Une coalition française pour la défense et la promotion de l’espace démocratique

Dans de nombreux pays, dont la France, la liberté des citoyen⋅ne⋅s de se mobiliser pour agir est remise en cause. Comment les associations du logiciel libre peuvent-elles aider à faire face à ce phénomène ?

Cet article fait partie des « Carnets de voyage de Contributopia ». D’octobre à décembre 2019, nous y ferons le bilan des nombreuses actions que nous menons, lesquelles sont financées par vos dons (qui peuvent donner lieu à une réduction d’impôts pour les contribuables français). Si vous le pouvez, pensez à nous soutenir.

 

Un rétrécissement de l’espace démocratique en Europe ?

Comme vous le savez (ou pas), dans nos « Carnets de voyage », nous essayons de mettre en valeur des projets auxquels Framasoft participe, et qui sont parfois fort éloignés de la fameuse campagne « Dégooglisons Internet ».

Nous avons par exemple déjà parlé de Mobilizon, de Pytitions ou de Bénévalibre. Bien que chacun de ces projets porte une dimension politique importante, il s’agit malgré tout de « simples » outils logiciels.

Aujourd’hui, nous souhaitons vous présenter un autre projet dans lequel Framasoft est impliqué, lui aussi à forte dimension politique, mais qui n’a pas grand-chose à voir avec le logiciel libre.

Laissez nous vous présenter « L.A. Coalition » (« L.A. » signifiant « Libertés Associatives »), dont l’objectif est d’une part de comprendre et identifier ce qu’on appelle le « rétrécissement de l’espace démocratique » en France ; et d’autre part d’outiller la société civile pour qu’elle se retrouve moins démunie face à ce phénomène.

Commençons par donner une définition de ce mécanisme de rétrécissement :

« Le rétrécissement de l’espace pour la société civile empêche les acteurs de faire entendre les préoccupations de différentes communautés et leur bloque l’accès aux gouvernements et aux autres institutions démocratiques, ce qui entrave leur capacité à jouer efficacement leur rôle de contre-pouvoir citoyen. Tout ceci est problématique car, au niveau national comme européen, une société civile active et bien structurée constitue une protection essentielle contre l’érosion de valeurs telles que le respect pour la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l’égalité et le respect du droit. »

Dans la plupart des pays de l’Union européenne, dont la France, la liberté des citoyennes et citoyens de se mobiliser pour agir est remise en cause. L’action des sociétés civiles est sous le feu de nombreuses attaques politiques, financières, judiciaires et policières.

Les exemples sont, malheureusement, innombrables : élection de Viktor Orbán, interdisant les associations « non approuvées par le gouvernement », procès baillons, coupe des subventions, fermeture programmée d’observatoires au travail reconnu (celui des prisons, celui de la pauvreté, etc.)…

Face à cette réalité, seize fondations européennes se sont réunies, en 2018, pour lancer le programme Civitates (rien à voir – et heureusement ! – avec le mouvement d’extrême droite Civitas) et favoriser la formation de coalitions associatives dans plusieurs pays européens (Hongrie, Italie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Slovénie et France) pour lutter contre le « rétrécissement de l’espace démocratique ».

Le programme Civitates vise à identifier les phénomènes de « rétrécissement de l’espace civique » dans l’Union Européenne sous la pression de gouvernements tentés de restreindre les libertés fondamentales et remettre en cause le droit des citoyens à s’organiser, s’exprimer, agir et aussi à contester les pouvoirs établis. Si le phénomène est particulièrement visible dans certains pays de l’Est, comme la Hongrie ou la Pologne par exemple, le projet de coalition française vise à démontrer qu’il existe en France aussi diverses formes de pressions sur la société civile.

« On Shrinking Space », rapport de l'organisation TNI
Vous voulez en savoir plus sur ce phénomène ? le rapport « On Shrinking Space » de l’organisation TNI est fait pour vous (en anglais)
(cliquez sur l’image pour le télécharger)

 

Une coalition française

En France, à l’initiative de VoxPublic, huit associations (Action Droits des Musulmans, Agir pour l’égalité, Alliance citoyenne, la Cimade, le Collectif des Associations Citoyennes, Tous Migrants , VoxPublic et Framasoft) se sont réunies fin 2018 pour proposer des stratégies de riposte contre les répressions subies par le secteur associatif. La coalition a établi un plan d’activités au niveau national ainsi que dans deux régions : Auvergne-Rhône-Alpes et PACA, où les exécutifs régionaux exercent de fortes pressions sur les acteurs de la société civile.

En mars 2019, huit organisations ont rejoint la coalition : ATTAC, CRID, Fédération des Arts de la Rue, Génération avisée, La Quadrature du Net, React, RITIMO, Sortir du Nucléaire, Vent d’assos.

La coalition se dénomme : L.A. Coalition (L.A. signifiant libertés associatives), avec comme sous-titre « promotion et défense des droits de la société civile ».

L.A. Coalition identifie quatre types d’attaques et pressions subies actuellement par la société civile en France :

  • les attaques politiques. Exemple : critique de l’action associative pour la dévaloriser ;
  • les attaques juridiques et policières. Exemple : poursuite contre les citoyens solidaires des personnes migrantes (délit de solidarité), ciblage de personnes de confession, réelle ou supposée, musulmane ;
  • les attaques contre la capacité d’agir des citoyens. Exemple : dénigrement par les autorités du pouvoir de pétition, pressions pour limiter l’organisation des citoyen.ne.s dans les quartiers populaires ;
  • les attaques financières. Exemple : baisse drastique des subventions et des emplois aidés.

Renforcer les stratégies de riposte face aux répressions de la société civile

Jusqu’à présent les associations ont plutôt subi les attaques sans être en mesure de s’y opposer collectivement (avec des exceptions bien sûr) car les stratégies choisies ont été individuelles et dispersées. Individuelles lorsque chaque association « essaye de se faire discrète » et s’applique des formes d’auto-censure ; dispersées lorsque les associations ont agi de manière segmentée en cherchant à mobiliser uniquement dans un même sous-secteur associatif mais dont les forces sont parfois limitées (géographiquement, humainement, etc) et sujettes aux mêmes pressions.

La coalition, en facilitant des discussions collectives entre acteurs, se donne pour rôle de décloisonner les différents secteurs associatifs afin de créer les conditions d’un dialogue inter-acteurs et d’imaginer la possibilité de ripostes collectives.

Afin de réussir à identifier des stratégies de riposte, L.A. Coalition travaille actuellement à l’élaboration d’un programme de formations, de campagnes de plaidoyer à l’échelle municipale et nationale, à l’organisation d’événements locaux ou nationaux. L.A. Coalition développe aussi une stratégie de communication et sera très prochainement visible sur le web.

Elle travaille étroitement avec l’Observatoire des répressions des libertés associatives, créé début 2019 à l’initiative de l’Institut Alinsky, pour documenter un large éventail d’expériences d’acteurs de la société civile, victimes de répression.

Le programme d’action de la Coalition s’étale pour l’instant, jusqu’à juin 2020.

Logo L.A. Coalition
Logo L.A. Coalition

Le rôle de Framasoft

Alors vous pourriez légitimement vous demander : « Mais que vient faire Framasoft dans ce projet qui semble très éloigné de l’éducation populaire aux enjeux du numérique, et qui ne parle pas de logiciel libre ? ».

Il est certain que nous sortons ici de notre zone de confort. Mais trois aspects différents nous ont motivé à faire partie des associations fondatrices de L.A. Coalition.

Le premier, très pragmatique, est de pouvoir outiller numériquement cette coalition. Ainsi, Framasoft héberge les listes de discussion de L.A. Coalition, a effectué des journées de formations autour d’outils numériques, apporte une forme d’expertise sur les questions de sécurité des données (même si La Quadrature du Net, devenue entre temps membre de cette coalition, est bien plus pointue que nous sur ces sujets), participe à l’animation technique du site web (à venir), et met à disposition une instance NextCloud (accompagné de LibreOffice Online) pour gérer le travail collaboratif.
Il nous aurait paru totalement incohérent qu’une telle coalition utilise les outils des GAFAM, dont les scandales quasi-quotidiens démontrent une collusion avec les États et leurs services de renseignement.

Le second plutôt stratégique, concerne la campagne « Contributopia ». Sur la page d’accueil de Framasoft, nous annonçons vouloir « changer le monde, un octet à la fois ». Sur celle de contributopia.org il est inscrit que nous voulons « explorer les mondes numériques où l’humain et ses libertés fondamentales sont respectés ». Il s’agit donc de sortir du logiciel libre et de sa communauté plutôt privilégiée pour nous confronter aux réalités d’autres associations de terrain qui, elles aussi, font de leur mieux pour changer le monde.

Le dernier aspect est lui clairement politique : Framasoft est une association « loi de 1901 », et fière de l’être !
Sans rejeter les modèles entrepreneuriaux (SAS, SARL,… ou même les modèles coopératifs tels que les SCOP/SCIC), nous pensons que la liberté de « faire association », la possibilité de s’organiser et de mettre en œuvre des actions collectives dans un cadre qui soit volontairement non-marchand est absolument fondamentale. Nous n’avons jamais caché être très critique de l’archétype de la « startup nation », non seulement parce qu’il renforce le modèle du capitalisme de surveillance, mais aussi parce qu’en se voulant un modèle dominant, il écrase de fait les autres modèles possibles. Un exemple ? Quand la French Tech se voit offrir un cadeau de 5 milliards d’euros, le « grand plan pour les associations » annoncé par le président est lui de …28 millions d’euros (mais pas sous forme d’aides, on vous laisse lire l’article pour découvrir le tour de passe-passe visant à faire des associations des « sous-entreprises »).

 

 

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Et encore, si ce n’était qu’un problème de moyen… Mais, en tant qu’association et que militant⋅e⋅s du secteur associatif, nous constatons autour de Framasoft une très alarmante multiplication des répressions, parfois violentes, parfois beaucoup plus insidieuses (comme la fin des emplois aidés, les procès baillons, etc.).

Nous pensons par ailleurs que, dans un monde où le numérique est omniprésent, les associations du libre ont un double intérêt à se rapprocher d’associations menacées par ces répressions : d’une part, en tant qu’associations ayant des connaissances informatiques pointues, elles seront les prochaines sur la liste ; d’autre part, elles ne peuvent selon nous s’extraire de la question de la solidarité et de l’organisation collective, au cœur des valeurs du mouvement du logiciel libre. Si ce n’est pas déjà le cas, n’hésitez donc pas à prendre contact avec des associations « non numériques », à écouter leurs besoins pour co-construire avec elles des solutions.

En participant à notre modeste échelle à L.A. Coalition, nous espérons pouvoir apporter notre contribution à la compréhension de ce phénomène, et au stratégies de riposte qui peuvent être mises en œuvre. Si nous pouvons le faire, c’est aussi parce que vos dons (notre seule source de financement), nous permettent une totale indépendance dans nos actions, et une liberté de parole libre de toute entrave. Pour cela, merci !

Rendez-vous sur la page des Carnets de Contributopia pour y découvrir d’autres articles, d’autres actions que nous avons menées grâce à vos dons. Si ce que vous venez de lire vous plaît, pensez à soutenir notre association, qui ne vit que par vos dons. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.

Soutenir Framasoft

Illustration d’entête : CC-By David Revoy




Identifions les acteurs et actrices de l’accompagnement numérique libre

Chez Framasoft, nous souhaitons recenser les différent⋅es acteurs et actrices ayant des pratiques d’accompagnement au numérique libre. Pour cela, nous vous invitons à répondre à un petit questionnaire avant le 20 décembre 2019.

Le numérique attire de plus en plus de monde
En lançant fin 2017 la campagne Contributopia, nous partagions avec vous le constat que trouver le service web libre et éthique qui correspond à ses usages demande de nombreuses connaissances et reste difficile d’accès aux personnes les moins à l’aise avec l’outil numérique. À ce jour, il nous semble toujours pertinent de rappeler que le principal objet de l’association Framasoft est l’éducation populaire aux enjeux du numérique.

Depuis plusieurs années Framasoft reçoit de nombreuses sollicitations pour animer des conférences, des ateliers ou des formations. Ces demandes proviennent d’organisations ou d’individus aux profils variés et portent principalement sur les enjeux du numérique, la place des géants du web dans l’écosystème numérique, le capitalisme de surveillance, les services alternatifs à ceux proposés par les GAFAM, les logiciels libres, la culture libre et les outils collaboratifs.

Essayons de recenser les acteur⋅ices du numérique
Framasoft étant une petite structure (35 membres dont 9 salarié⋅es), il nous est souvent difficile de répondre positivement à ces invitations. C’est parce que nous trouvons frustrant de ne pas avoir les moyens de davantage accompagner celles et ceux qui émettent ces besoins, que nous lançons aujourd’hui ce questionnaire. Celui-ci va nous permettre d’identifier les différent⋅es acteur⋅ices (bénévoles et professionnel⋅les) ayant déjà des pratiques d’accompagnement sur ces thématiques.

Ce questionnaire s’adresse donc à toute personne, structure ou organisation ayant déjà des pratiques d’accompagnement au numérique libre. Que ce soit l’adhérent·e d’un GULL à titre bénévole, un⋅e médiateur⋅ice numérique, un⋅e formateur⋅ice indépendant⋅e ou un⋅e salarié⋅e d’un organisme de formation, toutes ces personnes sont légitimes à répondre à ce questionnaire. Nous vous demandons seulement de ne pas répondre à ce questionnaire pour une structure si vous n’en faites pas vous-même partie. Cependant, si vous connaissez une personne, structure ou organisation de ce type, n’hésitez pas à lui transmettre le lien.

Les informations demandées portent à la fois sur les personnes ou les organisations (types d’interventions, forme juridique…) et sur les modalités de ces interventions (sujets, zones géographiques, public visé…).

Cliquez sur l’image pour accéder au formulaire

Un questionnaire pour un document libre
Les informations récoltées seront diffusées sous la forme d’un jeu de données brutes anonymisées sous licence libre qui pourra être téléchargé depuis le framablog. Cette mise à disposition permettra leur réutilisation par tous, que ce soit pour les analyser ou les diffuser sous une autre forme.

De plus, les résultats de ce questionnaire seront compilés dans un document synthétique qui sera diffusé au format PDF sous licence libre. Ce document s’articulera en deux parties :

  • une synthèse des résultats du questionnaire ;
  • un annuaire recensant toutes les personnes, structures ou organisations y ayant répondu.

Nous savons par avance que cette liste d’acteur⋅ices ne sera pas exhaustive. Mais nous espérons qu’elle pourra être un point de départ pour nous ou pour toute autre personne ou structure souhaitant utiliser ces données. Elle pourra aussi compléter des listes préexistantes d’autres structures, car à notre connaissance aucune tentative d’inventaire n’existe sur le libre en particulier dans les structures d’accompagnement (si vous en connaissez, n’hésitez pas à les partager en commentaire).

En diffusant ce document, nous pourrons ainsi réorienter les demandes que nous recevons vers d’autres acteur⋅ices de la médiation numérique. Nous comptons donc sur vous pour partager massivement ce questionnaire au sein de vos communautés afin que le plus grand nombre d’acteur⋅ices puissent être recensé⋅es. C’est à vous !

 

Accéder au formulaire




Let’s De-frama-tify the Internet !

Wait up before you yell at us! but yeah, we are here to announce the gradual closing down, spanning several years, of some services from the De-google-ify Internet campaign. We want to achieve this goal in a spirit of cooperation, so that we can focus on more decentralization and efficiency for people who are aiming to make a positive change in the world, no matter how small .

This article is quite long. Our complex thinking can’t be reduced to a tweetable soundbite. We recommend you read this article from start to finish, but you will find its key points at the end. And the original French blogpost is here.

What’s going on?

We’ve said it time and time again: Framasoft is -and wishes to remain- a human scale organization, a team of enthusiasts DIY-ing their way through changing the world, one byte at a time. Our organization is made of 9 employees and about thirty members and every year, 700 to 800 volunteers help us (whether it be for one hour or throughout the year). Over 4000 patrons fund our projects (thank you <3), and every month, hundreds of thousands people benefit from those.

Yet Framasoft is more than all of this: dozens of blog articles, around a hundred of meetings, conferences & workshops every year, a publishing house for free-libre books, lots of responds to the requests of many media outlets and a collaborative directory of free-libre solutions. We currently develop two important softwares (PeerTube and Mobilizon), and we are working on so many cool partnerships and collaborative projects that we’re going to need three months to introduce you to all of them… (See y’all in October !)

Our pal JCFrog teasing us a bit

One thing is for sure: we, at Framasoft, hold our not-for-profit status close to our hearts. We don’t want to become start-up nor replace Google. We want to preserve our identity without burning ourselves out (we’ll touch on that some more in the following weeks, as we have sometimes overworked ourselves in the past), and keep on experimenting with new things. If we want to achieve all of these goals, we have to reduce our (heavy) workload.

Why are we closing down some services?

From the start, we advertized the De-google-ify Internet project as an experiment, a proof of concept, which was set to stop at the end of 2017. What we had not foreseen was that the discourse about current web centralization (which only nerds like us cared about in 2014) would generate such enthusiasm, and that as a consequence, so many expectations would be placed on us. In plain English: De-google-ify Internet, and all of the services that come with it, was not meant to centralize so many users, nor to lock them up in frama-stuffs that would last to infinity (and beyond).

Apart from our « just for kicks » projects (Framatroll and Framadsense: still love you, fam), there are 38 services on the De-goole-ify Internet servers. That’s a lot. Like, seriously, a lot. This means 35 different softwares (each with its own update pace, active or dormant communities, etc.), written in 11 programming languages (and 5 types of databases), shared on 83 servers and virtual machines, all in need of monitoring, updating, adjusting, backing-up, debugging, promotion and support integration… It’s a lots of care and pampering, in the same vein as keeping hotel rooms visited by thousands of individuals every month.

Actually, even we can’t keep up with the list of the services we offer -_-‘…

Well, some services barely work anymore (Tonton Roger). Other started as experiments that we couldn’t carry on with (Framastory, Framaslides). Some services have such a large technical debt that even when we spent several days of development in them, we are only delaying their inevitable collapse (Framacalc). Other services could, left to their own devices, grow forever, limitless, which is unsustainable (Framasite, Framabag, Framabin, etc.). When you are as known as Framasoft in the French-speaking community (Framalink, Framapic), some service are extremely work-intensive in order to prevent and fight misuse. And don’t get us started on federated social medias (Framapiaf, Framasphere): they require a lot of moderation, and would operate much more fluidly had we not welcomed so many users.

And to top it all off… this is no healthy functioning! We all know how handy it is to be able to say « if you want alternative solutions, just look at Framastuffs! ». It is very reassuring to find everything in the same place, under the same name… We are aware of this phenomenon, and that’s why we decided to use « frama », in a way not dissimilar to a brand -though that is frankly not our cup of tea. Except internet centralization is unhealthy.

Internet centralization is risky, too. Not only was it not meant to become so centralized, but also putting all of our data in the same basket is just how you centralize power in the hands of hosts system administrators. Besides, this is precisely the slippery slope from which Google and Facebook emerged.

Therefore, de-frama-tifying is on the agenda.

Decentralization is one more click away

Let’s take time to exploit one of the great perks of free softwares over proprietary softwares. When (totally random example) Google burries its umpteenth project, the code is usually proprietary: Google deprives us from the freedom to take this code over and install it on our servers.

click on the picture to discover CHATONS

On the contrary, free softwares allow anyone to take the reigns. For example, Framapic doesn’t belong to Framasoft: everyone is legally entitled to install the Lutim software somewhere on their server and let anyone they see fit benefit from it… Actually, this spirit of decentralization is the reason why we have worked with self hosting-easing tools (like Yunohost), as well as with CHATONS (collective of independant, transparent, open, neutral and ethical hosters).

Our goal with this early announcements (concerning, for example, Framapic) is twofold.
Firstly, we hope this will incentivize many hosts to open their Lutim instances, aka the same service (looking at you, fellow CHATONS). Secondly, this gives us time to pick hosting offers and to display them on the Framapic landing page, redirecting you in one click to the same service, except with a different host. All of this will be implemented as soon as we announce Framapic’s close down (one year before it actually happens).

So, what happens next?

Smoothly, and over two years! at the very least. (Might take longer if we stumble on our keyboards and sprain our phalanxes! You never know until you know).

Now that we can all catch our breath, reassured that free and ethical services are SWAG, it is (high) time we start transitionning from the « everything Framasoft » instinct. Less frama services means all of you can explore elsewhere. It’s kinda as if we said:

Our digital CSA is at full capacity, but we are not leaving you with an empty basket: our network of CSAs and other network members will be delighted to welcome you.

We are laying the groundwork for y’all. In a spirit of transparency, you can dowload this spreadsheet [FR] that shows in detail our estimated closing down schedule. And if you prefer to have a general look, here is our we plan this closing down:

If we take a closer look, there’s a similar pattern for each service involved:

0. First things first, we announce today our plan to close down some of our services, allowing everyone to see clearly what’s happening, and to self-manage so as to fill in for this or that service. During all the following months we will attempt, as much as can be, to make the job of migrating towards other service providers easier.
  1. Then, we announce on each concerned service that it will be first restricted, then closed down (1rst column). We will display on the landing page a link to hand-picked alternative hosts (same software or similar one).
  2. Afterwards, we limit the service use (2nd column). The goal here is to close the door to newcomers (they won’t be able to create a new account, a new calc, or to upload a new file). We will advise them on alternatives solutions, all the while giving existing users time to migrate their account and personal data if they still up on our services.
  3. At last, we close down the service whenever possible (last column on the board) or we make it invisible when maintaining a certain amount of continuity is necessary (e.g. existing frama.link will still redirect to the right web address).

We are not closing down everything, and certainly not now (save for one)

Framastory and Framanews pose a lot of technical issues, forcing us to act quickly. They will be the first services impacted. They will be restricted at the start of 2020, and closed down a semester later. For all of the other services we talked about earlier, restrictions will only start during summer 2020 (even summer 2021 for some), and the first closing downs will not happen before 2021 – in some cases, not before 2022!

Simply put, the only exceptions to this rule will be the service we won’t close down, (Framadate, Framapads and MyPads, Framavox, Framagenda, Framatalk, the collaborative Framindmap, Framacarte), as well as those we are just moving to our « free-libre culture » project (Framagames and Framinetest). This includes Framadrive, which now has been on limited access for a while because of how popular it became, with 5000 accounts created. This is the limit we had set from the start, and we intend on keeping things that way.

And then, there’s Framabee, aka good old Tonton Roger, our meta search engine that no longer quite works. Some might say we should just finish it off, other would prefer for the landing page to state « killed by Google » . Indeed, no matter how much we hacked, Google & Co received too many queries from us and started refusing them en masse… which proves further that centralizing uses, even here at Framasoft, just won’t cut it! We’ll let Tonton Roger retire early: next month, we’ll wave him goodbye and gift him a pair of slippers.

That night when we came up with the brilliant idea of picking 3 different domain names for the same search engine

Spring cleaning so we can more forwards together

We have learnt a lot. The “de-google-ify” campaign showed us that users don’t have to follow the « the client is king » model, or to behave like Karen « I wanna speak to the manager » Von Soccer Mom. Yall have gracefully dealt with week-end server crashes (our system administrators don’t have to work on week-ends), slightly less fancy-looking tools, and limitations on service use so as to give space for other users… In short: there is room in our lives for hand-crafted digital tech, aka small techs, in the most noble sense of the term.

Everything we have learnt since 2014 leads us to think we need a change. Clearly, we don’t want to let people (i.e. y’all!) high and dry, or give you the impression that free culture and softwares is an unkept promise. Quite the opposite: we were happy to introduce you to FLOSS solutions and to help you take them on (thanks for your efforts!). Your trust in and craving for for ethical digital tools are precious: we don’t want to make anyone lose their mojo, only to take you all one step further.

dessin de Mobilizon par David Revoy
Mobilizon, illustrated by David Revoy – Licence : CC-By 4.0

And by the way, we are taking the time to do something GAFAMs & Co have never cared to do: announcing way ahead of time our closing down plans and helping our users in the road towards de-google-ifying. We are getting rid of what no longer sparks joy, putting some order in the tools and experiment we have accumulated over the years in our backpacks. This will give space and availability for what’s next.

PeerTube and Mobilizon are proof of our desire to move away from the « just-like-Google-but-with-ethics » software model. Starting this October and spanning three months, we will be reviewing our « Contributopia » roadmap, and y’all will see that there is a lot to talk about. You’ll discover many more projects we hadn’t seen at the bottom of our digital backpack.

We are very excited for the next steps, as we have many announcements and contribution stories to share… see you in mid-October, we can’t wait!

One year to offer you a new proposition

Drawing on what we learnt from De-google-ify Internet, we sense that it’s possible to build a new, simpler, and handier offer for a range of services, both for users and hosts.
Through observing your uses of those services and listening to your expectations, we (along with many other people!) believe that Nextcloud, rich in many applications, is one way to go. We believe this software could fulfill most of the needs of people trying to change the world.

You can do a lot with Nextcloud

We’re giving ourselves a year to contribute (once again) to this software, stir in it, experiment with buddies and offer you a new proposition, which hopefully will make de-google-ifiying even easier… just like de-frama-tifying!

Key points:

  • We refuse to become the « default » solution and to monopolize your uses and attention (that’s how we empowered GAFAM & Co)
  • 38 services, it’s way too complex for you to adopt and for us to host
  • We wish to stay an organization of a human scale, and retain our human warmth… a sort of digital CSA;
  • We propose to take the next step towards data decentralization:
    • By gradually closing-down some frama-services so their landing-pages can become gateways to other hosters
    • By taking the time to offer a new simpler range of services for users (through a single sign-on account for example)



Déframasoftisons Internet !

Ne hurlez pas tout de suite, mais nous annonçons ici la fermeture progressive, sur plusieurs années, de certains services de « Dégooglisons Internet ». Nous voulons le faire en bonne intelligence, afin de concentrer nos énergies vers plus de décentralisation et d’efficacité pour les actrices et les acteurs de la contribution.

Cet article est long. Notre réflexion, complexe, ne peut pas se réduire à un tweet. Nous vous recommandons de lire cet article dans son intégralité, mais nous avons essayé d’en extraire les points principaux, que vous retrouverez en bas de cette page.
Mise à jour (janvier 2021) :

Nous avons complètement remis à jour notre plan de « déframasoftisation ». Nous avons pris en compte de nombreux paramètres (vos usages, l’évolution de certains logiciels, la disponibilité d’alternatives, les conséquences des événements de 2020…) et décidé de poursuivre en 2021 le maintien de certains services, le temps d’y voir plus clair.

Si les raisons exposées ici restent valables, merci de ne pas tenir compte des annonces dans les textes et images de cet article.

Le calendrier mis à jour se trouve sur la page Alt.framasoft.org.

Qu’est-ce qui se passe ?

On le répète à l’envi : Framasoft est, et souhaite rester, une association à taille humaine, un groupe de passionné·es qui expérimentent pour tenter de changer le monde (un octet à la fois). Il y a 9 salarié⋅es, dans une association qui compte une trentaine de membres depuis plusieurs années. Des membres qui, chaque année, maintiennent des actions auxquelles contribuent 700 à 800 bénévoles (pour une heure ou tout au long de l’année), des actions financées par plus de 4 000 donatrices et donateurs (merci <3), et qui bénéficient à des centaines de milliers de personnes chaque mois…

Or Framasoft, c’est aussi des dizaines d’articles blogs, une centaine de rencontres, conférences et ateliers par an, une maison d’édition de livres libres, de nombreuses réponses aux médias qui nous sollicitent, l’animation d’un annuaire collaboratif de solutions libres, deux gros logiciels en développement (PeerTube et Mobilizon), et des contributions/partenariats tellement cools et nombreux qu’il va nous falloir trois mois pour tout vous présenter… (rendez-vous en octobre !)

Des parodies complices créées par l’ami JCFrog

Une chose est sûre, à Framasoft : nous tenons à notre modèle associatif, nous ne voulons pas croître en mode « la start up qui veut se faire plus grosse que Google ». Si nous voulons garder notre identité sans nous épuiser à la tâche (et là aussi, on en reparlera dans les semaines qui viennent, mais on s’est parfois surmené·es), et si nous voulons continuer d’expérimenter de nouvelles choses, il faut que nous réduisions la charge qui pèse sur nos épaules.

Pourquoi fermer certains services ?

Dès le départ, Dégooglisons Internet a été annoncé comme une expérimentation, une démonstration, qui devait s’achever fin 2017. Nous n’avions pas prévu que parler de la centralisation du web (qui n’intéressait que les passionné·es, en 2014) susciterait une telle adhésion, et donc autant d’attentes. En clair : Dégooglisons Internet, et l’ensemble des services qui y sont proposés, n’a pas été pensé pour centraliser autant d’utilisateurs et d’utilisatrices, ni pour les enfermer dans des framachins qui dureraient à l’infini (et au delà).

Si on exclut les services « pour la vanne » (mais on vous aime, Framatroll et Framadsense !), il y a 38 services sur les serveurs de Dégooglisons Internet. C’est beaucoup. Vraiment beaucoup. Cela signifie 35 logiciels différents (chacun avec son rythme de mise à jour, ses communautés qui s’activent ou s’épuisent, etc.), écrits dans 11 langages (et 5 types de bases de données), répartis sur 83 serveurs et machines virtuelles, qu’il faut surveiller, mettre à jour, régler, sauvegarder, déboguer, promouvoir, intégrer à notre support… bref qu’il faut bichonner, comme on nettoie et prépare les chambres d’un hôtel disparate visité par des centaines de milliers de personnes chaque mois.

Même nous nous n’arrivons pas à tenir à jour la liste de tous les services que nous proposons -_-‘…

Or il y a des services qui ne marchent quasiment plus (Tonton Roger). Des services qui étaient des expérimentations que nous n’avons pas pu poursuivre (Framastory, Framaslides). Des services dont la dette technique est si lourde que même en y investissant plusieurs jours de développement dessus, on ne fait que retarder leur inévitable effondrement (Framacalc). Il y a aussi des services qui, si on les laisse faire, peuvent croître de manière illimitée et infinie, ce qui n’est pas tenable (Framasite, Framabag, Framabin, etc.). Il y a des services qui demandent beaucoup, beaucoup d’efforts si on veut éviter les utilisations frauduleuses, quand on est aussi visible que Framasoft (Framalink, Framapic). Ne parlons pas du cas des médias sociaux fédérés (Framapiaf, Framasphere), qui demandent un lourd travail de modération et fonctionneraient de façon bien plus fluide si nous n’avions pas accueilli autant d’inscriptions.

Sans compter que… ce n’est pas sain ! On le sait, c’est hyper pratique de pouvoir dire « tu veux une alternative, va voir les Framachins ! ». C’est rassurant d’avoir tout dans un même endroit, sous un même nom… On le sait, et c’est même pour cela qu’on a utilisé cette technique de la marque « frama », qui pourtant, n’est vraiment pas notre tasse de thé.

Mais centraliser des trucs sur Internet, ce n’est pas une bonne idée : non seulement ce réseau n’a pas été pensé pour créer des points de centralisation, mais surtout c’est en mettant toutes nos données dans le même panier que l’on concentre les pouvoirs entre les mains des personnes qui gèrent les serveurs, et c’est sur cette pente glissante que se sont créés des géants du web tels que Google ou Facebook.

Il faut donc nous déframasoftiser.

Mettre la décentralisation à portée de clic

Nous allons prendre le temps d’exploiter un des grands avantages du logiciel libre sur le logiciel propriétaire. Quand (au hasard) Google met un énième projet dans son cimetière, la plupart du temps, le code est privé : Google prive alors chacun·e d’entre nous de la liberté de reprendre ce code et de l’installer sur nos serveurs.

cliquez sur l’image pour découvrir le collectif CHATONS

Le logiciel libre, au contraire, permet à d’autres de prendre le relais. Par exemple, Framapic n’est pas exclusif à Framasoft : n’importe qui a le droit d’installer le logiciel Lutim sur un coin de serveur et d’en faire profiter qui bon lui semble… C’est d’ailleurs dans cette optique de décentralisation que nous avons travaillé sur des outils facilitant l’auto-hébergement (tel que Yunohost), ainsi qu’avec le collectif d’hébergeurs alternatifs qu’est CHATONS.

Notre objectif, en annonçant longtemps à l’avance des fermetures de services comme Framapic, par exemple, est double. Premièrement, nous espérons que cela motivera de nombreux hébergeurs à ouvrir leur instance du logiciel Lutim, donc du même service (nous pensons aux camarades du collectif CHATONS). Et ensuite, cela nous donne le temps de repérer des offres d’hébergement et de les afficher sur la page d’accueil de Framapic. Ainsi, cette page d’accueil vous emmènera, d’un clic, vers le même service, chez un autre hébergeur… et ce, dès l’annonce de la fermeture de Framapic (un an avant qu’il ne ferme).

Comment ça va se passer ?

En douceur, et sur deux ans ! Enfin deux ans… au moins. (Non parce que si on trébuche sur nos claviers et qu’on se foule une phalange, ça peut prendre plus longtemps !)

Maintenant que nous nous sommes rassuré·es ensemble, et assuré·es du fait que les services libres et éthiques, c’est chouette… Il est temps de lancer un mouvement de transition pour sortir du réflexe « tout Framasoft ». Mettre les frama-services en retrait pour que vos usages rebondissent ailleurs, c’est un peu comme si nous vous disions :

Notre AMAP du numérique est au maximum de sa capacité, mais on ne va pas vous laisser comme ça avec votre cabas : nous faisons partie d’un réseau d’AMAPs et d’autres membres du réseau seront ravis de vous accueillir.

On va vous préparer le terrain. Afin d’agir en toute transparence, nous vous proposons de télécharger un tableur détaillé du calendrier prévisionnel des fermetures. Et pour les personnes qui veulent juste avoir un regard global, voici un tableau résumant la manière dont nous envisageons ce plan de fermetures.

Si on regarde de plus près, le schéma est le même pour tous les services concernés :

Étape 0. D’abord, nous annonçons notre plan de fermeture d’une partie des services (ça, c’est aujourd’hui). Cela permet à chacun·e d’y voir clair, de prendre les devants et de s’auto-gérer pour prendre le relais sur tel ou tel service. Tout au long des mois à venir, nous essaierons, tant que faire se peut, de faciliter la migration vers d’autres hébergeurs de services ;
  1. Ensuite, on annonce sur chaque service concerné qu’il va bientôt être restreint, puis fermé (1ère colonne du tableau). On affiche alors sur la page d’accueil un lien vers des hébergements alternatifs (d’un même logiciel ou équivalent) que nous aurons repérés et sélectionnés ;
  2. Après, on restreint l’usage du service (2e colonne). L’idée est de fermer la porte aux nouveaux venus (ne plus pouvoir créer un nouveau compte, un nouveau calc, ou uploader un nouveau fichier) en les redirigeant vers des alternatives disponibles… tout en donnant le temps de pouvoir migrer son compte et ses données aux personnes qui sont encore inscrites sur nos services ;
  3. Enfin, on ferme le service lorsque c’est possible (dernière colonne du tableau) ou alors on l’invisibilise lorsqu’il est nécessaire d’assurer la continuité de ce qui y a été fait (par exemple, les frama.link existants continueront de rediriger vers la bonne adresse web).

On ne ferme pas tout, et certainement pas tout de suite (sauf un)

Framastory et Framanews, dont les lourdes contraintes techniques nous forcent à agir rapidement, seront les premiers à suivre cette route avec une restriction début 2020 et une fermeture un semestre plus tard. Pour tous les autres services concernés, les restrictions ne débuteront qu’à l’été 2020 (voire l’été 2021 pour certains), et les premières fermetures n’interviendront pas avant 2021 ; voire, pour certains services, pas avant 2022 !

Les seules exceptions à cette façon de faire sont, tout simplement, les services que nous ne fermerons pas (Framadate, les Framapads et MyPads, Framavox, Framagenda, Framatalk, le Framindmap collaboratif, Framacarte), auxquels s’ajoutent ceux que nous déplaçons juste dans notre axe « Culture Libre » (Framagames et Framinetest), ainsi que Framadrive (qui, lui, a très vite atteint la restriction des 5000 comptes que nous nous étions imposés… ce qui va rester ainsi).

Ah, oui…. et puis il y a Framabee, aussi connu sous le nom de Tonton Roger, le méta-moteur de recherche qui ne marche vraiment plus. D’aucuns disent qu’il faut l’achever, d’autres pensent qu’il faut lui faire dire que « Google m’a tuer », car malgré nos bidouillages, Google (et ses collègues) recevait trop de requêtes de notre part et s’est mis à les refuser en masse… comme quoi centraliser les usages, même chez Framasoft, ça ne marche vraiment pas ! Nous, on pense lui offrir une retraite anticipée : dès le mois prochain on dit bye bye à Framabee et on offre des charentaises à Tonton Roger !

Cliquez pour lire le document historique retraçant la soirée où nous avons eu la brillante idée d’avoir 3 noms de domaines pour un moteur de recherche.

Ranger le sac à dos, pour mieux avancer ensemble

Nous avons beaucoup appris. L’expérience de « Dégooglisons Internet » a démontré que lorsqu’on ne vous traite pas de consommatrices-ménagères et de clients-rois, vous savez accepter avec grâce qu’un serveur reste planté durant le week-end (parce qu’on n’impose pas d’astreintes à nos admin-sys), qu’un outil soit parfois un poil moins joli ou qu’il faille limiter son utilisation du service afin de partager l’espace avec d’autres… bref : qu’il y a une place, dans vos vies, pour du numérique artisanal, au sens noble du terme.

Toutes ces leçons, que nous récoltons depuis 2014, nous mènent à penser qu’il faut entamer une transition. Nous ne voulons certainement pas laisser les gens (vous !) le bec dans l’eau, et donner l’impression que le Libre est une promesse non-tenue. Au contraire, nous avons eu la joie d’attirer votre attention vers des solutions libres et de vous avoir aidé à les adopter (merci pour ces efforts !). Cette confiance, cette appétence pour des outils numériques pensés de manière éthique est précieuse : nous ne voulons pas la décevoir, juste l’accompagner un pas de plus sur le chemin.

dessin de Mobilizon par David Revoy
Mobilizon, illustré par David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Vous noterez au passage que nous prenons le soin de faire ce que les géants du web n’ont jamais fait : annoncer longtemps à l’avance un plan de fermetures et travailler pour vous accompagner encore plus loin dans votre dégooglisation. Ce grand remue-ménage nous permet aussi de ranger l’ensemble des outils et expériences que nous avons accumulé dans nos sac-à-dos ces dernières années… car cela fera plus de place, plus de disponibilité à ce qui arrive.

PeerTube et Mobilizon montrent combien nous souhaitons nous éloigner du modèle de logiciels « pareils-que-google-mais-en-libre ». A partir d’octobre, nous allons prendre trois mois pour faire le point sur nos explorations de la feuille de route « Contributopia », et vous verrez qu’il y a de nombreuses choses à dire, de nombreux projets qu’on n’avait pas vus, là, tout au fond du sac à dos…

C’est un moment très excitant qui s’approche, car nous avons de nombreuses annonces et histoires de contribution à vous partager… rendez-vous mi-octobre, nous, on a hâte !

Un an pour construire une nouvelle proposition

Fort·es de ce que ces années à Dégoogliser Internet nous ont enseigné, nous avons l’intuition qu’il est possible de construire une nouvelle proposition de service moins complexe, et plus pratique, pour les usager⋅es comme pour les hébergeur⋅ses. À force d’observer vos usages et d’écouter vos attentes, nous pensons que Nextcloud, riche de ses nombreuses applications, est une piste (et on n’est pas les seul·es !). Nous croyons que ce logiciel peut répondre à a majorité des besoins des gens qui contribuent à changer le monde.

Une illustration des nombreuses utilisations possibles du logiciel Nextcloud

Nous nous donnons un an pour y contribuer (à nouveau), touiller dedans, expérimenter avec les copines et les copains afin de vous faire une autre proposition qui, nous l’espérons, facilitera encore mieux les dégooglisations…. comme les « déframasoftisations » !

Pour résumer :

  • Nous ne voulons pas devenir la « solution par défaut », et centraliser vos usages et vos attentions (c’est comme ça qu’on a créé des géants du web) ;
  • 38 services c’est une trop grande diversité et complexité de logiciels à aborder (pour vous) ainsi qu’à maintenir et promouvoir (pour nous) ;
  • Nous voulons rester une association à taille humaine, à chaleur humaine… une espèce d’AMAP du numérique ;
  • Nous proposons donc une nouvelle étape dans la décentralisation des données :
    • Fermer progressivement des frama-services pour en faire des portes qui vous renvoient vers d’autres hébergeurs ;
    • Prendre le temps de mettre en place une autre proposition simplifiée pour les usager·es (qui offrira par exemple un compte unique).



Nous sommes déjà des cyborgs mais nous pouvons reprendre le contrôle

Avec un certain sens de la formule, Aral Balkan allie la sévérité des critiques et l’audace des propositions. Selon lui nos corps « augmentés » depuis longtemps font de nous des sujets de la surveillance généralisée maintenant que nos vies sont sous l’emprise démultipliée du numérique.

Selon lui, il nous reste cependant des perspectives et des pistes pour retrouver la maîtrise de notre « soi », mais elles impliquent, comme on le devine bien, une remise en cause politique de nos rapports aux GAFAM, une tout autre stratégie d’incitation aux entreprises du numérique de la part de la Communauté européenne, le financement d’alternatives éthiques, etc.

Ce qui suit est la version française d’un article qu’a écrit Aral pour le numéro 32 du magazine de la Kulturstiftung des Bundes (Fondation pour la culture de la République fédérale d’Allemagne). Vous pouvez également lire la version allemande.

Article original en anglais : Slavery 2.0 and how to avoid it : a practical guide for cyborgs

Traduction Framalang : goofy, jums, Fifi, MO, FranBAG, Radical Mass

L’esclavage 2.0 et comment y échapper : guide pratique pour les cyborgs.

par Aral Balkan

Il est très probable que vous soyez un cyborg et que vous ne le sachiez même pas.

Vous avez un smartphone ?
Vous êtes un cyborg.
Vous utilisez un ordinateur ? Ou le Web ?
Cyborg !

En règle générale, si vous utilisez une technologie numérique et connectée aujourd’hui, vous êtes un cyborg. Pas besoin de vous faire greffer des microprocesseurs, ni de ressembler à Robocop. Vous êtes un cyborg parce qu’en utilisant des technologies vous augmentez vos capacités biologiques.

À la lecture de cette définition, vous pourriez marquer un temps d’arrêt : « Mais attendez, les êtres humains font ça depuis bien avant l’arrivée des technologies numériques ». Et vous auriez raison.

Nous étions des cyborgs bien avant que le premier bug ne vienne se glisser dans le premier tube électronique à vide du premier ordinateur central.

Galilée et sa lunette, tableau de Justus Sustermans, image via Wikimedia Commons (Public Domain]

L’homme des cavernes qui brandissait une lance et allumait un feu était le cyborg originel. Galilée contemplant les cieux avec son télescope était à la fois un homme de la Renaissance et un cyborg. Lorsque vous mettez vos lentilles de contact le matin, vous êtes un cyborg.

Tout au long de notre histoire en tant qu’espèce, la technologie a amélioré nos sens. Elle nous a permis une meilleure maîtrise et un meilleur contrôle sur nos propres vies et sur le monde qui nous entoure. Mais la technologie a tout autant été utilisée pour nous opprimer et nous exploiter, comme peut en témoigner quiconque a vu un jour de près le canon du fusil de l’oppresseur.

« La technologie », d’après la première loi de la technologie de Melvin Kranzberg, « n’est ni bonne ni mauvaise, mais elle n’est pas neutre non plus. »

Qu’est-ce qui détermine alors si la technologie améliore notre bien-être, les droits humains et la démocratie ou bien les dégrade ? Qu’est-ce qui distingue les bonnes technologies des mauvaises ? Et, tant qu’on y est, qu’est-ce qui différencie la lunette de Galilée et vos lentilles de contact Google et Facebook ? Et en quoi est-ce important de se considérer ou non comme des cyborgs ?

Nous devons tous essayer de bien appréhender les réponses à ces questions. Sinon, le prix à payer pourrait être très élevé. Il ne s’agit pas de simples questions technologiques. Il s’agit de questions cruciales sur ce que signifie être une personne à l’ère du numérique et des réseaux. La façon dont nous choisirons d’y répondre aura un impact fondamental sur notre bien-être, tant individuellement que collectivement. Les réponses que nous choisirons détermineront la nature de nos sociétés, et à long terme pourraient influencer la survie de notre espèce.

Propriété et maîtrise du « soi » à l’ère numérique et connectée

Imaginez : vous êtes dans un monde où on vous attribue dès la naissance un appareil qui vous observe, vous écoute et vous suit dès cet instant. Et qui peut aussi lire vos pensées.

Au fil des ans, cet appareil enregistre la moindre de vos réflexions, chaque mot, chaque mouvement et chaque échange. Il envoie toutes ces informations vous concernant à un puissant ordinateur central appartenant à une multinationale. À partir de là, les multiples facettes de votre personnalité sont collectionnées par des algorithmes pour créer un avatar numérique de votre personne. La multinationale utilise votre avatar comme substitut numérique pour manipuler votre comportement.

Votre avatar numérique a une valeur inestimable. C’est tout ce qui fait de vous qui vous êtes (à l’exception de votre corps de chair et d’os). La multinationale se rend compte qu’elle n’a pas besoin de disposer de votre corps pour vous posséder. Les esprits critiques appellent ce système l’Esclavage 2.0.

À longueur de journée, la multinationale fait subir des tests à votre avatar. Qu’est-ce que vous aimez ? Qu’est-ce qui vous rend heureux ? Ou triste ? Qu’est-ce qui vous fait peur ? Qui aimez-vous ? Qu’allez-vous faire cet après-midi ? Elle utilise les déductions de ces tests pour vous amener à faire ce qu’elle veut. Par exemple, acheter cette nouvelle robe ou alors voter pour telle personnalité politique.

La multinationale a une politique. Elle doit continuer à survivre, croître et prospérer. Elle ne peut pas être gênée par des lois. Elle doit influencer le débat politique. Heureusement, chacun des politiciens actuels a reçu le même appareil que vous à la naissance. Ainsi, la multinationale dispose aussi de leur avatar numérique, ce qui l’aide beaucoup à parvenir à ses fins.

Ceci étant dit, la multinationale n’est pas infaillible. Elle peut toujours faire des erreurs. Elle pourrait de façon erronée déduire, d’après vos pensées, paroles et actions, que vous êtes un terroriste alors que ce n’est pas le cas. Quand la multinationale tombe juste, votre avatar numérique est un outil d’une valeur incalculable pour influencer votre comportement. Et quand elle se plante, ça peut vous valoir la prison.
Dans les deux cas, c’est vous qui perdez !

Ça ressemble à de la science-fiction cyberpunk dystopique, non ?

Remplacez « multinationale » par « Silicon Valley ». Remplacez « puissant ordinateur central » par « cloud ». Remplacez « appareil » par « votre smartphone, l’assistant de votre smart home, votre smart city et votre smart ceci-cela, etc. ».

Bienvenue sur Terre, de nos jours ou à peu près.

Le capitalisme de surveillance

Nous vivons dans un monde où une poignée de multinationales ont un accès illimité et continu aux détails les plus intimes de nos vies. Leurs appareils, qui nous observent, nous écoutent et nous pistent, que nous portons sur nous, dans nos maisons, sur le Web et (de plus en plus) sur nos trottoirs et dans nos rues. Ce ne sont pas des outils dont nous sommes maîtres. Ce sont les yeux et les oreilles d’un système socio-techno-économique que Shoshana Zuboff appelle « le capitalisme de surveillance ».

Tout comme dans notre fiction cyberpunk dystopique, les barons voleurs de la Silicon Valley ne se contentent pas de regarder et d’écouter. Par exemple, Facebook a annoncé à sa conférence de développeurs en 2017 qu’ils avaient attelé 60 ingénieurs à littéralement lire dans votre esprit1.

J’ai demandé plus haut ce qui sépare la lunette de Galilée de vos lentilles de contact produites par Facebook, Google ou d’autres capitalistes de surveillance. Comprendre la réponse à cette question est crucial pour saisir à quel point le concept même de personnalité est menacé par le capitalisme de surveillance.

Lorsque Galilée utilisait son télescope, lui seul voyait ce qu’il voyait et lui seul savait ce qu’il regardait. Il en va de même lorsque vous portez vos lentilles de contact. Si Galilée avait acheté son télescope chez Facebook, Facebook Inc. aurait enregistré tout ce qu’il voyait. De manière analogue, si vous allez achetez vos lentilles de contact chez Google, des caméras y seront intégrées et Alphabet Inc. verra tout ce que vous voyez. (Google ne fabrique pas encore de telles lentilles, mais a déposé un brevet2 pour les protéger. En attendant, si vous êtes impatient, Snapchat fait des lunettes à caméras intégrées.)

Lorsque vous rédigez votre journal intime au crayon, ni le crayon ni votre journal ne savent ce que vous avez écrit. Lorsque vous écrivez vos réflexions dans des Google Docs, Google en connaît chaque mot.

Quand vous envoyez une lettre à un ami par courrier postal, la Poste ne sait pas ce que vous avez écrit. C’est un délit pour un tiers d’ouvrir votre enveloppe. Quand vous postez un message instantané sur Facebook Messenger, Facebook en connaît chaque mot.

Si vous vous identifiez sur Google Play avec votre smartphone Android, chacun de vos mouvements et de vos échanges sera méticuleusement répertorié, envoyé à Google, enregistré pour toujours, analysé et utilisé contre vous au tribunal du capitalisme de surveillance.

On avait l’habitude de lire les journaux. Aujourd’hui, ce sont eux qui nous lisent. Quand vous regardez YouTube, YouTube vous regarde aussi.

Vous voyez l’idée.

À moins que nous (en tant qu’individus) n’ayons notre technologie sous contrôle, alors « smart » n’est qu’un euphémisme pour « surveillance ». Un smartphone est un mouchard, une maison intelligente est une salle d’interrogatoire et une ville intelligente est un dispositif panoptique.

Google, Facebook et les autres capitalistes de surveillance sont des fermes industrielles pour êtres humains. Ils gagnent des milliards en vous mettant en batterie pour vous faire pondre des données et exploitent cette connaissance de votre intimité pour vous manipuler votre comportement.

Ce sont des scanners d’être humains. Ils ont pour vocation de vous numériser, de conserver cette copie numérique et de l’utiliser comme avatar pour gagner encore plus en taille et en puissance.

Nous devons comprendre que ces multinationales ne sont pas des anomalies. Elles sont la norme. Elles sont le courant dominant. Le courant dominant de la technologie aujourd’hui est un débordement toxique du capitalisme américain de connivence qui menace d’engloutir toute la planète. Nous ne sommes pas vraiment à l’abri de ses retombées ici en Europe.

Nos politiciens se laissent facilement envoûter par les millions dépensés par ces multinationales pour abreuver les lobbies de Bruxelles. Ils sont charmés par la sagesse de la Singularity University (qui n’est pas une université). Et pendant ce temps-là, nos écoles entassent des Chromebooks pour nos enfants. On baisse nos taxes, pour ne pas handicaper indûment les capitalistes de surveillance, au cas où ils voudraient se commander une autre Guinness. Et les penseurs de nos politiques, institutionnellement corrompus, sont trop occupés à organiser des conférences sur la protection des données – dont les allocutions sont rédigées par Google et Facebook – pour protéger nos intérêts. Je le sais car j’ai participé à l’une d’elles l’an passé. L’orateur de Facebook quittait tout juste son boulot à la CNIL, la commission française chargée de la protection des données, réputée pour la beauté et l’efficacité de ses chaises musicales.

Il faut que ça change.

Je suis de plus en plus convaincu que si un changement doit venir, il viendra de l’Europe.

La Silicon Valley ne va pas résoudre le problème qu’elle a créé. Principalement parce que des entreprises comme Google ou Facebook ne voient pas leurs milliards de bénéfices comme un problème. Le capitalisme de surveillance n’est pas déstabilisé par ses propres critères de succès. Ça va comme sur des roulettes pour les entreprises comme Google et Facebook. Elles se marrent bien en allant à la banque, riant au visage des législateurs, dont les amendes cocasses excèdent à peine un jour ou deux de leur revenu. D’aucuns diraient que « passible d’amende » signifie « légal pour les riches ». C’est peu de le dire lorsqu’il s’agit de réglementer des multinationales qui brassent des milliers de milliards de dollars.

De manière analogue, le capital-risque ne va pas investir dans des solutions qui mettraient à mal le business immensément lucratif qu’il a contribué à financer.

Alors quand vous voyez passer des projets comme le soi-disant Center for Humane Technology, avec des investisseurs-risques et des ex-employés de Google aux commandes, posez-vous quelques questions. Et gardez-en quelques-unes pour les organisations qui prétendent créer des alternatives éthiques alors qu’elles sont financées par les acteurs du capitalisme de surveillance. Mozilla, par exemple, accepte chaque année des centaines de millions de dollars de Google3. Au total, elle les a délestés de plus d’un milliard de dollars. Vous êtes content de lui confier la réalisation d’alternatives éthiques ?

Si nous voulons tracer une autre voie en Europe, il faut financer et bâtir notre technologie autrement. Ayons le courage de nous éloigner de nos amis d’outre-Atlantique. Ayons l’aplomb de dire à la Silicon Valley et à ses lobbyistes que nous n’achetons pas ce qu’ils vendent.

Et nous devons asseoir tout ceci sur de solides fondations légales en matière de droits de l’homme. J’ai dit « droits de l’homme » ? Je voulais dire droits des cyborgs.

Les droits des cyborgs sont des droits de l’homme

La crise juridique des droits de l’homme que nous rencontrons nous ramène au fond à ce que nous appelons « humain ».

Traditionnellement, on trace les limites de la personne humaine à nos frontières biologiques. En outre, notre système légal et judiciaire tend à protéger l’intégrité de ces frontières et, par là, la dignité de la personne. Nous appelons ce système le droit international des droits de l’Homme.

Malheureusement, la définition de la personne n’est plus adaptée pour nous protéger complètement à l’ère du numérique et des réseaux.

Dans cette nouvelle ère, nous étendons nos capacités biologiques par des technologies numériques et en réseau. Nous prolongeons nos intellects et nos personnes par la technologie moderne. C’est pour ça que nous devons étendre notre concept des limites de la personne jusqu’à inclure les technologies qui nous prolongent. En étendant la définition de la personne, on s’assure que les droits de l’homme couvrent et donc protègent la personne dans son ensemble à l’ère du numérique et des réseaux.

« Cyborg-gal-avi » par Pandora Popstar/Lainy Voom, licence CC BY-NC-SA 2.0

En tant que cyborgs, nous sommes des êtres fragmentaires. Des parties de nous vivent dans nos téléphones, d’autres quelque part sur un serveur, d’autres dans un PC portable. C’est la somme totale de tous ces fragments qui compose l’intégralité de la personne à l’ère du numérique et des réseaux.

Les droits des cyborgs sont donc les droits de l’homme tels qu’appliqués à la personne cybernétique. Ce dont nous n’avons pas besoin, c’est d’un ensemble de « droits numériques » – probablement revus à la baisse. C’est pourquoi, la Déclaration universelle des droits cybernétiques n’est pas un document autonome, mais un addendum à la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

La protection constitutionnelle des droits cybernétiques étant un but à long terme, il ne faut pas attendre un changement constitutionnel pour agir. Nous pouvons et devons commencer à nous protéger en créant des alternatives éthiques aux technologies grand public.

Pour des technologies éthiques

Une technologie éthique est un outil que vous possédez et que vous contrôlez. C’est un outil conçu pour vous rendre la vie plus facile et plus clémente. C’est un outil qui renforce vos capacités et améliore votre vie. C’est un outil qui agit dans votre intérêt – et jamais à votre détriment.

Une technologie non éthique est au contraire un outil aux mains de multinationales et de gouvernements. Elle sert leurs intérêts aux dépens des vôtres. C’est un miroir aux alouettes conçu pour capter votre attention, vous rendre dépendant, pister chacun de vos mouvements et vous profiler. C’est une ferme industrielle déguisée en parc récréatif.

La technologie non éthique est nuisible pour les êtres humains, le bien-être et la démocratie.

Semer de meilleures graines

La technologie éthique ne pousse pas sur des arbres, il faut la financer. La façon de la financer a de l’importance.
La technologie non éthique est financée par le capital risque. Le capital risque n’investit pas dans une entreprise, il investit dans la vente de l’entreprise. Il investit aussi dans des affaires très risquées. Un investisseur risque de la Silicon Valley va investir, disons, 5 millions de dollars dans 10 start-ups différentes, en sachant que 9 d’entre elles vont capoter. Alors il (c’est habituellement un « lui/il ») a besoin que la 10e soit une licorne à un milliard de dollars pour que ça lui rapporte 5 à 10 fois l’argent investi (Ce n’est même pas son argent, mais celui de ses clients.). Le seul modèle d’affaires que nous connaissions dans les nouvelles technologies qui atteigne une croissance pareille est la mise en batterie des gens. L’esclavage a bien payé.
L’esclavage 2.0 paie bien aussi.

Pas étonnant qu’un système qui attache autant de valeur à un mode de croissance de type prolifération cancéreuse ait engendré des tumeurs telles que Google et Facebook. Ce qui est stupéfiant, c’est que nous semblions célébrer ces tumeurs au lieu de soigner le patient. Et plus déconcertant encore, nous nous montrons obstinément déterminés à nous inoculer la même maladie ici en Europe.

Changeons de direction.

Finançons des alternatives éthiques

À partir des biens communs

Pour le bien commun.

Oui, cela signifie avec nos impôts. C’est en quelque sorte ce pour quoi ils existent (pour mettre en place des infrastructures partagées et destinées au bien commun qui font progresser le bien-être de nos populations et nos sociétés). Si le mot « impôt » vous effraie ou sonne trop vieux jeu, remplacez-le simplement par « financement participatif obligatoire » ou « philanthropie démocratisée ».

Financer une technologie éthique à partir des biens communs ne signifie pas que nous laissions aux gouvernements le pouvoir de concevoir, posséder ou contrôler nos technologies. Pas plus que de nationaliser des entreprises comme Google et Facebook. Démantelons-les ! Bien sûr. Régulons-les ! Évidemment. Mettons en œuvre absolument tout ce qui est susceptible de limiter autant que possible leurs abus.

Ne remplaçons pas un Big Brother par un autre.

À l’inverse, investissons dans de nombreuses et petites organisations, indépendantes et sans but lucratif, et chargeons-les de concevoir les alternatives éthiques. Dans le même temps, mettons-les en compétition les unes avec les autres. Prenons ce que nous savons qui fonctionne dans la Silicon Valley (de petites organisations travaillant de manière itérative, entrant en compétition, et qui échouent rapidement) et retirons ce qui y est toxique : le capital risque, la croissance exponentielle, et les sorties de capitaux.

À la place des startups, lançons des entreprises durables, des stayups en Europe.

À la place de sociétés qui n’ont comme possibilités que d’échouer vite ou devenir des tumeurs malignes, finançons des organisations qui ne pourront qu’échouer vite ou devenir des fournisseurs durables de bien social.

Lorsque j’ai fait part de ce projet au Parlement européen, il y a plusieurs années, celui-ci a fait la sourde oreille. Il n’est pas encore trop tard pour s’y mettre. Mais à chaque fois que nous repoussons l’échéance, le capitalisme de surveillance s’enchevêtre plus profondément encore dans le tissu de nos vies.

Nous devons surmonter ce manque d’imagination et fonder notre infrastructure technologique sur les meilleurs principes que l’humanité ait établis : les droits de l’homme, la justice sociale et la démocratie.

Aujourd’hui, l’UE se comporte comme un département de recherche et développement bénévole pour la Silicon Valley. Nous finançons des startups qui, si elles sont performantes, seront vendues à des sociétés de la Silicon Valley. Si elles échouent, le contribuable européen réglera la note. C’est de la folie.

La Communauté Européenne doit mettre fin au financement des startups et au contraire investir dans les stayups. Qu’elle investisse 5 millions d’euros dans dix entreprises durables pour chaque secteur où nous voulons des alternatives éthiques. À la différence des startups, lorsque les entreprises durables sont performantes, elles ne nous échappent pas. Elles ne peuvent être achetées par Google ou Facebook. Elles restent des entités non lucratives, soutenables, européennes, œuvrant à produire de la technologie en tant que bien social.

En outre, le financement d’une entreprise durable doit être soumis à une spécification stricte sur la nature de la technologie qu’elle va concevoir. Les biens produits grâce aux financements publics doivent être des biens publics. La Free Software Foundation Europe sensibilise actuellement l’opinion sur ces problématiques à travers sa campagne « argent public, code public ». Cependant, nous devons aller au-delà de  l’open source pour stipuler que la technologie créée par des entreprises durables doit être non seulement dans le domaine public, mais également qu’elle ne peut en être retirée. Dans le cas des logiciels et du matériel, cela signifie l’utilisation de licences copyleft. Une licence copyleft implique que si vous créez à partir d’une technologie publique, vous avez l’obligation de la partager à l’identique. Les licences share-alike, de partage à l’identique, sont essentielles pour que nos efforts ne soient pas récupérés pour enjoliver la privatisation et pour éviter une tragédie des communs. Des corporations aux poches sans fond ne devraient jamais avoir la possibilité de prendre ce que nous créons avec des deniers publics, habiller tout ça de quelques millions d’investissement et ne plus partager le résultat amélioré.

En fin de compte, il faut préciser que les technologies produites par des entreprises stayups sont des technologies pair-à-pair. Vos données doivent rester sur des appareils que vous possédez et contrôlez. Et lorsque vous communiquez, vous devez le faire en direct (sans intervention d’un « homme du milieu », comme Google ou Facebook). Là où ce n’est techniquement pas possible, toute donnée privée sous le contrôle d’une tierce partie (par exemple un hébergeur web) doit être chiffrée de bout à bout et vous seul devriez en détenir la clé d’accès.

Même sans le moindre investissement significatif dans la technologie éthique, de petits groupes travaillent déjà à des alternatives. Mastodon, une alternative à Twitter fédérée et éthique, a été créée par une seule personne d’à peine vingt ans. Quelques personnes ont collaboré pour créer un projet du nom de Dat qui pourrait être la base d’un web décentralisé. Depuis plus de dix ans, des bénévoles font tourner un système de nom de domaine alternatif non commercial appelé OpenNIC4 qui pourrait permettre à chacun d’avoir sa propre place sur le Web…

Si ces graines germent sans la moindre assistance, imaginez ce qui serait à notre portée si on commençait réellement à les arroser et à en planter de nouvelles. En investissant dans des stayups, nous pouvons entamer un virage fondamental vers la technologie éthique en Europe.

Nous pouvons construire un pont de là où nous sommes vers là où nous voulons aller.

D’un monde où les multinationales nous possèdent par procuration à un monde où nous n’appartenons qu’à nous-mêmes.

D’un monde où nous finissons toujours par être la propriété d’autrui à un monde où nous demeurons des personnes en tant que telles.

Du capitalisme de surveillance à la pairocratie.




Un vaste réservoir d’images sous licences libres

Vous cherchez des images utilisables pour vos sites ou publications ? Savez-vous qu’il est facile d’en trouver avec divers niveaux de permissions via le moteur de recherche des Creative Commons ?

Ces petits logos, familiers des libristes, sont souvent combinés et permettent de savoir précisément à quelles conditions vous pouvez utiliser les images :

logo attribution CCAttribution : vous devez mentionner l’identité de l’auteur initial (obligatoire en droit français) (sigle : BY)

 

Non Commercial : vous ne pouvez pas tirer un profit commercial de l’œuvre sans autorisation de l’auteur (sigle : NC)

 

No derivative works : vous ne pouvez pas intégrer tout ou partie dans une œuvre composite (sigle : ND)

 

Share alike : partage de l’œuvre, vous pouvez rediffuser mais selon la même licence ou une licence similaire  (sigle : SA)

Si vous êtes dans le monde de l’éducation, pensez à faire adopter les bonnes pratiques aux élèves et étudiants qui ont besoin d’illustrer un document et qui ont tendance à piller Google images sans trop se poser de questions…

… mais il arrive souvent que de grands médias donnent aussi de bien mauvais exemples !

Si vous êtes embarrassé⋅e pour ajouter les crédits nécessaires sous l’image que vous utilisez, le nouveau moteur de recherche de Creative Commons vous facilite la tâche. C’est une des nouveautés qui en font une ressource pratique et précieuse, comme Jane Park l’explique dans l’article ci-dessous.

Article original : CC Search is out of beta with 300M images and easier attribution

Traduction Framalang : Goofy

Le moteur de recherche de Creative Commons propose maintenant 300 millions d’images plus faciles à attribuer

par Jane Park

Jane Park, directrice de produit et de la recherche
Jane Park, directrice de la Recherche Creative Commons dont elle pilote la conception, l’implémentation et le développement

Désormais la recherche Creative Commons n’est plus en version bêta, elle propose plus de 300 millions d’images indexées venant de multiples collections, une interface entièrement redessinée ainsi qu’une recherche plus pertinente et plus rapide. Tel est le résultat de l’énorme travail de l’équipe d’ingénieurs de Creative Commons avec l’appui de notre communauté de développeurs bénévoles.

CC Search parcourt les images de 19 collections grâce à des API ouvertes et le jeu de données Common Crawl, ce qui inclut les œuvres artistiques et culturelles des musées (le Metropolitan Museum of Art, le Cleveland Museum of Art), les arts graphiques (Behance, DeviantArt), les photos de Flickr, et un premier jeu de créations en 3D sous CC0 issus de Thingiverse.

Au plan esthétique et visuel, vous allez découvrir des changements importants : une page d’accueil plus sobre, une navigation meilleure avec des filtres, un design en harmonie avec le portail creativecommons.org, des options d’attribution faciles à utiliser et des canaux de communication efficaces pour faire remonter vos questions, réactions et désirs, tant sur les fonctionnalités du site que sur les banques d’images. Vous trouverez également un lien direct vers la page d’accueil des Creative Commons (le site de l’ancienne recherche est toujours disponible si vous préférez).

copie d’écran interface ancienne de la recherche de creative commons
Interface ancienne de la recherche d’images, qui demandait plusieurs étapes

 

copie d’écran, champ de saisie unique pour la recherche CC
Nouvelle interface qui unifie les recherches à partir d’un seul champ de saisie

 

Résultats de recherche du mot "Goofy" avec CC search
à gauche le nombre de résultats disponibles, et au survol de l’image, les symboles qui signalent les niveaux de permission

Si vous jetez un œil sous le capot, vous verrez que nous avons réussi à diminuer le temps de recherche et nous avons amélioré la pertinence de la recherche par phrase. Nous avons aussi implémenté des métriques pour mieux comprendre quand et comment les fonctionnalités sont utilisées. Enfin, nous avons bien sûr corrigé beaucoup de bugs que la communauté nous a aidé à identifier.

copie d’écran attribution facile des crédits
Une fois l’image sélectionnée, un simple clic pour copier les crédits (en texte enrichi ou en HTML)

Et bientôt…

Nous allons continuer à augmenter la quantité d’images de notre catalogue, en visant en priorité les collections d’images comme celles de Europeana et Wikimedia Commons. Nous projetons aussi d’indexer davantage de types d’œuvres sous licences CC, tels que les manuels et les livres audio, vers la fin de l’année. Notre but final demeure inchangé : donner l’accès à 1,4 milliard d’œuvres qui appartiennent aux Communs), mais nous sommes avant tout concentrés sur les images que les créateurs et créatrices désirent utiliser de diverses façons, comment ils peuvent apprendre à partir de ces images, les utiliser avec de larges permissions, et restituer leur exp)érience à tous pour nourrir la recherche Creative Commons.

Du point de vue des fonctionnalités, des avancées spécifiques figurent dans notre feuille de route pour ce trimestre : des filtres pour une utilisation avancée sur la page d’accueil, la possibilité de parcourir les collections sans entrer de termes de recherche, et une meilleure accessibilité et UX sur mobile. De plus, nous nous attendons à ce que certains travaux liés à la recherche CC soient effectués par nos étudiants du Google Summer of Code à partir du mois de mai.

Le mois prochain à Lisbonne, au Portugal, nous présenterons l’état de la recherche (“State of CC Search”) à notre sommet mondial  (CC Global Summit) où sera réunie toute une communauté internationale pour discuter des développements souhaités et des collections pour CC Search.

Participez !

Vos observations sont précieuses, nous vous invitons à nous communiquer ce que vous souhaiteriez voir s’améliorer. Vous pouvez également rejoindre le canal #cc-usability sur le Slack de CC pour vous tenir au courant des dernières avancées.

Tout notre code, y compris celui qui est utilisé pour la recherche CC, est open source (CC Search, CC Catalog API, CC
Catalog
) et nous faisons toujours bon accueil aux contributions de la communauté. Si vous savez coder, nous vous
invitons à nous rejoindre pour renforcer la communauté grandissante de développeurs de CC.

Remerciements

CC Search est possible grâce à un certain nombre d’institutions et d’individus qui la soutiennent par des dons. Nous aimerions remercier en particulier Arcadia, la fondation de Lisbet Rausing et Peter Baldwin, Mozilla, et la fondation Brin Wojcicki pour leur précieux soutien.

 

image deu geektionerd generator;, un personnage féminin fait remarquer que tout est sous licence CC BY-Sa
Sur le Framablog, on se sert souvent de GG le Générateur de Geektionerd. Pourquoi pas vous ?




Ziklibrenbib : participez à l’élection du titre de l’année 2019

Ziklibrenbib est un projet collaboratif qui vise à promouvoir la musique en libre diffusion dans les médiathèques. Créé à l’initiative des médiathèques d’Argentan Intercom (61) et de Pacé (35), il est aujourd’hui animé par une vingtaine de professionnels répartis sur toute la France. Au-delà des chroniques publiées presque chaque jour sur le blog et relayées sur les principaux réseaux sociaux, l’équipe de Ziklibrenbib propose chaque trimestre une compilation des meilleures découvertes du moment et chaque année l’élection du titre de l’année Ziklibrenbib. C’est à l’occasion de cette élection que nous rencontrons aujourd’hui Vincent et Antoine pour qu’ils nous en disent plus sur la question.

Ziklibrenbib, 7 ans déjà… une belle aventure ! Pouvez-vous regarder dans le rétroviseur et nous faire un petit résumé ?
7 ans de rencontres et de découvertes musicales, voilà comment on pourrait résumer ces 7 ans ! Rencontres entre bibliothécaires mais aussi avec les musiciens ! Pas mal de personnes sont passées par là pour proposer leurs chroniques, leur sensibilité musicale et participer au projet sous une forme ou une autre. Cette diversité fait la richesse de Ziklibrenbib !

Aujourd’hui, comment fonctionne concrètement Ziklibrenbib ?
Grâce essentiellement au forum interne auquel sont inscrits les participants et qui est organisé en trois grandes catégories : le projet Ziklibrenbib dans sa globalité, l’Élection du titre de l’année Ziklibrenbib et les tournées du lauréat de l’élection Ziklibrenbib. A chaque fois qu’un nouveau sujet émerge, c’est l’occasion d’échanger et d’émettre son avis. Les décisions sont prises collectivement selon la participation de chacun. L’inscription à la newsletter permet également de suivre l’actualité du projet sans obligatoirement passer par la case forum, et de participer par exemple aux compilations trimestrielles ou à la sélection des titres de l’élection annuelle.
Quant aux chroniques, nous profitons de cette interview pour remercier les collègues qui donnent de leur temps pour fouiller le web à la découverte de nouvelles perles de la musique libre et rédiger ces chroniques. Il n’est d’ailleurs jamais trop tard pour rejoindre la team de chroniqueuses et chroniqueurs 😉 Il n’y a aucune fréquence de publication imposée… et plus on est nombreux, plus c’est sympa !

Depuis le 26 mars, les internautes / citoyen⋅nes peuvent participer à l’élection du titre de l’année. Pouvez-vous nous indiquer de quoi il s’agit ?
Depuis le 26 mars et jusqu’au 26 mai, les internautes et usager⋅es des médiathèques participantes peuvent voter pour leurs 3 morceaux préférés parmi 14 titres choisis avec passion par 29 discothécaires de toute la France. C’est l’occasion de permettre à des bibliothèques de mettre en valeur la musique libre sur une courte période et avec des supports de médiation (affiches, flyers, compilation CD/mp3, bande-annonce vidéo, livret de présentation…) dédiés et faciles à mettre en place. Un coup de projecteur salvateur ! Ca se passe sur http://www.acim.asso.fr/ziklibrenbib/election/

Affichette de présentation de l’élection du titre de l’année Ziklibrenbib 2019 – CC-BY-SA

Selon vous, est-ce que la communauté libriste est aussi enthousiaste autour de la culture, de la musique libre qu’autour des logiciels libres ?
Oui, pour les quelques retours que nous avons eu de la communauté du libre. Ziklibrenbib est connu et apprécié de ce réseau.

Il y a eu, ces dernières années, une explosion des contenus produits pour des plateformes comme YouTube ou Twitch. Ces plateformes qui ont des « robocopyrights » (comme ContentID de Google-YouTube) qui analysent le son des vidéos pour repérer l’utilisation de musiques copyrightées… Est-ce que vous avez vu les vidéastes et leurs publics s’intéresser de plus près à la musique libre ?
Nous avons pu en effet constater ce phénomène, et ce de deux façons différentes. Tout d’abord par quelques messages que nous avons reçus de la part de personnes cherchant à savoir comment utiliser telle ou telle musique dans leurs vidéos, ce qui n’était pas sans engendrer une petite discussion au sujet des possibilités offertes par telle ou telle licence Creative Commons. Ensuite par l’intermédiaire de Free Music Archive, une archive en ligne où nous déposons régulièrement en tant que curateur les albums que nous chroniquons et qui ne sont pas en téléchargement payant ni sortis sur des netlabels. C’est une plate-forme très fréquentée par les vidéastes amateurs et cela n’est pas rare de retrouver sur Youtube des vidéos utilisant des pistes que nous avons déposées… Anecdote sympa : c’est via cette plate-forme qu’une marque de prêt-à-porter a pu repérer une groupe de musique finlandais et négocier avec lui pour l’utilisation d’un de ses morceaux dans une publicité !

Question « troll des licences » : pour Ziklibrenbib, vous acceptez strictement des contenus libres (de type CC-By, CC-By-SA, LAL, etc.) ou aussi des créations sous licences dites de libre diffusion (avec des -NC et des -ND dedans)… et pourquoi ?
Intimement nous sommes convaincus que le « vrai » libre est celui qui est lié aux licences des logiciels libres et qui s’affranchit de la nébuleuse clause NC et de la non moins surprenante clause ND. C’est d’ailleurs pour cela que tous nos contenus sont publiés sous licence CC-BY-SA et que lors des journées de création musicale nous mettons en ligne la « source », c’est à dire les enregistrements piste par piste. Cependant, le libre dans son ensemble (toutes licences confondues) constitue un pan de création important et mal connu. La volonté est de faire connaître ce pan de création notamment par la libre diffusion et la libre copie. Les licences NC et ND permettent au minimum cela ! Et il faut bien avouer qu’écarter les œuvres musicales placées sous ces licences réduirait considérablement notre champ d’action. En discutant avec les artistes, on se rend compte en effet que beaucoup ont du mal à lâcher le côté « NC », et cette crainte que d’autres vendent leur musique à leur place peut se comprendre. Quant au ND, certains restent attachés à « l’intégrité de leur œuvre », mais cette considération peut évoluer au fil du temps…

On ouvre l’open-bar Utopique ! Dans votre Contributopia à vous, il y a quoi, ça se passe comment ?
Tous les musiciens abandonnent le copyright et adoptent les licences libres en masse et avec enthousiasme 😉 Au-delà de ça, la place de l’artiste dans notre société actuelle est un véritable problème. L’artiste devrait pouvoir vivre de son art sans avoir à prendre en considération des finalités marchandes. C’est quand même dommage d’en être réduit à rémunérer le travail d’un artiste à travers la vente de son œuvre, comme s’il n’était qu’un outil de production parmi d’autres. Si le « métier » d’artiste était justement rémunéré, les œuvres pourraient quant à elles vivre plus librement 😉

Et comme souvent sur le Framablog, on vous laisse le mot de la fin !
Merci beaucoup de nous avoirs lus… et n’oubliez pas de faire vivre la musique libre, que ce soit en allant voir les artistes en concert (Anga est actuellement en tournée dans 17 médiathèques), en participant à notre élection du titre de l’année bien sûr, et en parlant de tout ça autour de vous !

Election titre de l’année Ziklibrenbib 2019 by Artistes divers




Raconteuses, raconteurs, à vos claviers ! Graphistes, graphistes, à vos tablettes !

Voilà déjà bien longtemps qu’à Framasoft on ne se limite pas au logiciel libre mais qu’on accueille avec plaisir tout ce qui relève de la culture libre.

Grâce à Cyrille, qui nous l’a fait connaître et signe l’article ci-dessous, voilà un bon bout de temps aussi que nous aimons la plateforme Storyweaver : pour ceux qui ne le connaissent pas encore, ce site indien offre de très nombreuses ressources en « littérature jeunesse » comme on dit à la médiathèque de votre coin, sous licence libre, creative commons by.

Sur la plateforme Storyweaver vous pouvez :

bandeau dessiné : READ (lire) des enfants s’emparent de livres dans un cadre verdoyant type parc avec une "boite à livres"

  • Lire des récits illustrés (Read) en français, en anglais et dans 151 autres langues. Le site annonce aujourd’hui : 12789 récits et 2 009 586 lectures ! Les histoires sont adaptées à divers niveaux de jeunes lecteurs ou lectrices, d’une grande diversité culturelle et géographique. On peut les lire sur grand écran, sur tablette, les télécharger en .pdf, se constituer une bibliothèque hors-connexion etc. On trouve même quelques histoires avec des animations en .gif !
  • Écouter en lisant (Readalong). Pour l’instant des récits en anglais sont disponibles et agréables à écouter, on peut suivre le texte sur l’image un peu comme un karaoké. Excellent si vous avez l’intention d’initier vos jeunes enfants à une autre langue.

bandeau dessiné TRANSLATE (traduire) avec des animaux (flamant, caméléon, serpent) et une petite fille qui tous tirent la langue.

  • Traduire (Translate) : la traduction s’effectue page par page avec une interface facile à prendre en main. N’hésitez pas à ajouter votre contribution à cette richesse partagée ! Ajoutez aux traductions de Cyrille et à celles de Goofy notamment.

Bandeau coloré CREATE (Créer) avec un marché en Inde, quelques étals de vendeuses de légumes ou fruits. Texte sur l’image (traduction) « Créer une histoire avec plus de 10 000 images » et un bouton à cliquer « Créez une histoire maintenant »

  • Créer (Create) c’est-à-dire construire une histoire en associant images et textes. Une banque d’images est déjà disponible mais vous pouvez en ajouter d’autres bien sûr. Voilà une contribution bien sympathique qui sera appréciée d’un grand nombre d’enfants, y compris dans le monde si votre récit est traduit.

Cyrille vous explique justement les modalités du concours de création qui est lancé (plus que 10 jours !)

Concours de littérature de jeunesse

Le site Storyweaver a lancé depuis le 20 mars (le jour de la journée mondiale du conte) et jusqu’au 20 avril son concours annuel « Raconter, Remixer, Ravir » (« Retell, Remix and Rejoice » en VO).

Le concours est ouvert à 10 langues et pour la première année au français !

un homme sur fond jaune lance une toupie à fouet. la tpoupie verte est au premier plan, en pleine rotation. Le texte sur l’image dit (traduction) "c’est lemoment de faire tourner votre toupie en 10 langues" - c’est l’annonce du concours entre le 20 mars et le 20 avril
capture d’écran : l’annonce du concours sur Storyweaver

En quoi consiste le concours ?

Vous devez créer une histoire originale pour l’un de ces niveaux

  • niveau 1 : lecteurs ou lectrice débutant⋅e⋅s, phrases courtes, histoire de moins de 250 mots
  • niveau 2 : lecteur ou lectrice plus à l’aise, histoire de 250 à 600 mots.

Les niveaux de lecture sont définis sur le site.

Pour illustrer votre histoire vous pouvez piocher dans la banque d’illustrations du site .

séries de vignettes affichant quelques-unes des images disponibles pour créer un récit
Capture d’écran : la banque d’images de Storyweaver

Ces images peuvent d’ailleurs être le point de départ pour votre inventer votre histoire.

Personnellement, je vous conseille, si vous le pouvez, de prendre des illustrations réalisées par le même artiste afin de conserver une cohérence de style dans votre histoire.

Quels sont les thèmes retenus cette année ?

Quatre thèmes ont été choisis cette année. Comme ils sont relativement larges, nul doute que votre histoire pourra s’inscrire dans une de ces catégories.

Histoires de famille, d’amis et de quartier : histoires qui explorent les relations des enfants avec la famille, les ami⋅e⋅s et même les animaux domestiques, ainsi que leur environnement et leur voisinage.

Histoires drôles : thèmes qui utilisent l’humour pour raconter une histoire et promettent de vous faire rire.

Histoires sportives
: histoires qui impliquent de pratiquer un sport et la communauté qui l’entoure. Connaissez-vous un sportif ou une sportive inspirant⋅e qui mérite son histoire? Nous écoutons !

Histoires d’école
: La vie dans une école, les amitiés à l’école, les enseignant⋅e⋅s, le temps passé à l’école et même le déjeuner à l’école!

Que gagne-t-on ?

Trois finalistes gagneront des livres ainsi qu’une session individuelle de conseil éditorial avec l’un des éditeurs (attention, à mon avis, surement en anglais, à confirmer). Un grand gagnant aura la chance de voir son livre ré-illustré.

Et si on ne fait pas partie des finalistes, on a le plaisir de voir son histoire vivre en étant soit traduite, soit réadaptée par d’autres personnes.

C’est parti !

Pour participer, il faut avoir plus de 18 ans et accepter de placer son histoire sous licence libre.

Après avoir créé un compte sur le site, allez-y lancez-vous dans votre première histoire sans complexe.

Une petite vidéo en anglais (attention c’est YouTube) est disponible pour vous aider à inventer votre première histoire :

S’il vous reste des questions, vous pouvez écrire à storyweaver@prathambooks.org