Mon Parcours Collaboratif : présenter des outils numériques éthiques à l’ESSE

Les valeurs de l’Économie Sociale, Solidaire et Ecologique (l’ESSE) sont compatibles avec la culture du Logiciel Libre. Dès qu’on parle de nos outils libres, communautaires et collaboratifs à de petites structures de l’ESSE, on voit chez elles une véritable envie de s’en emparer.

Chez Framasoft, nous le constatons régulièrement à la machine à café et près du bac à vaisselle… bref dans les parties communes de notre bureau que nous louons à Lyon, au sein du tiers-lieu Locaux Motiv’.

Cet article fait partie des « Carnets de voyage de Contributopia ». D’octobre à décembre 2019, nous y ferons le bilan des nombreuses actions que nous menons, lesquelles sont financées par vos dons (qui peuvent donner lieu à une réduction d’impôts pour les contribuables français). Si vous le pouvez, pensez à nous soutenir.

Consciente de cet enjeu, l’association Locaux Motiv’ s’est engagée dans la production d’un outil en ligne pour accompagner les petites structures de l’ESSE dans le développement de leurs usages collaboratifs numériques avec des outils et logiciels libres. La mise en œuvre de ce projet est assurée conjointement par trois partenaires : Tadaa – Interactions informatives, la Fabrique à liens et Framasoft, 3 structures en résidence dans ce tiers-lieu.

Chez Locaux Motiv, même les affichettes sont polies !

L’ESSE n’est pas (encore ni totalement) enfermée chez les GAFAM

Aujourd’hui, la question du passage au numérique ne se pose plus. D’ailleurs, l’étude menée par Solidatech et Recherche et Solidarités en 2013, 2016 et 2019, La place du numérique dans le projet associatif, met en évidence que de plus en plus d’associations s’équipent en outils numériques. Cependant, lorsqu’on interroge les responsables eux-même sur la maturité numérique de leur structure, ils considèrent à 21% qu’elle est « peu initiée », à 55% qu’elle est « en progrès » et à 21% qu’elle est « expérimentée ».

Les structures de l’ESSE ont tout intérêt à se saisir des opportunités offertes par le numérique afin de les mettre au service de leur projet et faire évoluer leur réponse sociale. Pourtant, force est de constater que les petites structures font peu appel à ces outils pour fonctionner au quotidien.

Le milieu « non lucratif » est un marché juteux pour Google, qui en a visiblement une image… particulière.

Pour autant, quelques signes laissent supposer une possible marge de progression en ce domaine. Le développement d’une culture numérique plus partagée au sein des associations, dans la mesure où 90 % des responsables en font un constat positif dans les structures où la plupart des membres actifs sont impliqués (contre 48% lorsque le sujet du numérique est totalement externalisé), est source d’espoir.

Des outils collaboratifs méconnus, où le Libre a sa place

Si les outils numériques de communication, de gestion et d’animation sont les plus utilisés, les outils collaboratifs ne sont utilisés que par 36% des associations en 2019 (en repli depuis 2016). Les petites structures de l’ESSE connaissant peu les outils collaboratifs, elles ne s’en sont pas encore saisies pour faire évoluer leurs pratiques professionnelles.

On constate d’ailleurs que cette méconnaissance des outils collaboratifs est davantage liée à un manque de culture du travail collaboratif qu’à une opposition à utiliser des outils numériques. Cette démarche nécessite en effet, non seulement de choisir ou de mettre au point les bons outils, mais surtout de repenser totalement les habitudes de travail. Autant d’objectifs plus difficiles à atteindre pour les structures les plus petites.

Faites le test : montrez un Framapad aux ami·es de votre association, et écoutez les « wouaou » admiratifs dès que les mots d’une deuxième personne s’afficheront en direct sur le pad ;)

À ce déficit de culture sur les modalités du travail collaboratif s’ajoute une problématique supplémentaire : alors que les structures de l’ESSE adoptent des principes communs de solidarité et d’utilité sociale, elles continuent au quotidien à utiliser des outils numériques privateurs. Il est donc essentiel que ces structures qui adoptent des modes de gestion démocratiques et participatifs puissent se réapproprier leurs outils numériques.

Le logiciel libre, qui s’appuie sur une logique de partage du savoir et n’a que rarement de valeur marchande intrinsèque, devrait déjà avoir irrigué l’ensemble de l’ESSE. Mais l’on constate que les outils libres sont eux aussi peu, voire totalement méconnus au sein des petites structures et qu’ils sont souvent associés à une image plutôt négative, face à une concurrence « tout-en-un » et d’apparence gratuite.

Locaux Motiv’ et l’ESSE

Parce que c’est dans l’ADN d’un tiers-lieu d’identifier des besoins non couverts et de soutenir les coopérations pour y répondre, Locaux Motiv’ échange depuis de nombreuses années sur la difficulté à rendre opérationnelle la transition numérique des acteurs de l’ESSE. Comment permettre aux structures de l’ESSE de se doter d’outils collaboratifs libres et favoriser l’appropriation de ces outils en constante évolution pour renforcer leurs projets ?

Bien sûr de nombreux acteurs agissent depuis plusieurs années pour le développement des pratiques collaboratives : Outils-réseaux, Animacoop, MultiBàO, Animafac, Movilab, Framasoft… Acteurs qui convergent notamment au Forum des Usages Collaboratifs de Brest ou encore aux Rencontres Moustic. Si ces structures existent toujours et poursuivent leurs actions constructives, il s’agit maintenant à la fois d’élargir massivement le public visé, de faciliter la découverte et rendre accessible la mise en œuvre de ces outils afin de permettre un véritable passage à l’échelle des pratiques numériques collaboratives libres.

Proposer une plateforme qui aiguille vers les bons outils numériques… Une illustration CC-By David Revoy !

Locaux motiv’ souhaite ainsi proposer une porte d’entrée complémentaire et inédite sur ces outils et leurs usages, en construisant des supports de sensibilisation et de formation sous licences libres qui pourront, de plus, être réutilisés par tous.

Trois objectifs opérationnels ont ainsi guidé le développement du projet et la recherche de financements pour sa mise en œuvre :

  • rendre accessible, opérationnelle et efficiente l’offre actuelle de solutions numériques collaboratives libres ;
  • permettre aux acteurs et actrices de l’ESSE de s’engager dans une transition numérique à l’aide d’outils et de services libres ;
  • contribuer à une communauté de “commoners” intéressé·es à la création de communs numériques au service des usages numériques collaboratifs des structures de l’ESSE.

Trois structures en résidence à Locaux Motiv’ sont en charge de la mise en œuvre de ce projet : Tadaa, la Fabrique à liens et Framasoft.

mon-parcours-collaboratif.fr, un projet pour accompagner les petites structures de l’ESSE

Financé en partie par la Fondation AFNIC, la Fondation Adecco et la Direction Régionale et Départementale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (DRDJSCS) Auvergne-Rhône-Alpes, le projet a débuté par la réalisation d’un état des lieux sur l’utilisation d’outils libres et les pratiques collaboratives au sein des structures de l’ESSE. En allant interroger une quinzaine de structures pour comprendre comment elles se sont organisées et quels sont les outils qu’elles utilisent, nous avons pu identifier concrètement les problématiques et les réponses à y apporter.

À partir de la formulation d’usages collaboratifs souhaités est née l’idée de créer une plateforme évolutive dédiée aux usages numériques des acteurs de l’ESSE pour les accompagner et soutenir leur transition numérique. Cette plateforme porte pour ambition de guider et d’accompagner ces acteurs vers des usages vertueux et conscients des outils numériques libres, dans un souci d’efficience et de productions collaboratives (au sein des structures et dans leurs relations partenariales et commerciales). C’est ainsi qu’est née la plateforme mon-parcours-collaboratif.fr.

Cliquez sur l’image pour aller sur mon-parcours-collaboratif.fr

En partant des besoins du visiteur (sur la base de scénarios concrets d’usages co-construits), la plateforme Mon parcours collaboratif proposera des supports vidéos, des fiches pratiques et des ressources externes et contribuera ainsi à l’apparition ou au développement de nouvelles formes de travail et d’organisation des acteurs et réseaux de l’ESSE.

Cette plateforme proposera à terme deux modes d’accès aux contenus :

  • un mode guidé, qui permettra d’accéder aux ressources via des scénarios pédagogiques
  • un mode expert qui proposera d’adapter en série des scénarios et de rechercher directement dans les actions

Chaque scénario pédagogique s’articulera autour de plusieurs étapes (jusqu’à 8), composées chacune de différentes #actions ainsi que des témoignages et conseils méthodologiques. Une #action correspond à une unité de base réutilisable d’un scénario à l’autre, dont le titre est une action basique (verbe à l’infinitif).

Chaque action regroupera un ensemble de fiches, telles que des fiches outils, des fiches mode d’emploi, des fiches argumentaire et des fiches conseil. Les visiteurs pourront ainsi identifier les bonnes questions à se poser pour développer des usages collaboratifs (stratégie, méthodes, outils) et découvrir aisément des usages coopératifs mobilisant des outils numériques libres.

Contribuer à une prise de conscience collective

En accompagnant les individus (salarié·e·s, bénévoles, coopératrices·teurs) au sein de structures porteuses de transformations sociétales, l’impact devient considérable et transversal (non seulement pour les pratiques professionnelles mais bien également dans la sphère personnelle). Enfin, de façon implicite par l’utilisation et la valorisation d’outils et de licences libres, la plateforme Mon parcours collaboratif participe de la prise de conscience nécessaire des enjeux liés aux pratiques numériques et ouvre vers la création de communs.

Chez Framasoft, nous sommes heureuses et heureux de consacrer une petite partie des moyens de notre association (qui ne vit que grâce à vos dons) afin d’apporter un peu de notre expertise à la plateforme Mon Parcours Collaboratif… et nous avons hâte de vous annoncer, prochainement, son lancement !

Rendez-vous sur la page des Carnets de Contributopia pour y découvrir d’autres articles, d’autres actions que nous avons menées grâce à vos dons. Si ce que vous venez de lire vous plaît, pensez à soutenir notre association, qui ne vit que par vos dons. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.

Soutenir Framasoft

Illustration d’entête : CC-By David Revoy




Collaborer pour un design plus accessible : l’exemple d’Exodus Privacy

Quand on prend conscience qu’un site web destiné au grand public devrait être plus facile à aborder et utiliser, il n’est pas trop tard pour entamer un processus qui prenne en compte les personnes qui l’utilisent… L’association Exodus Privacy prend la plume sur ce blog pour raconter comment elle a, avec Maiwann, une UX designeuse, amélioré l’interface de sa plate-forme d’analyse.

Exodus Privacy est une association loi 1901, créée en octobre 2017 et dont le but est d’apporter plus de transparence sur le pistage par les applications de smartphones. Dès le premier jour, le public visé était un public non-technique, afin de lui permettre de comprendre et de faire des choix éclairés.

Parmi les outils que nous avons développés, la plateforme εxodus permet d’analyser les applications gratuites du Google Play store et d’en indiquer les pisteurs et les permissions. Cette plateforme a été très utilisée dès son lancement, mais elle n’était pas facile d’utilisation pour les néophytes.

Comme nous n’avions ni le temps ni les compétences en interne, nous avons décidé de rémunérer une personne experte pour adapter notre plateforme à ce public de non-spécialistes. Il nous paraissait important d’avoir une personne qui comprenne qui nous sommes et quelles sont nos valeurs, nous nous sommes tourné·e·s vers Maiwann, UX designeuse.

Exodus Privacy : Maiwann, peux-tu expliquer qui tu es et ce que tu fais ?

« Bonjour, bonjour ! Je suis Maiwann, UX·UI Designer dans la vie, amoureuse du libre et du travail éthique. Je suis aussi membre de Framasoft depuis quelques mois. Je fais beaucoup de choses variées au niveau numérique, mais qui peuvent se résumer en : du design (au sens « conception » du terme).

Du coup je vais rencontrer des utilisateurs et utilisatrices, leur poser des questions pour comprendre quels sont leurs besoins et leurs frustrations, les observer utiliser des logiciels et voir où ça coince, puis je réfléchis à la manière de répondre à leurs problèmes en concevant des parcours fluides. Et enfin je peux faire des maquettes graphiques pour donner un peu « corps » à tout ça ^_^ C’est d’ailleurs exactement ce qu’il s’est passé ici ! »

D’abord, définir les personnes concernées…

Ce projet devait se dérouler en plusieurs phases et il partait bien des besoins du public. Pour mieux comprendre cette étape, voici un petit extrait d’une conversation de septembre 2018 entre Exodus Privacy et Maiwann :

Maiwann : Quel est votre public-cible ?
Exodus Privacy : Le grand public, bien entendu !
Maiwann : il va falloir préciser un peu plus, car à s’adresser à tout le monde on ne s’intéresse véritablement à personne 🙂

Cela nous a obligé·e·s à réfléchir justement à ce que nous mettions derrière ce terme qui nous paraissait pourtant si évident. Nous avons donc défini deux groupes plus précis de personnes.

Nous voulions tout d’abord faciliter la vie aux médiateurs et médiatrices numériques car nous sommes convaincu·e·s que ces personnes sont les mieux placées pour pouvoir accompagner le plus grand monde à mieux appréhender les outils numériques. Nous les avons donc incluses dans les personnes visées.

Nous avons co-délimité une deuxième cible : des personnes non-techniques et curieuses, prêtes à passer un peu de temps à réfléchir à leur vie privée sur téléphone.

Puis formuler les besoins

Le mois de janvier 2019 a permis à Maiwann de mener 14 entretiens avec des personnes correspondant aux profils sus-cités, trouvées par le réseau d’Exodus Privacy ou par les réseaux sociaux :

 

Laissons Maiwann raconter cette étape :

« Grâce aux réponses sur les réseaux sociaux et sur Cryptobib et Parcours numérique, des listes de diffusion pour médiateur·ices du numérique, j’ai pu discuter avec les 2 catégories de public que nous avions définies ! Ensuite, pour chacun·e, il s’agissait de s’appeler soit par téléphone soit en visio-conférence, de vérifier qu’iels étaient bien dans le public visé, et de discuter pendant à peu près une heure. L’idée était de voir où étaient les manques, pour savoir de quoi εxodus avait besoin prioritairement : une refonte du site ? De l’application ? Une campagne de communication pour faire connaître leurs actions ? Ce sont les entretiens qui allaient nous permettre de le savoir !

Je demandais aux médiateur·ices comment est-ce qu’iels menaient leurs ateliers, et comment la question du téléphone était abordée. Et j’ai découvert que, si le discours pour protéger sa navigation sur un ordinateur était très rodé, le téléphone était un sujet compliqué car… les médiateur·ices n’avaient pas de réponse lorsqu’on leur demandait comment agir !

C’était d’ailleurs un cas identique pour les personnes qui répondaient individuellement : elles avaient bien conscience de l’enjeu de vie privée vis à vis de leur téléphone, même si ce que faisaient ces pisteurs n’était pas toujours très clair, mais ne voyaient de toute façon pas du tout ce qu’il était possible de faire pour améliorer les choses !

Après tous ces appels, j’avais de grands axes récurrents qui se dégageaient. J’ai donc dessiné un petit résumé schématique, et nous nous sommes appelé·e·s le 28 février pour discuter de tout ça et de ce sur quoi on partait. »

 

Une fois le diagnostic posé (il y a X pisteurs dans telle application), la personne se retrouve bloquée avec des questions sans réponses :
– Ok, il y a des pisteurs, mais on fait comment pour faire autrement ?
– Qu’est-ce que ça fait réellement, un pisteur ?

Ces questions, que nous avions par ailleurs régulièrement en conférence, par mail ou sur les réseaux sociaux, nous ont permis de nous interroger sur le positionnement de l’association. En effet, nous avons toujours défendu une démarche scientifique, qui montre « les ingrédients du gâteau », mais ne porte pas de jugement de valeur sur tel pisteur ou telle application… et donc ne valorise pas de solution alternative.

Après discussions, nous avons convenu de l’importance de pouvoir apporter des outils de compréhension à ces personnes, afin que celles-ci puissent, encore une fois, décider en connaissance de cause. L’idée était donc de créer une page qui explique les pisteurs, une page qui explique les permissions et enfin une qui répond à la question « et maintenant, que puis-je faire ? », en proposant un panel d’outils, de réflexes et de ressources.

La conception des maquettes

C’était donc à nouveau à Maiwann de travailler. Tu nous racontes comment tu as débuté les maquettes ?

« J’ai repris les schémas-bilans des entretiens pour définir les parcours principaux des utilisateur⋅ices :

Arriver sur le site => Chercher le rapport d’une application => Comprendre ce qu’est un pisteur ou une permission => Trouver comment améliorer la situation.

L’enchaînement entre ces actions devait être facilité dans le nouveau parcours, et le contenu non-existant (ou non intégré) mis en avant. Par exemple, pour « qu’est-ce qu’un pisteur », εxodus avait déjà réalisé des vidéos que les entretiens avaient tous remontés comme « très bien faites » mais comme elles n’étaient pas intégrées au parcours, beaucoup d’utilisateurs·ices pouvaient passer à côté. Pour la page Alternatives en revanche, qui était la demande la plus forte, tout a été créé depuis zéro, en privilégiant les alternatives accessibles aux non-informaticien·ne·s et tout de même respectueuses de la vie privée.

Il m’avait aussi été remonté que parfois les formulations n’étaient pas très claires, parfois en anglais ce qui contribuait à un sentiment de contenu non-accessible à des néophytes. Cela a fait aussi partie des améliorations, en plus des pages explicatives, qui sont là pour dire « vous ne savez pas ce qu’est un pisteur ? Pas de souci, on vous l’explique ici ».

Et pour le reste, un travail d’harmonisation et de hiérarchisation du contenu pour que les différentes catégories de contenus soient bien distinctes les unes des autres et compréhensibles a permis de réaliser une refonte graphique aux petits oignons ! »

 

Le développement des maquettes

L’ensemble des membres d’Exodus Privacy étant bénévole, et donc le travail conséquent pour notre énergie et temps malheureusement limités, nous nous sommes mis d’accord sur un travail de développement itératif afin de mettre à disposition des utilisateurs et utilisatrices les nouvelles pages et fonctionnalités au plus tôt.

Après la présentation des maquettes en mai 2019, nous avons découpé les différentes tâches sur notre git, celles-ci ont été priorisées pour s’assurer que les besoins les plus importants soient traités en premier lieu, comme la page « mieux comprendre ». La majorité de ces tâches ont été implémentées, ce travail étant agrémenté d’allers-retours avec Maiwann afin de s’assurer que nous allions dans la bonne direction sans rater l’essentiel.

Notre code étant libre et open-source, une partie des fonctionnalités a même été faite par notre communauté !
Une partie du travail reste à faire, n’hésitez pas à aller jeter un œil si vous avez des compétences en développement !

 

Fiche météo-france "avant"
Fiche d’Exodus pour l’application Météo-France avant

 

La fiche de l’application Météo-France après travail d’UX

Et maintenant ?

Le travail n’est pas totalement terminé et, grâce au Mécénat de Code lutin, nous avons pu poursuivre ce projet de refonte, mais pour l’application cette fois.

Laissons donc les mots de la fin à Maiwann…

« Il reste une étape de test utilisateur·ice à réaliser, pour bien vérifier que cette refonte va dans le bon sens, est adaptée aux besoins et que nous n’avons pas oublié un élément important, ou laissé un trou dans la raquette dans lequels les utilisateur·ice·s vont s’engouffrer !
De même, nous avons amorcé un travail d’harmonisation de cette refonte pour que l’application corresponde aussi aux maquettes, car c’est le point d’entrée principal du public (puisqu’il est question d’applications et de téléphone portable, c’est logique qu’elle soit privilégiée !).

J’ai hâte de réaliser ces dernières étapes (avec l’aide de Schoumi côté application !) pour finaliser ce super projet, car il contribue à démontrer qu’il est possible de réaliser des choses techniquement pointues, tout en parvenant à les rendre accessibles à des personnes non techniques, soit directement en s’adressant à elles, soit en fournissant un outil pertinent pour les médiateur·ices du numérique.

Cela contribue à mon monde idéal qui connecte le monde du libre et de la protection de la vie privée aux non-connaisseur·euse·s, et je ne peux qu’encourager d’autres projets qui ont cette démarche de travailler avec des designers pour y parvenir ! »




Hold-up sur les données de santé. Patients et soignants unissons-nous

L’Association Interhop.org est une initiative de professionnels de santé spécialisés dans l’usage et la gestion des données de santé, ainsi que la recherche en machine learning dans de multiples domaines médicaux. Aujourd’hui, en leur donnant la parole sur ce blog, nous publions à la fois une alerte et une présentation de leur initiative.

En effet, promouvant un usage éthique, solidaire et intelligent des données de santé, Interhop s’interroge au sujet du récent projet Health Data Hub annoncé par le gouvernement français pour le 1er décembre prochain. Devons-nous sacrifier le bon usage des données de santé sur l’autel de la « valorisation » et sous l’œil bienveillant de Microsoft ? Tout comme dans l’Éducation Nationale des milliers d’enseignants tentent chaque jour de ne pas laisser le cerveaux de nos enfants en proie au logiciels fermés et addictifs, il nous appartient à tous de ne pas laisser nos données de santé à la merci de la recherche de la rentabilité au mépris de l’éthique et de la science.

Hold-up sur les données de santé, patients et soignants unissons-nous

Par Interhop.org

La plateforme nationale des données de santé ou Health Data Hub, pour les plus américains d’entre nous, doit voir le jour d’ici la fin de l’année. Il s’agit d’un projet qui, selon le Ministère de la Santé, vise à « favoriser l’utilisation et multiplier les possibilités d’exploitation des données de santé » en créant notamment « une plateforme technologique de mise à disposition des données de santé ».

Or, à la lecture du rapport d’étude qui en détermine les contours, le projet n’est pas sans rappeler de mauvais souvenirs. Vous rappelez-vous, par exemple, du contexte conduisant à la création de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) en 1978 en France ? L’affaire a éclaté en mars 1974, dans les pages du journal Le Monde. Il s’agissait de la tentative plus ou moins contrecarrée du projet SAFARI (Système Automatisé pour les Fichiers Administratifs et le Répertoire des Individus) visant à créer une banque de données de tous les citoyens français en interconnectant les bases de plusieurs institutions grâce à un numéro unique d’identification du citoyen : le numéro de Sécurité Sociale.

Ce scandale n’était pourtant pas inédit, et il ne fut pas le dernier… À travers l’histoire, toutes les tentatives montrent que la centralisation des données correspond à la fois à un besoin de gouvernement et de rentabilité tout en entamant toujours un peu plus le respect de nos vies privées et la liberté. L’histoire de la CNIL est jalonnée d’exemples. Quant aux motifs, ils relèvent toujours d’une très mauvaise habitude, celle de (faire) croire que la centralisation d’un maximum d’informations permet de les valoriser au mieux, par la « magie » de l’informatique, et donc d’être source de « progrès » grâce aux « entreprises innovantes ».

Concernant le « Health Data Hub », il s’agit d’un point d’accès unique à l’ensemble du Système National des Données de Santé (SNDS) issu de la solidarité nationale (cabinets de médecins généralistes, pharmacies, hôpitaux, Dossier Médical Partagé, registres divers et variés…). L’évènement semble si important qu’il a même été annoncé par le Président Macron en mars 2018. Par ailleurs, il est important de pointer que le SNDS avait été épinglé pour l´obsolescence de son système de chiffrement en 2017 par la CNIL.

De plus, l’infrastructure technique du Health Data Hub est dépendante de Microsoft Azure. Et ce point à lui seul soulève de grandes problématiques d’ordre éthique et réglementaire.

Alors que le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) protège les citoyens européens d’un envoi de leurs données en dehors du territoire européen, la loi Américaine (Cloud Act) permet de contraindre tout fournisseur de service américain à transférer aux autorités les données qu’il héberge, que celles-ci soient stockées aux États-Unis ou à l’étranger.

Entre les deux textes, lequel aura le dernier mot ?

Les citoyens et patients français sont donc soumis à un risque fort de rupture du secret professionnel. La symbolique est vertigineuse puisque l’on parle d’un reniement du millénaire serment d’Hippocrate.

Le risque sanitaire d’une telle démarche est énorme. Les patients acceptent de se faire soigner dans les hôpitaux français et ils ont confiance dans ce système. La perte de confiance est difficilement réparable et risque d’être désastreuse en terme de santé publique.

C’est sous couvert de l’expertise et du « progrès » que le pouvoir choisit le Health Data Hub, solution centralisatrice, alors même que des solutions fédérées peuvent d’ores et déjà mutualiser les données de santé des citoyens Français et permettre des recherches de pointe. Bien que les hôpitaux français et leurs chercheurs œuvrent dans les règles de l’art depuis des années, il apparaît subitement que les données de santé ne sauraient être mieux valorisées que sous l’égide d’un système central, rassemblant un maximum de données, surveillant les flux et dont la gestion ne saurait être mieux maîtrisée qu’avec l’aide d’un géant de l’informatique : Microsoft.

Il est à noter que d’une part, il n’a jamais été démontré que le développement d’un bon algorithme (méthode générale pour résoudre un type de problèmes) nécessite une grande quantité de données, et que d’autre part, on attend toujours les essais cliniques qui démontreraient les bénéfices d’une application sur la santé des patients.

Pour aller plus loin, le réseau d’éducation populaire Framasoft, créé en 2001 et consacré principalement au développement de logiciels libres, veut montrer qu’il est possible d’impacter le monde en faisant et en décentralisant. C’est cette voie qu’il faut suivre.

La loi pour une République numérique fournit un cadre légal parfait pour initier des collaborations et du partage. La diffusion libre du savoir s’inscrit totalement dans la mission de service publique des hôpitaux telle qu’imaginée il y a des décennies par le Conseil National de la Résistance, puis par Ambroise Croizat lors de la création de la Sécurité Sociale.

On ne s’étonne pas que le site Médiapart ait alerté le 22 novembre dernier sur les conditions de l’exploitation des données de santé. Il est rappelé à juste titre que si la CNIL s’inquiète ouvertement à ce sujet, c’est surtout quant à la finalité de l’exploitation des données. Or, la récente Loi Santé a fait disparaître le motif d’intérêt scientifique pour ne garder que celui de l’intérêt général…

Quant à la confidentialité des données, confier cette responsabilité à une entreprise américaine semble être une grande erreur tant la ré-identification d’une personne sur la base du recoupement de données médicales anonymisées est en réalité plutôt simple, comme le montre un article récent dans Nature.

Ainsi, aujourd’hui en France se développe toute une stratégie visant à valoriser les données publiques de santé, en permettant à des entreprises (non seulement des start-up du secteur médical, mais aussi des assureurs, par exemple) d’y avoir accès, dans la droite ligne d’une idéologie de la privatisation des communs. En plus, dans le cas de Microsoft, il s’agit de les héberger, et de conditionner les technologies employées. Quant aux promesses scientifiques, elles disparaissent derrière des boîtes noires d’algorithmes plus ou moins fiables ou, disons plutôt, derrière les discours qui sous le « noble » prétexte de guérir le cancer, cherchent en fait à lever des fonds.

Humour

Quelles sont les alternatives ?

Le monde médical et hospitalier est loin de plier entièrement sous le poids des injonctions.

Depuis plusieurs années, les hôpitaux s’organisent avec la création d’Entrepôts de Données de Santé (EDS). Ceux-ci visent à collecter l’ensemble des données des dossiers des patients pour promouvoir une recherche éthique en santé. Par exemple, le projet eHop a réussi à fédérer plusieurs hôpitaux de la Région Grand Ouest (Angers, Brest, Nantes, Poitiers, Rennes, Tours). Le partage en réseau au sein des hôpitaux est au cœur de ce projet.

Par aller plus loin dans le partage, les professionnels dans les hôpitaux français reprennent l’initiative de Framasoft et l’appliquent au domaine de la santé. Ils ont donc créé Interhop.org, association loi 1901 pour promouvoir l’interopérabilité et « le libre » en santé.

Pourquoi interopérer ?

L’interopérabilité des systèmes informatisés est le moteur du partage des connaissances et des compétences ainsi que le moyen de lutter contre l’emprisonnement technologique. En santé, l’interopérabilité est gage de la reproductibilité de la recherche, du partage et de la comparaison des pratiques pour une recherche performante et transparente.

L’interopérabilité est effective grâce aux standards ouverts d’échange définis pour la santé (OMOP et FHIR).

Pourquoi décentraliser ?

Comme dans le cas des logiciels libres, la décentralisation est non seulement une alternative mais aussi un gage d’efficacité dans le machine learning (ou « apprentissage automatique »), l’objectif visé étant de rendre la machine ou l’ordinateur capable d’apporter des solutions à des problèmes compliqués, par le traitement d’une quantité astronomique d’informations.

La décentralisation associée à l’apprentissage fédéré permet de promouvoir la recherche en santé en préservant, d’une part la confidentialité des données, d’autre part la sécurité de leur stockage. Cette technique permet de faire voyager les algorithmes dans chaque centre partenaire sans mobiliser les données. La décentralisation maintient localement les compétences (ingénieurs, soignants) nécessaires à la qualification des données de santé.

Pourquoi partager ?

La solidarité, le partage et l’entraide entre les différents acteurs d’Interhop.org sont les valeurs centrales de l’association. Au même titre qu’Internet est un bien commun, le savoir en informatique médical doit être disponible et accessible à tous. Interhop.org veut promouvoir la dimension éthique particulière que reflète l’ouverture de l’innovation dans le domaine médical et veut prendre des mesures actives pour empêcher la privatisation de la médecine.

Les membres d’Interhop.org s’engagent à partager librement plateforme technique d’analyse big data, algorithmes et logiciels produits par les membres. Les standards ouverts d’échange sont les moyens exclusifs par lesquels ils travaillent et exposent leurs travaux dans le milieu de la santé. Les centres hospitaliers au sein d’Interhop.org décident de se coordonner pour faciliter et agir en synergie.

Pourquoi soigner librement?

L’interconnexion entre le soin et la recherche est de plus en plus forte. Les technologies développées au sein des hôpitaux sont facilement disponibles pour le patient.

L’Association Interhop.org veut prévenir les risques de vassalisation aux géants du numériques en facilitant la recherche pour une santé toujours améliorée. L’expertise des centres hospitaliers sur leurs données, dans la compréhension des modèles et de l’utilisation des nouvelles technologies au chevet des patients, est très importante. Le tissu d’enseignants-chercheurs est majeur. Ainsi en promouvant le Libre, les membres d’Interhop.org s’engagent pour une santé innovante, locale, à faible coût et protectrice de l’intérêt général.

Les données de santé sont tout à la fois le bien accessible et propre à chaque patient et le patrimoine inaliénable et transparent de la collectivité. Il est important de garder la main sur les technologies employées. Cela passe par des solutions qui privilégient l’interopérabilité et le logiciel libre mais aussi le contrôle des contenus par les patients.

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Image d’en-tête : Hippocrate refusant les présents d’Artaxerxès, par Girodet, 1792 (Wikimedia).




Ce que Framasoft pourrait faire en 2020 grâce à vos dons

L’éducation populaire au numérique, Peertube, Mobilizon, un service « tout-en-un »… Pour l’année 2020, nous avons encore de nombreuses envies… nous espérons que vous nous donnerez les moyens de les réaliser en rejoignant les donateurs et donatrices, et en tout cas nous sommes heureuses et heureux de vous faire part du petit programme que voici.

Cet article fait partie des « Carnets de voyage de Contributopia ». D’octobre à décembre 2019, nous y ferons le bilan des nombreuses actions que nous menons, lesquelles sont financées par vos dons (qui peuvent donner lieu à une réduction d’impôts pour les contribuables français). Si vous le pouvez, pensez à nous soutenir.

 

À Framasoft, nous ne gardons pas les deux pieds dans le même sabot. Si, parfois, nous prenons des chemins détournés (la route principale est tellement longue…) c’est parce que nous avons beaucoup de cartons avec plein de projets dedans. Lesquels choisir ? C’est ce genre de question qui nous occupe au moins autant que d’élaborer des stratégies pour les réaliser.

De l’éducation populaire aux enjeux du numérique

Le quotidien de Framasoft, ce sont de nombreuses interventions, ateliers, conférences, tables-rondes… c’est aller régulièrement à la rencontre de publics variés. Il s’agit pour nous de partager nos observations sur l’hégémonie des géants du Web et le monde que nous préparent les entreprises du Capitalisme de Surveillance. Nous proposons aussi des pistes d’émancipation numérique pour aller vers une société de contribution plutôt que de consommation.

La conférence de présentation des Carnets de Contributopia au Capitole du libre (novembre 2019)

Nous travaillons aussi, avec d’autres structures et collectifs, à faciliter l’adoption de pratiques numériques plus « saines ». Recenser les acteurs et actrices de la médiation au numérique libre, travailler sur des outils pratiques avec des fédérations d’éducation populaire ou des coopératives de formation, cela fait partie des actions que nous voulons poursuivre en 2020. Car l’association Framasoft, avec ses 35 membres, ne peut pas être partout, et n’a aucune envie d’être omniprésente ! C’est pour cela que nous essayons de partager notre expérience avec les personnes qui, quotidiennement, animent des actions d’éducation populaire, et sont au plus près des gens qui cherchent à reprendre le pouvoir sur leur vie numérique.

Un autre gros chantier qui nous attend en 2020, c’est de préparer la fermeture de certains services que nous hébergeons. Rappelons qu’il vous sera alors proposé d’accéder aux mêmes services, hébergés par des organisations qui partagent les mêmes valeurs. On le sait, c’est inconfortable d’entendre qu’il y aura un changement, même lointain, dans un paysage numérique où il est difficile de faire confiance et de changer ses habitudes. Nous voulons donc travailler à ce que les pages web qui vous redirigerons vers « la même chose, mais ailleurs » soient claires, et qu’elles vous mettent en confiance.

Voici, par exemple, ce que vous verrez si vous essayez d’aller sur notre moteur de recherche Framabee, récemment fermé.

Pour cela, nous souhaitons aussi continuer de nous investir dans le collectif d’hébergeurs alternatifs CHATONS. Nous avons envie de vous donner de bonnes raisons de faire confiance aux membres de ce collectif. Nous souhaitons que vous sachiez pourquoi vous pouvez leur confier vos données. Nous pourrons aussi contribuer à clarifier ce qu’offrent les hébergeurs de ce collectif, afin de vous permettre de trouver le service ou la structure qui corresponde le mieux à vos besoins.

Offrir à Mobilizon la v1 qu’il mérite

La mobilisation des efforts collectifs et des ressources, c’est tout le miel de la vie associative et de multiples formes d’interactions sociales. C’est la raison de Mobilizon. Notre vision pour ce projet est claire : offrir une alternative agréable aux événements, aux groupes voire aux pages Facebook. Nous aimerions réaliser un outil émancipateur pour les associations, les militant·es, les citoyen·nes… et toutes ces personnes qui dépendent encore de Facebook pour s’organiser ensemble.

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Actuellement en version bêta, nous comptons développer :

  • l’aspect « fédération » de ce logiciel d’ici fin décembre ;
  • les fonctionnalités de pages et de groupes (avec messagerie, modération, outils d’organisation) au premier trimestre 2020 ;
  • les correctifs, les éventuels retards et les finitions qui stabilisent et documentent le logiciel, pour sa sortie prévue avant l’été 2020.

Afin que vous puissiez suivre ces développements en toute transparence, les mises à jour seront régulièrement visibles sur le site de démonstration test.mobilizon.org

Cliquez sur l’image pour découvrir le site de démonstration de Mobilizon, encore en version bêta.

Cette publication de la première version stable et publiquement utilisable de Mobilizon est un rendez-vous que nous ne voulons pas manquer. Nous souhaitons l’accompagner d’un outil qui facilite la compréhension de ce qu’est Mobilizon, comment ça marche, à quoi ça sert et à quoi ça ne sert pas. Pour y arriver, nous voulons prendre le temps de refondre complètement le site joinmobilizon.org, probablement sur le modèle du tout nouveau site web joinpeertube.org.

Financer les ambitions de PeerTube

Lors de la sortie de la version 2 de PeerTube, nous faisions le bilan de cette alternative libre et fédérée aux plateformes de vidéos telles que YouTube. Si nous venons de lui consacrer un an de développement sur nos fonds propres, c’est parce que nous croyons au potentiel émancipateur de cette solution. En 2020, nous souhaitons trouver les moyens d’accroître la popularité de PeerTube. Pour cela, nous aurons besoin de matériel (vidéos, illustrations, métaphores…) qui promeuvent les avantages d’un outil fédéré, ainsi que les fonctionnalités de PeerTube.

Et si on faisait plus de vidéos pédagogiques comme celle réalisée par LILA…?

Nous envisageons aussi, pour 2020, d’animer une nouvelle collecte qui nous permettra de financer la version 3 de PeerTube. La liste des fonctionnalités que cette collecte financera n’est pas encore fixée, mais nous avons noté, grâce à vos retours (que vous pouvez proposer ici, sur notre forum), quelques idées…

Voici Sepia, la mascotte de PeerTube, par David Revoy (CC-By)

Tout d’abord nous pensons que PeerTube gagnerait beaucoup si on retravaillait son expérience d’utilisation et son interface. Nous constatons certains manques et points d’améliorations, mais nous pensons que le mieux serait de faire appel à des professionnels du design pour dresser un bilan et proposer des solutions.

Ensuite, le nouveau lecteur vidéo (le « HLS », celui qui est encore expérimental) offre de telles performances qu’il permet d’envisager le développement d’outils inimaginables pour PeerTube jusqu’alors. Par exemple, PeerTube pourrait offrir un outil de « Vidéo-Mix » (ou de « coupé-monté », pour les cinéphiles), où l’on crée une séquence en prenant 30 secondes de telle vidéo, 12 de telle autre puis une minute d’une troisième…

Enfin, la fonctionnalité qui nous fait rêver (et qu’on nous demande régulièrement), c’est la diffusion en direct. Avec du live-streaming, PeerTube ne marcherait pas seulement sur les platebandes du YouTube de Google, mais aussi sur celles du Twitch d’Amazon… Cette diffusion en direct devrait se faire de pair à pair, et ça, c’est un sacré défi technique !

Projet « cloud Framasoft » : un seul compte pour remplir la plupart des besoins

Depuis quelques années, le logiciel Nextcloud s’est grandement enrichi. Au départ, c’était une simple alternative aux Dropbox et autres GoogleDrive, pour sauvegarder et synchroniser des fichiers. Depuis, Nextcloud s’est augmenté de nombreuses applications pour faciliter la collaboration.

On peut y synchroniser ses contacts et ses agendas, travailler collaborativement sur des fichiers textes ou des tableurs (avec CollaboraOnline ou OnlyOffice), activer des visio-conférences ou des discussions par tchat, créer des formulaires basiques, y sauvegarder ses notes, ses images et ses listes, partager des albums photos, dessiner des cartes heuristiques (mindmaps), consulter ses flux RSS ou ses emails…

Le projet « cloud Framasoft » reposerait sur cette solution : une seule adresse, un seul compte à créer, et tous ces services sont à votre disposition. Afin de limiter les effets de centralisation vers nos services, nous envisageons de n’offrir que très très peu d’espace (quelques dizaines de mégas), juste assez pour une association qui veut collaborer sur quelques fichiers. Notre objectif est de vous faire découvrir cette solution, sans propager l’illusion que les ressources illimitées et gratuites, ça existe (ou que ce serait sain).

On est hyper fier·es de ce nom, facile à retenir et à retrouver sur Internet.

Pour les personnes qui, à un moment, se sentiraient à l’étroit, nous aimerions vraiment pouvoir développer un outil facilitant la migration de son compte vers un autre hébergement Nextcloud. Dans nos têtes, nous rêvons d’un « Votre compte cloud Framasoft vous plaît mais il est trop limité ? OK ! cliquez sur ce bouton pour déménager vers tel ou tel hébergeur alternatif ». Si nous pouvions nous rapprocher de cette simplicité…

Ouvrir une nouvelle porte vers le libre, oui, mais aussi vers la décentralisation !

Nous voulons, pour l’automne 2020, trouver les moyens d’accueillir toute personne, toute association qui voudrait avoir accès à une telle solution, quitte à se satisfaire d’un espace de stockage spartiate. Nous avons conscience que cela peut signifier accueillir des personnes par dizaines de milliers. Autant vous dire que cela représente un coût technique et humain, et donc financier, très important. Mais si vous nous en donnez les moyens, nous croyons que cela peut représenter une formidable porte d’entrée vers le Libre pour toute une population qui prend de plus en plus conscience des dangers que représentent les GAFAM.

La route est longue, alors libérons la voie

Si nous annoncions vouloir « Déframasoftiser Internet » et tourner certaines pages du passé, c’était justement pour faire de la place à des projets futurs. Cette année 2020 sera pour nous une année où nous voudrions poursuivre nos actions les plus émancipatrices (éducation populaire, Mobilizon…), tout en ouvrant de nouvelles portes vers le libre et l’autogestion (PeerTube v3, « cloud Framasoft »…). Nous en avons la volonté, il nous faut savoir si vous nous en donnerez les moyens.

Cliquez pour découvrir ce que l’on a fait, ce que l’on va faire, et nous soutenir si vous le désirez.

Si nous avons une telle liberté et une telle indépendance dans nos actions, c’est parce que certaines et certains d’entre vous nous font un don (et qui mieux est, un don régulier), et que l’ensemble de ces dons financent notre budget annuel. L’association Framasoft étant reconnue d’intérêt général, rappelons que pour les contribuables Français·es, un don de 100 € à Framasoft revient, après déduction fiscale, à 34 €… et ce même avec le prélèvement à la source. 😉

Cette année encore, nous ne voulons pas utiliser les mécanismes de la culpabilité ou de l’économie de l’attention pour vous « manipuler » vers un don. Nous pensons qu’il suffit de vous dire, concrètement : voilà ce que nous avons fait, voilà ce que nous voulons faire. C’est à vous de déterminer si cela vous inspire, et si c’est l’occasion de contribuer à nos actions par un don (pour qui le peut) ou en partageant notre appel aux dons (pour tout le monde !).

Nous vous faisons confiance.

 

Rendez-vous sur la page des Carnets de Contributopia pour y découvrir d’autres articles, d’autres actions que nous avons menées grâce à vos dons. Si ce que vous venez de lire vous plaît, pensez à soutenir notre association, qui ne vit que par vos dons. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.

Soutenir Framasoft

Illustration d’en-tête : CC-By David Revoy




Framabook : on solde des livres

Des soldes ?!  Comme à Framasoft, on ne fait jamais comme tout le monde, on vous propose nos livres à prix soldés avant les fêtes de fin d’année, la chance !

<moment culture>
Les soldes consistent à vendre avec une réduction de prix des produits invendus et proposés à la vente depuis plus d’un mois. Dans le cas des livres, c’est plus compliqué : la loi Lang de 1981 encadre les soldes et ne permet de réduire les prix que pour les livres parus depuis plus de deux ans et en stock depuis plus de six mois.
</moment culture>

Autant dire que de nombreux Framabooks sont dans ce cas alors nous avons décidé, en accord avec nous-mêmes, de vous en faire profiter plutôt que de laisser la poussière s’installer dessus.

 

Mais comment acquérir ces fameux books de Framasoft ?

C’est simple comme de dire bonjour (bonjour !).

Une association au joli nom d’En vente libre propose de vendre les goodies de diverses associations, et donc ceux de Framasoft (vous trouverez les livres, mais aussi des tee-shirts, des autocollants ou le guide Libre association en couleur). Allez sur leur site, tapez « livre » dans la recherche et faites votre choix. Et comme on est décidément trop sympa, voici un lien pour vous faciliter le clic, sans oublier les BD de Gee.

Et voilà de nombreuses idées cadeau pour les anniversaires ou Noël à venir. Une pierre, deux coups (aïe) : un cadeau et un beau geste !

N’hésitez pas à faire un don au passage, c’est toujours agréable à recevoir…




Une coalition française pour la défense et la promotion de l’espace démocratique

Dans de nombreux pays, dont la France, la liberté des citoyen⋅ne⋅s de se mobiliser pour agir est remise en cause. Comment les associations du logiciel libre peuvent-elles aider à faire face à ce phénomène ?

Cet article fait partie des « Carnets de voyage de Contributopia ». D’octobre à décembre 2019, nous y ferons le bilan des nombreuses actions que nous menons, lesquelles sont financées par vos dons (qui peuvent donner lieu à une réduction d’impôts pour les contribuables français). Si vous le pouvez, pensez à nous soutenir.

 

Un rétrécissement de l’espace démocratique en Europe ?

Comme vous le savez (ou pas), dans nos « Carnets de voyage », nous essayons de mettre en valeur des projets auxquels Framasoft participe, et qui sont parfois fort éloignés de la fameuse campagne « Dégooglisons Internet ».

Nous avons par exemple déjà parlé de Mobilizon, de Pytitions ou de Bénévalibre. Bien que chacun de ces projets porte une dimension politique importante, il s’agit malgré tout de « simples » outils logiciels.

Aujourd’hui, nous souhaitons vous présenter un autre projet dans lequel Framasoft est impliqué, lui aussi à forte dimension politique, mais qui n’a pas grand-chose à voir avec le logiciel libre.

Laissez nous vous présenter « L.A. Coalition » (« L.A. » signifiant « Libertés Associatives »), dont l’objectif est d’une part de comprendre et identifier ce qu’on appelle le « rétrécissement de l’espace démocratique » en France ; et d’autre part d’outiller la société civile pour qu’elle se retrouve moins démunie face à ce phénomène.

Commençons par donner une définition de ce mécanisme de rétrécissement :

« Le rétrécissement de l’espace pour la société civile empêche les acteurs de faire entendre les préoccupations de différentes communautés et leur bloque l’accès aux gouvernements et aux autres institutions démocratiques, ce qui entrave leur capacité à jouer efficacement leur rôle de contre-pouvoir citoyen. Tout ceci est problématique car, au niveau national comme européen, une société civile active et bien structurée constitue une protection essentielle contre l’érosion de valeurs telles que le respect pour la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l’égalité et le respect du droit. »

Dans la plupart des pays de l’Union européenne, dont la France, la liberté des citoyennes et citoyens de se mobiliser pour agir est remise en cause. L’action des sociétés civiles est sous le feu de nombreuses attaques politiques, financières, judiciaires et policières.

Les exemples sont, malheureusement, innombrables : élection de Viktor Orbán, interdisant les associations « non approuvées par le gouvernement », procès baillons, coupe des subventions, fermeture programmée d’observatoires au travail reconnu (celui des prisons, celui de la pauvreté, etc.)…

Face à cette réalité, seize fondations européennes se sont réunies, en 2018, pour lancer le programme Civitates (rien à voir – et heureusement ! – avec le mouvement d’extrême droite Civitas) et favoriser la formation de coalitions associatives dans plusieurs pays européens (Hongrie, Italie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Slovénie et France) pour lutter contre le « rétrécissement de l’espace démocratique ».

Le programme Civitates vise à identifier les phénomènes de « rétrécissement de l’espace civique » dans l’Union Européenne sous la pression de gouvernements tentés de restreindre les libertés fondamentales et remettre en cause le droit des citoyens à s’organiser, s’exprimer, agir et aussi à contester les pouvoirs établis. Si le phénomène est particulièrement visible dans certains pays de l’Est, comme la Hongrie ou la Pologne par exemple, le projet de coalition française vise à démontrer qu’il existe en France aussi diverses formes de pressions sur la société civile.

« On Shrinking Space », rapport de l'organisation TNI
Vous voulez en savoir plus sur ce phénomène ? le rapport « On Shrinking Space » de l’organisation TNI est fait pour vous (en anglais)
(cliquez sur l’image pour le télécharger)

 

Une coalition française

En France, à l’initiative de VoxPublic, huit associations (Action Droits des Musulmans, Agir pour l’égalité, Alliance citoyenne, la Cimade, le Collectif des Associations Citoyennes, Tous Migrants , VoxPublic et Framasoft) se sont réunies fin 2018 pour proposer des stratégies de riposte contre les répressions subies par le secteur associatif. La coalition a établi un plan d’activités au niveau national ainsi que dans deux régions : Auvergne-Rhône-Alpes et PACA, où les exécutifs régionaux exercent de fortes pressions sur les acteurs de la société civile.

En mars 2019, huit organisations ont rejoint la coalition : ATTAC, CRID, Fédération des Arts de la Rue, Génération avisée, La Quadrature du Net, React, RITIMO, Sortir du Nucléaire, Vent d’assos.

La coalition se dénomme : L.A. Coalition (L.A. signifiant libertés associatives), avec comme sous-titre « promotion et défense des droits de la société civile ».

L.A. Coalition identifie quatre types d’attaques et pressions subies actuellement par la société civile en France :

  • les attaques politiques. Exemple : critique de l’action associative pour la dévaloriser ;
  • les attaques juridiques et policières. Exemple : poursuite contre les citoyens solidaires des personnes migrantes (délit de solidarité), ciblage de personnes de confession, réelle ou supposée, musulmane ;
  • les attaques contre la capacité d’agir des citoyens. Exemple : dénigrement par les autorités du pouvoir de pétition, pressions pour limiter l’organisation des citoyen.ne.s dans les quartiers populaires ;
  • les attaques financières. Exemple : baisse drastique des subventions et des emplois aidés.

Renforcer les stratégies de riposte face aux répressions de la société civile

Jusqu’à présent les associations ont plutôt subi les attaques sans être en mesure de s’y opposer collectivement (avec des exceptions bien sûr) car les stratégies choisies ont été individuelles et dispersées. Individuelles lorsque chaque association « essaye de se faire discrète » et s’applique des formes d’auto-censure ; dispersées lorsque les associations ont agi de manière segmentée en cherchant à mobiliser uniquement dans un même sous-secteur associatif mais dont les forces sont parfois limitées (géographiquement, humainement, etc) et sujettes aux mêmes pressions.

La coalition, en facilitant des discussions collectives entre acteurs, se donne pour rôle de décloisonner les différents secteurs associatifs afin de créer les conditions d’un dialogue inter-acteurs et d’imaginer la possibilité de ripostes collectives.

Afin de réussir à identifier des stratégies de riposte, L.A. Coalition travaille actuellement à l’élaboration d’un programme de formations, de campagnes de plaidoyer à l’échelle municipale et nationale, à l’organisation d’événements locaux ou nationaux. L.A. Coalition développe aussi une stratégie de communication et sera très prochainement visible sur le web.

Elle travaille étroitement avec l’Observatoire des répressions des libertés associatives, créé début 2019 à l’initiative de l’Institut Alinsky, pour documenter un large éventail d’expériences d’acteurs de la société civile, victimes de répression.

Le programme d’action de la Coalition s’étale pour l’instant, jusqu’à juin 2020.

Logo L.A. Coalition
Logo L.A. Coalition

Le rôle de Framasoft

Alors vous pourriez légitimement vous demander : « Mais que vient faire Framasoft dans ce projet qui semble très éloigné de l’éducation populaire aux enjeux du numérique, et qui ne parle pas de logiciel libre ? ».

Il est certain que nous sortons ici de notre zone de confort. Mais trois aspects différents nous ont motivé à faire partie des associations fondatrices de L.A. Coalition.

Le premier, très pragmatique, est de pouvoir outiller numériquement cette coalition. Ainsi, Framasoft héberge les listes de discussion de L.A. Coalition, a effectué des journées de formations autour d’outils numériques, apporte une forme d’expertise sur les questions de sécurité des données (même si La Quadrature du Net, devenue entre temps membre de cette coalition, est bien plus pointue que nous sur ces sujets), participe à l’animation technique du site web (à venir), et met à disposition une instance NextCloud (accompagné de LibreOffice Online) pour gérer le travail collaboratif.
Il nous aurait paru totalement incohérent qu’une telle coalition utilise les outils des GAFAM, dont les scandales quasi-quotidiens démontrent une collusion avec les États et leurs services de renseignement.

Le second plutôt stratégique, concerne la campagne « Contributopia ». Sur la page d’accueil de Framasoft, nous annonçons vouloir « changer le monde, un octet à la fois ». Sur celle de contributopia.org il est inscrit que nous voulons « explorer les mondes numériques où l’humain et ses libertés fondamentales sont respectés ». Il s’agit donc de sortir du logiciel libre et de sa communauté plutôt privilégiée pour nous confronter aux réalités d’autres associations de terrain qui, elles aussi, font de leur mieux pour changer le monde.

Le dernier aspect est lui clairement politique : Framasoft est une association « loi de 1901 », et fière de l’être !
Sans rejeter les modèles entrepreneuriaux (SAS, SARL,… ou même les modèles coopératifs tels que les SCOP/SCIC), nous pensons que la liberté de « faire association », la possibilité de s’organiser et de mettre en œuvre des actions collectives dans un cadre qui soit volontairement non-marchand est absolument fondamentale. Nous n’avons jamais caché être très critique de l’archétype de la « startup nation », non seulement parce qu’il renforce le modèle du capitalisme de surveillance, mais aussi parce qu’en se voulant un modèle dominant, il écrase de fait les autres modèles possibles. Un exemple ? Quand la French Tech se voit offrir un cadeau de 5 milliards d’euros, le « grand plan pour les associations » annoncé par le président est lui de …28 millions d’euros (mais pas sous forme d’aides, on vous laisse lire l’article pour découvrir le tour de passe-passe visant à faire des associations des « sous-entreprises »).

 

 

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Et encore, si ce n’était qu’un problème de moyen… Mais, en tant qu’association et que militant⋅e⋅s du secteur associatif, nous constatons autour de Framasoft une très alarmante multiplication des répressions, parfois violentes, parfois beaucoup plus insidieuses (comme la fin des emplois aidés, les procès baillons, etc.).

Nous pensons par ailleurs que, dans un monde où le numérique est omniprésent, les associations du libre ont un double intérêt à se rapprocher d’associations menacées par ces répressions : d’une part, en tant qu’associations ayant des connaissances informatiques pointues, elles seront les prochaines sur la liste ; d’autre part, elles ne peuvent selon nous s’extraire de la question de la solidarité et de l’organisation collective, au cœur des valeurs du mouvement du logiciel libre. Si ce n’est pas déjà le cas, n’hésitez donc pas à prendre contact avec des associations « non numériques », à écouter leurs besoins pour co-construire avec elles des solutions.

En participant à notre modeste échelle à L.A. Coalition, nous espérons pouvoir apporter notre contribution à la compréhension de ce phénomène, et au stratégies de riposte qui peuvent être mises en œuvre. Si nous pouvons le faire, c’est aussi parce que vos dons (notre seule source de financement), nous permettent une totale indépendance dans nos actions, et une liberté de parole libre de toute entrave. Pour cela, merci !

Rendez-vous sur la page des Carnets de Contributopia pour y découvrir d’autres articles, d’autres actions que nous avons menées grâce à vos dons. Si ce que vous venez de lire vous plaît, pensez à soutenir notre association, qui ne vit que par vos dons. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.

Soutenir Framasoft

Illustration d’entête : CC-By David Revoy




PeerTube has worked twice as hard to free your videos from YouTube !

Thanks to your donations, we have been developing a software to free us all from YouTube & Co for a year. Why have we gone much further than the first release, (crowdfunded in the spring of 2018), you might ask? Well, that’s because we sincerely believe in the emancipatory power of PeerTube.

This article is a part of « Contributopia’s travel journals ». From October to December of 2019, we will assess our many (donations-founded) actions, which are tax-deductible for French taxpayers. Donate here if you can.

La version originale (en Français) de cet article est à lire ici.

Federation and instances to avoid creating a new tech giant

PeerTube’s aim is to create an emancipatory alternative to centralized platforms a la YouTube. In a centralized service, you sign-up with a single address, and each and every of your actions, videos and data are gathered on a single huge computer. For example, Google’s, that hosts YouTube (to be precise, they are server farms rather than huge computers, but on a symbolic level it is the same thing!).

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PeerTube is a software. It can be installed on a server by anyone possessing the appropriate skills; say, for the sake of argument, Bernadette, College X and karate club Y. This is called an instance, i.e. a PeerTube host. In concrete terms, hosting an instance creates a website (let’s say, BernadetTube.fr, CollegeTube.org or KarateTube.net) on which you can watch videos and sign-up, so you can interact or upload your own content.

These instances can chose to follow each other (this is called federating). For example, if the head of IT services of College X would like KarateTube videos to appear on CollegeTube, all she has to do is federate with KarateTube. KarateTube’s videos will remain on its server but students who are used to watching videos from CollegeTube will be able to see them.

In this case, BernadetTube stays isolated, but CollegeTube and KarateTube are federated. Rather than creating a single gigantic platform, PeerTube allows for the creation of a multitude of small, diverse, and interconnected platforms.



One year of work to let PeerTube mature

In May of 2018, we started a crowdfunding for PeerTube’s development. Many people decided to give a chance to a software that allows the creation and federation of video platforms. In October of 2018, we « turned in our homework assignment » as they say, when we released the first version of PeerTube.

We could have stopped once our promises were fulfilled, and let the community develop this free/libre software on its own. Instead, we decided to use a part of the donations we receive for everything we do (thank you!) to make PeerTube’s main developer job durable. As a Framasoft employee, he also contributed to other free/libre softwares such as Framacalc-Ethercalc and Mobilizon.

Nevertheless, during the past year, his main mission was to improve on PeerTube. He was able to rely on a growing community of contributors, and no one was idle! In one year, PeerTube was enriched with, amongst other things:

Meet Sepia, PeerTube’s new mascot, by David Revoy (CC-By)

  • moderation tools for instance administrators
  • a watch history
  • videos automatically start at the time code you stopped at (provided you are logged-in)
  • notifications (new comments, videos or subscriptions, mentions, etc.)
  • playlists (including a « watch later » one, which is now a feature by default on all accounts)
  • a system where videos require manual approval by administrators before posting them
  • an easier federation management for instance administrators
  • a gradual betterment of UI (for example, it is now easier to make the difference between a channel and an account, to see thumbnails or to find a video in your video library)
  • audio files management when uploading them: PeerTube will turn them into videos
  • the interface is now translated into 25 languages!

Small bonuses make all the difference!

We will now highlight 3 features that we particularly like, as they offer more freedom, comfort and control to PeerTube’s users. Considering more control is not part of the business models of mainstream platforms (greetings, Youtube, Vimeo and Facebook videos!), these three features offer PeerTube’s users a unique experience.

Sharing a video clip

When you share a video link, most platforms offer a « start at » option, which makes the video begin at 53 seconds if what you would like to share starts at 54 seconds.

We simply added a « stop at » option. It might seem silly (and really, it is) but considering YouTube’s job in the attention economy is to capture yours to sell it to Fanta, it is obviously unimaginable for them to let you stop videos!

France, 2015: YouTubers are mainstreaming. Fanta sponsors the 1st Video City Paris convention, so much so that it became some kind of giant ad for this Coca-Cola Company product.

If in a given videos, you only care about 3 sentences between 1:23 and 1:47, you can single them out, share or keep this clip for yourself (e.g. in your liked videos playlist or any other playlist). This feature allows for may uses: zapping, educative content, etc. We at Framasoft find that so much potentials lies in this idea!

Plug-in system

Every administrator and user wishes to see the software fulfill their needs. As Framasoft cannot (and does not want to) develop every feature that could be hoped for, we have from the start of the project planned on creating a plug-in and add-on system you can install to customize your PeerTube experience.

Once again, we can see that centralized platforms have locked us up in such a standardized experience that it’s hard imagining that a concept as old as this could be such a breath of fresh, free air. And yet!

Now, this system allows each administrator to create specific plug-ins depending on their needs. They may install on their instance extensions created by other people as well. For example, it is now possible to install community created graphical themes to change the instance visual interface. You could also imagine plug-ins to sort videos in reverse alphabetical order, or to add a Tipee, Paypal or Patreon button below videos!

PeerTube taking off, by David Revoy.

New video player

Offering a new type of video player (for nerds: based on HLS technology) is a risky endeavor for a tool as new and interconnected as PeerTube. Considering PeerTube’s young age (it is barely starting to make a name for itself and to be adopted around the world), this could cause incompatibility issues and very problematic differences in versions.

However, we have decided we would introduce it experimentally, starting last summer. Indeed, this new video player is promising: it is faster, has less bugs, makes it easier to change video definition and makes their load fluider (still using peer-to-peer technology). In return, it requires updating some elements (moving to ffmpeg 4.1) and to re-encode some videos.

This new video player has been met with a great deal of enthusiasm, and broadens PeerTube’s future (live streaming, for example, is out of question using the current player). This is why we want to take the time to make it PeerTube’s player by default, which will require work to help current hosts in this transition.

V2 is even more federation-focused

The PeerTube version we are releasing today already includes all these improvements, and many more! This « v2 », as they say, aims to make it easier for instance administrators to federate. They will for example be able to automatically follow instances that follow them, or to follow instances visible on our JoinPeerTube public register.

This new PeerTube version also aims to help the public chose the perfect instance match. To return to the subject of Bernadette, College X and Karate club Y, let’s now add a new audience member: Camille.

Camille doesn’t know a thing about servers or whatever, but he wants to create an account to follow PeerTube channels, or even upload his own videos… And he has a hard time understanding what this is all about! How could he possibly know that BernadetTube is only maintained by Bernadette and that if anything were to happen to her, she could stop administrating it overnight? How can he see that CollegeTube refuses to federate with instances that display sensitive content, even properly flagged and blurred? Where can he learn that KarateTube will favor videos in German, and that support will only be provided in this language?

Once the instance set up, admins will have to configure it, by answering some questions…

When Bernadette, the head of College X IT services, and Karate club Y’s resident nerd will have updated PeerTube with this v2, they will have to fill in a form to better introduce their instance. The goal here is to clearly state:

  • the instance main categories
  • what languages the admins and the moderation team speak
  • the instance code of conduct
  • the moderation policy (who moderates, policy regarding sensitive contents, etc.)
  • who is behind this instance (an individual? an organization?)
  • why did the admin(s) set up this instance
  • how long do the admin(s) plan on maintaining this instance for?
  • how do the admin(s) plan on funding their PeerTube server?
  • information about the hardware of the server

Camille will be able to find all these information on the « about » page of each PeerTube instance (which will now also display new statistics), on the sign-up page… as well as on the joinpeertube.org register!

JoinPeertube.org is where you get your bearings!

With over 100,000 videos and 20,000 accounts, it is safe to say that PeerTube has become popularized. It was high time we revamped joinpeertube.org so as to turn it into a front door to these videos, hosts and the federation.

With the help of UI/UX professionals, we have imagined and shaped two user flows to using JoinPeertube.org: one for people who want to watch videos (and maybe sign-up), and another one for video makers who need a trustworthy host for their videos.

Click to discover the new JoinPeertube.org

Both of these paths may lead you to the register of public instances. You can sort them according to your preferences so as to find the one that meets your needs. This selecting is made possible by the answers given to the form mentioned earlier, which allows admins to better introduce their instance and to explain the project behind it to potential users. That being said the best solution is to have a look by your own means (as a side note, we find the site much prettier now!)…

Please note that PeerTube now has its own documentation website, meant for both admins (to ease the software installation, maintenance and administration) or for regular users (whether it be for signing-up, managing your playlists or uploading videos).

The future of PeerTube is still YOU!

It would be impossible to name everyone who has contributed to the code, funding, design, translation, documentation, illustration and promotion of PeerTube… but the least we can do is to express our gratitude!

After one year of development and maturation of the project, we are putting a lot of thoughts into its future. People have different wishes, you guys have given us a lot of ideas. All of the feedback we are receiving from you, particularly on the dedicated section to PeerTube on our forum (the best place for your suggestions!) is invaluable to us.

Nowadays, we are imagining new improvements (to the interface, user experience, search engine, plug-in system), important tools, (mobile apps, videos about PeerTube), as well as new, powerful features. Would you like to easily remix online videos from your PeerTube account? to do livestreams? So do we! And we need your support for that!

We are allowed to have all types of dreams and aspirations for PeerTube, but what is sure is that making come true will have a cost. The year we have spent developing PeerTube was funded in part by what was left of the June 2018 crowdfunding, but mostly by regular donations we receive for all of our projects. We will probably launch a new crowdfunding campaign just for PeerTube v3 in 2020.

In the meantime, feel free to help PeerTube grow, to promote instances and videos you like, and to congratulate the whole community for how far we have come with this v2!

 

Have a look at Contributopia’s travel journals and discover more articles and actions made possible by your donations. If you like what you just read, please think of supporting us, as your donations are the only thing that allow us to go on. As Framasoft is a public interest organization, the real cost of a 100 € donation from a French taxpayer is only of 34 €.

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Header illustration: CC-By David Revoy




PeerTube met les bouchées doubles pour émanciper vos vidéos de YouTube

Voilà un an que nous poursuivons, grâce à vos dons, le développement logiciel qui permet de se libérer de YouTube et compagnie. Si nous sommes allé·es bien au delà de la version 1 financée par la collecte du printemps 2018, c’est que nous croyons profondément au potentiel émancipateur de PeerTube.

Cet article fait partie des « Carnets de voyage de Contributopia ». D’octobre à décembre 2019, nous y ferons le bilan des nombreuses actions que nous menons, lesquelles sont financées par vos dons (qui peuvent donner lieu à une réduction d’impôts pour les contribuables français). Si vous le pouvez, pensez à nous soutenir.

An english version of this post is available here.

Fédération et instances pour ne pas recréer un géant de la vidéo

L’objectif de PeerTube, c’est de créer une alternative qui nous émancipe des plateformes centralisatrices à la YouTube. Dans le modèle centralisateur, on s’inscrit à une seule adresse, et toutes nos actions, nos vidéos et nos données sont concentrées sur un seul méga-ordinateur, celui de l’hébergeur Google pour YouTube (en vrai, ce sont des fermes de serveurs et pas un méga-ordinateur, mais symboliquement ça revient au même !).

#gallery-4 { margin: auto; } #gallery-4 .gallery-item { float: left; margin-top: 10px; text-align: center; width: 50%; } #gallery-4 img { border: 2px solid #cfcfcf; } #gallery-4 .gallery-caption { margin-left: 0; } /* see gallery_shortcode() in wp-includes/media.php */

PeerTube est un logiciel. Ce logiciel, des personnes spécialisées (disons… Bernadette, l’université X et le club de karaté Y) peuvent l’installer sur un serveur. Cela donnera une « instance », c’est à dire un hébergement de PeerTube. Concrètement, héberger une instance crée un site web (disons BernadetTube.fr, UniversiTube.org ou KarateTube.net) sur lequel on peut regarder des vidéos et créer un compte pour interagir ou uploader ses propres contenus.

Ces instances peuvent choisir de se suivre mutuellement (on dit qu’elles se fédèrent). Par exemple, si la directrice des services informatiques de l’Université X veut afficher les vidéos de KaratéTube sur son UniversiTube, il suffit qu’elle se fédère avec KaratéTube. Les vidéos de KaratéTube resteront sur leur serveur mais seront visibles pour les étudiant·es qui ont l’habitude d’aller sur UniversiTube.

Dans cet exemple, BernadetTube reste un site isolé, mais UniversiTube et KaratéTube sont fédérés ensemble. Plutôt que de faire une plateforme unique et géante, PeerTube permet de créer une diversité de petites plateformes interconnectées.

Un an de travail, qui a fait mûrir PeerTube

En mai 2018, nous avons organisé une collecte pour financer le développement de PeerTube. De nombreuses personnes ont voulu donner sa chance à ce logiciel qui permet de créer et fédérer des plateformes de vidéos. En octobre 2018, nous avons « rendu notre copie », comme on dit, en publiant la version 1 de PeerTube.

Nous aurions pu nous arrêter là, à cette promesse remplie, et laisser la communauté continuer de développer elle-même ce logiciel libre. Nous avons plutôt fait le choix d’utiliser une partie des dons que nous recevons pour l’ensemble de nos actions (merci !) pour pérenniser l’embauche du développeur principal de PeerTube. En tant que salarié chez Framasoft, il a aussi contribué à d’autres logiciels libres, dont Framacalc-Ethercalc et Mobilizon.

Cependant, durant l’année qui vient de s’écouler, sa mission principale a été d’améliorer PeerTube. Il a pu compter sur une communauté grandissante de contributeurs et contributrices, et tout ce beau monde n’a pas chômé ! En un an, Peertube a été enrichi entre autres :

Voici Sepia, la nouvelle mascotte de PeerTube qui nous a été offerte par David Revoy (CC-By)

  • d’outils de modération pour l’administration d’instances ;
  • d’un historique de visionnage ;
  • d’une reprise automatique de la lecture de vidéos là où on s’était arrêté (si on est connecté·e à son compte) ;
  • d’un système de notifications (nouveaux commentaires, vidéos ou abonnements, mentions, etc.) ;
  • d’un système de listes de lectures (dont une « à regarder plus tard » créée par défaut pour tous les comptes) ;
  • d’un système de quarantaine pour les vidéos envoyées en ligne. Il s’agit d’une option d’administration qui permet à la modération de valider les vidéos manuellement avant de les publier ;
  • d’une gestion facilitée des choix de fédération pour les administrateurs d’instances ;
  • d’une amélioration continue de l’interface d’utilisation (pour mieux distinguer un compte d’une chaîne, mieux voir les miniatures ou mieux retrouver sa bibliothèque vidéo, par exemple) ;
  • d’une gestion des fichiers audios lors de l’upload, que PeerTube transformera en vidéo ;
  • d’une interface traduite en 25 langues !

Les petits plus qui font de grandes différences

Nous avons envie de mettre en valeur 3 fonctionnalités que nous aimons particulièrement, car elles offrent plus de liberté, de confort et de contrôle aux personnes qui utilisent PeerTube. Et comme offrir plus de contrôle ce n’est pas dans le business model des plateformes géantes (coucou Youtube, salut Dailymotion, bonjour Facebook Vidéos !), ces fonctionnalités permettent à PeerTube d’offrir une expérience unique.

Partager un extrait de vidéo

Lorsqu’on partage l’adresse web d’une vidéo, la plupart des plateformes proposent, en option, une case « démarrer à », qui permet de faire démarrer la vidéo à 53 secondes si ce que l’on veut partager commence à la 54ème seconde.

Nous avons tout simplement ajouté une case pour l’option « s’arrêter à ». Ça a l’air tout bête comme ça (parce que ça l’est), mais si le boulot de YouTube c’est de fournir du temps de cerveau disponible à Fanta, alors forcément, donner la liberté d’interrompre les vidéos est inimaginable !

En 2015, en pleine popularisation des « youtubers », Fanta fait un coup de com’ phénoménal en sponsorisant la convention de vidéastes Video City Paris, qui devient une espèce de publicité géante pour ce produit de la Coca-Cola Company.

Si dans telle vidéo, les 3 phrases qui vous intéressent se trouvent entre 1:23 et 1:47, vous pouvez isoler, partager ou conserver cet extrait (dans vos favoris ou dans une playlist, par exemple). Cette fonctionnalité pourra en permettre plein d’usages : zappings, contenus pédagogiques, etc. Nous, ça nous donne tout pleins d’idées !

Le système de plugin

Chaque administratrice et utilisateur de PeerTube souhaite que le logiciel soit le plus adapté à ses besoins.

Nous, nous ne pouvons pas (et en plus nous ne souhaitons pas) développer toutes les fonctionnalités souhaitées par les un⋅es et les autres.

Nous avons, dès l’origine du projet, prévu la création d’un système de plugins, des briques logicielles que l’on peut ajouter à son installation de PeerTube pour la personnaliser. Là encore, les plateformes centralisatrices nous enferment tellement dans une expérience uniformisée qu’on a du mal à imaginer qu’une idée aussi vieille souffle un tel vent de liberté ! Et pourtant !

Avec ce système, chaque administrateur⋅ice peut dorénavant créer des plugins spécifiques en fonction de ses besoins. Mais il ou elle peut aussi installer des extensions créées par d’autres personnes sur son instance. Par exemple, il est possible d’installer des thèmes graphiques créés par la communauté pour changer l’interface visuelle d’une instance. On peut imaginer des plugins qui permettraient de classer les vidéos par ordre anti-alphabétique, ou d’ajouter un bouton Tipee, Paypal ou Patreon sous les vidéos !

PeerTube prenant son envol, illustré par David Revoy (CC-By)

Le nouveau lecteur vidéo

C’est risqué, pour un outil aussi jeune et interconnecté que PeerTube, de proposer un nouveau type de lecteur vidéo (basé, pour les expert⋅e⋅ s, sur la technologie HLS). À ce stade de la vie de PeerTube (qui commence à peine à se faire connaître et adopter dans le monde), cela pourrait causer des incompatibilités et des différences de versions très problématiques.

Cependant, nous avons décidé de l’introduire de façon expérimentale, depuis l’été dernier. Car ce nouveau lecteur est prometteur : la lecture des vidéos est plus rapide, comporte moins de bugs, facilite les changements de définition et fluidifie le chargement des vidéos (toujours diffusées en pair-à-pair). En contrepartie, il induit de mettre à jour certains éléments (passage à ffmpeg 4.1) et de ré-encoder certaines vidéos.

Les retours sont excellents et ce nouveau lecteur ouvre des perspectives intéressantes pour PeerTube (le streaming en direct, par exemple, ne peut pas s’imaginer avec le lecteur actuel). Voilà pourquoi nous souhaitons prendre le temps de faire de ce nouveau lecteur vidéo le lecteur par défaut dans PeerTube, ce qui va demander un travail pour accompagner les hébergements actuels de PeerTube dans cette transition.

Une version 2 qui met l’accent sur la fédération

La version 2 de PeerTube, que nous publions aujourd’hui, inclut déjà toutes ces améliorations et en ajoute d’autres ! Cette « v2 », comme on dit, a pour ambition de faciliter la fédération, pour les administrateur·ices d’instances. Ils et elles auront par exemple la possibilité de suivre automatiquement une instance qui les suit, ou de suivre les instances qui s’inscrivent sur l’annuaire public JoinPeertube.

Cette nouvelle version de PeerTube veut aussi aider le public à mieux choisir l’instance PeerTube qui lui correspond. Reprenons l’exemple de Bernadette, l’Université X et le club de karaté Y, pour y ajouter un membre du public : Camille.

Camille n’y connaît rien aux serveurs et compagnie, mais il veut se créer un compte pour suivre des chaînes PeerTube et peut-être même uploader ses propres vidéos… Et pour lui, c’est compliqué de s’y retrouver ! Comment peut-il savoir que l’instance BernadetTube n’est tenue que par Bernadette, et que si celle-ci a un accident de la vie elle pourrait ne plus s’en occuper du jour au lendemain ? Où est-il affiché que l’instance UniversiTube refuse de se fédérer avec les instances qui proposent du contenu sensible, même s’il est correctement signalé et flouté ? Où Camille peut-il voir que KaratéTube favorisera les vidéos en Allemand, et que le support ne se fera que dans cette langue ?

Une fois PeerTube, installé sur un serveur, le logiciel demande aux admins de le configurer, donc de répondre à quelques questions…

Lorsque Bernadette, la directrice des services informatiques de l’Université X et le geek de service du club de karaté Y auront mis à jour PeerTube dans cette version 2, il et elle verront apparaître un formulaire qui leur demandera de mieux présenter leur instance. L’objectif est de pouvoir afficher clairement :

  • Les catégories principales de l’instance
  • Les langues parlées par les admins ou l’équipe de modération
  • Le code de conduite de l’instance
  • Les informations de modération (qui modère, quelle politique quant aux contenus sensibles, etc.)
  • Qui se trouve derrière cette instance (une personne seule ? une association ?)
  • Pour quelles raisons les admins ont créé cette instance
  • Pour combien de temps les admins comptent maintenir cette instance
  • Comment les admins comptent financer leur serveur PeerTube
  • Des infos sur le matériel du serveur

Camille pourra ensuite retrouver l’ensemble de ces informations sur la page « à propos » de chaque instance PeerTube (qui affiche en plus de nouvelles statistiques), sur la page de création de compte… mais aussi sur l’annuaire de joinpeertube.org !

JoinPeertube.org, une adresse pour s’y retrouver !

Avec plus de 100 000 vidéos hébergées et plus de 20 000 comptes créés, on peut dire que PeerTube connaît un succès croissant et se démocratise. Il était donc plus que temps de ré-imaginer le site joinpeertube.org afin d’en faire une porte d’entrée vers ces vidéos, ces hébergements et cette fédération.

Grâce aux contributions de professionel·les du design et de l’illustration, nous avons imaginé et mis en forme deux parcours d’utilisation sur ce site : un pour les personnes qui souhaitent découvrir des vidéos (et éventuellement se créer un compte), l’autre pour les vidéastes qui cherchent un hébergement de confiance pour leurs vidéos.

Cliquez sur l’image pour découvrir la nouvelle version de JoinPeertube.org

Ces parcours peuvent mener à l’annuaire des instances publiques, que l’on peut trier selon ses préférences afin de trouver celle qui correspond à nos besoins. Ce tri s’effectue grâce aux réponses au formulaire dont nous parlions juste avant, lequel permet aux admins de mieux identifier et mieux présenter leur instance. Mais le mieux, c’est encore d’aller voir par vous même (en plus, nous, on trouve que c’est bien plus beau !)…

Notez aussi que PeerTube dispose désormais de son propre site de documentation qui s’adresse à la fois aux personnes qui administrent une instance (pour faciliter l’installation du logiciel, son entretien ou son administration), et aux personnes qui veulent simplement l’utiliser (que ce soit pour se créer un compte, gérer ses playlists ou mettre ses vidéos en ligne).

L’avenir de PeerTube est, encore, entre vos mains

Il est impossible de citer ici toutes les personnes qui ont contribué au code, au financement, au design, à la traduction, à la documentation, à l’illustration et à la promotion de PeerTube… mais nous tenons au moins à vous exprimer toute notre gratitude !

Après un an de développement et de maturation du projet, nous nous posons la question de l’avenir de cet outil. Les envies sont multiples, vous nous avez donné de nombreuses idées. Les retours que vous nous faites remonter, particulièrement sur la section dédiée à PeerTube de notre forum (le meilleur endroit pour vos suggestions !), nous sont très précieux.

Aujourd’hui nous imaginons de nombreuses améliorations (de l’interface, de l’expérience d’utilisation, de la recherche, du système de plugin), des outils importants (applications mobiles, vidéos expliquant PeerTube), ainsi que de nouvelles fonctionnalités fortes. Vous souhaitez pouvoir faire facilement des remixes de vidéos en ligne ? Pouvoir diffuser en « live » votre flux vidéo ? Nous aussi ! Et nous avons besoin de votre soutien pour cela !

Tous les rêves sont permis, mais ce qui est sûr, c’est que les concrétiser aura un coût. L’année de développement que nous venons de consacrer à PeerTube a été financée en partie par le reliquat du financement participatif de juin 2018, mais surtout par les dons réguliers que notre association reçoit pour l’ensemble de ses projets. Pour 2020 et la version 3, il est fort probable que nous prévoyons une nouvelle collecte consacrée à PeerTube.

En attendant, n’hésitez pas à contribuer au succès de PeerTube, à promouvoir les instances et vidéos qui vous plaisent, et à féliciter l’ensemble de la communauté pour la réussite de cette v2 !

 

Rendez-vous sur la page des Carnets de Contributopia pour y découvrir d’autres articles, d’autres actions que nous avons menées grâce à vos dons. Si ce que vous venez de lire vous plaît, pensez à soutenir notre association, qui ne vit que par vos dons. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.

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Illustration d’entête : CC-By David Revoy