Khrys’presso du lundi 10 octobre 2022

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


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Brave New World

Spécial femmes dans le monde

Spécial France

Spécial femmes en France

  • Lycée : Pour les filles, un retour en arrière de 20 ans (cafepedagogique.net)

    “Depuis la réforme, quel que soit le parcours scientifique suivi, le nombre de filles chute massivement et la part des filles régresse brutalement au profit des garçons”.

  • À l’Assemblée, la majorité et la Nupes s’étrillent sur les violences sexuelles (liberation.fr)

    Pour le gouvernement, cette attaque est habile. Elle aura eu le mérite d’étouffer (pour combien de temps ?) les critiques lancées par les oppositions et ciblant les propres affaires politiques de l’exécutif.[…] « Ce n’est plus Jupiter, c’est Le Parrain !»

  • Interdire le porno ? (humanite.fr)

    J’entends déjà : « C’est pas comme ça tout le temps. Elles nous font chier ces féministes, c’est le retour de l’ordre moral. » Pourtant, d’après la procureure de Paris, ce sont 90 % des films pornographiques qui pourraient être incriminés pour viols, agressions sexuelles ou traite des êtres humains. Il y a donc bien une exploitation des femmes par un système, et pas quelques cas isolés.

Spécial médias et pouvoir

Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…

Spécial résistances

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les trucs chouettes de la semaine


Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).




Voyage en Contributopia : ça nous a fait mûrir !

« Dégoogliser ne suffit pas ! », et c’est avec cette affirmation dans la tête que nous sommes parti⋅es explorer les mondes de Contributopia. Cette aventure de 5 ans (déjà ?!) se termine, et c’est maintenant le moment de confronter nos attentes du voyage et ce qu’on y a vraiment fait. Cap sur ces mondes numériques où l’humain⋅e et ses libertés fondamentales sont respectées !

Planète des services : créer et proposer des outils

En commençant ce voyage, l’association avait vraiment envie de s’impliquer davantage dans la conception de services et d’outils conçus pour favoriser des échanges apaisés. L’envie, c’est bien, mais la réalité peut aussi être autre chose. On vous raconte point par point les différents éléments qui étaient sur notre feuille de route initiale (et aussi comment on a fait bifurquer la barque !)

Bilan de la planète des services

PeerTube libère la vidéo

Alors là, on va se lancer quelques fleurs : PeerTube, c’est un succès !

Notre alternative aux grandes plateformes vidéos (YouTube pour n’en citer qu’une) est un logiciel libre et fédéré qui permet non seulement de visionner, publier et interagir avec des vidéos mais aussi de créer sa plateforme de vidéos. Un salarié de l’association (un seul !) est en charge de son développement, assisté en interne par d’autres salarié·es sur des aspects moins techniques.

La version 1.0 du logiciel, parue en octobre 2018, a remporté rapidement un vif succès. En quelques mois, on comptait déjà environ 14 000 comptes utilisateurs, et près de 100 000 vidéos réparties sur 350 installations recensées publiquement. Depuis, une nouvelle version majeure sort chaque année (la v5 est prévue pour la fin d’année 2022), et PeerTube va bientôt atteindre le million de vidéos hébergées.

On ne va pas refaire ici toute l’histoire de PeerTube (vous pouvez tout retrouver ici), mais dans les temps forts à mentionner : la possibilité de faire des vidéos en direct, le moteur de recherche Sépia Search permettant de chercher toutes les vidéos des instances publiques, la personnalisation de l’interface et de nombreuses améliorations réalisées aussi grâce à vos retours (merci !).

Sépia, mascotte de PeerTube

Mobilizon, pour faciliter rencontres et mobilisations

Pendant ce voyage en Contributopia, Mobilizon fut le deuxième logiciel libre et fédéré développé par l’association (par un seul salarié, là encore). Mobilizon est une alternative aux événements et groupes Facebook qui permet de facilement organiser ses événements et rencontres, sans passer par une entreprise qui raffole de surveillance.

La version 1.0 de Mobilizon, sortie pendant le confinement d’octobre 2020, n’a pour ainsi dire pas bénéficié de l’entrain espéré (Quoi ? Organiser des événements pendant un confinement, c’est pas une bonne idée ?). L’accueil du logiciel a toutefois été très positif. Comme PeerTube, une nouvelle version majeure sort chaque année, et la v3 est prévue pour fin 2022 (vous trouverez toutes les actualités par ici).

Quelques temps forts à mentionner : l’amélioration de l’accessibilité (un travail avec Koena), l’export de liste des participant·es (pratique !), la prise en compte des fuseaux horaires ou encore l’ajout possible de métadonnées pour mettre en avant certaines informations essentielles. Nous avons aussi rapidement décidé de mettre en place une instance dédiée et ouverte au public francophone : mobilizon.fr (essayez donc pour organiser votre prochaine fête d’anniversaire, rencontre-tricot ou manif-climat !).

Rȯse, mascotte de Mobilizon

Pytition : faire entendre les opinions

Après une rencontre bienvenue avec l’équipe de Résistance à l’Agression Publicitaire en 2017, nous avons décidé de ne pas entamer le travail de développement prévu sur un outil de pétitions en ligne. En effet, un de leurs administrateurs avait déjà avancé sur le développement d’un tel outil : Pytition.

L’enjeu restant pour nous particulièrement important, nous avons décidé de soutenir leur travail, plutôt que de créer un n-ième « Framatruc » (et ainsi ne pas tout centraliser chez nous). Framasoft a donc affecté un budget à Pytition. Cela a permis de financer une prestation de design, une partie du travail de développement (faire du temps bénévole investi de véritables journées de travail rémunérées) et la mise à disposition d’une machine virtuelle pour héberger le proto site web.

Cependant les emplois du temps de chacun (y compris du côté de Framasoft) n’ont pas concordé, et « l’usure » due à la pandémie s’est fortement ressentie. Le développement prend donc du temps, et, même si le Pytition actuel est « fonctionnel », il reste trop « frais » pour être proposé à tous les publics.

Nous qui pensions que gérer des projets de développements « extérieurs » nous prendrait moins de temps que des développements en interne, on a appris : l’accompagnement prend du temps, et il est indispensable. Cela nous a ainsi questionné⋅es : quelle énergie sommes-nous capables d’investir dans de tels projets ?

On se sentirait presque comme ces petits poissons dans l’eau, non ?

Framasite ou comment créer simplement son site (spoiler : ça n’existe plus !)

Permettre aux gens de créer leur propre site internet sans passer par une plateforme privée, ça donne envie non ?

Nous avons ouvert Framasite, service d’hébergement et de création de sites web, en 2018 et ainsi proposé un lieu d’expression libre en ligne, sans nécessité de connaissances techniques préalables.

Seulement, Framasite, c’était un service complexe qui reposait sur 3 logiciels libres et une surcouche maison, ce qui le rendait particulièrement difficile à maintenir sur la durée. Ainsi, malgré l’enthousiasme et l’utilité du service, nous nous sommes vite rendu compte qu’en laissant faire, le service pouvait croître de manière illimitée et infinie. Et le problème c’est que plusieurs de nos services en ligne nous ont amenés à cette même conclusion : la situation devenait ni tenable, ni gérable pour notre petite association.

Après de nombreux questionnements et réflexions, Framasoft a pris position en décidant de fermer progressivement certains de ces services, de manière planifiée (on vous en parle plus en détail en dernière partie de cet article). Framasite a donc fermé en juillet 2021.

Planète de l’essaimage : transmettre les savoir-faire

Un monde où chacun et chacune peut acquérir et approfondir son indépendance numérique, nous ça nous fait rêver. Nous avons souhaité favoriser des actions qui encouragent l’autonomie numérique, pour mettre à la portée du plus grand nombre un hébergement de confiance solidaire de nos vies numériques. Une belle vision, même si pas toujours facile à mettre en œuvre.

Bilan de la planète de l'essaimage

Des CHATONS pour favoriser les petits hébergeurs locaux

Le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires (CHATONS) a été initié par Framasoft fin 2016 pour donner une suite au projet « Dégooglisons Internet » : permettre aux internautes de s’émanciper en utilisant des outils numériques de confiance (mais cette fois, sans passer par Framasoft).

C’est suite à l’embauche d’Angie en 2019 que la dynamique du collectif aura réellement pris : un tiers de son temps de travail est consacré à animer les échanges entre les membres et à donner davantage de visibilité au collectif et aux structures qui le composent.

Le collectif CHATONS, maintenant reconnu comme solution de confiance pour trouver un hébergeur éthique et des services libres, nous a permis d’essaimer notre projet « Dégooglisons Internet » et d’ainsi explorer d’autres horizons.

Le temps d’animation restant important pour Framasoft, la prochaine étape est la reprise en main progressive de l’animation du collectif… par le collectif lui-même ! Et il se trouve que le sujet est justement en pleine discussion parmi ses membres. Affaire à suivre…!

Trois chatons en pleine exploration

YunoHost ou l’auto-hébergement facile

YunoHost, c’est génial ! C’est un système d’exploitation pour serveur permettant d’installer des services (et leurs mises à jour) en auto-hébergement, facilement, par un clic. Le but de ce projet libre ? Permettre à quiconque d’auto-héberger ses services avec un minimum de connaissances techniques.

Pour soutenir ce projet bénévole, Framasoft, dès janvier 2017, a consacré du temps salarié au développement de YunoHost pour qu’un maximum de services libres de notre campagne « Dégooglisons Internet » puisse être disponible dans cette solution. En 2019 la majorité de ces services y sont présents (mission accomplie !).

Sauf que, si YunoHost a réussi à faciliter grandement l’auto-hébergement, le choix de gérer son propre serveur reste encore difficilement accessible à la majorité des personnes. Nous n’avons donc pas contribué davantage à ce projet pour consacrer nos énergies à explorer d’autres possibles. Et ça aussi, ça fait partie du voyage !

Quand la technique est poétique

Partager notre expérience hors des frontières

« Dégooglisons Internet » est un projet que nous avons volontairement ouvert exclusivement à un public francophone : une petite association française comme la nôtre n’avait pas les épaules pour prendre en charge les données du monde entier, et encore moins l’envie. Seulement, au vu de l’engouement qu’a généré « Dégooglisons Internet » et les questionnements particulièrement riches qu’il a amenés, nous nous sommes mis à rêver. Et si un projet comme « Dégooglisons Internet » pouvait essaimer dans d’autres pays, s’adapter à d’autres cultures, dans d’autres langues et inspirer d’autres collectifs ? Et si « Dégooglisons Internet » devenait un commun international ? (Rien que ça ?!)

Traduction. Le premier pas à franchir est la barrière de la langue : traduire certains contenus a donc été indispensable. Nous avons mené un gros chantier pour rendre différents supports multilangues : articles de blog, pages d’accueil de nos services, site du collectif CHATONS.

Conception d’outils comme des communs internationaux. Nous avons décidé de développer PeerTube et Mobilizon en anglais, puis de les traduire en français. Tout contenu en rapport avec ces logiciels (utilisation du logiciel, actualités, etc.) peut ainsi toucher un public non francophone. Nous avons aussi coordonné la vidéo « What is the Fediverse » en anglais (qui a rapidement été traduite par de nombreuses contributions – merci !). Nos tentatives d’animations sur le réseau social Reddit sont une autre initiative allant dans ce sens.

Interventions en anglais. Nous sommes intervenus en anglais à différentes reprises pour partager notre expérience assez unique : réussir à informer sur les enjeux actuels du numérique tout en proposant des alternatives à une si large échelle tout en restant une structure indépendante du monde capitaliste (sans se la péter, hein !). Nous continuons ces interventions en anglais (tout en assumant notre bel accent), que vous pourrez en partie retrouver sur notre Framatube.

On partait de (vraiment) loin, mais savoir vers où on avait envie d’aller, ça nous a aidées. Le but de tous ces efforts ? Fournir un compost riche, pour que les expérimentations de Framasoft puissent faire germer d’autres initiatives, un peu partout !

Le partage d’expérience, c’est toujours riche !

Contribulle : contribuer au libre

Alors même si on avait trouvé le super slogan « winter is coding », nous n’avons jamais réalisé le projet « Framasoft Winter of Code », un contrepied (de nez) au programme de formation « Google Summer of Code ». À la place, nous avons contribué à Contribulle, un projet qui a pour objectif d’informer sur les nombreuses manières de contribuer au Libre (sans forcément savoir coder) et de mettre en relation les talents et les besoins.

Derrière Contribulle, il y a le groupe de travail « Design et Libre » dont fait partie l’une des membres de Framasoft. Le groupe de travail a exprimé sa volonté de garder une certaine indépendance sur le niveau d’implication de Framasoft dans ce projet (et nous, on trouve ça super !). Nous fournissons ainsi l’infrastructure technique nécessaire à la bonne réalisation du projet (nom de domaine et machine virtuelle pour l’hébergement du site web).

Le projet a été officiellement annoncé en mars 2021 et vous pouvez dès maintenant consulter les différents projets cherchant un coup de pouce, ou proposer le vôtre sur contribulle.org.

Planète de l’éducation populaire : inspirer les possibles

Pour nous, l’éducation populaire, c’est la liberté de chacune et chacun de partager les connaissances et d’y accéder : la base d’un monde meilleur, quoi !

Bilan de la planète de l'éducation populaire

Actions de médiation pour faciliter l’accès à un web éthique

Notre constat de départ : trouver un service web libre et éthique qui corresponde à ses usages demande de nombreuses connaissances et reste difficile d’accès aux personnes les moins à l’aise avec l’outil numérique.

Nous avons donc continué et renforcé nos interventions et ateliers sur le sujet (en présentiel ou en ligne) pour garder un contact humain avec les personnes (c’est toujours bien plus impactant). Vous trouverez quelques-unes de ces interventions sur notre chaîne Framatube.

Nous avons aussi rédigé, soutenu ou participé à de nombreux contenus de sensibilisation et/ou pédagogiques autour du numérique. En voici quelques exemples :

Au fil du temps, nous avons pris conscience que soutenir, participer et réaliser de tels contenus est un levier essentiel pour une émancipation du plus grand nombre, même si un accompagnement humain reste probablement le moyen le plus efficace…

Annuaire « médiation numérique », pratique !

Contribateliers : contribuer au libre

Les Contrib’ateliers sont des rendez-vous de découverte de la contribution au logiciel libre, selon ses compétences et ses envies, et pas seulement sur du code (oui, c’est possible !). Ces ateliers ont commencé sans attente particulière, mais vraiment en se disant « on verra bien si ça prend » – et ça a pris !

Comment ça se passe ? Les co-organisateur·rices réfléchissent à des propositions (des pôles d’activités). Les participant·es choisissent à quel projet libre contribuer parmi ces pôles. Quelques exemples de Contrib’ateliers : participer à la cartographie libre OpenStreetMap, au projet de reconnaissance audio libre Common Voice, à la traduction de logiciels, mais aussi à des discussions autour de la vie privée en général…il y en a pour tous les goûts !

La pandémie passant par là, cette belle dynamique a été un peu chamboulée, mais, continuant sur sa lancée, l’équipe d’organisation a proposé des Confin’ateliers, la version en ligne des Contrib’ateliers.

L’expérimentation a été réellement intéressante, même si le rythme s’est, aujourd’hui, un peu essoufflé. Si l’envie vous prend de rejoindre l’aventure des Contrib’ateliers, sachez que toute l’équipe vous accueillera à bras ouverts !

Un Contrib’atelier pas si commun

MOOC CHATONS : saisir les enjeux des géants du web sur nos vies

Le premier module du MOOC CHATONS « Internet, Pourquoi et comment reprendre le contrôle ? » a été mis en ligne début 2020 (en nous ayant donné du fil à retordre…).

Ce fut particulièrement stressant pour nous de faire en sorte de respecter nos engagements avec notre partenaire (la Ligue de l’Enseignement) et le financeur (la fondation Afnic), tout en faisant face à de nombreux obstacles. Nous avons à différents moments pris de mauvaises décisions (sur la manière d’ordonner nos idées et de nous organiser à plusieurs) et nos équipes (Framasoft et la Ligue) se sont retrouvées en effectif réduit : des conditions non optimales qui nous ont fait prendre un an dans la vue. La sortie du MOOC a donc eu lieu quelques semaines avant l’annonce du tout premier confinement : les équipes de Framasoft ont très rapidement eu beaucoup d’urgences à traiter, prenant la priorité sur la promotion et l’animation du MOOC. Nous n’avons donc pas pu prendre soin du projet ou de sa communauté autant que nous l’aurions voulu.

Toutefois, nous sommes fier⋅ères du travail réalisé et du contenu créé qui correspondent tout à fait au discours porté par l’association autour des enjeux du numérique, et notamment celui de la toxicité des GAFAM.

Cours « hors ligne » des chatons

UPLOAD, un projet sur le long terme

L’Université Populaire Libre, Ouverte, Autonome, et Décentralisée (UPLOAD) est un grand projet d’éducation populaire initié et coordonné par Framasoft (pour le moment), mais dans une logique décentralisée et en réseau.

L’objectif ? Contribuer (à notre échelle) à rendre la société plus juste et notre monde plus vivable, en misant sur la formation des citoyen⋅nes par les citoyen⋅nes. Les sujets traités sont vastes, on inclut ainsi « tous les sujets qui intéressent la société », mais pour le moment surtout en lien avec le numérique (parce que c’est la génétique de Framasoft) et l’écologie (parce que c’est inévitable).

Les principaux projets que l’on trouve dans UPLOAD :

UPLOAD est ainsi un projet expérimental, où, pour le moment, la production de ressources et le tissage de liens prennent volontairement le pas sur la structuration formelle du projet.

Un voyage riche en apprentissages

Comme tout voyage, l’exploration des planètes de Contributopia nous a beaucoup appris. On a expérimenté, essayé, changé d’avis. On s’est formé, on s’est entraidé, on a partagé. Et on a aussi profité de tous ces moments, parce que c’est ça aussi le voyage !

État des lieux de Framasoft en 2022

« Déframasoftisons Internet » : une étape nécessaire et maintenant terminée !

Au fur et à mesure de notre exploration, nous nous sommes rendu compte que rester une petite association à taille humaine (moins de 40 membres dont 10 salarié⋅es) et continuer à un rythme si intense (près de 40 services en ligne à maintenir), ce n’est pas compatible. Nous tenons à notre petite taille, à la qualité des liens que nous avons entre membres et avec le public de l’association. Nous tenons surtout au soin que l’on peut s’apporter les un⋅es aux autres. Grossir n’étant pas une option, nous avons choisi une toute autre stratégie.

Nous avons ainsi, en 2019, annoncé une nouvelle étape : «Déframasoftisons Internet ». Une fermeture planifiée (jusqu’en 2022) de certains services, pour progressivement réduire la charge qui pesait sur nos épaules (tout en proposant des alternatives !). Nous avons pris le temps de détailler nos raisons (en ayant conscience qu’elles pouvaient paraître parfois contre-intuitives).

Maintenant, « Déframasoftisons Internet », c’est fini ! Les différentes fermetures ou restrictions de services sont bel et bien terminées. Nous avons ainsi mis à jour le site degooglisons-internet.org pour laisser une vitrine à l’ensemble de nos services libres et gratuits, à disposition de toutes et tous. Vous trouverez également les alternatives aux services expérimentaux dorénavant fermés sur la page alt.framasoft.org.

Quand Framasoft renvoie vers d’autres hébergeurs éthiques

Nos intentions ont évolué

En expérimentant généreusement sur la planète de l’éducation populaire, nous nous sommes rendu compte que l’association était en pleine mutation, et qu’il était temps de l’officialiser.

Ainsi, notre objet social a évolué pour passer « d’association de promotion de la culture libre en général et du logiciel libre en particulier » en « association d’éducation populaire aux enjeux du numérique et des communs culturels ».

Selon nous, le logiciel et la culture libre restent au cœur des actions de l’association, mais deviennent un moyen, et non une fin. L’objectif devient alors de réfléchir et mettre en place des actions diverses qui facilitent l’émancipation des internautes.

 

L’association réalisant qu’il est temps de changer l’objet social

Framasoft n’est pas bonne partout…

…et on l’assume !

On ne sait pas accueillir la contribution. Le comble ! Dans l’association, beaucoup de projets avancent en parallèle, menés par des membres qui sont déjà sur différents fronts. Nous sommes peu nombreux et nombreuses, nos énergies sont limitées, et quand on nous dit « J’aimerais vous aider », on ne sait jamais quoi répondre. Et c’est en partie parce que l’on sait qu’un accompagnement de qualité demande du temps, et on a plutôt tendance à en manquer !

On ne fait pas émerger une communauté comme par magie. On a voulu laisser Yakforms à la communauté, mais sans l’animer, ça ne fonctionne pas ! En 2020, nous avons fait le choix de séparer clairement Yakforms (le logiciel) et framaforms.org (l’instance de Yakforms gérée par Framasoft), pour faire émerger une communauté pouvant le maintenir quand nous n’en aurions plus les moyens. Seulement, à une période où l’équipe était déjà épuisée, nous n’avons pas eu l’énergie de « pousser » Yakforms pour justement faire émerger cette communauté. Raté !

On a du mal à avancer au rythme des autres. À Framasoft, on aime expérimenter, et en expérimentant souvent on va vite, on essaye, on se plante, on réessaye, on y arrive (ou pas !). En tout cas, les expériences de travail avec d’autres collectifs ou partenaires nous ont appris que souvent nous n’avons ni le même rythme, ni la même façon de travailler, et que ça peut être très frustrant (parce que nous on aime avancer plutôt vite, quitte à se planter…).

Oups !

Archipélisation : les liens avec les autres sont essentiels

On utilise depuis maintenant quelques années la notion d’archipélisation en référence à nos relations avec les autres. Chacun⋅e est une île avec son identité et baigne dans les mêmes eaux que ses voisines, et ça, ça nous parle beaucoup :

Chacun⋅e son identité, sa culture, sa raison d’être, ses objectifs, ses moyens.
Mais on se retrouve sur des valeurs ou des stratégies communes.
On fait le choix de coopérer, même ponctuellement.

Le problème général de notre société étant le système (capitalisme de surveillance), contribuer à un autre système (qui favorise les communs) nous semble une voie d’espoir. Alors, l’idée d’accompagner celles et ceux qui veulent changer le monde vers des usages numériques cohérents avec leurs valeurs, ça nous plaît !

Nous avons ainsi beaucoup expérimenté et tissé de liens avec d’autres acteurs et actrices dont l’objet social n’est pas nécessairement le numérique. Interconnecter différentes militances apporte énormément au savoir commun, et par ricochet au bénéfice commun.

La contribution aux communs, ça génère une sacrée énergie !

L’énergie humaine est la plus précieuse

On a beau s’investir et travailler sur des sujets en rapport avec le numérique, on se rend très bien compte que l’énergie des femmes et des hommes est indispensable.

Dans la force de notre collectif. Framasoft ne souhaite pas grossir pour bien des raisons, et prendre soin de ses membres est une des plus importantes. Garder des relations privilégiées où on peut échanger, débattre, ne pas être d’accord, s’écouter, prendre le temps de se comprendre, et avancer, c’est pour nous essentiel.

Dans l’animation de collectif et de communautés. Pour qu’une dynamique commune prenne, il faut y mettre de l’énergie et de l’énergie humaine ! CHATONS est un collectif qui a pris une fois qu’une personne y a consacré une partie de son temps. La communauté Yakforms n’a pas émergé, car pour le moment personne n’a pris les devants. Comme toute relation qui s’entretient, la vie d’un collectif doit être prise avec soin, où chacun⋅e y met de soi.

Dans l’accompagnement au changement d’outils. Un changement d’outil numérique, c’est un changement d’habitudes, et changer son quotidien c’est difficile. Nous nous rendons compte qu’un accompagnement humain est souvent plus « efficace », moins déstabilisant et plus facile à appréhender. Mais comment trouver un bon équilibre entre accompagner les bénéficiaires et les autonomiser ? Sans trop vous en dire, on va travailler sur la question prochainement.

Petits humain⋅es chatons très investis

Besoin d’affirmer à l’extérieur du pourquoi on fait tout ça

Ce long voyage nous a permis, en tant que collectif, de nous affirmer, d’évoluer et de donner du sens à notre projet associatif. Nous faisons des choix qui ne plaisent pas à tout le monde mais qui sont en accord avec le monde que l’on désire (eh oui, on va continuer à assumer l’écriture inclusive !), une dose de déconne ça nous motive à avancer (framaprout c’est la concrétisation d’une bonne blague), et notre positionnement politique se clarifie (on a de plus en plus envie de s’adresser à celles et ceux qui œuvrent pour plus de progrès social et de justice sociale).

Seulement, ces convictions internes ne sont pas toujours connues par nos bénéficiaires, et parfois en total décalage (non, nous ne sommes pas neutres : nous ne « devons » ni ne voulons cette place !). C’est pour clarifier tout ça au monde (rien que ça ?) que nous avons travaillé dernièrement à l’élaboration d’un manifeste qui exprimera clairement et sincèrement nos intentions aux yeux de toutes et tous. Et on nous glisse dans l’oreillette que très bientôt vous en verrez le bout du nez…

Framasoft, auto-portrait (presque) réaliste

Et maintenant ?

Ce passionnant voyage nous a permis d’expérimenter, d’essayer, de nous tromper, de réessayer, d’être plus à l’écoute de ce que nous voulons, ce à quoi nous aspirons, et ce vers quoi nous voulons aller.

Si nous avons pu l’entreprendre, c’est bien grâce à vous, grâce à vos dons.

On a maintenant envie d’embarquer toute la basse-cour sur notre radeau, parcourir les ruisseaux, les mares, les rivières. Prendre aussi le temps de barboter, de se prendre le bec ou de profiter. Aller plus loin avec celles et ceux qui partagent nos valeurs. Inviter les contributopistes à notre table, préparer ensemble le repas et confronter nos points de vue.

Bref, quelque chose de plus collectif, de plus convivial. Et on vous en parle très vite.

 

Soutenir Framasoft

 

Ressources




Khrys’presso du lundi 3 octobre 2022

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


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Spécial femmes dans le monde

Spécial France

Spécial femmes en France

Spécial médias et pouvoir

  • Drahi vs Reflets : Le secret des affaires ou le journalisme (blast-info.fr)
  • Next INpact attaqué en justice par Avisa Partners (nextinpact.com)

    Arrêt sur Image, Mediapart, l’ADN ou encore Reflets sont également attaqués par cette société.Nous allons engager un avocat pour nous défendre contre cette plainte insensée et infondée, mais également défendre la liberté de la presse indépendante. Nous ne céderons à aucune pression.

  • De quoi la mort du Ravi est le nom (acrimed.org)

    Dans un pays où ce sont des initiatives privées qui viennent pallier les défaillances étatiques en matière de défense du pluralisme, le « projet pour une presse libre » de Pierre Rimbert du Monde diplomatique est on ne peut plus d’actualité. Comme la création d’un Syndicat de la Presse Pas Pareille. Et tout cas, si tout cela se mettait en place, on en serait… Ravi !

  • Classement de l’insécurité : Brest passe devant Caracas en quelques heures (contre-attaque.net)

    «Insécurité : Nantes pire que Bogota», «La France plus dangereuse que le Mexique». Voici les énormités que nous servent les médias dominants depuis une semaine. Des intox grotesque et même indécentes, basées sur un «classement» sur un site internet à partir de votes anonymes.

  • Valérie Rey-Robert : « Le problème, ce n’est pas la télé-réalité, c’est ceux qui la font » (bondyblog.fr)

    À gauche, on a un défaut immense, c’est de considérer que le camp d’en face est débile, qu’il n’a aucun projet politique. Force est de constater que, tant pour TPMP que pour la télé-réalité, ce sont des programmes qui véhiculent des idées hyper-réactionnaires.

RIP

Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…

Spécial résistances

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

  • Le pouvoir des infrastructures – Comprendre la mégamachine électrique (lundi.am)
  • A Rant About “Technology” (ursulakleguinarchive.com)

    Technology is the active human interface with the material world.But the word is consistently misused to mean only the enormously complex and specialised technologies of the past few decades, supported by massive exploitation both of natural and human resources.This is not an acceptable use of the word. “Technology” and “hi tech” are not synonymous, and a technology that isn’t “hi,” isn’t necessarily “low” in any meaningful sense. […] Anybody who ever lighted a fire without matches has probably gained some proper respect for “low” or “primitive” or “simple” technologies; anybody who ever lighted a fire with matches should have the wits to respect that notable hi-tech invention.

  • On entend trop le mot « algorithme » (framablog.org)
  • Turning Every Rooftop into Content (logicmag.io)

    Zillow is more than just a real-estate website: It’s a window into the American dream.

  • Réflexion critique pour survivre à la Collapsologie (lenumerozero.info)
  • Lire- Federico Tarragoni « Émancipation » (unioncommunistelibertaire.org)

    L’émancipation, cette fragilité héroïque, est un véritable saut dans le vide. Elle apparaît chaque fois que les individus résistent à des rapports de domination. […] « En s’émancipant, l’individu se relie à de nouveaux collectifs. Pour refuser sa place de dominé et accepter l’incertitude des lendemains, il a besoin d’un collectif protecteur et sécurisant. » […] Aujourd’hui, « nous nous trouvons à un carrefour. Plus nous banaliserons les états d’urgence démocratiques, plus nous assimilerons la liberté à la consommation, plus nous trouverons confortable l’état de léthargie civique engendré par la gestion gouvernementale des risques sociaux (sanitaires, financiers, sécuritaires, climatiques…), plus l’émancipation s’effacera. »

  • « Non ti schiantare » : en route vers Rome et le fascisme qui vient (lundi.am)
  • « Il serait beau de témoigner que nous avons conscience de notre nuit » (lundi.am)

    C’est donc assez déconcertant de constater que les « nouvelles mesures » décrétées dans le monde entier afin de contrer le COVID-19, existent en fait depuis plus de quarante ans en Iran. Ici, temporaires. Là-bas, institutionnelles. Seulement, ces mesures, imposées par la force, ne sont pas là pour protéger ou préserver la vie humaine. Loin de là, elles servent les intérêts d’un régime fasciste. […] Autre exemple de décalage : la distanciation sociale, un terme nouveau pour notre inconscient. Notre inconscient collectif. Mais ailleurs ça a toujours existé. C’est la règle de base en Iran : les hommes gardent une distance vis à vis des femmes. Ne pas serrer la main des femmes. Ne pas toucher. Aucun contact physique. La distanciation, là-bas, c’est la ségrégation des sexes. […] Là-bas il n’y a pas besoin de masque. Il y a le voile, le tchador.

  • « La religion : opium du peuple et alliée du patriarcat » (humanite.fr)

    Les manifestations continuent en mémoire de Mahsa Amini, morte pour avoir mal porté son voile, au paroxysme inqualifiable de l’oppression des femmes. Dans les sociétés où nos droits sont les plus mis à mal, comme en Iran ou en Afghanistan, on ne prend même plus la peine de tenter de dissimuler les inégalités, on les revendique comme un mode de vie. […] Prétendre avoir une approche féministe d’une religion, n’importe laquelle, c’est devoir remonter une pente à 90 degrés. […] À l’échelle de l’humanité, notre asservissement a toujours existé dans les pratiques et dogmes religieux. Il est impossible d’attribuer la cause de notre oppression à une religion déterminée. En synthèse, l’islam n’est pas plus con qu’une autre.

  • Décoloniser les imaginaires de la révolte (lundi.am)

    « Femmes, Vies, Libertés, sauvons-nous de nos sauveurs »

  • Cher Jean-Luc (blogs.mediapart.fr)
  • Eric la Blanche : « Être un mec, un « vrai », c’est (un peu) être un connard » (lesnouvellesnews.fr)
  • Ces salariés de Lubrizol ont empêché des milliers de morts à Rouen, il y a trois ans (actu.fr)
  • Richard Nixon exposed to radiation on Moscow trip in 1959, documents reveal (theguardian.com)

    Vice-president and wife exposed to ‘massive dosages’ of ionising radiation at US ambassador’s residence, declassified files show

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On entend trop le mot « algorithme »

Dans les débats politiques au sujet du Web et du numérique en général, on parle souvent d’« algorithmes ». Il n’est peut-être pas inutile de revenir sur ce qu’est un algorithme et sur ce qu’il n’est pas. Si vous êtes informaticien·ne, vous savez déjà tout cela, mais, si ce n’est pas le cas, vous apprendrez peut-être ici une chose ou deux.

Par exemple, dans le numéro 3790 du magazine Télérama, en date du 3 septembre 2022, la directrice générale de YouTube, Susan Wojcicki, déclarait « Nous ne faisons pas d’éditorial au sens propre puisque tous nos contenus sont recommandés par des algorithmes ». Cette phrase est un condensé de mensonges, bien sûr. Wojcicki est bien placée pour savoir ce qu’est un algorithme mais elle essaie de faire croire qu’il s’agirait d’une sorte de processus magique et éthéré, flottant loin au-dessus des passions humaines, et n’agissant que pour notre bien.

Au contraire, un algorithme est une suite de décisions. Un algorithme, c’est un ensemble d’étapes qu’on va suivre pour un certain but. Choisir le but est déjà une décision. (Quel est le but des algorithmes de recommandation de YouTube ? Probablement de vous faire rester le plus longtemps possible, pour que vous avaliez davantage de publicité.) Mais choisir les étapes est aussi une décision. Rien dans le monde numérique ne se fait tout seul : des personnes ont décidé de l’algorithme. Que les recommandations de YouTube soient issues d’un humain qui vous observerait et déciderait, ou d’un programme automatique, dans les deux cas, c’est la décision de YouTube. Et il y a donc bien « éditorialisation ». YouTube n’est pas neutre. Même chose évidemment pour le moteur de recherche de la même entreprise, Google. Il classe les résultats en fonction de ce que Google a décidé, lors de l’écriture du programme. (Notez que c’est bien ce qu’on demande à un moteur de recherche : s’il trouvait 10 000 résultats et ne les classait pas, on serait bien ennuyé·e.)

On explique parfois l’algorithme en citant l’exemple d’une recette de cuisine : faites ceci, puis faites cela, ajouter ça, mettez le four à telle température. Mais les algorithmes ne sont pas juste une suite d’étapes, à effectuer quoiqu’il arrive. Ils incluent notamment ce qu’on nomme des tests, par exemple « si telle condition, alors faire ceci, sinon faire cela ». Un recette de cuisine qui contiendrait « si vous avez de la moutarde, ajoutez-en une cuillère » donne une meilleure idée de ce qu’est un algorithme.

Le mot d’algorithme vient d’Al-Khwârizmî (محمد بن موسى الخوارزمي), un mathématicien d’origine persane du 8e-9e siècle, qui travaillait à Bagdad (la Silicon Valley de l’époque, là où il fallait être pour travailler au plus haut niveau). Mais le concept d’algorithme existait bien avant lui. Vous avez peut-être appris à l’école l’algorithme d’Euclide pour trouver le PGCD (plus grand commun diviseur), algorithme conçu plus de dix siècles avant Al-Khwârizmî. Mais ce dernier a été le premier à décrire en détail l’idée d’algorithme et à proposer une classification des algorithmes.

 

Statue d'Al-Khwârizmî
Statue d’Al-Khwârizmî à Khiva, Ouzbékistan (portrait imaginaire, car on ne connait pas de portrait réel de l’époque).

 

Le principe de l’algorithme est donc très antérieur à l’ordinateur. Par exemple, une personne qui répond au téléphone pour une « hotline » a en général reçu des instructions extrêmement précises sur ce qu’il faut dire et pas dire, avec interdiction de s’en éloigner. Dans le monde des « hotlines », cela se nomme un script, mais c’est aussi un algorithme ; si le client dit ceci, répondre cela, etc. Remplacer les algorithmes par des humains pour les décisions, comme le préconisent certains, n’a donc pas de sens si ces humains appliquent strictement un script : ce sera toujours un algorithme.

 

Euclide
Euclide, vu par le peintre Justin de Gand. (Là encore, c’est une œuvre d’imagination, on ne sait pas à quoi ressemblait Euclide)

 

Et à propos d’humains qui suivent un algorithme, comment se faisaient les calculs longs et complexes avant l’invention de l’ordinateur ? Il y avait des aides mécaniques (boulier, règle à calcul…) mais le gros du travail était fait par des humains. En français, autrefois, une « calculatrice » n’était pas un ordinateur mais une humaine qui passait sa journée à mouliner des chiffres. On pouvait avoir comme métier « calculatrice dans une compagnie d’assurances ». Même chose pour « computer » en anglais ; désignant aujourd’hui un ordinateur, il désignait autrefois un·e humain·e. Ce travail est bien montré dans le film « Les figures de l’ombre », de Theodore Melfi, qui se passe au moment où ces calculateurs humains sont peu à peu remplacés par des ordinateurs. (Le titre français du film fait perdre le double sens du mot « figures » en anglais, qui désigne un visage mais aussi un chiffre.)

Les programmes, eux, sont bien plus récents que les algorithmes. Ils sont également apparus avant l’invention de l’ordinateur, mais n’ont réellement décollé qu’une fois qu’on disposait d’une machine pour les exécuter automatiquement, et fidèlement. Un programme, c’est la forme concrète d’un algorithme. Écrit dans un langage de programmation, comme PHP, Java, Python ou Rust, le programme est plus précis que l’algorithme et ne laisse place à aucune ambiguïté : les ordinateurs ne prennent pas d’initiatives, tout doit être spécifié. La maternité de la programmation est souvent attribuée à Ada Lovelace au 19e siècle. Comme toujours dans l’histoire des sciences et des techniques, il n’y a évidement pas un·e inventeu·r·se unique, mais une longue chaîne de personnes qui ont petit à petit développé l’idée.

 

Un programme mettant en œuvre l'algorithme d'Euclide
Un programme écrit dans le langage Python, et mettant en œuvre l’algorithme d’Euclide de calcul du PGCD.

 

Le premier point important de cet article était qu’un algorithme, c’est une série de décisions (et la déclaration de Wojcicki au début, lorsqu’elle essaie de diminuer la responsabilité de YouTube, est donc ridicule). Un algorithme n’est pas un phénomène naturel mais la formalisation de décisions prises par des humains. Le fait qu’il soit programmé, puis exécuté par un ordinateur, n’exonère donc pas ces humains de leurs choix. (Et, je me répète, demander que les décisions soient prises « par des humains et pas par des algorithmes » n’a guère de sens : ce sont toujours des humains qui ont décidé, même quand leur décision passe via un algorithme.)

Le deuxième point qui me semble important est que tout système informatique (et je rappelle que l’engin plat qu’on met dans sa poche, et que le marketing nomme « smartphone », est un ordinateur) fonctionne avec des algorithmes. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait déclaré, à propos de la surveillance automatisée des citoyens, « De plus, alors que toutes les sociétés commerciales peuvent utiliser les données fournies par des algorithmes, seul l’État n’aurait pas le droit de le faire […] ? » et avait appelé à « pérenniser l’utilisation des algorithmes ». Par delà la question politique de fond, ces déclarations sont bien sûr absurdes. L’État utilise des algorithmes depuis longtemps, depuis qu’il utilise des ordinateurs. Mais il ne s’agit pas seulement de l’ignorance (et du mépris pour la technique) d’un ministre. L’utilisation du terme « algorithme » vise à faire croire qu’il s’agit de quelque chose de nouveau, afin de brouiller le débat sur les usages de l’informatique, et d’empêcher les citoyen·nes d’y participer utilement. La réalité, je le redis, est que cela fait longtemps qu’il existe des algorithmes et qu’ils sont utilisés.

Il y a par contre une nouveauté qui a pris de l’importance ces dernières années, ce sont les systèmes à apprentissage (parfois désignés par l’acronyme marketing IA – Intelligence Artificielle, qui ne veut rien dire) ou machine learning en anglais. Il existe de nombreux systèmes de ce genre, très variés. Mais le point commun est l’utilisation d’algorithmes qui évoluent sous l’influence des données qu’on leur donne. Pour prendre un exemple simpliste, on donne au programme des photos de chiens et de chats, lui indiquant à chaque fois s’il s’agit d’un chien ou d’un chat, et, après un grand nombre de photos, le programme aura « appris » et pourra classer correctement une nouvelle photo. Il y a beaucoup à dire sur ces systèmes à apprentissage mais, ici, je vais me contenter de faire remarquer qu’ils ne remettent pas en cause le pouvoir de décision. Au lieu de règles explicites dans un algorithme (« s’il a des griffes rétractiles, c’est un chat »), le système de décision est composé de l’algorithme qui apprend et des données qu’on lui soumet.

Il n’y a donc pas de changement fondamental : le système informatique qui prend la décision a toujours été conçu et entraîné par des humains, et ce sont leurs choix qui se refléteront dans les décisions. Ainsi, si on utilise un tel système pour traiter les CV dans un service de ressources humaines, si l’entreprise avait l’habitude de recruter préférentiellement des hommes, et si on entraîne l’algorithme avec les choix passés, il se mettra à privilégier les CV des hommes, pas parce qu’il serait « sexiste » (les algorithmes n’ont pas d’opinion ou de préjugés) mais parce que c’est ce que ses maîtres humains lui ont demandé, via les données qu’ils ont choisies.

Bref, chaque fois que vous entendrez quelqu’un éluder sa responsabilité en se cachant derrière « c’est l’algorithme », rappelez-lui qu’un algorithme, c’est un ensemble de décisions prises par des humains, et que ces humains sont responsables de ces décisions.




Khrys’presso du lundi 26 septembre 2022

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) 😉

Brave New World

Spécial femmes dans le monde

Spécial France

Spécial femmes en France

  • Contraception : la pilule du lendemain bientôt gratuite pour toutes (liberation.fr)

    en pharmacie, de manière gratuite et sans ordonnance, à tout âge

  • Santé des femmes enceintes et des nourrissons : situation «préoccupante» pour Santé publique France (liberation.fr)

    Mortalité néonatale et pathologies maternelles en hausse, natalité en baisse, inégalités territoriales… Pour la première fois, Santé publique France livre un rapport sur la santé périnatale en France sur quasiment une décennie, entre 2010 et 2019.

    Lien vers la présentation du rapport (téléchargeable en pdf).

  • En cours d’éducation physique, ces stéréotypes qui pénalisent les filles (theconversation.com)

    Les femmes sont censées développer des compétences liées à l’expression des émotions et à la prise en charge des autres. En d’autres termes, dans les rôles qui consistent à veiller au bien-être d’autrui. Cependant, les hommes sont censés développer des compétences liées à la compétitivité et à la réussite. […] En sport, les femmes sont censées être douées pour des disciplines telles que la gymnastique, la danse sportive, le patinage, le volley-ball. Dans ces sports, l’expression corporelle et la collaboration avec les autres membres d’une équipe sont encouragées.
    En revanche, les hommes sont censés développer des compétences sportives dans des domaines tels que le football, le handball, le cyclisme et le basket-ball. Dans ces derniers sports, la compétitivité, la concurrence et le leadership sont encouragés.

  • “Impunité”, le livre coup de poing d’Hélène Devynck sur l’affaire Patrick Poivre d’Arvor (telerama.fr)

    La journaliste publie ce 23 septembre un ouvrage sur le combat des femmes victimes des viols et agressions sexuelles qu’aurait commis PPDA. Un récit qui ausculte les mécanismes de libération de la parole et met en question le système judiciaire.

  • Frédéric Beigbeder réagit aux révélations de «Libé» dans l’affaire PPDA : «J’étais très con à cette époque» (liberation.fr)

    La réponse concise qu’il nous a finalement envoyée reprend l’argumentaire aujourd’hui rodé de toute personne confrontée à une accusation de négligence ou de complicité face à des faits de violences sexuelles et sexistes. […] D’après le récit de l’autrice, Beigbeder aurait alors explosé de rire : «C’est normal, tu es une fille.» Arrivant alors dans le bureau de Beigbeder à Flammarion, Michel Houellebecq aurait demandé ce qui se passait. «Il se passe que PPDA a essayé de sauter Bénédicte», aurait répondu Beigbeder. Et Houellebecq de conclure : «Rien ne change alors.»

  • Affaire PPDA: la cérémonie de remise du Grand prix du rayonnement finalement reportée (liberation.fr)

    La présence de l’ancien journaliste de TF1 dans l’organigramme du jury avait suscité l’indignation.

  • Signalement de violence sexiste: Julien Bayou se met en retrait du groupe parlementaire (liberation.fr)

    Dans un communiqué, le groupe parlementaire écologiste acte la «mise en retrait» de son coprésident. Plus tôt dans la journée, le parti avait confirmé qu’un signalement avait bien été déposé contre le secrétaire national en juillet 2022.

  • Violences sexistes : le débat agite (enfin) LR (humanite.fr)

    Bruno Retailleau, candidat à la présidence des « Républicains », veut une cellule dédiée aux VSS. Ses concurrents Aurélien Pradié et Éric Ciotti sont contre.À l’heure actuelle, une militante LR agressée n’a donc aucune instance à qui se confier au sein de sa formation politique. Pourtant, les affaires ne manquent pas. Outre la condamnation de l’ex-secrétaire d’État Georges Tron pour viol, les accusations ayant ciblé l’actuel ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, relèvent de faits présumés ayant eu lieu quand il était encore encarté chez LR, en 2009 et 2015. Idem dans le cas de l’ex-ministre des Solidarités Damien Abad, ancien des « Républicains ».

  • Violences conjugales: la sortie de Manuel Bompard qui ne passe pas du tout (liberation.fr)
  • Les violences sexistes et sexuelles sont aussi affaire de politiques (liberation.fr)

    Alors que la parole des femmes continue de se libérer, les partis politiques doivent arrêter de faire l’autruche et prendre chaque plainte davantage au sérieux.

  • Jacquie et Michel: la fin de la légitimité d’un système (liberation.fr)

    C’est l’homme à la tête du système, fondateur multimillionnaire de la plateforme pornographique Jacquie et Michel, mis en examen pour «complicité de viol aggravé» et «traite d’être humain». Si «Jacquie» n’existe pas, Michel existe malheureusement, et des milliers de femmes peuvent en témoigner. Pourtant, on pourrait presque en douter, tant il a réussi en deux décennies d’expansion à rester dans l’ombre.

Spécial médias et pouvoir

  • Reflets poursuivi par Altice : la liberté d’informer menacée (reflets.info)

    Le groupe de Patrick Drahi tente de contourner le droit de la presseNotre journal est assigné devant le tribunal de commerce en référé. Altice souhaite le retrait des articles déjà publiés et l’interdiction pour Reflets, et donc pour toute la presse, de pouvoir consulter les documents publiés sur Internet par le groupe de ransomware HIVE. […] Un procès, même gagné coûte cher. Les frais engagés pour notre défense ne nous seront pas remboursés (au mieux une infime partie). Nous avons pour l’instant fait face à un premier procès en diffamation sur les fonds de Rebuild.sh mais nous ne pourrons pas assurer le coût de trois procès. Nous lançons donc un crowdfunding pour nous permettre de contrer ceux qui veulent nous faire taire par des procès bâillon.

  • Censure ministérielle : vers un retour de l’ORTF en Lorraine ? (snjcgt.fr)

Le facepalm de la semaine

Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…

Spécial résistances

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

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Enquête « Ce que vous pensez de Framasoft » : les résultats

« Framasoft ne piste personne. Pour savoir ce que vous pensez de ce que nous sommes et ce que nous faisons, nous avons bien quelques indices… Mais le mieux reste de vous poser la question ! »

Ainsi débutait l’enquête que nous avions lancée le 23 mai 2022 et qui aura duré jusqu’au 26 juin dernier.

L’objectif était donc de mieux connaître les utilisateur⋅ices de nos services (tranche d’âge, vos engagements, votre rapport au numérique, etc.), et d’essayer de comprendre comment vous, vous nous perceviez. Rappelons aussi que l’enquête était parfaitement anonyme (on ne vous demandait ni votre nom/pseudo, ni adresse mail, et les adresse IP étaient anonymisées).

Capture écran du formulaire
Capture écran du formulaire, cliquez pour l’agrandir.

 

Le premier fait marquant de cette enquête, c’est d’abord le nombre de réponses collectées : 12 664 !

Honnêtement, nous n’en espérions pas autant. Votre large implication nous permet d’avoir un échantillon que nous pensons être suffisamment représentatif. En effet, même si le réseau Framasoft accueille plus d’un million de visiteur⋅euses par mois, la plupart de ces personnes ne savent pas du tout qu’elles utilisent un service associatif, financé par les dons (merci !).

Le second fait marquant, c’est que les réponses libres sont, dans leur immense majorité, très élogieuses ! Alors évidemment, on ne s’emballe pas : nous nous doutons bien que les personnes qui ont pris cinq minutes de leur vie pour répondre au formulaire d’enquête d’une association sont plutôt « bien disposées » vis-à-vis de cette association.

Vous avez en effet apporté 10 482 commentaires à la question « Vous pouvez commenter vos cinq choix dans le champ libre suivant, si vous le souhaitez », et 7 092 messages à la question « Si vous voulez nous adresser un petit mot ». L’inconvénient, c’est que, par conséquent, nous ne pouvons pas en faire une synthèse complète ici 😅 (mais on les a tous lus, promis !!)

Donc, faisons une rapide analyse concernant la perception de Framasoft pour les répondant⋅es 🙂

Framasoft, c’est…

Nous commencions par essayer de comprendre ce que Framasoft représentait pour vous

Capture écran du formulaire
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Vrai Faux Je ne sais pas répondre
…une entreprise de développement de logiciels libres 6 441 4 983 1 042
…des gauchistes du web 3 372 6 066 2 905
…apolitique (et ça doit le rester) 7 812 2 638 1 992
…une structure qui doit grandir pour accueillir la demande 6 436 2 230 3 725
…uniquement pour la défense et promotion du logiciel libre 6 234 4 027 2 154
…trop neutre, politiquement 761 7 750 3 807
…pour tout le monde, même les grosses entreprises 8 147 2 143 2 134
…une association qui ne veut pas grossir 3 417 3 662 5 311
…anticapitaliste 5 601 2 579 4 194
…bien sympa, mais j’aimerais un peu plus de sérieux 500 10 049 1 819
…contre la centralisation 8 875 761 2 790
…trop peu engagé dans l’écologie 886 5 617 5 853
…fait pour des personnes qui partagent les mêmes valeurs 7 017 3 292 2 091
…un collectif qui tient à son statut associatif 9 882 87 2 510

 

Les trois réponses récoltant le plus de « Vrai » sont

  1. …un collectif qui tient à son statut associatif
  2. …contre la centralisation
  3. …pour tout le monde, même les grosses entreprises

Les trois réponses qui récoltent le plus de « Faux » sont

  1. …bien sympa, mais j’aimerais un peu plus de sérieux
  2. …trop neutre, politiquement
  3. …des gauchistes du web

Quant aux trois réponses ayant le plus de « Je ne sais pas » (et donc intéressant pour nous à clarifier)

  1. …trop peu engagé dans l’écologie
  2. …une association qui ne veut pas grossir
  3. …anticapitaliste

 

Ce que Frama fait

Cette question nous permettait de savoir si vous connaissiez (ou pas) nos actions phares, et si vous en avez bénéficié au moins une fois en 2021 ou 2022.

 

Capture écran "Les actions de Framasoft"
Cliquez pour agrandir l’image

 

Je connais et j’en profite Je connais mais je n’en profite pas Je ne connais pas
Conférences, ateliers et rencontres (en 2021-2022) 476 5 311 6 702
PeerTube 2 224 4 905 5 296
Services (Framapad, Framaforms, Framalistes, Framadate…) 10 747 1 162 652
Framablog 2 067 5 953 4 458
Mobilizon 707 4 657 7 007
Guides et outils (Résolu, MOOC CHATONS…) 2 421 4 634 5 418
Le conseil à d’autres associations/collectifs 677 3 815 7 949
Framabook / Des Livres en Communs 1 254 4 595 6 618
Support (aide reçue dans le forum, par email, ou autres) 1 498 5 293 5 636
Framalibre 3 727 2 976 5 741
Interventions publiques (médias, institutions, etc.) 1 552 3 875 6 998
Animation du collectif CHATONS 1 108 5 125 6 184

 

Bon, sans surprise, plus de 9 personnes sur 10 ayant répondu nous connaissent avant tout pour nos services. Par contre, nous étions un peu surpris⋅e de nous rendre compte qu’autant de personnes ne connaissent pas Mobilizon, Framabook, ou nous imagine uniquement derrière des écrans, et non devant le public.

 

Si vous étiez aux manettes…

D’après vos messages, il a été particulièrement difficile pour vous de répondre à cette question, qui vous proposait de vous mettre à la place de « pilote dans l’avion Framasoft » et de choisir cinq (et uniquement cinq) actions à prioriser.

Capture écran "Projets à prioriser"
Cliquez pour agrandir l’image

 

Services en ligne (Framapad, Framadate, Framaforms, Framalistes, etc.) 10 389
Conseils aux associations et collectifs 5 906
Animation du collectif CHATONS 2 856
Développements de logiciels fédérés (PeerTube, Mobilizon) 6 430
Travail de fond sur des logiciels vieillissants (par ex. ceux derrière Framaforms, Framadate, Framacalc…) 7 871
Support et modération des services en ligne 2 143
Communication (blog, médias sociaux…) 4 137
Interventions (conférences, ateliers, etc.) 4 449
Réponses médias (journaux, vidéastes, podcasts, etc.) 3 099
Guides et outils d’émancipation numérique (Résolu, MOOC CHATONS) 7 013
Contributions à des projets externes (Pytitions, bénévalibre, etc.) 2 015

 

Les trois actions les plus plébiscitées, si vous étiez aux manettes, sont donc :

  1. Les services en ligne (ça ne nous surprend pas)
  2. Améliorer les logiciels vieillissants
  3. La production de guides et outils d’émancipation numérique

Et les trois que vous laisseriez de côté :

  1. Contributions à des projets externes
  2. Support et modération des services en ligne (facile à dire, moins facile à faire)
  3. Animation du collectif CHATONS

Framasoft et … vous !

Les tranches d’âge des répondant⋅es

Capture écran "Votre tranche d'âge"
Cliquez pour agrandir l’image

moins de 25 ans 589
26-45 ans 5 645
46-65 ans 5 037
plus de 66 ans 1 304
je préfère ne pas répondre 60

 

Sans surprise, l’énorme majorité des répondant⋅es ont entre 26 et 65 ans.

Le niveau de vie des répondant⋅es

Capture écran "Selon vous, votre niveau de vie"
Cliquez pour agrandir l’image

 

Je dépends de ma famille (collège, lycée, etc.) 240
Je suis en mode survie : minima sociaux, etc. 320
Fin du mois difficiles, je croise les doigts 469
Ça va, mais je vis sans filet 1 438
Je suis « OK », sans plus 3 926
Je suis à l’aise 5 261
J’ai bien plus qu’il ne m’en faut 734
je préfère ne pas répondre 244

 

Ici, une répartition sensiblement équivalente est observée entre les personnes qui se déclarent « à l’aise » ou plus, et celle qui se déclarent dans une certaine précarité, voir une précarité certaine.

Le rapport au numérique des répondant⋅es

Capture écran "Votre rapport à l'informatique et au numérique"
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Conflictuel : je déteste tout ça 145
Neutre : je fais comme on me dit sans chercher à comprendre 638
Méfiant·e : je m’y intéresse mais avec méfiance 2 036
Enthousiaste : je m’y intéresse avec enthousiasme 3 696
Geek : je suis considéré comme le / la geek de mon entourage 2 494
Expert·e : j’ai une expertise dans ce domaine 3 343
Je préfère ne pas répondre 240

 

Dans quel(s) domaine(s) les répondant⋅es se déclarent engagé⋅e ou militant⋅e

Capture écran "Est-ce que vous vous définissez comme engagée ou militant⋅e dans..."
Cliquez pour agrandir l’image

 

 

l’associatif 7 074
la création d’entreprise(s) 1 122
l’éducation populaire 3 384
le logiciel libre 4 583
la lutte contre les discriminations (sexisme, racisme, validisme, LGBT-phobies, etc.) 3 288
la justice sociale 3 706
la politique 2 269
la communication 753
la culture et les arts 2 195
l’écologie 5 783
les crypto monnaies 254
l’éducation 3 455
l’humanitaire 1 148
le marketing 139
l’entraide sociale 2 833
la vie privée 2 810
je ne suis ni militante, ni engagé 1 543
autre 546

 

Les trois domaines dans lesquels les répondant⋅es se déclarent le plus engagé⋅es sont donc :

  1. l’associatif
  2. l’écologie
  3. le logiciel libre

La communication, le marketing et les crypto-monnaies fermant le ban (on s’y attendait un peu 🙂 )

Le nombre de répondant⋅es ayant fait un don à Framasoft en 2021/2022

Capture écran "Avez-vous fait un don à Framasoft en 2021 ou 2022 ?"
Cliquez pour agrandir l’image

Oui 3 351
Non 8 382
Je ne sais pas 931

 

Le nombre de répondant⋅es souhaitant faire un don à Framasoft à l’avenir

Capture écran "Comptez-vous faire un don à Framasoft à l'avenir ?"
Cliquez pour agrandir l’image

 

Oui 5 956
Non 1 318
Je ne sais pas 5 306

 

Une indication plutôt positive pour nous : si 3 351 répondant⋅es ont indiqué avoir fait un don récemment (cf. question précédente), ce sont quasiment 6 000 répondant⋅es qui nous apprennent qu’ils ou elles comptent nous faire un don à l’avenir.

Nos ressources reposant quasi-exclusivement sur vos dons, et le contexte économique, social, sanitaire, politique et géopolitique étant pour le moins… tendu, cela nous donne un signal d’espoir dans l’avenir et de la motivation et de l’énergie non seulement pour poursuivre nos actions, mais aussi pour en développer de nouvelles.

Merci encore infiniment à toutes les personnes ayant répondu ! 🙏




Khrys’presso du lundi 19 septembre 2022

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


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Brave New World

Spécial femmes dans le monde

  • IVG en Hongrie : l’extrême droite veut faire « écouter les battements de cœurs du fœtus » (lesnouvellesnews.fr)

    L’extrême droite au pouvoir en Hongrie vient de durcir, par décret, les conditions d’accès à l’avortement. Les femmes doivent désormais prouver aux médecins, avant l’intervention, qu’elles ont écouté les « battements de cœur de leur fœtus ».

  • Le sénateur républicain Lindsey Graham propose d’interdire l’avortement après 15 semaines de grossesse (liberation.fr)

    Lindsey Graham, proche de Donald Trump, a présenté mardi un projet de loi qui interdirait l’avortement dans l’ensemble des Etats-Unis après 15 semaines de grossesse.

  • Droit à l’IVG : les républicains sur le reculoir (humanite.fr)

    Depuis la décision de la cour suprême mettant fin à la protection constitutionnelle de l’avortement, un vent de fronde parcourt l’électorat, notamment féminin, obligeant le parti « pro-life » à faire profil bas.

  • US : Being a victim of rape costs an average of $3,500 in medical bills (arstechnica.com)

    The bills can discourage rape reporting and compound victims’ trauma. […] On average, hospital emergency departments charged $3,551 for urgent medical care coded as caused by sexual violence. People who were sexually assaulted while pregnant faced even steeper bills, with an average of $4,553. Uninsured victims or those who chose to pay themselves were served bills that averaged $3,673. Even those with private insurance faced burdensome bills; the study found that insured victims paid an average of 14 percent of their bills out-of-pocket, which for the average bill would work out to nearly $500.

  • Jair Bolsonaro, A Perfect Example Of Why Autocrats Hate Women (worldcrunch.com)

    Vladimir Putin, Xi Jinping and Jair Bolsonaro all share what seems a natural antipathy toward women — yet it is ultimately because they fear them. And with good reason: When women participate in political movements, they are more likely to succeed — which is bad news for authoritarianism.

Spécial France

Spécial femmes en France

  • Être une femme en ligne est un métier dangereux (funambuline.blogspot.com)
  • Affaire Hulot: l’enquête pour viol classée sans suite pour prescription (liberation.fr)

    L’ancien ministre de l’Environnement était accusé par au moins six femmes, dont une mineure au moment des faits, de viols ou d’agressions sexuelles commis entre 1989 et 2001.

  • Travail dissimulé. Une société de nettoyage reconnue coupable de traite d’êtres humains aggravée (humanite.fr)

    L’entreprise VIP services et ses dirigeantes ont été condamnées jeudi par le Tribunal judiciaire de Paris à de peines d’emprisonnement et d’amende pour avoir exploité 26 femmes de ménage ukrainiennes sans-papiers dans des conditions indignes.

  • Qui veut la peau de MaMaMa ? (humanite.fr)

    Créée en mars 2020, en plein confinement, pour subvenir aux besoins spécifiques des mères isolées et des nourrissons, l’association MaMaMa, dont l’action a été unanimement saluée, se voit désormais privée de financements et chassée du hangar mis à sa disposition à Saint-Denis.

  • Des Journées du matrimoine pour mettre en lumière l’apport culturel de femmes oubliées (liberation.fr)
  • « L’Histoire est sexiste » : le patrimoine oublie les femmes artistes (reporterre.net)

    Comment ce mot a-t-il disparu de nos dictionnaires ? Au XVIIe siècle, le matrimoine a été banni de la langue française par les académiciens, qui jugeaient le terme obsolète et même « burlesque ».

  • Pour une alliance féministe et trans (blogs.mediapart.fr)

    La période politique actuelle voit un violent retour de bâton s’abattre sur les droits des femmes, alors que le gouvernement français maintient en poste des ministres accusés de viols. Ailleurs dans le monde, le droit à l’avortement est bafoué, en Pologne et aux États-Unis notamment. Avec 89 député·es RN à l’Assemblée nationale, nous ne sommes pas exempts d’une attaque d’une telle ampleur. Il est plus que jamais important de ne pas se tromper de combat. Aux États-Unis, l’attaque sur le droit à l’avortement a été précédée par de nombreuses lois anti-trans : dans l’Ohio, la loi Save Women’s Sports Act prévoit qu’en cas de doute sur le sexe d’une élève, celle-ci doit subir un examen intrusif pour prouver son sexe. Dans tous ces cas, il s’agit d’une attaque sur le droit des personnes à disposer de leur corps. L’arrivée d’attaques similaires contre les personnes trans en France nous laisse présager un sort semblable à celui des États-Unis.

RIP

Spécial médias et pouvoir

Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)

  • La France a autorisé des livraisons d’armements à la Russie en 2021 (disclose.ngo)

    L’État français a validé la livraison d’équipements militaires à la Russie pour près de 7 millions d’euros. C’est ce que révèle un rapport du ministère des armées dont le gouvernement retarde la publication depuis juin dernier.

  • Réforme des retraites : le coup d’accélérateur c’est maintenant (rapportsdeforce.fr)

    Alors que le rapport du COR sort officiellement ce jeudi, Emmanuel Macron a affirmé lundi, vouloir réformer les retraites le plus vite possible. Et ce, sans exclure de l’intégrer dans le budget de la Sécurité sociale à l’automne ni d’utiliser le 49,3 pour contourner les oppositions. Des déclarations qui pourraient remplir les mobilisations syndicales du 29 septembre.

  • Comment Emmanuel Macron divise sa majorité entre envie d’“accélération” et crainte d’un “passage en force” (francetvinfo.fr)
  • Retraites: un Président ne devrait pas faire ça (blogs.mediapart.fr)

    Un Président réélu par défaut, sans campagne, sans enthousiasme, ne devrait pas, dans un pays exténué, déprimé, bricoler une retraite à 64 ans avec une ambition de comptable.

  • Retraites : le choix de l’injustice (attac.org)

    Le rapport du Conseil d’orientation des retraites conteste le lien mécanique établi entre déficit et réforme des retraites. Ce rapport montre une fois de plus que l’existence du déficit est fondé sur des conventions et des hypothèses discutables et qu’en tout état de cause son ampleur reste minime (0,4 % du PIB dans les années à venir). […] La conclusion du COR est importante : « Au regard de ces résultats, il ne revient pas au COR de se positionner sur le choix du dimensionnement du système de retraite. Selon les préférences politiques, il est parfaitement légitime de défendre que ces niveaux sont trop ou pas assez élevés, et qu’il faut ou non mettre en œuvre une réforme du système de retraite » Et d’ajouter « les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite ». L’avertissement est clair : réformer le système de retraite n’est pas une nécessité économique ou démographique, c’est un choix politique.

  • Un proche d’Emmanuel Macron nommé à la tête de l’Agence des participations de l’État (ouest-france.fr)
  • Énergie. Matignon invente le « payer plus et consommer moins » (humanite.fr)

    Élisabeth Borne a annoncé, mercredi, une augmentation de 15 % des factures d’électricité et de gaz. Alors que l’hiver s’annonce compliqué, selon RTE, le gouvernement mise sur la sobriété, sans jamais remettre en cause la loi du marché.

  • Salaires : moins d’un·e enseignant·e sur trois concerné·e par la revalorisation ! (sudeducation.org)
  • “J’ai été refusée partout” : alors que la phase ultime de Parcoursup se termine, des milliers de jeunes restent encore sur le carreau (france.tv)
  • Le CNED : laboratoire du management néolibéral dans l’Éducation nationale (regards.fr)

    Au Centre National d’Enseignement à Distance, les élèves sont des clients, le savoir une marchandise et les profs des employés maltraités. Enquête au cœur de la machine à casser l’école. […] Voilà donc qui sont les « profs rêvés de Blanquer » : des enseignants qui ne comptent pas leurs heures, qui passent leur temps à corriger sans avoir le droit de connaître leurs élèves, obéissent aveuglément à des protocoles conçus sans eux, tremblent devant leur hiérarchie et privilégient une relation de clientèle à la pédagogie. […] Nous assistons à la transformation d’une institution préalablement conçue pour compenser les impossibilités de l’école publique dans des cas très spécifiques et exceptionnels, en une institution soumise aux logiques de rentabilité et mobilisée pour préparer la néolibéralisation de l’école. Un projet qui se fait en silence sur le dos des enseignants les plus fragilisés mais aussi sur celui des élèves et étudiants privés de toute relation humaine et de la sociabilité qu’apporte l’école publique.

Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…

Spécial résistances

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

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Khrys’presso du lundi 12 septembre 2022

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