en passant par Firefox, le navigateur libre le plus utilisé au monde, le logiciel libre est la force motrice d’Internet et d’innombrables autres technologies.

Vous savez déjà que je suis un inconditionnel du libre, mais vous, qu’en pensez-vous  ? J’aimerais connaître votre avis sur la façon dont la disparition du logiciel libre vous affecterait.

Notes

[1] Crédit photo  : Kinnéidigh Garrett (Creative Commons By)

19 Responses

  1. littlecharly

    En fait pour moi il ne resterait plus rien:
    – Mon téléphone utilise un PBX (ou standard téléphonique) Asterisk.
    – Mes mails sont envoyés et reçus avec Postfix/evolution.
    – Ma messagerie instantannée utilise un serveur XMPP qui s’appelle ejabberd.
    – Ma musique utilise des codecs libres donc plus de musique.
    – Mes logiciels professionnels sont libres donc plus d’outils de travail.
    – Linux et Mac OS X n’existeraient plus (enfin il manquerait une grosse partie à Mac OS X).

    Si enfin, j’exagère, je pn’aurais pas rien, j’aurais encore du papier, un stylo et des enveloppes.

  2. grosbert

    Il ne faut pas oublier aussi qu’un bon nombre de logiciels propriétaires disparaitraient aussi !
    Un exemple ?
    L’ERP Oracle (e-Business Suite) qui utilise Apache, entre autre.
    Les firewalls Nokia, qui utilisent un dérivé de FreeBSD pour tourner (IPSO).
    => Quelques industries disparaitraient probablement avec la disparition de l’OpenSource !!!

    Et si jamais l’informatique moderne telle que nous la connaissons disparaissais, pourrions-nous en profiter pour jeter tous ces chers ordinateurs à la poubelle et aller se faire un bon cinéma à la place ?
    Peut-être, mais nous n’aurions jamais pu voir :
    – Shrek
    – Titanic
    – Star Wars (1,2 & 3)
    – Le Seigneur des Anneaux
    – …
    qui, tous, ont été développés via Linux !

  3. VV666

    Idem pour moi, je suis sous Archlinux, j’utilise Gimp et Gaim, et joue a OpenArena… Je pourrai même plus jouer ! Et mon blog utilise dotclear sur un compte Free !!!! ARGH ! Arrêtez le massacre !!! Et puis, je programme en php, et, et, et….. ça n’en fini pas. Sniff !

  4. McGivrer

    [mode Troll] Je me demande dans quelle mesure Microsoft n’est pas lui même touché par le phénomène logiciel libre dans son MSN ? car combien d’entre nous utilise un clone libre de messenger pour discutter ? [/Mode Troll]

    Sinon, effectivement, le net sans le libre, "y’a pu" !

  5. Jeromeooo

    Même Microsoft devrait réécrire de bonne partie de Windows … des parties essentielles comme la partie réseau (couche TCP/IP) sont empruntées au code BSD (La licence étant plus permisive, elle vous permet d’intègrer du code BSD dans n’importe quelle application propriétaire).

    De nombreuses parties de Windows emprunte donc du code BSD (voir CLUF). On peut donc imaginer l’ordinateur tel qu’on le connaissait il y a 15 ans sans connexion réseau.

  6. Ulysse

    Huhu, j’ai un programme sur mon Nokia qui me permet de mettre des .ogg en lieu et place des .mp3 comme sonneries, sans logiciels libres, mon téléphone ne sonnerait même plus (bon, tout le monde sait qu’il ne fait que vibrer mais quand même).

  7. gub

    Plus que :
    "si on enlève tous les logiciels libres d’un coup, qu’est-ce qui ne fonctionnerait plus ?"
    Plein de choses évidemment…

    La question que je me pose est plutôt :
    "quel serait le niveau technologique aujourd’hui si le logiciel libre n’était pas né ?"
    Et donc est-ce que les logiciels propriétaires auraient comblé le manque et avec quel talent, quelles innovations, si le partage de connaissances et les licences libres n’étaient pas là aujourd’hui ?

  8. Da Scritch

    Inversons le débat. Si du jour au lendemain on supprimait tous les logiciels propriétaires, qu’est-ce qui ne marcherait plus ?

    Les DRM

  9. Nicosmos

    Et le lendemain, les protocoles libres et les formats libres disparurent … Bye HTTP, Mail, HTML, CSS et PHP ! Et donc bye le Web totalement (et même chez Micro$oft) !

  10. matcheux

    C’est un débat qui ressemble beaucoup à celui de la recherche publique. Sans les avancées mises à la disposition de tous, où en serait actuellement la médecine, la physique quantique, la chimie organique ?

  11. Azuriel

    Mouais. Je suis un amoureux du Libre, mais même si cet article a pour mérite d’informer le néophyte sur l’étendu du Libre dans les infrastructures d’aujourd’hui, je trouve qu’il penche trop vers le "Et si ma tante en avait…", ça me rappelle un peu trop un autre discours "Et si Microsoft n’avait pas démocratisé l’informatique, il n’y aurait pas maintenant un PC dans la plupart des foyers français". Qui sait ? La nature a horreur du vide.
    Et à mon humble avis, le vide aurait été comblé par du proprio.
    Cet article ne démonte pas la thèse "Le Libre c’est mal", il ne fait qu’imaginer un monde dans lequel le libre aurait été soudainement oblitéré, alors forcément, tout irait de traviole. Un peu comme si on virait soudainement tous les logiciels proprio.

  12. mamelouk

    la question est mal posée. que ce passerait-il si le logiciel propriétaire disparaissait à minuit? internet ne fonctionneraient plus non plus..

    il faudrait se poser la question : "comment serait l’informatique si le logiciel libre n’avait jamais existé" (chose impossible si l’on considere la facilité du partage/copie en informatique)

  13. moo

    C’est bien de parler d’internet mais faut-il encore pouvoir s’y connecter : toutes les *box ( free/live/9 ) étant basé sur linux

  14. Philippe

    Ma freebox ne fonctionnerait plus !
    Le plus impressionnant c’est que maintenant meme le grand public s’y met ! Ce matin un client me demande : "Vous installez et maintenez linux ?" Moi grand sourrire : "oui bien sur !"

  15. Jorkar

    Sans LL, je ne serais pas en train de voir cette page car Framasoft n’existerait pas et je ne crois pas que l’informatique m’intéresserait autant….

  16. Bogoris

    Hum… Internet ne serait peut-être plus pareil mais de là à dire qu’il n’existerait plus… je trouve la manière de présenter un peu mensongère. OK le logiciel libre est partout, mais on ne sais pas vraiment pourquoi : ça aurait tout aussi bien pu être du propriétaire. Bien sûr l’accès à internet serait moins facile mais ça c’est vrai pour n’importe quoi.

    Bref, on doit beaucoup au logiciel libre, mais Internet pourrait exister sans que les logiciels soient libres. En revanche, Internet ne pourrait pas exister sans logiciels :P. Je pense que le libre a été productif au moment d’Internet, c’est tout…