Rapport d’activités 2022 de l’association Framasoft
Oui : c’est à la mi-août 2023 que nous publions notre rapport d’activités 2022. Il faut dire qu’avec près d’une centaine de pages, c’est un sacré pavé !
À la mi-août, c’est tellement plus romantique…
Notre association mène, contribue ou échange avec tellement de projets et de collectifs qu’il est difficile de tout suivre, de tout documenter. Or c’est important : nous faisons de notre mieux pour rendre compte de tout ce que nous faisons, principalement grâce à vos dons.
Et puis il faut avouer qu’on aime bien aussi vérifier et double vérifier (on oublie toujours des choses), faire la chasse aux coquilles (il en reste toujours), et proposer une mise en page agréable qui facilite la lecture.
Voilà pourquoi, comme chaque année, nous préférons prendre le temps de réaliser ce rapport et pourquoi, comme chaque année, il parait au troisième trimestre de l’an suivant.
Si vous manquez de lecture dans votre vie, vous pouvez le consulter directement en cliquant sur l’image ci dessous :
Un travail réalisé grâce à votre soutien
Vous pouvez retrouver l’ensemble de nos rapports annuels sur la page « association » de Framasoft.org (notez que le rapport financier 2022 n’est pas encore publié, puisqu’il est en cours de vérification par l’organisme de Commissaire aux Comptes qui certifie la comptabilité de l’exercice précédent.)
Nous ne le répéterons jamais assez : l’indépendance de Framasoft, notamment son indépendance financière, c’est celles et ceux d’entre vous qui nous soutiennent par leurs dons qui l’offrez à notre association, et in fine à l’ensemble de 1,4 millions de personnes qui bénéficient de nos actions chaque mois.
Merci, merci mille fois de cette confiance dont nous espérons nous montrer à la hauteur, une année de plus.
Comment s’organiser contre la domination assistée par ordinateur ? [forum ouvert]
Dans le cadre de l’Université d’Été des Mouvements Sociaux et de la Solidarité (UEMSS) qui se déroulera du 23 au 27 août à Bobigny, et avec les copaines de Attac, Ritimo, Globenet, Convergence Services Publics, Transiscope, l’April, L’Établi numérique, La Dérivation… Nous avons voulu proposer ensemble un forum ouvert pour permettre la rencontre de celles et ceux impliquées dans des luttes et confronter nos expériences et nos réflexions.
Cette journée d’échanges se déroulera le samedi 26 août. Elle nécessite de s’inscrire à l’UEMSS (prix libre).
Forum ouvert : Comment s’organiser contre la domination assistée par ordinateur ?
Amazon utilisant des algorithmes sophistiqués pour imposer des cadences inhumaines aux chauffeurs et aux employé⋅es des centres logistiques. Facebook et al. collectant les opinions politiques des collectifs qui s’organisent dessus et favorisent structurellement la réaction. L’industrie de la tech poussant à acheter toujours plus d’appareils électroniques, générant ainsi toujours plus d’extraction de ressources et de déchets qui finissent par s’entasser dans énormes décharges dans les pays du Sud. La police demandant l’accès à nos communications, la possibilité de nous surveiller en temps réel par la reconnaissance faciale ou la biométrie aux frontières. ParcoursSup organisant la sélection sociale dans un service public de l’enseignement en crise.
Les différentes dominations auxquelles nous faisons face mobilisent maintenant toutes l’infrastructure informatique pour se renforcer, s’amplifier et élargir leurs champs d’actions. Il est devenu difficile de trouver un exemple de lutte où le numérique n’apparaît pas à un moment comme un outil utilisé par celleux d’en face. La domination est maintenant assistée par ordinateur.
Si on ne s’intéresse pas au numérique, le numérique, lui, s’intéresse à nous. Il est donc indispensable de réfléchir ensemble, de nous organiser collectivement pour faire face à cette domination. Les questions sont multiples : pouvons-nous retourner les outils numériques contre le capitalisme ? Comment mieux nous protéger face à la surveillance généralisée permise par la technologie ? À quoi ressemblerait un monde numérique désirable et vivable ?
Le numérique est devenu une réalité politique à part entière, et son évolution ne peut pas être laissée à des prétendu·es expertes et au capitalisme.
Vous avez des pistes d’actions concrètes, des idées, des envies ? Venez avec votre enthousiasme pour les partager !
Forum ouvert ?
Un forum ouvert se construit à partir des sujets que les personnes y participant souhaitent aborder. Le programme est élaboré ensemble au début de la journée. Le reste se déroule ensuite au rythme des différents groupes qui travaillent en parallèle et des nombreuses discussions informelles qui habitent les couloirs.
4 principes gouvernent un forum ouvert :
les personnes qui se présentent sont les bonnes personnes ;
il arrive ce qui pouvait arriver de mieux ;
ça commence quand ça commence ;
ça finit quand c’est fini.
La loi de la mobilité permet à une personne qui n’est ni en train d’apprendre, ni de contribuer, de changer de groupe.
Pistes de réflexion
Nous proposons quatre textes ou discussions pour alimenter nos réflexions avant l’événement :
Que veut dire « libre » (ou « open source ») pour un grand modèle de langage ?
Le flou entretenu entre open source et libre, déjà ancien et persistant dans l’industrie des technologies de l’information, revêt une nouvelle importance maintenant que les entreprises se lancent dans la course aux IA… Explications, décantation et clarification par Stéphane Bortzmeyer, auquel nous ouvrons bien volontiers nos colonnes.
Vous le savez, les grands modèles de langage (ou LLM, pour « Large Language Model ») sont à la mode. Ces mécanismes, que le marketing met sous l’étiquette vague et sensationnaliste d’IA (Intelligence Artificielle), ont connu des progrès spectaculaires ces dernières années.
Une de leurs applications les plus connues est la génération de textes ou d’images. L’ouverture au public de ChatGPT, en novembre 2022, a popularisé cette application. Chaque grande entreprise de l’informatique sort désormais son propre modèle, son propre LLM.
Il faut donc se distinguer du concurrent et, pour cela, certains utilisent des arguments qui devraient plaire aux lecteurs et lectrices du Framablog, en affirmant que leur modèle est (en anglais dans le texte) « open source ». Est-ce vrai ou bien est-ce du « libre-washing » ?
Et qu’est-ce que cela veut dire pour cet objet un peu particulier qu’est un modèle de langage ?
Source ouverte ?
Traitons d’abord un cas pénible mais fréquent : que veut dire « open source » ? Le terme désigne normalement l’information qui est librement disponible. C’est en ce sens que les diplomates, les chercheurs, les journalistes et les espions parlent de ROSO (Renseignement d’Origine en Sources Ouvertes) ou d’OSINT (Open Source Intelligence). Mais, dans le contexte du logiciel, le terme a acquis un autre sens quand un groupe de personnes, en 1998, a décidé d’essayer de remplacer le terme de « logiciel libre », qui faisait peur aux décideurs, par celui d’« open source ». Ils ont produit une définition du terme qu’on peut considérer comme la définition officielle d’« open source ». Il est intéressant de noter qu’en pratique, cette définition est quasiment équivalente aux définitions classiques du logiciel libre et que des phrases comme « le logiciel X n’est pas libre mais est open source » n’ont donc pas de sens. Ceci dit, la plupart des gens qui utilisent le terme « open source » ne connaissent ni l’histoire, ni la politique, ni la définition « officielle » et ce terme, en réalité, est utilisé pour tout et n’importe quoi. On peut donc se dire « open source » sans risque d’être contredit. Je vais donc plutôt me pencher sur la question « ces modèles sont-ils libres ? ».
Grand modèle de langage ?
Le cas du logiciel est désormais bien connu et, sauf grande malhonnêteté intellectuelle, il est facile de dire si un logiciel est libre ou pas. Mais un modèle de langage ? C’est plus compliqué, Revenons un peu sur le fonctionnement d’un LLM (grand modèle de langage). On part d’une certaine quantité de données, par exemple des textes, le « dataset ». On applique divers traitements à ces données pour produire un premier modèle. Un modèle n’est ni un programme, ni un pur ensemble de données. C’est un objet intermédiaire, qui tient des deux. Après d’éventuels raffinements et ajouts, le modèle va être utilisé par un programme (le moteur) qui va le faire tourner et, par exemple, générer du texte. Le moteur en question peut être libre ou pas. Ainsi, la bibliothèque transformers est clairement libre (licence Apache), ainsi que les bibliothèques dont elle dépend (comme PyTorch). Mais c’est le modèle qu’elle va exécuter qui détermine la qualité du résultat. Et la question du caractère libre ou pas du modèle est bien plus délicate.
Notons au passage que, vu l’importante consommation de ressources matérielles qu’utilisent ces LLM, ils sont souvent exécutés sur une grosse machine distante (le mythique « cloud »). Lorsque vous jouez avec ChatGPT, le modèle (GPT 3 au début, GPT 4 désormais) n’est pas téléchargé chez vous. Vous avez donc le service ChatGPT, qui utilise le modèle GPT.
Mais qui produit ces modèles (on verra plus loin que c’est une tâche non triviale) ? Toutes les grandes entreprises du numérique ont le leur (OpenAI a le GPT qui propulse ChatGPT, Meta a Llama), mais il en existe bien d’autres (Bloom, Falcon, etc), sans compter ceux qui sont dérivés d’un modèle existant. Beaucoup de ces modèles sont disponibles sur Hugging Face (« le GitHub de l’IA », si vous cherchez une « catch phrase ») et vous verrez donc bien des références à Hugging Face dans la suite de cet article. Prenons par exemple le modèle Falcon. Sa fiche sur Hugging Face nous donne ses caractéristiques techniques, le jeu de données sur lequel il a été entrainé (on verra que tous les modèles sont loin d’être aussi transparents sur leur création) et la licence utilisée (licence Apache, une licence libre). Hugging Face distribue également des jeux de données d’entrainement.
Dans cet exemple ci-dessous (trouvé dans la documentation de Hugging Face), on fait tourner le moteur transformers (plus exactement, transformers, plus diverses bibliothèques logicielles) sur le modèle xlnet-base-cased en lui posant la question « Es-tu du logiciel libre ? » :
% python run_generation.py --model_type=xlnet --model_name_or_path=xlnet-base-cased
...
Model prompt >>> Are you free software?
This is a friendly reminder - the current text generation call will exceed the model's predefined maximum length (-1). Depending on the model, you may observe exceptions, performance degradation, or nothing at all.
=== GENERATED SEQUENCE 1 ===
Are you free software? Are you a professional? Are you a Master of Technical Knowledge? Are you a Professional?
Ce modèle, comme vous le voyez, est bien moins performant que celui qui est derrière le service ChatGPT ; je l’ai choisi parce qu’il peut tourner sur un ordinateur ordinaire.
Vous voulez voir du code source en langage Python ? Voici un exemple d’un programme qui fait à peu près la même chose :
from transformers import pipeline
generator = pipeline("text-generation", model="DunnBC22/xlnet-base-cased-finetuned-WikiNeural-PoS")
print(generator("Are you free software?"))
Le modèle utilisé est un raffinement du précédent, DunnBC22/xlnet-base-cased-finetuned-WikiNeural-PoS. Il produit lui aussi du contenu de qualité contestable([{‘generated_text’: « Are you free software? What ever you may have played online over your days? Are you playing these games? Any these these hours where you aren’t wearing any heavy clothing?) mais, bon, c’est un simple exemple, pas un usage intelligent de ces modèles.
Les LLM n’ont pas de corps (comme Scarlett Johansson dans le film « Her ») et ne sont donc pas faciles à illustrer. Plutôt qu’une de ces stupides illustrations de robot (les LLM n’ont pas de corps, bon sang !), je mets une image d’un chat certainement intelligent. Drew Coffman, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons
Que veut dire « libre » pour un LLM ?
Les définitions classiques du logiciel libre ne s’appliquent pas telles quelles. Des entreprises (et les journalistes paresseux qui relaient leurs communiqués de presse sans vérifier) peuvent dire que leur modèle est « open source » simplement parce qu’on peut le télécharger et l’utiliser. C’est très loin de la liberté. En effet, cette simple autorisation ne permet pas les libertés suivantes :
Connaître le jeu de données utilisé pour l’entrainement, ce qui permettrait de connaitre les choix effectués par les auteurs du modèle (quels textes ils ont retenu, quels textes ils ont écarté) et savoir qui a écrit les textes en question (et n’était pas forcément d’accord pour cette utilisation).
Connaître les innombrables choix techniques qui ont été faits pour transformer ces textes en un modèle. (Rappelez-vous : un algorithme, ce sont les décisions de quelqu’un d’autre.)
Sans ces informations, on ne peut pas refaire le modèle différemment (alors que la possibilité de modifier le programme est une des libertés essentielles pour qu’un logiciel soit qualifié de libre). Certes, on peut affiner le modèle (« fine-tuning a pre-trained model », diront les documentations) mais cela ne modifie pas le modèle lui-même, certains choix sont irréversibles (par exemple des choix de censure). Vous pouvez créer un nouveau modèle à partir du modèle initial (si la licence prétendument « open source » le permet) mais c’est tout.
Un exemple de libre-washing
Le 18 juillet 2023, l’entreprise Meta a annoncé la disponibilité de la version 2 de son modèle Llama, et le fait qu’il soit « open source ». Meta avait même convaincu un certain nombre de personnalités de signer un appel de soutien, une initiative rare dans le capitalisme. Imagine-t-on Microsoft faire signer un appel de soutien et de félicitations pour une nouvelle version de Windows ? En réalité, la licence est très restrictive, même le simple usage du modèle est limité. Par exemple, on ne peut pas utiliser Llama pour améliorer un autre modèle (concurrent). La démonstration la plus simple de la non-liberté est que, pour utiliser le modèle Llama sur Hugging Face, vous devez soumettre une candidature, que Meta accepte ou pas (« Cannot access gated repo for url https://huggingface.co/meta-llama/Llama-2-7b/resolve/main/config.json. Access to model meta-llama/Llama-2-7b is restricted and you are not in the authorized list. Visit https://huggingface.co/meta-llama/Llama-2-7b to ask for access. »)
Mais la communication dans l’industrie du numérique est telle que très peu de gens ont vérifié. Beaucoup de commentateurs et de gourous ont simplement relayé la propagande de Meta. Les auteurs de la définition originale d’« open source » ont expliqué clairement que Llama n’avait rien d’« open source », même en étant très laxiste sur l’utilisation du terme. Ceci dit, il y a une certaine ironie derrière le fait que les mêmes personnes, celles de cette Open Source Initiative, critiquent Meta alors même qu’elles avaient inventé le terme « open source » pour brouiller les pistes et relativiser l’importance de la liberté.
Au contraire, un modèle comme Falcon coche toutes les cases et peut très probablement être qualifié de libre.
La taille compte
Si une organisation qui crée un LLM publie le jeu de données utilisé, tous les réglages utilisés pendant l’entrainement, et permet ensuite son utilisation, sa modification et sa redistribution, est-ce que le modèle peut être qualifié de libre ? Oui, certainement, mais on peut ajouter une restriction, le problème pratique. En effet, un modèle significatif (disons, permettant des résultats qui ne sont pas ridicules par rapport à ceux de ChatGPT) nécessite une quantité colossale de données et des machines énormes pour l’entrainement. L’exécution du modèle par le moteur peut être plus économe. Encore qu’elle soit hors de portée, par exemple, de l’ordiphone classique. Si une application « utilisant l’IA » tourne soi-disant sur votre ordiphone, c’est simplement parce que le gros du travail est fait par un ordinateur distant, à qui l’application envoie vos données (ce qui pose divers problèmes liés à la vie privée, mais c’est une autre histoire). Même si l’ordiphone avait les capacités nécessaires, faire tourner un modèle non trivial épuiserait vite sa batterie. Certains fabricants promettent des LLM tournant sur l’ordiphone lui-même (« on-device ») mais c’est loin d’être réalisé.
Mais l’entraînement d’un modèle non trivial est bien pire. Non seulement il faut télécharger des téra-octets sur son disque dur, et les stocker, mais il faut des dizaines d’ordinateurs rapides équipés de GPU (puces graphiques) pour créer le modèle. Le modèle Llama aurait nécessité des milliers de machines et Bloom une bonne partie d’un super-calculateur. Cette histoire de taille ne remet pas en question le caractère libre du modèle, mais cela limite quand même cette liberté en pratique. Un peu comme si on vous disait « vous êtes libre de passer votre week-end sur la Lune, d’ailleurs voici les plans de la fusée ». Le monde du logiciel libre n’a pas encore beaucoup réfléchi à ce genre de problèmes. (Qui ne touche pas que l’IA : ainsi, un logiciel très complexe, comme un navigateur Web, peut être libre, sans que pour autant les modifications soit une entreprise raisonnable.) En pratique, pour l’instant, il y a donc peu de gens qui ré-entrainent le modèle, faisant au contraire une confiance aveugle à ce qu’ils ont téléchargé (voire utilisé à distance).
Conclusion
Pour l’instant, la question de savoir ce que signifie la liberté pour un modèle de langage reste donc ouverte. L’Open Source Initiative a lancé un projet pour arriver à une définition. Je ne connais pas d’effort analogue du côté de la FSF mais plus tard, peut-être ?
Le X de Musk n’est pas une inconnue…
L’actualité récente nous invite à republier avec son accord l’article de Kazhnuz sur son blog (il est sous licence CC BY-SA 4.0) qui souligne un point assez peu observé de la stratégie d’Elon Musk : elle n’est guère innovante et ne vise qu’à ajouter un X aux GAFAM pour capter une base utilisateur à des fins mercantiles…
L’annonce a été faite le 23 juillet, Twitter va être remplacé par X, le « rêve » de Musk de créer l’app-à-tout-faire à la WeChat en Chine. Le logo va être changé, et la marque Twitter va être abandonnée au profit de celle de X, et le domaine x.com redirige déjà vers Twitter. Le nom a déjà été utilisé jadis par Musk pour sa banque en ligne (qui après moult péripéties deviendra Paypal, justement parce que le nom est nul et pose des tonnes de soucis – ressembler à un nom de site X justement), et cette fois comme y’a personne pour lui dire « stop mec ton idée pue », il le fait.
Cependant, je pense qu’il y a quelques trucs intéressants à dire sur la situation, parce qu’au final, plus qu’une « lubie de Musk », il y a dedans quelque chose qui informe de la transformation faite de twitter, et de la façon dont Musk fait juste partie d’un mouvement fortement présent dans la Silicon Valley.
Encore un
Je pense qu’il ne faut pas voir ce changement de nom comme quelque chose de si surprenant, imprévisible, parce que c’est jouer le jeu de Musk de croire qu’il est l’électron libre qu’il prétend être. Parce que même s’il va plus loin en changeant carrément la marque du produit, Musk ne fait (encore une fois) que copier-coller un comportement déjà présent dans le milieu de la tech.
Parce qu’au final, Twitter appartenant et devenant X Corp, c’est comme Facebook qui devient Meta Plateform, ou Google qui devient Alphabet Inc. Un changement en grande partie pour tenter de forger la « hype », l’idée que le site fait partie de quelque chose de plus grand, du futur, de ce qui va former l’Internet – non la vie – de demain. Bon je pense que ça se voit que je suis un peu sarcastique de tout ça, mais y’a cette idée derrière les grandes entreprises de la tech. Elles ne sont plus dans l’idée de tourner autour de quelques produits, elles se présentent comme le « futur ». X Corp n’est qu’une tentative de créer un autre GAFAM, et fait partie des mêmes mouvements, des mêmes visions, du même aspect « techbro ».
C’est pour ça que le nom « rigolo » est moins mis en avant par rapport au nom plus « générique-mais-cool-regardez ». Meta, pour ceux qui vont au-delà et le métavers. X pour la variable inconnue. Alphabet pour aller de A à Z. Tout cela est de l’esbroufe, parce que plus que vendre un produit, ils vendent de la hype aux investisseurs.
Et le fait que Musk a voulu réutiliser ce nom dans le passé ne change pas grand-chose à tout ça. Le but, l’ego est le même. Donner l’impression qu’on est face à une grosse mégacorporation du futur. Et ce manque d’originalité n’est pas que dans le changement de nom, mais aussi au final dans son plan derrière tout ça : transformer Twitter en une marketplace.
X, une autre marketplace
Le passage de Twitter à X.com, montre le même cœur que les metaverse et crypto… et au final une grande partie des transformations qui se sont produites : tout transformer en marketplace, enrobé dans une esthétique de technofuturisme. Cela se voit encore plus dans le message de Linda Yaccarino, la CEO de Twitter :
X est l’état futur de l’interactivité illimitée – centrée sur l’audio, la vidéo, la messagerie, les paiements/les banques – créant une place de marché globale pour les idées, les biens, les services et les opportunités. Propulsé par l’IA, X va nous connecter d’une manière que nous commençons juste à imaginer.
— Linda Yaccarino, twitter
On peut remarquer deux choses dans ce message :
Le premier est qu’il n’y a rien d’original dedans. Nous y retrouvons exactement la même chose que l’on retrouvait à l’époque des crypto et des NFT : le truc qui fait tout mais surtout des trucs qui existent déjà, et basé sur la technologie du turfu. Y’a déjà 500 plateformes pour faire payer pour des services, que ce soit en crowdfunding, au format « patreon », via des commissions, etc. Des ventes de biens sur internet, y’a aussi des tonnes de moyens, etc. Tout ce qui est rajouté c’est « on va faire tous ces trucs qui existent déjà, et on a dit « IA » dedans donc c’est le futur ça va tout révolutionner tavu ». C’est le modus operandi classique, et il n’y a rien d’original dans ce que propose Twitter. D’ailleurs, le rôle que peut avoir l’IA dedans est très vague : est-ce que c’est pour modifier les algorithmes ? (cela ne sert pas à grand-chose, on les hait tous déjà). Est-ce que c’est pour pouvoir générer des produits par IA pour les vendre ? Le produit que veut proposer X Corp n’a pas besoin d’IA pour fonctionner, elle est là juste pour dire « c’est le futur », et hyper les investisseurs.
Le second est que cela transforme l’idée de base de Twitter (l’endroit où les gens parlent) en avant tout une « place de marché », comme indiqué plus haut. Twitter était le lieu de la discussion, du partage de l’idée à la con qu’on a eue sous la douche. D’où le format du microblogging. Là aussi, même cet aspect devient quelque chose de commercialisable, ce qui rappelle encore une fois le mouvement qu’il y avait eu autour de la crypto et des NFT : tout doit pouvoir devenir commercialisable, tout doit pouvoir devenir un produit. C’est aussi ce mouvement qui fait qu’on a de plus en plus de « jeux-services », qui servent avant tout à vendre des produits dématérialisés n’ayant de valeur qu’à l’intérieur du jeu (et encore). Beaucoup de jeux ne peuvent plus juste « être un jeu », ils doivent être une « marketplace ».
Conclusion
La transformation de twitter en X n’est donc pas une surprise – en plus du fait que c’était annoncé depuis longtemps. Il ne s’agit que d’un phénomène qui arrive tout le temps sur Internet. Une volonté de transformer un site populaire en une « place de marché du futur » pour hyper des investisseurs. Encore une fois.
Et au final, on sait bien ce qu’a acheté Musk quand il a acheté Twitter. Il n’a pas acheté un produit. Il a acheté une userbase (une base d’utilisateurs et utilisatrices) pour l’injecter directement dans le nouveau produit qu’il voulait faire. C’est assez ironique de voir que Twitter a fini de la même manière que certains comptes populaires : revendu pour être renommé et envoyer sa pub à des tonnes d’utilisateurs.
David Revoy, un artiste face aux IA génératives
Depuis plusieurs années, Framasoft est honoré et enchanté des illustrations que lui fournit David Revoy, comme sont ravi⋅es les lectrices et lecteurs qui apprécient les aventures de Pepper et Carrot et les graphistes qui bénéficient de ses tutoriels. Ses créations graphiques sont sous licence libre (CC-BY), ce qui est un choix courageux compte tenu des « éditeurs » dépourvus de scrupules comme on peut le lire dans cet article.
Cet artiste talentueux autant que généreux explique aujourd’hui son embarras face aux IA génératives et pourquoi son éthique ainsi que son processus créatif personnel l’empêchent de les utiliser comme le font les « IArtistes »…
Intelligence artificielle : voici pourquoi je n’utiliserai pas pour mes créations artistiques de hashtag #HumanArt, #HumanMade ou #NoAI
par David REVOY
« C’est cool, vous avez utilisé quel IA pour faire ça ? »
« Son travail est sans aucun doute de l’IA »
« C’est de l’art fait avec de l’IA et je trouve ça déprimant… »
… voilà un échantillon des commentaires que je reçois de plus en plus sur mon travail artistique.
Et ce n’est pas agréable.
Dans un monde où des légions d’IArtistes envahissent les plateformes comme celles des médias sociaux, de DeviantArt ou ArtStation, je remarque que dans l’esprit du plus grand nombre on commence à mettre l’Art-par-IA et l’art numérique dans le même panier. En tant qu’artiste numérique qui crée son œuvre comme une vraie peinture, je trouve cette situation très injuste. J’utilise une tablette graphique, des layers (couches d’images), des peintures numériques et des pinceaux numériques. J’y travaille dur des heures et des heures. Je ne me contente pas de saisir au clavier une invite et d’appuyer sur Entrée pour avoir mes images.
C’est pourquoi j’ai commencé à ajouter les hashtags #HumanArt puis #HumanMade à mes œuvres sur les réseaux sociaux pour indiquer clairement que mon art est « fait à la main » et qu’il n’utilise pas Stable Diffusion, Dall-E, Midjourney ou n’importe quel outil de génération automatique d’images disponible aujourd’hui. Je voulais clarifier cela pour ne plus recevoir le genre de commentaires que j’ai cités au début de mon intro. Mais quel est le meilleur hashtag pour cela ?
Je ne savais pas trop, alors j’ai lancé un sondage sur mon fil Mastodon
Résultats
Sur 954 personnes qui ont voté (je les remercie), #HumanMade l’emporte par 55 % contre 30 % pour #HumanArt. Mais ce qui m’a fait changer d’idée c’est la diversité et la richesse des points de vue que j’ai reçus en commentaires. Bon nombre d’entre eux étaient privés et donc vous ne pouvez pas les parcourir. Mais ils m’ont vraiment fait changer d’avis sur la question. C’est pourquoi j’ai décidé de rédiger cet article pour en parler un peu.
Critiques des hashtags #HumanMade et #HumanArt
Tout d’abord, #HumanArt sonne comme une opposition au célèbre tag #FurryArt de la communauté Furry. Bien vu, ce n’est pas ce que je veux.
Et puis #HumanMade est un choix qui a été critiqué parce que l’IA aussi était une création humaine, ce qui lui faisait perdre sa pertinence. Mais la plupart des personnes pouvaient facilement comprendre ce que #HumanMade signifierait sous une création artistique. Donc 55 % des votes était un score cohérent.
J’ai aussi reçu pas mal de propositions d’alternatives comme #HandCrafted, #HandMade, #Art et autres suggestions.
Le succès de #NoAI
J’ai également reçu beaucoup de suggestions en faveur du hashtag #NoAI, ainsi que des variantes plus drôles et surtout plus crues. C’était tout à fait marrant, mais je n’ai pas l’intention de m’attaquer à toute l’intelligence artificielle. Certains de ses usages qui reposent sur des jeux de données éthiques pourraient à l’avenir s’avérer de bons outils. J’y reviendrai plus loin dans cet article.
De toutes façons, j’ai toujours essayé d’avoir un état d’esprit « favorable à » plutôt que « opposé à » quelque chose.
C’est aux artistes qui utilisent l’IA de taguer leur message
Ceci est revenu aussi très fréquemment dans les commentaires. Malheureusement, les IArtistes taguent rarement leur travail, comme on peut le voir sur les réseaux sociaux, DeviantArt ou ArtStation. Et je les comprends, vu le nombre d’avantages qu’ils ont à ne pas le faire.
Pour commencer, ils peuvent se faire passer pour des artistes sans grand effort. Ensuite, ils peuvent conférer à leur art davantage de légitimité à leurs yeux et aux yeux de leur public. Enfin, ils peuvent probablement éviter les commentaires hostiles et les signalements des artistes anti-IA des diverses plateformes.
Je n’ai donc pas l’espoir qu’ils le feront un jour. Je déteste cette situation parce qu’elle est injuste.
Mais récemment j’ai commencé à apprécier ce comportement sous un autre angle, dans la mesure où ces impostures pourraient ruiner tous les jeux de données et les modèles d’apprentissage : les IA se dévorent elles-mêmes.
Quand David propose de saboter les jeux de données… 😛
Pas de hashtag du tout
La dernière suggestion que j’ai fréquemment reçue était de ne pas utiliser de hashtag du tout.
En effet, écrire #HumanArt, #HumanMade ou #NoAI signalerait immédiatement le message et l’œuvre comme une cible de qualité pour l’apprentissage sur les jeux de données à venir. Comme je l’ai écrit plus haut, obtenir des jeux de données réalisées par des humains est le futur défi des IA. Je ne veux surtout pas leur faciliter la tâche.
Il m’est toujours possible d’indiquer mon éthique personnelle en écrivant « Œuvre réalisée sans utilisation de générateur d’image par IA qui repose sur des jeux de données non éthiques » dans la section d’informations de mon profil de média social, ou bien d’ajouter simplement un lien vers l’article que j’écris en ce moment même.
Conclusion et considérations sur les IA
J’ai donc pris ma décision : je n’utiliserai pour ma création artistique aucun hashtag, ni #HumanArt, ni #HumanMade, ni #NoAI.
Je continuerai à publier en ligne mes œuvres numériques, comme je le fais depuis le début des années 2000.
Je continuerai à tout publier sous une licence permissive Creative Commons et avec les fichiers sources, parce que c’est ainsi que j’aime qualifier mon art : libre et gratuit.
Malheureusement, je ne serai jamais en mesure d’empêcher des entreprises dépourvues d’éthique de siphonner complètement mes collections d’œuvres. Le mal est en tout cas déjà fait : des centaines, voire des milliers de mes illustrations et cases de bandes dessinées ont été utilisées pour entraîner leurs IA. Il est facile d’en avoir la preuve (par exemple sur haveibeentrained.com ou bien en parcourant le jeu de données d’apprentissage Laion5B).
Je ne suis pas du tout d’accord avec ça.
Quelles sont mes possibilités ? Pas grand-chose… Je ne peux pas supprimer mes créations une à une de leur jeu de données. Elles ont été copiées sur tellement de sites de fonds d’écran, de galeries, forums et autres projets. Je n’ai pas les ressources pour me lancer là-dedans. Je ne peux pas non plus exclure mes créations futures des prochaines moissons par scans. De plus, les méthodes de protection comme Glaze me paraissent une piètre solution au problème, je ne suis pas convaincu. Pas plus que par la perspective d’imposer des filigranes à mes images…
Ne vous y trompez pas : je n’ai rien contre la technologie des IA en elle-même.On la trouve partout en ce moment. Dans le smartphones pour améliorer les photos, dans les logiciels de 3D pour éliminer le « bruit » des processeurs graphiques, dans les outils de traduction [N. de T. la présente traduction a en effet été réalisée avec l’aide DeepL pour le premier jet], derrière les moteurs de recherche etc. Les techniques de réseaux neuronaux et d’apprentissage machine sur les jeux de données s’avèrent très efficaces pour certaines tâches.
Les projets FLOSS (Free Libre and Open Source Software) eux-mêmes comme GMIC développent leurs propres bibliothèques de réseaux neuronaux. Bien sûr elles reposeront sur des jeux de données éthiques. Comme d’habitude, mon problème n’est pas la technologie en elle-même. Mon problème, c’est le mode de gouvernance et l’éthique de ceux qui utilisent de telles technologies.
Pour ma part, je continuerai à ne pas utiliser d’IA génératives dans mon travail (Stable Diffusion, Dall-E, Midjourney et Cie). Je les ai expérimentées sur les médias sociaux par le passé, parfois sérieusement, parfois en étant impressionné, mais le plus souvent de façon sarcastique .
Je n’aime pas du tout le processus des IA…
Quand je crée une nouvelle œuvre, je n’exprime pas mes idées avec des mots.
Quand je crée une nouvelle œuvre, je n’envoie pas l’idée par texto à mon cerveau.
C’est un mixage complexe d’émotions, de formes, de couleurs et de textures. C’est comme saisir au vol une scène éphémère venue d’un rêve passager rendant visite à mon cerveau. Elle n’a nul besoin d’être traduite en une formulation verbale. Quand je fais cela, je partage une part intime de mon rêve intérieur. Cela va au-delà des mots pour atteindre certaines émotions, souvenirs et sensations.
Avec les IA, les IArtistes se contentent de saisir au clavier un certains nombre de mots-clés pour le thème. Ils l’agrémentent d’autres mots-clés, ciblent l’imitation d’un artiste ou d’un style. Puis ils laissent le hasard opérer pour avoir un résultat. Ensuite ils découvrent que ce résultat, bien sûr, inclut des émotions sous forme picturale, des formes, des couleurs et des textures. Mais ces émotions sont-elles les leurs ou bien un sous-produit de leur processus ? Quoi qu’il en soit, ils peuvent posséder ces émotions.
Les IArtistes sont juste des mineurs qui forent dans les œuvres d’art générées artificiellement, c’est le nouveau Readymade numérique de notre temps. Cette technologie recherche la productivité au moindre coût et au moindre effort. Je pense que c’est très cohérent avec notre époque. Cela fournit à beaucoup d’écrivains des illustrations médiocres pour les couvertures de leurs livres, aux rédacteurs pour leurs articles, aux musiciens pour leurs albums et aux IArtistes pour leurs portfolios…
Je comprends bien qu’on ne peut pas revenir en arrière, ce public se sent comme empuissanté par les IA. Il peut finalement avoir des illustrations vite et pas cher. Et il va traiter de luddites tous les artistes qui luttent contre ça…
Mais je vais persister ici à déclarer que personnellement je n’aime pas cette forme d’art, parce qu’elle ne dit rien de ses créateurs. Ce qu’ils pensent, quel est leur goût esthétique, ce qu’ils ont en eux-mêmes pour tracer une ligne ou donner tel coup de pinceau, quelle lumière brille en eux, comment ils masquent leurs imperfections, leurs délicieuses inexactitudes en les maquillant… Je veux voir tout cela et suivre la vie des personnes, œuvre après œuvre.
Vous pouvez soutenir la travail de David Revoy en devenant un mécène ou en parcourant sa boutique.
Berlin, March 2023 : Diary of the first ECHO Network study visit
From 27 to 31 March 2023, the first study visit of the European project ECHO Network took place in Berlin. This report looks back on this week of exchange on the theme of « Young people, social networks and political education« , organised by the Willi Eichler Academy.
In order to promote the values of the Ethical, Commons, Humans, Open-Source Network project, the Framasoft participants wanted to travel to Berlin by train. So Monday and Friday of this exchange week were dedicated to transport.
The day of departure was a national strike day in Germany (where a rail strike = no trains running!). As a result, only 3 of the 4 Framasoft members who had planned to take part in the project were able to make it.
When you think of trains, you think of time, where transport is an integral part of the journey. In fact, it takes 9 hours by train from Paris, or even 13 hours from Nantes… And you should add 1 or 2 hours (or even half a day) for « contingency management » (delays, cancellations, changes of train). Travelling to Germany by train was an adventure in itself (and the feeling seems to be shared!).
Tuesday 28 March: Discoveries and visits off the beaten track
After a brief meeting with the first participants the day before, Tuesday will continue with the aim of getting to know each other (arrivals will continue throughout the day due to changes in the itinerary caused by the strike the day before).
Tuesday morning will begin with a visit to the Jewish Cemetery of Berlin-Weißensee, the largest Jewish cemetery in Europe. Nature takes over in this historic place.
In the afternoon we visit a former Stasi prison, Berlin-Hohenschönhausen. This visit made a particularly strong impression on us: the site was created by former prisoners, the prison wasn’t closed until 1990, and many of the people who tortured prisoners were never brought to justice. In short, a dark page of history, but one that needs to be shared (we recommend the visit!)…
The day will end with a convivial meal in a traditional restaurant.
Wednesday 29 March: young, old and social networks
Discussion: What do we think about social networks in our organisations?
The first workshop was a round-table discussion in which each participant shared his or her use of and views on social networks, and in particular TikTok, the medium that will be used in the following workshop.
To summarise:
There is little use of social media from a personal point of view in the group.
On the other hand, the majority of the group use social media to promote their organisation’s activities (Facebook, Twitter, Instagram and Mastodon).
No one in the group uses TikTok, which poses a problem for understanding this social media.
As part of their organisation’s activities, the majority of the group would like to reach out more to young people and it seems interesting to find them where they are, i.e. on social media.
The group fully agreed that social media are not neutral tools and try to monopolise the attention of their users.
This time of exchange therefore allowed us to see that we share the same values, difficulties and desires when it comes to social media. However, we felt that the ‘one at a time’ format lacked some dynamism in the exchanges and the opportunity for several people to discuss.
Feedback from a student workshop: raising awareness of social issues in a TikTok video
Alongside our morning discussions on social media, 2 groups of students from the Brillat-Savarin school worked on a video project. They had to produce a TikTok video (one per group) to show the impact of the European Union (1st group) and climate change (2nd group) on their work as chefs. The videos were shown to us (incredible quality in 2 hours of work!) and then we exchanged views on the topic.
What we took away from this workshop:
The students were between 18 and 22 years old and did not use TikTok. According to the students, this social network is aimed at people younger than them (« young » is too broad a term!). However, they had mastered the codes of the platform as they were regularly exposed to TikTok content on other platforms such as Instagram and YouTube.
In any case, they wouldn’t necessarily want to use a social network to watch political content, preferring a more recreational use of the network (like watching videos of kittens!), even if they claim to be political.
They found it particularly interesting to get a message across in videos and to question themselves on issues that directly affect them.
It was an interesting experiment, even if the plenary discussions did not allow everyone to participate.
Thursday 30th March: Politics and Open Source
Reflect EU&US: the Willi Eichler Academy project
Funded to the tune of €500,000 by Marshall Plan leftovers, Reflect EU&US is a 2-year project (2022-2024) by the Willi Eichler Academy. Its aim? To organise discussions between students outside the university environment, remotely and anonymously.
Points to remember:
The project involves 60 students (30 from the United States and 30 from Germany), with a physical meeting planned at the very end of the project to lift the masks.
Topics covered include justice, racism, gender and politics.
Following the discussions, a library of documents will be created, which will allow the various sources (texts, articles, videos, podcasts, etc.) to be validated (or not).
Anonymity makes it easier to accept contradictory opinions.
The management of the groups can be complicated by anonymity, but it is an integral part of the project.
From a technical point of view, the platform is based on the OpenTalk tool and was chosen to provide this space for free exchange, with the creation of coloured cards as avatars, making it possible to guarantee the anonymity of the participants. The choice of open source technologies was made specifically with the aim of reassuring participants so that they could exchange in complete peace of mind. This was followed by a live test of the platform with the students (in German, which didn’t allow us to understand everything!).
Open source meets politics
The afternoon continued with a talk by Peer Heinlein, director of OpenTalk, on « True digital independence and sovereignty are impossible without open source ». You can imagine that we at Framasoft have an opinion on this, even if we don’t feel strongly about it… Discussions with the audience followed on open source software, privacy and data encryption.
The next speaker was Maik Außendorf, representative of the Green Party in the European Parliament. Among other things, we discussed how digital technology can help the ecological transition. We learnt that German parliamentarians do not have a choice when it comes to using digital tools, and that national coherence is difficult to achieve with the decentralised organisation of Germany into Länder.
The study visit ended in a restaurant, where we had the opportunity to talk with a SeaWatch activist, highlighting the common values and reflections of the different organisations (precariousness of associations, the need to propose alternatives to the capitalist world, the need for free and emancipatory digital technologies).
An intense week!
We were particularly surprised and excited by the common visions shared by the participants and organisations, whether it be about emancipatory digital, the desire to move towards a world that is more like us, where cooperation and contribution move forward, and the question of how to share our messages while remaining coherent with what we defend.
Although the majority of the week was built around plenary workshops, which did not always encourage exchange between participants or spontaneous speaking, the informal times (meals, coffee breaks, walks) made it possible to create these essential moments.
What next for the ECHO network? The second study visit took place in Brussels from 12 to 16 June. A summary article will follow on the Framablog (but as always, we’ll take our time!).
Berlin, mars 2023 : journal de bord de la première visite d’études d’ECHO Network
Du 27 au 31 mars 2023, la première visite d’études du projet européen ECHO Network s’est tenue à Berlin. Ce compte rendu retrace cette semaine d’échanges sur la thématique « jeunes, réseaux sociaux et éducation politique », organisée par Willi Eichler Akademy.
Pour pousser les valeurs du projet Ethical, Commons, Humans, Open-Source Network (Réseau autour de l’Éthique, les Communs, les Humain⋅es et l’Open-source), les participant⋅es de Framasoft souhaitaient favoriser le train pour se rendre à Berlin. Ainsi, le lundi et le vendredi de cette semaine d’échange étaient banalisés pour le transport.
Les contre-temps faisant partie du voyage, le jour des départs était un jour de grève nationale en Allemagne (où grève ferroviaire = zéro train qui circule !). Ainsi, sur les 4 membres de Framasoft prévu⋅es sur le projet, seul⋅es 3 ont pu se rendre sur place.
Qui dit train dit aussi temps investi, où le transport fait partie intégrante du voyage. En effet, il faut prévoir 9 heures de train depuis Paris, ou encore 13 heures depuis Nantes… Et à cela, il est fortement conseillé d’ajouter 1h ou 2h (voire une demi-journée) de « gestion des imprévus » (retards, annulations, changements de train). Se rendre en Allemagne en train nous a semblé une aventure à part entière (et ce ressenti semble partagé !).
Mardi 28 mars : découvertes et visites hors sentiers touristiques
Après avoir rencontré brièvement la veille les premières et premiers participant⋅es, la journée du mardi continue avec l’objectif de se découvrir les un⋅es les autres (les arrivées se feront au compte-gouttes sur toute la journée suite aux changements d’itinéraire dus à la grève de la veille).
Nous entamons le mardi matin avec une visite du Cimetière juif de Weißensee de Berlin, le plus grand cimetière juif d’Europe. La nature prend le dessus dans ce lieu empreint d’histoire.
Nous nous dirigeons ensuite l’après-midi vers une ancienne prison de la Stasi, la prison de Berlin-Hohenschönhausen. Cette visite nous aura particulièrement marqué⋅es : le site a été créé par d’ancien⋅nes prisonnier⋅ères, la prison n’a fermé qu’en 1990, et de nombreuses personnes ayant torturé des prisonnier⋅ères n’ont jamais été jugées. Bref, une page d’histoire sombre mais qu’il est nécessaire de partager (nous conseillons la visite !)…
La journée se terminera par un moment convivial dans un restaurant traditionnel.
Mercredi 29 mars : jeunes, moins jeunes et réseaux sociaux
Discussion : on pense quoi des réseaux sociaux dans nos organisations ?
Le premier atelier a été un tour de table où chaque participant⋅e partageait son utilisation et point de vue sur les réseaux sociaux, et particulièrement TikTok, média sur lequel sera utilisé l’atelier suivant.
Ce que l’on peut résumer :
Il y a peu d’utilisation des médias sociaux d’un point de vue personnel dans le groupe.
Les médias sociaux sont par contre utilisés par la majorité du groupe pour mettre en valeur les actions de son organisation (Facebook, Twitter, Instagram et Mastodon).
Personne dans le groupe n’utilise TikTok ce qui pose problème pour comprendre ce média social.
Dans le cadre des activités de leur organisation, la majorité du groupe souhaiterait toucher davantage les jeunes et il semble intéressant de les trouver là où iels sont, donc sur les médias sociaux.
Le groupe est tout à fait d’accord sur le fait que les médias sociaux ne sont pas des outils neutres et cherchent à monopoliser l’attention de ses utilisateur⋅rices.
Ce temps d’échange a donc permis de voir que nous partageons les mêmes valeurs, difficultés et envies sur les médias sociaux. Cependant, le format « chacun son tour de parole » nous a semblé manquer un peu de dynamisme dans les échanges et de possibilité de discuter à plusieurs.
Retour d’atelier d’étudiant⋅es : sensibiliser sur des sujets de société dans une vidéo TikTok
En parallèle de nos échanges du matin sur les médias sociaux, 2 groupes d’étudiant⋅es de la Brillat-Savarin School ont travaillé sur un projet vidéo. Ils devaient produire une vidéo TikTok (une par groupe) pour montrer l’impact sur leur métier de cuisinier⋅ère de l’Union Européenne (1er groupe) et du changement climatique (2ème groupe). Les vidéos nous ont été présentées (incroyable la qualité en 2 heures de travail !), puis nous avons échangé sur le sujet.
Ce que nous retenons de cet atelier :
Les étudiant⋅es avaient entre 18 et 22 ans, et n’utilisent pas TikTok . Selon les étudiant⋅es, ce réseau social est tourné pour une cible plus jeune qu’elles et eux (« jeunes » est un terme trop large !). Par contre iels maîtrisaient les codes de la plateformes, étant régulièrement exposé⋅es à du contenu issu de TikTok sur d’autres plateformes telles que Instagram ou YouTube .
Iels n’auraient de toute façon pas forcément envie d’utiliser un réseau social pour voir du contenu politique, préférant un usage plus récréatif du réseau (comme regarder des vidéos de chatons par exemple !), même lorsqu’iels se revendiquent politisé⋅es.
Iels ont trouvé la démarche particulièrement intéressante de faire passer un message en vidéos, et se questionner sur des sujets les impliquant directement.
L’expérimentation aura été intéressante, même si les échanges en plénière ne permettaient pas l’implication de chacun et chacune.
Jeudi 30 mars : politique et open source
Reflect EU&US : le projet de la Willi Eichler Akademy
Financé à hauteur de 500k€ par des restes du plan Marshall, Reflect EU&US est un projet sur 2 ans (2022-2024) de la Willi Eichler Akademy. L’objectif ? Organiser des discussions entre étudiant⋅es en dehors du cadre universitaire, à distance et en restant dans l’anonymat.
Les points à retenir :
Le projet investit 60 étudiant·es (30 des Etats-Unis et 30 d’Allemagne), une rencontre physique est prévue à la toute fin du projet pour lever les masques.
Des sujets traités tels que : justice, racisme, genre, politique.
Une bibliothèque de documents est alimentée suite aux discussions, permettant de valider (ou non) les différentes sources (textes, articles, vidéos, podcasts, etc).
L’anonymat permet plus facilement d’assumer des opinions contradictoires.
L’animation des groupes peut être compliquée par l’anonymat, mais fait partie intégrante du projet.
D’un point de vue technique, la plateforme est basée sur l’outil OpenTalk et a été choisie pour avoir cet espace d’échange libre, avec la création de cartes de couleurs comme avatar, permettant de garantir l’anonymat des participant⋅es. Le choix de technologies open-source a été fait spécifiquement dans le but de rassurer les participant⋅es pour qu’iels puissent échanger en toute tranquillité. Un test en direct de la plateforme a suivi avec des étudiant⋅es (en allemand, ce qui ne nous a pas permis de tout comprendre !).
Rencontres entre open source et politique
L’après-midi a continué avec l’intervention de Peer Heinlein, directeur d’OpenTalk, sur le sujet « L’indépendance et la souveraineté numérique réelle sont impossibles sans l’open-source ». Vous vous doutez bien qu’à Framasoft, même si ce n’est pas un aspect qui nous tient à cœur, nous avons un avis sur la question… Des échanges ont suivi avec les participant·e·s sur les logiciels open source, la protection des données personnelles, ou encore le chiffrement des données.
C’est ensuite Maik Außendorf, représentant du Green Party au parlement qui est intervenu. Nous avons, entre autre, échangé sur le numérique pour aider la transition écologique. Nous avons appris que les parlementaires allemand⋅es n’ont pas le choix dans leur utilisation d’outils numériques et qu’une cohérence nationale semble compliquée à mettre en place avec l’organisation décentralisée de l’Allemagne en Länder.
La clôture de la visite d’études a eu lieu dans un restaurant, où nous avons pu notamment échanger avec un activiste de SeaWatch, mettant particulièrement en avant valeurs communes et réflexions partagées entre les différentes organisations (précarisation des associations, nécessité de proposer des alternatives au monde capitaliste, nécessité d’un numérique libre et émancipateur).
Une semaine intense !
Nous avons particulièrement été surpris⋅es et enthousiastes par les visions communes partagées entre participant⋅es et organisations, que ce soit sur le numérique émancipateur, l’envie d’aller vers un monde qui nous ressemble plus, où la coopération et la contribution vont de l’avant et les questionnements sur comment partager nos messages en restant cohérent⋅es avec ce que l’on défend.
Bien que la majorité de la semaine ait été construite sous forme d’ateliers en plénière, ne favorisant pas toujours les échanges entre participant⋅es ou les prises de parole spontanées, les temps informels (repas, pauses café, balades) auront permis de créer ces moments essentiels.
Et la suite d’ECHO Network ? La seconde visite d’études a eu lieu à Bruxelles du 12 au 16 juin. Un article récap’ suivra sur le Framablog (mais comme toujours : on se laisse le temps !).
Dorlotons Dégooglisons, c’est plus de soin, d’énergie et de temps dédié à nos services en ligne. Nous clôturons aujourd’hui la collecte lancée le 23 mai pour nous aider à financer l’épisode 1, et l’objectif a été atteint (et même plus !). Un sincère MERCI : merci de votre soutien pour ce nouveau projet qui ne serait pas réalisable sans vous ❤️.
« Dorlotons Dégooglisons »
Consacrer plus de temps et d’énergie à nos services en ligne, c’est un nouveau cap que nous voulons suivre. Et nous pourrons le garder grâce à vous, grâce à vos dons ! En savoir plus sur le site Soutenir Framasoft.
Dorlotons Dégooglisons, un projet qui NOUS tient à cœur
Le projet à long terme « Dorlotons Dégooglisons » c’est une manière pour nous de montrer le soin que nous consacrons à nos services : de la gestion à l’administration, en passant par le support et la communication, sans oublier l’expertise technique. C’est sortir de l’ombre les 80 petites mains qui s’activent en coulisses pour vous permettre d’utiliser des services éthiques afin de retrouver de l’autonomie, de l’esprit critique et de la liberté dans vos pratiques numériques.
« Dorlotons » Dégooglisons, c’est aussi (et surtout !) consacrer plus de temps et d’énergie à nos services en ligne, dont certains peuvent sembler un peu à l’ancienne : nous allons dégager du temps salarié pour la coordination du projet et prendrons le temps de vous faire part des différentes avancées.
Dans ce premier épisode, nous avons mis en lumière les dorlotages déjà réalisés cette année (et souvent un peu passés à la trappe), tout en mettant un coup de projecteur sur le nouveau service Framagroupes (listes de discussions par email), ouvert le 7 juin.
Dorlotons Dégooglisons, un projet qui VOUS tient à cœur
Dorlotons Dégooglisons c’est aussi vous mobiliser : ces services en ligne, gratuits et utiles à près de 1,5 million de personnes par mois ont bien un coût, et il est financé par vous, par vos dons. Lancer cette collecte c’était aussi une manière de savoir si vous trouvez utile que l’on consacre plus de soin, de temps et d’énergie à nos services.
Alors on vous le dit haut et fort : MERCI ! Vous avez été au rendez-vous, et en seulement 12 jours l’objectif de 60 000 € était atteint ! À l’heure où nous publions ces lignes et après ces 22 jours d’animation, vous êtes plus de 1 500 personnes a avoir contribué, avec plus de 76 000 € collectés, soit 127 % de l’objectif fixé (et il reste encore quelques heures pour la collecte : elle ne ferme que ce soir à minuit !). Vraiment, encore une fois, MERCI ! Cette mobilisation nous confirme bien que prendre soin de nos services, les améliorer, et les mettre en avant, c’est réellement un projet qui vous motive autant que nous !
Le livre d’or de cette collecte est maintenant en ligne : vous y trouverez les petits mots que certaines et certains d’entre vous nous ont laissés (et que nous avons pris grand plaisir à lire !). Prendre conscience de l’utilité de nos actions, c’est ça qui nous motive à continuer, et le témoignage de Kris l’illustre vraiment très bien (aucun lien avec Khrys, l’autrice du Khrys’presso) (et promis, c’est pas pour frimer que nous le partageons, mais parce qu’il nous touche particulièrement !).
Merci à Framasoft de nous proposer ces services si utiles au quotidien pour fonctionner en groupe à distance : les pads pour les réunions, les framalistes, les framaforms ! On a tellement besoin de ça, de ces outils qui ne nous pistent pas, cherchent juste à être utiles sans vouloir capter du temps de cerveau, ni de l’argent. Merci aussi pour vos contributions à d’autres services, les efforts faits pour nous informer, et nous permettre de cheminer vers d’autres usages, pour vos réflexions partagées, et pour l’accompagnement que vous apportez aux collectifs pour sortir du tout Google. Merci pour votre engagement, et merci de toutes ces initiatives pour un numérique plus éthique, plus émancipateur et plus libre, loin du monopole et du fonctionnement capitaliste. Merci de vos propositions pour réfléchir le monde autrement (collecte et confiance, édition de livres libres…). Vous assurez grave ! Kris
La série va t-elle être reconduite ?
Clairement : OUI ! Tout d’abord, l’enthousiasme de la mobilisation pour cette collecte nous a montré que nous ne nous trompons pas de direction : vous estimez qu’il est nécessaire de consacrer davantage d’énergie à nos services en ligne et nous allons dégager plus de temps pour les améliorer.
Ce temps de collecte pour mettre en avant nos dorlotages réalisés cette année et présenter la démarche à venir nous rassure aussi quant au budget de notre association. Celui-ci repose à 94% sur des dons et dépend actuellement très (trop !) fortement des 3 dernières semaines de décembre, où sont réalisés 50 % des dons de l’année (chiffres de 2022). Animer ce temps de mobilisation en milieu d’année nous permet à la fois :
de continuer l’année plus sereinement et d’être moins « en stress » en fin d’année pour boucler notre budget (enfin, on l’espère !). Cette expérimentation semble donc encourageante sur cet aspect.
de proposer un deuxième rendez-vous dans l’année pour parler de nos actions et faire un bilan (et rendre la fin d’année aussi plus digeste sur la quantité d’info qu’on vous transmet !)
Et alors, c’est quoi la suite pour Dorlotons Dégooglisons ? Nous allons élaborer une feuille de route pour gérer nos priorités, définir les prochains projets et trouver de potentiels prestataires… Bref nous avons encore du pain sur la planche pour les prochaines années. Et nous comptons bien refaire le point sur tout ça l’an prochain…
Encore un immense merci pour votre confiance et pour votre soutien !